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Vaillante, une marque automobile française ... un mythe !

 

En cette période de fêtes, on cherche souvent quel est LE cadeau qui fera son effet, qui fera réellement plaisir à qui le recevra ! Alors voici une petite suggestion en or !

 

Si vous demandez à quiconque, fan de BD et de sports moteurs, quel est le plus grand champion et le meilleur pilote, tous vous répondront : Michel Vaillant !

 

Figure emblématique d’un sport et surtout d’une marque légendaire : Vaillante !

 

 

 

 

De la fiction à la réalité, il n’y a souvent qu’un pas que son créateur à régulièrement franchi … dans l’autre sens ! S’inspirant de ses visites sur les circuits, ses rencontres avec les pilotes, directeurs de courses, … photographiant à l’infini voitures, bolides, tracés, décors, … Jean Graton a, au fur et à mesure de ses albums, transposé ses mines d’information dans les aventures des Vaillant.

 

Mais loin de s’arrêter là, Jean Graton a enrichi ses récits d’une multitude de véhicules (voitures essentiellement, motos, …) sortis tout droit de son imagination, de son génie.

Imaginez, depuis 1957, année de « naissance » de Michel Vaillant, des dizaines, voire des centaines de modèles pour la marque Vaillante évidemment, mais également pour son adversaire de toujours, le Leader !

 

 

© Stéphane Barbé – La Martinière 2023

 

Innovantes, futuristes, performantes, superbement féminines ou viriles en fonction des modèles, Jean Graton était un designer hors pair !

 

De l’essence à l’électrique, voire l’hydrogène demain, les Vaillantes ont toujours été à la pointe du progrès.

Entre rêve et réalité, le visionnaire Jean Graton en a fait son univers moteur … et celui de générations de lecteurs !

Combien de ses voitures ne sont-elles pas devenues mythiques, fantasmées par tous les amoureux de belles carrosseries ? Nous ne pourrions toutes les citer ici !

 

Rassemblé tous ses modèles retraçant l’évolution des voitures et de la mobilité en général depuis 1957 pouvait apparaître au premier abord comme une folie, un projet audacieux !

 

 

 

 

© Stéphane Barbé – La Martinière 2023

 

Pourtant, c’est ce à quoi s’est attelé Stéphane Barbé, journaliste reconnu dans le monde automobile. Le résultat est à la hauteur de la renommée de la marque : grandiose !

Traité comme si c’était un véritable constructeur, Stéphane Barbé va rentrer dans les entrailles de cette société fictive si « réelle » : ses bureaux, ses usines, son design, sa politique de développement, sa piste d’essai, ses courses et salons d’exposition, … son personnel, ses pilotes, leur famille et embrouilles !

Sans oublier son palmarès phénoménal !

 

 

© Stéphane Barbé – La Martinière 2023

 

Richement illustré, documenté à l’extrême, reprenant de nombreux témoignages aussi bien d’auteurs BD que de pilotes (Alain Prost, Jean Alesi, Jacky Ickx évidemment !) ou de designers, cet ouvrage nous plonge dans l’épopée des Vaillantes !

Car à travers cette galerie de modèles, c’est également l’histoire de la famille Vaillante qui nous est narrée.

 

Une mine d’informations incroyable pour tout aficionado de Michel Vaillant !

14 chapitres, 5 entretiens, 256 pages préfacées par Carlos Tavares, directeur général du groupe automobile Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Opel, …).

 

 

 

© Stéphane Barbé – La Martinière 2023

 

Un beau livre de très belle facture … couverture superbe, papier et impression de qualité, soin et mise en page élégante, un objet soigneux en plus d’être « biblique » !

 

Bref, un collector assurément qui devrait trôner au-dessus de vos collections « Michel Vaillant », voire Jean Graton !

L’idée parfaite de cadeau en cette fin d’année.

 

 

 

 

Thierry Ligot

____________________________________________________________________________

 

Titre : Vaillante, une marque automobile française

Auteur : Stéphane Barbé

Editeur : La Martinière

Catégorie : Beaux-Livres

Format : 25 x 32 cm

Parution : 27/10/2023

Page : 256

ISBN : 9791040112181

Prix : 39,9 €



Publié le 24/12/2023.


Source : Bd-best


 

Mercredi 28 avril 1971, résidence La Jonquière, demeure de la famille Vaillant, Henri tient une réunion avec ses 2 fils. Il est furieux car au GP d’Espagne, la voiture de Michel a connu une panne moteur inexplicable !

Or à la veille du GP de Monaco, pas question que cela se reproduise !

 

Trois semaines plus tard, mercredi 19 mai 1971, les essais font débuter ! Les mécaniciens sont confiants. Michel arrive à leur hôtel où un photographe l’attend pour un shooting avec une romancière, Francine Seik.

 

 

© Lapière – Dutreuil – Graton Edition 2023

 

 

Jeudi 20 mai, c’est sous une pluie une pluie dense et continue que nos héros peaufinent leurs réglages en vue de leur qualification.

Au même moment, à Marseille, un homme blessé par balle entre dans un bistrot. Il téléphone à un certain Eddy McGrath, agent du FBI à Washington et lui annonce qu’il a ce qu’il recherche !

Mais vu l’urgence et la distance, impossible de le récupérer immédiatement, sauf en faisant appel à quelqu’un sur place …

 

Un week-end à haut risque pour tous … alors que parallèlement à ces ébénements, Francine Seik cherche à comprendre ce qui pousse Michel Vaillant à courir et prendre parfois autant de risques !

 

© Lapière – Dutreuil – Graton Edition 2023

 

Deuxième tome de cette série annexe, « L’âme des pilotes » retrouve surtout l’âme des « Michel vaillant » des débuts ! Du pur « Jean Graton » première époque … et même premiers albums !

 

Un véritable « indispensable » pour tous les fans de la première heure de ce pilote légendaire, le plus célèbre du monde de la F1 et de la course automobile en général.

 

« Légendes », tel est bien le mot pour le résumer … présenter une course mythique, ici le GP de Monaco 1971, en y incluant une fiction passionnante … d’espionnage dans ce cas-ci ! Doux et savant mélange de réalité historique et de fiction narrative !

 

 

© Lapière – Dutreuil – Graton Edition 2023

 

Denis Lapière nous a bel et bien pondu un second opus haletant reprenant tout l’ADN que Jean Graton était capable de mettre dans ses propres scénarios.

 

Côté graphique, le crayon de Vincent Dutreuil continue de faire merveille. Assurant son propre trait dans l’univers Vaillant, il respecte néanmoins le style réaliste de la série originale, voire plus réaliste encore ! Que ce soit voitures ou portraits, son dessin est parfaitement mis en valeur par la palette des couleurs d’Isabelle Charly.

Et en parlant de voitures, en plus des véloces F1 version 1971, le lecteur pourra admirer une légendaire Vaillante – Commando Ford en pleine action ! Des scènes de poursuite et de course rythmées, nerveuses, … comme on adore en voir dans les aventures de Michel Vaillant !

 

Bref une collaboration remarquable pour un résultat que tout fan de Michel Vaillant ne pourra qu’apprécier … et décider de lui accorder une place de choix dans sa bibliothèque !

 

© Lapière – Dutreuil – Graton Edition 2023

 

Un cadeau de choix pour cette fin d’année qui pourrait aisément s’accompagner du luxueux livre sur la famille Vaillant ou plus exactement sur leur marque : « Vaillante, une marque automobile française » (Edition La Martinière).

 

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Michel Vaillant – Légendes

Tome : 2 – L’âme des pilotes

Scénario : Denis Lapière

Dessin : Vincent Dutreuil

Couleurs : Isabelle Charly

Editeur : Graton Editeur

Parution : 6/10/2023

Page : 64

Format : 31,9 x 23,9 x 1,3 cm

ISBN : 9782390601562

Prix : 16,5 €



Publié le 23/12/2023.


Source : Bd-best


Douze albums au pied du sapin (Partie 2)

 

Comment choisir 12 albums sur une année de lecture de plus de 400 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Choisir, c’est renoncer. Voici donc, sans classement, la sélection des douze albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin. Parmi eux, sera décerné début janvier le prix Boulevard BD d'or 2023.

 

 

 

 

Ginette Kolinka Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau

"-Qu'est-ce que… Que se passe-t-il ?

-On vient chercher les juifs.

-Les juifs…? Ah ça non monsieur ! Nous ne sommes pas juifs ! Nous sommes orthodoxes ! Vous faites erreur ! Regardez, mon père a un certificat, il peut vous le montrer !

-Vous avez été dénoncés comme juifs!"

En rentrant chez elle ce jour de 1944, Ginette Cherkasky ne savait pas qu'elle allait faire un voyage qui allait bouleverser sa vie. Alors qu'ils avaient fui Paris pour se rendre en zone libre à Avignon sous un faux nom, les Cherkasky sont rattrapés par leurs origines. Ils sont juifs. Ils ont été dénoncés. En ce début d'après-midi, par chance, si on peut appeler ça comme ça, toute la famille n'est pas à l'appartement. Seuls s'y trouvent son père, son petit-frère, son neveu et elle, Ginette, 19 ans, qui arrive sur les lieux en pleine rafle. Ses sœurs et sa mère ne sont pas présentes et échappent à l'arrestation. Parqués pire que du bétail dans un train pour l'Allemagne, les voici partis, direction le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Pour bon nombre de voyageurs, il n'y aura pas de retour.

Le nom Kolinka vous dit peut-être quelque chose. Richard Kolinka était l'un des quatre membres du groupe de rock Téléphone. Ce que l'on sait moins, ou que l'on savait moins, c'est que sa mère Ginette est une rescapée de l'enfer. Elle l'a longtemps enfoui en elle, par résilience certainement, jusqu'au jour où elle a été convaincue qu'il fallait qu'elle témoigne. Commença alors un périple dans les collèges et les lycées afin de raconter, raconter l'horreur, exposer l'enfer, pour ne pas oublier, pour faire que l'Histoire ne se répète pas. Son histoire à elle, elle l'a subie. Elle a reçu les coups terribles des tortionnaires sur son corps. Elle a senti les odeurs pestilentielles des cadavres. Ginette Cherkasky, matricule 78599, a été déporté de mars 1944 à juin 1945 et en est revenue décharnée, détruite physiquement et moralement, mais vivante. Quand on pense que son cauchemar a débuté cinq mois seulement avant la libération de Paris, et qu'il a continué pendant encore dix mois après, c'est à peine croyable.

