Rencontre avec Dany (2/2): « Mes gags coquins, machos? Que du contraire, les hommes y sont ridicules! »
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Rencontre avec Dany (2/2): « Mes gags coquins, machos? Que du contraire, les hommes y sont ridicules! »

Après avoir abordé son actualité toute récente dans la première partie de notre interview, nous continuons à voyager dans le temps (comme Ludivine, sa dernière création ensorcelante) avec ce monstre sacré de la BD qu’est Dany. Il est temps de parler d’un célèbre groom bien connu du monde franco-belge (avec, en plus, on a de la chance, des images postées il y a quelques heures sur Sequence BD). 

Dans un autre exercice de style, vous êtes en train de créer votre Spirou avec Yann!

Ce n’est pas évident, l’ombre de Franquin est juchée sur mon épaule et j’ai beaucoup de difficultés à m’en détacher. Alors que Dupuis veut que ce soit un Spirou identifiable comme étant celui de Dany. C’est moins facile que ce que j’aurais cru. Ça me pousse à travailler, à me dépasser et c’en est passionnant. Ça m’empêche de ronronner. J’ai de l’admiration pour les collègues qui font le même personnage pendant 40 ans, mais je ne saurais pas. Il ne faut pas se lasser et lasser le lecteur. J’ai toujours essayé de faire des choses différentes, sinon je m’embête un peu. Et quand c’est le cas, quand on ne s’amuse pas, on n’abat pas le boulot.

 

 

 

 

Il faut renouveler son enthousiasme, changer d’univers, de style. De matériau aussi! La preuve, depuis quelque temps, je travaille en couleurs directes. Pour les Guerrières, Transylvania… Puis, je me sers de l’ordi, je scanne la planche colorisée et je la corrige avec Photoshop, et j’ajoute des contrastes, des effets, des lumières. Je n’en suis pas encore au stade où je refais complètement une image à la palette graphique. Par contre, c’est vrai qu’il y a un plus. Certains effets prendraient des plombes à réussir tandis que Photoshop permet énormément de facilités. Il y des calques qui permettent même de passer d’une ambiance à une autre.

Il a fallu s’approprier ce nouvel outil.

Certains se sont lancés dedans avec jubilation. Comme Bernard Yslaire. Ou Mourier qui est passé en une planche de la conception habituelle à la palette graphique. Mais, lui, c’est un génie, à la fois du dessin et de l’informatique. Il invente même des outils!  Moi, j’y suis allé prudemment.

Parlons de votre Spirou avec Yann?

Je m’entends merveilleusement bien avec lui, comme Erroc. D’ailleurs, on déjeune très bien ensemble. On termine nos repas quand il n’y a plus personne au resto. On nous en donnerait presque les clés! Mais à côté de ça, on bosse bien aussi. On a les mêmes références, au cinéma, en BD, en littérature. On s’amuse à parler d’une chose et on se rend compte que l’autre connait et embraye. Ça donne des discussions passionnantes. Mais on se surprend aussi. Yann a de très bonne idées.

 

 

Ce qui devrait être la première demi-planche de ce futur Spirou vu par Yann et Dany

Ce sera un Spirou sur fond d’écologie mais aussi de ses dérives: les manipulations qui peuvent surgir sous prétexte de l’écologie. Vous ne serez pas étonné d’apprendre que Yann, en pensant à moi, donne un rôle important à Seccotine.

Justement, ces personnages, il faut les reconnaître tout en insufflant sa patte?

Ce n’est pas facile, j’ai ramé, même. Je crois que j’y arrive sans faire comme Marc Hardy qui a brûlé ses quinze premières planches. Moi, je me suis dit que tant pis si l’on sentait l’évolution du personnage au fil de l’histoire, je ne voulais pas tout recommencer. Bon, j’ai quand même recommencé cinq planches. Je n’ai pas encore Fantasio tout à fait en main mais ça vient et j’espère que le lecteur ne m’en voudra pas si le Fantasio de la page 30 n’est pas tout à fait identique à celui de la page 4. L’histoire devrait paraître en 2017. Du mois, la première partie…

 

 

Dany - Yann - Spirou - jokari_2

 

 

À l’occasion des 75 ans de Spirou, Dany et Yann avait déjà livré une histoire de deux planches. Spirou et Fantasio changeront-ils de style et de graphisme? Peut-être bien!

