Nouvelles relatives ŕ la bande-dessinée ou au graphisme
Flux RSSFlux RSS

1·2·3·4·5·6·7·8·9·10·11·12·13·14·15·16·17·18·19·20


Visages - Ceux que nous sommes 1 – Derrière les signes ennemis

 

"-Ben moi, mon père, c'était un héros de guerre !

-Le mien, il a tué au moins 1000 français !

-Ben le mien, il est même pas mort… Et il va bientôt venir me chercher avec ma mère !

(…)

-Bonjour, ma sœur… Pourquoi personne ne veut me parler ?"

 

 

 

 

 

 

1927. Dans un orphelinat catholique du Sud de l'Allemagne, Georg, un jeune garçon est bien esseulé. Personne ne veut lui parler, aucun de ses camarades. Lorsqu'il en demande la raison à une religieuse de l'institution, il n'a pour réponse qu'une gifle et une insulte : "Bastard !!!". La nuit suivante, il entre par effraction dans le bureau où sont rangés les dossiers de chacun des orphelins pour consulter le sien. Il en a la confirmation. Il est un bâtard, comme on le disait vulgairement. Son père est français, sa mère est allemande. Il subtilise un médaillon dans lequel il y a une photo de chacun d'entre eux. Il n'a pas l'intention d'attendre qu'ils viennent le chercher. Georg s'enfuit. Il compte les retrouver. Dans quelques années, il sera sur le front. Lors de la guerre précédente, ce sont ses parents qui y étaient, lui, poilu dans l'armée française, elle, infirmière allemande. Comment se sont-ils rencontrés ? Comment est née leur histoire d'amour ?

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

"L'Histoire est le visage de l'aventure humaine." Si tout un chacun tente d'écrire l'histoire de sa vie, le XXème siècle l'a fait à la place de millions d'hommes et de femmes. De 1900 à 1954, les auteurs de la série concept Visages - Ceux que nous sommes racontent sur trois générations la destinée de cinq membres d'une même famille. Les scénaristes Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-O'Griafa ne choisissent pas une narration linéaire mais passent d'une époque à l'autre sans jamais perdre le lecteur. On commence en 1927, on poursuit en 1940, on continue en 1914 pour aller jusqu'en 1918. Les auteurs nous plongent au cœur de la Grande Guerre avec pour toile de fond l'histoire d'amour entre Lieselotte Ruf et Louis Kerbraz.

Toutes les histoires sont des histoires d'amour, même les histoires de guerre. Visages-Ceux que nous sommes, c'est tout cela tout en allant bien plus loin. Une citation de Gauguin, titre de l'un de ses tableaux les plus fameux, l'annonce en préambule : "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Georg cherche ses origines, qui il est et la façon dont il peut, dont il doit prendre en mains son destin avec le poids de sa généalogie. Mais si c'est bien lui qui lance la saga, ce sont bel et bien ses parents qui sont au cœur de ce premier épisode. Leur rencontre était si improbable qu'elle s'est produite. Et, comme pour faire un pied de nez à Gauguin, c'est l'art qui les réunit. Si elle est photographe, lui est un dessinateur mais aussi un artisan qui transforme les douilles en bijoux. Les auteurs posent également la question de la croyance et de la religion, sans en parler, en organisant la rencontre entre Lieselotte et Louis dans une église à moitié détruite. Quand l'on fait face à un drame, les rapports avec le divin s'en trouvent bouleversés, dans un sens comme dans l'autre.

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

Le dessinateur Aurélien Morinière n'avait rien publié depuis près de trois ans avec le thriller L'homme bouc. Et pour cause. Il était occupé sur cette nouvelle série dont les quatre volumes sont annoncés pour cette année. Il fallait donc prendre un peu d'avance. Morinière dépeint la violence des sentiments avec force et celle de la guerre avec une cruauté froide. Il démontre que quelque soit leur camp les soldats n'avaient pas d'autre choix que de tuer, soit pour survivre, soit parce qu'ils étaient emportés par la meute. Ses grandes cases sont majestueuses, que ce soit ces soldats marchant dans la forêt des Ardennes, ou bien le lieu de culte dans lequel se fait la rencontre qui scellera le destin du futur Georg.

Réalisé par les scénaristes de la série, un cahier documentaire complète l'album. Il y est question du Hartmannswillerkopf, éperon rocheux sur lequel ont péri ou ont été blessés 30000 soldats, de la Prusse, de l'Allemagne, de Versailles et de son traité, du vote des femmes en Allemagne, dès 1919, de l'artisanat des tranchées, dont il est fortement question dans l'album. On y parle également de la bataille de l'Yser, de celle de Dixmude et du 87ème régiment de fusiliers marins bretons. Tout cela serait incomplet sans l'exposition Visages. ceux que nous sommes au Goethe-Institut de Paris jusqu'au 11 mars. Au cours d’un parcours pensé pour les scolaires et pour le tout public, les visiteurs et visiteuses découvriront la saga tourmentée de cette famille déchirée sur trois générations. Sur un fond historique authentique, de 1900 à 1954, ils suivront la destinée de ces quatre personnages de nationalités et de générations différentes. Des visites pour groupes scolaires, de durées flexibles, sont également possibles. L'exposition voyagera ensuite dans les différents Goethe-Instituts de France.

