Mais que fait la police ?! Elle investit le neuvième art #1 | Sanlaville sort San-Antonio du sanatorium, Dard d’art (et du grand!)
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Mais que fait la police ?! Elle investit le neuvième art #1 | Sanlaville sort San-Antonio du sanatorium, Dard d’art (et du grand!)

Membre de la génération-phénomène, jeune et branchée (mais pas que), celle des prodigieux Last Man, Michael Sanlaville s’attaque à un héros d’un autre temps mais qui n’a en rien perdu de sa prestance caustique quand on sait bien s’en servir: San-Antonio. Une sorte de monstres du Loch Ness dont les aventures littéraires, arrêtées en 2001(après 175 tomes et 52 ans d’activité) que des adaptations (souvent de seconde zone) ont tenté de rendre dans d’autres domaines d’expression. La dernière fois, c’était sur grand écran avec double ration de Gérard (Depardieu – qui a un petit rôle dans cet album – et Lanvin) et de navet. On pouvait craindre le pire, mais Michael Sanlaville tient le bon bout et met la gomme sans rien effacer des aspirations totalement décalées de ces héros malgré eux que sont San-Antonio et Bérurier !

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

Résumé de l’éditeur : Si Bérurier joue les maîtres d’école en plein Beaujolais, ce n’est pas par vocation pédagogique : deux élèves ont disparu et un professeur a été assassiné ! Le commissaire San-Antonio est convaincu que seul un travail d’infiltration permettra de démasquer les coupables…

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

Grangognant-au-Mont-d’Or, si un tel nom de village ne fait pas planer le pittoresque, on ne sait pas ce qu’il vous faut. Pas loin de Lyon, le village n’a pas de vue sur la Ville-lumière puisqu’elle abrite aussi son lion en cage, mais avec de quoi boire (et ce n’est pas de l’eau), dans la prison que peut être une école. Quoi de plus normal pour donner un coup de fouet et de jeunesse à cette vieille série, que de la ramener sur les bancs d’une classe turbulente. Un homme est mort, un professeur et depuis, c’est Bérurier qui assure les cours… à sa façon. C’est-à-dire en tapant la carte, en gueulant des expressions que lui seul comprend et en initiant les gones au plaisir du p’tit rouge. Bref, c’est le chambard, promu par la gouaille formidable de ce professeur particulier, très particulier. Qui va d’ailleurs s’attirer les foudres (très vite éteintes dans une empoignade) d’un inspecteur scolaire aux allures d’un Zemmour. Attendez de voir quel rôle de composition s’est octroyé un DSK à l’air plus vicelard que jamais.

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

Pendant huit planches, Sanlaville donne le ton, dans la fureur et le chaos jubilatoires. C’est du bonus, un prologue qui ne dit rien de l’enquête qui va suivre mais dont cet album (qui compte 96 pages et laisse donc le luxe et l’espace à son auteur de broder du sur-mesure et de camper le décor) n’aurait pu se passer. De la BD-saucisson en quelque sorte, avec quelques amuse-gueules – et quelles gueules! – avant le plat principal. Et quand on est pas loin des Bouchons, on a de quoi saliver. Bérurier voit sa carrière d’instituteur déjà compromise et San-Antonio surgit.

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

L’heure est grave, même si elle ne le paraît pas. Certes, on a retrouvé une photo de cul dans la sacoche d’une tête blonde mais ce n’est pas le pire. Des enfants ont disparu et un prof a été assassiné. C’est la débâcle au pays des cartables (encore plus quand une grenade vous tombe dessus et empêche le commissaire de conclure avec la jolie Rosette – il faut bien parer au plus urgent) et le petit monde de la luxure, situé à deux pas de là n’est pas en reste.

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

Revenu de son roman du début des années 60, c’est tout un petit monde de santons de province, un peu dégénérés et portés sur la chose mine de rien, qui s’anime. Ils sont déjà hauts en couleur mais Sanlaville ne se prive pas de leur donner un surplus de peps et de pop pour provoquer la frénésie. Les moteurs vrombissent, les courbes des routes et des corps ne se font pas attendre et San-Antonio (re?)trouve toute sa flamboyance.

 

 

 

 

© Sanlaville chez Casterman

 

« L’adaptation fidèle au poil de cul près, je sais pas faire et j’y crois pas! », et il fait bien, Sanlaville. On (res)sent toute la ferveur de celui qui a oeuvré comme storyboarder et animateur, dans la maestria du découpage qui s’accouple avec la précipitation d’un San-Antonio ou avec la saoulerie de son acolyte alcoolique. C’est direct, décapant et décadent, juteux et tranchant. Ça y est, on est ivre d’aventure pittoresque, et qu’est-ce que ça fait du bien. Charmeur, sexy et charmant.

 

Alexis Seny

 

Série : San Antonio

Tome : 1 – San Antonio chez les gones

D’après l’univers et le roman de Frédéric Dard paru en 1962 chez Fleuve

Scénario, dessin et couleurs: Michael Sanlaville

Genre: Humour, Polar, Action

Éditeur: Casterman

Nbre de pages: 96

Prix: 16€



Publié le 04/04/2018.


Source : Bd-best

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