Les contes de fées, miroir aux alouettes des mondes défaits pour ceux qui restent face à la disparition de leurs enfants
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Les contes de fées, miroir aux alouettes des mondes défaits pour ceux qui restent face à la disparition de leurs enfants

Alice au Pays des merveilles, Little Nemo à Slumberland, Wendy et les enfants perdus au pays imaginaire, Richard au pays des livres magiques ou encore Eustache, Polly, Susan et co dans le Monde de Narnia… Des enfants passés de l’autre côté du voile de la fantaisie et de la féérie, il y en a une armada partie à l’aventure dans des univers dont les grands ignorent tout. Et si justement, le temps passant, les adultes s’étaient rendu compte de l’absence omniprésente de leur progéniture ? Un seul être vous manque et, dans ce choc des mondes, la terre entière est dépeuplée, disait l’autre. C’est ce postulat rarement voire jamais évoqué que Josep Busquet et Alex Xoül explorent et creusent dans un récit où la sinistrose étouffe peu à peu le merveilleux.

 

 

 

 

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

Résumé de l’éditeur : Ben a disparu. Ses parents préviennent la police mais personne ne peut imaginer la réalité : leur enfant affronte mille dangers dans son royaume imaginaire. Mais un jour, il revient. Parents, police et psys pensent que Ben nie la réalité de ce qu’il a vécu. Avant de disparaître à nouveau. Seule une association regroupant des parents qui vivent les mêmes turpitudes pourra sans doute leur venir en aide…

 

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

De conte de fées en monde défait, le jeu de mot est facile mais on ne peut plus évocateur de la situation vécue par Ceux qui restent, le nom tout trouvé et tellement bien choisi par les deux  auteurs restés sur le carreau quand la porte des mondes parallèles s’est ouverte. On leur a sans doute dit qu’ils étaient trop grands pour ces choses-là et se sont « vengés » en proposant une oeuvre plus sombre que ses pendants féeriques, interdite aux enfants et brocardant quelques-uns des monstres de notre société, bien pire qu’un Capitaine Crochet ou une Reine de Coeur.

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

Parce que forcément, devant l’inexplicable, des questions se posent. Encore plus quand on s’en prend à la chose la plus sacrée au monde : un enfant. Et quand celui-ci disparaît inopinément, c’est le drame inimaginable pour les parents qui, comme si cela ne suffisait pas, doivent faire face à une société qui les dévisage et ne peut s’empêcher de penser qu’ils ne sont peut-être pas aussi irréprochables que ce qu’ils veulent bien le dire… et le pleurer. Encore plus quand le gamin, comme s’il partait en voyages, revient un beau jour comme si de rien n’était pour mieux repartir et revenir, des mois voire des années plus tard. Sans que ses parents ne puissent le retenir, l’attrait du merveilleux étant toujours le plus fort (et on peut le comprendre).

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

Cette mésaventure cauchemardesque, les époux Hawkins vont en faire l’amère expérience et n’en sortiront pas indemnes. Parce que Busquet et Xöul ont vite fait de dégager l’aspect magique des choses pour ne faire subsister que le drame intime et à la fois sociétal. Parce que le couple, déjà secoué de l’intérieur du cocon familial désormais brisé, va être secoué par l’extérieur. Quand la police s’en mêle, s’efforçant de bien faire son boulot mais ne pouvant pas ne pas remettre en question la version des parents. Parce que, surtout, au tapin des esprits, quelques esprits frappeurs et frappés se prenant pour des journalistes mais servant surtout la putasserie (comme il y en a de plus en plus à l’ère du buzz et des réseaux sociaux) la plus basse et crasse vont en remettre des couches, faisant de nos victimes des criminels en puissance.

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

Heureusement, si rien n’est rose, tout n’est pas noir non plus et les parents dans la tourmente vont pouvoir compter sur une association secrète aidant à faire le deuil de ces enfants aventuriers partis dans d’autres mondes plus palpitants et pouvant pourtant se montrer bien ingrats. Face au scénario sans appel de Josep Busquet, Alex Xoül (si les deux Espagnols ont déjà pas mal collaboré en Espagne, c’est leur premier album qui parvient jusqu’à nous, en français) fait tant bien que mal pour amener de la magie dans cet univers chamboulé et cette société tristounette. La couverture donne un petit aperçu de l’étincelance et de la finesse de son dessin, de sa chaleur mais aussi de sa froideur. Graphiquement, c’est fameux. De bout en bout, ne cachons pas que cet album manque une lueur d’espoir. La fée clochette ne passera pas. Mais pouvait-il en être autrement ?

 

 

 

 

© Busquet/Xöul chez Delcourt

 

 

 

Alexis Seny

 

Titre : Ceux qui restent

Récit complet

Scénario : Josep Busquet

Dessin et couleurs : Alex Xöul

Traduction : Karine Beuzelin

Genre : Drame, Fantastique

Éditeur : Delcourt

Nbre de pages : 128

Prix : 19,99€



Publié le 15/06/2018.


Source : Bd-best

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