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

Le vingtième siècle est certainement l'un des plus sombres de l'Histoire de l'humanité. "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Accompagnons Georg pour trouver la réponse à ces questions. Si tant est qu'il y en ait une.

 

Laurent Lafourcade


Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 1 – Derrière les signes ennemis

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344022924

Nombre de pages : 56

 



Publié le 23/02/2023.


Source : Boulevard BD


Brancusi contre Etats-Unis Qu'est-ce qui est

 

"-Mon cher Duchamp, vous direz à Monsieur Brancusi que la Brummer Gallery est réellement très honoré d'exposer ses œuvres l'hiver prochain. Comment est-ce que vous voyez les choses ?

-Selon les plans de Brancusi, il serait possible d'installer 42 sculptures, 27 dessins et une peinture.

-Mmmh.

-Je m'occuperai de faire venir par bateau les œuvres qui sont encore en Europe."

 

 

 

 

 


1926, le sculpteur Constantin Brancusi s'apprête à exposer ses œuvres pour la première fois aux Etats-Unis. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur du monde. Marcel Duchamp en personne s'occupe de la logistique. Parmi ces œuvres, se trouve l'oiseau, une sculpture en bronze. Mais le zèle des douaniers va faire que tout ne va pas se passer comme prévu. Les agents saisissent l'objet effilé d'1m40 de haut sous prétexte que pour eux il ne s'agit pas d'une œuvre d'art mais d'un objet manufacturé. Il va donc falloir appliquer les droits de douane correspondant à 40 % de la valeur de l'objet, soit 4000 $ de l'époque. Brancusi et Duchamp protestent, ainsi qu'Edward Steichen, photographe américain à qui est destinée l'œuvre après l'exposition. Le sculpteur d'origine roumaine décide d'intenter un procès contre l'état américain afin de réhabiliter son art.

 

© Nebbache - Dargaud


L'objet en bronze désigné l'"oiseau" est-il ou pas une statue originale ? Les avocats de la défense devront démontrer à la cour qu'il s'agit d'une fonte originale produite par un sculpteur professionnel. Le procès va se transformer en joute ubuesque sur l'art. A propos d'une sculpture, quel est le lien entre son titre et sa forme ? Cet oiseau serait-il considéré autrement si on voyait sur lui des plumes ou une tête de volatile ? A partir de combien de copies une œuvre est-elle considérée comme une production industrielle et non plus comme une œuvre d'art ? L'artiste a-t-il effectivement tout réalisé de ses propres mains sans utiliser de polisseur ou autre outil industriel ? Pour Duchamp, le débat ne va pas dans le bon sens. Peu importe qu'il s'agisse ou pas d'un oiseau. Si les premiers peintres se sont attachés à la nature, les suivants n'ont pas été arrêtés dans leurs volontés de se diversifier. Ils sont libres. "La valeur réaliste d'une œuvre est indépendante de toute qualité imitative." C'est cela qui doit être prouvé. Pendant que les avocats s'affrontent sur le sujet, en Europe, Brancusi doute de son art.

 

© Nebbache - Dargaud


Après avoir travaillé dans l'illustration et la littérature jeunesse, Arnaud Nebbache publie sa première bande dessinée et en tant que coup d'essai réalise un coup de maître aussi bien scénaristique que graphique. Quoi de plus compliqué que de parler d'un art dans un autre art comme moyen d'expression ? Quoi de plus ennuyeux que les histoires de procès, joutes oratoires auxquelles le dessin n'aurait rien à apporter ? Nebbache se sort de toutes les chausse-trappes possibles et imaginables dans lesquels il aurait pu tomber. Dans un style graphique en aplats de couleurs, sans contours, avec peu de tons, il alterne les scènes au tribunal avec celles de Brancusi face à ses œuvres ou en proie à ses doutes. Les dialogues subtils, précis et argumentées offrent une appréhension de l'art de toute beauté.

 

© Nebbache - Dargaud


Il y a un an, Abdel de Bruxelles signait le merveilleux Tanger sous la pluie racontant le séjour du peintre Henri Matisse au Maroc. C'était l'un des premiers chocs de l'année 2022. Les éditions Dargaud rééditent l'exploit avec Brancusi contre Etats-Unis qui devient à son tour le premier choc de l'année 2023. Sublime.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Brancusi contre Etats-Unis

Genre : Biographie

Scénario, Dessins & Couleurs : Arnaud Nebbache

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9782205202342

Nombre de pages : 128

Prix : 23 €

 

 



Publié le 22/02/2023.


Source : Boulevard BD


Il est encore possible d’inventer des tragédies antiques.  Kleos, celui qui rêvait de gloire 1 – Livre I

 

« - Regardez-les, ces hommes de guerre ! Ils paradent avec leurs casques à aigrette, mais ils sont incapables de défendre leur cité.

-   Assez ! Pas de querelles ! Toi, le fils du pêcheur, que veux-tu ?

