Entretien avec Jim Maître
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Entretien avec Jim Maître

Jean-Marie Maître (dit aussi Jim Maître) est un cas typique, mais aussi très original,  d' auteur BD français. Considérant le graphisme comme un mode de vie à la vie à la mort, ce dessinateur a voulu s'affranchir d'un destin familial et professionnel tout tracé, il a lui-même su dépasser les barrières invisibles qui l'entravaient dans son statut de dessinateur ; cela passe donc par l'inscription à une école d'Art dans un cursus postbac (l'école de dessin Emile Cohl sur Lyon), cela passe surtout par une volonté farouche d'autoédition et d'indépendance revendiquée dans sa production BD ( par la bien nommée FTW Productions).

Rencontre avec un vrai connaisseur de la BD et de ses diverses composantes, un militant de la choses dessinée qui connaît formidablement  bien l'aspect vertical de la BD (les relations avec les éditeurs plus précisément...), rencontre donc avec un véritable auteur qui n'a pas "sa langue dans sa poche" et fait preuve de caractère dans ses réponses. Rencontre enfin avec un auteur qui sera au festival de Rouans (44) ces samedi et dimanche 25 et 26 avril 2014.

Une question bateau: votre formation initiale et vos influences en BD et dans le graphisme?

C'est pas une question "bateau", c'est toujours bien de savoir "d'ou quelqu'un parle" "d'ou il dessine".
Formation, de 1998 a 2001 à Emile Cohl d'ou j'ai été viré en fin de 2eme année, c'est un peu pour ca qu'on ne voit pas ce style typique de dessin chez moi je pense, cette patte graphique qui imprègne de bon nombre de jeunes qui en sortent.
J'avais besoin de l'école pour me mettre à jour au niveau technique pure, pas pour l'inspiration et le ressenti, que j'ai gardé identique après l'école.
L'influence, Albator de toute évidence et tout les autres dessins animés de l'époque, Goldorak, Robotech capitaine Flam...
J'ai toujours été fasciné à l'idée de voyager sur d'autres planètes, les engins spatiaux, les extraterrestres et tout ca.
A tel point que même mon type de jeu vidéo préféré reste encore le "shoot em up" (space invader like), une collection de pas loin de 300 jeux sur 10 consoles différentes encore actuellement, le "pixel-art" compte aussi pas mal dans l'influence graphique.
C'est avant tout une influence mentale, mon dessin, peu de gens peuvent deviner les influences cité en le voyant.

 

Dans un autre entretien, vous avez déclaré à votre famille, c'est le "dessin ou la mort", pourquoi ce jusqu'au boutisme guevariste?

Au lycée, s'est fatalement posé la question des études et des orientations, ca été une angoisse terrible, un choix qui allait marquer ma vie :
 -assumer mon rêve de devenir dessinateur ou passer le reste de ma vie à me dire "je l'ai pas fait, je l'ai pas fait !"
J'aurai pourtant pu reprendre la PME de mon père et m'assurer de confortables revenus, mais j'ai vite vu que c'était une impasse, j'ai besoin d'une vie intellectuelle et culturelle intense, impossible en reprenant la voie d'un autre et dans un domaine (industrie) qui ne me plaisait pas.
Mon père avait déja tracé mon avenir sans trop me demander mon avis, on a donc du aller au conflit, moi menaçant de planter n'importe quelle étude supérieure si c'était pas une école d'art, à ma grande surprise, mon père a cédé.
A l'école, j'ai très vite compris que ça serai ça ma vie, que ça serait dur aussi, mais que je ferai pas autre chose, plutôt crever (au sens propre).
Je pense que je suis profondément inadapté au monde social tel qu'il existe, la Bd et le dessin, j'aime ca, et ca me permet de vivre en maintenant une bulle qui m'isole d'un monde que je ne comprends pas et que j'aime de moins en moins.

Après 11 ans de carrière, je reste un jusqu'au boutis-te et je ne regrette pas mon choix.

 

 

 

 


 

Vous avez fait une école de dessin sur Lyon, que retenez-vous de cette expérience? Avez-vous noué des relations fructueuses avec d'autres étudiants en dessin? Le monde de l'Art, un monde impitoyable?