Vous parliez des fans, comment les concevez-vous?

Certains me suivent depuis très longtemps. Mais, il faut parfois se méfier un peu. En dédicaces, j’ai la chance d’avoir toujours un public nombreux. Et ces gens me montrent toute l’affection qu’ils ont autour de mon travail. Il ne faudrait pas s’imaginer qu’on en tire de son public le pouvoir d’exiger et d’imposer des choses à son éditeur. Même si on a 2000 fans, ce n’est pas suffisant. Il faut se méfier de l’enthousiasme et de l’affection qu’on vous porte. Il faut continuer de se battre pour convaincre le plus grand nombre. Mais, ça fait plaisir! Je ne m’en cache pas même si j’ai appris à faire la part des choses.

Ça s’apprend?

Oui, les gens qui sont acquis à votre cause dès le départ ne sont pas représentatifs des lecteurs. J’ai appris à m’en rendre compte. Puis, les réseaux sociaux ont remis un bon nombre de choses en place. En quelques secondes, on peut essuyer le déchaînement des critiques. Là aussi, il faut faire la part des choses. Il y aura toujours des frustrés qui déverseront leur bile. Mais c’est le cas pour tout le monde. Il faut vivre avec.

 

 

Dany - Interview - Guerrière de Troy

 

 

Les réseaux sociaux?

Je viens de créer, avec mon petit-fils [qui est beaucoup plus au courant que moi], une page professionnelle Facebook reliée à mon site. Il faut s’en occuper, le faire vivre. Mais, j’avoue que mon premier contact avec Facebook fut douloureux. Un ami m’avait dit: « Tiens, va un petit peu voir ce qu’on dit de toi sur Facebook. » Plus jamais! C’est horrible (il rit). Il y a des gens d’une méchanceté incroyable. On comprend dès lors les dégâts que cela peut faire sur des ados harcelés de toute part! Comment lutter contre ça? Je ne sais pas, peut-être que ça s’auto-régulera.

Votre rapport aux critiques?

Il faut vivre avec, elles se sont multipliées avec les réseaux sociaux. C’est l’évolution et ça ne sert à rien de dire que c’était mieux avant. Quelqu’un comme Hermann s’en fiche complètement. Ses albums, il les fait pour lui! Sinon, tant pis. Je pense qu’on doit travailler comme ça, s’isoler de toutes les critiques quand on est au travail. Ne pas se poser la question du « est-ce que ça va plaire »! Maintenant, une fois l’album sorti, il faut les accepter. Accepter que ça ne Fonctionne pas, qu’on se soit planté. Mais il faut toujours faire une histoire qu’on aimerait lire. Quitte à se mettre en danger. D’où l’intérêt du travail avec un scénariste. Lui peut vous faire emprunter des routes insoupçonnées, que vous n’auriez pas choisi naturellement, avec les pièges que vous ne pourrez éviter. Le scénariste vous y oblige.

 

 

Dany - Hommage à la BD

 

 

Finalement, via les réseaux sociaux, tout le monde a au moins vu une fois l’un de vos dessins. Les réseaux sont friands de vos histoires coquines, non?

C’est vrai. Tout le monde me dit qu’on voit mes planches partout. Elles sont partagées sur Facebook. Dommage qu’il n’y ait pas toujours la référence, et l’album duquel elles sont extraites. Parfois, ma signature n’apparaît même pas. Puis, pour l’anecdote, certains me demandent parfois si je continue les blagues coquines parce qu’ils en ont quelques unes en stock. Il me les envoie par mail et quelle n’est pas ma surprise de constater qu’en fait, ce sont les… miennes! Ahurissant.

Mais, c’est vrai, que depuis pas mal d’années mes blagues circulent assez bien. Malheureusement, je ne touche pas un kopeck là-dessus.

Mais ça prouve que ça plaît?

Rien ne les oblige à partager mais ça les amuse. Peut-être que ces blagues sont faciles mais pour ce genre de planches, le public est très large. Parce que j’ai essayé d’éviter la vulgarité. Et je pense y être parvenu car, pour ces albums, le public féminin est très large. Elles se sont rendues compte que sous les dehors aguicheurs des filles que je dessine, des couvertures, les gags proposés sont bien loin d’être machos. Au contraire. Dans pratiquement toutes mes blagues, les mecs sont ridicules. Pas les filles.

