« -Ça t’a plu ?
-Ou… Oui.
-Ecoute-moi, le cinéma, c’est un jeu entre l’ombre et la lumière. »
Je venais de voir un film avec mon père dans une salle de cinéma bondée et enfumée. J’avais 13 ans.
Rintarô est né à Tokyo en 1941. Incorporé dans l’armée, son père se bat contre l’ennemi américain. A trois ans, avec sa mère et son petit frère, ils fuient vers la campagne. Le père les rejoindra après la guerre. 1947, c’est l’entrée à l’école où il découvrira les dessins du recueil de contes du monde. Un trésor ! Lors de séjours chez son grand-père, il apprend que son père rêvait de cinéma. A 8 ans, c’est lui qui découvre la magie d’un projecteur de cinéma de 16 mm dans le gymnase de l’école. « C’est donc ça, le cinéma ! » L’été suivant, il s’émerveille devant le cinéma itinérant. En 1951, c’est le retour à Tokyo. Tout le fascine. En échange de l’autorisation de coller des affiches de films sur la devanture de leur salon de coiffure, Rintarô, collégien, peut aller au cinéma à volonté. Il sèche les cours et rêve au métier de réalisateur. Il se fabrique une lanterne magique, en bois. Il dessine des bandes de 35 mm qu’il illustre. Il se fait ses premiers dessins animés.
Rintarô apprend à écrire un scénario. Puis, vint l’avènement de la télévision. Nous sommes en 1957. Sa vie est en train de prendre une direction décisive. Il quitte définitivement le collège et entre dans le monde du travail. Le monde du repassage, ce n’est du tout ce à quoi il rêvait. Un matin, dans le journal, il tombe sur une annonce : la production Hattori cherche des dessinateurs pour un film d’animation. Après deux mois d’apprentissage, la société fait faillite. Il se recycle comme coloriste dans une autre société. Son rêve est de rentrer aux studios Toei qui ont pour ambition de devenir le Walt Disney japonais. Eté 1958, le rêve devient réalité. Il travaille sur Le serpent blanc, tout premier long métrage japonais d’animation. Le film sera un succès. Un nouveau projet est sur les rails : l’adaptation d’un manga d’Osamu Tezuka, le créateur d’Astro Boy ! L’histoire est encore longue.
Qui mieux que Rintarô lui-même pouvait raconter son histoire ? Il réalise ici sa première BD. En près de 250 planches, le mangaka remonte à sa prime enfance pour expliquer le pourquoi du comment de sa passion qui deviendra sa vie. Il se souvient de chacune des scènes marquantes qui ont forgé son avenir, avec ses espoirs et des désillusions. Sa rencontre avec Tezuka sera pour le moins déterminante. Ils vont travailler ensemble sur l’adaptation d’Astro Boy pour la télévision. 1963, avec la diffusion du premier épisode, c’est le véritable début de l’animation japonaise telle qu’on la connaît. Le succès d’Astro entraîne de nombreux studios à produire du contenu. Rintarô devient le réalisateur des aventures du petit robot. Il ne sait pas que quelques années plus tard, il adaptera pour Toei animation un manga d’exception : Capitaine Albator, le pirate de l’espace, de Leiji Matsumoto, avant de passer au cinéma avec Galaxy Express 999, pour achever sa carrière en 2001 avec la sortie de sa dernière réalisation : Metropolis, une œuvre de Tezuka disparu en 1989, adapté par Katsuhiro Otomo, créateur du légendaire Akira.
« Va ! Ecris ta propre histoire. », dit Albator à un jeune membre de l’équipage. Rintarô a certainement pris la phrase pour lui puisqu’il a écrit cet album qui retrace sa vie, plus qu’une vie, un pan de l’Histoire de l’anime avec un grand H.
Ma vie en 24 images par seconde
One shot : Ma vie en 24 images par seconde
Genre : Biographie
Scénario & Dessins : Rintarô
Projet initié par : Shoko Takahashi.
Éditeur : Kana/Dargaud
ISBN : 9782505076384
Nombre de pages : 256
Prix : 27,90 €
« -Tu as amélioré le repoussombre ?
-J’ai fait des mélanges avec tout ce que j’ai sous la… Le quoi ?
