Les chevaliers d’Héliopolis : Louis XVII mort mais ressuscité par la force de l’alchimie de Jodorowsky et Jérémy
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Les chevaliers d’Héliopolis : Louis XVII mort mais ressuscité par la force de l’alchimie de Jodorowsky et Jérémy

Quand l’histoire passe au flou certains événements, il y a souvent là de formidables catalyseurs de fiction. Et l’Histoire française, celle des Rois notamment, s’est montrée terriblement habile à faire entrer dans la légende des secrets qui, pourtant, devaient être bien gardés. Même si la nébulosité persiste entre le vrai et le faux. On ne connaît que trop bien l’Homme au masque de fer, alors l’immense Alejandro Jodorowsky (remis de son odyssée épico-hippie) s’est associé à ce forban de Jérémy pour s’intéresser au sort du 17, Louis XVII. Lui offrant une vie d’adulte ésotérique et valeureuse, dans un premier tome qui surprend son monde et fait d’emblée sensation.

Résumé de l’éditeur : Fin du XVIIIe siècle. Dans un monastère au Nord de l’Espagne, se dissimule le temple sacré des Chevaliers d’Héliopolis : une assemblée d’alchimistes immortels et coupés du monde. Alors que le disciple Dix-sept s’apprête à compléter sa formation et à intégrer l’ordre, son maitre Fulcanelli dévoile aux autres chevaliers le terrible secret de ses origines. Dix-Sept est en réalité le fils caché de Louis XVI et de Marie-Antoinette : le roi de France Louis XVII ! Héritier de cette destinée, le jeune homme va-t-il réclamer le trône qui lui est dû ou rester dans l’ombre, fidèle aux préceptes millénaires de l’Alchimie ?

 

 

 

 

© Jodorowsky/Jeremy

 

Louis XVII n’a jamais régné et a vécu seulement dix ans. Fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Louis-Charles de France est né seulement quatre ans avant la révolution et c’est peu de dire que l’ex-futur-roi n’avait pas franchement mis toutes les chances de son côté pour s’assurer un règne long et serein… à part sur les rats et le royaume des barreaux qu’est cette prison du Temple où la jeune tête couronnée périra à 10 ans (ici, pour que l’histoire fonctionne, c’est en 1793).

 

 

 

 

© Jodorowsky/Jeremy/Felideus chez Glénat

 

Du moins, selon la version officielle. Car dans les faits relatés par Jodo et Jérémy, c’est dans un combat démesuré face à un gorille anthropomorphe que nous retrouvons l’héritier du trône. Il a grandi, s’est musclé mais s’est surtout exilé en Espagne, parmi les Chevaliers d’Héliopolis qui, eux-mêmes, ignore tout de qui il est. Tous sauf Tadéo, l’homme à qui le Dauphin doit la vie. Et ce soir-là, début du reste de la vie d’un héritier qui va devenir chevalier, Tadéo range l’épée pour se faire conteur et dévoiler la vérité de cette histoire mystérieuse.

 

 

 

 

© Jodorowsky/Jeremy

 

Dans la première partie de ce tome, c’est dans un long flash-back habilement négocié que nous entraînent les deux surdoués Jodo et Jérémy pour mieux rattraper la grande Histoire que nous évoquions tout à l’heure. Nous voilà de nuit à Versailles entre l’apparition d’un éléphant et le sang d’un paon. Et les cris des fantômes. Tout s’enchaîne, la timidité infantile et infertile de Louis XVI, la jouissance d’une Marie-Antoinette enfin comblée, les frivolités de Louis avec Charlotte Corday, la naissance du fils tant attendu, le bonheur de courte durée avant les têtes tranchées. Et des auteurs qui jouent de coudées franches pour se détacher des éléments véridiques (le meurtre de l’héritier, ou de celui qui le remplace, est ainsi ramené en 1793 au lieu de 1795) et faire le bonheur de leur histoire en la couplant à celle de Charlotte Corday, l’assassine de… Marat.

 

 

 

 

© Jodorowsky/Jeremy/Felideus

 

 

Le pacte de lecture est clair et si la retranscription de l’ambiance de ce Paris croque-mort ainsi que sa reconstitution sont sans faille, le lecteur comprend bien vite que ce récit va dans l’intérêt des auteurs et non des historiens purs et durs. Tant mieux, surtout quand on sait le talent des deux lascars. Que dis-je, les trois, puisque les couleurs sont assurées par Felideus qui donne un peu plus de vie et d’intensité à chacune des cases, jouant avec les codes (pour voyager dans le temps ou revenir au présent recomposé selon les cartes rabattues par les auteurs).

 

 

 

 

Jaquette pour l’édition Canal BD © Jodorowsky/Jeremy/Felideus

 

Après cette mise en bouche historique rondement menée, vient la seconde partie où tout peut désormais partir en live au fil de l’imagination de Jodorowsky (à 88 ans, Jodo se révèle d’une jeunesse et d’une vitalité éclatante, d’une imagination redoutable) et du trait étincelant de Jérémy, virevoltant au-dessus des toits, soulevant la poussière au bas de ceux-ci. Et c’est un travail herculéen qui s’offre à Louis XVII pour passer de l’oeuvre au noir à l’oeuvre au blanc, la deuxième étape alchimique. Et pour ça, il va devoir retrouver sa couronne. Et tout ça commence sur les chapeaux de roue. On n’en doutait d’ailleurs pas une seule seconde, la confirmation n’en est que plus évidente, entre paranormal, duels bien sentis et une porte sur un univers riche à souhait puisque toute l’Histoire est à recréer. Sur quatre tomes, d’après ce qui est annoncé.

 

Alexis Seny

 

Série : Les chevaliers d’Héliopolis

Tome : 1 – Nigredo, l’oeuvre au noir

Scénario : Alejandro Jodorowsky

Dessin : Jérémy (Facebook)

Couleurs : Felideus

Genre : Ésotérique, Héroïc fantasy, Cape et épée

Éditeur : Glénat

Collection : Grafica

Nbre de pages : 56

Prix : 14,50€



Publié le 12/06/2017.


Source : Bd-best

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