Vous qui dessinez beaucoup de femmes, quel regard portez-vous sur la situation de la femme dans la BD?

Je suis contre les quotas pour les minorités. D’abord, c’est idiot parce que les femmes sont majoritaires, je crois! Après, il y a un paradoxe: quand on va à une remise de prix universitaire, à chaque fois, ce sont des femmes qui trustent les dix premières places. Elles réussissent beaucoup mieux que les garçons. Au contraire, dans les entreprises, cette proportion est inversée: les postes mieux places ou de direction sont occupés par des hommes. Je ne comprends pas. Quelqu’un m’expliquait, et ça m’a l’air logique, qu’il faut un goût de compétitivité, de bagarre que les femmes n’ont pas envie d’avoir. C’est plausible.

 

 

Dany - Situation femme

 

 

Mais ça évolue. En deux générations, beaucoup de choses ont changé. Imaginez qu’il n’y a pas si longtemps, les femmes n’avaient pas le droit de vote! Certains pays sont encore au Moyen-Âge d’ailleurs, sans aucun droit. Il m’est insupportable que des personnes humaines soient rabaissées à une fonction utilitaire voire même de non-existence. Pour revenir dans nos sociétés, il subsiste encore pas mal de comportements machos. On pourrait croire qu’en utilisant une petite blonde sexy, je n’aurais pas une très haute considération des dames, c’est tout le contraire! Et quand on lit de manière consciencieuse mes blagues, je le répète: les filles s’en sortent beaucoup mieux que les mecs. J’ai une véritable passion pour les femmes. Toutes sont passionnantes. Et parfois, nous, les mecs, sommes trop cons pour le voir.

Et dans le petit monde de la BD?

Pour revenir à ce qu’il s’est passé à Angoulême, il n’y avait pas une seule femme parmi les nominés. Comme les Oscar avec les acteurs black. C’est troublant car certaines auteures sont extraordinaires. Mais, sur les plus de 40 Grand Prix distribués à ce jour, seules Claire Brétécher et Florence Cestac ont été récompensées. C’est injuste. il y en a des tas qui pourraient être nominées. Certes, elles sont moins nombreuses dans la profession. Il est impossible d’établir un quota. Puis, ce serait dangereux, on entrerait dans le « T’as un prix parce que tu es une femme! » Et d’un côté, le fait, qu’au nom de la parité, il faille une égalité, m’énerve. L’égalité n’existe pas. C’est faux. Mais parfois, il n’y a pas d’autre choix que pour faire avancer les choses. Sur les listes électorales, par exemple, on a parfois l’impression que le nombre de femmes est forcé.

Allez, voyageons loin de ces problématiques. C’est important pour vous, non? D’ailleurs, vous en faites des carnets de voyage?

Vous savez, ma femme et moi, on voyage énormément. Depuis une quinzaine d’années, on fait trois ou quatre voyages importants, outre-mer, par an. C’est surtout ça qui m’inspire. Je me sens incroyablement bien quand je suis à l’étranger. Et j’aime surtout cette sensation de découverte, ne pas savoir ce qu’on va découvrir au coin de la rue. Bien sûr, on prépare un peu nos voyages, mais pas dans le détail. Tout n’est pas cadenassé et minuté, il n’y a pas de réservation au préalable. On part un peu à l’aventure, en fait. On voyage bien ensemble, avec ma femme. J’adore être ailleurs, j’y vis plus intensément. On a passé l’âge de camper mais notre manière de voyager reste l’aventure. On loue une bagnole, on voit du pays. Je déteste les voyages organisés. On a bien essayé, une croisière, mais ce fut une punition. Mais les immeubles flottants avec 4000 personnes et ce côté troupeau, non merci. C’est la négation du voyage.

 

 

Dany - Carnet de voyage - Guyane

 

 

L’aventure?

Oui, j’aime partir sans savoir où je vais arriver. On s’est retrouvé dans des situations critiques. Une panne en pleine pampa, par exemple. Ça fait des souvenirs incroyables. J’aime le changement et varier les destinations. Ce sont à chaque fois des pays et des cultures différentes, des découvertes. Je ne suis jamais déçu ni rassasié.

