Le métro-boulot-dodo a du bon, du moins quand pire encore vous attend: la faillite, la perte de sens totale du travail accumulé pendant des années, le déboussolement. Un état d’esprit plus vraiment proche de l’Ohio que décrit à merveille l’OVNI et pas si facile d’abord « La manufacture des belles enveloppes », premier roman graphique de Chris Oliveros, fondateur des éditions canadiennes et anglophones Drawn & Quaterly.
Résumé de l’éditeur: L’action se déroule en Amérique du Nord, dans les années 1950. Chef d’entreprise, Jack Cluthers ne parvient plus à joindre les deux bouts. Petit à petit, il perd pied. Face à la concurrence industrielle, le commerce artisanal des belles enveloppes de papier est voué à disparaître. Cluthers délaisse sa vie familiale et s’acharne, envers et contre tout. Jusqu’à l’issue fatale.
Quand ça ne veut plus, ça ne veut plus. La courroie de la machine vient de casser pour la énième fois, et la petite manufacture de Jack n’a plus les finances pour la remplacer. Pire, il est acculé par les dettes. Ils sont loin les temps florissants, désormais les enveloppes, belles ou pas, sont dépassées. C’est d’un ringard d’en envoyer, quand des moyens autrement plus hype existent (Oliveros ne parle ni de sms ni d’internet, pourtant on y pense forcément). Et en attendant, la maison ne fait plus crédit et ça tombe bien ses créanciers ne le lui font plus non plus. Et c’est la dégringolade, dure et rapide.
Dans le livre de Chris Oliveros, on a l’impression de se retrouver dans un vieux jeu vidéo tout pourri, dépassé depuis des lustres, et ces couleurs trop vintage nous laissent penser que trop longtemps cette fabrique et ses trois artisans ont vécu dans l’insouciance, se sentant intouchables. Et le quotidien répétitif de se métamorphoser en monstre infernal. Le fantastique et le métaphysique s’invitent, la poésie suicidaire de la désespérance aussi. Et l’imaginaire d’Oliveros flirte avec celui, infernal, de Boris Vian. Dommage qu’à force de mécanique, l’auteur nous laissez assez froids.
Alexy Seny
Titre: La manufacture des belles enveloppes
Récit complet
Scénario, dessin et couleurs: Chris Oliveros
Traduction: Laurent Triou
Genre: Drame, Fantastique
Éditeur: Delcourt
Collection: Outsider
Nbre de pages: 104
Prix: 15,50€
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