Fondu au noir : la part immonde du cauchemar au pays du rêve et de tous les possibles
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Fondu au noir : la part immonde du cauchemar au pays du rêve et de tous les possibles

À l’heure où Hollywood fait beaucoup moins rêver et que le grand déballage des moeurs borderline (et ramenant l’humain au simple état de chair à prendre de gré ou de force) est loin d’être fini, paraît Fondu au noir, une oeuvre de Ed Brubaker, Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser qui s’éloigne des projos du Hollywood « période-chasse aux sorcières communistes » pour s’engouffrer sur la piste des démons redoutables, assoiffés de sexe et prêt à tout, même à payer le prix du sang, pour que personne ne révèle ce petit secret un peu répugnant. Bien avant Weinstein, Spacey et les autres. Les brutes comptent pas pour des prunes.

 

 

 

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Image Comics

 

Résumé de l’éditeur :  Un film noir dont les scènes doivent sans cesse être retournées… Un scénariste de cinéma traumatisé, alcoolique et détenteur d’un terrible secret… La mort suspecte d’une starlette… Un directeur de studio hystérique prêt à tout pour boucler ses films avant l’effondrement de l’âge d’or du cinéma. Fondu au noir est un thriller hollywoodien où il est question de course à la célébrité, de sexe et de mort !

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Image Comics

 

Une blonde plantureuse qui se remaquille, se refait une beauté avant de reprendre la fête de plus belle, l’image est commune, banale. Pourtant, dans ce qu’en font Ed Brubaker, Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser sur la couverture de leur Fondu au noir, c’est tout un mystère et plein de secrets qui se répandent sur nous et nous incitent à commencer notre lecture?

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Delcourt

 

Parce que le grand déballage sur les réseaux sociaux; qui avait du bon au début avant de se transformer, à l’appui de quelques gourous, en une grande débandade accusant tout et n’importe qui (et ceux en qui on nourrit facilement des rancœurs, des jalousies, aussi, certainement) de harcèlement et de relations sexuelles non-consenties en faisant fi de la présomption d’innocence; m’a un petit peu dégoûté du genre humain. Et que l’industrie cinématographique n’aura sans doute pas les couilles (elles étaient bien remplies, pourtant, quand il fallait abuser de son pouvoir) de faire son examen de conscience; c’est donc une bande dessinée qui a pris les devants. Et quelle bande dessinée ! Un roman graphique tout en comics qui nous oppose un constat implacable sans négliger ni le suspense ni les fausses pistes.

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Image Comics

 

Il faut dire qu’elle n’est pas facile la vie de lecteur dans la tête d’un scénariste has been alcoolisé au moment où il n’aurait pas dû. L’actrice principale (mais pas que, pour lui) du film dont il doit sans cesse remanier les scènes sous l’impulsion d’un réalisateur allemand tyrannique. Sauf que Charlie Parish n’est qu’un prête-nom dédié à pousser l’écriture de son « coco » de meilleur ami, Gil Mason, qu’il a lui-même dénoncé dans un arrangement compliqué avec Gil. Enfin soit, ce n’est pas le drame de cette histoire car si l’on fait passer la mort de Valeria Sommers pour un suicide, il se pourrait bien qu’elle soit l’arbre qui cache une forêt de non-dits, de pulsions et de tensions… mortelles?  Au-delà des seuls mouvements de la caméra.

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Delcourt

 

Maître du suspense mais aussi de l’horlogerie humaine accordée ou désaccordée, le trio nous emmène dans les décors d’un Hollywood aussi brillant qu’effrayant, dans une foule de protagonistes jamais blancs comme neige. Heureusement, un aide-mémoire, un patchwork de visages, est placé judicieusement en début d’album et on s’est surpris à y revenir plusieurs fois. C’est dire, la tension psychologique qui s’instaure, le rythme dense et soutenu, aidé par un usage scient et bien senti de techniques particulièrement cinématographiques comme le flash-back.

 

 

 

 

© Brubaker/Phillips/Breitweiser chez Image Comics

 

Ici, rien de superflu mais des auteurs qui laissent le temps à l’histoire, à l’enquête de nous prendre les tripes ! Un jalon et un fameux pavé dans une mare qui n’a pas fini de frémir. Dans tous les sens et parfois pas à bon escient. Chance, Fondu au noir est d’une justesse et d’une intensité imparables. Aussi parce que de coupable, il n’y en a pas qu’un, et que de héros, « il n’y en a pas dans la vraie vie » (c’est Dottie, l’attachée de presse, et inventeuse de biographies fictives pour les acteurs qui passent dans son giron, qui le dit), il y en a en tout cas bien moins que des brutes !

 

Alexis Seny

 

Série : Fondu au noir

Récit complet

Scénario : Ed Brubaker

Dessin : Sean Phillips

Couleurs : Elizabeth Breitweiser

Genre : Polar, Enquête, Thriller

Éditeur VO : Image Comics 

Éditeur VF : Delcourt

Collection : Contrebande

Nbre de pages : 400

Prix : 39,95€



Publié le 18/01/2018.


Source : Bd-best

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