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Savez-vous où se situent exactement la Syldavie, la Bordurie, le San Theodoros, le Nuevo Rico, ... ? Et les villes de Kiltosh, Baghar, Khemkhâh, ...
Non évidemment !
Le château de Moulinsart ? Oui, tout tintinophile connaît Cheverny ... mais encore ?
Si Tintin a bien visité, dans ses premières aventures, le Congo, l'Amérique, la Russie, la Chine, l'Égypte, l'Inde, ... voire le Tibet plus tard, ... il y a parfois posé ses valises dans des villes sorties tout droit de son imagination ...Kalabelou, Arboujah, ...
A partir de "L'Oreille cassée", il voyagera dans des pays que vous ne trouverez pas dans un atlas ! Il traversera des villes impossibles à trouver sur des cartes !
Ses pérégrinations vont le mener dans une multitude de pays imaginaires. Enfin, pas si imaginaires que cela en fait !
Hergé va s'inspirer du monde qui l'entoure, de la géopolitique de l'époque pour y "créer" de toute pièce des royaumes, des républiques, des dictatures, ... dans lesquels son reporter de héros pourra se mouvoir en toute "liberté" narrative.
Des pays de papier pour des aventures bien réelles !
Tel est le thème principal de ce nouveau MOOK ! Les pays imaginaires de Tintin !
Les numéros précédents s'intéressaient majoritairement à des régions, des moyens de transport, des événements, des activités diverses, ... Celui-ci se consacre enfin à la géographie, à la localisation des périples du jeune reporter.
Hergé ne fera pas qu'inventer des pays, des régions. Il les dotera d'une histoire, d'une architecture, de coutumes, d'uniformes au besoin, de folklore, de traditions, de personnalités culturelles ou politiques, de paysages et bâtiments, ... Bref de tout ce qui fait un pays, une nation !
© Hergé - Prisma / TintinImaginatio 2025
Probablement l'un des plus académiques et instructifs MOOK depuis longtemps. Offrant de nombreuses clés d'interprétation et de compréhension aussi bien aux tintinophiles avertis que néophytes, il nous immerge dans la dimension spatiale réaliste des aventures de Tintin, mais également temporelle. Créant des parallèles intéressants entre le cadre politico-culturel imaginaire des pays visités par Tintin et des pays réels ! N'oublions pas que Tintin est LE Justicier par excellence ! Un justicier, révolutionnaire si besoin, pacifiste et non-violent toujours ! Et ce même si parfois, il s'agit seulement de remplacer un régime autoritaire par un autre ... une dictature "tapiocaénne" par une autre "alcazarienne" ... genre celle de Batista par celle de Castro !
Ce procédé narratif n'est évidemment pas neuf. Que ce soit déjà Platon avec son "Atlantide" ou tout simplement dans "Zig, Puce et la petite princesse" (1933) d'Alain Saint-Ogan (l'une des influences majeures d'Hergé), situer les actions de son héros dans un pays fictif proche de la réalité, permet à l'auteur des mises en lumières et des critiques de ces derniers sans (trop) risquer de plaintes ou attaques de ceux-ci.
Mélanger adroitement fiction et réalité, n'est-ce pas l'une des clés indispensables pour rendre son récit des plus crédibles aux yeux du lecteur ? Hergé l'avait bien compris ... et appliqué.
Un dossier passionnant de Christophe Quillien, complété par d'intéressantes réflexions annexes de Daniel Couvreur, David Gloumot, Jean-François Douvry, Pierre Fresnault-Deruelle, ...
© Hergé - Prisma / TintinImaginatio 2025
Cependant, parmi les autres sujets abordés dans ce numéro, il y en a un qui m'a toujours "impressionné" autant jeune ! L'apparente "invincibilité" de Tintin ! Quoiqu'il lui arrive, il semble "immortel". "Brisable" sur l'instant, il se remet quasi immédiatement et gagne dans son statut "incassable". Tintin blessé, chutant dans un gouffre, victime d'un grave accident, d'un naufrage, ... bref à être à 2 doigts de la mort, il n'en sera toujours qu'à 2 doigts ! Sa vie sera pleine de rebondissements ... et de victoires car la mort ne peut l'atteindre ! Ni aucun autre personnage de ces albums d'ailleurs ! Mais elle sera toujours omniprésente dans ces derniers ! Une lumineuse analyse de cette caractéristique menée par Laurence Devillairs
Pour les amoureux de la photo, Vincent Munier nous explique sa passion pour les animaux sauvages et son envie de les immortaliser en photos. Des images superbes et impressionnantes de vie, comme celle pp 62-63 que je vous laisse découvrir en feuilletant ce numéro. Des rencontres extraordinaires qui l'ont marqué à tout jamais, comme celle avec les "fantômes de la toundra" lors d'une expédition dans l'Arctique canadien ! Et justement de cet Arctique canadien, à la Sibérie, aux forêts vosgiennes, il reconnaît que ...
"Cette beauté du monde sauvage me nourrit, m'apporte une grande énergie."

