En images et en bulles
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Un nouveau MOOK est toujours une invitation au voyage, à l'aventure, à la découverte ! Et ce numéro 19 ne fera pas exception à la règle.

Son thème ? Un endroit où ses aventures conduiront quelques fois Tintin !

De "L'oreille cassée" aux Picaros, notre reporter arpentera ses sentiers dans tous les sens et quand on parle de sentiers, c'est au sens large ... routes, sentiers, voies ferrées, cours d'eau, pistes à travers la jungle, ...

 

 

 

 

 

 

L'Amérique du Sud évidemment ! Destination ayant toujours eu une sonorité particulière dans l'oreille d'Hergé. N'était-ce pas en Argentine qu'il a, après la guerre, dans un moment de doute sur son avenir de dessinateur, envisagé d'aller s'installer ?

 

Terres de prédilection de bien des légendes, de mystères, de civilisations anciennes voire perdues, l'Amérique du Sud est un continent propice à tous les rêves d'exploration.

De paysages extraordinaires à des sites légendaires, de nombreux auteurs firent de l'Amérique latine le théâtre des aventures de leurs héros : Bob Morane, Tif et Tondu, Spirou, Corto Maltese, ... pour ne citer qu'eux !

Hergé y voyait également une terre propice au surnaturel où le mot "aventure" s'écrit avec un "A" majuscule.

 

D'ailleurs en parlant d'aventuriers, d'explorateurs, savez-vous qui a inspiré Ridgewell, l'Occidental vivant au milieu des Arumbayas dans "L'Oreille cassée" ? La réponse dans la rubrique "Face à face", page 74.

 

 

© Hergé – Tintinimaginatio 2024

 

Et des envies d'exploration, certains invités de ce numéro en ont l'ADN.

Eric Fottorino, homme de presse, grand reporter et romancier, reconnaît volontiers une certaine influence d'Hergé et de Tintin dans son choix de vie.

 

Thomas Ott, connu pour ses cartes à gratter en noir et blanc, muettes, développant un univers obscur, s'inspire fréquemment des albums les plus sombres de Tintin.

 

A noter encore, deux nouvelles rubriques : "La culture c'est l'aventure" reprenant des livres, films, ... parlant de l'Amérique latine, et "L'aventure des idées". Cette dernière confiée à la philosophe Laurence Devillairs, propose une réflexion sur l'Art dans l'œuvre d'Hergé.

 

 

 

© Hergé – Tintinimaginatio 2024

 

Côté BD, 2 invités de marque !

Le premier est justement repris dans la rubrique "La culture c'est l'aventure". Fabien Nury, l'auteur de la saga "Charlotte impératrice", dont 8 planches sont reprises ici. Il nous partage quelques confidences sur le 3e tome de sa série. L'occasion pour lui de reconnaître, ici et là, quelques parallélismes possibles avec Tintin, son univers ou certains de ses personnages. Mais également les différences dues à des époques de création différentes. Un savant dosage de fiction dans une réalité historique, mêlé parfois d'ingrédients mythologiques ou religieux, avec quelques enjeux de pouvoir, tout cela enrobant une passionnante aventure du héros ... !

 

 

 

© Hergé – Tintinimaginatio 2024

 

Le second, Didier Tronchet, est connu pour ses séries "Raymond Calbuth", "Raoul Fulgurex" ou "Jean-Claude Tergal". Lors de son entretien, nous apprenons notamment que pour lui Tintin était l'échappatoire parfait pour échapper au quotidien et à son ennui !

Mais n'était-ce pas le cas pour tous les lecteurs du petit reporter ? Et son sentiment de compréhension de ce qu'a dû ressentir le Yéti dans la dernière case de l'album mythique "Tintin au Tibet" !

 

 

 


© Hergé – Tintinimaginatio 2024

 

Et comme à chaque revue, des archives et croquis inédits d'Hergé, de superbes photos de GEO qui illustrent ces reportages passionnants, ...

De quoi émerveillés tous les Tintin que nous sommes.

 

 

Un 19e numéro rempli d'exotisme et de rêve d'aventure, riche en rencontres et entretiens. A lire pour s'évader vu cette météo maussade de ces derniers jours.

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Tintin c’est l’aventure

Titre : Mondes sud-américains

Tome : 19 (Fév – Avril 2024)

Éditeur : Éditions Moulinsart – Géo – Prisma Media

Parution : 28 février 2024

Nombre de pages : 144

ISBN : 978-2-8104-3918-8

Prix : 19,99 €



Publié le 10/03/2024.


Source : Bd-best


- Ne faites pas cette tête, Wayne, c'est une aventure fantastique que nous entreprenons là !

- Enfermés pendant des mois sur un navire puant, je ne vois pas de quoi, je ne vois pas de quoi me réjouir.

- Allons, c'est un immense honneur d'assister le professeur Pool sur cette expédition scientifique ... Un pair du royaume !

- Un vieux gâteux qui s'extasie devant la moindre fiente de goéland ...

- De plus, nos missions sont simples : vous, l'aspect sanitaire, moi, la sécurité du professeur.

- Parce que vous croyez qu'il va se contenter de ça ? Ce type est un tortionnaire !

 

- MAJOR BURNS, DOCTEUR WAYNE !

 

- Ça y est, les ennuis commencent.

 

 

Voilà de quoi nous avertir immédiatement et nous mettre au parfum !

Cet album ne sera pas de tout repos pour le major Jones et le docteur Wayne. Chargés d'escorter le professeur Pool dans ses expéditions au bord du "HMS Queen Victoria", ils ne risquent pas de s'ennuyer.

 

Dix étapes, dix petites aventures ou plutôt mésaventures qui les conduiront des Açores en Chine, en passant par les Indes, pour un retour fracassant à Londres ! Un périple rempli de surprises ... et rarement heureuses !