-   Ce que je veux ? Ce que je veux ?!? Je veux faire ce que n’importe quel guerrier ferait… Trouver le repaire de ces bâtards et brûler leur vaisseau ! »

 

 

 

 

 

 

 

 499 avant Jésus-Christ, une petite île grecque est pillée par des pirates, la détroussant de toutes ses richesses. Sur cette île, habite Philoklès. Le jeune homme n’accepte pas de rester les bras ballants à regarder faire les différentes expéditions barbares qui débarquent. Le fils du pêcheur veut retrouver les assaillants et brûler leur navire. Soit il y parvient et revient avec la volonté de créer une coalition permettant de lutter contre les pillards, soit il mourra au combat. Philoklès ne compte pas passer sa vie à raccommoder des filets. Il embarque donc à bord d’un frêle esquif, seul. Son père lui conseille quand même de faire un petit crochet pour consulter Tirésias, l’oracle, qui va lui indiquer une action à accomplir pour réussir dans sa mission.

 

 

 

 

© Eacersali, Latapy, Causse - Bamboo

 

 

Alors que Serge Le Tendre et Frédéric Peynet adaptent les classiques de la mythologie méditerranéenne, Mark Eacersall et Serge Latapy imaginent l’épopée d’un nouveau héros. Kleos signifie gloire en grec. Philoklès est un nouvel Ulysse. Il quitte son père, son métier, son île pour que son peuple ne vive plus dans la fatalité d’invasions incessantes. Chacun dans leurs catégories, on attendait Mark Eacersall et Amélie Causse au tournant. Le premier sort du scénario impeccable de Tananarive dessiné par Sylvain Vallée. La seconde revient de l’adaptation parfaite de La commode aux tiroirs de couleurs d’Olivia Ruiz. Associés au journaliste spécialiste d’histoire ancienne et de civilisation grecque Latapy, ils transforment leurs essais dans ce coup de maître.

 

 

 

 

© Eacersali, Latapy, Causse - Bamboo

 

 

Après le renouveau ces dernières années des contes médiévaux, voici la résurrection des tragédies antiques. Le scénario monte en pression, rien n’étant épargné à ce brave et intrépide pêcheur. Acteur d’une époque où la violence ne fait pas de cadeau – d’ailleurs y a-t-il des époques où elle en fait ? -, Philoklès est au cœur de luttes de classes, de tromperies sexuelles, de tueries et de viols. Tout est montré, de manière « souple » certes, mais rien n’est édulcoré. Les dessins et couleurs immergent dans l’ambiance avec quelques images sublimes comme lorsque le héros rêve de l’éclat de sa gloire ou quand il vogue en pleine tempête.

 

 

 

 

© Eacersali, Latapy, Causse - Bamboo

 

 

Philoklès atteindra-t-il « kleos aphtiton », la gloire éternelle ? Plus que quelques mois à attendre pour le savoir dans la fin de ce diptyque, avant tout hommage à l’Illiade et l’Odyssée d’Homère.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 


 

Série : Kleos, celui qui rêvait de gloire

 

Tome : 1 – Livre I

 

Genre : Tragédie antique 

 

Scénario : Mark Eacersall & Serge Latapy 

 

Dessins & Couleurs : Amélie Causse 

 

Éditeur : Bamboo

 

Collection : Grand Angle 

 

Nombre de pages : 64 

 

Prix : 16,90 €

 

ISBN : 9782818979198

 



Publié le 11/01/2023.


Source : Boulevard BD


Prends garde Ă  toi, Yakari !  Marilou 1 - La magie de la campagne !

 

 

«  - Alors, tu as bien dormi, ma puce ?

- Grmbbll

- Eh ben figure toi que moi non plus. J’ai entendu une chouette hululer toute la nuit !

- Ha, moi j’ai été réveillé à quatre heures par le chant du coq.

- Vous voyez, même vous, vous n’aimez pas ici !!!

- Au contraire.

- C’est la magie de la campagne !

- Un tour de magie bien raté alors !!! »

 

 

 

 

 

© Dutto, Toulmé, BenBK - Delcourt

 

 

                Marilou et ses parents ont quitté la ville pour la campagne. Quand on est parents et qu’on n’en peut plus de l’agitation urbaine, c’est facile. Mais quand on est une gamine ultra connectée et qu’on a tous ses potes à portée de rue, c’est un peu plus compliquée. Non seulement, Marilou perd ses repères, mais elle se retrouve en milieu hostile. La gamine a une frousse bleue des limaces, fourmis et autres araignées. Elle cherche par tous les moyens à re-déménager dans l’autre sens, mais cela semble peine perdue. Le jour où Marilou va rencontrer un âne et un rouge-gorge qui parlent, ses principes risquent fort d’être remis en question.

