Et ça continue, en gore et en gore… La petite souriante
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Et ça continue, en gore et en gore…  La petite souriante


            « - Puisque je te dis que je l’ai tuée ! Je l’ai frappée avec la masse. Elle avait le visage en bouillie. Je l’ai tuée. Et puis, quand je suis revenu à la maison, elle…elle était là. Tu sais très bien que je ne bois jamais la moindre goutte d’alcool ! Ou alors… Mais oui, bien sûr ! C’est la seule explication possible : je suis devenu cinglé ! Je me suis imaginé que je l’avais fait. Un peu comme dans un rêve prémonitoire, tu sais… Alors qu’en réalité… Pas d’initiative, d’accord ! Tes instructions ? D’accord ! Non, je… Pardon, mon ange !... Pardon ! »
 

Pep, éleveur d’autruches, trucide sa femme, se débarrasse de son corps, et la retrouve bon pied bon œil lorsqu’il rentre chez lui…comme si rien ne s’était passé. Isabela, sa maîtresse, et accessoirement belle-fille, doutant dans un premier temps de son amant, va devoir se rendre à l’évidence : sa maman n’est pas si facile que ça à éliminer. Et cette dernière continue sa vie comme si de rien n’était, au grand dam du couple illégitime. Il y a vraiment de quoi péter un câble.

 

 

 

 

© Zidrou, Springer, Lambour - Dupuis

 

 

 

Zidrou sème le trouble dans l’esprit du lecteur. Mais où veut-il donc le mener ? Une sordide histoire sanguinolente se transforme en drame cocasse et surréaliste. C’est une pièce de théâtre à trois personnages : le mari, la femme et la maîtresse, cette dernière étant d’une cruauté inouïe.

 

En 1908, sur des paroles d’Edmond Bouchaud, dit Dufleuve, et une musique de Raoul Georges, la chanson tragico-comique Elle était souriante fait rire dans les cabarets. La voici interprétée par Montel en 1929 : https://www.youtube.com/watch?v=ULre3NSWQOE. L’intégralité des paroles est reproduite en fin d’album.

C’est l’argument de cette chanson qui a inspiré le scénariste. Trucidée à chaque couplet, une jeune femme ressuscite comme par magie à chaque refrain pour arroser ses petites fleurs grimpantes, avec de l’eau de son arrosoir. Ici, point de fleurs grimpantes ni d’arrosoir, mais une épouse pas physiquement gâtée par la nature et un élevage d’autruches.

 

 

 

 

© Zidrou, Springer, Lambour - Dupuis

 

 

 

Le style réaliste de Springer rend le récit encore plus glauque. La couverture, innocente vue de loin, est aussi sordide que le conte noir qu’elle renferme. La scène d’ouverture est d’une violence rare, contrebalancée par une explication didactique sur les mœurs des autruches, improbable compte tenue de la situation. Le cahier graphique complémentaire est riche en croquis et montre le travail du dessinateur à partir de photos.

 

Plus encore que le graphisme, les couleurs de Benoît Springer et de sa co-coloriste Séverine Lambour jouent un rôle déterminant, avec une palette extrêmement resserrée, utilisant diverses bichromies.

 

L’album est dans une mise en page plus proche d’une série comme Walking Dead que d’une BD européenne. Il a un goût de Comics. La maquette, originale, est particulièrement soignée.

 

            La petite souriante aurait trouvé une place merveilleuse dans la série Histoires fantastiques, créée au milieu des années 80 par Steven Spielberg pour la télévision.

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : La petite souriante

Genre : Polar horrifique

Scénario : Zidrou

Dessins : Springer

Couleurs : Springer & Lambour

Éditeur : Dupuis

Nombre de pages : 72

Prix : 14,50 €

ISBN : 9782800168593



Publié le 22/02/2018.


Source : Bd-best

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