Le tandem Le Roux-Froissard invente la mille et unième nuit de Shéhérazade et compagnie et nous piègent dans un désert magnétique et imparable
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Le tandem Le Roux-Froissard invente la mille et unième nuit de Shéhérazade et compagnie et nous piègent dans un désert magnétique et imparable

Elles en auront fait couler de l’encre et de l’inspiration, perler des fronts aussi, ces mille et une nuits de légende qui restent vibrantes dans les mémoires de tous ceux qui aiment lire et s’endormir sur ces histoires sans fin. Comme celles dont Shéhérazade avait le secret. Mais d’où les tenait-elle d’ailleurs ? D’un soupçon de réalité et d’un torrent d’imaginaire ? Peut-être. Avec un truc en plus, quelques gouttes d’éternité pour que jamais ces histoires ne se craquellent. Prenant sa dernière nuit contée comme démonstration, Étienne Le Roux et Vincent Froissard (qui ont souvent croisé les traits et les couleurs avant de s’intéresser en tandem au Dernier voyage d’Alexandre de Humboldt) s’éloignent de l’écrin originel pour proposer une ultime aventure qui se prolongera bien plus loin que la nuit initiale.

 

 

 

 

 

 

 

© Étienne Le Roux/Vincent Froissard chez Soleil

 

Résumé de l’éditeur : Laissez-vous conter l’incroyable mille et unième nuit des célèbres contes de Shéhérazade… Le Sultan Shariar gouverne en imposant ses vues à la ville de Rum. Marié à Sheherazade, une conteuse qui tient le peuple éveillé, il accepte un pari fou lancé par le lion roi, Baali’m : lequel d’entre eux sera  jugé le meilleur roi ? Leur juge sera un vieil homme dont la femme et le fils ont été respectivement transformés en âne et en singe par Lilith, la femme de Salomon, dans d’étonnantes circonstances… Cette mille et unième nuit s’annonce aussi riche en événements qu’en rebondissements…

 

 

 

 

© Étienne Le Roux/Vincent Froissard chez Soleil

 

Sans doute, faut-il être tordu pour inventer une histoire pareille qui a si vite fait de vaciller du rêve à l’horreur et vice-versa. Étienne Le Roux et Vincent Froissard le sont suffisamment que pour rendre l’ensemble merveilleux, ne pouvant trouver mieux que la collection Métamorphose pour les abriter du sable et des tempêtes. On n’ouvre pas cet album comme on s’engouffre dans les albums « classique ». Ici, on admire l’objet avant tout, on se demande ce que peuvent receler les mystères de la couverture. Et ses dorures. On lévite déjà, ne manque plus que le tapis volant (car comment ne pourrait-il pas y avoir un tapis volant dans un tel songe) pour nous envoler.

 

 

 

 

© Étienne Le Roux/Vincent Froissard chez Soleil

 

Shéhérazade est toujours aussi belle malgré le temps passé, son roi toujours aussi cruel… et bon à la fois. C’est la nuit, le marchand de sable (qui n’a pas eu long chemin à faire) engage son bras de fer avec les oiseaux de nuit pendant que Vincent couche ses images fantastiques dans la douceur de tapis persans. Rien ne pourrait venir les perturber et pourtant. Shéhérazade sera bientôt enceinte, Dinarzade est toujours en quête de récits croustillants, un âne qui parle et son guide vont amener une pincée de fantastique à Rum (atchoum) que bientôt une armée de guerriers assiégeront. De quoi forcer le sultan à se jeter dans la gueule du l… ion qui règne en maître dans ce coin du désert qui fait peur à n’importe quel vivant un tant soit peu raisonné. Et c’est face au dilemme lancé Baali’m, le roi lion, que Shariar devra prouver qu’il peut être un grand roi, un homme de promesse et d’honneur. Même s’il doit oublier que pour se venger du mépris du passé il s’est promis de tuer toutes ses conquêtes dès la première nuit passée. Enfin ça, c’était avant de rencontrer l’ingénieuse Shéhérazade.

 

 

 

 

© Étienne Le Roux/Vincent Froissard chez Soleil

 

Ingénieux, nos deux auteurs le sont jusqu’à un certain point : un peu trop de magie, une main de dieu utilisée à mauvais escient pour débloquer trop facilement une situation cruciale et prometteuse (vous savez comme on les déteste ces héros qui ne sont jamais trop mis en péril). C’est dommage car ça nous a un peu fait sortir de la confortable et lumineuse ambiance à laquelle on était tout acquis. Mais pour le reste, on est dans cette Mille et unième nuit comme on s’enivrerait au café des délices. Les visages sont des ombres, le décor est d’ampleur et le grain des couleurs nous fait écarquiller les mirettes. Nous sommes la proie du désert, insignifiant et pourtant essentiel car s’il n’y a plus personne pour écouter ces histoires, comment pourraient-elles vivre. Et, bien plus, que d’y être contraints, on en est tout excités. Du très bel ouvrage. Mais n’est-ce d’ailleurs pas un djinn à la beauté vénéneuse qui malignement répand ce puissant philtre d’adhésion. Enchanteur.

 

Titre : La mille et unième nuit

Récit complet

Scénario : Étienne Le Roux

Dessin et couleurs : Vincent Froissard

Genre : Conte, Fantastique

Éditeur : Soleil

Collection : Métamorphose

Nbre de pages : 82

Prix : 16,95€



Publié le 27/11/2017.


Source : Alexis Seny

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