 

 

 

 

© Dutto, Toulmé, BenBK - Delcourt

 

 

                L’un s’appelle Gédéon, l’autre n’a pas encore de nom. Georges, ça lui irait bien. Ce sont un âne et un rouge-gorge et ils sont à mourir de rire. Tous deux vont initier Marilou aux joies de la campagne. Seront-ils suffisamment convaincants ? Et les parents dans tout ça, vont-ils croire aux affabulations de leur gamine ? Est-ce qu’une simple plume arrachée du derrière d’un oiseau, au prix d’une larme à l’œil, suffira à prouver qu’ils existent pour de vrai ? Fabien Toulmé, que l’on n’attendait pas là, écrit un conte campagnard. Comme Yakari, Marilou parle aux animaux. La comparaison s’arrêtera là. Enfin, ce sont plutôt les animaux qui lui parlent, et essentiellement deux d’entre eux. Avec humour mais aussi émotion, Toulmé parle des bouleversements dans l’enfance de façon pas si anodine que ça.

 

 

 

 

© Dutto, Toulmé, BenBK - Delcourt

 

 

                Aux dessins et aux couleurs, on retrouve respectivement Olivier Dutto et Ben BK, duo dessinateur-coloriste indissociable des P’tits diables. Tom et Nina laissent ici place à une gamine qui pourrait être une de leurs amies. Grâce à Marilou, Dutto élargit son champ des possibles en représentant la campagne sous toutes ses coutures. La double page sur les saisons est remarquable de simplicité, de limpidité et d’efficacité. On est émerveillé dans la caverne derrière la chute d’eau. On y est bien, comme dans les planquettes quand on joue à cache-cache et qu’on a envie de faire pipi au moment où il ne faut pas. Quant à Gédéon, Gédéon-licorne pour être précis, il fait déjà, en un album, partie des personnages inoubliables de la BD une fois qu’on les a rencontrés.

 

                On avait l’habitude d’avoir deux fournée des P’tits diables par an et on se demande comment on pourrait s’en passer. Si c’est n’en avoir qu’une pour laisser vivre Marilou, on signe tout de suite.

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

Série : Marilou

 

Tome : 1 - La magie de la campagne ! 

 

Genre : Aventures humoristiques 

 

Scénario : Fabien Toulmé 

 

Dessins : Olivier Dutto

 

Couleurs : BenBK 

 

Éditeur : Delcourt

 

Nombre de pages : 120

 

Prix : 10,50 €

 

ISBN : 9782413044918

 



Publié le 24/11/2022.


Source : Boulevard BD


La joyeuse mélancolie.  La vie me fait peur

 

« - Et elle va marcher ta machine, papa ?

- Plus que marcher, mon petit ! Elle va rouler ! C’est une idée qui vient d’Amérique, ils appellent ça le camping-caravaning.

- Mais celle-là, c’est toi qui l’a inventée ?

- Oui, mon gars ! Les meilleures carrossiers et les meilleurs ébénistes ont fait les finitions… Mais les plans, c’est Bibi ! Et je vais commercialiser ce modèle, ça va être une révolution ! Neuville, c’est un sacré nom pour une marque, tu ne trouves pas, Marie ? Ça  sent tout de suite la maison sérieuse…

- Mais tu t’es demandé à qui tu pourrais bien les vendre, tes remorques ? On n’est pas en Amérique, ici ! Cite-moi un seul de tes amis qui pourrait en acheter…

- Jean !

- Jean ! Il est encore plus cinglé que toi ! »

 

 

 

 

 

 


                Paul, la trentaine, vient de se faire virer de l’entreprise familiale par sa femme. C’est l’occasion pour lui de revenir sur sa vie. Entre un père fantasque et une mère très terre-à-terre qui disparaîtra dans un étonnant accident de la route, le petit Paul a toujours eu du mal à trouver sa place. Ce phénomène le poursuivra toute sa vie. Que s’est-il passé entre son enfance et maintenant pour que celle qui était devenue son épouse se retrouve à diriger l’entreprise de tondeuses autoportées créée par son père et le mette à la porte ?

 

 

 

 

© Durieux, Tronchet - Futuropolis

 

 

                Plus que l’histoire de Paul, « La vie me fait peur » est avant tout l’histoire de Raoul, son père, meurtri par le deuil d’un enfant, Romain, le frère de Paul, mort à deux jours. La perte d’un enfant quel que soit son âge étant la plus grande douleur qu’un parent puisse vivre, il n’est pas étonnant que Raoul en ait des séquelles. C’est certainement pour cela qu’il n’habite plus le même monde que ses contemporains. Fantasque, immature, il vit pour son entreprise, ses loisirs et son ami Jean, doux dingue. Paul aura toujours du mal à intégrer cette dimension parallèle dans laquelle erre son père et dont la mort de sa femme l’enfonce encore plus dans cet espace entre la vraie vie et le désir d’une autre réalité.

 

 

 

 

© Durieux, Tronchet - Futuropolis

 

 

                Didier Tronchet aime raconter des parcours de vie. C’est peut-être parce que lui-même a beaucoup bourlingué, de Madagascar à l’Amérique du Sud. De L’homme qui ne disait jamais non au Chanteur perdu, ou plus humoristiquement de Jean-Claude Tergal à Raymond Calbuth, l’auteur retrace des parcours singuliers de personnages en marge d’une société qui ne va pas à la même vitesse qu’eux. C’est certainement pour cela qu’il a souhaité s’emparer du roman éponyme de Jean-Paul Dubois paru au Seuil en 1994, pour en offrir une nouvelle structure. Au dessin, Christian Durieux retrouve l’ambiance des Gens honnêtes qu’il a signé chez Aire Libre sur un scénario de Jean-Pierre Gibrat.