-Le repoussombre.
-Le repou… Tu veux parler de concentré d’étylogramopathisaque ?
-Oui, c’est pareil.
-Soit ça ne change rien au résultat, soit l’effet disparaît complètement.
-Oh.
-Mais la recette du « repoussombre » reste utile. On est àl’abri de ces taches d’Ombre, ça les nettoie, c’est déjà beaucoup. Mais l’effet ne dure pas assez longtemps. »
Mycène et Roch, la jeune fille aux interminables cheveux blancs et son camarade, parcourent les rues de la cité qui semble abandonnée. La ville est envahie par les ombres, des taches violettes qui souillent les murs. Roch fait des expériences pour trouver l’antidote. Pour l’instant, il n’a découvert qu’une solution qui les nettoie, mais elles repoussent. Les enfants ont encore de nombreux quartiers à explorer, notamment les bâtisses proches du mur d’enceinte de la cité. Les maisons sont somptueusement ornementées. Mycène déduit rapidement que le mur est une muraille intérieure qui entoure le palais et les lieux importants de la ville. Mais comment le franchir ?
Dans une ambiance médiévale fantastique, Le temps des ombres n’est ni plus ni moins qu’une histoire de virus. Depuis le début, Mycène et Roch cherchent le remède pour éviter que les ombres ne se propagent. Le récit a un côté aventure dont vous êtes le héros. Une fille, un garçon, une lectrice, un lecteur, l’assimilation ne peut être plus simple. L’histoire a l’air basique mais possède quand même un certain suspens anxiogène. Les gamins sont seuls, dans une ville fantôme. Il faudra attendre la cinquante-et-unième planche sur quatre-vingt-deux pour qu’ils aient affaire à une autre forme de vie ou d’intelligence. Avant cela, on ne s’est pourtant pas ennuyé une seule seconde.
Après Le dernier printemps et L’été de feu, avant L’hiver du monde, Le peuple de l’automne, troisième épisode, troisième saison, va responsabiliser les enfants par rapport à la dégradation du monde. Les auteurs délivrent en filigrane un message écologique, montrant que les générations présentes et futures ont la lourde tâche de réparer les erreurs et les négligences de leurs aînés. Le scénariste David Furtaen parle ainsi aux lecteurs dès huit ans. L’illustratrice Pauline Pernette réussit le pari de construire des planches très architecturales dans ce qu’elles représentent, à la fois vides de vie et empreintes de passé. Les décors souillés par les Ombres sont somptueux.
Le temps des Ombres est une série intelligente qui fait rentrer les jeunes lecteurs dans la cour des grands. Dans les pas de Mycène et de Roch, les voilà acteurs d’une aventure qui, avec modernité, sent bon les histoires du journal Tintin de jadis.
Laurent Lafourcade
Série : Le temps des ombres
Tome : 3 – Le peuple de l’automne
Genre : Fantastique
Scénario : David Furtaen
Dessins & Couleurs : Pauline Pernette
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357961081
Nombre de pages : 88
Prix : 15,70 €
"-Faites attention, tout le monde !
-Qu'est-ce que vous voulez ?! Je suis sûr que nous ne vous avons rien fait.
-En effet, il ne s'est rien passé. Je veux simplement emprunter ton arme. Où est-elle ? Montre-la moi, s'il te plaît.
-On me l'a prêtée, donc je ne peux pas vous la donner."
Katsumi Haruyama, jeune informaticien, et ses collègues de bureau ont été transportés dans l'interface système mmporg "Re world" du jeu sur lequel ils étaient en train de travailler. La virtualité est devenue une nouvelle réalité. Le monde est devenu un jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs. Les protagonistes sont dépendants de la vie de leur personnage. S'ils se font tuer dans le jeu, ils disparaîtront.
© Tony - Dupuis
Katsumi s'apprête à affronter un nouvel ennemi. Eichi Kimura, ancien employé de l'entreprise, considéré comme un génie. Il semble intimement lié aux changements soudains du monde. Il est encore en vie et est extrêmement puissant. Il a écrit le scénario de "reworld" et a paramétré les démons. Le contenu principal du jeu concerne l'affrontement entre humains et démons. Mais Kimura n'en a pas le contrôle. Alors, Katsumi/Kimura, rivaux ou alliés ? Il faudra faire des choix pour survivre dans le game.