 

© Devig - Fluide Glacial - 2024

 

De la carte au trésor, qui n'en est pas une, au monstre Pangu, terrifiant serpent de mer chinois élevé pour "détruire l'envahisseur britannique", autrement dit le "Queen Victoria" au minimum, nos deux enquêteurs auront bien de la peine à garder tout leur flegme so british !

Mais que serait ces 2 gentlemen sans leur humour noir afin de résoudre énigmes et mystères ?

Fort de leur mission de protection du professeur Pool, leur chemin les fait visiter la crypte des Chevaliers de St-Jean, croiser un vaisseau fantôme, rechercher du jus de momie, explorer une île inconnue (Delos W. Lovelace ne l'aurait pas renier ... à moins que ce ne soit l'inverse !), les 3 "héros" réussissent toujours à s'en sortir (quasi) indemnes ...

D'accord, leur "morale" à chacune de leurs péripéties laisse peut-être à désirer ... mais n'est-ce pas aussi cela l'humour anglais ?

Et vu qu'il leur faut bien une "méchante", une "mauvaise" et qu'ils sont anglais, ce sera la Pie, redoutable mais jolie archéologue française sans scrupule !

 

© Devig - Fluide Glacial - 2024

 

Sur ce ton qui a fait le succès des deux premiers tomes de la série, Devig poursuit sa parodie des expéditions scientifiques du XIXe siècle. Un savant dosage de Sir Conan Doyle pour le côté détectives anglais, de Jules Verne pour l'aspect aventures, de Jonathan Swift, voire d'Henry Fielding pour cette touche d'humour cruel et cynique à la fois !

 

Ce charmant exquis mélange rend la lecture de ce 3e opus légère et désopilante.

Devig, avec son humour au second degré, son trait ligne claire bien académique, joue avec le rocambolesque de chaque situation. Il en profite pour insister sur le côté parfois farfelu des embûches auxquelles ils confrontent ses personnages.

 

© Devig - Fluide Glacial - 2024

 

Petit "bonus", chaque épisode se clôture par une note pédagogique sur le lieu ou le mystère repris !

 

Bref, une agréable lecture sans prise de tête, légèrement hilarante et loufoque ! Parfaite pour débuter ce week end !

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Major Burns

Tome : 3 - Les pittoresques expéditions du Major Burns

Scénario, dessin, couleurs : Devig

Editeur : Fluide Glacial

Public : tout public

Parution : 6 mars 2024

Page : 56

Format : 32,1 x 24,2 cm

ISBN : 979-10-38206-79-3

Prix : 15,9 €



Publié le 09/03/2024.


Source : Bd-best


22 contre-vérités sur Hergé et son œuvre.   Tintin au-delà des idées reçues

 

"A l'heure des réseaux sociaux, de l'actualité en continu et du développement de l'intelligence artificielle, on parle de plus en plus de fake news et de débunkage. Circulant parfois dans le but de nuire, les fausses informations peuvent aussi découler d'un manque de connaissances, d'un témoignage défaillant, d'une source peu sérieuse, ou encore d'une hypothèse considérée comme une certitude. Le domaine de la Tintinologie n'échappe pas à ces erreurs." (Patrice Guérin)

 

 

 

 

 


Hergé serre la main d'un Alfred Hitchcock honoré. Un enfant, accompagné de son grand-père, admire une momie précolombienne dans une vitrine de Musée. Les Dupondt semblent avoir saisi une bobine de film. Quick et Flupke, les ketjes de Bruxelles, poursuivent leur auteur pour lui demander une petite dédicace ou un simple autographe. Salvador Dali observe circonspect ce petit monde. Voici la couverture multicéphale de Stanislas pour Tintin au-delà des idées reçues, livre signé du tintinologue Patrice Guérin. En vingt-deux chapitres, l'auteur va démonter, comme l'annonce le sous-titre, vingt-deux contre-vérités sur Hergé et son œuvre. Tout au long de l'ouvrage, nous allons naviguer entre les vies privées et professionnelles de l'auteur, reconnaissant avoir parfois été soi-même pris parfois au piège par des fake news.

© Guérin – Les impressions nouvelles

Chaque chapitre commence par exposer une idée reçue avant de la démonter en présentant la réalité. Chacun se conclut par des conseils de lectures qui ont aidées l'auteur à la rédaction de l'article. Commençons par un petit tour chez Georges Remi, sans accent sur le "e", c'est Reu-mi et non pas Rémi. Il était un mauvais élève en dessin. Il l'a déclaré lui-même dans le documentaire Moi, Tintin en 1974. Il le répètera à Jacques Chancel dans Radioscopie et à Numa Sadoul dans ses entretiens. Ses bulletins scolaires démontrent le contraire. Alors, fausse modestie ou souvenirs flous ? Le doute subsiste.

Hergé allait au cinéma et admirait Hitchcock. Le romancier Bob Garcia et d'autres soi-disant spécialistes attribuent des références erronées dans les œuvres du dessinateur. Pour preuve, certains films sont postérieurs aux scènes prétendument influencées. Pourtant, Hergé avoua à Benoît Peeters en 1982 avoir fort vu fort peu de films du réalisateur et en découvrir seulement maintenant à la télévision.

© Guérin – Les impressions nouvelles

A la Libération, Hergé, accusé de collaborationnisme pour avoir publié dans Le Soir, pu retrouver du travail grâce à Raymond Leblanc. C'est en réalité un certain Pierre Ugeux qui lui annonça en septembre 1945 que l'un de ses amis André Sinave avait pour projet de relancer en le modernisant Le Petit Vingtième. C'est plus tard que Hergé rencontrera Leblanc.

Patrice Guérin s'attache aussi évidemment au contenu de l'œuvre. L'île noire d'Hergé se situerait en réalité sur la Côte d'Azur. La rumeur est lancée par le journaliste de France Bleu Provence Jean-Pierre Cassely, trouvant flagrantes les ressemblances entre les images d'Hergé et les photographies de l'île d'Or. Une autre rumeur la situe en Bretagne, une troisième en Vendée. Or, durant la décennie des années 30, Hergé n'a guère voyagé en France, hormis en Forêt-Noire et dans les Pyrénées.