D’où vous vient cette passion?

Par rapport aux jeunes de maintenant, j’ai commencé à voyager tard, vers 19 ans. Mais je lisais beaucoup, les bouquins d’histoire et les récits de voyage. Des noms me faisaient rêver et je me disais qu’un jour j’irais dans ces pays. Je voyage dans mes récits de gamins en fait. L’image que je me faisais de ces pays n’a jamais été déçue. Ce que j’ai vu a souvent été plus fort. C’était plus beau que dans mon imagination, plus impressionnant. Le Taj Mahal, c’est une splendeur absolue d’équilibre des formes, une beauté à couper le souffle. Mais en plus, c’est immense, je pensais que c’était petit. Et cette impression de plénitude en face du Grand Canyon. Cette émotion est incomparable.

 

 

Inde 5

 

 

Et cette émotion, je la couple au plaisir que je dois ressentir quand je fais quelque chose. Quand l’émotion est partagée par le lecteur, c’est gagné. Certains dessinateurs arrivent, avec peu de moyens, à une synthèse et une simplicité que j’ai du mal à trouver: quelques traits, quelques lignes, une expression du visage. C’est fabuleux.

Et dans vos carnets?

Je ne fais pas tant de croquis sur place, finalement. Cela nécessite de s’arrêter, or on bouge beaucoup. Du coup, je fais des rough et des photos. Et quand je fais mes croquis, je mélange les deux. Je rajoute les détails des photos.

Un ami aimerait absolument publier mes carnets de voyage. Il y aurait tous les croquis mais aussi tout ce que j’ai pu utiliser dans mes BD’s. Il y a de la matière. L’idée me plaît, j’ai de quoi faire. Quand je trouverai le temps?

 

 

Wadi Rum

 

 

Justement, avez-vous le temps de vous pencher sur les BDs qui sortent chaque semaine?

Je reste un grand lecteur de BD. Ayant reçu le Prix Diagonale, je fais partie du jury et je reçois beaucoup de nouveautés sélectionnées. Si je n’aurais pas acheté certains bouquins, je suis surpris et je fais des découvertes incroyables. Comme l’année dernière, Un océan d’amour de Lupano et Panaccione, une bd sans un mot. L’histoire d’une bonne Bretonne qui part chercher son mari disparu en Amérique du Sud. Il y a aussi Le chateau des étoiles. Alors qu’on pourrait y voir une filiation avec Olivier Rameau, je n’étais pas attiré. C’est formidable.

Il y a tellement de BD, près de 5000 chaque année. C’est trop. Quand j’ai commencé sur le marché franco-belge, on était 200. Aujourd’hui, il y en a des milliers. Et beaucoup d’éditeurs veulent occuper l’espace et produisent beaucoup de BDs mais à des petits tirages. Si bien que certains albums sont morts-nés. Vous ne pouvez pas exister avec 2000 exemplaires. Je ne sais pas à quoi ça sert. Mais il y a énormément de qualité dès le premier album. C’est 1000 fois supérieur à ce que je réussissais à faire dans mes premiers albums. Si je sortais un album comme je le dessinais au début, je ne l’achèterais pas. Mais sans doute que ce manque de technique était compensé par une naïveté, une fraîcheur que j’ai sans doute perdu au fil du temps. Aujourd’hui, il y a tellement de gens qui veulent faire de la BD, que la technique doit être là! Et malgré qu’il y en ait beaucoup de trop, il faut leur donner leur chance, à ces auteurs. Ce serait criminel de leur dire de changer de métier, ils sont faits pour ça!

Chez vous, on voit des tableaux, des toiles, c’est nouveau?

Mon souci d’aborder des domaines que je ne connais pas m’a poussé vers la peinture à l’huile et l’acrylique. Il y a quatre mois, je n’en avais jamais fait! D’ailleurs, je maîtrise très mal ça. J’ai eu l’opportunité de faire quelques tableaux, et je me suis aperçu que c’était jouissif de travailler avec ces tableaux. On peut aller très loin dans l’ultra-réalisme. Et, quelque part, c’est un piège. Parce que je voudrais me débarrasser de cette étiquette d’illustrateur/dessinateur de BD. Et tous les tableaux que j’ai fait jusqu’ici étaient plus des études, des essais pour voir où je pouvais en arriver, les effets que je pouvais trouver. Maintenant, je vais changer d’outils, travailler au couteau. je veux en arriver à une autre manière de m’exprimer avec des formes et de la couleur.