© Tony - Dupuis
D'origine coréenne, le webtoon est un manhwa créé pour une lecture numérique. Le concept date de 2003 et s'est largement démocratisé au reste du monde. Au fil des ans, le webtoon a énormément gagné en popularité et en parts de marché par rapport au manga. En France, plusieurs portails proposent des webtoons. C'est Delitoon qui a lancé le bal en 2011. Le roi des bugs peut se lire sur Piccoma. Il est édité sur papier par K-Factory, label de Dupuis. On peut se poser la question de l'intérêt d'une édition physique vu la surproduction actuelle. Le succès de Solo leveling apporte un argument de poids au procédé. Le roi des bugs pourrait bien surfer sur la vague, le webtoon étant en plus geek compatible. On en a parlé à la sortie du tome 1, le seul écueil est l'abus de flous artistiques. Ça passe peut-être bien sur smartphone mais ça pique les yeux sur papier.
© Tony - Dupuis
Chargez vos batteries et nettoyez vos écrans, préparez vos claviers et votre siège gaming, Le roi des bugs vous entraîne en immersion dans le jeu. Vous n'êtes pas des PNJ !
Laurent Lafourcade
Série : Le roi des bugs
Tome : 2
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Tony
Éditeur : Dupuis
Collection : K Factory
ISBN : 9782808505314
Nombre de pages : 288
Prix : 15 €
"-Hé, toi devant la porte ! Ne reste pas planté là comme une asperge… Approche ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi, mon garçon ?
-Bonjour Monsieur, je m'appelle Teddy Rinner ! Je viens d'intégrer le pôle espoir…
-Teddy ! Justement, je t'attendais. Heureux de te rencontrer !"
Août 2024, Teddy Riner foule les tatamis des jeux olympiques de Paris. Vingt ans plus tôt, en septembre 2004, il quittait la capitale pour entrer au pôle espoir de Rouen avec l'ambition de devenir champion du monde de judo. Loin de sa famille, il intègre son premier appartement pour se rapprocher un peu plus de son rêve. Mais avant cela, il va devoir s'imposer dans son nouveau club. Moussa et Lena, respectivement 10 et 9 ans, observent ce qu'ils pensent être du kung-fu par la fenêtre. Teddy va leur apprendre que c'est un tout autre art martial : le judo, qui se concentre sur les techniques de projection et de contrôle sur l'adversaire. C'est le japonais Jigorô Kanô qui a développé cette "voie de la souplesse" à partir d'anciennes techniques de combat. Le judo est un sport de valeurs morales. La discipline et le respect y sont prépondérants.
© Topher, Tiers - Pika
Dom-Sensei, professeur, accueille Teddy dans le dojo. Ses nouveaux camarades le saluent. Parmi eux, Damien se propose pour être son binôme d'entraînement, mais ses intentions ne sont pas bienveillantes. Il ne compte pas laisser un parisien arrogant lui voler la vedette. Il l'envoie au tapis en une prise. Loin de se laisser impressionner, Teddy se relève et reprend le combat. Son adversaire ne verra rien venir. A son tour de se retrouver allongé sur le tatami. A présent, les jeunes du club savent à qui ils ont à faire. Ça y est. Teddy vit sa passion. Il lui tarde déjà de participer à sa première compétition.
© Topher, Tiers - Pika
Hajime ! C'est le signal que le combat commence. Les mains le long du corps, les adversaires se saluent et l'affrontement débute. Tout comme débute l'ascension de la légende Teddy Riner que l'on découvre adolescent dans ce manga. Série prévue en trois tomes, on va suivre la formation et le parcours du judoka tout au long de sa carrière. Pour bien parler d'arts martiaux, il fallait des passionnés de ces sports. C'est le cas de Tiers, scénariste biberonné aux films de Bruce Lee et de Jackie Chan, et de Topher, alias Christophe Cointault, auteur de Wind Fighters, qui pratique le MMA, dont il a d'ailleurs un projet de série. De nombreux bonus enrichissent ce premier tome : interviews des auteurs et de Teddy Riner himself, genèse du projet, croquis,… On est invité au cœur de la création.
