Komiks Kronik: un fanzine décalé, fantastique et à l’humour noir
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Komiks Kronik: un fanzine décalé, fantastique et à l’humour noir

Dans la galaxie des fanzines BD, intéressons-nous au cas (bien lourd) de Komiks KroniK, à la fois site Internet et journal papier. Collectif d’artistes à l’univers BD très divers, mais ayant des références communes, à savoir l’humour noir, le non-politiquement correct, le fantastique, l’humour décalé…rencontre avec un de ces contributeurs: le bien nommé Beuh (ou Benoît Bedrossian). Alors, elle est bonne?

Bonjour Beuh, puis-je vous demander votre parcours professionnel et initial ?

 

 


 

Salut, alors moi c’est Beuh, je fais partie de Kronik depuis presque trois ans maintenant, et je bosse comme réalisateur, animateur 2D, ou illustrateur, et je donne également des cours dans écoles spécialisées vers ce type de formations.

On a tous des parcours assez similaires dans l’équipe. On est tous sorti d’écoles d’arts et on travaille tous ou presque tous, dans des secteurs professionnels liés à l’artistique. La plupart d’entre nous sont graphistes, illustrateurs, tatoueurs… Quelques rares seulement ont décidé d’avoir un boulot plus classique sans aucun rapport à l’artistique.

 

Parlez nous de Komiks Kronik comme fanzine BD ou même webzine.


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Komiks Kronik est un semestriel qui existe depuis 2007, sous l’initiative d’Aurélio (tatoueur chez Belly Button). C’est un recueil de BD, avec un thème par numéro, regroupant les travaux des différents auteurs du collectif, ainsi que de quelques invités, triés sur le volet. Certains grands noms sont passé par là comme Cromwell, Terreur Graphique, Philippe Pochep, Gomé, Jean-Jacques Sanchez…

L’ambiance est plutôt humour noir, politiquement (très) incorrect, potache, graveleux, et avec un fort penchant pour les musiques punk, rock et métal (et country façon Disney Village à cause de Gromain).

Par contre, en aucun c’est un webzine. On a juste un site internet comme toutes les structures aujourd’hui et une page facebook sur laquelle on diffuse quelques nouvelles quand y’en a.

Vous tirez à combien d’exemplaires en moyenne? Et êtes-vous distribué partout en France ?

Chaque numéro est tiré à 500 exemplaires et distribué en France et quelques pays étrangers, mais uniquement grâce à du copinage. On a pas de distributeurs et on fait très peu de pub… c’est juste du bouche à oreille et des bons copains qui acceptent d’en prendre dans leur distro, ou alors nous quand on se bouge sur les différentes manifestations liées à la BD (salons, forums, festivals…). Les 4 premiers numéros sont aujourd’hui épuisés et d’autres risquent de bientôt l’être.

Parlez nous des diverses thématiques de cette revue par le passé, de vos choix éditoriaux.

 


 

 

Les deux premiers numéros n’avaient pas vraiment de thèmes, c’est à partir du troisième numéro que ça a commencé à venir, avec (dans l’ordre) : la musique, monstres et zombies, l’école, la fin du monde, les parodies, les sorcières, les toilettes, les anniversaires, la télé et le tout dernier sorti en janvier est sur la bagarre.

Nos choix éditoriaux sont hyper simples: on se fait totalement confiance entre les membres du collectifs. On se donne quelques conseils et on s’aide quand on a l’impression que ça coince, mais dans l’ensemble, on est satisfaits du travail des uns et des autres. On a jamais pratiqué la censure, et je doute que ça arrive un jour. Déjà parce que c’est pas dans notre mentalité que de limiter l’expression, mais aussi que vu nos penchant pour la connerie, la grosse bêtise de trop elle est pas encore née. Au contraire même… je dirais presque que certains d’entre nous la cherchent à chaque numéro. Trouver le truc qui te fera dire… « oh merde, t’es allé trop loin… t’es con (ou conne), mais ça m’a fait rire ».

Pour les invités, c’est nous qui les contactons directement. En général ce sont des gens qu’on connaît déjà, dont on sait que le travail collera très bien avec le numéro qui se prépare et envers qui on a aussi une totale confiance.

Pour les gens de l’extérieur, il est possible de nous solliciter en nous envoyant un book, ensuite on en débat entre nous pour savoir si oui ou non, on lui propose de faire quelques pages.

Vos influences BD, auteurs, séries, personnages BD…

 


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On a tous plus ou moins grandi avec la culture des années 80/90… Métal Hurlant, Fluide Glacial, USA Magazine, L’Écho Des Savanes, Mad Magazine… ce genre de journaux un peu rentre dedans. Mais après, on a tous des orientations très différentes. On va autant apprécier des trucs super réalistes genre Frazetta, Serpieri, Segrelles, Rosinski, Liberatore… que des trucs plus cartoons genre Franquin, Peyo, Bruce Timm, John Kricfalusi, Jack Davis… ou encore des trucs plus expressifs comme Templesmith, Larcenet, Munoz, Dave Mckean, Sienkiewicz, Mignola, Blutch… ou des trucs plus classique à la Michetz, Loisel, Convard, Jacobs, Boucq…


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Comment voyez-vous l’état de la BD actuel ? Et les États Généraux de la BD qui eurent lieu à Angoulême, ça vous parle ?

Plutôt mal. Voire très mal… De moins en moins de gens vivent de leur travail dans la BD… la dernière fois j’avais entendu un chiffre assez alarmant, genre à peine plus d’un millier d’auteurs seulement, dont certains étaient au RSA pour justement combler le manque et qu’une autre faible partie vivait à l’étranger parce que la vie y serait moins cher… Mais bon, c’est ce que j’ai entendu, je suis pas allé vérifier.

