Censure de l'exposition autour de l'album "Les Crocodiles" à Toulouse
Flux RSSFlux RSS

         Toute l'actualité

Censure de l'exposition autour de l'album

L’expo autour de la BD Les Crocodiles prévue pour la « Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes », à savoir le 25 novembre, au Square Charles de Gaulle à Toulouse, a été censurée par les élus de la mairie de la ville rose. En cause, « l’aspect immoral » et la « vulgarité » de certaines planches.

France 3 a publié un reportage disponible ci-dessous, dans lequel des élus, aux opinions opposées, s’expriment :

 


 



L’auteur, Thomas Mathieu, a réagi dans un article sur ladepeche.fr : « La vulgarité de certains propos ou situations réellement subies par des femmes est réelle, mais je ne vois aucun aspect immoral dans mon projet. »

 

 

 

 

Pour rappel, vous trouverez plus d'informations sur la démarche de l'auteur dans cet article comportant un mot de l'éditrice et dans l'avant-propos de l'ouvrage que vous pouvez découvrir ci-après.

Les crocodiles, avant d'être un album de bande dessinée, s'est construit sur internet sous le nom de « Projet Crocodiles ». J'ai demandé à des amies et aux internautes de m'envoyer des histoires liées au sexisme ordinaire, incluant des histoires de harcèlement de rue, afin de les dessiner.

Je n'ai pris que des témoignages de femmes, car c'est ce point de vue que je voulais retranscrire. En tant qu'homme, je ne fais pas l'expérience du harcèlement de rue (je n'entends pas des bruits de bouche quand je passe près d'un groupe, personne ne me hèle depuis sa voiture pour savoir quels sont mes tarifs, que je m'habille bien ou mal les passants ne font pas de commentaires sur mon apparence physique). Et du coup, je ne le remarque pas.

Après avoir vu le court-métrage de Sofie Peeters, Femme de la rue, qui se passe dans ma ville, Bruxelles, j'ai demandé à mes amies : Vous est-il arrivé de vivre la même chose ? J'ai été vraiment très surpris d'apprendre que non seulement chacune avait plusieurs histoires semblables à raconter, mais qu'en plus, certaines avaient même eu lieu dans ma rue ! Je me suis renseigné sur le sujet, et j'ai commencé à dessiner ces histoires. 
 Ce projet m'a fait me poser beaucoup de questions et en suscitera peut-être aussi de votre part. Pour y répondre, j'ai invité dans l’album quatre personnes à rédiger chacune une postface :

Pourquoi avoir représenté tous les hommes en crocodiles ? Bien sûr, tous les hommes ne sont pas des prédateurs. Le crocodile, c'est pour moi une image qui englobe de nombreuses idées comme le privilège masculin, le sexisme, les clichés sur le rôle de l'homme et la virilité, et même la peur de croiser quelqu'un dans la rue sans savoir s’il va vous faire du mal. Si j'ai dessiné tous les hommes en crocodiles, c'est qu'il s'agit d'un problème de société et pas de quelques cas isolés. Un conseil : lisez l'album en vous identifiant aux femmes qui témoignent, pas aux crocodiles.

Quelles sont les causes et les effets du harcèlement de rue ? Irène Zeilinger, qui combat les violences faites aux femmes depuis plus de vingt ans, explique que le harcèlement de rue n'est pas un phénomène nouveau ni une facette inaliénable de la nature humaine.

Internet, qui a permis d’initier ce projet, est aussi un outil de pédagogie et de militantisme pour des féministes qui analysent, discutent et s'organisent pour combattre le sexisme. Cependant, internet est également, comme tout espace public, un terrain de combat. Anne-Charlotte Husson nous invite à l'occuper.

Comment combattre le harcèlement de rue ? Il est possible de réagir collectivement dans la rue : c'est ce que font les membres du collectif Stop Harcèlement de Rue. Le harcèlement n'est pas une fatalité et le collectif expose des moyens pour le contrer.

Beaucoup des histoires mises en bande dessinée sont éprouvantes. Quelques-unes sont plus amusantes. Certaines même ne parlent presque pas de sexisme ou de harcèlement. Parfois la défense de la personne ou l'aide qu'elle reçoit donnent de l'inspiration et de l'espoir. Cependant, ce sujet n'est pas joyeux ; en réalité, il est révoltant. Si lire les pages suivantes vous donne envie de réagir, j'ai aussi illustré quelques pistes sur la manière de le faire.

Je vous souhaite une bonne lecture, que vous vous reconnaissiez dans les histoires, ou que vous vous posiez des questions. J'ai essayé de concevoir l’album comme un outil et j'espère qu'il vous servira.

Thomas Mathieu.

 



Publié le 24/11/2014.


Source : Bd-best

        Toute l'actualité

©BD-Best v3.5 / 2024