Lettre ouverte à Raoul Cauvin
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Lettre ouverte à Raoul Cauvin

Cher Raoul,

 
Je me permets de vous appeler Raoul. Même si vous ne me connaissez pas, je vous connais un petit peu. J’ai lu tout Pauvre Lampil.

                Ça fait plus de trente ans que toutes les semaines je passe un moment avec vous. Vous accompagnez tous les moments de ma vie, graves ou futiles, peines ou bonheurs.

                Je vous ai « aperçu » une fois ou deux, à Angoulême, cet endroit que vous aimez tant où les fans peuvent discuter pendant des heures avec leurs idoles. En 1986, j’ai eu deux petites dédicaces de vous sur Baby Blue et Pauvre Lampil 1. Mes albums étaient restés dans l’impressionnante pile à côté de Willy Lambil. J’étais venu les rechercher une demi-journée plus tard. De toutes façons, je ne sais pas si j’aurais pu vous dire un mot tellement j’aurais été impressionné.

                Ado, parmi ma déjà grande collection d’albums, ce sont les vôtres qui avaient le plus de succès auprès de mes copains de collège et de lycée qui venaient m’en emprunter. Je les prêtais avec grand plaisir car vous donnez l’envie de partager.

                Plus tard, étudiant en maths, j’étais chroniqueur, et parfois co-animateur, dans une émission hebdomadaire sur Radio Campus Bordeaux 88.1. J’habitais à cinq cents mètres de la station, mais par grand vent il m’arrivait de ne pas pouvoir la capter chez moi. Bref, dans cette émission appelée Déambulles, nous étions une poignée de chroniqueurs qui, sans concession aucune, donnions notre avis sur un panel de nouveautés BD. C’était, sans être prétentieux, une sorte de Masque et la Plume sur le neuvième art. Vous connaissez ? C’est une émission de radiodiffusion française qui passe tous les dimanches à 20 h sur France Inter et qui critique les dernières parutions en matière de cinéma, théâtre et littérature. Dans Déambulles, exclusivité à la bande dessinée. Au bout de quelques mois d’antenne, nous avions tous nos personnalités définies. J’étais, au grand dam de mes camarades, votre ardent défenseur. Parfois, un de mes congénères avouait : « Oui, c’est vrai, cet album est pas mal… ». Je me suis battu pour vous, me disant : « Un jour, ils verront que j’ai raison. ».

 

 

 

 

                En tant que Cauvinophile averti, j’ai dans ma bibliothèque le numéro 61 des intellectuels Cahiers de la Bande Dessinée paru en janvier 1985, ainsi que Le Livre d’Or de Raoul Cauvin, de Kris de Saeger, publié en 1996 chez Arboris avec une bien belle couverture d’une autre de mes étoiles : François Walthéry. La magnifique monographie de Patrick Gaumer qui vient de paraître aux éditions Dupuis est enfin le premier hommage imposant de votre maison-mère. Enfin ! Enfin publié l'hommage mérité, enfin rattrapé le loupé du numéro du journal Spirou qui était consacré à votre soixante-quinzième anniversaire, où, même si votre nom remplaçait celui du groom, vos séries n’étaient même pas en couverture.

                Voilà, ma lettre arrive à sa fin et je n’ai quasiment pas cité vos héros. Peu importe, car si des gens lisent cette missive, c’est parce qu’ils vous connaissent déjà par cœur. J’ai parlé plus de moi que de vous. C’est peut être parce que vous avez contribué à faire ce que je suis aujourd’hui.

                Serge Lama chantait : « C’est mon ami et c’est mon maître. C’est mon maître et c’est mon ami. Dès que je l’ai vu apparaître, j’ai tout de suite su que c’était lui, lui qui allait m’apprendre à être, ce que modestement je suis. » Même si l’on ne se connaît pas, mon cher Raoul, vous êtes mon maître…et mon ami.

 

Laurent Lafourcade

 

Raoul Cauvin, La monographie par Patrick Gaumer, 272 pages au  prix de 28 € édité par Dupuis.

ISBN : 9782800157504

 

 



Publié le 16/12/2013.


Source : Bd-best

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