Se tuer à petite eau de feu, de godet en godet, à faire de la bouteille votre amie, votre maîtresse, votre déesse… comme si les panneaux d’affichage ne suffisaient pas à vous rappeler vos démons et fantômes qui dansent dans les volutes et les vapeurs du bar où vous avez vos habitude. Y’a-t-il un mal plus insidieux que la boisson? Ou peut être est-ce un bien? Assez que pour Lulu ait plongé, jusqu’au point de non-retour, il y a des décennies. Certes, un lourd passé a plombé son enfance.
© Louis/Daviet chez Grand Angle
Résumé de l’éditeur : Lucien Basset est alcoolique. Au dernier degré. Celui qui vous pousse à boire même de l’éther. Tout le reste a fini par passer après le bistrot. Sa femme l’a quitté, mais il est aussi sans nouvelles de son fils depuis trois ans. Un soir, pourtant, il décide que cette fois, c’est la bonne ! Il arrête de picoler parce qu’il a un truc important à faire ! Il a rendez-vous avec quelqu’un pour lui sauver la vie !
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Naître sous x, c’est pas un cadeau. Mais le remède que Lulu y a trouvé, c’est de renaître sous A. Alcoolique non anonyme. Noyé mais en apnée, gueulard mais avec les blessures anesthésiées.
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Jusqu’à ce qu’un JT de TF2 fasse électrochoc et réveille un tant soit peu, « autant comme autant » comme il dit. Du point de non-retour en road movie , rangeant sa vie, Lulu va prendre ses cliques et ses claques et disparaître de sa colline pour poursuivre sa quête, l’image furtive qu’il a vu par-delà les effluves et qui donne enfin du sens à sa vie.
© Louis/Daviet chez Grand Angle
Scénariste et dessinateur, Stéphane Louis nous avait habitué à des aventures spatiales avant de revenir à des récits plus « ordinaires », intimes (Road Therapy, L’amour est une haine comme les autres, Mon homme (presque) parfait…). Ici, c’est par la fiction que Louis raconte l’histoire de l’alcoolique qu’était son paternel. À côté du sens des réalités, les nuances alternées. C’est dire si Louis en a vu des vertes et des pas mûres.
© Louis/Daviet chez Grand Angle
Le portrait qu’il livre de Lulu n’est pas pour autant à charge et cherche la justesse, un peu de tendresse aussi pour autre chose que le goulot, sans pour autant faire de compromis.
© Louis/Daviet chez Grand Angle
Semant le parcours d’embûches et de tentations, plus que la statue chancelante d’un homme qui a cultivé sa solitude, Louis et Vera Daviet (indéboulonnable coloriste, par tous les temps, et de la ville à la campagne, du verre à la mise au vert) dressent surtout le portrait du diable alcool . Et des turpitudes dans lesquelles ils traînent les destins un peu trop fragiles.
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Burlesque puis concerné, avec une pointe de ténacité dans l’œil de son (z)héros, le trait de Louis est une nouvelle fois vif et comics, avec du relief pour incarner toujours mieux ce récit, témoin d’une réalité sans donner des leçons et en rendant son personnage cassé attachant, mine de rien. Ce n’était pas gagné mais que ferions-nous avec un tel passif ?
Alexis Seny
Titre : Mon père ce poivrot
Récit complet
Scénario et dessin : Stéphane Louis
Couleurs : Véra Daviet
Genre: Drame, Fiction autobiographique
Éditeur: Grand Angle
Nbre de pages: 72
Prix: 16,90€
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