 

 

 

 

© Durieux, Tronchet - Futuropolis

 

 

                Les aléas de la vie peuvent transformer un être du jour au lendemain. Avec La vie me fait peur, les auteurs démontrent qu’il y a toujours une raison d’avancer et qu’un jour on devient le magicien de quelqu’un. Moment fort de cette fin d’année BD, si « La vie me fait peur » peut aider à avoir moins peur d’elle, le contrat est rempli. Incontestablement, il l’est.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

 

One shot : La vie me fait peur 

 

Genre : Emotion

 

Scénario : Didier Tronchet 

 

D’après : Jean-Paul Dubois 

 

Dessins & Couleurs : Christian Durieux

 

Éditeur : Futuropolis

 

Nombre de pages : 80

 

Prix : 16 €

 

ISBN : 9782754829014

 



Publié le 15/11/2022.


Source : Boulevard BD


La puissance des ricochets.  Les contes des cœurs perdus 7 - Merlin

 

« - Merlin… Je sais !

- Tu sais quoi ?

- Si t’es dans la lune, c’est pas seulement à cause de ta maman… Il y a une fille là-dessous... »

 

 

 

 

 

 

 

 

                Josette, dite Chaussette, vient de mettre en rogne Merlin, l’ado, fils de ses voisins Esther et Pierre. S’il est dans les nuages, selon elle, c’est parce qu’il est amoureux. Ce n’est pas toujours facile, les premières amours. Surtout qu’en ce moment, sa maman est malade. Elle a un très sérieux problème de santé. Alors, pour changer les idées à Merlin et à son petit frère Perceval, Chaussette et Jeannot les amènent souvent en balade en forêt, pour une partie de pêche et quelques ricochets.

 

 

 

 

© Maurel, Clément – Delcourt

 

 

                Chaussette, Jeannot et Merlin sont trois contes des cœurs perdus indépendants, signés Loïc Clément, mais qui forment une trilogie fort émouvante. Le premier a été dessiné par Anne Montel, les deux suivants par Carole Maurel. Le premier raconte l’histoire de Chaussette et son corgi, une mamie du quartier, narrée par Merlin. Le troisième est consacré à Merlin par le prisme de Chaussette. L’adolescent se cherche, perturbé par la maladie de sa mère et vivant son premier flirt. Un clin d’œil à Totoro vient en décupler l’émotion. Ce conte moderne est de ces récits où il ne se passe rien mais il se dit tout, où la force des sentiments est décuplée. Loïc Clément explique la genèse de ce triptyque en postface et l’on y découvre qu’elle ne date pas d’hier.

 

 

 

 

© Maurel, Clément – Delcourt

 

 

                Carole Maurel dessine et peint cet album avec délicatesse. Les éclairages de mi-saisons apportent des impressions de chaleur doucereuse. Elle joue avec les yeux des personnages et les lunettes de ceux qui en ont pour traduire les sentiments d’incertitude, d’interrogation, de surprise, d’inquiétude ou d’amour et d’amitié des différents protagonistes. Aidée par les textes de son scénariste, Carole Maurel donne de la vie à la nature et transforme des ricochets en instants d’éternité. En quelques albums, choisissant ses scenarii avec cohérence, Carole Maurel est devenue l’une des dessinatrices majeures du moment.

 

 

 

 

© Maurel, Clément – Delcourt

 

 

                « L’avantage avec les problèmes, c’est qu’ils ont toujours une solution ! » dit Chaussette à Merlin. L’avantage avec les contes de Loïc Clément, c’est qu’ils aident à comprendre les peines et contribuent, de ce fait, à les soigner à défaut de pouvoir les guérir.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

Série : Les contes des cœurs perdus

 

Tome : 7 - Merlin

 

Genre : Histoire d’amour

 

Scénario : Loïc Clément

 

Librement inspiré d’une nouvelle de : Sabine Suchet

 

Dessins & Couleurs : Carole Maurel

 

Éditeur : Delcourt

 

Collection : Jeunesse

 

Nombre de pages : 40

 

Prix : 11,50 €

 

ISBN : 9782413038849

 



Publié le 09/11/2022.


Source : Boulevard BD


L’art, c’est toute une histoire.  La dernière aventure de Tintin et d’Hergé - L’Alph-Art ou l’art de l’inachevé

 

 « - Et cette œuvre-ci, qui est comme un raccourci de tout l’univers, depuis l’Alpha jusqu’à … Roméo… Fiat… Lancia… jusqu’à l’Oméga… Non, ça doit être une autre marque…

- C’est une œuvre d’art. Et une œuvre d’art ne sert à rien ! C’est ça l’art !