© D'Hondt - Des ronds dans l'O

Ginette est aujourd'hui l'une des dernières survivantes de la Shoah. Lorsqu'Aurélie D'Hondt l'entend témoigner devant sa promotion de l'ISEN, une école d'ingénierie du numérique, elle a le même âge que Ginette lors de son arrestation. En parallèle à ses études, l'autrice décide de raconter en images, avec son accord, la vie de la rescapée. Dans un graphisme à la Marjane Satrapi, Aurélie D'Hondt a tenu à rester la plus fidèle possible à la vie de Ginette. Les personnages sont dans un trait rond, presqu'enfantin, comme ceux de David Evrard sur Irena et Simone. On ressent toute la naïveté de Ginette qui se transforme en dureté au fur et à mesure qu'elle se construit une carapace indispensable à sa survie. L'album est traité dans un noir et blanc plus noir que blanc dans les chapitres allant de la déportation jusqu'au retour des camps. La dessinatrice arrache des larmes, des larmes de faux espoir quand le wagon s'ouvre et que les martyrs sentent le vent frais, des larmes d'une émotion incroyable lorsque Ginette serre sa mère dans ses bras à son retour à Paris.

On aurait aimé ne jamais avoir eu à lire des livres comme celui-ci. Ça aurait voulu dire que rien de cela n'était arrivé. Mais, pour paraphraser Ginette Kolinka, "Voilà où mène la haine !". Aurélie D'Hondt apporte sa pierre à l'édifice du devoir de mémoire avec un album bouleversant, tant sur le fond que dans la forme.


One shot : Ginette Kolinka Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau

Genre : Biopic

Scénario & Dessin : Aurore D'Hondt

Éditeur : Des ronds dans l'O

ISBN : 9782374181325

Nombre de pages : 240

Prix : 25 €


Les vies de Charlie

« - Charlie, Recycle & Ternel, vous mourez, nous recyclons, j’écoute ? Oui… Oui, tout à fait, madame. Nous recyclons les défunts. Le plus souvent, nous le transformons en compost pour y planter un arbre… ou un bonsaï si vous êtes en appartement… Voilà… Quelque chose de symbolique pour donner une seconde vie à votre mari. Comment s’appelait-il ? »

Charlie, jeune trentenaire citadin, travaille chez Recycle & Ternel. « Vous mourrez, nous recyclons ! » Toute la journée, derrière son téléphone, l’employé explique aux clients endeuillés la meilleure possibilité pour recycler le cadavre de leur proche qui vient de les quitter. Madame Wilmart, sa chef de service, a l’habitude de lui amener des dossiers difficiles pour des clients qui ont du mal à faire leur deuil et qui demanderaient à Charlie tout son savoir-faire et toute son empathie. Un jour, Charlie reçoit le coup de fil d’un père veuf et de son fils. Ce dernier n’a pas besoin de savoir ce que va devenir le corps de sa maman. Ce qui l’importe, c’est ce qu’il va advenir de son âme. A son grand désespoir, Charlie n’a pas la réponse. L’employé est désemparé mais il va tout faire pour la trouver.

Il y a des histoires à suspens et des comédies drôles. Il y a des aventures exotiques et des drames contemporains. Il y a une foultitude de genres en bande dessinée, dont les récits d’émotion. Parmi ces derniers, certains sont tout aussi émouvant qu’ils sont des fell good stories. Les vies de Charlie entre clairement dans cette catégorie. Kid Toussaint a déjà prouvé ce qu’il était capable de faire dans le domaine de l’émotion avec Elles, où il frappait les esprits. Avec ce one shot, il frappe les cœurs. Nul ne peut rester insensible à cette fable sur le devenir des âmes. Le scénariste apporte au héros et aux lecteurs une réponse, avec philosophie et sensibilité.

© Toussaint, Guarino - Dupuis

Aurélie Guarino porte ce récit avec toute la grâce de son trait. La dessinatrice est dans la catégorie d’un Michel Colline, d’un Hippolyte ou d’une Valérie Vernay. La symbiose avec Kid Toussaint est incroyable. Dans cette histoire, il fallait dessiner des sentiments, des émotions, des âmes. Tout cela transparaît comme par magie. Il est des fusions inexplicables qui marchent plus que l’on ne pourrait imaginer. Peut-être est-ce à cause de la sensibilité du sujet, le résultat est en tous cas incroyable.

Ces vies de Charlie ne peuvent à présent qu’influer sur les nôtres. Rien ne se finit, surtout pas les histoires comme celle-ci. Merveilleux.


One shot : Les vies de Charlie

Genre : Emotion

Scénario : Kid Toussaint

Dessins & Couleurs : Aurélie Guarino

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034761234

Nombre de pages : 128

Prix : 26 €


Long way down

"Tout le monde a couru, a esquivé, s'est caché, s'est abrité. C'que nous avions tous été entraînés à faire. On a mis face contre terre et prié pour que la détonation, suivie par le sifflement de la balle, ne nous fauche pas. Tony et moi on a attendu comme d'habitude la fin du vacarme, avant d'ouvrir les yeux et relever la tête pour s'amuser à compter les corps. Cette fois il n'y en avait qu'un. Shawn."

            L'Amérique, le pays des armes et de l'auto-justice. Dans un quartier de banlieue, Shawn revient d'une pharmacie où il est allé chercher un médicament pour sa mère. Il est avec sa copine. Tony et William jouent au basket, se rêvant déjà professionnels. BAM ! Un coup de feu résonne. Shawn a pris une balle. Sa mère accourt mais il est trop tard. Le même sang que celui qui coule dans ses veines se répand sur l'asphalte. La police ne tarde pas à débarquer sur la scène du crime, mais personne n'a rien vu. William, quinze ans, Will pour ceux qui le connaissent, est le frère de Shawn. Du haut de son jeune âge, il va appliquer les trois lois du quartier : ne pas pleurer, jamais, quoiqu'il arrive, ne pas balancer, jamais, quoiqu'il arrive, se venger. "Si quelqu'un que tu aimes se fait tuer, trouve la personne qui l'a tué et bute-la."

            Pour appliquer ce troisième principe, Will va devoir rentrer chez lui pour prendre un calibre, un pétard, un gun,… On aime toujours plus les gens quand ils sont morts. Pour Will, l'assassin, c'est Carlson Riggs, un ancien ami de Shawn. Will a grandi en regardant les séries policières. Il trouvait toujours le tueur avant les flics. Avant aujourd'hui, il n'avait jamais tenu de flingue. Will décide d'attendre le matin pour se rendre devant l'immeuble de Riggs. Il sort de l'appartement familial, l'arme à la ceinture sous son tee-shirt et prend l'ascenseur pour descendre les étages. A chaque étage, quelqu'un va monter dans l'ascenseur, comme d'étranges fantômes qui viennent discuter avec Will.

© Novgorodoff, Reynolds - Milan

            Long way down est un roman américain de Jason Reynolds publié en 2017. L'auteur a eu lui-même un ami qui s'est fait assassiner alors qu'il avait dix-neuf ans. Il a travaillé dans centres de détention pour mineurs. Il invite ici à une réflexion sur la vengeance, sa légitimité, son utilité et amène à se questionner sur le port d'armes dans une Amérique aux multiples blessures. Danica Novgorodoff met l'histoire en image dans une aquarelle sombre et un découpage magistral. La violence s'incruste dans les cases par des procédés originaux. Les onomatopées et les cris sont partie prenante de scènes de haute tension. Novgorodoff multiplie les procédés graphiques originaux amenant de surprises en surprises.

            Grâce à un scénario incroyable et imprévisible dans un quasi-huis clos, une mise en scène sans fausse note et un graphisme aux techniques variées, Long way down est un thriller aussi poignant que dramatique. C'est le choc Comics venu de l'autre côté de l'Atlantique de l'année, et peut-être même de plusieurs années. Indispensable.


One shot : Long way down

Genre : Thriller/Polar

Scénario, Dessins & Couleurs : Danica Novgorodoff

D'après : Jason Reynolds

Éditeur : Milan

ISBN : 9782408031404

Nombre de pages : 208

Prix : 16,90 €


Le prof qui a sauvé sa vie

"-Il est pas mal le nouveau prof !

-Il a les cheveux vachement longs !

-Ouais, mais il n'a pas l'air marrant !!!

-C'est quoi ces lunettes ?

-Et le foulard !!!

-Il se la pète non ?

-Bon, on avance, et on monte l'escalier !!!"

1978. Albert Algoud, tout jeune professeur de français, vient d'être nommé dans le collège d'une riante bourgade savoyarde. Il est accueilli par le principal, surnommé "le hareng" à cause de sa ressemblance avec Acidenitrix, dans Le grand fossé d'Astérix. La salle des profs est remplie. Il y a entre autres Fanfoué, sympathique professeur de lettres, Mademoiselle Tambet, qui vouvoie les élèves, comme les chiens, parce que ça les calme, Monsieur Z., prof de techno porté sur la boutanche, et bien d'autres. Les élèves sont tout autant divers et variés, comme Christine, brillante et spirituelle qui entre et sort par la fenêtre, Etienne, boulimique de bonbons au langage ordurier, ou encore Joël, un autiste capable de donner le jour de la semaine correspondant à n'importe quelle date. Ah, oui, n'oublions pas Patrick, le comique de la classe aux lunettes de taupe. Albert Algoud va tenter de passionner ces chères têtes blondes à la littérature et au cinéma, à David Lynch et à Tintin, des choses pas conventionnelles dans ce monde ultra rigide de l'Education Nationale. Cela ne va pas être sans conséquence sur le jeune prof qui, parallèlement, va se découvrir une passion nouvelle pour un média qui vient d'être libéré en ce début des années 80 : la radio.

