Comment choisir 10 albums sur une année de lecture de plus de 300 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Voici donc, sans classement, la sélection des dix albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin.
One shot : Jamais
Genre : Chronique de la vie
Scénario, Dessins & Couleurs : Duhamel
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 54
Prix : 15,90 €
Une œuvre de mémoire émouvante aux larmes. Incontournable.
Irena 3- Varso-vie
Comme 2500 autres enfants juifs, Oliwka est une miraculée…parce que le destin l’a mise sur la route d’Irena Sendlerowa. Personnage exceptionnel de l’Histoire du monde, cette femme les exfiltra du ghetto de Varsovie au péril de sa vie pendant la seconde guerre mondiale.
Depuis trois tomes, les auteurs nous racontent la vie d’Irena. On va la suivre ici de 1944 à nos jours. On souffrira avec elle dans les geôles nazies, on sera meurtris comme elle par les coups des bourreaux. Mais on apprendra aussi que la fin de la guerre ne coïncidera pas avec la fin des ennuis pour les juifs d’Europe de l’Est.
Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël écrivent une œuvre de mémoire qui émeut aux larmes. Toute l’horreur de la déportation est dépeinte avec une force percutante, enveloppée par le trait faussement enfantin de David Evrard. L’association donne un résultat parfait.
Les pots de confiture d’Irena Sendlerowa sont des fils d’Ariane qui donnent du goût à des vies dévastées qui auraient pu se terminer en tragédies, mais qui ont été sauvées par la grâce d’une femme d’exception.
Série : Irena
Tome : 3- Varso-vie
Genre : Drame historique
Scénario : Morvan & Tréfouël
Dessins : Evrard
Couleurs : Walter
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 72
Prix : 14,95 €
Entends-tu le vol noir du corbeau ?
L’homme gribouillé
Seule chez sa grand-mère Maud, Clara, la fille de Betty Couvreur travaillant dans l’édition, voit débarquer un étranger individu mi-homme, mi-corbeau. Cet homme, si tant est qu’il en soit un, s’appelle Max Corbeau. Mais quel est le secret de Maud ? Qui est cet être aux plumes noires ? Betty et Clara vont remonter aux sources d’un secret familial pour percer les mystères d’une malédiction qui semble s’abattre sur elles.
Serge Lehman signe un roman dessiné haletant, complexe et passionnant. Le découpage en chapitres offre de grandes envolées à cette histoire de 326 planches qui prend le temps de raconter, et pourtant sans longueur et sans temps mort. Ce personnage d’homme-gribouillé fonctionne étonnamment alors que le lecteur se demande sans cesse s’il est humain ou animal, s’il est vraiment réel ou s’il n’est qu’illusion. Lehman sème également le trouble dans cette histoire de femmes : qui est la véritable héroïne ? Alors que l’on pourrait penser que Betty est au cœur de l’énigme, c’est Maud qui en est le pivot. La jeune Clara n’est-elle pas la plus apte à dénouer le problème ?
Frederik Peeters réalise un album qui marquera un tournant dans sa carrière. Réalisé en niveau de gris, l’espace dont il dispose lui permet d’intégrer de belles grandes cases de décors, et de respirer entre des moments de grande tension et des scènes terrifiantes.
Après L’homme-gribouillé, vous ne regarderez plus les dessins d’enfants de la même façon.
One shot : L’homme gribouillé
Genre : Drame psychologique
Scénario : Lehman
Dessins : Peeters
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 330
Prix : 30 €
© Le Gall, Le Gall - Dupuis
Frank Le Gall retrouve son héros après une très (trop) longue absence
Théodore Poussin 13- Le dernier voyage de l’Amok
1934, à Singapour, Théodore Poussin constitue un équipage de marins afin de faire main basse sur le trésor du Capitaine Cabb. Ce dernier a chassé Poussin et ses compagnons de leur île. La vengeance est un plat qui se mange froid. A force de fréquenter des milieux interlopes, l’ancien comptable de Dunkerque n’a plus de scrupules. Il garde sa dignité mais n’hésite pas à mettre tout en œuvre pour arriver à ses fins, préférant parfois que ce soit les autres qui se salissent les mains à sa place.
Frank Le Gall retrouve Théodore Poussin après une très (trop) longue absence comme s’ils s’étaient quittés la veille. Le résultat est toujours aussi exotique. Ce dernier voyage, qui espérons-le ne sera pas le dernier, est la rencontre entre Jack London et Lewis Milestone, l’auteur de Fils du soleil et le réalisateur des Révoltés du Bounty et de L’inconnu de Las Vegas, ou bien entre Herman Melville et Bruce Boxleitner, l’auteur de Moby Dick ou de Taïpi et le héros de la série Frank, chasseur de fauves.
A l’heure où il faut aller tout de suite à l’essentiel, Théodore Poussin est une série qui prend encore son temps. Le Gall y développe ses talents de dialoguiste dans des scènes transitoires où les personnages font le point ou exposent leurs états d’âmes. Pour couronner le tout, un final sans concession assène un coup de poing aussi bien au lecteur qu’à Théodore Poussin.
Ce treizième album de Théodore Poussin aura été attendu pendant treize ans. Pourvu qu’on ne patiente pas quatorze ans pour lire le tome suivant.
Série : Théodore Poussin
Tome : 13- Le dernier voyage de l’Amok
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Frank Le Gall
Couleurs : Robin Le Gall
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 64
Prix : 14,50 €
© Tsutsumi, Kondo – Grafiteen
Attention, bijou.
Le veilleur des brumes 1
Dans le petit moulin posé sur le barrage, Pierre s’active. Il astique les rouages et vérifie les mécanismes. Le moulin doit être en action à chaque fois que la brume noire s’approche du village. Son rôle est de l’éloigner, pour ainsi faire fuir la mort.
Pierre est un petit cochon qui va à l’école. Mais depuis que son papa est mort, le poids de la responsabilité du moulin lui incombe. Pierre voudrait bien que la jolie renarde Roxane le regarde, mais le grand Roland, l’hippopotame, le dur de la classe, s’immisce entre eux. Et le jour où le moulin va se casser, il va bien falloir se serrer les coudes.
Le scénario de Kondo est tendre et émouvant. De réflexion sur la mort et le deuil, l’histoire se transforme en une quête sur le sens de la vie. Comment la maman de Pierre est-elle morte ? Pourquoi son papa a-t-il mis fin à ses jours ? Qu’est-ce qui amène ce petit cochon à poursuivre l’action de son père, de manière totalement désintéressée ?
Tsutsumi calque son dessin sur celui du dessin animé dont est tiré l’album. Son trait peinture est somptueux. Les personnages animaliers sont adorables. La figuration de la brume est terrorisante.
Première partie d’un diptyque, passage de l’enfance à l’adolescence, ce veilleur des brumes est un bâton, un témoin solide permettant au jeune lecteur de faire la transition et à l’adulte de revenir sur cette mutation.