© Topher, Tiers - Pika
Que l'on soit judoka ou simple spectateur, que l'on aime ce sport ou que l'on s'en désintéresse, on ne peut qu'être ému par le parcours de ce champion d'exception qu'est Teddy Riner, que l'on suit ici avec fascination.
Laurent Lafourcade
Série : Hajime ! Teddy Riner, l'ascension d'une légende
Tome : 1
Genre : Sport
Scénario : Tiers, d'après l'histoire de Teddy Riner
Dessins : Topher
Éditeur : Pika
ISBN : 9782811689100
Nombre de pages : 204
Prix : 7,70 €
Attention, midi va sonner ! 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 !!! Debout Léon ! Gabi enlève son foulard et le fait tourner au-dessus de ses oreilles. Il chante la chanson à tue-tête !
"-Debout, debout, debout Léon…"
Les fêtes de Bayonne ! Ah, quelle institution ! Comme ses parents, comme des centaines de milliers d'autres personnes, le petit Gabi les attend avec impatience d'une année sur l'autre. Enfin, enfin, il est là le temps de la parenthèse enchantée. Comme le Père Noël en décembre, comme les cloches à Pâques, elles font leur retour annuel. Les festivités ont débuté. Aujourd'hui, c'est jeudi. C'est la journée des enfants aux fêtes de Bayonne. Tout de rouge et de blanc vêtu (enfin, uniquement de rouge, parce que, de blanc, il a son pelage, Gabi est un lapin, on ne l'a pas dit !), le gamin est fin prêt.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Bayonne, c'est la ville du chocolat. Quel régal que de s'en mettre plein les moustaches ! La musique des bandas enjaille les rues et résonne dans le cœur de Gabi. Le voilà tout excité pour courir, poursuivi par les taureaux -à roulettes- de l'encierro. Il n'a peur de rien, ce Gabi ! Ensuite, pas de répit, il faut se faufiler entre les géants afin d'aller sur la place de la Mairie pour réveiller le Roi Léon. Entre pique-nique, choka-tira, fête foraine et fandango, la journée du petit festayre n'est pas près de se terminer.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Les fêtes de Bayonne ont débuté en 1932. Elles ont bientôt cent ans. Réputées dans le monde entier, elles se déroulent au milieu de l'été dans cette magnifique ville du Pays Basque et accueillent chaque année plus d'un million de visiteurs. Cette année, avec Gabi, ça en fait un de plus. Conviviales et bon enfant, c'est un rendez-vous il faut le dire très arrosé en soirée, mais très familial en journée. C'est ce côté intergénérationnel que met en évidence un petit album comme celui-ci. Scénarisé par Stéphanie Guimont et dessiné par Davmvp, à l'instar de la série Roi Léon signée Duverdier, Gabi pourrait être le porte-parole de la culture basque au-delà des sept provinces.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Danse, Gabi ! Joue, Gabi ! Chante, Gabi ! Amuse-toi et remplis nos cœurs de bonheur comme l'est le tien ! Agur diauna eta laster arte ! Au revoir et à bientôt !
Laurent Lafourcade
One shot : Gabi aux fêtes de Bayonne
Genre : Festivités
Scénario : Stéphanie Guimont
Dessins & couleurs : Davmvp
Éditeur : Atlantica
ISBN : 9782758805779
Nombre de pages : 32
Prix : 16 €
"-Bah Mireille, tu fais quoi, ici ? C’est pas ton jour de congé ?
-Si, si, mais vu que c’est la fin du monde ce soir, je voulais pas prendre de retard sur les fiches de paye.
-J’adore cette initiative, Mireille.
-Nan, et en plus mon mari s’est donné la mort ce matin dans la cuisine. J’vous dis pas l’odeur."