Albert Algoud est un humoriste bien connu. Membre éminent de la famille Canal + à la grande époque Nulle part ailleurs, il y a créé des personnages emblématiques comme le Général Ganache, le Père Albert ou François François. Il est également reconnu pour être un tintinophile avéré. Il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet dont une fausse biographie de la Castafiore ou le fameux Haddock Illustré. Mais avant tout cela, il a été prof. C'est ce qu'il nous raconte dans cet album dessiné par Florence Cestac. Les deux compères se connaissent depuis bien longtemps. Ils font tous les deux partis du jury du Prix Wolinski, et Cestac a invité Algoud dans celui du Festival d'Angoulême lorsqu'elle en a été présidente.

© Cestac, Algoud - Dargaud

Si des profs comme ça, il y en avait plus l'hyper-rigide Education Nationale aurait une autre face et les élèves auraient de meilleurs résultats. En tant que prof, Albert aiguisait les curiosités, menait ses apprentissages par la notion de plaisir. Quand on est heureux et curieux, on a envie d'apprendre et on se cultive. Ça, ça devrait être au premier plan des programmes. Pour l'instant, personne en haut lieu ne l'a compris et les rares enseignants qui adoptent le précepte Algoud ne doivent pas le crier sur les toits sous peine de s'attirer les foudres de leurs supérieurs. Bref, Albert Algoud était trop bien pour ce métier. L'arrivée des radios libres grâce à François Mitterrand va changer sa vie. Puis, c'est Hara-Kiri, la rencontre avec Georges Bernier, plus connu sous le nom du professeur Choron, puis celle avec Karl Zéro, Antoine de Caunes et l'aventure Canal.

Albert Algoud a sauvé sa vie. Si cet album permet ne serait-ce qu'à un seul prof de sauver la sienne en faisant de sa passion sa priorité, le pari sera gagné. Véridique, émouvant et drôle. N'est-ce pas, Pintimbert ?


One shot : Le prof qui a sauvé sa vie

Genre : Biopic

Scénario : Albert Algoud

Dessins & Couleurs : Florence Cestac

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9782205206197

Nombre de pages : 64

Prix : 15 €


La demi-double femme

"-Petite mère ! Viens-nous en aide ! Je bûcheronne dans la région depuis un an. Ma maison est à l’orée de…

-Je sais où est ta cahute, vieil homme.

-Ma fille, Selena, a disparu dans la forêt profonde. Nous connaissons encore trop mal les dangers sibériens. Je crains le pire."

1899, Radimir Andréiévitch est désespéré. Sa fille Selena a disparu dans la forêt sibérienne. Il s’en inquiète auprès d’Aza Perfionova, celle que l’on appelle la demi-double femme et qui dirige une communauté. Elle règne sur le commerce de la fourrure. Mutilée et obèse, elle se déplace sur un rustique fauteuil roulant. Le vieil homme est près à lui payer les 241 roubles qu’il lui reste de la vente de sa masure en Ukraine pour qu’elle la lui ramène. Dans un premier temps, Aza refuse de l’aider. Grâce à Ivan, un jeune villageois, le père malheureux trouve de l’aide en Jason, plus chasseur que trappeur et rival d’Aza. Piquée au vif, la « patronne » décide de leur filer le train.

C’est dans un hiver sibérien rigoureux que nous invite Grégoire Bonne, auteur complet de ce western pas comme les autres. Ce serait plutôt un eastern. On découvre dans une première partie un groupe de trappeurs assistants à un spectacle de marionnettes. En grands enfants, ils rient de la marionnettiste qui n’est autre qu’Aza et qui cherche comme chaque année une nouvelle façon de célébrer le début de la saison. Dans trois jours, elle va emmener les hommes dans le Nord, pour chasser la zibeline, dont elle exhibe une dépouille. Les mois qui viennent s’annoncent durs et gelés mais la qualité de la fourrure de la bête laisse augurer d’une chasse exceptionnelle. Le jeune Ivan rêve de partir avec eux, mais Aza, qui a la charge de l’orphelin, lui confie la responsabilité de l’hôtel en son absence. Il faut bien s’occuper de Jason, l’étranger qui vient d’arriver, et qui se vante d’avoir attrapé toutes les bêtes poilues d’Amérique et vu toutes les merveilles de Chine et d’Europe. Il est venu traquer la zibeline.

© Bonne - Mosquito

Aza Perfionova est un personnage atypique, le genre d’héroïne, ou d’anti-héroïne, qu’on n’avait jamais vu. C’est une mère pour tous les trappeurs, mais tellement étouffante, tellement dirigiste, qu’elle les empêche de grandir. « Quel genre de mère empêche ses enfants de grandir ? » déclare Jason, qui va se positionner en rival, en ralliant Ivan à son camp. Alors qu’Aza adopte le fusil, Jason apporte ses pièges mécaniques en acier qui ont fait leurs preuves sur les castors canadiens, préservant ainsi la fourrure. Alors, pourquoi pas sur les zibelines ? Grégoire Bonne oppose l’expérience, la connaissance, le respect et l’observation de la nature de l’un à l’arrogance, la suffisance et le progrès technologique de l’autre. Le coup de génie du scénario est de faire s’opposer Jason et Aza sur un autre terrain que celui si évident de la chasse, à savoir la recherche de la fameuse Selena. Graphiquement, l’auteur nous offre de splendides cases enneigées, à la manière d’Hermann, chose que l’on n’avait peut-être pas vu aussi bien depuis Un hiver de clown, épisode de Jérémiah. Il utilise malignement le découpage dans les avancées en forêt.

Des personnages inhabituels dans un décor fascinant. Il y a encore tant à exploiter. Grégoire Bonne ne peut pas ne pas proposer un deuxième one shot dans cet univers. La demi-double femme est une double surprise complète, scénaristique et graphique, de cette année, un album qui fera référence.


One shot : La demi-double femme

Genre : Histoire

Scénario, Dessins & Couleurs : Grégoire Bonne

Éditeur : Mosquito

ISBN : 9782493343161

Nombre de pages : 72

Prix : 18 €

 


La course du siècle

"-On fait démarrer le marathon en début d'après-midi !

-Aux heures les plus chaudes ? Brillante idée !

-On devrait facilement atteindre les 32 degrés !

-Et un 30 août, le taux d'humidité sera certainement très élevé !"

                30 août 1904, Saint-Louis, Etats-Unis. Le marathon des Jeux Olympiques va se tenir. Ils sont trente-deux coureurs sur la ligne de départ. Il y a des sportifs, des iconoclastes, des participants auxquels on ne s'attendait pas. Tous ont pour point commun d'être des coureurs invétérés. Les américains ont une revanche à prendre. Quelques années plus tôt, à Paris, la France a gagné deux fois plus de médailles que les Etats-Unis. Pour eux, ces maudits européens ont triché. Cette fois, l'Amérique a bien l'intention d'organiser des jeux modernes avec des infrastructures innovantes et des épreuves taillées sur mesure pour des surhommes qui se surpasseront et atteindront des sommets, bref, pour les jeunes sportifs américains.

                Parmi les inscrits, on trouve Andarin Carvajal, l'homme qui voulait faire la sieste, facteur à Cuba. Il y a Thomas Hicks, l'homme qui ne voulait plus être deuxième, compétiteur jusqu'au bout des ongles. Sont également au départ Len Taunyane et Jan Mashiani, deux afro-américains qui combattaient l'un contre l'autre lors de la seconde guerre des Boers en 1901 dans le Transvaal. Frederick Lorz, quant à lui, est un coureur… de jupons, habitué à échapper aux maris jaloux. Il y a même un français, Albert Corey, qui n'a rien à faire là vu que la France n'a pas envoyé de délégation. Ils diront donc qu'il est américain. La course va délibérément démarrer sous une chaleur écrasante. Les organisateurs en ont fait un laboratoire à taille humaine pour tester sur les engagés les effets de la déshydratation sur des sportifs de différentes "races". Les athlètes n'étaient rien moins que des cobayes. Terrain vallonné et poussiéreux, un seul point de ravitaillement en eau, dopage organisé : la course du siècle restera dans les annales.

© Munuera, Kid Toussaint, Sedyas - Le Lombard

                Kid Toussaint écrit une BD presque-reportage qui a tout d'une comédie dramatique. Il la met en scène avec l'efficacité qu'on lui connaît. Cette course hallucinante a bel et bien eu lieu, tellement improbable qu'il était impossible de l'inventer. Elle restera mythique non seulement pour ses conditions d'organisation, mais également pour les personnalités de quelques-uns de ses participants. En fin d'album, un cahier documentaire ancre le récit dans son contexte historique. Le marathon le plus dangereux de l'histoire s'est tenu là, à Saint-Louis et dans ses alentours, sur les rives du Mississippi. Qui de mieux qu'un dessinateur au trait hyper-dynamique pour mettre en scène une telle compétition ? José-Luis Munuera était l'homme providentiel pour la dessiner dans la poussière des couleurs impeccables de Sedyas.

                La course du siècle est l'un des événements de cette fin d'année, un album surprenant, étonnant, et pourtant basé sur des faits incroyablement réels. Bref, un indispensable. S'il vous reste une idée de cadeau à trouver, elle est là !


One shot : La course du siècle

Genre : Comédie dramatique

Dessins : José-Luis Munuera

Scénario : Kid Toussaint

Couleurs : Sedyas

Éditeur : Le Lombard

ISBN : 9782808205825

Nombre de pages : 96

Prix : 19,95 €




Laurent Lafourcade



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Douze albums au pied du sapin (Partie 1)

 

Comment choisir 12 albums sur une année de lecture de plus de 400 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Choisir, c’est renoncer. Voici donc, sans classement, la sélection des douze albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin. Parmi eux, sera décerné début janvier le prix Boulevard BD d'or 2023. 