Série : Le veilleur des brumes
Tome : 1
Genre : Aventure fantastique animalière
Scénario : Kondo
Dessins & Couleurs : Tsutsumi
Éditeur : Grafiteen
Nombre de pages : 180
Prix : 16,50 €
© Petrimaux - Glénat
L’humour des frères Cohen et la violence de Tarantino réunis car…
Il faut flinguer Ramirez – Acte 1
Salle d’interrogatoire de Falcon City, Arizona, Octobre 1987. Il y a eu un gros problème à l’entreprise d’aspirateurs Robotop. Un certain Jacques Ramirez est recherché. Ses collègues sont abasourdis. Qui se cache derrière ce monsieur si tranquille ? Personne ne répare un aspirateur comme lui.
Muet comme une tombe, l’homme terrifie les plus féroces truands qui le reconnaissent. Avec sa tâche recouvrant le milieu de son visage et ses moustaches bien garnies, Madre de dios, gare aux règlements de comptes.
Doux comme un agneau, considéré comme un traître par la pègre locale, ce ne sont pas deux ou trois gars qui réussiront à le ramener au parrain.
Blanc comme neige, que cache le passé de ce modeste employé ?
Le scénario haletant, déjanté, drôle et cruel ne laisse pas place aux longueurs. Aussi passionnant qu’une bonne série télévisée moderne au charme vintage, le concept est poussé jusqu’aux intermèdes publicitaires. L’humour des frères Cohen est lié à la violence de Tarantino pour une histoire sans faille.
Du chapitrage au générique de fin en passant par l’intégration des noms de lieux aux décors dans un effet relief, Nicolas Petrimaux profite de l’avantage que donne la BD par rapport au cinéma et s’en amuse : être seul aux commandes d’un blockbuster qui demanderait 500 ou 1000 personnes pour le grand écran.
Cette chasse au Ramirez n’a pas fini de faire parler d’elle.
Série : Il faut flinguer Ramirez
Titre : Acte 1
Genre : Polar
Scénario, Dessins & Couleurs : Petrimaux
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 144
Prix : 19,95 €
© Headline, Semerano, Cerise - Dupuis
Une « autre » bande dessinée, déclaration d’amour à un « autre » cinéma.
Midi-Minuit
Hiver 1998 : François et Christophe, dit Godzy sortent d’une projection à la cinémathèque des boulevards parisiens. Ils viennent d’assister à Des vierges pour le bourreau et Le monstre au masque, deux films de seconde zone italiens. L’espace de quelques heures, le temps s’est effacé, la magie a opéré.
Les deux jeunes cinéphiles vont partir en Italie pour y interviewer Marco Corvo, cinéaste mythique. Mais le réalisateur n’est pas homme facile. Il refuse de répondre aux questions des journalistes italiens qui ont pourri ses films pendant vingt ans. Alors, avoir décroché un entretien avec le maître, c’est un scoop à ne pas manquer. Ils vont tenter de découvrir pourquoi Corvo a brusquement tout arrêté en 1975. Attention, les consignes de la rencontre sont strictes : il faut lui proposer une pause si on voit qu’il fatigue, il ne faut pas lui parler de Luisa Diamanti et lorsqu’il dit que l’entretien est fini, il est fini.
Ajoutez des meurtres atroces, un journaliste italien, un flic déterminé et une gouvernante sexy : tous les ingrédients sont là pour transformer un reportage en polar mystérieux…comme au cinéma.
Doug Headline rend hommage au giallo, genre de films aux croisements du policier, de l’horreur et de l’érotisme.
Massimo Semerano a un trait proche de Moynot. Tel un réalisateur de cinéma, il s’efface discrètement derrière ses acteurs pour les mettre en valeur. Il réalise une bande dessinée en cinémascope, intégrant photos de films aux cases de son album. Le procédé donne une seule envie : aller voir les films dont on nous parle.
Fiction ou reportage ? Témoignage ou fantaisie ? BD sur le cinéma ou Cinéma dans une BD ? Midi-Minuit est un ovni. Midi-Minuit, déclaration d’amour à un « autre » cinéma, est « autre » chose qu’une simple bande dessinée.
One shot : Midi-Minuit
Genre : Polar cinéphile
Scénario : Headline
Dessins : Semerano
Couleurs : Cerise
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Nombre de pages : 176
Prix : 22 €
© Nury, Bonhomme - Dargaud
Grandeurs et misères d’une victime de la noblesse.
Charlotte impératrice 1 – La princesse et l’archiduc
Sur le papier, Charlotte impératrice avait tout pour être un énième récit ennuyeux de vie de nobles. Il n’en est rien. Les auteurs nous infligent la claque de la rentrée avec cette biographie romancée.
La princesse et l’archiduc est avant tout l’histoire d’un choix. Charlotte doit faire un choix. Promise à une couronne au Portugal, elle est courtisée par l’Archiduc Maximilien d’Autriche. La verve et le charisme du barbu vont sceller son destin.
On dit que l’argent ne fait pas le bonheur mais qu’il y contribue fortement. On dit que le pouvoir rend beau, attire et séduit. Mais quelle vie de rêve ! Méfiez-vous des apparences. Le plus beau vernis peut cacher des souffrances. Charlotte de Belgique va rapidement déchanter une fois qu’elle aura épousé Maximilien. Seul espoir, dans un château, même s’il n’est pas forcément fait de cartes, celles-ci sont fréquemment rebattues. En cela réside la dernière chance de Charlotte pour garder une place décisive sur l’échiquier.
Fabien Nury s’empare d’une destinée, il la romance et nous envoûte. On ne peut que ressentir de l’empathie, de la compassion et de la tendresse pour son héroïne. Héroïne pourrait paraître pour un mot galvaudé, mais il n’en est rien. Ce petit bout de femme n’est pas seule à mener le combat contre la fatalité d’un mariage qui ne respecte pas toutes ses promesses. En effet, elle possède un atout inestimable : une famille.
Mathieu Bonhomme est plus qu’un dessinateur. Impossible de ne pas être ému aux larmes en croisant le regard de Charlotte en proie au désarroi. Impossible de ne pas être absorbé par la magie de la cour en voyant arriver un carrosse tiré par des étalons blancs. Que dire des ailes du papillon Celastrina Argiolus dont le bleu est assorti aux yeux de la jeune femme. Bonhomme est le magicien des regards, des ambiances et des sentiments. En un mot, il est l’un des meilleurs dessinateurs de ligne claire réaliste de sa génération.
On peut donc aisément rajouter un vingt-huitième précepte aux principes de vie et règles pratiques que doit connaître et appliquer tout gentilhomme bien né : Lire Charlotte impératrice.
Série : Charlotte impératrice
Tome : 1 – La princesse et l’archiduc
Genre : Histoire
Scénario : Nury
Dessins : Bonhomme
Couleurs : Merlet
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 68
Prix : 16,95 €
© Rey, Kris, Galic – Futuropolis
Une guerre, y a pas mieux pour faire disparaître des gens.