- Décidément, nous nageons dans l’art !... »

 

 

 

 

 

 

 

Si pour Bianca Castafiore, une œuvre d’art peut être un raccourci de tout l’univers, pour Haddock, une œuvre d’art ne sert à rien. On reconnaît bien là les sentiments très terre à terre du Capitaine. Pour un marin, c’est un comble. C’est Tintin qui a la meilleure analyse de la situation : « Nous nageons dans l’art ! ». Est-ce à dire que tout est art ? Et pourquoi pas après tout ?

 

 

 

 

© Benkemoun - Sépia

 

 

Lorsque Magritte sous-titre son tableau « La trahison des images » par un « Ceci n’est pas une pipe » alors que son tableau en représente une, il remet en question et interroge sur la perception que chacun peut avoir d’une œuvre. Ce n’est pas innocent si Nicole Benkemoun place une référence à la pipe de Magritte en regard de la page de titre de son livre. Ceci n’est pas une aventure de Tintin. Ceci n’est pas la vérité qu’il faut tirer de Tintin et l’Alph-Art, album inachevé de Hergé. Ceci n’est qu’une aventure de lecture, résultat du choc esthétique et émotif ressentie par l’autrice de cet essai à la lecture de l’album. L’art est subjectif. L’analyse de Nicole Benkemoun l’est. Est-ce à dire qu’elle est une faussaire, comme il y en a dans l’histoire ? Peut-être bien que oui. Mais comme elle le revendique presque, on lui pardonne aisément.

 

 

 

 

© Benkemoun - Sépia

 

 

Huit chapitres composent ce nouvel opus de la collection Zoom sur Hergé. Dans L’affaire Alph-Art, Benkemoun revient sur la création et la publication des deux versions de l’album : celle de 1986 d’abord, album double à la manipulation originale, deux cahiers mettant en regard les planches en l’état de crayonnés poussés ou de brouillons, telles qu’elles, laissées par Hergé, et les dialogues dactylographiées, celle de 2004 ensuite, intégrant l’album au format classique des albums précédents.

L’art dans Tintin fait un détour par l’art sous toutes ses formes dans les aventures du reporter à la houppe. On y découvre comment des œuvres célèbres ont inspiré Hergé, comme par exemple la vague d’Hokusaï pour une scène des Cigares du Pharaon. L’autrice met également en avant la mythique exposition Le musée imaginaire de Tintin qui s’est tenue en 1979 pour les 50 ans du héros.

L’Alph-Art, qu’est-ce que c’est que ça ? Dans ce chapitre, Nicole Benkemoun nous fait pénétrer au cœur de l’œuvre par le prisme d’Hergé lui-même grâce à un entretien accordé par le maître à Benoît Peeters. Hergé savait que ce serait son dernier album. Il tenait donc à le consacrer à sa passion : l’art. On y découvre tous les goûts de Hergé en la matière.

 

 

 

 

© Benkemoun - Sépia

 

 

Procès de l’art questionne sur les faussaires et mystifications. Certains découvriront que le personnage de Endaddine Akass a été inspiré par Fernand Legros, l’un des plus grands faussaires du marché de l’art du XXème siècle.

H comme… H comme la lettre que tient Tintin dans ses mains sur la couverture de l’album de 1986, mais H comme beaucoup d’autres choses. On le découvre dans ce chapitre fort original, la petite pépite du livre. On y apprend que Hergé avait imaginé des couvertures expérimentales pour L’affaire Tournesol et pour Tintin au Tibet, mais qu’elles ont été refusées.

Art en procès capte les instants de création à partir du manuscrit d’Hergé. Petite curiosité avec la référence à l’entarteur belge Georges le Gloupier, le justicier pâtissier qui envoie des tartes à la crème à la figure des pompeux cornichons. Le paragraphe La tentation de l’achevé montre comment des dessinateurs, Yves Rodier en tête, ont publié sous le manteau leur version achevée de l’album. (Sous le manteau mais on en trouve aisément dans des festivals de bande dessinée aussi prestigieux qu’Angoulême)

Retour et rupture puis Tombeau de Tintin clôturent l’essai avec un retour aux origines avant de quitter la scène.

 

Vous l’aurez compris, Zoom sur Hergé propose encore une fois un ouvrage passionné et passionnant sur l’œuvre de cet artiste immense. On ne saura jamais si Tintin finira en expansion de César, mais en tous cas le livre de Nicole Benkemoun finira en bonne place sur les étagères des tintinophiles c’est sûr, mais des amateurs d’art de tout poil aussi. Et après l’avoir lu, il n’y a plus qu’une chose à faire. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

One shot : La dernière aventure de Tintin et d’Hergé - L’Alph-Art ou l’art de l’inachevé 

 

Genre : Analyse d’œuvre

 

Auteur : Nicole Benkemoun

 

Éditeur : Sépia

 

Collection : Zoom sur Hergé

 

Nombre de pages : 272 

 

Prix : 20 €

 

ISBN : 9791033405320

 



Publié le 28/10/2022.


Source : Boulevard BD


Visages cachés, pouvoirs révélés.  Masques 1 - Le masque sans visage

 

« - Une livraison ? A cette heure-ci ?

- Oui, mais c’est personnel, Tonio !

- C’est quoi ? C’est quoi ?