De ce que je sais c’est que de plus en plus d’auteurs aujourd’hui sont également dans l’administratif des maisons d’éditions. Genre à la fois auteur mais aussi directeur de publication, ou directeur artistique, ou chef commercial ou je sais pas quoi… Ce qui finalement revient à dire que la plupart des auteurs sont auto-produits. Qu’ils soient dans des grosses boîtes ou des toutes petites comme la nôtre. La différence va juste être dans les budget en fait.

À part les vieux de la vielle qui sont installés, il est de plus en plus rare de voir un auteur de BD qui serait seulement auteur et qui en vive, à moins de pondre un nombre considérable d’albums à l’année, ce que très peu de personnes sont capables de faire et où bien souvent le manque de qualité se faire sentir. Aujourd’hui, si tu veux « vivre de la BD », il te faut plusieurs casquettes en plus d’être auteur et/ou avoir un autre boulot à côté.

Oui, les États Généraux… on pourrait effectivement en parler pendants des heures, mais on y serait encore demain… Pour la faire courte, je ne pense pas que le seul problème soit les nouvelles lois qui se développent et qui handicapent les auteurs. Ça c’est juste une partie. Y’a plein d’autres phénomènes qu’il faut prendre en compte… Ce qui est sûr, mais c’est peut être mon côté pessimiste qui parle, c’est que c’est pas près de s’arranger et que ça sera même de pire en pire. Mais si ça peut en rassurer certains, cette « crise » touche tous les milieux artistiques (musique, cinéma, théâtre, littérature…) si ce n’est pas tous les commerces en général.

En parallèle de votre revue, des albums publiés de vos auteurs

En parallèle du semestriel, tous les auteurs publient par ci et là dans d’autres revues ponctuellement. Certains ont sorti des albums comme Aurélio ou moi. D’autres sont en préparations. Par contre on fait régulièrement des expositions et des fresques lors de différentes manifestations.

Vos projets futurs et festivals ?

Là nous sommes actuellement en train de préparer une exposition avec la ville de Chevreuse sur la théorie des genres. On vient tout juste d’accepter une expo dans Paris sur un thème pour l’instant indéfini, et on envisage d’en faire peut être une sur les motards. Pour les festivals et autres, on est en train d’y réfléchir. En général on essaye d’avoir au moins une activité par mois, à peu près… Et puis on va pas tarder à commencer à réfléchir au prochain numéro.

Vous avez un groupe musical, Dronte. Quelles sont vos influences musicales et quel genre de musique jouez-vous ?


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Dronte est un groupe de post-métal entièrement acoustique. Les influences sont hyper larges… ça va du classique au death métal en passant par le noise.

J’écoute de tout, ou presque (je crois qu’il n’y a que le reggae qui me laisse indifférent), en musique. Je passe pas une journée sans écouter de la musique, et je suis toujours hyper curieux des choses que je ne connais pas.

Ce qui va m’influencer le plus dans Dronte au niveau de la composition, ça va être des groupes de postrock comme Mogwai, Sigur Ros, 90 Day Men… de post-hardcore genre Breach, Neurosis… de métal avec Korn, Deftones, Slayer, Metallica, System Of A Down, Meshuggah… de death façon Cannibal Corpse ou Napalm Death… de trip-hop à la sauce Massive Attack, Bjork, Portishead… mais aussi de classique comme Satie, Korsakov, Dukas, Morricone, Saint-Saëns, Goldsmith, Williams, Kilar… et aussi de noise comme Sonic Youth, Sister Iodine et autres trucs hyper obscur à la limite de la musique abstraite. Y’aura aussi des choses plus classiques comme les Beatles, les Pink Floyd, Radiohead, Nirvana, Soundgarden… et puis des trucs plus barrés comme Mars Volta, Mastodon, Converge, Dillinger Escape Plan, Envy (la première période), Brume Retina, Gameness… ou même de la chanson française comme Brel, Aznavour, Ferré ou encore du rap (I’Am, Klub des loosers…). Bref, c’est hyper vaste… je pourrais te citer des artistes pendant des jours entiers. C’est le mélange de tout ça qui va permettre de créer une singularité dans Dronte. Ça plus le fait que tous les musiciens viennent d’horizons assez différents au final (on est 7 dans le groupe).

 Vous jouez de quel type d’instrument et est-ce qu’une prochaine tournée est prévue ?  

Je joue de plusieurs instruments… un peu obligé quand tu dois composer des trucs complets. Mais dans Dronte je suis à la contrebasse.

On a pas encore de tournée de prévue, mais on y travaille. Pour l’instant on est en train d’enregistrer notre premier album. Qui j’espère sortira pour l’automne 2016.

Par le passé, on a déjà eu des exemples d’auteurs de BD créant un groupe de rock, « Dennis Twist »pour ne pas le nommer.

Dans Kronik, y’a Jokoko qui a été pendant longtemps dans le groupe Guerilla Poubelle et Lentéchris qui joue dans différents groupes de noise, électro et métal aussi, je crois… il en a tellement lui, que j’ai du mal à suivre (Casio Judiciaire, Jesus Cry Stalin…).

J’avais jamais entendu parlé de ce groupe Dennis’ Twist… Faut dire aussi qu’à cette époque j’avais à peine 5 ans. Sans doute que mes parents ont essayé de me préservé du mieux qu’ils ont pu ?

 

Propos recueillis par Dominique Vergnes



Publié le 24/02/2016.


Source : Bd-best

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