Violette Morris, à abattre par tous les moyens 1- Première comparution
12 septembre 1945, département de l’Eure. Un charnier est découvert dans une ancienne mare. Lucie Blumenthal était avocate. Depuis la libération, elle a ouvert une « officine pour recherche de personnes disparues ». La voilà sur les traces de Violette Morris, qu’elle a côtoyé en pension. Mais leurs destins se sont séparés. Si l’une a choisi la justice, l’autre a servi pour la gestapo. Aujourd’hui, c’est un cadavre que découvre la privée.
Lucie n’a qu’un objectif en tête : découvrir ce qu’il s’est passé lorsque Violette Morris a pris la direction d’Evreux au volant de sa 15 CV Citroën en avril 1944.
L’histoire navigue entre les recherches « présentes » de Lucie et la vie de son opposée. Très jeune, Violette s’avère être une compétitrice dans l’âme. Colérique, elle ne supporte pas d’être devancée. Et lorsqu’une religieuse de sa pension lui fait une remarque qu’elle pense injuste, elle n’hésite pas à tenir face à elle des propos blasphématoires. L’enfant difficile va se transformer au fil des années en sportive déterminée, avant de basculer du côté obscur.
Le duo Kris/Galic se reforme pour raconter la vie de l’une des personnalités les plus complexes du XXème siècle. Ils ont choisi de partir d’une « fin » pour remonter aux sources du dossier. Le scenario propulse immédiatement le lecteur dans un questionnement, un besoin et une envie de comprendre : une leçon. Il n’y a pas un temps mort.
Javi Rey avait déjà signé une histoire de guerre napoléonienne en Espagne avec le diptyque Adelante dans la collection Secrets sur scénario du regretté Frank Giroud. Rey revient dans une histoire de guerre mais dans des lieux et sous une approche totalement différente. Dans les deux cas, il s’agit pourtant de destins qui sombrent.
Dans ce genre de récit sur des personnalités controversées, il ne faut pas tomber dans le sentimentalisme. Transformer un bourreau en quelqu’un de sympathique, tomber dans une sorte de syndrome de Stockholm, les auteurs évitent les pièges.
Série : Violette Morris, à abattre par tous les moyens
Tome : 1- Première comparution
Genre : Polar historique
Scénario : Kris & Galic
Dessins & Couleurs : Rey
Dossier historique : Bonnet
Éditeur : Futuropolis
Nombre de pages : 72
Prix : 16 €
© Meurisse, Merlet – Dargaud
Vivre, aimer, respirer, l’art de la nature, la nature de l’art.
Les grands espaces
Catherine Meurisse a grandi à la campagne. Ses parents ont choisi ce cadre pour les élever, sa sœur et elle. La campagne sera leur chance : 200 habitants, de nouveaux amis, des animaux et une ferme en ruine : leur nouvelle maison.
C’est ainsi que démarre une nouvelle vie, où les valeurs sont redéfinies, où deux petites filles ouvrent les yeux sur un monde nouveau.
Les gamines adoptent la campagne, l’apprivoisent et l’honorent. A la manière de Pierre Loti, elles créent un Musée où elles conservent tout ce qu’elles peuvent dénicher, jusqu’aux crottes des animaux. « Tant qu’on chie, on vit. », clame un agriculteur. Dans Le roman d’un enfant, Loti regrette plus tard d’avoir collectionné tant de trésors…puisque tout finit en cendres et aux vers, « à quoi bon » ? « Tout finit…ou tout commence ? » répond la Catherine enfant à sa sœur qui lui raconte cela.
Cette scène a un écho particulier après ce qu’il s’est passé le 7 janvier 2015. Pour la petite fille, la mort appartenait aux guerres 14-18 et 39-45.
L’album alterne entre futilité et gravité, entre amusement et dénonciation. Monsanto, les pesticides, le remembrement, les politiciens qui organisent des vins d’honneur pour mieux apprivoiser l’électeur de la cambrousse, tout de qui abîme, pollue ou désertifie la campagne en prend pour son grade.
La légèreté ne trouverait-elle pas sa source dans ces grands espaces ? « Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n’est pas moins de rêve, mais plus de rêve » dit Proust. Rêver, c’est devenir, mais c’est aussi se souvenir.
One shot : Les grands espaces
Genre : Chronique de vie
Scénario & Dessins : Meurisse
Couleurs : Merlet
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 92
Prix : 19,99 €
En choisir dix, c’est en laisser sur le carreau dix autres qui, à un cheveu près, auraient pu se trouver dans cette sélection. Si le Père Noël est généreux, il peut rajouter à la liste ci-dessus les albums suivants qui font partie des albums indispensables de l’année :
Un album poignant où l’innocence de l’enfance est plus forte que la guerre : Seule, par Lapière et Efa aux éditions Futuropolis.
Un one shot au cœur de la schizophrénie : Je suis un autre, par Rodolphe et Gnoni aux éditions Soleil.
Comment vivre sa mort quand on a brûlé sa vie : Essence, par Flao et Bertrand aux éditions Futuropolis.
Entre Jolies ténèbres et Bone : Brindille 1- Les chasseurs d’ombre, par Brrémaud et Bertolucci aux éditions Vents d’Ouest.
La mise en images d’un roman de 118 ans : Claudine à l’école, par Durbiano aux éditions Gallimard.
A la campagne, y’a toujours un truc à faire… Aimer la vie, aimer les gens : Mon voisin Raymond, par Troub’s aux éditions Futuropolis.
A mourir de rire, au propre comme au figuré : Mauvaises mines, par Munoz aux éditions Glénat.
Une souris à pas de loup sur un piano compose : Mausart, Par Smujda et Joor, aux éditions Delcourt.
Juste Célib’, juste happy ? : Didier, la cinquième roue du tracteur, par Ravard et Rabaté, aux éditions Futuropolis.
Prisonnier de son destin…malgré lui : Le voyage de Marcel Grob, par Collin et Goethals, aux éditions Futuropolis.
© Le Gall - Delcourt
D’aucuns trouveront qu’il en manque encore. On ne peut pas tout lire. Les hasards amènent à des découvertes. Si BD-Best ne vous a fait ouvrir qu’un seul album que vous n’auriez peut-être pas lu grâce à une chronique, on en est très heureux.
Laurent Lafourcade
« - En voilà, une bonne nouvelle ! Vous avez retrouvé le tableau que vous cherchiez ! Il n’y a plus qu’à aller voir ce restaurateur, pour qu’il vous le montre ?
- Ce n’est pas un endroit si simple à visiter…
- Question de sécurité ?
- Pas seulement… Le responsable du service, le professeur Charles de Montvalon… Durant mes études, j’ai suivi ses cours. Un homme sévère et hautain…qui ne cède jamais rien au sujet de la peinture.
- Je vois… Pas le genre d’homme qu’on va voir pour le prier de vous montrer une toile où se serait cachée autrefois la sœur d’un ami. »
© Matsumoto - Louvre-Futuropolis
Cécile cherche le tableau dans lequel a disparu Arrietta, la sœur du gardien Monsieur Marcel, alors qu’ils étaient enfants. Après enquête, elle découvre qu’il s’agit de l’œuvre issue de l’atelier d’Antoine Caron : Les funérailles de l’amour. Le tableau est en restauration et le patron du département n’est pas des plus commodes. Côté félidés, le petit chat flocon s’est lui aussi volatilisé : la boule de poils peut rentrer à l’intérieur des toiles.