Selon les sources, la Castafiore aurait été inspirée par Ninie, une tante de l'auteur, aux puissantes percées vocales, ou par Florence Foster Jenkins, la richissime américaine qui louait des théâtres pour se produire sur scène et qui chantait à faire pleuvoir. Or, jamais dans les albums, Bianca ne brise du verre. En fait, la cantatrice est simplement jugée par des profanes. Guérin clôt ce chapitre en rappelant l'hypothèse d'Albert Algoud selon qui la Castafiore serait un homme.

© Guérin – Les impressions nouvelles

On s'attardera plus curieusement sur Tintin et le Thermozéro, scénario de Greg, le créateur d'Achille Talon. Faux. Il a simplement débloqué Hergé dans un scénario se prenant les pieds dans le tapis. Greg a néanmoins trouvé le concept du produit qui donnera le titre à l'histoire. Celle-ci ne verra pourtant jamais le jour.

Le livre de Patrice Guérin fourmille d'autres anecdotes plus passionnantes les unes que les autres, pour mieux se replonger par la suite dans les albums du reporter. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Tintin au-delà des idées reçues

Genre : Analyse d'œuvre

Auteur : Patrice Guérin

Éditeur : Les impressions nouvelles

ISBN : 9782390701156

Nombre de pages : 208

 



Publié le 09/03/2024.


Source : Boulevard BD


Entretien avec

 

"Même s'il n'existait que Tintin, la bande dessinée serait justifiée comme art." (Benoît Peeters)

 

 

 

 

 

 

 


"Nous avons tous en nous quelque chose d'Hergé, de sa ligne claire, claire et éclairante, belle étoile." Cette déclaration d'Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, en préface, est indiscutable. Si l'œuvre du maître a marqué tant de générations, c'est qu'elle a quelque chose d'universel et de magique qui atteint tout lecteur en son for intérieur. On peut quitter Tintin. On y revient avec le même plaisir. 600 ! 600, c'est le nombre du jour. Plus de 600 ouvrages ont déjà été consacrés à Hergé et à son œuvre. Alors, pourquoi Renaud Nattiez, éminent tintinologue, en publie-t-il un de plus ? Tout simplement parce que, pour la première fois, l'avenir de Tintin est abordé. Si dans son ouvrage précédent "Faut-il brûler Tintin ?", Renaud Nattiez démontrait qu'il y avait toujours quelque chose à dire sur le sujet, il questionne ici sept fils de Tintin, sept spécialistes de l'univers, sur la pérennité de l'œuvre. Les ventes des albums sont en baisse. Alors que le dernier album achevé est paru en 1976, il y a quarante-huit ans, Tintin peut-il résister à la concurrence ? Intéresse-t-il encore les jeunes lecteurs ?

© Nattiez – 1000 sabords

Le grand interrogatoire débute avec Albert Algoud, qui a signé l'un des best-seller sur le sujet : Le Haddock illustré, dictionnaire des jurons du Capitaine. Il n'a jamais écrit d'ouvrages d'analyse sur l'œuvre elle-même, mais s'est attaché aux personnages avec notamment des biographies de Bianca Castafiore et du Senhor Oliveira da Figueira. Pour lui, qu'importe si Tintin est et sera moins lu par les jeunes. Son auteur restera un grand artiste. Il voit la pérennité du personnage dans l'imaginaire des foules grâce à toutes formes de détournements artistiques.

Auteur de Tintin et le mythe du Surenfant, l'universitaire Jean-Marie Apostolidès disparu il y a juste un an avait une vision plus pessimiste, pensant que la notoriété de Tintin disparaîtra avec sa génération qui est celle de tous les spécialistes interrogés ici. Pourtant, il affirme qu'il y a encore à dire sur le sujet, citant Bertrand Méheust dont les recherches pourraient aboutir sur une nouvelle approche de Tintin, où il est question de métapsychisme et de médiumnité. C'est ensuite au tour de Pierre Assouline, auteur d'une biographie détaillée d'Hergé en 1996, de s'exprimer. Lui, voit le dessin animé et ses rediffusions comme moyen de perpétrer l'œuvre, plus que le cinéma. Assouline a connu Tchang. Il pense qu'il y a encore des choses à dire sur l'œuvre mais qu'il ne faut pas tomber dans la spéculation et les élucubrations.

© Nattiez – 1000 sabords

En milieu d'ouvrage, voici l'entretien avec Philippe Goddin. Biographe et ami d'Hergé, secrétaire général pendant dix ans de la Fondation Hergé, président de l'association Les amis de Hergé, il est certainement l'analyste le plus légitime qui soit. Avec lui, Renaud Nattiez peut se permettre d'aller encore plus loin qu'avec les autres questionnés. Continuer à faire vivre Tintin sans nouveautés est une gageure. Il n'est pas contre une vision parallèle comme a pu le faire Emile Bravo avec Spirou. Mais on marche sur des œufs. Quant aux ouvrages d'analyse, Goddin avoue avoir écrit sur Tintin et le Thermo-Zéro…en attendant "une marque d'intérêt de la part de Nick Rodwell."

Jacques Langlois prend la suite. Ayant correspondu avec Hergé, l'auteur du Petit éloge de Tintin se positionne en tant qu'observateur. Il partage avec Nattiez l'objectif de lire et de relire Tintin, avant tout pour le plaisir. Langlois s'interroge sur l'intérêt de la parution d'un nouvel album en 2054, lorsque le héros sera tombé dans le domaine public, alors que le gros des tintinophiles aura disparu.

© Nattiez – 1000 sabords

Auteur de la première monographie Le monde d'Hergé, parue fin 1983, année du décès de l'auteur, le pointilleux Benoît Peeters enchaîne, voit en l'absence de nouvel album la force du mythe. Il partage avec Aspotolidès l'émergence possible d'une exégèse originale. Paradoxalement, mais n'est-ce pas lui qui aurait raison, ayant grandi avec le reporter à houppe, Peeters ne s'estime pas légitime pour parler de son avenir.

