Mulo : dans le crachin breton, le monde animal de Pog et Le Bihan n’a rien à envier à la violence des hommes
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Mulo : dans le crachin breton, le monde animal de Pog et Le Bihan n’a rien à envier à la violence des hommes

« Tu peux pas te casser, il pleut ». Renaud le lui avait pourtant dit, Mulo n’en a fait qu’à sa tête. Et le voilà sur le bord de cette route bretonne à lever le pouce et à penser sans trop de peine une autre chanson : « vous qui passez sans me voir ». Sauf qu’il n’était pas dit que nous ne nous arrêterions pas. Au fait, Mulo, c’est, comme son nom l’indique, un mulet évoluant dans un monde anthropomorphe qui n’a rien à envier à celui des hommes dans sa violence et cette volonté de ne pas se faire de cadeaux… ou si peu. Alors, profitons-en, Pog et Cédrick Le Bihan nous en font un beau.

 

 

 

 

 

 

© Pog/Le Bihan chez Dargaud

 

Résumé de l’éditeur : Qui es-tu, Mulo ? Un bâtard, fruit de l’union d’un âne et d’une jument, ayant l’habitude d’ignorer les regards chargés de mépris. Quand on grandit dans un orphelinat, on apprend à encaisser les coups et les railleries. Qui es-tu, Mulo ? Ignorant tout de ses origines, il n’a jamais pu répondre à cette question. Une lettre anonyme arrive pourtant un beau matin et prétend qu’il trouvera des éléments de réponse dans le casier d’une ancienne conserverie située sur une île. Qui es-tu, Mulo ? Le héros têtu et tenace de ce polar animalier. Une vraie tête de mule.

 

 

 

 

© Pog/Le Bihan chez Dargaud

 

Tout le monde se rappelle de son enfance, n’est-ce pas. Vous vous souvenez de vos premiers livres illustrés. Peut-être y avait-il un peu de Martine ? C’est certain même. Mais sans doute, les histoires lues avant que vous vous endormiez comptaient-elles leur lot d’histoire où les animaux prenaient le pouvoir ? De la Famille Passiflore aux Fables de La Fontaine et Billy the Cat. On en passe. Les écrans n’étaient pas en reste avec Mickey, des dessins animés Disney plus choux les uns que les autres sans oublier les animaux du bois de Quat’Sous, le Père Castor ou encore Le vent dans les saules.

Bonne nouvelle, ces héros animaliers de notre enfance (qui aidait sans conteste à comprendre notre monde) ont fait leur chemin et sont devenus grands et pour les… grands. Bien sûr, on ne peut zapper Canardo, Black Sad, Maus, Chlorophyle et Sybilline, Petzi, De cape et de crocs ou encore les merveilleuses histoires du regretté Michel Plessix et Rose Profond de Dionnet et Pirus. Pourtant, force est de constater que, le nombre de nouveautés BD en une année aidant probablement mais pas que, les anthropomorphes ont gagné du terrain et ont retrouvé une place non-négligeable dans l’art et la manière de raconter des histoires.

 

 

 

 

© Pog/Le Bihan

 

Les exemples ne manquent pas et nous en mettons souvent en lumière. Rien que ces dernières semaines, on peut citer Jack Wolfgang de Desberg et Reculé (interview à suivre), Musnet, la réédition du George Frog de Phicil et Drac (on espère aussi vous en parler), Le Règne… Quand on en a soupé des humains à force d’en voir au boulot, au métro, à la télé… les non-humains sont une sacrée alternative alors qu’ils ne dévissent pas forcément à notre monde turbulent.

 

 

 

 

© Pog/Le Bihan chez Dargaud

 

Et voilà que Mulo a débarqué avec ses gros sabots de baudet de retour au pays. Par la petite portière d’une voiture de location conduite par Pierrick, l’épagneul dont la sympathie ne suffira pas à balayer toute la hargne de cette sale histoire sous la pluie battante. En Bretagne, il ne pleut que sur les cons… et les âmes meurtries, rajouterons-nous. Forçat d’une vie pas folichonne, Mulo cherche à conquérir son destin et son passé trouble, sans se priver d’avoir le coeur sur la main. Mais jusque quand ?

 

 

 

 

© Pog/Le Bihan chez Dargaud

 

« I have to run like a fugitive to save the life I live » balance Bob Marley sur le bateau qui le conduit là où tout a commencé. Et la meilleure alliée sera la… haine, comme le dit si bien le loup de mer qui garde le phare, idéalement placé pour arbitrer les débats entre le « petit bâtard » et ses bourreaux. Car, cette fois, il faudra aller jusqu’au bout et prendre le dessus sur le passé qui l’a malmené.

 

 

 

 

 
© Pog/Le Bihan
 


De ce jeu de piste finalement vite déjoué, Pog et Le Bihan trouve le prétexte parfait pour faire le jeu de l’atmosphère, attirant les nuages par-ci, réveillant le soleil par-là, dans cette Bretagne humide qu’on aime adorer. Et si les cieux s’affrontent, les vivants ne sont pas en reste cherchant qui sera le plus monstrueux. Car résolument, il n’y a pas beaucoup de place pour le bien dans cette affaire qui fait souquer ferme les dealers maritimes, les mafieux sans grande envergure et les industriels en faillite.

 

 

 

 

Une case inédite © Pog/Le Bihan

 

Long de 80 pages (sans compter les trésors graphiques compilés en fin d’album) aérées et regroupées par chapitres mettant en exergue de drôles de proverbes bretons, Crachin breton ne laisse pas le temps au lecteur de s’ennuyer. Que du contraire, emmené par une bande-son d’enfer et comme au cinéma, le temps passe beaucoup trop vite en compagnie de ces héros animaliers mais pas forcément de… compagnie d’ailleurs. Et si le récit semble se conclure, sur le dos, le chiffre « un » indique le début d’une série. On en est d’autant plus impatients. Car Pog et Le Bihan, déjà vus dans des récits balisés plus jeunesse, réussissent en grande pompe leur entrée dans la cour des grands. Ils crèvent les cases tandis que, dans celles-ci, d’autres crèvent tout court !

 

Alexis Seny

 

Série : Mulo

Tome : 1 – Crachin breton

Scénario : Pog (Facebook)

Dessin et couleurs : Cédrick Le Bihan

Genre : Polar, Anthropomorphe

Éditeur : Dargaud

Nbre de pages : 84 (+12 pages de cahier graphique)

Prix : 15,99€



Publié le 08/09/2017.


Source : Bd-best

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