Les chats du Louvre sont de merveilleux guides. Des jardins des tuileries au toits du palais, les félins mènent la danse. L’album oscille entre la vie de leur groupe et celle des humains. Quand ces bestioles se retrouvent seules, elles prennent une apparence humanoïde. Cela reste-t-il onirique ou bien les chats sont-ils comme ça lorsqu’on ne les voit pas ? Ils forment une communauté unie. Les délicates pattes de velours s’allient pour faire face à un chien, donnant une leçon de solidarité.
Tout le récit gravite autour des funérailles de l’amour. Cette œuvre est un tableau peint vers 1580 et attribué à Henri Lerambert, formé dans l’atelier d’Antoine Caron. Il représente une procession d’angelots emmenant un Cupidon vers son dernier voyage.
© Matsumoto - Louvre-Futuropolis
Le vieux gardien aux yeux clairs s’appelle Marcel. Tiens, comme le singe dans les livres illustrés pour la jeunesse d’Anthony Browne, premiers pas vers une sensibilisation à l’art.
Marcel le gardien est le vecteur invitant ici à découvrir l’art. Sa sœur est montée dans le char des Funérailles. Elle a chanté et dansé avec les anges. Un jour, elle voudrait que Marcel voie ça, lui aussi. Mais ce n’est pas que lui qu’elle réussira à embarquer. Grâce à elle, et à ces chats du Louvre, l’auteur nous embarque tous.
© Matsumoto - Louvre-Futuropolis
Le graphisme de Matsumoto n’est pas des plus élégants. Les chats humanisés, en particuliers, ne sont pas des plus réussis. Il n’empêche que le lecteur se voit malgré lui embarqué dans un récit qu’il ne peut pas lâcher, une fable fabuleuse, une poésie dessinée, comme Le Louvre les jours de fermeture.
Cet album laissant au final une bien agréable impression confirme l’adage édictant qu’une bande dessinée très bien dessinée ne sera sûrement pas relue tandis qu’une autre au dessin perfectible, hormis les belles vues plongeantes sur Le Louvre et ses abords, donnera le désir d’y revenir.
Flocon, petit Flocon… Toi qui sais les secrets, emmène-moi, je te suivrais…
Laurent Lafourcade
Série : Les chats du Louvre
Tome : Second tome
Genre : Onirisme culturel
Scénario & Dessins : Matsumoto
Éditeur : Louvre-Futuropolis
Nombre de pages : 216
Prix : 26 €
Une fois n'est pas coutume, nous vous présentons un splendide livre d'illustration ou plus précisément un Artbook signé Nicoletta Ceccoli. L'auteure spécialisée en cinéma d'animation en est ici à son troisième opus imprimé chez Soleil dans la collection Venusdea. Nicoletta Ceccoli a étudié à l'Institut d'Art d'Urbino, où elle a étudié l'illustration et la film d'animation. En 2006, elle a reçu la médaille d’argent de la Société des Illustrateurs (New York) et en 2001, le prix Andersen du meilleur illustrateur italien.
Ses lithographies mettent en scène des jeunes filles surnaturelles, fées, princesses au visage noble plongé dans un monde totalement surréaliste.
Résumé de l'éditeur : Récompensée par le Prix Andersen en 2001, ainsi que par la médaille d'argent de The Society of Illustrators en 2006, Nicoletta Ceccoli est une artiste dont le travail s'expose dans de prestigieuses galeries à l'international. Elle a, entre autres, réalisé l'illustration de couverture du Prédicateur de Camilla Camilla Läckberg, ainsi que le character-design du film d'animation La Mécanique du coeur, tiré du roman éponyme de Mathias Malzieu. Le travail de Nicoletta, qui mêle mélancolie et séduction, suscite d'intenses émotions et une irrésistible nostalgie. Ce beau livre s'ouvre comme autant de fenêtres sur le temps de l'innocence : friandises, animaux, jouets et contes. Offrez-vous un voyage incontournable au doux pays de l'enfance, entre rêve et cauchemar...
© Nicoletta Ceccoli - Soleil
L'univers de Nicoletta Ceccoli est reconnaissable entre milles. Son style est unique et fascinant. Elle y mélange les genres, tantôt doux et satiné, tantôt grave, cruels et sombres, tantôt mélancoliques. Un univers riche dédié aux contes de notre enfance mais qui paradoxalement ne leur est pas destiné. Les contrastes des personnages sont surprenants et la finesse du trait est un véritable délice pour les yeux.
© Nicoletta Ceccoli - Soleil
Quatre thèmes sont abordés. Candyland et ses friandises, Wild beauties ou comme son nom l'indique, se penche sur la beauté naturelle, Come play with me invite au jeu et le quatrième qui rend ses lettre de noblesses aux contes avec Tales from Wonderland. On ne se lasse pas d'admirer ses œuvres réunie dans les 120 pages d'un album à la couverture superbe.
© Nicoletta Ceccoli - Soleil
Si vous désirez vous plonger dans un voyage onirique, ce volume est fait pour vous. Subtilité et symboles ne sont pas en reste. Votre imaginaire sera titillé, vous ne regretterez pas le voyage. Vous serez servit en émotions, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Un des maître achat du moment, recommandé par la rédaction de BD Best.
Denis Pirlet
Par : © Nicoletta Ceccoli - Soleil
Genre: Fantastique
Éditeur: Soleil
Collection : Venusdea
Nbre de pages : 120
Prix: 29.95 € €
ISBN : 9782302064799
Janvier 1939. Sacha Guitry s’apprête à se marier pour la quatrième fois tout en préparant son prochain film : Ils étaient neuf célibataires. Élu à l’Académie Goncourt la même année, l’artiste connait une période bénie. Mais très vite, la guerre éclate et la France capitule. En traitement à Dax au moment de l’armistice, Guitry veut à tout prix remonter sur Paris pour « sauver la culture française »... Pour combattre les Nazis, il utilisera son art et son sens de la provocation légendaire. Mais entre le sous-texte antiallemand de ses pièces et les relations mondaines qu’il entretient avec l’occupant, Sacha joue à un jeu dangereux. Cette forme de connivence avec l’ennemi n’est pas du goût de tous. Et à la libération, beaucoup le lui reprocheront...
© Simsolo – Martinello Glénat
Deuxième partie de la biographie en bande dessinée consacrée à Sacha Guitry, « Le mal aimé » traite la période débutant juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes en 1939, nouvellement élu à l’académie Goncourt, Sacha Guitry vient de terminer le tournage du film « Ils étaient neuf célibataires ». Sur arrière-plan de mariage blanc, le film traite du racisme et de la xénophobie. Lorsque la guerre éclate, Guitry se trouve en cure thermale à Dax. La France s’écroule et les autorités allemandes souhaitent son retour à Paris.