Ce que je retiens, comme beaucoup des anciens à qui je parle encore, c'est que ca a été très dual comme sentiment :

-On a appris tellement de trucs, si rapidement, c'était très enthousiasmant, les profs ont vraiment mis à notre porté des choses et techniques énormes, et on les as maitrisé vite et bien.
    -On a vraiment souffert de la pression énorme, de la quantité de travail délirante, de la concurrence qu'ils prenaient du plaisir à mettre entre nous, on a souvent pété les plombs, nombreux ceux qui ont fait une dépression après en être sorti (j'y ai pas échappé).
Relation fructueuse, oui et non, on garde certains potes bien sur, et on vit des expériences de notre coté ensuite.
On se rencontre dans un environnement sous grosse pression, et quand on est dehors on se rend compte qu'on en avait besoin pour pas devenir fou, certaines amitiés tiennent, d'autres n'ont plus de raisons d'être en dehors de ce cadre.

Monde impitoyable, de toute évidence oui.
C'est pour ça que je comprends le niveau de pression qui nous es mis là bas, parce qu'en dehors du milieu sécurisant de l'école, il y à des crapules, un monde dur, qui paie mal.
Alors bien sur oui, il y a de bonnes boites d'édition qui sont très correctes, raisonnables et qui font bien leur boulot, c'est vrai, j'ai eu la chance de bosser pour DARGAUD/JOTIM dans de bonnes conditions pour un débutant (merci Phillipe Bonifay !) mais tous n'ont pas cette chance.
Combien de premiers albums publiés dans l'effort et l'espoir qui n'ont pas été payé ou pas totalement, avec des conditions foireuses et des gens pas corrects, ces histoires je les entends à chaque repas d'auteur en salon BD.
La crise économique met tout les rouages économiques à rude épreuve, donc on tire sur les prix et les méthodes pour pouvoir continuer à "sortir du livre"

Si l'école était trop "gentille" avec nous, on aurait pas donné autant, pas appris autant, et en sortant ça aurait été un "tir au pigeon" encore plus brutal, je comprends la dureté de la formation dans ce sens.

A présent, 15 ans après l'école, il me reste environ 5 vrais amis de ma promotion, je ne regrette pas la disparition des autres.

Dans votre cas et pour l'économie de la BD, ce qui ressort c'est cette volonté farouche d'indépendance et d'autonomie dans le travail et votre production, cela ne vous pèse pas trop cette solitude?

La solitude, je l'ai toujours plus ou moins cherché, je peux difficilement m'en plaindre.
Ca n’empêche pas de maintenir des liens très fort avec d'autres "indépendants" comme moi, pour se filer des conseils, mutualiser des frais pour aller sur un salon, partager des bons plans.
Le bon équilibre c'est de gérer sa création comme on l'entend sans contrainte extérieure, mais de partager des astuces de technique et des bons moments en salons avec les potes.
Les salons, oui c'est du boulot, on vend, on dédicace, on fait des kilomètres, mais c'est aussi une cours de récré où l'on retrouve les copains pour une bonne bouffe et un bon verre.
A l'heure actuelle, ce fonctionnement me convient toujours, on verra pour la suite.

Votre graphisme a un style très direct, facilement compréhensible par les lecteurs ; c'est quelque chose que vous avez travaillé avec le temps? Avez-vous justement l'impression d'avoir fait des progrès dans la narration BD?

Le style, je me sens toujours un peu mal de répondre à cela en fait.
Mon dessin, c'est juste "ce que je sais faire", et "comment j'ai envie de faire" surtout.
Je n'y ai jamais réfléchi, vraiment, genre à me dire "faudrait plus comme ci, moins manga, mais plus comme ça"
En ne me mettant aucune contrainte "stylistique" je me permet de sonder mon esprit, voir ce qu'il veut rendre avant tout.
Comme je l'ai dit plus haut, mes influences sont vraiment introuvables dans mon dessin, Emile Cohl, Albator, Macross, vous pourrez chercher pas mal, ça ne vous sautera pas au yeux.
J'aime m'inspirer de l'esprit d'une œuvre, ce qu'elle m'inspire avant tout, l'immédiateté du manga, la puissance du comics, le cadrage et la narration franco-belge, je n'ai pas envie d'être le photocopieur en moins talentueux d'un mec que j'admire, ça serai pas la meilleure façon de lui rendre hommage.
Mais en ce moment, je suis dans une problématique de "style" pour lancer mon prochain album, un médieval fantastique, justement pour expérimenter le fruit de ces recherches en moi, tester des techniques et approches différentes.

 

Des progrès dans la narration BD...

