Chez Benjamin Lacombe, les Curiosities sont tout sauf un vilain défaut : un art book incontournable, obscur et flamboyant
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Chez Benjamin Lacombe, les Curiosities sont tout sauf un vilain défaut : un art book incontournable, obscur et flamboyant

Benjamin Lacombe est de retour. Cette fois pas d’histoire originale, ni de réinterprétation de grands classiques ; juste du Lacombe sur près de 300 pages. On en rêvait, il est là, le premier artbook de ce dessinateur de grand talent qui nous emmène aux confins de son univers si riche et addictif. Un voyage intense, un bain de jouvence visuel qui de couleurs vives en mélancolie nous reconnecte à un émerveillement d’une rare pureté.



Curiosities, c’est plus qu’un beau livre lambda destiné à faire joli dans une bibliothèque. Il ne suffit que de l’ouvrir pour que la magie opère et nous happe dans l’univers si merveilleusement onirique de Benjamin Lacombe. L’obsession passionnelle de l’auteur se dévoile au fil des pages, lui qui dessine sans relâche ne pouvant s’empêcher de noircir tout ce qui lui tombe sous la main ; un ticket de métro, une nappe de brasserie, une addition. C’est sans doute ainsi, en travaillant encore et toujours, qu’il est parvenu à déployer son univers, si riche que ses frontières ne cessent de s’étirer au loin, si puissant qu’il est capable de connecter instantanément à cet enfant que nous étions autrefois.

 

 

Ondine - Benjamin Lacombe

 

 

Ondine - Benjamin Lacombe
Ondine (Ed. Albin Michel), gouache et huile sur papier, 2012

 

Ainsi nous voyageons aux confins de l’univers de Lacombe, depuis sa genèse avec Cerise Griotte (Ed. du Seuil) à sa seconde exposition solo « Memories ». Puis nous rentrons dans un volet essentiel à son oeuvre : les contes. Une source d’inspiration inépuisable, comme il le dit lui-même. Ces contes, il les a explorés et transcendés à plusieurs reprises. Au travers de son inoubliable diptyque d’Alice au Pays des Merveilles, qui effrayait autant qu’elle fascinait, mais aussi en recréant sa Blanche Neige et son Ondine, toujours avec la douce mélancolie qu’on lui connaît.

 

 

Blanche Neige - Benjamin Lacombe

 

 

Blanche Neige - Benjamin Lacombe
Blanche-Neige (Ed. Milan), gouache et huile sur papier, 2010

 

S’ouvre alors un chapitre important, celui de la nature qui a toujours eu une place de choix au centre du travail de Benjamin Lacombe, que ce soit dans les couronnes fleuries de Frida Kahlo, dans son magnifique Herbier des fées, ou dans ses plongées au cœur du monde animal avec ses Destins de Chiens et Facéties de Chats.
Herbier des Fées - Benjamin Lacombe
Oeilletereine, image extraite de l’Herbier des Fées (Ed. Albin Michel), gouache et huile sur papier, 2011

 

 

Herbier des Fées - Benjamin Lacombe

 

 

© Benjamin Lacombe aux Éditions Maghen

 



Biberonné aux dessins animés japonais, Benjamin Lacombe ne pouvait manquer de dédier un chapitre de ses curiosities à l’Asie. Et ce n’est que pur plaisir pour celui qui s’immerge dans ces dessins sombres hantés par des geishas au teint pâle et aux yeux vitreux, enveloppées dans des nuées de papillons.
Madame Butterfly - Benjamin Lacombe

 

 

Madame Butterfly - Benjamin Lacombe

 

 

Le Parfum de Butterfly, gouache et huile sur papier, 2011

 

Vint alors la partie du voyage la plus sombre, à la rencontre des ombres qui peuplent ses dessins. Son travail a souvent été qualifié de sombre, voire de gothique, allant à contre-courant de ce que l’on pouvait voir dans les illustrations du secteur jeunesse. Mais, l’oeuvre de Lacombe ne doit pas se résumer qu’à cela ! Le dessinateur utilise les ombres de manière judicieuse, pour faire briller la lumière. Comme disait Victor Hugo : « Ne confondez pas le sombre avec l’obscur. L’obscur accepte l’idée de bonheur ; le sombre accepte l’idée de grandeur ».

 

 

Notre-Dame de Paris - Benjamin Lacombe

 

 

Notre-Dame de Paris - Benjamin Lacombe
Notre-Dame de Paris (Ed. Soleil), gouache et huile sur papier, 2012

 

C’est l’Histoire qui se dévoile ensuite, révélant une autre passion du dessinateur. À l’école, c’était sa matière préférée, depuis cette curiosité l’habite toujours. L’histoire, Benjamin Lacombe la réinvente elle aussi, l’entraînant dans son monde pour la métamorphoser, à l’image de sa merveilleuse Marie-Antoinette et de sa légendaire Frida Kahlo.

 

 

Antoinette - Benjamin Lacombe

 

 

Antoinette - Benjamin Lacombe
Le Théâtre d’Antoinette, détail d’une image extraite de Marie-Antoinette (Ed. Soleil), gouache et huile sur papier, 2014

 

En épilogue à ce magistrale voyage pictural, Benjamin Lacombe se devait de pousser les portes de cet étrange qui l’a toujours fasciné. Je pense et je constate que chacun s’est un jour ou l’autre senti différent, pas à sa place, rejeté. Nous sommes tous l’étranger, le différent d’un autre. Naître, c’est déjà être différent. Sans différence, nulle harmonie, conclut-il avec sagesse.
Jack et la Mécanique des Coeurs - Benjamin Lacombe.jpg

 

 

Jack et la Mécanique des Coeurs - Benjamin Lacombe.jpg

 

 

Image de couverture du livre « la Mécanique du Cœur » de Mathias Malzieu, gouache et huile sur papier, 2010

 

 

 

 

Frida - Benjamin Lacombe

 

 

Frida - Benjamin Lacombe
Frida (Ed. Albin Michel), gouache et huile sur papier, 2016

 

 

Alexis Seny

 

Titre : Curiosities

Préface de Sébastien Perez et Françoise Mateu, directrice éditoriale au Seuil Jeunesse

Dessin et couleurs : Benjamin Lacombe (Page Facebook)

Genre: Artbook

Éditeur: Daniel Maghen

Nbre de pages: 304

Prix: 35 €



Publié le 08/06/2018.


Source : Bd-best

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