© Simsolo – Martinello Glénat
Il accepte, mais présente des œuvres à la limite de la censure pouvant être interprétées à double sens. Face à la jalousie, il est dénoncé comme étant juif aux autorités de Vichy et va devoir prouver le contraire. Il refuse aussi de travailler pour la Continental allemande, prétextant un contrat signé antérieurement avec une compagnie française. Malgré tout, son nom figure sur la liste de Life des français pros allemands à assassiner. Le scénariste (Noël Simsolo) va parfaitement décrire cette période trouble concernant les années sombres. À la libération, inculpé pour « intelligence avec l'ennemi », il répliquera : « je crois, en effet, n'en avoir pas manqué ». Emprisonné, il sera libéré le 24 octobre 1944 obtenant trop tardivement en 1947 un non-lieu. Pour Sacha Guitry, les années 50 vont être une synthèse des deux décennies écoulées.
© Simsolo – Martinello Glénat
Il rédige plusieurs scénarios, la reconnaissance venant avec de grosses productions historiques (Si Versailles m’était conté, Napoléon, Si Paris nous était conté). Affaibli par la maladie, Sacha Guitry s’éteint le 24 juillet 1957 à Paris. Il repose au cimetière de Montmartre, auprès de sa dernière épouse Lana Marconi. Tout au long de sa vie, il a écrit 124 pièces et 36 films dont 17 adaptations de ses pièces. C’est la vie de cet artiste en avance sur son temps, amoureux des femmes et des mots qu’il pouvait associer afin d’en faire des phrases assassines mais tellement humoristiques que nous fait découvrir Noël Simsolo accompagné des dessins épurés de Paolo Martinello.
Haubruge Alain.
Série : Sacha Guitry
Tome : 2
Titre : Le Mal-aimé
Dessins : Paolo Martinello
Scénario : Noël Simsolo
Editeur : Glénat
Collection : Hors Collection
Genre : Autobiographie historique
Nombre de pages : 72
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782344017326
C'est l'histoire d'un jeune garçon qui se rêve un avenir meilleur et quitte l'Arabie Saoudite pour étudier l'anglais et l'informatique au Pakistan. Deux mois après son arrivée, c'est le 11 septembre 2001. Au mauvais endroit au mauvais moment, le jeune adolescent est vendu par les services secrets pakistanais aux Américains, au prétexte qu'il appartiendrait à Al-Qaïda. C'est une descente aux enfers qui le mène à Guantánamo, au camp X-Ray puis au camp Delta, où il va vitre la routine des tortures, des interrogatoires incessants et vains. Une histoire vraie.
© Tubiana / Franc Dargaud.
Été 2001, Mohammed El-Gorani, un jeune Saoudien de quatorze ans décide de quitter sa famille en Arabie Saoudite pour entreprendre des études de réparateur matériel informatique au Pakistan. Alors qu’il est présent depuis quelques jours, les attentats du 11 septembre 2001 contre les deux tours du WTC font à peu près trois mille victimes à New-York. Considéré comme une déclaration de guerre aux États-Unis, le gouvernement US va entreprendre une croisade contre le terrorisme international sur l’ensemble de la planète.
© Tubiana / Franc Dargaud.
Dans cette optique, plusieurs arrestations de masses eurent lieu dans différents pays orientaux. Les prisonniers furent envoyés sur la base militaire de Guantánamo, un camp de détention créé par les Etats-Unis sur l’île de Cuba. Cette particularité géographique (emplacement non soumis aux lois fédérales US) aura pour répercussion des comportements barbares (torture) utilisés par une nation se défendant d’être respectueuse des droits de l’homme.
Arrêté par les autorités Pakistanaises, Mohammed fut vendu au gouvernement américain contre la somme de 5000 $. Incarcéré dans différentes prisons dont Kandahar (Afghanistan), il sera transféré à Guantánamo où il restera prisonnier pendant près de huit ans. Ce sont les conditions de détention du jeune homme face à ses gardiens décrites dans ce livre.
© Tubiana / Franc Dargaud.
Le scénariste (Jérôme Tubiana) a rencontré à de nombreuses reprises Mohammed pour retranscrire cette histoire. Alexandre Franc (dessinateur) illustre en noir et blanc les mésaventures connues par Mohamed en alternant entre styles fictifs de l’histoire et documentaire.
© Tubiana / Franc Dargaud.
Le récit nous fait prendre conscience de l’horreur des moyens utilisés par les geôliers afin de faire avouer aux détenus de Guantánamo leur allégeance à Al-Qaïda. Sans s’intéresser à la culpabilité des prisonniers, il nous montre la solidarité commune entre détenus. Alors que l’on aurait pu croire que la libération de Mohamed les choses allait s’apaiser, ce dernier reste sous surveillance constante effectuée par les États-Unis. Il vit désormais caché avec sa famille. Aujourd’hui (janvier 18), Guantánamo reste ouverte pour une population de 41 détenus.
Nb : les lecteurs trouveront en fin d’ouvrage, une série de documents officiels ainsi que des détails sur la vie de Mohammed après sa libération de Guantánamo.
Haubruge Alain.
One Shot : Guantanamo Kid.
Scénario : Jérôme Tubiana.
Dessin : Alexandre Franc.
Genre : Histoire – Biographie.
Éditeur : Dargaud.
Nbre de pages : 172.
EAN : 9782205077681
Prix : 19.99 €
Lorsque Vichy était capitale française !
Le panorama de la société française des années 40 que dresse la série invite à suivre trois jeunes gens, deux garçons et une fille, que le destin a placé de façon violente face à des choix urgents et cruciaux pour leur futur. Alors qu’à Vichy on déplore le bellicisme des Anglais qui retarde la mise en œuvre des conditions d’armistice en vue de la victoire imminente de l’Allemagne d’Hitler, le père de Tanguy décide qu’il est temps de mettre à l’abri son fils, tout juste remis de sa blessure, et le fait muter dans les bureaux du Centre Départemental de la Mémoire. Mais ce n’est pas au goût de cet homme de terrain.
© Gloris, Garcia, Saint-Blancat – Soleil
22 juin 1940, forêt de Compiègne : une convention d’armistice est signée entre le représentant du gouvernement de Pétain et celui du troisième Reich mettant fin aux hostilités entre les deux pays. Celle-ci établit les conditions d’occupation par l’Allemagne de la France, divisant cette dernière en deux zones délimitée par une ligne de démarcation : une zone occupée par l’armée allemande et la zone dite « libre », l’empire Français restant sous l’autorité du maréchal. Le gouvernement de Pétain s’installe à Vichy, ville choisie pour son offre de nombreux complexes hôteliers et son nouveau centre de communications téléphonique.
© Gloris, Garcia, Saint-Blancat – Soleil
03 juillet 1940, rade nord-africaine de Mers el-Kébir: une escadre de la Royal-Navy se présente face à la base navale française remettant un ultimatum au vice-amiral d'escadre Gensoul, lui donnant le choix entre le ralliement au Royaume-Uni, un désarmement des navires dans un port de la Martinique ou un sabordage. Devant le refus de ce dernier, les bâtiments britanniques ouvrent le feu mettant plusieurs navires hors-service, tuant mille deux cents nonante sept marins français et en blessant trois cent cinquante. Pour les Britanniques, il fallait éviter que la flotte française tombe aux mains des nazis.