© Hergé - Prisma / TintinImaginatio 2025
Le portrait de ce mois est consacré à la catastrophe des voisins, des amis, des connaissances ... à l'emmerdeur-né, au roi des casse-pieds ! Vous avez compris ... Séraphin Lampion !
Le représentant des Assurances Mondass. Le sans-gêne par excellence, inépuisable, qui ne peut s'empêcher de venir s'incruster dans votre quotidien pour x -y raisons futiles et agaçantes !
Un pot de colle ambulant, portant ceinture et bretelles, l'air toujours satisfait de lui, pire qu'un certain sparadrap ! On ne sait jamais par où il arrive, mais on ne sait jamais s'en débarrasser !
"Vous savez, moi, je ne fais pas de manières, je suis un rigolo. Avec moi, on ne s'ennuie jamais, garanti sur facture !"
Bref, le Bruxellois-type en vacances ... d'après Hergé lui-même !
En se l'imaginant, comment ne pas penser à Jacques Brel dans "L'Emmerdeur", film d'Edouard Molinaro (1973) ... celui que vous avez envie de tuer, tellement il vous éneeeeeeeerve ?
Et finalement qui est-il ? D'où vient-il ? Qu'est-il réellement ? Christophe Quillien tente de nous apporter un début de réponse ...

© Hergé - Prisma / TintinImaginatio 2025
Et quitte à parler "imaginaire", comment ne pas partir à l'aventure en allant à la rencontre des pirates ? Des Caraïbes à l'océan Indien, ils ont rempli nos têtes d'aventures et d'exploits ancrés dans nos esprits. Dix pages pour se transporter dans ce monde de rapines, de raids sanglants, de courses où la loi de la flibuste était la norme. Entre corsaires, pirates, flibustiers, boucaniers, ... apparaîtront quelques figures légendaires dont Hergé s'inspirera pour son redoutable Rackham le Rouge !
Ce sera l'objet de la rubrique "Profession : reporter" de Maxime Dewilder.
Le "Carnet de voyage" sera ce trimestre-ci consacré à Ugo Gattoni, dessinateur et directeur artistique parisien, auteur de l'affiche des JO de Paris 2024.
"L'entretien BD" s'intéressera à "Sur le front de Corée" du scénariste Stéphane Marchetti (dessin de Rafel Ortiz). Il y rend hommage aux reportages d'Henri de Turenne sur ce conflit souvent méconnu du XXe siècle. L'occasion de découvrir de façon plus large cette nouvelle collection de roman graphique, créée avec Jean-David Morvan, et basée sur les reportages lauréats du prix Albert-Londres.
L'autre coin BD nous invitera à découvrir Nicolas Puzenat et son captivant "Mégafauna", aux éditions Sarbacane. 8 pages BD qui vous enchanteront !

© Hergé - Prisma / TintinImaginatio 2025
En conclusion, un numéro indispensable, didactique, instructif, superbement illustré de photos exceptionnelles, de dessins et croquis remarquables, ... Un MOOK à dévoré en relisant des albums comme "Le Sceptre d'Ottokar", "L'Oreille cassée" ou encore "Le Crabe aux pinces d'or", ...
Curieux, vous êtes ? Le thème du prochain numéro ? Pensez à la Belgique, pays d'origine de Hergé et donc de Tintin ! Mais patience jusqu'au 4 juin 2025.
Thierry Ligot
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Revue : Tintin, c'est l'aventure
Numéro : 23 - Les pays imaginaires
Éditeurs : Éditions Moulinsart - Géo -Prisma Media
Parution : 26 février 2025 (Fév - Avril 2025)
Pages : 144
Format : 21 x 29 x 1,5 cm
ISBN : 978 2 81044 079 5
Prix : 19,99 €
Dans les nouveautés 2025, BD Best n'a pas fait dans les dentelles ...
Nous vous avons déjà parlé de la nouvelle séquence "La Minute de Rey". Chaque mois, Reynold nous présentera SA bd du mois, son coup de cœur. Pour janvier, c'était "A la poursuite de Jack Gilet" de David Ratte chez Grand Angle.
A retrouver ici
Seconde innovation, une nouvelle chronique ...
En décembre dernier, j'étais invité à parler de l'opération "Lisez-vous le belge ?" à l'émission "C'est Presque Samedi" d'Olivier Beo, sur Radio Émotion. Le courant étant super bien passé ... une idée germa.
Ce vendredi 7 février, vers 21h40, sur 104.9 FM, nouvelle intervention dans cette même émission. Et pour tout dire, première chronique BD tout simplement.
Désormais, tous les 4e vendredi du mois (oui d'accord, ce vendredi était un "rattrapage" de janvier), j'y ferai pour "BD Best" une petite chronique d'une dizaine de minutes.
J'y parlerai évidemment 9e Art, son univers, mais également de certaines parutions voire rééditions, de festivals. Bref de ce qui rend ma passion pour la BD aussi passionnante !