- Ça, Jorge, c’est notre retraite assurée. »

 

 

 

 

 

 

 

                2 Novembre. La fête des morts bat son plein dans les quartiers populaires de Veracruz. Hector et Jorge, deux ados qui travaillent dans un restaurant familial, se voient confier des caisses par de louches individus qui leur demandent de les cacher jusqu’au soir. La tentation est trop grande. Les deux frères en ouvrent une et découvrent des masques. La tentation est trop grande d’en essayer un. Pendant ce temps, en France, Siera, brillante lycéenne originaire du Burbuto, reçoit un colis venant de son pays avec ce mot : « On n’échappe pas à sa famille. ». A l’intérieur, un masque. Également le même jour, en Belgique, Al rentre à son domicile en skate après avoir joué au Yamakasi et retrouvé sa copine dans un fast food. Son père, collectionneur de masques, s’inquiète de la disparition d’un chargement… à Veracruz.

 

 

 

 

© Jurion, Kid Toussaint - Le Lombard

 

 

                « Le but premier d’un masque ? Travestir la réalité ? Les masques n’ont pas été faits pour aider leurs porteurs mais pour sauver l’humanité d’un quelconque grand mal, grand mal dont les masques peuvent être d’ailleurs responsables. » JS, le père de Al, n’est pas un simple collectionneur. Il en est non seulement expert, mais, sans être un démiurge, connaît parfaitement les lois qui les régissent. Il connaît tous les masques ancestraux et leurs origines. Ils ont été taillés dans l’armure, la chair et les os d’un ancien dieu mort sur Terre. Chacun a son pouvoir magique. Celui d’Al lui donne une apparence et une force herculéenne. Celui de Siera la rend invisible. Celui d’Hector, d’origine aztèque, est maléfique.

 

 

 

 

© Jurion, Kid Toussaint - Le Lombard

 

 

                Kid Toussaint et Joël Jurion lancent une nouvelle série à la frontière entre les tourments adolescents de Elles et l’action et le dynamisme de Klaw. Avec Masques, ils inventent une nouvelle mythologie à la Marvel faisant des adolescents des super-héros profitant de leurs pouvoirs ou les subissant. Le genre, le manichéisme entre le bien et le mal, ainsi que l’universalité des origines sont au cœur de l’aventure. Pour parfaire le tout, les auteurs n’oublient pas la petite touche d’humour grâce à Gunawan.

 

 

 

 

© Jurion, Kid Toussaint - Le Lombard

 

 

                Savoir aller chercher au fond de soi, voilà ce que peuvent permettre de faire ces masques qui sont une clef pour chacun de ces adolescents qui cherchent leur personnalité, qui tentent de se construire dans un monde, le nôtre, de plus en plus énigmatique.              

Si elle est bien accompagnée par un travail éditorial soutenu, Masques s’annonce comme la nouvelle petite bombe du Lombard. La série a tout pour faire un carton.

 

                 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Série : Masques

 

Tomes : 1 - Le masque sans visage

 

Genre : Aventure 

 

Dessins : Joël Jurion  

 

Scénario : Kid Toussaint

 

Couleurs : Yoann Guillé 

 

Éditeur : Le Lombard

 

Nombre de pages : 88 

 

Prix : 12,45 €

 

ISBN : 9782808205795

 



Publié le 18/09/2022.


Source : Boulevard BD


La planète du singe.  Darwin’s incident 1

 

« - En êtes-vous vraiment sûr ?

- Il s’agit du rapport officiel de l’académie nationale des sciences. Le décryptage du séquençage de l’ADN et les dernières technologies d’analyse du génome le confirment. Ce nouveau-né est un hybride mi-humain mi-chimpanzé. C’est un humanzee. »

 

 

 

 

 

 

Charlie est un humanzee, un être hybride né d’un humain et d’une femelle chimpanzé dans un institut de recherche biologique. Elevé par un couple de scientifiques humains depuis quinze ans, il va aujourd’hui rentrer au lycée. Entre une intégration parmi des adolescents pas toujours bienveillants et un groupe de véganes extrémistes qui voient en lui une icône, Charlie va devoir trouver sa place dans une société formatée pour une soi-disant normalité.

 

 

 

 

© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.

 

 

On parle souvent de bestialité pour dénoncer des comportements humains violents. Cette histoire démontre que la cruauté humaine est bien plus profonde et que l’on ferait mieux d’attribuer l’adjectif « humanité » à des animaux dangereux. On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre Charlie et César, de la planète des singes. Mais là où, dans la dernière trilogie cinématographique de La planète des singes, César s’affiche en opposant aux humains, Charlie est, pour l’instant du moins, dans une posture d’observation. Le jeune humanzee n’aspire qu’à vivre sa vie d’adolescent. Mais gare à qui s’attaquerait à ceux qu’il aime. Ses capacités animales prendraient rapidement le dessus.

 

 

 

 

© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.

 

 

Shun Umezawa signe un manga engagé, engagé contre les dérives scientifiques, mais aussi engagé contre la dictature du véganisme. Le prénom de la lycéenne qui se liera d’amitié avec Charlie n’est pas anodin. Elle s’appelle Lucy, comme le plus vieux squelette d’hominidé découvert par Yves Coppens. La boucle entre l’homme et le singe est ainsi bouclée.