24 octobre 1940, gare de Montoire : de retour d’une entrevue avec le général Franco devant entrainer l’Espagne dans la guerre aux côtés des forces de l’axe, Adolf Hitler rencontre Pétain sur les quais de la gare de Montoire. Les deux hommes échangent une poignée de main. L’entrevue fit les gros titres de la presse française et fut le sujet d'un discours radiodiffusé du chef de l’État français le 30 octobre 1940 où Pétain engage personnellement et officiellement le régime de Vichy dans la collaboration.
C’est au travers de ces différents événements que l’on suit Tanguy Brettin d’Arçonet accompagné de son père dans le giron du gouvernement de Vichy. Ce dernier, grand défenseur de la politique prônée par le maréchal (Travail, famille, patrie), décide de mettre son fils à l’abri du conflit. Profitant de sa position, Tanguy s’emploie à dissimuler des armes et d’autres marchandises afin qu’elles ne tombent pas dans les mains allemandes.
© Gloris, Garcia, Saint-Blancat – Soleil
L’armistice signé, les luttes internes afin d’obtenir le pouvoir politique au sein du régime de Vichy vont se mettre en branle. Pierre Laval, le premier rapace, va tout tenter afin de soustraire le pouvoir à Pétain. C’est le début de la politique de collaboration avec les nazis et l’instauration des lois antisémites. Mandaté par le ministre de l’intérieur du gouvernement de Vichy, Tanguy procède à l’arrestation de Paul Reynaud, lui reprochant « sa responsabilité » de la défaite française (Pétain craignant qu’il quitte la France afin de rejoindre De Gaulle à Londres). Blasé, Tanguy obtient sa mutation en Syrie et participe à l’opération « Exporter » lors de la défense de Damas contre les forces françaises libres. Les combats cessent le 12 juillet 1941. Un armistice est signé entre les Alliés et les Vichystes le 14 juillet 1941, à Saint-Jean-d’Acre (Palestine). Le scénario signé par Thierry Gloris reste fidèle à la réalité. Les représentations réalisées par Manuel Garcia sont brutes mais audacieuses. En attente de la seconde saison afin de connaitre le devenir d’un Tanguy probablement fait prisonnier.
Haubruge Alain
« -Vous pensez réellement que le Maréchal Pétain pourra nous sortir de la tourmente ?
- Qui d’autre ? Il est le seul à pouvoir épargner à la population les tourments d’une occupation militaire. Il a très certainement un plan pour endormir les boches en attendant une revanche.
- Vous croyez les allemands si naïfs ? Jamais ils ne nous laisseront l’opportunité de nous relever.
- Mon fils ?! Pensez-vous être plus éclairé que le vainqueur de Verdun ? »
Tanguy Brettin d’Arçonet n’est pas du même avis que son père. Nous sommes en 1940. Va-t-il continuer à rester un pion aux mains de ses supérieurs ou s’affranchir pour devenir maître de son destin ? Entre un père obtus et une épouse qui ne sait que faire pour qu’il s’intéresse à elle, Tanguy pense que sa vie est un naufrage, mais il a des choses à accomplir. Il doit à la fois faire face et accompagner sa génération…française.
A travers le destin de Tanguy, Thierry Gloris raconte l’Histoire en mêlant les destins de personnages historiques avec ceux des véritables héros et salauds du quotidien. Sans didactisme, le malin scénariste explique comment le maréchal Pétain a mené la barque de la France en 1940, pensant prendre les bonnes décisions pour éviter qu’elle ne coule. Ses relations avec Pierre Laval sont au cœur de cette « Vichy-capitale ».
Manuel Garcia est un spécialiste du Comics. Il a travaillé sur Avengers, Justice Ligue, Star Wars. Il se trouve aussi à l’aise dans la BD historique, prenant en mains les personnages historiques Pétain, Laval et même l’ignoble Hitler, lui donnant dans une évanescence un regard noir comme les ténèbres.
Les couleurs de Cyril Saint-Blancat donnent une unité à cette série chorale aux deux dessinateurs et une dessinatrice. Ugo Pinson en donne une deuxième en signant les couvertures des deuxièmes parties de chacune des histoires : Ici Londres, Vichy-capitale et très prochainement Radio-Paris ment.
Intelligente et passionnante, Une génération française est une des séries qui redonne ses lettres de noblesse à la bande-dessinée historique.
Laurent Lafourcade
Série : Une génération française
Titre : 5 – Vichy-capitale
Collection : Quadrants
Genre : Drame historique
Scénario : Gloris
Dessins : Garcia
Couleurs : Saint-Blancat
Couverture : Pinson
Éditeur : Soleil
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782302068520
Le Guide de 14-18 en bande dessinée offre une découverte passionnante de l'histoire de la Première Guerre mondiale. En suivant le destin de Jean, Lucien et Joseph, trois frères précipités dans l'enfer de la Grande Guerre, vous serez plongés au coeur du conflit grâce à la bande dessinée.
De la mobilisation dans l'allégresse au désenchantement des premières défaites, des combats au corps à corps aux premiers gaz des tranchées, vous allez découvrir une histoire inoubliable ! Inoubliable, mais aussi débordante d'informations et d'anecdotes grâce aux documentaires richement illustrés qui complètent la bande dessinée. Ils vous emmènent dans les lieux de mémoire incontournables et sur les dernières traces encore visibles du conflit. Un guide unique pour comprendre et ne jamais oublier !
À quelques mois de la célébration du centenaire de l’armistice signé le 11 novembre 1918, les Éditions Petit à Petit nous proposent de se remémorer le déroulement de la Première Guerre mondiale. Après un premier volume consacré à la découverte de Paris en BD, ce livre entreprend une démarche historique et pédagogique auprès des lecteurs. Des premiers mois où les belligérants considéraient que le problème serait réglé rapidement, aux différents champs de bataille (la Marne, Verdun, le Chemin des Dames), l’auteur nous fait suivre le parcours de trois frères (Jean, Joseph et Lucien Rocaillon) engagés dans cette confrontation sanglante. Julien Monier illustre la vie de ces jeunes garçons partis « la fleur au fusil », rencontrant les affres des premières défaites, la dureté des combats au corps- à corps, sans oublier les mutineries de 1917.
© Chabaud, Monier - Petit à petit
Ces illustrations, déjà parues précédemment (La faucheuse des moissons trois tomes publiés chez Physalis), sont renforcées et soutenues par la présence de différents apports documentaires historiques disséminés au fur et à mesure de la lecture. Quinze chapitres distincts composent ce «Guide 14-18 en bande dessinée » apte à séduire un large public.