Les rendez-vous de Renaud Nattiez se concluent avec Numa Sadoul. Il est l'auteur de deux des plus grands livres de référence sur le 9ème Art : Et Franquin créa la gaffe, et Entretiens avec Hergé, publié pour la première fois en 1975. Lui, est clairement pour la sortie d'un nouvel album, mais, à l'instar de ce que préconise Goddin, avec une vision d'auteurs qui projetteraient leur univers sans dénaturer l'original.

© Nattiez – 1000 sabords

Cette chronique n'est que le survol d'un ouvrage qui porte à réflexion. Au fil des entretiens, on s'amuse à imaginer les réponses que l'on aurait apporté soi-même aux questions pertinentes de Renaud Nattiez dont il ne manquerait dans ce livre que l'auto-entretien. Pour une rencontre avec lui, je vous invite à vous rendre sur le site et la chaîne YouTube Boulevard BD pour un grand entretien filmé et illustré avec lui. Pour en finir avec ce "Demain Tintin ?" (mais rien n'est jamais fini avec Hergé et Tintin) , Olivier Roche, rédacteur en chef de l'indispensable Houpette Libérée, signe une postface résumant le propos. Il demande explicitement à Tintinimaginatio, société des ayant-droits gérant l'œuvre, d'ouvrir ses portes aux spécialistes et aux artistes. Ce sont eux qui ont les clefs de ce que sera Tintin demain. En attendant, quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Demain Tintin ?

Genre : Entretiens

Auteur : Renaud Nattiez

Éditeur : 1000 sabords

ISBN : 9782494744127

Nombre de pages : 184

Prix : 20 €

 



Publié le 09/03/2024.


Source : Boulevard BD


Il est des chroniques plus agréables que d'autres. Des chroniques qui donnent "faim". Faim de savoir, de découvertes, de plaisirs, de détente, de rire, ...

Et d'autres qui donnent soif ! Une soif de savoir aussi, mais parfois simplement soif de saveurs, de senteurs, de goûts !

Et celle-ci en fait largement partie !

Evidemment, il s'agit d'être sensible à son sujet ! Mais mea culpa, ici, je ne puis être totalement objectif !

Celles et ceux qui me connaissent un peu vous diront sans risque mon amour pour une certaine bière trappiste ... l'Orval pour ne pas la citer !

Mais pas que ... Amateur à mes heures d'un autre breuvage divin, le whisky !

 

 

Ecossais, irlandais entre autres ... mais aussi japonais !

Dès lors, comment ne pas se plonger avec délectation dans "Whisky San" ?

Fabien Rodhain, Didier Alcante nous narrent avec brio et passion l'incroyable "épopée" du créateur du 1er whisky japonais : Masataka Taketsuru.

Car épopée, ce fut bien le cas. Issu d'une célèbre famille de brasseurs de saké depuis 1733, comment imaginer pour son père que son unique héritier rêve de créer le premier whisky japonais ?

 

A 6 ans, son grand-père lui raconte l'arrivée du whisky au Japon. C'était en mars 1854. Une flottille américaine sous les ordres du Commodore Matthew Perry arrive au Japon pour forcer le Shogun à ouvrir ses frontières au commerce international.

Dans leurs bagages, des cadeaux ... et parmi eux, un tonnelet de "whiskey" inconnu au pays du Soleil levant.

 

- C'était bon ?

- Bon ? Oh non, ce n'était pas simplement bon. C'était ... inattendu, délicieux, puissant, incroyable ! C'était comme si le soleil était descendu dans ma gorge !

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

Ainsi naît dans la tête du petit Masataka ce rêve insensé !

"Coup de chance", deux ans plus tard, lors d'une petite bagarre avec des condisciples à l'école, il prend la défense d'un gaïjin écossais, nouvellement arrivé dans son école, Craig McConnell et ... un mauvais coup lui casse le nez !

Un nez cassé et surtout la naissance d'une amitié qui lui offre sa première gorgée de whisky !

 

De son nez fracturé naît également sa faculté exceptionnelle à reconnaître, décortiquer, analyser les différentes senteurs l'entourant ! Cette bénédiction des dieux le mènera de fil en aiguille à rencontrer son mentor, futur partenaire, avant d'être concurrent, Shinjiro Torii, puis à partir en Ecosse parfaire ses connaissances sur la distillation de ce breuvage de "sauvages". Là, il y rencontrera Rita Cowan, sa future épouse !

 

Et son parcours se poursuivit au hasard de rencontres, avec cette volonté inébranlable de réussir.

Mais le défi est de taille. Réussira-t-il et jusqu'à quel point ce rêve deviendra-t-il réalité ?

 

 

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

 

Ode à l'abnégation d'un homme qui consacrera sa vie entière à réaliser un rêve de gamin. Celui, après avoir entendu le récit de son grand-père, de créer ce premier whisky japonais !

Entre échecs, obstacles, incompréhension de son entourage familial, moqueries, concurrence, allant jusqu'à braver tradition séculaire et autorité paternelle, Masataka s'y plongera corps et âme !

Car oui, oser produire un whisky japonais au pays du saké est pire qu'un sacrilège et mériterait à ces auteurs de se faire seppuku immédiatement !

 

 

Un scénario à 4 mains, rythmé et passionné. Alors que le second tome de leur série des "Damnés de l'or brun" sort également en librairie, le duo Rodhain / Alcante s'offre une récréation bien rafraîchissante avec ce "Whisky San".

 

Et dire que Fabien Rodhain s'y lança suite à une dégustation de whiskies à Orp-Jauche, commune du Brabant Wallon (en Belgique). Il y apprend avec stupeur qu'il existe aussi des whiskies japonais ! Le représentant, devant son étonnement, lui raconte alors l'histoire de ces 2 Japonais à l'origine de cette incroyable aventure : Masataka Taketsuru et Shinjiro Torii !