L’heure est grave. Torse nu et épaule tatouée, le Président de la République annonce en direct à la télévision que l’apocalypse est prévue pour le lendemain à 19h. C’est pour ça qu’il a réalisé ses rêves. Devant son téléviseur, le manager d’une entreprise commence à envisager d’avancer la réunion prévue à 18h. Sa femme lui conseille de la faire à 17h. Le lendemain matin, dans les familles, la dernière journée de vie s’organise. Comment choisir sa cravate, au lieu de faire l’amour toute la journée ? Comment préserver la laïcité à l’école alors que la maman de Nadia porte un voile ? Comment va faire José pour s’immoler par le feu avant l’instant fatidique ? Comment vont s’organiser les employés de Bricosympa pour faire un chiffre d’affaires exceptionnel ? Et la maîtresse d’école ? Elle va juste péter un câble, mais ça va. Pour la Dernière réunion avant l’apocalypse, chacun met tous les atouts de son côté.
© Karibou, Chavant - Delcourt
Envoyez l’armée ! C’est ce que décide le président de la République dans un tout autre contexte. Face aux agriculteurs qui déversent leurs stocks de lait, face aux gilets jaunes qui bloquent les ronds-points, face aux routiers qui brûlent des pneus et des profs qui font grève, le Président envoie l’armée. Il a tellement l’habitude de prendre les grands moyens que lorsqu’on lui dit que le président russe le demande au téléphone, ben, il envoie aussi l’armée. Il s’agirait d’être un peu plus concentré. Heureusement que l’Etat-Major de la Grande Muette assure par derrière, que ce soit pour abattre un gorille géant qui terrorise une ville ou changer un robinet qui fuit. Quelle que soit la situation, il faut une tactique infaillible.
© Erre, Greff - Delcourt
La collection Pataquès s’enrichit de deux nouvelles pépites à mourir de rire. Karibou et Thierry Chavant imaginent comme le titre l’indique ce que pourrait être la dernière journée d’une humanité vouée à sa perte. Fabrice Erre, lui, imagine comment l’armée peut être la solution à tous les problèmes, locaux ou internationaux. C’est un Président loufoque ressemblant étonnamment à Emmanuel Macron qui réunit les deux livres. Fataliste dans le premier, Maladroit dans le deuxième, le chef de l’Etat est croqué dans des situations hors du commun poilantes.
© Karibou, Chavant - Delcourt
© Erre, Greff - Delcourt
Vu les sujets choisis, on aurait pu en pleurer. Les auteurs en ont pris le parti d’en rire. Tiens, et si c’était avec celui-ci qu’on nous faisait un nouveau gouvernement ?
Laurent Lafourcade
One shot : Envoyez l’armée !
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Fabrice Erre
Couleurs : Sandrine Greff
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 9782413048282
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
One shot : Dernière réunion avant l’apocalypse
Genre : Humour
Scénario : Karibou
Dessins & Couleurs : Chavant
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 9782413079149
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
"-C'est dingue, cette ville !
-Ah, tu le sens, toi aussi ?
-Tu parles à maman, mon nouveau mec a peur de se transformer en loup-garou…
-Euh, quoi ?!
-…Et au chalet où on passe la nuit, on tombe sur une gamine bizarre avec un œil tatoué dans le dos !! Je gère plus, là !!"
Saint-Elme, charmante petite bourgade de montagne, est le théâtre d'un jeu mortel entre politicards véreux, mafieux sanguinaires et la population locale. Tout avait commencé par la disparition d'un fils de bonne famille et l'arrivée sur les lieux d'enquêteurs chargés de retrouver sa trace. Les magouilles autour de l'usine d'eau minérale et les trafiquants de drogue allaient rapidement rendre tout beaucoup plus compliqué que prévu. A présent, c'est l'heure des règlements de compte. Les fantômes et les crapauds s'en mêlent. Tous les acteurs sont en scène. Le spectacle final, l'apocalypse, peut commencer. Quelqu'un réussira-t-il à sortir indemne de ce nid de guêpes ?
© Lehman, Peeters - Delcourt
Après cinq tomes, comme prévu, la saga Saint-Elme se clôt en apothéose. Le titre de l'épisode n'est pas anodin. Les Thermopyles sont un passage en Grèce où se sont déroulées de nombreuses batailles, de l'Antiquité entre Grecs et Perses jusqu'en 1941 avec un affrontement gréco-britannique contre l'armée nazie. Les Thermopyles se traduisent également par "portes chaudes" car il y avait des sources au pied de la falaise. Héraclès s'y serait baigné pour se laver du poison de l'hydre de Lerne. Batailles et puissance de combat sont donc les symboles de ce lieu. Il était donc logique, vu ce qu'il s'y passe, que Saint-Elme lui emprunte son patronyme.
