Dans l’oeil du cycl-one de la Grande Boucle des jeunes années, Frédéric Kinder fait merveille
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Dans l’oeil du cycl-one de la Grande Boucle des jeunes années, Frédéric Kinder fait merveille

Il y a Tour de France et tour de force. Bien souvent, les deux coïncident dans le spectaculaire et la douleur. Alors que la fin du Tour est abordée (et sabordée, disent déjà certains), Glénat et Treize Étrange ont eu la bonne idée de nous faire redécouvrir le recueil d’histoires courtes mais intenses, toujours passionnées, réalisées par Frédéric Kinder au début des années 2000. Un one shot qui n’a jamais connu de suite malgré sa force antique, cyclo-mythologique, à tutoyer les hauteurs des cols insurmontables de la grande boucle.

 

 

 

 

 

 

 

© Frédéric Kinder chez Glénat

 

Résumé de l’éditeur : Guerriers de la route harnachés de boyaux et pédalant sur leurs lourdes et inconfortables machines, les « Forçats de la Route », comme les appelait Albert Londres, sont ces cyclistes des années 1920 qui ont fait du Tour de France un véritable mythe ! Mais derrière les légendes, il y avait des hommes avec leurs forces et leurs faiblesses dont le chemin s’est jalonné d’anecdotes des plus savoureuses. Des trajectoires de vie où la compétition forme le révélateur pas forcément reluisant de l’âme humaine, et que Frédéric Kinder raconte – parfois avec humour, toujours avec tendresse – telles les coulisses non officielles de l’épreuve avec un grand « E. »

 

 

 

 

© Frédéric Kinder chez Glénat

 

Le Tour arrive à sa fin et vous n’êtes pas rassasiés ? Même après les deux tomes de la série de Didier Ocula et Thomas Liera ? Ça ne fait rien, à chez Branchés Culture, on en a encore sous le pied, et de qualité. Je pourrais vous parler de Lax, aussi, mais mon dévolu de fin de course s’est jeté sur Tour de Force de Frédéric Kinder. J’étais trop jeune en pour dévorer la première version de ce recueil d’histoires courtes (entre cinq et dix planches) consciencieusement réalisées par Frédéric Kinder, en regard de son amour immodéré pour le vélo qu’il pratique aussi à ses heures pas tant perdues que ça.

 

 

 

 

© Frédéric Kinder chez Glénat

 

Douze années ont passé et voilà que la seule bande dessinée de cet auteur pourtant ultra-doué mais que les voies du dessin ont emmené plus vers l’illustration et la pub. Raison de plus pour consommer sans modération et vivre, surtout, dans les traces laissées par les boyaux soumis à rude épreuve sur le tour des titans. Ceux des prémisses dont l’histoire n’a pas forcément retenu les noms. Pourtant les grands « coups » (de Poker, aussi) des coureurs marquaient aussi le début du mot « courage » décliné à toutes les sauces dans ces huit histoires (soit deux de plus que la première version). Nous sommes dans les années 10 ou 20, les périodes de prédilection de Frédéric Kinder. Pour l’heure, on ne parle pas d’oreillette, pas de moteur caché, pas de dopage (ou si peu quand un paysan du coin vous donne quelques « gouttes » qui agissent en véritable coup de fouet pour vous remettre en selle)… Non, résolument, les fous de la pédale ne peuvent quasiment compter que sur eux-mêmes pour avaler 300 voire 400 km le temps d’une journée qui se confond avec la nuit.

 

 

 

 

© Frédéric Kinder chez Glénat

 

Tout ça, avec simplicité, est remarquablement représenté par Frédéric Kinder. L’auteur place ainsi le lecteur en bord de routes, le long des pavés ou d’un chemin de montagne qui semble ne pas avoir de fin, comme des témoins privilégiés, vibrants, d’une époque où l’on était bien loin de penser que la télévision diffuserait, une vingtaine d’années plus tard, l’épreuve aux quatre coins du monde. Ainsi, Kinder met-il des images sur des anecdotes enfouies au plus profond de la légende de cette grande boucle, entre mythe et réalité, perlées de sueur, souillées par l’effort inhumain. Sans oublier d’évoquer cette guerre à venir dont le festin fratricide aurait été bien différent s’il avait été joué à la pédale.
© Frédéric Kinder chez Glénat

Certains aiment jouer aux petits soldats, le dada de Kinder ce sont plutôt les petits coureurs qu’il anime, quitte à les envoyer dans le décor. De son trait faisant le grand saut entre l’expressionnisme tourmenté d’un Van Gogh et la ligne claire revisitée d’un Brüno. Ici, tous les coureurs (qu’ils s’appellent Léon « tête de guidon », Eugène « le guignard » ou l’Italien Gastone Bellini sacrifié sur l’autel du chauvinisme francophile à outrance) se ressemblent dans la souffrance, tout comme leurs bécanes malmenées, et pourtant ça fonctionne. La mécanique est huilée comme en 2017 tout en respectant les codes des premières années cyclistes, et la magie opère, au plus près de l’humain, focalisé sur le mètre de plus à franchir. On a mal pour eux mais qu’est-ce qu’on aime voir ces athlètes à l’oeuvre, dans le plus simple appareil sans la pollution médiatique qui a ôté un peu le charme de cette grande boucle de légende. Et au vu du casting présent sur les deux pages de gardes, on se dit que Frédéric Kinder pourrait bien pousser le vélo un peu plus loin et livrer une suite à son Tour de Force qui en est vraiment un.

 

Alexis Seny

 

Titre : Tour de Force

Nouvelle édition

Scénario, dessin et couleurs : Frédéric Kinder

Genre : Sport, Drame, Histoire, Chroniques

Éditeur : Glénat

Collection : Treize étrange

Nbre de pages : 64

Prix : 13,90€



Publié le 21/07/2017.


Source : Bd-best

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