Partenaires au départ, concurrents à la fin et fondateurs des 2 premières distilleries du Soleil levant : Nikka et Suntori !

2 marques unanimement reconnues, maintes fois primées, aujourd'hui dans le monde du malt !

Au plus il l'écoute, au plus les images défilent dans son esprit ...

Reste à concrétiser l'ensemble en un tout cohérent ...

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

 

Projet qui mit plus de 10 ans à mûrir, tel un "pure malt", il gagna en maturité et ... en amour ... "élément indispensable" pour distiller un vrai whisky que McCall, grand-père de Craig, demanda à Masataka d'identifier lors de leur première rencontre.

 

En 2020, apprenant que Didier Alcante, grand connaisseur du Japon notamment après l'écriture de "La Bombe", a une idée similaire, il lui propose de s'associer pour le scénario. Et pour être certain de sa réponse, lui communique ses premières notes ! Malgré une surcharge de travail, un moral à zéro dû au début du confinement, ce dernier est emballé par l'idée. Nous connaissons le résultat ...

 

Encore restait-il à trouver un "crayon" pour tout traduire en images ! Ce sera à Alicia Grande de relever ce défi. Après sa série "Retour de flammes", elle hésite à poursuivre son métier de dessinatrice BD. Manquant de projets, elle est sur le point d'abandonner quand elle reçoit la proposition de Fabien. Elle lui envoie quelques planches d'essai et la magie opère ! Son style BD - manga fait mouche : une ligne claire, des traits fins avec un soupçon d'art manga ! Le parfait mariage pour un album racontant le mariage entre deux traditions aussi différentes que l'écossaise et la japonaise, le whisky et le saké !

 

Mais que serait l'association scénaristes-dessinatrice sans le travail de mise en lumière, en ambiance de Tanja Wenisch ? Une palette proche de l'aquarelle pour un dessin mi BD - mi manga !

 

 

 

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

Récit historique, librement adapté de faits réels, mais surtout une ode à la vie, à l'amour, à la passion ... d'un homme pour son rêve, pour sa femme Rita ! Sa foi inflexible, sa conviction intime d'être capable de réaliser l'irréalisable au pays du saké, c'est tout cela que nous offre ce one-shot romanesque.

 

 

Par ailleurs, cette parution fut l'occasion pour BD Best d'une nouvelle capsule de "Derrière la palette ...".  Ce jeudi 29 février, nous rencontrions Fabien Rodhain à l'hôtel Warwich.

L'occasion de découvrir ce scénariste, amoureux de la terre et de ses combats, de son parcours, notamment avec Didier Alcante, son co-scénariste qui signe également avec lui "Les Damnées de l'or brun", une histoire de chocolat ...

Whisky et chocolat ... de quoi damner bien des amateurs de saveurs exquises !

 

 

 

Pour le plaisir de le revoir, lors de notre entrevue, Fabien nous rappela ces 2 publicités pour le whisky Suntory Crest réalisées par Sean Connery ... :

 

 

 

Kampaï !

 

 

Thierry Ligot

 

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Titre : Whisky San

Scénario : Fabien Rodhain & Didier Alcante

Dessin : Alicia Grande

Couleurs : Tanja Wenisch

Editeur : Bamboo

Collection : Grand Angle

Public : tout public et surtout amateurs de whisky

Format : 12,3 x 30,0 cm

Page : 136

ISBN : 978-2-8189-8867-1

Prix : 24,9 €



Publié le 08/03/2024.


Source : Bd-best


L'histoire de Lisette Moru, résistante bretonne.   Le sourire d'Auschwitz

 

"-Sur quel sujet avez-vous prévu de travailler maintenant ?

-Je ne sais pas encore… Peut-être sur les femmes résistantes. Je me suis aperçue qu'il y avait beaucoup moins d'écrits sur leurs parcours."

 

 

 

 

 


                En Bretagne, après une conférence sur La résistance dans le Morbihan, la journaliste Stéphanie Trouillard dédicace son livre Mon oncle de l'ombre, enquête sur un maquisard breton. Elle est interpelée par un homme qui l'invite à travailler sur les femmes résistantes, héroïnes sur lesquelles il y a très peu d'écrits. Après son enterrement, il a découvert que sa tante était dans la résistance. L'idée fait son cheminement dans le cerveau de la reporter. Et si elle se penchait sur l'histoire d'une résistante du Morbihan ? En naviguant sur le site www.memoirevive.org, elle tombe sur la biographie de Marie-Louise Pierrette Moru, dite Lisette Moru, déportée à Auschwitz où on lui gravera le matricule 31825. Née le 27 juillet 1925 à Port-Louis, elle fut dénoncée à 18 ans pour avoir fleuri le monument aux morts de Kerzo. Arrêtée en décembre 1942 avec Louis Séché, elle mourra l'année suivante. Elle faisait partie du convoi des 31000 femmes déportées à Auschwitz. Stéphanie est envoûtée par sa photo. "Ce regard et ce sourire, sur une photo prise à Auschwitz, le contraste est si fort !"

© Trouillard, Coquin - Des ronds dans l’O

                Il n'en fallait pas moins pour lancer Stéphanie dans une enquête. Elle commence en allant interroger Jeannine Barré, à Port-Louis, non loin de Lorient, qui a œuvré à la mémoire de Lisette. François, le frère de Jeannine, a été déporté dans le même camp de concentration en tant que communiste. C'est en faisant des discours lors de cérémonies que Jeannine a appris que Lisette avait fait le même voyage et que ses parents habitaient non loin de chez elle. Ceux-ci lui ont appris les conditions de l'arrestation de leur fille, dénoncée par quelqu'un "d'ici". Avec les maigres indices récoltés par Jeannine, Stéphanie va pouvoir poursuivre son enquête avec des bases, en rencontrant tout d'abord la nièce de la disparue. On va ainsi remonter jusqu'à l'enfance de Lisette et l'accompagner, comme Louis, jusqu'à leur destination finale.

