Ce livre, ce n’est pas que Prévert, c’est aussi Paris, le Paris des surréalistes et de Saint-Germain-des-Prés
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Ce livre, ce n’est pas que Prévert, c’est aussi Paris, le Paris des surréalistes et de Saint-Germain-des-Prés

« - Alors, c’est vous, Prévert ? Pourquoi n’êtes-vous pas venu avec vos amis excités l’autre jour ? »

            « - Je réponds pas aux convocations. Ce n’est pas ma vocation. »

            « - Ah… Je vois… Asseyez-vous, on va bavarder. (…) Donc, Monsieur Tanguy peint, et de belle manière. Et vous, qui êtes si drôle et jouez si bien avec les mots, que faites-vous ? »

            « - Moi, je ne fais rien. »

            « - Ah ! Très bien, ça. Il ne faut jamais travailler ! »

 

            Prévert et Breton se rencontrent à la brasserie Cyrano. Le surréalisme va émerger. Ce sera le cœur de l’œuvre du poète.

            Dans la première partie de cette biographie, les auteurs nous racontent les années 20 de la vie de Prévert par le truchement de tableaux et de scénettes courtes qui sont tout autant d’anecdotes sur la vie du poète touche-à-tout. Le caporal de Constantinople a 21 ans lorsque commence le récit. Il apprend l’anglais aux enfants du Capitaine, avant de rejoindre Paris à la fin de son service. Il y retrouve Yves Tanguy, son camarade, son copain des premiers jours de service. Mais voilà, ni l’un, ni l’autre n’ont envie de travailler. C’est cette envie, plus que le besoin, qui guidera Prévert tout au long de son existence. Il préfèrera vivre petitement, déménageant d’appartement en appartement, se nourrissant de livres, de spectacles et d’écriture, de débats philosophiques et de discussions nocturnes.

 

 

 

 

 

            Dans une deuxième partie, les années 30 mettent en exergue le Prévert agitateur, le rebelle, le révolutionnaire, l’homme de théâtre et le scénariste de cinéma.

            En 1948, Prévert tombe par la fenêtre du premier étage de la Radiodiffusion française. C’est par cet événement que s’ouvre la troisième partie de l’ouvrage. Tel Piccoli dans Les choses de la vie, celui qui n’est soi-disant pas un poète, revient sur la décennie qui s’achève : l’Amérique, re-le cinéma, les années de guerre, puis la chanson.

 

             Ce livre, ce n’est pas que Prévert, c’est aussi Paris, le Paris des surréalistes et de Saint-Germain-des-Prés, le Paris des cinémas de quartiers, des théâtres et des cafés, le Paris des créateurs et des auteurs de génie : Breton, Queneau, Grimault, sans oublier les stars, celles qui le sont et celles qui le seront : Gabin, Gréco, Gainsbourg et leurs contemporains.

 

 

 

 

 

 

            Il y a deux ans et demi, est paru « Jacques Prévert, inventeur », premier tome d’une trilogie. Quelle surprise de découvrir aujourd’hui une intégrale de cette aventure sans que ne soient parus les tomes indépendants suivants, mais quel bel événement à l’occasion des quarante ans de la disparition de Prévert. Pour ceux possédant le premier album paru, les éditions Dupuis proposent à tout acheteur de l’intégrale de l’échanger gratuitement dans une librairie contre un autre album Aire libre du même calibre.

            Lors de la parution de ce premier volume, France Inter a consacré une visite de la maison de Prévert avec les auteurs de la BD. On peut la revivre sur https://www.franceinter.fr/culture/visite-dessinee-de-la-maison-de-jacques-prevert.

 

           Jacques Prévert n’est pas un poète est une œuvre. Ce n’est pas l’œuvre d’un scénariste et d’un dessinateur, mais c’est l’œuvre d’un auteur unique à quatre mains. Rarement textes et dessins se sont retrouvés autant en symbiose dans une bande dessinée. Ils s’encastrent et s’entremêlent pour faire de chaque planche une poésie visuelle.

 

Il est des albums que l’on trouve formidable, tout en ayant parfois du mal à dire pourquoi. Il est des albums impossibles à raconter, qui nous emportent on ne sait où mais quelque part. C’est n’importe où, c’est important.

Jacques Prévert n’est pas un poète et Magritte n’a jamais peint de pipe. Tout le monde le sait.

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : Jacques Prévert n’est pas un poète

Genre : Biographie

Scénario : Bourhis

Dessins & couleurs : Cailleaux

Collection : Aire libre

Éditeur : Dupuis

Nombre de pages : 232

Prix : 32 €

ISBN : 9782800163611



Publié le 16/02/2017.


Source : Bd-best

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