Marzi : entre l’universel et l’intimement personnel, Marzi tire sa révérence mais n’a pas fini de surfer la (nouvelle) vague
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Marzi : entre l’universel et l’intimement personnel, Marzi tire sa révérence mais n’a pas fini de surfer la (nouvelle) vague

Toutes les bonnes choses ont une fin. La plage, les premières vagues, le sable chaud, les vacances et puis, Marzi aussi. Dans l’ultime album de ce qui demeurera une heptalogie (qui nous aura tenus en haleine durant douze ans, dont six d’attente du dernier tome), la petite Marzi a bien grandi mais on retrouve toujours ce qui a fait notre émerveillement face à cette série d’utilité publique et pédagogique. Car une nouvelle vague, c’est bien, mais c’est tellement mieux quand elle arrive à ne pas oublier son passé, sa conscience et sa mémoire.

 

 

 

 

 

 

 

© Sowa/Savoia

 

Résumé de l’éditeur : Cet été est un temps de grands changements, tant pour Marzi que pour son pays, la Pologne. Alors que ce dernier s’adapte tant bien que mal à la fin du communisme et à sa récente ouverture sur l’Occident, la jeune fille est quant à elle confrontée aux affres de l’adolescence. Car cet été, pour Marzi, c’est le temps des premières fois.

 

 

 

 

© Sowa/Savoia chez Dupuis

 

Une tignasse rousse, des yeux bleus curieux et incisifs, la naïveté de l’enfance comme gage de découvertes. En 2005, dans les pages du Journal de Spirou, c’est sans se poser trop de questions qu’on s’attachait à Marzi, cette petite Polonaise des années 80, période propice aux grands changements, aux inquiétudes des grands et aux interrogations des moins grands. Marzi, une héroïne en herbe dès les premières planches subjuguées par le talent Marzena Sowa à raconter sa vie et ses souvenirs et par celui de Sylvain Savoia à mettre ça en image, cherchant toujours plus la justesse.

 

 

 

 

© Sowa/Savoia chez Dupuis

 

Et voilà que Marzi nous a accompagnés, m’a accompagné, bien plus qu’on osait l’espérer. Dès mes quatorze ans en 2005, lors de la rédaction de mon mémoire consacré à la bande dessinée du réel où je ne pouvais pas ne pas considérer cette porte ouverte pour les enfants sur une période important de notre histoire européenne; et encore maintenant. Car si six ans ont séparé le sixième et le dernier tome (prépublié dans Spirou dès 2014), dans un monde éditorial où les séries s’échelonnent de plus en plus vite, on a pris le temps d’apprendre la patience et d’attendre notre héroïne. Pas forcément au tournant car Sowa et Savoia ne déçoivent jamais, et pourtant. À l’instar des vagues qui tournent avant de s’effondrer gracieusement sur la plage, notre couple à la vie comme à la planche fait bel et bien tourner cette petite fille qui ne l’est plus tellement et qui, éloignée du carcan familial et les yeux dans cette mer tant espérée, voit ses préoccupations changer. Elle évolue. Mieux, elle s’envole.

 

 

 

 

© Sowa/Savoia chez Dupuis

 

Mais il y a encore de la place pour l’émerveillement et pour la curiosité bien placée. Sur l’histoire de son pays et la sortie du communisme et l’influence de l’Amérique qui se fait désormais sentir dans le goût du Pepsi même si c’est à la France que Marzi voue ses rêves, tentant de s’informer sur ce pays où l’on trempe les tartines de beurre ou de confiture dans le chocolat chaud. Puis, sur cette plage où le soleil fait rougir les vivants, il y a aussi un jeune plaisancier allemand qui a tôt fait de rallier à sa cause les battements de coeur de notre jeune Polonaise qui découvre les joies et les déconvenues des amours de vacances. Sans oublier ces fantômes plus ou moins bienveillants que le jeunes ados convient dans leur dortoir alors que leurs moniteurs les croient endormis, plein de sable dans les yeux.

 

 

 

 

© Sowa/Savoia chez Dupuis

 

Sortant de l’appartement et des rues dans lesquels tellement de choses se sont jouées en six albums, Marzena Sowa et Sylvain Savoia ont trouvé une autre lumière pour conclure leur magnifique aventure. Et les deux auteurs font sauter les codes qu’ils avaient balisés jusqu’ici éloignant les cartouches et les descriptions pour mieux laisser parler la force des dialogues et des interactions. Signe que leur héroïne a pris la mesure du récit, fait ses choix et dirige la conversation tout en sachant écouter les opinions divergentes (autour de Lech Walesa, notamment, à l’occasion d’un passage à Gdansk, berceau de Solidarnosk). Et quelle richesse, c’est.

 

 

 

 

 

© Sowa/Savoia

 

Le soleil n’a jamais été aussi beau et l’ombre de Marzi s’affine entre l’universel et l’intimement personnel, trop fugace que pour dompter tout ce qui a traversé cette magnifique série tout au long de ses sept tomes. Et ce, quel que soit l’âge du lecteur. De la Pologne communiste à nos coeurs, il n’y avait décidément qu’une petite fille qui a drôlement bien grandi et mûri, emplie de paradoxes et de certitudes sur ce que sera son monde à venir. La conclusion est superbe et nous ne pouvons que souhaiter une longue et palpitante vie à Marzi.

PS : Pour ceux qui auraient du retard dans la série, Dupuis a eu la bonne idée de publier de trois intégrales. La dernière regroupant le sixième et le présent dernier tome ainsi que des récits et documents d’époque permettant de mieux saisir la métamorphose opérée de l’enfance à l’adolescence.

 

 

Alexis Seny

 

Série : Marzi

Tome : 7 – Nouvelle Vague

Scénario : Marzena Sowa

Dessin et couleurs : Sylvain Savoia

Genre : Histoire, Chronique

Éditeur : Dupuis

Nbre de pages : 56

Prix : 12€



Publié le 05/09/2017.


Source : Bd-best

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