© Trouillard, Coquin - Des ronds dans l’O

                Après Ginette Kolinka, récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau, les éditions Des ronds dans l'O frappent une nouvelle fois très fort avec le nouvel album de la scénariste de Si je reviens un jour…, les lettres retrouvées de Louise Pikovsky. Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, retrace les destins de Louis Séché et Lisette Moru, résistants bretons. L'histoire est transcendée par les clichés d'identification de Lisette, souriante, sur les photographies prises à son arrivée dans le camp de la mort, comme un paradoxe, comme un oxymore, comme un moyen de dire aux bourreaux : "Vous avez capturé mon corps, vous ne vous emparerez pas de mon cœur." Ce triptyque bouleversant dessiné en couverture est montré en annexe. On voudrait pleurer, mais Lisette semble nous retenir, nous donnant une hallucinante leçon de vie et de courage. Les autres photographies montrent des portraits de Lisette et de Louis à différentes époques de leur si courte vie, et quelques photos des lieux de leur cheminement vers la mort. Poignant. Un webdocumentaire de la scénariste est visible sur : https://webdoc.france24.com/sourire-auschwitz. Renan Coquin dessine l'enquête, la quête, avec une grande sobriété, un respect certain, s'effaçant derrière l'histoire des véritables héros de la tragédie.

© Trouillard, Coquin - Des ronds dans l’O

                Il est hallucinant de voir comment les albums sur 39-45 se succèdent avec chacun leur force et leur particularité, chacun apportant un témoignage nouveau, un pan de mémoire nécessaire. Le sourire d'Auschwitz est une histoire, une image, qui s'ancre avec force dans les esprits. Hypnotique.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Le sourire d'Auschwitz

Genre : Reportage

Scénario : Stéphanie Trouillard

Dessins & Couleurs : Renan Coquin

Éditeur : Des ronds dans l’O

Collection : Les témoins racontent l'Histoire

ISBN : 9782374181431

 



Publié le 06/03/2024.


Source : Boulevard BD


Mythologie galicienne.   Mauvais oeil

 

"-Chers enfants, ces terres sont habitées par une multitude de magiciennes et de sorcières. Et même si certaines sont plus mauvaises que d'autres… Je vous assure qu'il n'y en a pas une que vous aimeriez rencontrer…"

 

 

 

 

 


                Les forêts et les nuits sont peuplées de cauchemars… parce qu'elles sont peuplées de sorcières, de fantômes et de monstres. Il y a Asumcorda qui s'approche des gens pour les attaquer dans l'obscurité, Marimanta qui enlève les enfants, les fourre dans un sac et les amène dans son antre pour en faire des potions, ou encore Feiteiceira qui convainc les enfants de se baigner dans la rivière pour les noyer. D'autres sont plus donneuses de leçons comme Lavandeira qui oblige les enfants à laver leurs vêtements. S'ils ne le font pas correctement, elle leur jettera un sort. Lobismuller est contre toute attente en principe pacifique. C'est son aspect de chien-loup enragé qui fait peur. La plus terrifiante de toutes les sorcières reste Chuchona, qui terrorise les enfants et leur suce le sang… sauf s'ils ont de l'ail sur eux.

 © Robles - Bang

                Sorte de centaure, le diable moqueur adore faire des blagues. Il peut disparaître en fumée. Si Luis se réveille épuisé tous les matins, c'est que ses nuits sont peuplées de squelettes, plus au propre qu'au figuré. Tous les jours, le nuage tonitruant sème les pires intempéries, mais gare à lui, les oiseaux pourraient lui donner une belle leçon. Si vous n'avez pas peur, vous pourrez toujours aller en forêt cueillir des biosbardos. Encore faut-il connaître le sortilège qui les attire. Quand le danger n'est pas sur la terre ferme, il peut être en mer. Les sirènes n'ont pas la côte face à la Maruxaina, qui pourrait en faire voir de toutes les couleurs aux marins, à moins que ceux-ci ne débarquent sur l'île secrète des sorcières du Miño.

 © Robles - Bang

                Cristian Robles, signant ses planches Kensausage, invite au voyage dans la mythologie galicienne, un véritable trésor culturel. La Galice est une région autonome d'Espagne située au Nord du Portugal sur la façade Atlantique. Elle est connue principalement pour sa capitale Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans un graphisme très underground proche de celui d'un Killoffer, le dessinateur espagnol effraie tout autant qu'il amuse, repousse aussi bien qu'il attire. Ses humains aux oreilles disproportionnées et rougeâtres se ridiculisent tellement qu'on trouve normal qu'ils se laissent berner par les sorcières qui croisent leurs routes. Il n'y a guère que Chatonpedro qui soit plus couillon qu'eux. On pense également à la mythologie Yo-Kaï quand on lit ces micros-histoires galiciennes. Les monstres représentés en sont de lointain cousins, tout comme les panthéons grecs et romains sont assimilables.

 © Robles - Bang

                Si le Mauvais œil plane sur les pauvres victimes des créatures galiciennes, il est aussi le témoin d'une culture ibérique riche en légendes qui font rêver… ou cauchemarder.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Mauvais œil

Genre : Contes fantastiques

Scénario, Dessins & Couleurs : Cristian Robles

Traduction : Léa Jaillard

Éditeur : Bang

Collection : Mamutcomics

ISBN : 9788413714592

Nombre de pages : 64

Prix : 15 €

 



Publié le 06/03/2024.


Source : Boulevard BD


Retour au Moyen-Ă‚ge.   SangDragon

 

"-Hélia… Ma… tendre fille… Viens plus près… Je… dois te… parler… de… ta naissance…

-Père ?

-C’est fini, princesse ! Le roi Arthmel a rejoint les dieux !"