Hmmm,.. je pense que je m'en sors bien, mais que je me suis enfermé dans un "confort" ou je n'ai plus expérimenté assez, d’où ce nouvel album et l'envie d'essayer de nouveaux formats pour me mettre un peu en danger et me pousser à "voir" autrement mes découpages.
L'année qui arrive va être intéressante pour tester toutes ces nouvelles choses.

Je suis un éternel insatisfait, dès que je sors un bouquin je le déteste aussitôt et me remet vite à bosser un autre pour faire mieux

 

Votre projet SF /7 est étonnant, c'est un projet pratiquement sans titre mais qui retient l'attention des lecteurs car il suppose des suites BD.

Ahhh celui là, un bon coup de "com" bien réussi

Bon au départ, on savait qu'on en ferait 7, c'était certain, mais on pensait vraiment trouver un titre pour la série, on s'est dit qu'on avait le temps.
Mais à force, rien ne nous séduisait vraiment, et rien n'était assez parlant pour la thématique de la série.
En restant dans l'énigmatique "/7" ça forçait les gens à venir regarder et feuilleter l'album.
Le point de départ pour moi c'est un salon de BD je crois, je vois un stand pro, avec des tonnes de bouquins exposés comme il faut, je me suis dit qu'a force de "course aux armements" graphique, de belles illustrations couleurs en pleine page, bah de loin, plus aucune ne sortait du lot, je me suis dit, la seule que je pourrais voir la dedans serait noire, bingo !
C'était un sacré coup de bluff d'oser le titre comme ca, en bas de page, sur fond noir avec juste un bout de dessin.
En fait, je SAVAIS que ca se verrait bien de loin, comme de près, quelle poserai question, qu'on en garderait souvenir, j'entends tout le temps "cette couv je m'en souviens, je l'ai déjà vu", le déclic est instantané

J'ai fait un petit sujet plus spécifique sur le blog de mon site pour expliquer d'où viens cette idée de maquette précise, le lien avec le monde du jeu vidéo vous sera encore plus évident après avoir lu cet article

Blog | Jim Maitre

 

 

 

 

 

 

 

Je vois aussi que vous êtes suffisamment aguerri pour vous affranchir d'un scénariste pour vos albums BD.

Petite erreur, j'ai toujours un co-scénariste.
J'ai beau être un grand, j'ai encore besoin des petites roues sur le côté de mon vélo !
ValR est toujours là à veiller au grain, c'est un grand "chercheur sur le cerveau" (il veut rester anonyme), qui a eu le projet d'origine, il pilote toujours en sous main le projet, le scenario (il à déjà écrit la trame du 5/7) est de lui et m'accompagne durant toute l'étape d'écriture et de correction (il est en train de valider les épreuves de la réédition du tome 1/7 - été 2015)
Il ne cherche aucunement à être connu comme scénariste BD, il fait ca pour le plaisir de bosser avec un pote.

Mon projet médieval Fantastique sera aussi en copilotage, avec un amis qui à eu l'idée d'origine de ce projet, sur un personnage que j'ai dessiné en 2005 qui lui a inspiré une nouvelle efficace pour lancer un bel album.

 

Votre projet /7 me fait penser à certains albums SF de Delcourt (notamment la série des "SILLAGE", "les aquanautes" ou même "Carmen MacCallum"...), séries BD qui vous ont influencé?

Pour être totalement sincère, je n'ai lu que les 4 premiers "Sillage", les autres je les connais, mais ne les ai pas lu
Le coté saga en 7 albums viens plus de ValR, qui lui s'inspire de sa monumentale culture scientifique et médicale dans un premier temps, de son expérience de scénariste de jeux de rôles, et des romans de SF innombrables qu'il a lu, puis aussi de séries de BD qu'il a mangé plus jeune.
Mon contexte familial fait que j'ai lu peu de choses jusqu’à 20 ans, et après j'étais trop fauché pour acheter plein de bouquins.

C'est pour ça que j'aime avoir un co-scénariste avec ces pans de culture qui me manquent encore à présent, histoire d'être pertinent dans les sujets et mondes que je veux créer.

 

Pour vous, une seule solution, l'autoédition dans la BD? Un peu comme  certains écrivains français (comme Marc-Edouard Nabe...) qui refusent de passer par les intermédiaires des maisons d'édition.

Pas de solution "unique", je pense que beaucoup de solutions sont possible.Ce n'est pas une question de "forme/solution" de l'édition qui compte, mais "d'échelle" de production/distribution.