Frédéric Chabaud présente le côté dramatique de cette guerre ayant transformé de nombreux hommes en chair à canon. Son récit permet à chacun d’entrer dans la peau d’un de ces poilus, faisant revivre la grande boucherie et les conditions de vie épouvantables connues par ces hommes en gardant l’objectif qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais. Alors que dans le récit, Jean Rocaillon pensait tromper la grande faucheuse, celle-ci va le rejoindre à deux reprises, la première lors de son retour au village et la seconde afin qu’il puisse rejoindre l’ensemble de ses camarades tombés aux champs d’honneur.
© Chabaud, Monier - Petit à petit
NB : plus de 70 lieux de mémoire situés en France et en Belgique sont abordés dans le guide: le fort de Condé à Chivres-Val (02), le château de Blérancourt (02), le musée de la Mémoire 1914-1918 à Belleau (02), le mémorial du Chemin des Dames à Cerny-en-Laonnois (02), la caverne du Dragon à Oulches-la-Vallée-Foulon (02), le domaine des Ayvelles à Villers-Seumeuse (08), le musée Guerre et Paix en Ardennes à Novion-Porcien (08), le musée du 34e régiment d’ infanterie à Mont-de-Morsant (40), le mémorial de Dormans (51), le camp de la vallée Moreau à Vienne-le-Château (51), le musée du fort de la Pompelle à Puisieulx (51), le centre d'interprétation de Suippes (51), le mémorial de Verdun à Fleury-Devant-Douaumont (55), la citadelle souterraine à Verdun (55), l’ossuaire de Douaumont (55), la tranchée des baionnettes à Douaumont (55), le fort de Liouville à Apremont-la-Forêt (55), le fort de Douaumont (55), le mémorial musulman à Douaumont (55), le massif fortifié de Souville à Fleury-Devant-Douaumont (55), le cimetière américain de la Meuse à Romagne-Sous-Montfaucon (55), le musée de la Voie Sacrée à Souilly (55), le musée de l’Argonne à Varennes-en-Argonne (55), le fort de Vaux à Vaux-Devant-Damloup (55), le centre mondial de la Paix à Verdun (55), le musée de la bataille de Fromelles à Fromelles (59), la maison natale de Charles de Gaulle à Lille (59), le musée du Fort de Leveau à Feignies (59), le fort de Seclin à Seclin (59), le musée de l’ Armistice à Compiègne (60), le musée territoire 14-18 à Rethondes (60), le centre d’Histoire Guerre et Paix à Souchez (62), le musée Jean et Denise Letaille à Bullecourt (62), le musée Vivant 14-18 à Ablain-Saint-Nazaire (62), la carrière Wellington à Arras (62), le centre européen de la Paix à Souchez (62), le mémorial de Loos en Gohelle (62), la maison natale du Maréchal Foch à Tarbes (65), le musée du Maréchal Joffre à Rivesaltes (66), le fort de Mutzig à Dinshem-sur-Buche (67), le musée mémorial du linge à Orbey (68), le musée Serret à Saint Amarin (68), le musée du souvenir du combattant à Châlon-sur-Saône (71), le mémorial citoyen à Mâcon (71), le musée Clémenceau à Paris (75), le musée de l’Armée à Paris (75), le musée de la Grande Guerre du pays de Meaux (77), le musée Somme 1916 à Albert (80), la cité souterraine de Naours (80), l’historial de la Grande Guerre à Péronne (80), le musée Franco Australien à Villers-Bretonneux (80), le Delville Wood Mémorial Sud-Africain à Longueval (80), le centre d’ accueil et d’ interprétation à Thiepval (80), le P'tit train de la Haute Somme à Amiens (80), le musée Jean Jaurès à Castres (81), la maison de Georges Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard (85), le cimetière militaire français à Dinant (BE), la tour de l'Yser à Diksmuide (BE), le Mons mémorial muséum à Mons (BE), le Westfront Nieuwpoort Kustweg à Nieuwpoort (BE), le Plugstreet 14-18 Experience à Comines-Warneton (BE), le mémorial Museum Passchendaele à Zonnebeke (BE), le In Flanders Fields Museum à Ypres (BE), le musée du fort de Loncin (BE).
Haubruge Alain.
One shot : Le guide de 14-18 en bande dessinée.
Genre : Historique.
Scénario : Frédéric Chabaud.
Dessins : Julien Monier.
Éditeur : petit à petit.
Nombre de pages : 192.
Prix : 19,90 €
ISBN : 9791095670407.
Ouvrier dans une usine classée Seveso, le personnage principal témoigne de son sombre quotidien de travailleur. De ce témoignage inédit, le regard et le trait d’Efix font surgir la force du propos, aussi sombre soit-il ; l’énergie collective, la résistance face au mépris, les liens d’amitiés, ... l’humain malgré tout. Les portraits de tous ces hommes usés, les vivants et les morts, construisent aussi le récit de l’échappée possible et de l’espoir toujours battant.
2018 - Un peu plus de 10 ans après sa sortie, Original Watts réédite “Putain d’Usine” une bande dessinée d’Efix, adaptation du roman éponyme de Jean-Pierre Levaray. L’ouvrage d’origine est épuisé tandis que son propos lui, reste terriblement d’actualité. C’est pour que ce témoignage subsiste qu’Original Watts propose aujourd’hui de le rééditer. Cette bande dessinée documentaire est une grande première pour OW! qui intègre un genre nouveau dans ses collections avec ce témoignage intense, dur mais aussi nécessaire, inspirant et mobilisateur.
© JP Levaray, Efix - Original Watts
En janvier 2002 paraissait la première édition de Putain d’usine. Seize ans plus tard, le livre est toujours aussi représentatif vis-à-vis des différents thèmes qu’il aborde, présent régulièrement dans l’actualité sociale. J’y retrouve égrainé l’histoire de ma propre vie professionnelle. Entré dans cette grande multinationale américaine à l’âge de 20 ans, j’y ai vécu l’ensemble des situations abordées dans le livre. De la difficulté de s’extirper du lit à 5 h du matin pour partir dans le froid, la neige et le brouillard afin de rejoindre l’entreprise ; aux collègues que l’on voit partir dans les meilleurs cas en préretraites ou plus tragiquement fauché en pleine jeunesse soit par la maladie, les accidents, voir même leurs suicides.
© JP Levaray, Efix - Original Watts
Des changements de pause (l’après-midi et la nuit détruisant toute vie sociale et familiale) aux accidents mortels intervenants généralement au détriment d’intérimaires inexpérimentés envoyés sur des chantiers dangereux. Aussi connu, l’infernale augmentation des cadences de production, les grèves suite aux multiples plans de restructuration annoncés en conseil d’entreprise extraordinaire, certains amis travailleurs « pétants » un plomb suite à une accumulation de stress. Tout cela est repris dans ce livre écrit il y a presque deux décennies. Alors que l’on aurait pu croire que les conditions de travail se seraient améliorées, hélas il n’en est rien. Un jour, un petit monsieur venant des États-Unis a débarqué annonçant la décision de la maison mère de fermer l’entreprise, ce malgré les nombreux efforts effectués par l’ensemble du personnel afin de prouver la viabilité de l’outil.
