Case à part Aurore et Ulysse
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Case à part, la rubrique du patrimoine de la BD s'interesse cette-fois à la série culte créé par Seron :  Aurore & Ulysse qui sont cette fois, vu du côté de Zeus lui-même.

 

 

 

 

 

Chassés de l’Olympe pour désobéissance, Aurore et Ulysse, les centaures, errent dans le monde des mortels à la recherche d’une porte qui leur permettrait de rentrer chez eux. Trois pointes noires indiquent l’existence d’une porte vers un autre monde. Mais elles sont nombreuses et situées à toutes les époques de l’humanité. Ainsi a été ma sentence, la sentence de Zeus. On n’est pas dieu des dieux pour rien !

Vous savez ce qu’ils ont fait ? Non, mais vraiment ! Vous savez ? Non ! Et bien, vous n’avez pas besoin de le savoir. C’est comme ça. Un point, c’est tout. Non, mais, qui c’est le chef, ici ? C’est peut-être parce qu’ils sont partis d’eux-mêmes galoper chez les humains. Chassés, échappés ? Dans les premiers récits, l’un ou l’autre des arguments est avancé. Seron a créé la série, aidé sur quelques courts récits au scénario par Desberg ou Mittéï.

Aurore et Ulysse sont deux centaures, frères et sœurs mi-humains mi-chevaux, perdus dans les temps et les lieux. Lorsque débute La porte du néant, j’ai déjà banni les centaures de l’Olympe. Aurore, dans le monde contemporain, est blessée par un chasseur. Ulysse la sauvera, mais un méchant rabatteur pour cirque tente de les kidnapper. C’est à la même époque, dans Le visiteur, qu’Ulysse, seul, doit accomplir une mission mystérieuse, à la grande satisfaction de son père.

Les hommes des bois amènent Aurore et Ulysse au temps somptueux des Rois de France et des combats au fleuret, pour déjouer une conspiration.

Les deux histoires suivantes marquent leur retour dans le XXème siècle. Ces téméraires bestiaux n’hésitent pas à s’engager dans le monde des humains sans savoir s’ils pourront aisément rentrer chez eux. Le trophée du bestiaire est un concours de déguisements animaliers, ce qui leur permettra, pour une fois, de passer inaperçus. Trésor de guerre les met aux prises avec des allemands revenant dans la campagne française pour récupérer un magot caché.

L’étoile du Nord est aussi une histoire de guerre, mais de Sécession celle-ci. Les centaures se retrouvent en 1864, aidant un jeune esclave noir à fuir les confédérés pour porter une précieuse sacoche aux tuniques bleues. Cette histoire aux accents du Nom de la Rose est antérieure au livre et au film du même nom. Elle date de 1979, alors que le livre est paru en Italie en 1980 et le film date de 1986. Umberto Eco a donc certainement lu Seron.

Puis, c’est Attelage de rêve, court récit de Noël où Aurore et Ulysse rendront bien service à un vieillard barbu… Pas moi… L’autre ! Cette histoire et la suivante La dent couronnée sont totalement inédites en album. On peut cependant lire la première sur le web à l’adresse : http://www.bdoubliees.com/journalspirou/sfigures1/centaures/index.html.

Vint ensuite l’époque de trois longs récits, la trilogie de l’heure de gloire, au milieu des années 80. Cela correspond aux albums Dupuis 2, 3 et 4, aux couvertures toutes plus belles les unes que les autres.

Commençons par Le loup à deux têtes, en 1346, sur les terres du comte de Selenvrac dont les armoiries sont craintes de tous et représentent une tête de loup sur fond rouge. L’histoire nous apporte la certitude que si les centaures traînent sur terre c’est bien parce que je les ai chassés de l’Olympe, et non parce qu’ils en sont partis d’eux-mêmes. Toujours est-il qu’au Moyen-âge, gueux et bouseux les prennent pour des démons. Le comte sanguinaire les poursuit jusqu’à une « porte » et sa vie va changer. Ses cheveux bleuissent ; il est pris d’une amabilité indéfectible. Oui, mais…en passant par la porte, ce qui était mauvais s’est séparé de lui et s’est matérialisé en un second lui-même, très cruel. Pour sauver Aurore, j’ai exceptionnellement permis à Ulysse de venir chercher ses frères centaures, dont le célèbre Chiron, aux portes de l’Olympe, pour combattre les soldats du mauvais Selenvrac.