 


Les amis de Spirou 1 - Un ami de Spirou est franc et droit...

"- Pardon… Je suis fort affecté… Pendant l’occupation, j’ai rencontré des hommes, des femmes… qui ne donnaient jamais leurs vrais noms. Parmi ces artisans clandestins de la libération, certains ont échappé jusqu’au bout aux balles et aux guet-apens. D’autres n’ont pas eu cette chance. Deux d’entre eux sont morts en martyr de la liberté. Au début de la guerre, vous aviez 12 ans, 13 ans… Vous étiez unis par la bande dessinée depuis quelques années. Des enfants qui ne pensent qu’à lire, jouer, et pourtant..."

31 décembre 1944, cimetière de Marcinelle. Jean Doisy pleure sur la tombe de deux jeunes résistants, morts pour la patrie. Ils étaient des amis de Spirou. Ils faisaient partie d’un groupe de six membres. Remontons l’histoire, quatre ans et demi plus tôt, en août 1940. Cinq garçons assistent aux horreurs perpétrées par l’occupant nazi. Ils étaient fiers d’appartenir à un club pour rire créé en 1938 dans le journal de Spirou, au temps de l’insouciance. Un club pour rire, oui, mais avec des valeurs de morale. C’est ainsi que ce groupe d’amis recueille Miche, une petite fille juive dont la famille vient d’être raflée. Ensemble, ils vont lutter contre l’envahisseur.

David Evrard et Jean-David Morvan s’emparent du code d’honneur des amis du journal de Spirou pour raconter une histoire de résistance. Ils ne s’éloignent pas tant que ça de la réalité, Jean Doisy, alias le fureteur, rédacteur en chef du journal à cette époque, ayant été un grand résistant. Le code d’honneur des amis de Spirou repose sur neuf préceptes :

· Un ami de Spirou est franc et droit;

· Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non;

· Un ami de Spirou aime la discipline libre et joyeuse;

· Un ami de Spirou est fidèle à Dieu et à son pays;

· Un ami de Spirou est l’ami de tous mais surtout des faibles;

· Un ami de Spirou sait se rendre utile, se déranger pour les autres, se priver;

· Un ami de Spirou n’a pas peur de se salir les mains, mais veut se garder propre dans ses pensées, ses paroles et ses actes;

· Un ami de Spirou est toujours gai et de bonne humeur, même devant la difficulté;

· Un ami de Spirou  s’engage à ne dévoiler à personne la clef du code.

© Evrard, Morvan, BenBK - Dupuis

            C’est le premier de ces préceptes qui donne son titre à ce premier tome. Chacun des gamins de la bande prend un pseudonyme inspiré d’un héros du journal. Flup devient Spip 02, Georges est Fantasio 24. Tif 38 et Tondu 39 sont les nouveaux noms de Pierrot et Paulo. Armand se nomme Valhardi 17 et la petite Miche est Spirouette 33947. Malgré leur jeune âge, ils vont combattre le nazisme, et l’on sait déjà que deux d’entre eux n’en reviendront pas. La série est l’occasion pour les auteurs de rendre hommage à la grande histoire de la bande dessinée. Ce n’est pas au Moustic Hôtel mais à l’hôtel Velter, du nom du créateur même du groom, que l’on croise le chef portier Entresol ainsi que Spirou lui-même. On aperçoit une brasserie Delporte, des assurances J.G., et on voit Jijé lui-même à la rédaction dans les bureaux de Marcinelle. Clin d’œil à Hergé, l’agent 15 de Quick et Flupke est dans la rue.

            Après Irena et en parallèle à Simone, le duo Evrard/Morvan poursuit son devoir de mémoire dans un registre et un style où l’on n’attendait pas autant d’émotion. Incroyablement efficace et passionnant.


Série : Les amis de Spirou

Tome : 1 - Un ami de Spirou est franc et droit...

Genre : Histoire

Scénario : Jean-Denis Morvan

Dessins : David Evrard

Couleurs : BenBK

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034763184

Nombre de pages : 72

Prix : 14,95 €


L'enfer

"-Virgile ? Tu serais Virgile ? Tu es Virgile !

-Mon seul maître et mon inspirateur !

-Mais comment ? Dis-moi ? Est-ce mon rêve qui continue ?

-Nul rêve ici, mon bon Dante, et c'est vrai, Béatrice t'attend. Il t'est enfin permis d'espérer la retrouver. C'est elle qui m'envoie pour te guider jusqu'à elle…"

Dante vient de perdre sa bien-aimée, sa douce Béatrice qui enchantait ses jours. Inconsolable, même à Florence, sa ville qu'il aime tant, l'homme décide de se retirer dans sa villa isolée en pleine campagne. C'est lors d'une promenade en forêt qu'il entend Béatrice l'appeler. Chimère ou réalité ? C'est en tout cas le poète Virgile qu'il aperçoit quelques instants plus tard et qui s'annonce comme un messager de la défunte pour guider le veuf jusqu'à elle. Pour la retrouver, Dante, accompagné par Virgile, va devoir traverser les neuf cercles de l'enfer. Le voyage ne va pas être un long fleuve tranquille. Les amoureux seront-ils réunis ?

L'enfer de Dante, première partie de La Divine Comédie, est l'un des ouvrages réputés les plus complexes à aborder. Long, répétitif, ça n'enlève en rien ses qualités littéraires qui font de l'ouvrage un classique depuis des siècles, l'œuvre datant du début du XIVème siècle. Dante Alighieri se met en scène, le terme en abime serait même plus approprié. Il lui faudra franchir le fleuve Achéron à bord de la barque de Caron, traverser les limbes, affronter un cerbère, côtoyer des âmes perdues, éviter le regard des Méduses et le Minotaure, jusqu'à rencontrer Lucifer, l'ange déchu.

© Brizzi - Daniel Maghen

Si en 1490, à la demande de Lorenzo di Medici, c'est Boticelli qui illustra La Divine Comédie avec cent-deux dessins à la pointe de métal, ce sont les frères Gaëtan et Paul Brizzi qui en 2023 proposent leur vision. Après avoir travaillé dans l'animation, entre autres chez Disney, ils se concentrent depuis quelques années sur la bande dessinée et en particulier sur les adaptations littéraires avec par exemple La cavale du Docteur Destouches de Céline, Les contes drolatiques d'Honoré de Balzac ou bien L'automne à Pékin et L'écume des jours de Boris Vian. Avec leur "Enfer", les auteurs rendent abordable un ouvrage écrit en langue vernaculaire il y a sept cents ans. Chaque case semble être une gravure d'époque, tout en gardant les codes et le ton du média bande dessinée, comme si celui-ci était né lui aussi il y a plus d'un demi-millénaire. C'est assez fascinant.

Avec fluidité mais précision, avec romance mais respect, les frères Brizzi contribuent à la pérennité d'une œuvre du patrimoine mondial.


One shot : L'enfer

Genre : Poème épique

Scénario & Dessins : Gaëtan et Paul Brizzi

D'après : Dante

Éditeur : Daniel Maghen

ISBN : 9782356741349

Nombre de pages : 160

Prix : 29 €


Visages - Ceux que nous sommes 1 – Derrière les signes ennemis

"-Ben moi, mon père, c'était un héros de guerre !

-Le mien, il a tué au moins 1000 français !

-Ben le mien, il est même pas mort… Et il va bientôt venir me chercher avec ma mère !

(…)

-Bonjour, ma sœur… Pourquoi personne ne veut me parler ?"

1927. Dans un orphelinat catholique du Sud de l'Allemagne, Georg, un jeune garçon est bien esseulé. Personne ne veut lui parler, aucun de ses camarades. Lorsqu'il en demande la raison à une religieuse de l'institution, il n'a pour réponse qu'une gifle et une insulte : "Bastard !!!". La nuit suivante, il entre par effraction dans le bureau où sont rangés les dossiers de chacun des orphelins pour consulter le sien. Il en a la confirmation. Il est un bâtard, comme on le disait vulgairement. Son père est français, sa mère est allemande. Il subtilise un médaillon dans lequel il y a une photo de chacun d'entre eux. Il n'a pas l'intention d'attendre qu'ils viennent le chercher. Georg s'enfuit. Il compte les retrouver. Dans quelques années, il sera sur le front. Lors de la guerre précédente, ce sont ses parents qui y étaient, lui, poilu dans l'armée française, elle, infirmière allemande. Comment se sont-ils rencontrés ? Comment est née leur histoire d'amour ?

"L'Histoire est le visage de l'aventure humaine." Si tout un chacun tente d'écrire l'histoire de sa vie, le XXème siècle l'a fait à la place de millions d'hommes et de femmes. De 1900 à 1954, les auteurs de la série concept Visages - Ceux que nous sommes racontent sur trois générations la destinée de cinq membres d'une même famille. Les scénaristes Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-O'Griafa ne choisissent pas une narration linéaire mais passent d'une époque à l'autre sans jamais perdre le lecteur. On commence en 1927, on poursuit en 1940, on continue en 1914 pour aller jusqu'en 1918. Les auteurs nous plongent au cœur de la Grande Guerre avec pour toile de fond l'histoire d'amour entre Lieselotte Ruf et Louis Kerbraz.

Toutes les histoires sont des histoires d'amour, même les histoires de guerre. Visages-Ceux que nous sommes, c'est tout cela tout en allant bien plus loin. Une citation de Gauguin, titre de l'un de ses tableaux les plus fameux, l'annonce en préambule : "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Georg cherche ses origines, qui il est et la façon dont il peut, dont il doit prendre en mains son destin avec le poids de sa généalogie. Mais si c'est bien lui qui lance la saga, ce sont bel et bien ses parents qui sont au cœur de ce premier épisode. Leur rencontre était si improbable qu'elle s'est produite. Et, comme pour faire un pied de nez à Gauguin, c'est l'art qui les réunit. Si elle est photographe, lui est un dessinateur mais aussi un artisan qui transforme les douilles en bijoux. Les auteurs posent également la question de la croyance et de la religion, sans en parler, en organisant la rencontre entre Lieselotte et Louis dans une église à moitié détruite. Quand l'on fait face à un drame, les rapports avec le divin s'en trouvent bouleversés, dans un sens comme dans l'autre.