 

 

 

 

 

 


                Dans les hautes terres d’Ergwad, le prince Oghor, futur roi dans toute sa splendeur, est de retour dans la maison royale. Et pour cause, le roi Arthmel se meurt. A son chevet, sa fille Hélia recueille son dernier soupir. Il n’a pas eu le temps de lui révéler le secret de sa naissance. A peine descendu de cheval, Oghor convoque aussitôt le conseil majeur. Pendant ce temps, Hélia apprend par le mage Arkâhn que le tourment est de nouveau aux portes du royaume. La Pyrise, la pierre de dragon, s’irradie. Cela veut dire qu’un dragon est en train de se réveiller, à cause de la haine qui dort en chaque homme. Y aurait-il donc un lien avec la mort du roi ? La pierre désigne Hélia comme origine ou fin du mal. Oghor va profiter de l’occasion pour mettre sa sœur au cachot, d’autant plus que le roi aurait été empoisonné. Heureusement, une bonne âme va lui permettre de s’évader. A elle de prouver son innocence…

© Bédu, Cerise - Dupuis

                Après vingt-cinq ans de Psys, Bédu revient au genre qui a fait son succès avec la série Hugo dans les années 80 au Lombard : l’héroïc-fantasy moyenâgeuse. Quel bonheur que de le relire dans ce domaine avec un récit bien plus sombre que les aventures du jeune troubadour. Porté pendant tant de temps par les scenarii humoristiques de Cauvin, Bédu a mis quelques années à accoucher de ce récit dense, aux multiples personnages et à l’action bien présente. Alors que Les Psy était une série caricaturale, théâtrale, jouant sur les expressions, Sang-Dragon est d’un semi-réalisme plus complexe. Bédu joue sur les regards, est plus minutieux sur les costumes, ainsi que sur les décors que l’on aurait aimé encore plus présents.

© Bédu, Cerise - Dupuis

                Outre le Dragon, quelle joie de trouver, comme dans Hugo, des peuples fantastiques. Aussitôt évadée, Hélia va tomber dans les mains des Khtolls, peuple souterrain de la forêt, mais qui vont s’avérer pour elle d’une grande aide. Dans un autre genre, on ne peut s’empêcher de penser à la rencontre de Johan et Pirlouit avec les Schtroumpfs. Les Khtolls connaissent la route du pays des dragons. Hélia va trouver en Yohl, dit Yoyo, un compagnon de voyage, personnage indispensable du genre. Moins accueillants vont être les Draks, horde d’effrayants êtres volants crasseux et massacrants. Avec Hélia, Bédu créé une nouvelle héroïne dans la digne lignée de Natacha et de Yoko Tsuno, avec un poil plus de modernité et de féminisme, contrairement à ce que l’époque traitée pourrait laisser penser.

© Bédu, Cerise - Dupuis

                Bédu réussit avec brio son retour en tant qu’auteur complet. Espérons vivement que cet album ne soit que le premier d’une nouvelle série. Créer un tel univers et s’arrêter aussitôt, ce n’est pas possible.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : SangDragon

Genre : Heroïc-Fantasy

Scénario & Dessins : Bédu

Couleurs : Cerise

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9782800170916

Nombre de pages : 96

Prix : 18,95 €


 



Publié le 06/03/2024.


Source : Boulevard BD


Quartier un rien miteux, dans une ville enneigée marquée par les traces de bombardements récents.

Il fait froid, brumeux en ce petit matin. La vitrine du bar Timo illumine tristement la rue.

L'atmosphère y est enfumée et lourde. Plus grand monde ... quelques clients, 4 - 5 femmes de mœurs légères et Frank. Ado de 17 ans, mais déjà adulte dans sa tête et son vécu, il est l'enfant unique chéri de Lotte. Celle-ci tient la maison close du quartier, visitée par les forces d'occupation et autres notables de cette ville moyenne qui pourrait se situer n'importe où en Europe. Cela lui donne les moyens de continuer à vivre "plus que correctement" et de ne pas connaître les pénuries frappant l'habitant.

 

 

 

 

 

Fringuant, légèrement dandy, Frank n'a plus grand chose à apprendre des femmes ... "profitant" à son gré des "pensionnaires" de sa "maquerelle" de mère. Blasé ou perdu, ne sachant qui il est et ce qu'il veut, Frank traîne avec lui une sorte de spleen malsain, une drôle d'étoile rosée, marquée "SWING" cousue sur le revers de son manteau !

D'ailleurs, son nom de famille expliquerait-il cela ? Frank Friedmaier !

 

 

Ah oui, j'oublie, également présent chez Timo, Fred Kromer ! Petit caïd mafieux du quartier. Tous les trafics et mauvais coups passent par lui. Ses mains sont déjà rouges du sang de certaines de ses victimes.

 

 

 

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Mais ce soir-là, Frank sent qu'il va connaître une sorte de dépucelage ! L'idée lui est venue d'un coup, sans préméditation ... juste une pulsion ... criminelle dont la victime sera un sergent des forces d'occupation, un vicieux qui offre des bonbons aux petites filles. Surnommé "L'Eunuque", Frank décide de l'attendre dans une ruelle sombre et de l'égorger avec le nouveau couteau de Kromer !

Il y a bien Holst, le conducteur de tram, qui l'a croisé mais parlera-t-il ? Nous sommes en guerre et un ennemi reste un ennemi.

Holst, le père de la jolie Sissy. Perle de pureté naïve, Frank n'a aucune difficulté à la séduire et à la manipuler. A moins que ...

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Une lente descente de la petite délinquance à un banditisme plus brutal, sans âme, l'entraîne vers un enfer qui est loin d'être pavé de bonnes intentions. Une déchéance insondable dans ce monde en totale perdition.

 

Pourtant dans ce décor de plus en plus sombre, ne serait-ce pas en touchant le fond du fond que l'on pourrait rebondir, trouver une lumière, une rédemption ?

Et cette neige omniprésente, si blanche, si immaculée tout au long du roman se teintera-t-elle petit à petit de noir, de rouge ... de misère, de sang ?