Nabe, ou meme Alain Soral avec "Kontre Kulture" qui fait un beau succès, ont bien compris ce qui ne marche plus dans l'édition "classique", leur expérience d'écrivains leur donne cette vision double "auteur/éditeur", c'est à dire des réalités économiques d'un bout de la chaine à l'autre.
Il est amusant de voir d'ailleurs que maintenant ce sont des auteurs qui reprennent en main l'édition, comme si l'édition souffrait de ce "manque d’âme" de n'être qu'un "marché" justement.
Le marché tel qu'il est actuellement ne fonctionne qu'avec du volume massif, seule manière de rémunérer tout les gourmands de la chaine du livre.

Le contexte de double crise (crise économique globale et crise de surproduction du livre) à plombé les volumes, mais pas la soif de lire des gens.
La réduction des échelles permet de rendre à nouveau rentable des volumes réduits, circuits courts d'autant plus possibles que l'internet rend possible l'achat directement à la source (auteur, petit éditeur), virant les habituels gourmands de la table (distributeurs/revendeurs/autres intermédiaires).
Les marché "de niche" comme le "hard science" redeviennent viables dans ces conditions, tout comme le politique/méta-politique pour les auteurs cités plus haut.

 

Dans ce cadre-là, le net, atout majeur de l'auto-édition? Que pensez-vous de sites BD de crowdfunding (comme les Belges de "Sandawe")?

La encore, ca dépend de l'échelle et des enjeux, de ce qu'on en fait aussi.
Je m'explique:
Quand on a un jeune artiste qui démarche son projet et va à la rencontre de son public et essaie de l'agrandir, je trouve que la méthode est excellente.
Quand ça deviens une manière pour une maison d'édition de ne plus faire son boulot, là, ca me gonfle sévère.
Un éditeur, son métier, c'est "le risque", en gros, je mets du fric sur un talent et je le lance pour récupérer ma mise et faire briller ma boite d'édition, soit.

Certains auteurs passés par le "crowdfunding", quand le projet décroche de belles promesses de financement, au delà qu'attendu, reçoivent des contact de grosses boites d'éditions, comme par hasard...
Moi ce que je crains, c'est que le Crowdfunding ne devienne pas autre chose qu'un "délocalisation du risque", ou une manière de faire de "l'étude de marché" à moindre frais puisque c'est un site extérieur qui s'en charge et c'est fait avec le pognon des lecteurs potentiels, (qui eux, trouveront sur le marché un album au même prix).
Signer des titres qu'on est sur de vendre, ou est le mérite?

On a donc un auteur qui apporte la "preuve" que signer avec lui n'est pas/plus autant un risque (travail d'étude de marché et de com - ca a un coût, donc un prix) mais une boite qui lui fait signer les conditions normales de l'auteur qui débute, ben je dis que c'est pas correct quand ça se passe ainsi.
L'auteur à fait un boulot de communication, d'étude de risque commercial primordial, ca doit lui être payé, sinon l'auteur va devoir se taper une charge de travail qui ne lui incombe pas (sinon, a quoi sert la part de l'éditeur sinon ?).
Peut être peut on envisager que le contrat soit payé normalement en avance de droit pendant la conception, puis que 70-80 % de la somme du "funding" soit versé à l'auteur comme une prime au rendu final, lui permettant de ne pas se retrouver à poil financièrement à la fin du bouquin ou entre deux albums.
Un auteur a TOUJOURS cette angoisse du revenu entre deux albums/projet, ça permettrait de sécuriser l'auteur dans son parcours.

 

 

 

 

 


 

Chaque année, plus de 5000 albums BD sortent en librairie en France, une bonne chose cette surproduction BD?

Poser la question du nombre reviens en définitive a poser la question de "limiter", le mec qui signera pas/ne publiera pas à cause de "quotas" hurlera à la censure, et il auras pas tort, on ne peut pas penser "trop de titres"
De manière animale on se dit, trop de titre= trop d'auteurs.
Eh ben je ne pense pas.
Je prends le problème dans un autre sens, 35 millions d'albums vendus, a 12 euros, ca fait un beau chiffre, et y'a quoi en face, 1500 auteurs dont 1200 crèvent la dalle, je me dis que beaucoup de gens ont du se gaver pour qu'il en reste aussi peu au final.
Un auto édité comme moi, avec 2000 ventes par an, je gagnerai de quoi gagner ma vie correctement, c'est pas des volumes de fous.
A 35 000 000 de ventes annuels, un autoédité qui ferai 5000 ventes, bah ca fait de la place a 7000 auteurs comme lui, donc le "trop" n'est pas pertinent.