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

Le dessinateur Aurélien Morinière n'avait rien publié depuis près de trois ans avec le thriller L'homme bouc. Et pour cause. Il était occupé sur cette nouvelle série dont les quatre volumes sont annoncés pour cette année. Il fallait donc prendre un peu d'avance. Morinière dépeint la violence des sentiments avec force et celle de la guerre avec une cruauté froide. Il démontre que quelque soit leur camp les soldats n'avaient pas d'autre choix que de tuer, soit pour survivre, soit parce qu'ils étaient emportés par la meute. Ses grandes cases sont majestueuses, que ce soit ces soldats marchant dans la forêt des Ardennes, ou bien le lieu de culte dans lequel se fait la rencontre qui scellera le destin du futur Georg.

Réalisé par les scénaristes de la série, un cahier documentaire complète l'album. Il y est question du Hartmannswillerkopf, éperon rocheux sur lequel ont péri ou ont été blessés 30000 soldats, de la Prusse, de l'Allemagne, de Versailles et de son traité, du vote des femmes en Allemagne, dès 1919, de l'artisanat des tranchées, dont il est fortement question dans l'album. On y parle également de la bataille de l'Yser, de celle de Dixmude et du 87ème régiment de fusiliers marins bretons. Tout cela serait incomplet sans l'exposition Visages. ceux que nous sommes au Goethe-Institut de Paris jusqu'au 11 mars. Au cours d’un parcours pensé pour les scolaires et pour le tout public, les visiteurs et visiteuses découvriront la saga tourmentée de cette famille déchirée sur trois générations. Sur un fond historique authentique, de 1900 à 1954, ils suivront la destinée de ces quatre personnages de nationalités et de générations différentes. Des visites pour groupes scolaires, de durées flexibles, sont également possibles. L'exposition voyagera ensuite dans les différents Goethe-Instituts de France.

Le vingtième siècle est certainement l'un des plus sombres de l'Histoire de l'humanité. "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Accompagnons Georg pour trouver la réponse à ces questions. Si tant est qu'il y en ait une.

Déjà trois albums de prévus sur les quatre sont parus en 2023. Le final est pour janvier.


Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 1 – Derrière les signes ennemis

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344022924

Nombre de pages : 56

Prix : 14,95 €

 

Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 2 – La pratique Andromaque

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344032886

Nombre de pages : 64

Prix : 14,95 €

 

Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 3 – Vers la fontaine ardente

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344032893

Nombre de pages : 56

Prix : 15,50 €


Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l'hippopotame

"-Hé hé !

-Je crois que le cours est pas près de commencer les gars.

-Hi hi.

-Hé patate !

-Bouboule !

-Grosse vache !

-T'aurais pas des punaises ? Pour mettre sur sa chaise…

-Qu'elle éclate !"

Romain, 11 ans, bientôt 12, ne supporte plus que ses camarades de classe se moquent de la maîtresse. Mademoiselle Sophie a toujours été grosse, mais depuis les vacances, en quinze jours, elle a énormément pris. Elle s'essouffle en montant les escaliers et doit subir les lazzis et quolibets des élèves qui se cachent à peine pour se moquer d'elle. Elle est si gentille. Jamais elle ne crie sur quelqu'un qui ne comprend pas. Elle aime tous les élèves. Elle a toujours pris la défense des opprimés. Aujourd'hui, elle a besoin de Romain. Le garçon voudrait bien, tel un super héros, rabattre le caquet des méchants, mais la dure réalité le rappelle à l'ordre. Romain se confie à sa grande sœur. Pourquoi Mademoiselle Sophie s'enferme à clef le midi dans sa classe ? Romain va n'avoir désormais qu'un seul but : découvrir les nuances derrière les apparences. Il veut comprendre qui elle est vraiment et savoir ce qui lui arrive.

La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui devient adolescent et d'une dame obèse, mal dans sa peau, mal dans son âme, parce que son corps est devenu un fardeau. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui met un pied, puis l'autre, dans un monde d'adulte et qui essaye de comprendre comment ça se passe chez eux. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est une histoire d'amour, ou plutôt d'amours, avec un "s" : l'amour que l'on croît impossible parce qu'on ne se voit pas comme les autres nous voient, l'amour que l'on voit passer devant soi sans qu'il ne s'arrête et qui se met en place entre deux personnes, mais pas pour soi, l'amour d'un élève pour sa maîtresse envers qui il est si reconnaissant qu'il est hors de question pour lui qu'il la laisse se détruire.

© Hippolyte, Zabus - Delcourt

Vincent Zabus est le Ionesco de la bande dessinée. Passionné de théâtre, le scénariste livre une histoire qui n'aurait peut-être pas existé sous cette forme si Rhinocéros n'était pas passé par là. Zabus ne pousse pas l'absurde aussi loin que le maître du genre mais joue comme lui avec ce parallèle entre l'espèce humaine et le monde animal. Romain préfèrerait rester petit à jamais, ce serait rassurant, rassurant et terriblement ennuyeux. C'est impossible. Le lionceau doit laisser sa crinière pousser pour devenir un lion. Rhinocéros était une satire sur la montée des totalitarismes et les dangers du conformisme avec la perte de la pensée individuelle. Les élèves de la classe de Mademoiselle Sophie ressemblent à cette meute qui avance d'un même pas et s'entraîne dans une méchanceté dangereuse car globale.

Après Les ombres et Incroyable !, Hippolyte retrouve son complice Zabus pour un conte merveilleux, qui arrache des larmes, ouvre les cœurs et réchauffe les âmes. Hippolyte ne met que les traits nécessaires à l'émotion dans un graphisme à la Sempé qui aurait rencontré Quentin Blake.

La Fontaine a écrit les plus belles fables. Il en manquait une, celle d'un lion et d'un hippopotame. Zabus et Hippolyte l'ont rédigé et dessiné, avec la même force et la même grâce que leur prédécesseur. Indispensable.


One shot : Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l'hippopotame

Genre : Emotion

Scénario : Vincent Zabus

Dessins & Couleurs : Hippolyte

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9782205089851

Nombre de pages : 168

Prix : 23 €


Le fils de Taïwan 1 – Le garçon qui aimait lire

"-Maman !

-Ça va ! On a eu de la chance ! Le petit et moi, on a failli y passer.

-Kunlin, ça va ?

-Oui, tout va bien."

1935. Kunlin Tsai a quatre ans et demi. Après un séisme, il retrouve sa famille saine et sauve devant les décombres de leur maison. Les districts Houli et Qingshui ont été ravagés. Taïwan compte 15 000 victimes et 60 000 habitations détruites. A la fin de l'année, la maison des Tsai est reconstruite. Kunlin va grandir, aller à l'école, chanter, écrire. La bibliothèque stimule sa curiosité. Lors d'un défilé des lanternes, il apprend que Nankin, capitale chinoise de la République, est tombée aux mains des japonais. C'est une victoire, mais la guerre s'approche peu à peu. 1941, en CM2, Kunlin, brillant élève, prépare son entrée au collège. Il veut devenir professeur.

Yu Pei-Yun etZhou Jian-Xin racontent la vie d'un jeune taïwanais, depuis sa prime enfance. Kunlin est vaillant, persévérant. Au lycée, il apprendra à être engagé et consciencieux dans l'effort, à lire et étudier après le travail et à persévérer dans les études malgré les besognes pénibles. Le lycée est patriotique et militaire. L'éducation est stricte.

© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023

Yu Pei-Yun a rencontré Kunlin Tsai en 2016. Il avait 86 ans. Victime de la Terreur blanche dans les années 50, le vieil homme raconte l'oppression politique sous laquelle il a vécu. La scénariste a alors l'idée de raconter sa vie dans un manhua en quatre épisodes, dont voici le premier. Le dessinateur Zhou Jian-Xin adopte quatre styles graphiques différents pour recréer les atmosphères différentes de chacune des périodes d'une existence meurtrie. Ici, avec un trait crayonné, rond, avec comme couleurs seules quelques touches de rose, on est encore dans l'insouciance de l'enfance et la concentration dans les études. Kunlin Tsai est dans son cocon de livres qu'il adore. Derrière ses lunettes, sans pupille, il se concentre sur ses études. La scène finale marque un tournant annonçant des lendemains moins enchanteurs.

Manhua documentaire décrivant le développement historique d'une île du Pacifique, le fils de Taïwan narre la vie d'une victime politique. C'est parti pour quatre-vingt-dix ans d'histoire et pour l'un des événements de la bande dessinée asiatique de l'année en Europe.

Déjà trois albums de prévus sur les quatre sont parus en 2023. Le final est pour janvier.


Série : Le fils de Taïwan

Tome : 1 – Le garçon qui aimait lire

Genre : Histoire

Scénario : Yu Pei-Yun

Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin

Éditeur : Kana

Collection : Made in

ISBN : 9782505115861

Nombre de pages : 170

Prix : 18,50 €

 

Série : Le fils de Taïwan

Tomes : 2 & 3

Genre : Histoire

Scénario : Yu Pei-Yun

Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin

Éditeur : Kana

Collection : Made in

ISBN : 9782505115878 / 9782505115885

Nombre de pages : 192

Prix : 18,50 €


Armelle & Mirko 1 – L'étincelle

"-Armelle ! Réveille-toi !

-Grandes sœurs ? C'est vous ?

-Ha ha ha ha ha ha

-Thérèse ? Sylvie ? Sortez-moi de là, j'ai peur !"