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Lorsque Simenon écrit ce roman, nous sommes en 1948, soit 3 ans seulement après la fin de la guerre. Ces blessures sont loin d'être effacées, guéries ! La noirceur de l'époque doit ressortir ... Et Simenon va nous en offrir un véritable chef-d'œuvre du genre. Tout y est ! Une qualité d'écriture assurée, un thème centré sur toute la noirceur de son personnage principal.

Intrigue, drame humain, violence pure, gratuite, trahison, perte de repères, un monde en perdition noyauté par un occupant (nazi ?), des collabos (Frank reçoit une "carte verte"), police d'Etat qui n'a pas de nom (Gestapo), une croix comme symbole (à la place d'un swastika), torture et exécutions de terroristes, ...

Bref tous les ingrédients également pour un excellent scénario BD ...

Chose que Jean-Luc Fromental se charge de réaliser intelligemment.

 

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Pour l'adaptation graphique ... un nom ! Bernard Yslaire ! Son style s'accommode parfaitement à l'atmosphère des romans noirs de Georges Simenon, et à celui-ci tout particulièrement. Utilisant essentiellement un cadrage serré, Yslaire fixe l'attention du lecteur sur les expressions des protagonistes. Leur état d'âme transparaît à chaque case.

Jouant avec ses crayonnés, ses nuances de gris-noir parfois légèrement rosées, son découpage impose une lecture rythmée et prenante.

Et pour renforcer son trait unique, teintes sombres, rougeâtres ici, jaunâtres là, bleuâtres ou grisâtres en fonction des ambiances, un splendide travail de mise en lumière.

Ne laissant aucun moment de repos dans sa narration graphique, Yslaire plonge le récit dans cette atmosphère si particulière aux romans noirs, et tout particulièrement à ceux de Simenon !

 

 

 

 

 

Une adaptation plus que réussie d'un roman noir ... ou simplement d'un roman signé "Simenon". Fidèle au roman initial et traduisant la force de cette écriture, Fromental et Yslaire nous offre clairement un "indispensable" et déjà un "best 2024" !

 

Pour s'en rendre compte encore plus, quelle meilleure occasion que de pouvoir admirer de plus près les croquis préparatoires et planches de Bernard Yslaire ?

Une remarquable exposition nous l'offre à la galerie Champaka et ce jusqu'au 23 mars ! 

 

 

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

 

Adresse de la galerie Champaka : Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles

Site : https://www.galeriechampaka.com/

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Titre : La Neige était sale

Auteur : Georges Simenon

Adaptation scénario : Jean-Luc Fromental

Dessin et couleurs : Bernard Yslaire

Editeur : Dargaud

Collection : Simenon

Genre : roman noir - drame - guerre

Public : ado - adulte

Parution : 26/01/2024

Page : 104

Format : 22 x 28,8 cm

ISBN : 9782505115809

Prix : 23,5 €



Publié le 05/03/2024.


Source : Bd-best


MiniBulles au pĂ´le au poil.   Mon coeur

 

"-Mais… Il court après quoi, cet ours ?

-Qui est-ce ?"

 

 

 

 

 

 


                Une banquise à perte de vue, des icebergs flottant sur l'océan glacé, un ours blanc qui court à perdre haleine. Des petits cœurs semblent s'envoler de son esprit. Il a l'âme amoureuse. De qui ? De quoi ? Mais… Tiens ? Quel est ce trou dans le sol d'où jaillissent des bulles ? L'ours glisse son museau à l'intérieur et voit dans l'eau si froide un phoque qui remonte à la surface. L'animal marin l'entraîne sous les profondeurs pour jouer avec lui. Les camarades de jeu vont rapidement être rejoints par un autre larron, un orque que l'ours va chevaucher en s'accrochant à son aileron. Au fur et à mesure, les animaux croisent quelqu'un de leur race qui va faire jaillir des petits cœurs. Notre ours rencontrera-t-il lui aussi une âme sœur ?

© Guilloppé - Nathan

                Antoine Guilloppé, adepte du noir et blanc, ajoute uniquement deux tons à sa palette. Le bleu glacé des régions polaires et le tout petit et tout rouge, rouge vermillon des cœurs de l'amour. On est dans une gamme de couleurs monochrome et duveteuse. Le bleu est la couleur de l'aventure, le rouge est celle de l'émotion. Cette émotion, ça peut tout aussi bien être l'amour, comme on l'a vu dans le résumé, que l'amitié. Amour et amitié sont bel et bien réunis dans la famille du verbe aimer. Antoine Guilloppé laisse cette porte-ouverte, ce choix, à ses lecteurs qu'il définit un peu comme un co-auteur.

© Guilloppé - Nathan

"Mon cœur" est idéal pour aborder le thème de l'amour et de la Saint-Valentin avec les plus petits. Ça peut être fait évidemment en famille, un des moments les plus importants du développement d'un enfant étant celui de l'histoire du soir, et même d'avant tout endormissement. Ça peut également être fait à l'école. Les enseignants de maternelle peuvent aisément se saisir de l'aventure pour traiter le sujet en classe. L'idéal est dans un premier temps de scanner le livre pour isoler les cases, la principale difficulté pour les plus jeunes étant de comprendre que s'il y a trois cases avec un ours sur une page, il n'y a néanmoins qu'un seul ours. Une première vision case après case bien assimilée permettra ensuite de présenter le format livre pour la bibliothèque de classe avec une totale compréhension.

© Guilloppé - Nathan

La collection de bandes dessinées Mini-bulles adressée aux 3/5 ans publiée par les éditions Nathan a pour vocation de leur faire découvrir et aimer le média BD. Le pari est gagné.

 

Laurent Lafourcade

 


Tome : Mon coeur

Scénario, Dessins & Couleurs : Antoine Guilloppé

Genre : Aventure pour les tout-petits

Éditeur : Nathan

Collection : Mini-bulles

ISBN : 9782095030711

Nombre de pages : 24

Prix : 8,50 €

 



Publié le 04/03/2024.


Source : Boulevard BD


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