 

 

Dany - Interview - Peintures (9)

 

 

La peinture, un champ de plus en plus exploité par les dessinateurs, non?

Pour qu’un dessinateur puisse gagner sa vie, il y a bien sûr la vente des albums et les publications dans des magazines. Mais il y a aussi un marché parallèle qui s’est développé avec la vente des originaux qui a explosé – jusqu’à atteindre des sommes astronomiques-. Pour certains auteurs, c’est presque devenu une question de survie. S’ils ne vendaient pas leurs originaux, ils ne vendraient pas assez d’albums pour boucler les fins de mois.

En-dehors de ça, de plus en plus de galeristes qui ont très bonne réputation, comme Maghen ou Huberty-Breyne, sont intéressants de par le contact qu’ils ont avec leur clientèle et leur manière de sentir ce qui est dans l’air du temps, ce qui fonctionne. Comme les grandes illustrations et les toiles faites par des auteurs de BD. Il y a une demande. Daniel Maghen m’a ainsi demandé de faire les toiles que je suis en train de réaliser.

Donc, j’apprends, je ne sais pas où je vais, je ne connais pas mes outils. C’est amusant et j’ai l’impression que ça peut aller très loin. Je veux arriver à quelque chose de plus personnel, créer de l’émotion.

 

 

Dany - Interview - Peintures (3)

 

 

D’autres projets?

Le Spirou. L’idée de Christophe Arleston. Puis, je suis en train d’écrire un roman graphique. C’est une première. Puis, on verra le succès de Ludivine, mais on planche déjà sur le suivant. La retraite est encore bien loin.

Et Olivier Rameau?

On ne peut jamais dire que c’est fini. Un album est découpé et dialogué, il n’attend que moi. Il est en réserve depuis des années. Je n’ai jamais eu le temps de m’y mettre mais je ne désespère pas. Son titre serait « Le pays des 1001 ennuis« . Une confrontation entre Rêverose et le monde des 1001 nuits.

On pourrait me demander pourquoi je n’ai pas été voir un autre dessinateur. La réponse est simple: j’ai beaucoup de mal à déléguer. Bien sûr, certains le feraient beaucoup mieux que moi – Gurkan Gursël me l’a proposé – mais je serais terriblement frustré de ne pas l’avoir fait. J’ai envie de le faire!

Sur votre site, il y a cette vidéo, en plein Cadavre Exquis!

Oh, c’est vieux. C’était avec Greg, Goscinny et Uderzo… et moi. Cherchez l’erreur, quoi! Depuis cette période-là, Goscinny et Uderzo m’ont toujours témoigné une sorte d’amitié qui m’a toujours rendu fier et heureux. J’ai été chez eux, ils sont venus chez moi. J’avais rencontré Dieu, quoi. J’avais ce même sentiment avec Franquin quand j’habitais le même quartier que lui et qu’on allait faire des billards tous les vendredis. Lui veillait à mettre à l’aise tout le monde, moi, j’étais terriblement intimidé: je jouais au billard avec mon idole. Et Tibet, mon meilleur ami, un dessinateur exceptionnel. Une soirée avec lui était une soirée réussie.

 

 

Toutes ces rencontres m’ont donné envie de faire ce métier. Et de discuter avec eux, quel bonheur. Rien que pour ça, ma vie est réussie. En ce temps-là, on se connaissait tous et sans rivalité. lors d’une émission croisant les domaines culturels, j’avais discuté avec Eddie Mitchell. Il était tout étonné de voir comme nous étions à la même table tandis que les vedettes du showbiz étaient à des tables séparées. C’est vrai, on rigolait beaucoup entre dessinateurs. Maintenant, c’est moins le cas. Il y a toujours une famille mais certains ont peut-être pris la grosse tête.

Merci beaucoup Dany! 

Dany sera à l’honneur fin de l’année au Centre Belge de la Bande Dessinée. Qui sait ce qu’il nous réserve encore comme surprises. En attendant, vous pouvez retrouver Dany sur son site ou sa page Facebook



Publié le 15/04/2016.


Source : Bd-best

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