            Armelle est une tortue froussarde. Depuis que, petite, ses sœurs l'ont enfermée sous un seau pendant qu'elle faisait la sieste, elle a peur du noir. Les heures sombres sont pour elles cruelles. Armelle souffre d'achluophobie. Elle a une peur panique de se retrouver privée de lumière. Elle est peureuse et peu heureuse. Elle lutte pour ne pas s'endormir. Chaque bruit de la forêt est un cauchemar qui fait un nœud dans ses entrailles. Et le jour, elle s'ennuie, quelque soit la saison. En plus de ça, lorsqu'elle a une frayeur, elle ne peut même pas se recroqueviller dans sa carapace puisqu'il y fait tout noir. Un beau jour pourtant, Armelle va rencontrer Mirko, un petit être volant et fort élégant, avec de belles antennes courbées qui font le tour de nos cœurs, une tête rouge prompte à chasser les idées noires, de longues ailes pour les courtes distances, et portant sur son dos l'instrument de la mélodie du bonheur. Mirko réussira-t-il à apaiser les souffrances d'Armelle ?

            On avait l'habitude de voir Loïc Clément écrire pour Anne Montel. Les complices se sont ici associés pour offrir une magnifique histoire aux pinceaux merveilleux de Julien Arnal. Les auteurs du temps des mitaines lui ont concocté une fable, pas aux accents politiques comme celles de La Fontaine, mais emplie d'émotion, une histoire qui aurait très bien pu intégrer la collection des Complaintes des cœurs brisés, scénarisées par le même Loïc Clément. Deux êtres qui auraient pu ne jamais se rencontrer vont nouer une amitié à l'abri de toutes épreuves. Chaque planche de Julien Arnal est un petit tableau. De saison en saison, il nous invite dans une forêt aux milles couleurs du temps. Et lorsque vous aurez terminé l'histoire, regardez en détail les pages de garde, différentes au début et à la fin. Ne les détaillez pas avant. Vous comprendrez pourquoi.

© Clément, Montel, Arnal - Delcourt

            En filigrane de cette fable bucolique, les auteurs traitent d'un sujet complexe, qui touche de plus en plus de monde, de plus en plus de jeunes, avec des éléments déclencheurs qui peuvent être divers et variés. Ce mot est un gros mot, un mot que l'on n'ose pas prononcer mais qui doit l'être car il n'y a aucune raison de s'en cacher, et il n'y a pas à en avoir honte. Ce mot qui touche Armelle parce qu'il ne se voit pas et que c'est pour cela que souvent il n'est pas compris par les autres, ce mot, ce mal des maux, c'est la dépression. Alors que de nombreux médecins sont infoutus de soigner ce cancer de l'âme, Loïc Clément et Anne Montel apportent un formidable message d'espoir, une lumière vers la guérison, une étincelle. Si vous avez donc chez vous une tortue comme Armelle, lisez avec elle cette histoire, et faites-lui comprendre qu'il faut être patiente et attendre l'arrivée de Mirko, parce qu'il y a toujours un Mirko qui va venir, c'est forcé, c'est comme ça. Ça peut prendre du temps mais il va arriver.

            Je n'ai plus de tortue chez moi parce que je n'ai pas eu ce livre entre les mains assez tôt. Alors n'attendez pas. Pour ceux non concernés par le sujet sous-jacent, ce conte est à mettre entre toutes les mains, dès le plus jeune âge. Le talent des grands auteurs est de proposer différents niveaux de lecture et c'est le cas ici. Armelle et Mirko est d'une beauté sublime qui aide à faire briller les étoiles, sur la Terre comme au ciel.

Armelle & Mirko est une trilogie aux histoires indépendantes dont deux albums sont déjà parus cette année.


Série : Armelle & Mirko

Tome : 1 – L'étincelle

Genre : Fable poétique

Scénario : Loïc Clément & Anne Montel

Dessins & Couleurs : Julien Arnal

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413045045

Nombre de pages : 32

Prix : 15,95 €

Série : Armelle & Mirko

Tome : 2 – Le voyage

Genre : Fable poétique

Idée & Histoire originale : Anne Montel

Scénario : Loïc Clément

Dessins & Couleurs : Julien Arnal

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413075578

Nombre de pages : 32

Prix : 15,95 €


 

(à suivre...)

 

Laurent Lafourcade



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Marathon 1904.    La course du siècle

 

"-On fait démarrer le marathon en début d'après-midi !

-Aux heures les plus chaudes ? Brillante idée !

-On devrait facilement atteindre les 32 degrés !

-Et un 30 août, le taux d'humidité sera certainement très élevé !"

 

 

 

 

 


                30 août 1904, Saint-Louis, Etats-Unis. Le marathon des Jeux Olympiques va se tenir. Ils sont trente-deux coureurs sur la ligne de départ. Il y a des sportifs, des iconoclastes, des participants auxquels on ne s'attendait pas. Tous ont pour point commun d'être des coureurs invétérés. Les américains ont une revanche à prendre. Quelques années plus tôt, à Paris, la France a gagné deux fois plus de médailles que les Etats-Unis. Pour eux, ces maudits européens ont triché. Cette fois, l'Amérique a bien l'intention d'organiser des jeux modernes avec des infrastructures innovantes et des épreuves taillées sur mesure pour des surhommes qui se surpasseront et atteindront des sommets, bref, pour les jeunes sportifs américains.

© Munuera, Kid Toussaint, Sedyas - Le Lombard

                Parmi les inscrits, on trouve Andarin Carvajal, l'homme qui voulait faire la sieste, facteur à Cuba. Il y a Thomas Hicks, l'homme qui ne voulait plus être deuxième, compétiteur jusqu'au bout des ongles. Sont également au départ Len Taunyane et Jan Mashiani, deux afro-américains qui combattaient l'un contre l'autre lors de la seconde guerre des Boers en 1901 dans le Transvaal. Frederick Lorz, quant à lui, est un coureur… de jupons, habitué à échapper aux maris jaloux. Il y a même un français, Albert Corey, qui n'a rien à faire là vu que la France n'a pas envoyé de délégation. Ils diront donc qu'il est américain. La course va délibérément démarrer sous une chaleur écrasante. Les organisateurs en ont fait un laboratoire à taille humaine pour tester sur les engagés les effets de la déshydratation sur des sportifs de différentes "races". Les athlètes n'étaient rien moins que des cobayes. Terrain vallonné et poussiéreux, un seul point de ravitaillement en eau, dopage organisé : la course du siècle restera dans les annales.

© Munuera, Kid Toussaint, Sedyas - Le Lombard

                Kid Toussaint écrit une BD presque-reportage qui a tout d'une comédie dramatique. Il la met en scène avec l'efficacité qu'on lui connaît. Cette course hallucinante a bel et bien eu lieu, tellement improbable qu'il était impossible de l'inventer. Elle restera mythique non seulement pour ses conditions d'organisation, mais également pour les personnalités de quelques-uns de ses participants. En fin d'album, un cahier documentaire ancre le récit dans son contexte historique. Le marathon le plus dangereux de l'histoire s'est tenu là, à Saint-Louis et dans ses alentours, sur les rives du Mississippi. Qui de mieux qu'un dessinateur au trait hyper-dynamique pour mettre en scène une telle compétition ? José-Luis Munuera était l'homme providentiel pour la dessiner dans la poussière des couleurs impeccables de Sedyas.

© Munuera, Kid Toussaint, Sedyas - Le Lombard

                La course du siècle est l'un des événements de cette fin d'année, un album surprenant, étonnant, et pourtant basé sur des faits incroyablement réels. Bref, un indispensable. S'il vous reste une idée de cadeau à trouver, elle est là !

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : La course du siècle

Genre : Comédie dramatique

Dessins : José-Luis Munuera

Scénario : Kid Toussaint

Couleurs : Sedyas

Éditeur : Le Lombard

ISBN : 9782808205825

Nombre de pages : 96

 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Quatre réinterprétations de classiques.   Mickey - La souris du futur 1/2 

 

"-Il arrive ?

-J'entends l'ascenseur. Ce doit être lui. Tu as de l'argent pour le loyer ?

-Je l'avais mis dans ton bol !

-Gloups ! J'ai dû l'avaler sans m'en rendre compte !

-Dingo ! J'ai dépensé ce qu'il nous restait pour faire les courses ! Nous n'avons plus un sou !

-Misère !

-Du calme ! Ce n'est pas la première fois !"

 

 

 

 

 


Donaldville, dans le futur, à deux cents ans de nous. Mickey, Donald et Dingo sont chasseurs de fantômes, mais sont aussi sans le sou. Ils doivent trouver les meilleurs subterfuges pour éviter d'avoir à affronter leur propriétaire. Un coup de fil salutaire va peut-être les sortir de ce mauvais pas. Ils sont appelés au Manoir Ravenstone par Monsieur Carter, le gardien de la vieille bâtisse. S'il a fait appel aux "Ghostbusters", c'est parce qu'il y a quelque chose entre les murs, une chose maléfique qui erre dans l'ombre. La chasse aux ectoplasmes peut commencer, mais tous ne sont pas si fantomatiques que ça. Un fantôme dans la machine est la première des quatre histoires qui composent ce recueil d'aventures futuristes des têtes d'affiches de chez Disney : Mickey, Donald et Dingo. Chacun des récits de trente planches qui composent ce volume sont inspirés de courts métrages classiques des studios d'animation Disney. Ils sont transposés dans le futur. L'histoire des chasseurs de fantômes dérive du Lonesome Ghosts de 1937.

© Glénat / Disney Enterprises, Inc

© Glénat / Disney Enterprises, Inc

Dans Camping exoplanétaire, Donald voyage de planète en planète. Comme dans Trailer Horn (1950), il va devoir composer avec deux écureuils facétieux : Tic-X et Tac-Z. Comme dans le dessin animé, Donald ne va jamais réussir à se baigner tranquille. Dans Mickey Mouse fait un voyage spatial, dérivé de Mr Mouse takes a trip (1940), Mickey prend le train pour Jupiter, tout comme ce voleur de portefeuilles qu'est Pat. Heureusement que le contrôleur Pluto veille… enfin… Les pompiers du futur clôture l'album. On retrouve au complet le trio du premier récit. Cette fois-ci, Mickey, Donald et Dingo sont pompiers, tout comme dans Mickey's fire brigade en 1935. Réussiront-ils à sauver des flammes l'écopole Donaldville, métropole écologique constituée d'arbres-gratte-ciel ? Pat Hibulaire n'a pas de limite pour faire fondre les coffres-forts. Les flammèches vont s'affoler.