© Lehman, Peeters - Delcourt
Serge Lehman et Frederik Peeters ont tenu toutes leurs promesses. Entre fantastique et psychédélisme, ils répondent aux questions laissées en suspens et clôturent les destins de leurs personnages, sans empathie et avec violence pour certains, avec compassion pour d'autres. Tous ceux qui le méritaient ne connaîtront cependant pas un happy-end. Un tel massacre n'a pas lieu sans que certains n'y laissent quelques plumes ou leur âme. Ne lisez pas cet album si vous n'avez pas lu les précédents. Cela n'aurait aucun sens, à part celui de profiter du dessin et surtout de la colorisation exceptionnelle des planches. Saint-Elme peut et doit se lire à présent comme un grand récit avoisinant les quatre-cent planches.
© Lehman, Peeters - Delcourt
Faisant le grand écart entre Les tontons flingueurs et Las Vegas Parano, Saint-Elme est une pentalogie remarquable des années 2020 qui laissera son empreinte.
Laurent Lafourcade
Série : Saint-Elme
Tome : 5 – Les thermopyles
Genre : Thriller
Scénario : Serge Lehman
Dessins & Couleurs : Frederik Peeters
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
ISBN : 9782413080350
"-C'est fou que mamie ne nous ait jamais parlé de Jean et Mathilde, non ?
-Déjà, quand j'étais petite, elle n'en parlait pas. Le sujet était sans doute trop douloureux.
-De très nombreux survivants et rescapés des camps se sont trop longtemps tus… soit par crainte de n'être pas crus, soit car ils préféraient oublier cette terrible période."
Simon est en classe de 3ème. Le professeur d’Histoire leur a demandé d’effectuer des recherches sur la Main noire, un groupe de résistants alsaciens de 14 à 16 ans fondé en octobre 1940 par Marcel Weinum, des ados, comme les élèves du collège, dressés contre l’ennemi allemand sans le moindre soutien des adultes. Ils ont multiplié les actes de résistance, de la coupure de fils téléphoniques à un attentat contre la voiture d’un officier boche. En 1941, Weinum sera arrêté par la Gestapo et condamné à mort. Les élèves vont bientôt aller visiter le camp du Struthof, seul camp de concentration nazi en France. Pour les accompagner, le professeur leur demande d’en parler autour d’eux. Les parents de Simon ne sont pas dispos, mais sa mamie Rose est volontaire. Ça fait longtemps qu’elle n’y est pas allée. C’est l’occasion d’ouvrir la boîte à souvenirs de sa mère Mathilde, décédée en 2009, dont le frère jumeau Jean est mort en 1943. Tous les deux étaient des héros.
© Lizano, Hassan- Nathan
Avec les témoignages de sa grand-mère, d’après les souvenirs de sa propre mère, Simon va découvrir les horreurs de la guerre. La visite sur les lieux, au camp du Struthof va être l’occasion de mettre des images sur les mots, avec toute la douleur que cela suscite. Solange, la guide, va accompagner la classe de Simon. Ce que les élèves vont découvrir sera bien au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer. Des hommes y ont perdu leur liberté, leur identité, leur dignité. Environ 3000 déportés y sont morts de torture, de maladie, de faim, de froid ou d’épuisement, mais si on inclut les camps annexes, entre 17 et 22 000 victimes ont perdu la vie. Dès l’entrée du camp, une statue en bronze à taille humaine représente le corps décharné d’un déporté décédé, montrant sa souffrance après sa mort. Le ton est donné. La journée va être empreinte d’émotion.
