Libertalia : la poudre aux yeux fait place à celle des canons
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Libertalia : la poudre aux yeux fait place à celle des canons

Pour le premier album de cette série, nous avions rencontré le trio d’auteurs à la tête de cette colonie de pirates qu’est Libertalia. Et ce n’est pas peu dire qu’ils nous avaient vendu du rêve en nous vantant la sagesse (peut-être un peu hirsute) de leurs pirates en quête de sens plus que de sang et pionnier dans bien des domaines sociaux. Elle était belle l’image d’Épinal et pourtant… Nous mentaient-ils comme des arracheurs de dents de malades du scorbut (et dieu sait que Paolo Grella s’y connaît, lui qui a un diplôme d’orthodontiste) ou leurs personnages leur ont-ils échappé pour céder à leur nature humaine et à leurs bas instincts ? Dans ce deuxième tome de Libertalia, du haut des Murailles d’Éden, la belle idéologie a chuté et s’est fracassée, craquelée.

 

 

 

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

Résumé de l’éditeur : Libertalia est-elle née en 1967, à Madagascar, de l’imagination de Daniel Defoe ou de la folie de deux hommes en rupture avec leur époque ? Dans la colonie pirate de toutes les utopies, ténèbres et lumières s’affrontent dans une lutte à mort sans vainqueurs ni perdants.

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

La fuite d’un monde qui se pensait moderne mais était bien moins que ça s’est bien passé et la communauté emmenée par le gentilhomme déchu Misson et le défroqué Carracioli coule des jours heureux sur ce paradis terrestre trouvé sur une île de Madagascar. Il fait beau, la mer est pleine de poisson, de requins, et les autochtones, s’ils ne parlent pas la même langue que les nouveaux arrivants ont vite appris le troc. Pour peu qu’on ne les poursuive pas jusque-là – ils sont toujours recherchés morts ou vifs -, nos marins d’eau salée devraient bien se plaire et jouer les révolutionnaires de l’humanisme (notamment par une certaine idée de la sécurité sociale)…

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

Enfin, ça, c’est sur papier, et si les eaux ne sont pas si tumultueuses que ça, il n’empêche qu’elles amènent à Libertalia un parfum d’hostilité pour mettre à mal la belle fraternité. Et là où on s’attendait à ce que le trio d’auteurs continue de jouer sur les deux tableaux – entre ce microcosme libertaire et le monde qui veut la peau des forbans -, il nous surprend en restant entre pirates. En effet, il n’y a pas besoin qu’elles soient menacées pour que les relations humaines se tendent et finissent en déliquescence.

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella

 

Finalement, Rudi Miel et Fabienne Pigière accompagnés de ce surdoué de pirata qu’est Paolo Grella sont comme leurs héros, dans ce deuxième tome. Sans subterfuge, ils trouvent leur île à l’état sauvage, comme les hommes de Misson et Carracioli, se servant de ce qu’ils trouvent pour bâtir l’histoire. Et notamment des comportements humains qui s’ajustent ou s’opposent. Si la première solution est possible, la deuxième est de plus en plus plausible.

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

Car ce qui était encore un terrain d’entente et de paix possède assez de grain de sable et de sel pour enrayer la si belle machine utopiste. Le système de partage de richesses, toutes les richesses, les femmes, le manque d’action ou une simple incompatibilité d’humeurs sont autant de raisons qui vont mettre le feu aux poudres.

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

Et en matière de poudres, nos hors-la-loi s’y connaissent. Comme nos auteurs qui, dans ce carcan encore sauvage, livrent un album où grimpe inexorablement la tension (Paolo Grella est redoutable sur tous les plans et dans les expressions) tandis que les ennemis, encore loin de Libertalia, ajustent leurs pions. Sur ce jeu d’échec qui risque de tourner à la bataille navale, les chevaux fous sèment la zizanie, le ver est dans la pomme et les boulets sont plus rouges que jamais. L’éden est peut-être à l’Ouest, à bâbord ou à tribord, mais de moins en moins à Libertalia.

 

 

 

 

© Miel/Pigière/Grella chez Casterman

 

 

 

Alexis Seny

 

Série : Libertalia

Tome : 2 – Les Murailles d’Éden

Librement inspiré des bases jetées par Daniel Defoe

Scénario : Fabienne Pigière et Rudi Miel

Dessin et couleurs : Paolo Grella

Genre : Aventure, Historique

Éditeur : Casterman

Nbre de pages : 48

Prix : 13,95€



Publié le 11/06/2018.


Source : Bd-best

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