« - Voici la cathédrale San Nicola Pellegrino de Trani, Venceslas.
- Pas mécontent d’être enfin arrivé, Jhen. Le soleil de midi me brûle la couenne. Je commence à ressembler à un poulet cuit à la broche.
- Regarde l’état du campanile. Nous allons avoir de la besogne. Occupe-toi des chevaux et rejoins-moi à l’intérieur.
- Jhen Roque ! Qu’il m’a tardé de te revoir !
- Rafaël, mon ami ! Quel plaisir de te retrouver. »
La joie des retrouvailles entre Jhen, l’architecte, et le peintre restaurateur Rafaël va être de courte durée. Arrivé dans le royaume de Naples avec le tailleur de pierre Venceslas, Jhen va se trouver confronter à deux dangers : la peste, un mal bien dangereux qui ronge les chairs et les âmes, et Lucrezia Orsini, épouse vile et xénophobe du Seigneur Don Saverio qui finance la restauration du campanile de la cathédrale de Trani.
© Cornette, Frissen, Teng - Casterman
Cornette et Frissen signent un scénario où le danger avance subrepticement, à pas de loup. Petit à petit, le mal ou plutôt les maux qu’ils introduisent se diffusent comme une araignée tissant son fil. La mort coule tout doucement entre les cases comme un poison lent. Un marin pestiféré, un chien errant buvant son sang, puis un cochon dévorant ses entrailles et le tour est joué. De l’autre côté du récit, une galerie de personnages bien campés forme les acteurs de ce théâtre tragique : outre ceux déjà cités, on y trouve également un San Nicola fantasque, pseudo ecclésiastique fou, passablement dérangé mais sans méchanceté ni cruauté contrairement à la façon dont sont souvent représentés les disciples de Dieu dans le Moyen-Âge de Jacques Martin. Plus de vingt-huit après « L’alchimiste », Jhen retrouve Raffaello Sanzio qu’il avait quitté à Florence. Celui-ci est en train de devenir l’homme qui sera l’une des figures de l’art florentin et créateur du maniérisme : le grand Raphaël. Là est l’un des délices des séries créées par Martin, lorsque la petite histoire rejoint la grande.
© Cornette, Frissen, Teng - Casterman
En filigrane, l’un des sujets de l’album est l’antisémitisme, qui couvera pendant les 400 années suivantes pour atteindre son paroxysme au milieu du XXème siècle, avec toute la violence que l’on sait.
Paul Teng, connu pour les séries Shane et L’ordre impair toutes deux parues aux éditions du Lombard, a un trait charbonneux immergeant le lecteur dans un Moyen-Âge cruel et poussiéreux. Les chaudes couleurs de l’Italie du Sud de Véronique Robin sont une immersion sur la côte adriatique de l’époque.
Fuyez la peste, mais suivez Jhen aux frontières de la folie humaine et de la mort noire.
Laurent Lafourcade
Série : Jhen
Tome : 16 - La peste
Genre : Histoire
Scénario : Cornette & Frissen
Dessins : Teng
Couleurs : Robin
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
ISBN : 9782203121577
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