Dans L’Odyssée, co-scénarisée par Homère (Vous connaissez ? Il paraît qu’il a écrit un livre dont on parle un peu.), Aurore et Ulysse tombent dans une crevasse qui les conduit dans l’antique et mythologique bassin méditerranéen. Dès le début, cet idiot d’Ulysse se met à dos des sirènes qui n’en resteront pas là. Je vais personnellement confier aux centaures une grande mission : rapporter au « vrai » Ulysse un objet destiné à Pénélope qu’il a oublié chez Calypso. Mais le chemin sera parsemé d’embûches, de la rencontre avec Polyphème le cyclope jusqu’à l’envoûtant chant des sirènes.

Les Amazones opposent Aurore et Ulysse à une tribu de femmes guerrières, au plus profond de l’empire des Hittites. La confrontation avec cette société, aux haines tout autant externes qu’internes, demandera aux centaures de développer leurs capacités de dialogue, d’astuce et de diplomatie, avec Alexandre le Grand au beau milieu de tout ça. En fin de récit, j’interviendrai à la demande d’Ulysse pour l’aider face à un dangereux ennemi casqué.

Le frère et la sœur feront face aux Châtiments d’Hermès dans leur aventure suivante. Mégalomane, facétieux et paranoïaque, le messager des dieux est jaloux de la notoriété des -pourtant punis- centaures. Hermès va garder Aurore en otage et imposer à Ulysse des épreuves plus sadiques les unes que les autres. L’intervention de ma douce Athéna leur évitera le pire.

 

 

 

 

J’apparais encore une fois au début du Volcan d’or, cross-over (comme on le dit dans les séries américaines) entre les deux séries de Seron : Les centaures et Les petits hommes. Paru dans le journal Spirou sous le titre Uwélématibukaliné, j’envoie dans cette histoire Aurore et Ulysse au XXème siècle pour secourir une tribu africaine retenue en esclavage et à qui j’avais promis de venir en aide. Ils seront épaulés dans la tâche par les habitants d’Eslapion : Renaud et ses camarades petits hommes. Je m’occuperai de l’action finale.

Dans Kelvinhator III, ce sont les petits hommes qui voyageront dans l’Egypte du XVIIIème siècle avant notre ère. Renaud aidera les centaures à sauver le fils de Pharaon, dont tout le monde ne souhaite pas la guérison.

La dernière aventure d’Aurore et Ulysse est un court récit sans titre complétant l’album des Châtiments d’Hermès. Au Vème siècle avant Jésus-Christ, près de Persipolis, un prince tyrannique reçoit une bonne leçon des dieux. Une belle petite histoire de rédemption.

La série est restée ouverte. Aurore et Ulysse n’ont pas regagné leurs pénates. Ils errent encore dans les époques. Peut-être atterriront-ils un jour chez une bonne âme désireuse de relancer leur quête et de mettre un peu d’ordre dans leur aventure éditoriale. Quatre albums, cinq, six ou sept ? Selon qu’on comptabilise les différentes séries, collections ou éditeurs, on tombe sur des résultats différents. Il y a eu en effet quatre albums dans la collection Les centaures…Aurore et Ulysse chez Dupuis. Un cinquième album chez le même éditeur est paru dans la collection Les petits hommes (Le volcan d’or). MC productions, Soleil, puis Jourdan ont complété ou réédité dans le désordre le plus total certains titres de la collection…mais pas tous, Les Amazones n’en faisant pas partie.

Sur le web, quelques belles illustrations d’Aurore et Ulysse, signées Richard Sirois pour Square Enix, démontrent l’aura que les centaures pourraient avoir sur une nouvelle génération : Key bearers of Olympus.

C’est vrai que je n’ai pas fait de cadeaux à mes deux petits centaures préférés, mais c’était pour votre plus grand plaisir, n’est-ce pas ? Finissons sur cette phrase qui résume la série et le bonheur que le lecteur a à la lire : « Tout être qui franchit « la porte » la haine au cœur ressort la paix dans l’âme. »

 

Laurent Lafourcade.



Publié le 02/12/2013.


Source : Bd-best

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