Après un premier tome qui nous avait un peu laissés pantois non par rapport à son intrigue fort présente mais par la présence effacée d’un Michel Ange qui donnait pourtant son titre au diptyque élaboré par Didier Convard (dans son roman), Éric Adam, Thibaud De Rochebrune et Delf. Du banquet des damnés, l’illustre sculpteur-peintre au caractère bien trempé s’était semble-t-il éclipsé. À force d’enquête, les auteurs et le prévôt Vittore (qui avait déjà, on s’en souvient, été mêlé à une affaire impliquant Léonard De Vinci. À l’époque, Didier Convard oeuvrait avec le regretté Gilles Chaillet) ont retrouvé la trace du créateur de la mémorable fresque de la chapelle Sixtine. Rusés qu’ils sont.
© Convard/Adam/De Rochebrune/Delf chez Glénat
Résumé de l’éditeur : 1508. Une sordide affaire de meurtres secoue Milan. Qui est cet étrange bourreau qui décapite ses victimes à la hache d’arme, et quelle hideuse apparence cache-t-il sous ses bandages ? Pourquoi signe-t-il ses crimes VENIT IUSTITIAE SOL – Le soleil de la justice a brillé ? Et pourquoi Michelangelo Buonarroti a-t-il décidé de s’y rendre à la suite d’une mystérieuse convocation, abandonnant sa fresque de la Chapelle de Sixte ? Éprouvé par l’enquête et victime d’une attaque cardiaque, le prévôt Vittore, seul capable de résoudre ces énigmes, reste alité. Et pendant ce temps, les têtes continuent de tomber…
© Convard/Adam/De Rochebrune chez Glénat
Pas de Da Vinci Code ici, les auteurs ont préféré rester bloqués en 1508, au tournant des arts et de la religion chrétienne, mesurant les implications d’un sinistre massacre perpétré sur ordre de Salomé. Elle qui voulait la tête de Jean-Baptiste sur un plateau. Un souvenir douloureux qui se rappelle au souvenir des Milanais au travers de crimes sordides visant des notables n’ayant a priori rien à se reprocher. Quatorze ans après Vinci, Le prévôt Vittore n’est toujours pas marié et il va devoir remettre la quête d’une âme soeur à plus tard, il y a du pain sur la planche, haché menu par un sordide individu couvert de bandage et d’une cape rouge à hanter vos pires cauchemars. Le prévôt aura bien besoin d’aide car, un peu à l’instar de Clint Eastwood dans Créances de sang, son corps ne suit plus.
© Convard/Adam/De Rochebrune/Delf chez Glénat
Dès la couverture, formellement noire (dommage, cependant, qu’elle s’abîme très vite), on est plongé dans l’ambiance de ce début de siècle tourmenté. Le deuxième acte peut commencer et amener son lot de réponses, attendues ou pas. Revenant sur les traces de la légende de la mort de Jean-Baptiste mais ne négligeant pas l’intrigue contemporaine de Michel Ange qui précipite d’ailleurs l’action devant mener à la révélation finale, Éric Adam et Thibaud de Rochebrune font du bon boulot, érudit mais pas lénifiant, pour nous faire croire cette thèse selon laquelle le Baptiste était l’envoyé de Dieu et que sa tête dissimule l’esprit de celui-ci. De quoi faire des envieux. Les décors sont variés, visitant les heures du jour mais aussi de la nuit, de quoi donner l’occasion à Delf d’utiliser une belle palette de couleurs.
© Convard/Adam/De Rochebrune/Delf chez Glénat
Bien sûr, la réponse à cette (en)quête est sous nos yeux, depuis le début, mais il faut être devin pour la voir venir et les auteurs nous mènent par le bout du nez (qu’heureusement, on ne nous a pas encore coupé) et n’ont pas leur pareil pour mettre à mal leurs personnages, les torturer. Espèces de bourreaux ! Le graphisme expressif et donnant de l’amplitude aux cases de Thibaud de Rochebrune parachève ce thriller ésotérico-historique pour lui donner du galon parmi les oeuvres mélangeant ces deux genres. Avec succès et passion, ici.
Alexis Seny
Titre : Michel Ange
Tome : 2/2 – Le Banque des Damnés
D’après le roman de Didier Convard, Michelangelo et le banquet des damnés
Scénario : Éric Adam
Dessin : Thibaud De Rochebrune
Couleurs : Delf
Genre : Thriller, Ésotérisme, Histoire
Éditeur : Glénat
Collection : Les enquêtes du prévôt Vittore
Nbre de pages : 48
Prix : 13,90 €
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