Polar : la gâchette, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !
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Polar : la gâchette, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !

Peu de temps après la parution du premier tome de Furious  en français, qui renouvelait pas mal la figure de super-héroïne au coeur de la violence, son dessinateur Victor Santos revenait dans une aventure solitaire qui ravive la flamme d’un polar aujourd’hui disparu (à peu de choses près) mais qui n’a rien perdu de sa candeur et de sa vigueur et qui ne s’est sans doute jamais aussi bien prêté à la force graphique d’un auteur comme Santos.



 

 

 

 

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Résumé de l’éditeur: Tuer ou être tué ? Telle est la question. Black Kaiser a la réponse. Sorti de force de sa retraite, le plus grand espion de la planète – l’ex-agent connu sous le nom de « Black Kaiser » – est à présent menacé de mort. Dans un affrontement sans merci contre son ancien employeur, l’agence « Damoclès », Black Kaiser va devoir faire face à un expert de la torture psychotique ou à une tueuse rousse aussi belle que fatale. Sa mission ne s’achèvera que s’il meurt ou s’il tue tous ceux qui se mettront en travers de son chemin… et mourir n’est pas dans ses habitudes.

 

 

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Il pensait être tranquille, retraité au calme, il n’en a jamais été aussi peu question pourtant. Black Kaiser est recherché, mis à prix, plutôt mort que vif. Et derrière ce contrat qui motive et met sur sa piste des dizaines d’hommes surentraînés; il n’y a rien d’autre que Damoclès, l’une des nombreuses anciennes agences de Black Kaiser. Et Damoclès n’est pas du genre à retenir son épée tranchante longtemps au-dessus de la tête de ses victimes.

 

 

 

©Santos chez Glénat Comics

 

 

©Santos chez Glénat Comics

 

Sauf que cette fois, l’adversaire est coriace. Et si on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, le papy flingueur qu’est Black Kaiser n’a pas oublié comment on faisait jouer la gâchette. C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, et en roue libre, Black Kaiser est encore meilleur tireur et assassin. Et quand on doit se méfier de tout, des corps qu’on enlace, des pin-ups vénéneuse en passant par les intrus de dernière minute et toujours bien armés, c’est sans doute le meilleur des atouts. Mais cela suffira-t-il à garder Black Kaiser en vie?

 

 

 

©Santos chez Glénat Comics

 

 

©Santos chez Glénat Comics

 

Véritable et hallucinante plongée dans l’univers du polar hard-boiled, brut et incisif, le récit de Victor Santos se vit comme une aventure graphique fulgurante qui ressuscite tous les crédos d’un genre qui a (plus que) bien vécu mais dont on peine à trouver des héritiers aujourd’hui (peut-être dans Sin City, tant dans le cinéma, que la bande dessinée. Cela ne fait bien sûr que renforcer le plaisir de lecture de Polar. Et s’il joue sur du velours, ce récit presque muet se transcende dans ce que Santos en fait graphiquement, en noir et blanc majoritaire mais avec de judicieuses couleurs. On pense d’abord aux affiches, celles des grands films noirs des années 60; des Tontons Flingueurs aux films de gangsters avec Bogart (comme le Faucon Maltais), et on en passe, beaucoup.
Hommage à Alain Delon et au Samouraï ©Santos

Mais l’inventivité ne s’arrête pas là, elle y débute. Poussée sur un format à l’italienne, elle ne fait que gagner en envergure dans de grands tableaux souvent ultra-violents. On se ballade pas très loin de Franck Miller ou de Mignola, on voit au loin la ligne claire d’un Chaland et on s’attend à voir se pointer la caméra de Tarantino qui donnerait des conseils à Santos pour faire gicler le sang. Car en effet, il gicle en gerbes noires, et c’en est jouissif. Si la trame du récit se résume en une ligne, l’intérêt n’est évidemment pas là mais dans la fulgurance du trait du dessinateur survolté, dans sa rapidité, son efficacité à entraîner ce Black Kaiser, cet agent outdated, dans une course-contre-la-montre infernale.

 

 

 

 

 

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©Santos

 

On regrette cependant le choix du dessinateur d’ « encaser » moult petits détails au fil des pages, alors que le format à l’italienne ne leur fait pas hommage et les rend difficilement visibles. Pour le reste, Polar a tout ce qu’il faut là où il faut pour devenir un classique, magnétique, désespéré et totalement enivrant de violence. Bon allez, dans cet hiver de la vengeance, on se rassure: comme nous, le public n’est pas resté de glace, Glénat Comics se prépare à publier le deuxième tome « Oeil pour oeil » du Black Kaiser en janvier (preview en fin d’article) et Victor Santos a bouclé sa trilogie, aux States, par un volume 3 « No mercy for sister Anna » qui nous fait déjà saliver.

 

Alexis Seny

 

Titre : Polar – Venu du froid

Scénario, dessin et couleurs : Victor Santos

Traduction :
Jérôme Wicky

Genre: Polar, Action

Éditeur VO :
 Dark Horse Comics

Éditeur VF :
Glénat Comics

Nbre de pages :
 176p.

Prix: 15,95€



Publié le 02/12/2016.


Source : Bd-best

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