© Lizano, Hassan- Nathan
A la manière de David Evrard et Jean-David Morvan avec Irena et Simone, Yaël Hassan et Marc Lizano choisissent d’aborder la thématique avec un graphisme enfantin. Contre toute attente, la méthode est d’une efficacité redoutable. Les drames en sont d’autant plus poignants. La détresse des déportés fait face à la barbarie des nazis dans des scènes terribles. On aurait préféré que tout cela ne fut que fiction. Mais non, tout cela a bel et bien eu lieu. Il est nécessaire et urgent de s’en rappeler. Pour preuve, Mathilde étant décédée, c’est sa fille Rose qui sert d’intermédiaire, car les derniers survivants de l’époque disparaissent. Les livres vont peu à peu devenir les garants du souvenir afin qu’une telle ignominie ne se reproduise plus. La visite au Struthof, camp méconnu, contribue à ce devoir de mémoire. De cela, c’est Simon lui-même qui va en témoigner, avec une lettre qu’il rédige pour son arrière-grand-mère Mathilde.
© Lizano, Hassan- Nathan
Coédité avec l’Office National des combattants et des victimes de guerre, l’album est enrichi avec un cahier documentaire sur l’histoire du camp, avec une partie lexique. Il se termine par les biographies de détenus cités dans la BD. Yaël Hassan et Marc Lizano nous emmènent sur les lieux avec émotion, pudeur et colère. A mettre dans les CDI de tous les collèges et lycées, entre autres.
Laurent Lafourcade
One shot : La visite au Struthof, camp méconnu
Genre : Histoire
Scénario : Yaël Hassan
Dessins & Couleurs : Marc Lizano
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095030100
Nombre de pages : 92
Prix : 15,95 €
"-Je… Je souhaiterais avoir des informations sur le prochain spectacle…
-Je ne te savais pas si consciencieux… Sur le principe, c’est comme la dernière fois. Sauf que cette fois-ci, je serai le jury. Le thème, c’est moi ! Qui d’autre que moi pourrait juger la pièce ? Voilà ! D’autres questions ?"
Japon, XIVème siècle, 1375. Oniyasha avait failli oublier la manche suivante du tournoi de danse entre la compagnie Shinza et la compagnie Kanze sur le thème de Yoshimitsu. Il reste peu de temps. La compétition aura lieu le 17 août. Ashikaga Yoshimitsu, troisième shogun du règne Muromachi, annonce qu’il sera le jury. Le thème, c’est lui ! Ce n’est pas forcément plus avantageux que la dernière fois. Alors, pour se donner de la force, Oniyasha pense à Toku, le vieillard décédé, accusé à tort d’un crime. Hors de question de l’oublier. L’artiste voudrait jouer le soir, mais voilà qu’il est désigné pour passer en premier. Comment va-t-il faire ? Entre la journée et le soir, on ne voit pas du tout de la même façon. Répétitions, temps, masque, compétences, tout lui manque, mais il doit livrer son interprétation maintenant.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
Dans ce quatrième épisode de The world is dancing, Oniyasha va être poussé dans ses derniers retranchements. Réussira-t-il à proposer un jeu de scène à la hauteur ? Ou bien son adversaire Zôjirô le supplantera-t-il dans la prestation ? Le mangaka Kazuto Mihara livre, lui, une représentation théâtrale dessinée époustouflante. A partir du moment où s’ouvre le rideau, page 43, on est dans les tribunes, on assiste au spectacle aux côtés du Shogun. Oniyasha joue une dame mendiante assise sur le bord d’une statue de Bouddha. S’engage un dialogue philosophique entre elle et un moine. Mihara réussit à placer le lecteur dans une bulle. On n’entend plus rien autour de soi. C’est une immersion qui a quelque chose de magique. C’est assez transcendant. Le final rebattant les cartes entre Oniyasha et Zôjirô laisse augurer d’un cinquième volume tout aussi incroyable.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
En postface, l’historien Katsuyuki Shimizu raconte l’origine du Dengaku, dans la réalité médiévale japonaise. Il rappelle que les enfants, au Nouvel An, ne jouaient pas aux jeux vidéo, et pour cause, mais s’amusaient avec des jeux en bois, raquettes et échasses, avec des toupies, des cerfs-volants et des cartes. Ils symbolisaient les vœux de la nouvelle année, comme des rituels pour redonner de la force à la terre et au soleil. Le dengaku était un rituel pour apaiser les divinités. Des acrobates faisaient des tours sur de longues perches. Au Japon, le terme désigne aussi des brochettes grillées.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
L’acteur de nô Kôhei Kawaguchi revient pour conclure sur le voyage vers Zeami, acteur du début du XVème siècle, qui raconta dans un ouvrage la première moitié de sa vie consacrée à son art.