Avec la crise, même si on tombait a 25 millions d'albums vendus, ca devrait suffire à faire manger PLEIN de gens, faut plus se poser la question de "qui bouffe quoi à table" que se préoccuper du nombre de "chiens qui bouffent les miettes sous la table"

Je supporte assez mal la critique qui donne à penser qu'il y à trop d'auteurs, voyez au contraire comment si peu de talents/auteurs font pour arriver à faire manger autant de gens qui n'en sont pas.
Répondre à la crise, c'est juste virer les pique-assiettes de nos gamelles, c'est ce que j'ai fait.
Une remise en cause intégrale de la chaine du livre, que cette chaine ne semble pas en mesure d'envisager pour le moment, parce que ca implique de cesser d'exister et de fonctionner telle qu'elle est, c'est à dire de mourir pour renaitre d'une autre maniere.
On préférera l'aide et la subvention (acharnement thérapeutique) à une solution neuve pour le monde tel qu'il est devenu.

Ma table, ma bouffe, mes miettes !

 

Vous suivez les actions et combats du SNAC-BD?

J'ai commencé à suivre avec intérêt leurs actions, puis avec le speed pour finir mes propres travaux et quelques merdes de santé, je dois dire que j'ai perdu le fil.
C'est une bonne initiative, bien que j'ai quelques reproches mineurs à faire sur le fond et le forme de l'action, je suis avec eux.

Je dirai juste qu'ayant choisi l'autoédition, j'ai DEJA choisi de passer à l'action.
Je veux dire par là, et pardonnez mon pessimisme, que j'ai choisi de prendre les petites barques d'évacuation dès que j'ai entendu l'iceberg percuter le titanic, je regarde des gens a bord d'un gros bateau (qui à de la gîte à babord ) et écoutent encore l'orchestre .
Pour le moment mon embarcation semble bien frêle, elle pourrait s'averer bien plus salvatrice qu'un gros bateau qui prend l'eau de toute part.

Je ne détiens ni la vérité, ni les clés de l'avenir, alors je leur souhaite d'arriver a réformer et colmater les voies d'eau, de sauver leurs vies et leurs/nos métiers.
Ce qu'il font est bien et sera très bénéfique s'ils réussissent.

Mais quand je vois les pouvoirs publics et le ministère de la culture subventionner à coup de millions des "godemichets verts" d'UN SEUL artiste DEJA millionnaire qui vends DEJA a des milliardaires en plein centre de Paris, je doute sérieusement de leur capacité à mettre le fric au bon endroit pour les bonnes actions.

 

Vous faites combien de festivals BD chaque année en France? Et qu'en retenez-vous en terme de contacts avec les lecteurs?

En général 15 à 20 salons de BD par an, souvent les mêmes pour la moitié, des nouvelles dates parfois.
J'essaie d'être plus présent sur le net, nous travaillons (mon webmaster surtout) sur la boutique en ligne pour très bientôt, histoire de pérenniser la présence et le retour des lecteurs.
Le contact avec les lecteurs est vraiment excellent, j'ai des conversations d'un grand niveau avec la plupart, c'est très réjouissant.
La science est un domaine qui nous permet de voyager et d'imaginer des avenirs, des possibles autres.
Je le dis parfois en rigolant, mais le "réel" ne nous donne pas toujours autant matière à voyager et imaginer, c'est donc une bonne manière de se changer les idées que de lire de la SF.
Les lecteurs BD en général sont d'un grand niveau de culture générale, ont beaucoup d'humour, le goût des belles choses (même s’ils n'achètent pas mes bouquins)
C'est toujours un grand plaisir de parler avec des gens comme ca.

C'est bien d'aller en salon à leur rencontre pour une autre raison :
-Voir l'autre bout de la chaine, le lecteur, ce qu'il fait du livre, comment il le lit, comment il le perçoit et vous en parle, c'est très gratifiant après des mois de solitude sur mes dessins.

On ne fait pas que produire un bien commercial dont le seul but est de subtiliser un petit billet, c'est plus que ca, c'est pour ca que c'est important et que j'adore ca.

A mes lecteurs actuelles, à ceux à venir, merci d'aimer autant votre langue, vos artistes et votre culture.
Merci de me donner l'immense chance de vivre de mes dessins et à très bientôt en salon !!

Je sais ce que je vous dois à tous


http://www.jim-maitre.com/

 

Entretien réalisé par Dominique Vergnes



 



Publié le 28/04/2015.


Source : Bd-best

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