© Glénat / Disney Enterprises, Inc

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Cette compilation italienne est orchestrée par Francesco Artibani. Il a adapté les courts-métrages avant de confier les scenarii à des compatriotes. Au dessin, on retrouve quatre habitués de l'univers Disney, stars italiennes des Studios, le pays réalisant les meilleurs BD Disney du monde. Ivan Bigarella reste dans l'ambiance des illustrations des livres des années 70. Giada Perissinotto est dans un trait "Mickey Parade", mais avec une colorisation crayons de couleurs. Giovanni Rigano fait dans le classique moderne, se réappropriant les personnages, et en particulier Donald. Donald Soffritti choisit un univers proche de la série de dessins animés Le monde merveilleux de Mickey. Les auteurs nous offrent quatre styles aussi divers que riches. Une compilation réussite.

Cette souris du futur ne va pas rester longtemps seule. Un deuxième volume est déjà annoncé pour le printemps.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Mickey – La souris du futur

Tome : 1/2

Genre : Aventure

Scénario : Francesco Artibani, Valentina Camerini, Alberto Savini, Carlo Panaro

Dessins : Giovanni Rigano, Ivan Bigarella, Giada Perissinotto, Donald Soffritti

Couleurs : Giovanni Rigano, Ivan Bigarella, Gloria Marino (Arcancia Studio), Licinia Tozzi (Arcancia Studio)

Éditeur : Glénat

Collection : Walt Disney 

Nombre de pages : 128

Prix : 19,50 €

ISBN : 9782344061084

 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Nouvelle vie pour une série emblématique.   Margot et Oscar 1 – Jardin secret

 

"-Tu n'as rien mangé, Margot !

-J'ai pas faim !

-C'est important, le petit déjeuner !

-Je sais bien : ça fait grandir ! MERCI !

-Elle n'a pas l'air en forme ce matin !

-Si vous voulez mon avis, cette grande sauterelle est amoureuse.

-Rhôôh ! Mais Papa, t'es lourd !"

 

 

 

 

 

 

                Margot est une adolescente solitaire. Les yeux rivés sur sa tablette, elle regarde des séries girly sur son lit pendant que son chien, son vieux chien, ronge une cuisse de poulet sur le lit à côté d'elle. C'est Oscar, alias Sac à puces, un chien de rue qu'elle a trouvé il y a quelques années. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Margot. Ses six frères et sœurs et ses parents n'ont pas l'intention de rater l'occasion pour pousser la chansonnette et profiter d'un bon gâteau pendant le déballage des cadeaux. La fête va être de courte durée. L'ado reçoit un coup de fil de sa copine Margot qui l'attend à la cabane. Bien que pas invité, Oscar la suit. C'est la bonne occasion pour faire faux bond à ses parents qu'elle trouve lourdingues. Le lendemain, au collège, c'est un nouveau professeur de mathématiques qui assure les cours. Et on ne peut pas dire que les élèves vont être tendres avec lui, surtout Clara, plutôt peste. Le remplaçant ne va pas tenir le coup très longtemps. Margot va le retrouver dans un tout autre lieu.

© De Brab, Falzar, Stibane - Editions du Tiroir

                Mais quel bonheur, quel bonheur de retrouver Margot et Oscar pour leur troisième vie ! Nés en 1992 aux éditions Casterman sur des scenarii de Zidrou, Margot et son chien Oscar Pluche, Sac à puces, ont connu six albums avant de rejoindre l'écurie Dupuis en 1999. Entretemps, les complices auront été rejoints par Falzar à partir du sixième et dernier album Casterman. La série s'arrêtera en 2009, au neuvième album, avant un ultime rebond dans un mini-récit l'année suivante. Il faut dire que les péripéties éditoriales avec l'intégration dans l'éphémère collection Punaise n'ont pas aidé. En 2020 et 2021, les éditions Kennes ont commencé une intégrale qui n'arrivera pas à son terme. Plutôt que de poursuivre la série en l'état, comme un classique franco-belge qu'elle est, De Brab et Falzar ont eu l'idée géniale de faire vieillir leurs personnages, en leur faisant faire un bond, une ellipse, d'à peu près sept ans. La petite fille laisse place à une ado dégingandée. Le chien est à présent dans son bel âge. C'est un senior. L'ellipse correspond à quelques années près au moment où la série s'était arrêtée chez Dupuis, comme si les personnages avaient continué à vivre sans nous. Concept merveilleux et inédit.

© De Brab, Falzar, Stibane - Editions du Tiroir

                De ce fait, les auteurs peuvent aborder des thèmes plus ados et plus contemporains dont évidemment celui du harcèlement. Margot est victime d'une sorte de harcèlement que l'on pourrait péjorativement qualifier d'ordinaire, mais qui casse bien les pompons. Son père l'appelle la grande sauterelle, génération Mireille Darc quand tu nous tiens. Clara se moque d'elle parce qu'elle n'a pas de petit ami.  Margot est renfrognée mais ne se laisse pas abattre. Elle affirme ses choix et ses positions sans tomber dans la lamentation. Un exemple à suivre. Un autre type de harcèlement sournois est mis en exergue : celui envers les profs. Le nouvel arrivé se fait avoir par le coup de la fausse sonnerie pour libérer les élèves plus rapidement de cours. L'arrogance et l'impertinence des élèves vont le faire craquer, mais Margot va l'accompagner dans un tout autre contexte et un tout autre combat, plus politisé. Zoé, quant à elle, apporte le côté écologique et "faisons attention au futur" avec son idée de transformer le terrain de jeu qu'elle avait plus jeune avec ses copines en jardin potager.

                De Brab a fait grandir son trait. Pas facile pour toute la famille nombreuse de Margot. Oscar reste un peu en retrait. Il a pris bien de l'âge, mais le naturel revenant au galop, les attitudes d'un Sac à puces reviennent dans la deuxième moitié de l'album, comme s'il rappelait : "Hey, vous m'avez bien reconnu ? C'est moi !".

© De Brab, Falzar, Stibane - Editions du Tiroir

                Les éditions du Tiroir publient la surprise de cette fin d'année, un retour inattendu et incroyable, qui ravira plus d'un nostalgique et enchantera les jeunes nouveaux lecteurs. Il ne reste plus qu'à cet éditeur à offrir à la série une intégrale digne de ce nom, ainsi qu'à publier enfin Les Puzzoletti, pépite oubliée en deux grandes histoires parues dans le journal Spirou à la fin des années 80 signées De Brab et l'immense Yvan Delporte.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Margot et Oscar

Tome : 1 – Jardin secret

Genre : Aventure contemporaine

Scénario : De Brab & Falzar

Dessins : De Brab

Couleurs : Stibane

Éditeur : Editions du Tiroir

Collection : Jeunesse

ISBN : 9782931251010

Nombre de pages : 64

Prix : 15 €

 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Partir un jour…   Armelle & Mirko 2 – Le voyage / Les contes des cœurs perdus 8 – Héloïse et les larmes de givre

 

"-Je pourrais passer toute mon existence ainsi… Pas vous ?

-Justement, à ce propos, je dois vous dire…

-?

-Vous savez, j'ai l'âme vagabonde et j'aspire à explorer prochainement de nouvelles contrées…"

 

 

 

 

 


                Depuis qu'Armelle, la tortue froussarde, a rencontré Mirko, la luciole, sa vie s'en est trouvée bouleversée, bouleversée dans le bon sens. Dorénavant, ils passent leur temps ensemble, le jour comme la nuit. Ainsi, les journées sont de jolis moments de complicité et les nuits sombres sont transformées en étincelles étoilées. Mirko a fait rentrer de la lumière et de la couleur au cœur de l'âme d'Armelle. C'était inespéré. Aujourd'hui, Mirko dont l'âme est vagabonde annonce à Armelle qu'il a l'intention d'explorer de nouvelles contrées. L'appel du voyage est plus fort que tout. Chassez le naturel, il revient au galop. L'ombre revient gagner le cœur d'Armelle, mais de nouvelles rencontres vont à nouveau lui montrer le chemin du bonheur. Et Mirko dans tout ça, va-t-il faire le voyage espéré ?

© Clément, Montel, Arnal - Delcourt

                Les contes des cœurs perdus sont de retour avec Héloïse et les larmes de givre. Dans l'archipel des Hespérides, situé à la limite occidentale du monde, subsiste un village habité par des êtres semi-divins : les hamadryades. Certains sont "ils", d'autres sont "elles". Ils font partie de ce peuple oublié investi de la force végétale des forêts. Parmi eux, se trouvent Héloïse et Oscar. Ils sont depuis la naissance liés à un arbre pas loin duquel ils passent leur vie et meurent avec lui s'il est abattu. Curieuse, Héloïse rêve d'aller explorer l'horizon, ce monde au-delà des frontières connues. Ça ne plait pas trop à ses compatriotes, sauf à Oscar, qui se garde bien de la juger. Un jour, Héloïse ramène au village un petit être de pierre qu'elle a recueilli dans la forêt, ce qui ne va être du goût de la grande matriarche. Le verger des Hespérides va peu à peu agoniser dans le froid. Cela est dû à l'exil forcé du nouvel arrivé. Il va falloir l'aider à retrouver son foyer. Voilà une mission pour Héloïse qui rêve d'aventure. Mais comment faire sans s'éloigner de son arbre ?

