« - Dites, M’sieur Hochet ! Venez donc vous réchauffer autre chose que les yeux ! »
« - Vous me connaissez ? »
« - Qui ne connaît pas Ric Hochet, le grand spécialiste des enquêtes criminelles ? Je vous ai vu l’autre soir à la télévision dans l’émission du père Zitrone. (…) »
« - Avez-vous eu vent du regrettable ennui de santé arrivé à un promeneur, ce matin ? »
Trois infarctus en une semaine, plus qu’une épidémie, ça semble louche au jardin du Luxembourg. Des hommes tombent sous le baiser d’une mystérieuse dame en rouge. Mais quand Ric Hochet va s’apercevoir que toutes les victimes ont un point commun, son enquête va prendre une autre tournure.
Zidrou signe une enquête intelligente, avec des dialogues dans la veine de ceux de Duchâteau. Il y insuffle une dose d’humour supplémentaire tout en restant parfaitement crédible comme dans la scène d’anthologie où Ric est confronté avec des suspectes au commissariat. Par ailleurs, avec le personnage de Nyctalope, on sent que Zidrou a envie de créer son Bourreau. Le reporter recroisera certainement sa route. Toujours ancrée dans les années 60, l’action se situant quelques mois après RIP, Ric !, le scénariste pose dans cette histoire les jalons de l’esprit soixante-huitard qui changera la face de la France quelques années plus tard. Les journalistes de L’enragé ne le contrediraient pas.
Van Liemt garde son style, même si parfois certains figurants viennent du Tibet, comme cette dame qui reconnaît Ric dans le théâtre de Guignol. Il dépeint un jardin du Luxembourg comme si on y était. Dieu qu’il a dû en baver pour arriver à un tel résultat. C’est magnifique.
On y décèle par ci par là quelques hommages : n’est-ce pas Véra de Scoubidou qui soigne Nadine après un accident de voiture ? Elle en a les habits. N’est-ce pas un cousin du patron de Peter Parker qui dirige La Rafale ? Il en a la dégaîne.
Le découpage n’est pas si classique que ça. Van Liemt alterne composition classiques, découpages dynamiques et même gaufriers. Chaque fois, le parti pris se justifie.
Sur de nombreuses couvertures de la série, Ric est en danger de mort. Ici, il est embrassé par une jolie jeune fille. Ça change… T’as qu’à croire !
On entendrait presque l’air de la chanson de Joe Dassin dans ce jardin du Luxembourg :
Le jardin du Luxembourg
Ça fait longtemps que je n´y étais pas venu
Il y a des enfants qui courent et des feuilles qui tombent
Il y a des étudiants qui rêvent qu´ils ont fini leurs études
Et des professeurs qui rêvent qu´ils les commencent
Il y a des amoureux qui remontent discrètement
Le tapis roux que l´automne a déroulé devant eux
(…)
Encore un jour sans soleil
Encore un jour qui s´enfuit
Vers le sommeil, vers l´oubli
Une étincelle évanouie
Là où cet enfant passe, je suis passé
Il suit un peu la trace que j´ai laissée
Mes bateaux jouent encore sur le bassin
Si les années sont mortes
Les souvenirs se portent bien
La renaissance de Ric Hochet, avec de deuxième album, confirme l’intérêt de son retour. Les auteurs prouvent que la bande dessinée classique peut encore produire d’excellents albums.
Laurent Lafourcade
Série : Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet
Tomes : 2 - Meurtres dans un jardin français
Genre : Policier
Scénario : Zidrou
Dessins : Van Liemt
Couleurs : Cerminaro
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 12 €
ISBN : 9782803636891
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