Dans sa bonté, Charlie est redoutable. Plus fort qu’un chimpanzé et plus intelligent qu’un humain, il est avant tout une victime de sa condition particulière. Comment Umezawa le fera-t-il « évoluer » ? La façon dont il orientera la série pourrait en faire une série majeure.

 

 

 

 

© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.

 

 

« Le courant de la conscience s’étend des humains opprimés à tous les animaux, conduisant à de formidables réponses sur l’évolution. » Cette phrase de Charles Darwin prend une toute autre dimension dans cet « incident » qui est l’un des événements manga de l’année. Le grand prix reçu au Manga Taisho Award 2022 est plus que justifié.

 

 

  

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

 

Série : Darwin’s incident

 

Tome : 1

 

Genre : Anticipation 

 

Scénario & Dessins : Shun Umezawa 

 

Éditeur : Kana

 

Collection : Big Kana

 

Nombre de pages : 192 

 

Prix : 7,45 €

 

ISBN : 978237287

  

 

 



Publié le 03/09/2022.


Source : Bd-best


Espagne Ă©ternelle.  Soledad

 

« - Soledad… enfin ! Rien n’a changé ! Non, rien n’avait changé… et pourtant cala faisait quinze ans que je n’atais pas revenu à Soledad. Seule la maison de mes parents paraissait être plus en ruine que les autres… Mais comme elle me semblait belle !... C’était mon enfance, cette maison abandonnée, des tas de souvenirs qui me revenaient en cascade... »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Tito - Casterman

 

 

Une chaude après-midi d’été, dans une rue à demi-ombragée d’un village qui somnole, Carmen et Sarah discutent. L’une brode, l’autre l’écoute donner son avis sur tout. Un berger rentre son troupeau de brebis. Un homme est perclus de remords après un cauchemar. Un autre revient au village après des années d’absence. Il y a aussi cet instituteur qui, en pleine leçon de choses, reçoit la visite d’un inspecteur qui lui annonce de mauvaises nouvelles pour l’école.

 

 

 

 

 

© Tito - Casterman

 

 

En 1980, Tito nous faisait découvrir Soledad, petit village espagnol en Castille, aride et meurtri par la guerre civile. Contrairement à ce qui pourrait se faire sur  un tel sujet, ce n’est pas l’action qui est privilégiée mais les rapports entre les principaux protagonistes. On suit le déroulement des événements aux côtés d’un enfant, d’une grand-mère ou d’un témoin quelconque, fragile et impuissant face aux turpides des événements, et notamment après ce 30 août 1936, jour où l’armée nationaliste envahit et pille le village. La série est née dans le mythique mensuel (A suivre…) avant d’avoir été éditée en albums par Glénat, puis Casterman.

 

 

 

 

 

© Tito - Casterman

 

 

Il y a des héros, il y a de l’aventure. Il y a des super pouvoirs, il y a du sexe. Il y a des monstres, il y a des combats. D’autre part, il y a Tito. Rendu célèbre par la série politiquement dérangeante Jaunes, sur scénario de Jan Bucquoy, il s’est forgé en construisant deux séries sentimentales : Soledad (6 albums), puis Tendre Banlieue (20 albums). Tito raconte la vie, la vie vraie, dans un village espagnol avec Soledad, ou la grise ville avec Tendre Banlieue. A l’époque où ses séries étaient sur le devant de la scène, peu d’auteurs le faisaient. Au cinéma, il y avait Lelouch, souvent profondément ennuyeux. En bande dessinée, il y avait Lauzier réservé aux sexagénaires obsédés. Quand Tito raconte la vie, on ne peut qu’accrocher, non pas par son trait, agréable et propre mais extrêmement classique, voire trop réaliste, figeant certaines expressions, mais par ses qualités scénaristiques.

 

 

 

 

 

© Tito - Casterman

 

 

Arrêtons-nous un instant sur Tendre Banlieue, dont on espère un jour une intégrale. La série était plutôt destinée aux adolescents, les représentant dans leurs cités, sans fard ni paillettes, comme la vie que bien souvent ils mènent. Les sujets traités sont réels et durs s’il le faut : racisme, famille, école, amours,… Le meilleur épisode de la série est Le cadeau, exposant les relations entre une jeune fille et sa grand-mère.

 

De Tendre Banlieue à Soledad, Tito ce n’est que ça, mais c’est déjà tout ça, des ambiances avant tout. Ce sont les choses de la vie. L’intégrale de Soledad remet sur le devant de la scène une série discrète et majeure des années 80.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Soledad (Intégrale) 

 

Genre : Chroniques espagnoles

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Tito

 

Éditeur : Casterman

 

Nombre de pages : 304 

 

Prix : 25 €

 

ISBN : 9782203231368

 

 

 



Publié le 12/06/2022.


Source : Bd-best


1·2·3·4·5·6·7·8·9·10·11·12·13·14·15·16·17·18·19·20


©BD-Best v3.5 / 2024