En moins de quinze minutes, il a plongé dans le marasme l’ensemble d’une région déjà fortement défavorisée niveau emploi. Plus de six mille personnes se sont trouvées plongées dans l’incertitude du chômage. Niveaux politiques, après les larmes « électorales » de circonstances, ces derniers se sont comportés comme des charognards autour d’un cadavre. Empochant quarante pourcents de la prime de dédommagement moral versée aux travailleurs, nos braves représentants élus par le peuple n’ont même pas pris la peine de promulguer une loi « interdisant » les licenciements boursiers aux entreprises faisant de plantureux bénéfice.
© JP Levaray, Efix - Original Watts
Oui le livre est représentatif de ce qui se passe régulièrement dans nos régions Oui la rencontre J.P Levaray & Efix devait s’effectuer afin de nous laisser ce témoignage illustré de façon brutale mais tellement réaliste de ces hommes combattants une cause semblant être définitivement perdue. Une réédition de 1500 exemplaires effectuée par Original Watts qu’il ne faut absolument pas louper. Lecture à partir de 16 ans et plus.
Haubruge Alain
One shot : Putain d’usine.
Genre : Société - Vie sociale.
Scénario, Dessins & Couleurs : JP Levaray – Efix
Éditeur : Original Watts.
Nombre de pages : 144 pages 1500 exemplaires.
Prix : 23 €
ISBN : 9791093063331
Comment vit-on lorsqu'on est une femme belge sous l'occupation allemande ? C'est ce que vont apprendre Marcelle et Yvette, deux filles de La Louvière, au cours de ces longues années de guerre. Aux côtés de leurs frères et de leurs parents, elles grandiront jusqu'à devenir peu à peu des femmes soucieuses de préserver leur monde, des Louves prêtes à se battre pour vivre et à vivre pour être elles-mêmes.
Si la Seconde Guerre mondiale a laissé d'innombrables séquelles sur les corps des soldats, elle a aussi infligé son lot de tourments au coeur des femmes à l'arrière du front. Flore Balthazar dépeint le quotidien de ces femmes dans cette fresque hautement symbolique inspirée de l'histoire de ses proches. On tremble, on respire, on s'émeut avec elles : les Louves toujours continueront de hurler.
© Flore Balthazar - Dupuis
La Louvière, premier septembre 1939. Le peuple belge apprend via la radio l’envahissement de la Pologne par les troupes de la Wehrmacht. Deux septembre 1939, la France et le Royaume-Uni adressent un ultimatum à l’Allemagne afin de retirer ses troupes de Pologne. Trois septembre 1939, Hitler rejette l’ultimatum des alliés. Avec le jeu des alliances, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. La Belgique déclare sa neutralité pendant que le roi Léopold III assume personnellement le commandement des forces armées belges ; la mobilisation générale est déclarée, 650 000 hommes doivent rejoindre leurs unités.
© Flore Balthazar - Dupuis
C’est le départ de ce que l’on appelle la drôle de guerre qui se terminera le 10 mai 1940 avec l’envahissement de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg par les armées du troisième Reich. Dix-huit jours plus tard, Léopold III va signer la reddition des troupes belges sous son commandement. Désormais, la population belge va devoir vivre sous domination germanique.
© Flore Balthazar - Dupuis
Flore Balthazar nous présente l’histoire vécue par une famille Louvièroise sous l’occupation. Avec le regard porté par Marcelle et Yvette (deux jeunes filles passant de l’adolescence à l’âge adulte) sur les différents évènements quotidiens, l’auteure nous livre un témoignage précieux sur les difficultés rencontrées par nos grands-parents durant cette période noire. Une époque où les femmes vont se substituer aux taches masculines en remplaçant les hommes captifs. Elle nous délivre un devoir de mémoire ayant pour but de ne jamais oublier le prix payé par nos ancêtres afin que nous puissions vivre à l’heure actuelle dans une société où chacun est libre d’exprimer son opinion.
Pour rappel, en Belgique ce n’est qu’en 1948 que les femmes obtiendront le droit de vote étant enfin reconnues et considérées sur le même pied d’égalité par rapport aux hommes. En résumé, une BD historique à faire découvrir aux plus jeunes; remémorant de lointains souvenirs aux plus anciens d’entre nous.
Alain Haubruge
Titre : Les Louves
Scénario, dessins et couleurs : Flore Balthazar
Histoire complète
Genre : Historique
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Age du lectorat : 12+
Pages : 200 en couleurs
ISBN: 9782800167787
PVP : 18.00 €
Avant de découvrir le tome 2 dont la sortie est prévue chez Urban Comics le 13 avril prochain, revenons sur le premier opus et ses origines secrètes.
Arrachés à leur univers de super-héros par une crise multidimensionnelle, les champions oubliés de Spiral City vivent désormais telle une famille dysfonctionnelle, prisonniers du quotidien paisible d'une petite bourgade américaine.
© Jeff Lemire, Dean Ormston, Dave Stewart - Urban Comics
Écrit par Jeff Lemire, auteur de comics canadien primé de nombreuses fois et non des moindres avec un prix Eisner pour la série que nous évoquons ici, Black hammer prend une place de plus en plus grande dans l'esprit des lecteurs du genre. Cette histoire est une ode de l'auteur aux super-héros, étonnement bien ficelé. Elle nous relate les tribulations de quelques justiciers qui après une retraite campagnarde suite à un dernier combat face à un ennemi redoutable, se voient une dizaine d'années plus tard, contraint de ne pas franchir certaines limites. C'est qu'il ne faut pas susciter la curiosité ou éveiller les soupçons.
© Jeff Lemire, Dean Ormston, Dave Stewart - Urban Comics
Dix ans qu'Abraham Slam s'occupe de sa ferme. Il est devenu vieux accompagné de sa petite fille, Gail, l'extra-terrestre Barbalien prenant l'apparence d'un fils pour lui, tout cela formant une petite famille des plus classique pour les humains qui les entourent. Les autres essayant de s'accommoder à leur façons du à leurs apparence difficilement modifiable (Colonel Weird). Cette quiétude ne durera pas, bien évidement et le retour des grandes menaces ne se fera pas attendre très longtemps.
Le scénariste la joue fine et ne nous verse pas de combat bourrins à outrance mais se focalise plutôt sur les personnages, leur cloisonnement dans des fonctions qui sont contre-nature pour eux. C'est ce côté qu'il nous invite à découvrir, les liens qui unissent ces super-héros. Dean Ormston, dessinateur d'autres séries telle que Judge Dredd, Fairest ou encore Sandman offre un graphisme délicieux, jouant à la perfection avec les contrastes et les ombrages. le tout accompagné des couleurs de Dave Stewart qui sublime chaque case avec maestria. Black Hammer est une série très prometteuse, s'agrémentant d'hommage, de sensibilité et d'originalité.
Damien Caste
Série : Black Hammer
Tome : 1
Scénario : Jeff Lemire
Dessin : Dean Ormston
Couleurs : Dave Stewart
Genre : Science-fiction, Super-héros
Éditeur : Urban Comics
Nbre de pages : 200
Prix : 17.50 €
ISBN : 9791026811886
©BD-Best v3.5 / 2024 |