Plus qu’une histoire du nô, "The world is dancing" est une démonstration artistique mettant en abime un art, le théâtre, dans un autre, le manga.
Laurent Lafourcade
Série : The world is dancing
Tome : 4
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega – Dupuis
ISBN : 9782379504556
Nombre de pages : 174
Prix : 11 €
"-… On vient de quitter Boston, on survole…
-Je sais…
-… Le cockpit ne répond pas aux appels internes.
-D’accord, mais à quelle place es-tu assise ? Quel est ton numéro de siège ?
-Que se passe-t-il ?
-Je ne sais pas… On dirait une hôtesse de l’air…
-En ce moment, je suis sur mon strapontin. Mon identifiant est AI 3R.
-D’accord. Peux-tu confirmer que tu es hôtesse de l’air ?... Elle ne m’entend pas, elle me demande de parler plus fort !"
C’est la panique à bord du vol AA11 Boston-Los Angeles. Une hôtesse de l’air tente de prévenir la tour de contrôle que l’avion est en train d’être détourné. Le cockpit ne répond pas et un homme a été poignardé en classe affaires. Dans quelques instants, l’appareil va s’écraser sur l’une des tours jumelles du World Trade Center à New-York. Vingt-six jours plus tard, les troupes américaines envahissent l’Afghanistan avec pour objectif de démanteler la cellule terroriste d’Al-Qaïda dirigée par Oussama Ben Laden, qui a revendiqué les attentats de septembre. Le cheikh terroriste est protégé par les talibans.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
De nos jours, le scénariste Marco Sonseri, se mettant en abime dans cet album, entreprend de comprendre et faire comprendre la situation en Afghanistan et comment on en est arrivé là. Laissant les mythes de côté, il recherche une vérité objective. C’est pour cela qu’il cherche à rencontrer des acteurs des événements, comme Hussain Razai, réfugié afghan ayant fui Kaboul après l’arrivée des talibans dans la capitale en août 2021. Il appartient à la communauté des Hazaras. On va donc avoir le point de vue du scénariste, occidental se projetant dans des situations sensibles, et celui d’Hussain, un natif plongé au cœur des événements et né dans le mauvais camp, celui de la minorité Hazara. Entre passé et présent, orient et occident, croyances et idéologies, émotions et convictions, on va enfin pouvoir tout comprendre de l’Afghanistan.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
Le peuple afghan est divisé en plusieurs ethnies. Les talibans, également appelés pachtounes, détestent la musique. Jouer ou chanter est un sacrilège. Les hazaras aiment l’art. Ils ont une manière de vivre plus proche de ce que l’on peut connaître en Europe de l’Ouest. Les talibans ont pris pour la première fois le pouvoir de force en 1996 aux mains des Moudjahidines. Le peuple a rapidement déchanté. C’est le cas de le dire. Marco Sonseri apprend tout cela grâce à Amin, membre de l’association « Per i diritti umani ». Avec un courage extraordinaire, face aux kalachnikovs, les femmes commencent à manifester leur mécontentement. Hussain, lui, raconte comment il a pu mener à bien ses études et comment il est devenu responsable gouvernemental anti-corruption dans un Afghanistan bénéficiant encore de la présence américaine, freinant ainsi les ardeurs des talibans. Il explique comment il a rencontré Najiba et attendu l’accord de son père pour lui demander sa main. Aujourd’hui, c’est pour elle qui témoigne.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
Pour toi...Najiba est une histoire instructive et poignante éclaircissant une situation jamais explicitée par les journalistes. Plus qu’une œuvre de mémoire, les auteurs signent une œuvre d’actualité car l’Histoire, ce n’est jamais terminé.
Laurent Lafourcade
One shot : Pour toi… Najiba
Genre : Témoignage
Scénario : Marco Sonseri
Dessins & Couleurs : Gian Luca Doretto
Éditeur : Félés éditions
ISBN : 9782491483197
Nombre de pages : 104
Prix : 21 €
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