© Clément, Cunha - Delcourt

                Avec le deuxième épisode d'Armelle et Mirko, sous les sublimes dessins de Julien Arnal, Loïc Clément et Anne Montel poursuivent l'aventure spirituelle d'une tortue pas comme les autres. Si dans le premier épisode, on apprenait comment il fallait être patient dans un long processus guérissant l'âme grâce à la bonne personne rencontrée à un moment que l'on n'espérait plus, cette deuxième partie démontre comment on peut continuer à avancer sans cette béquille que l'on avait trouvée, comment on peut se débrouiller autrement, et y arriver parce que quelqu'un nous a mis au préalable sur la bonne route. Le départ de Mirko est un mal pour un bien pour Armelle. Ça la met au pied du mur dans un mélange de tristesse et de colère, jusqu'à sa rencontre une nuit d'orage avec Pépin le lapin. Une nouvelle page de la vie d'Armelle commence à s'écrire, celle de l'émancipation et de l'autonomie. Mirko est parti. Ne dit-on pas que ce qui ne tue pas rend plus fort ? C'est exactement ce qui arrive à Armelle. Et qui sait, peut-être qu'un jour Mirko reviendra ?

© Clément, Montel, Arnal - Delcourt

                On a déjà dit tout le bien que l'on pensait de la merveilleuse collection des Contes des cœurs perdus orchestrée par Loïc Clément. Héloïse et les larmes de givre ne déroge pas à la règle, se rapprochant encore plus de la définition de conte que ses prédécesseurs de par le côté mythologique qu'on y retrouve. L'écologie et l'entraide en sont les thèmes prépondérants. Le trait de la dessinatrice de Dans les yeux de Lya se prête à merveille au scénario. On l'apprend dans la postface, l'histoire est une conséquence du confinement, un moment où les auteurs rêvaient d'arpenter les sentiers et approcher l'horizon. Justine Cunha y détaille la genèse du Golem, des oiseaux magnifiques, ainsi et surtout celle d'Héloïse dont le design a évolué jusqu'à arriver à l'hamadryade que l'on connaît.

© Clément, Cunha - Delcourt

                Quoi de mieux pour finir l'année ou commencer la nouvelle que deux histoires de cœur ? Si certains sont brisés et d'autres perdus, en passant dans les mains de Loïc Clément, ils ont tous le pouvoir d'alléger les nôtres par de belles lectures.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Armelle & Mirko

Tome : 2 – Le voyage

Genre : Fable poétique

Idée & Histoire originale : Anne Montel

Scénario : Loïc Clément

Dessins & Couleurs : Julien Arnal

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413075578

Nombre de pages : 32

Prix : 15,95 €


Série : Les contes des cœurs perdus

Tome : 8 – Héloïse et les larmes de givre

Genre : Fable poétique

Scénario : Loïc Clément

Dessins & Couleurs : Justine Cunha

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413015307

Nombre de pages : 48

Prix : 11,50 €

 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


De belles cylindrées.   Souvenirs de Jaap de Boer : Belles & chromes

 

"Belles et chromes n'est pas une BD, non. Belles et chromes n'est pas non plus un roman. Alors qu'est ce livre que vous tenez entre les mains et dont vous découvrez les premières pages ? Allez-vous être déçu, ravi ? Ce sont des souvenirs, les miens." (Jaap de Boer)

 

 

 

 

 

 


                Depuis sa plus tendre enfance, les automobiles ont accompagné la vie de Bruno Bouteville, alias Jaap de Boer. Dans ce livre, il raconte des tranches de vie liées à sa jeunesse. Elles rappelleront certainement à bon nombre de lecteurs la leur. L'auteur revient sur une époque insouciante, celle des années 50, 60, 70 essentiellement, jusqu'au début des années 80 même, où la principale préoccupation était de rêver et d'aimer. C'était l'époque des hippies, dont il fut l'un des derniers, où l'on amenait de jolies filles en balade en voiture, des voitures qui avaient de la gueule, pas comme celles d'aujourd'hui précise-t-il. De Boer raconte des histoires de vie, gaies, tristes, hilarantes ou sinistres, sans chronologie, au fil de sa mémoire. Dans chaque double page, une voiture est en vedette dans une anecdote au côté de laquelle figure une grande illustration.

© De Boer - Idées Plus

                L'album commence dans une Renault 5, la "voiture à branleurs", en 1974. Voici Jaap réparant son 109 envoyé dans le fossé par une R5 le rasant à vive allure. Il la retrouvera plus loin en panne d'essence et lui portera secours, sans rancune, enfin surtout à sa passagère. Sans rancune ? Allez vérifier par vous-même. On poursuit en Fiat 500 pour une séance de portraits sur assiettes en porcelaine, avec une belle italienne, comme la voiture. Plus dramatique est la séquence de la Méhari, voiture en "plastique", première fois que Jaap verra la mort en face. L'auteur fera descendre immédiatement la tension avec la marchande de glaces en 1973 dans son vieux Tube Citroën. Mais quand on a 17 ans et que la belle en a 25 de plus, pas facile de susciter l'intérêt.

© De Boer - Idées Plus

                Jaap de Boer ne laisse aucun secret. Il raconte tout, avec générosité et émotion, de ses voyages en Angleterre avec son frère lui permettant de croiser des Jaguar type E aussi bien que des Healey jusqu'à son époque hippie en Combi Wolsvaggen. Il dit tout sur ses amours, ses flirts, concrétisés ou pas, de la Majorette de 14 ans, un an plus jeune que lui, éclaboussée par une Alpine bleue, jusqu’aux trois anglaises qui l'ont pris en auto-stop à bord de leur Triumph Herald. L'apogée est atteinte avec la rencontre avec Brigitte Bardot à bord de sa 2CV. Bardot, 2 CV, il manquait un troisième sommet pour faire un triangle mythique. Jaap de Boer le complète avec une illustration mettant en scène Gil Jourdan, Libellule et Crouton. Qui dit bagnoles, dit Tillieux for ever.

© De Boer - Idées Plus

                Amoureux de belles voitures et de jolies filles, Jaap de Boer vous amène sur la route de sa vie. Nul doute qu'elle a croisé parfois la vôtre.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Souvenirs de Jaap de Boer : Belles & chromes

Genre : Illustrations et voitures

Scénario, Dessins & Couleurs : Jaap de Boer

Éditeur : Idées Plus 

ISBN : 9782374700779

Nombre de pages : 56

Prix : 16 €


 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


Retour gagnant.    Gaston Lagaffe 22 – Le retour de Lagaffe

 

"-Pouvez m'expliquer POURQUOI la signature que DE MESMAEKER a apposée HIER avec MON STYLO sur ces CONTRATS a DISPARU ??

-Muhh ? Aaah, tu vas rire. Je t'ai emprunté ton stylo pour tester mon encre qui disparaît…

-Oh, mais c'est très drôle ça, ha ha. Maintenant, faites comme votre encre : disparaissez !!

-M'enfin !"

 

 

 

 

 


Cette fois-ci, Prunelle avait bien cru que les contrats étaient enfin signés avec Monsieur de Mesmaeker. Mais Gaston ayant remplacé l'encre du stylo par de l'encre invisible, c'était encore un coup d'épée dans l'eau. Pas grave en fait. L'homme d'affaire revient. Il le jure. C'est la dernière fois qu'il appose sa signature sur l'un des contrats de la maison Dupuis. Le nouveau stylo va-t-il faire l'affaire ? Toujours est-il que, comme à la grande époque, les inventions de Gaston vont faire du dégât. C'est lui qui a inventé le premier téléphone portable. A l'époque, il s'agissait d'un combiné classique accroché sur un rail permettant d'aller d'une pièce à l'autre dans la rédaction. Et avec le roulement à billes, il retourne directement à son emplacement d'origine…avec fracas.

© Delaf, BenBK - Dupuis

Le chat et la mouette de Gaston sont en pleine forme, un peu survitaminés même. C'est leur propriétaire qui ferait bien de prendre quelque chose pour avoir plus de punch. Mademoiselle Jeanne, amoureuse comme jamais, est fin prête pour tester le premier tandem à assistance électrique mis au point par le garçon de bureau, ou à partir en week-end à la campagne. Jules de Chez-Smith-en-face est l'éternel compagnon de glandouille, que ce soit pour une balade en Ford T, gonflée à bloc, ou pour accueillir son pote dans son immeuble, en face, sans que son patron ne le sache. Lebrac, Boulier, Longtarin, Ducran et Lapoigne, tous sont au rendez-vous, même Fantasio pour pallier au craquage de nerfs de Prunelle. Spirou, Spip et le Marsupilami sont même là en figuration.

© Delaf, BenBK - Dupuis

On n'osait plus l'espérer. Tant d'années après, Gaston Lagaffe est (m')enfin de retour, et non sans mal. La sortie de l'album a été retardée de plusieurs mois pour cause d'une bataille juridique entre Isabelle Franquin et les éditions Dupuis, Franquin n'ayant pas été très clair quant à la destinée de Gaston après lui. Toujours est-il qu'il en avait vendu les droits. Bref, Gaston est bel et bien de retour pour un tome 22. C'est l'auteur Marc Delafontaine, dit Delaf, qui s'est attelé à la tâche. Le dessinateur des Nombrils a réalisé un petit exploit, se fondant dans les chaussons si finement cousus de Franquin. Qui reproche à Conrad de faire du Uderzo ? Personne. Qui reproche à Bastide de faire du Roba ? Personne non plus. Et ce ne sont que deux exemples parmi d'autres. Alors, pourquoi reprocher à Delaf de faire du Franquin ? Il a tout simplement démontré qu'à force de travail, il a réussi à dessiner aussi bien. Côté scénario, on sourit, on rit, on éclate de rire, on est même ému parfois. Et dire qu'on aurait pu ne jamais lire ça… Aux couleurs, BenBK s’accapare lui aussi des codes à la lettre. Les auteurs ne pouvaient pas mieux respecter l'œuvre du Maître.

© Delaf, BenBK - Dupuis

Le petit chimiste sous le bras, Gaston revient semer la panique à la rédaction. Delaf l'ancre dans les années 70 pour que les jeunes générations connaissent ce que leurs parents ont ressenti à leurs âges. EpoustouDelafflant.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Gaston Lagaffe

Tome : 22 – Le retour de Lagaffe

Genre : Humour

Scénario & Dessins : Delaf

Couleurs : BenBK

D'après : Franquin

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9791034752065

Nombre de pages : 48

Prix : 12,50 €

 



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD


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