Starfuckers, un conte sexy et délirant dans un Hollywood pris en défaut
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Starfuckers, un conte sexy et délirant dans un Hollywood pris en défaut

Il y a celles qui restent au Mexique et qui le vivent bien (cfr. nos Desperados Housewives chroniquées pas plus tard qu’il y a quelques heures) et celles qui, cent ans plus tard, le fuient pour soigner leur rêve américain et espérer de meilleurs horizons. Ainsi, un team de luxe composé de Didier Alcante, Gihef, Véra Daviet et le respecté Dylan Teague suit le chemin clandestin de Maria, de la rue aux feux de la rampe… pas forcément extasiants.

Résumé de l’éditeur: Tel un papillon attiré par la lumière, Maria Furia est une jeune et jolie Mexicaine qui se rêve en star américaine. À bientôt 18 ans au compteur, elle est prête à tout, même à un bain de minuit, pour poser enfin ses fesses rebondies de l’autre côté du Rio Grande. C’est donc trempée jusqu’aux os (mais sur le sol américain) qu’elle fêtera son anniversaire ! Cela étant dit, il est parfois long le chemin jusqu’aux étoiles… Avant de goûter au strass et aux paillettes, la belle Maria devra monter quelques marches. Et certaines risquent d’être méchamment glissantes. C’est d’abord dans un club de strip-tease que nous retrouverons sa trace. Certes, elle y croisera quelques stars, mais elles se révéleront un peu moins brillantes que prévu. Ô pauvre Maria, dans ton Mexique natal, tu aurais dû te mater l’intégrale de Californication plutôt que de rêver la bouche ouverte devant Amour, gloire et beauté. Heureusement que tu apprends vite!

 

 

© Alcante/Gihef/Teague

 

 

© Alcante/Gihef/Teague

 

Le Rio Bravo et Le mur de la honte, si futiles et pourtant si durs à franchir. Pourtant, un soir, Maria en a eu mal de prendre son mal en patience et c’est avec Diego, un allié prêt à tous les sacrifices, qu’elle tente la grande évasion. S’évader de la misère, atterrir aux States, conjuguer ses rêves et sa vie de femme libre… ou peut-être est-ce celle d’une femme qui sera un peu plus enchaînée, dépendante des désirs des hommes, qu’ils soient bons ou salauds? C’est clair, les baignades dans les piscines de luxe au pied des villas érigées selon la folie des grandeurs de rigueur, ce n’est pas pour tout de suite, et même pour jamais sauf si la chance veut bien sourire.

 

 

© Alcante/Gihef/Teague/Daviet

 

 

© Alcante/Gihef/Teague/Daviet

 

Alors, Maria n’a que la télé pour s’émanciper de son bordel miteux et pour attendre l’appel du prince charmant. Sauf que dans ce conte californien du XXIème siècle, lui aussi a bien changé sous le poids de la célébrité et des excès du tout Hollywood. Mais il faut bien y passer, car les Indiens sous acides des collines attendent toujours que la si belle Mexicaine paye la dette de cette immigration illégale.

 

 

WIP © Alcante/Gihef/Teague

 

 

WIP © Alcante/Gihef/Teague

 

Sur la couverture, Maria a peut-être des airs de femme-objet servie en cocktail au goût des hommes de biens… mais ne vous fiez pas aux apparences. Cette jeune femme entend bien aller plus loin que ses arguments physiques et a des ressources: elle compte bien ne pas se faire avoir comme le petit oiseau croqué dans la mâchoire des loups. Et si Starfuckers (qui semble avoir mis du temps à trouver la voie de la parution en dépit d’indéniables qualités) est enveloppé d’une couche d’érotisme, c’est une étonnante retenue qui est de rigueur dans le dessin de l’Anglais Dylan Teague. Même si l’explosivité du regard n’est pas en reste et offre quelques scènes d’anthologie.

 

 

© Alcante/Gihef/Teague/Daviet

 

 

© Alcante/Gihef/Teague/Daviet chez Kennes Éditions

 

Bien sûr, il y a quelques inévitables poitrines dénuées, l’une ou l’autre scène de sexe (parfois avortée), mais la substance de cet album (dans les traces totalement assumées des séries Californication, Nip/Tuck ou Masters of sex mais aussi des Coen Brothers) se situe ailleurs. Dans les turbulences et la frénésie de cet univers des Rois du monde (ou serait-ce du star-system), c’est un regard corrosif et hilarant que proposent les auteurs. Avec des personnages jamais aussi bien foutus que les répliques qui fusent, la folle équipe n’hésite pas à tâter de la parodie, entre un cardinale de pacotille et un ersatz de Kill Bill (ou alors de Bruce Lee?)! Rien n’est pourtant noir ou jaune dans ce monde du paraître, où les carrières se font et se défont à la vitesse grand V et où l’inattendu chasse l’inattendu dans ce scénario pétillant.

 

 

© Alcante/Gihef/Teague

 

 

© Alcante/Gihef/Teague

 

Drôlement bien fagoté et se jouant de ce monde de brutes, Starfuckers réussit à imposer une héroïne sexy au possible mais si habile qu’elle évite les clichés. Y compris dans les personnages secondaires, entre un faux-vicelards vraiment laid et un petit soldat aux allures de poupées qui se révéleront être les meilleurs alliés de Maria dans son combat traversé par les vilains défauts des people. Une histoire (ou un début de série? L’univers en a la carrure et le compte Instagram bien fourni de Dylan Teague laisse l’espérer, voyez en fin d’article) sans interdit, déjantée et… oserait-on… d’ores et déjà culte.

 

Alexis Seny

 

Titre: Starfuckers

Récit complet

Scénario: Alcante et Gihef 

Dessin: Dylan Teague 

Couleurs: Véra Daviet

Genre: Comédie, Thriller

Éditeur: Kennes

Nbre de pages: 48

Prix: 14,95€

 

 



Publié le 17/01/2017.


Source : Bd-best

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