© Th. Ligot 2025
Pour cette première de 2025, j'ai décidé de faire local, comme la radio d'ailleurs.
Local à Braine-l'Alleud en parlant d'un des plus actifs et importants éditeur belge de bande dessinée.
Les Éditions du Tiroir sont basées place cardinal Mercier, 18, à 2 pas de la radio.

© Th. Ligot 2025
Créés le 2 janvier 2019 par 3 amis Christian Lallemand, André Taymans et Pierre Daisomont, leur projet est simple et ambitieux à la fois : proposer un espace de création BD à de nouveaux auteurs, tout en rééditant d'anciens, sans oublier évidemment de nouvelles parutions d'auteurs dont la renommée n'est plus à faire.
Une écurie d'une bonne quarantaine d'auteurs, et d'un catalogue d'approximativement 120 titres ! Environs 20 nouveaux titres par an, tous financés par des crowdfunding sur Ulule, la plate-forme du financement participatif par excellence.
Une chronique sur ce parcours riche en événements, en sorties, en nouveautés et innovations.

© Th. Ligot 2025
L'occasion de présenter 4 sorties récentes, dont 2 lors du FIBD d'Angoulême, des "Éditions du Tiroir", l'éditeur brabançon le plus actif et prolifique dans ce secteur.
Retrouvez le podcast de ce premier passage ici ;-) :-) ;-)
Thierry Ligot
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L'espion qui a piégé Hitler
Collection : L'Heure H
Scénario : Henri Vernes - Carlos Valdeira
Dessins : De Kuyssche
Couleurs : Yves Magne
Genre : biographie, histoire
Parution : 7/6/2024
Pages : 48
Format : 30,7 x 22,7 cm
ISBN : 978 2 9312 5119 5
Prix : 15 €
Le Miracle de Noël, Dickens
Collection : L'Heure H
Scénario : Patrick Verdant
Dessins & couleurs : Giacomo Rosati
Genre : biographie, histoire
Parution : 17/1/2025
Pages : 48
Format : 30,7 x 22,7 cm
ISBN : 978 2 9312 5118 8
Prix : 16 €
Adelin & Irina
Tome : 4 - La Cité ardente
Scénario, dessins & couleurs : Nico Van De Walle
Genre : héroic-fantasy
Parution : 31/1/2025
Pages : 48
Format : 30,7 x 22,7 cm
ISBN : 978 2 9312 5116 4
Prix : 16 €
Miss Tattoo
Tome : 1 - L'héritière
Scénario & couleurs : André Taymans
Dessins : Elisabetta Barletta
Genre : aventure, espionnage
Parution : 31/1/2025
Pages : 48
Format : 30,7 x 22,7 cm
ISBN : 978 2 9312 5124 9
Prix : 16 €
https://www.editions-du-tiroir.org/
Les lumières de 2024 viennent de s'éteindre. Mais elles laissent en nous de nombreuses petites étoiles de souvenirs.
Au niveau de vos sites "BD Best" et "Boulevard BD", nous avons tenté de vous faire partager nos passions pour la bande dessinée, dans tous ses états, tous ses genres, toutes ses facettes.
Entre découvertes d'albums "coups de cœur", couvertures d'événements spécifiques (vernissages, foires, fêtes, festivals, journées presse, ...), rencontres, interviews et capsules vidéo, ... il nous serait difficile de nous plaindre de n'avoir pu vivre cette passion pour le 9e Art de façon aussi intense !
Parmi tous ces moments de rêve, ces lectures qui nous ont fait voyager, nous ont profondément touchés, voire nous ont retournés, chamboulés, ..., ces interviews vivantes et passionnées, ... nous avions envie de revenir sur certaines !
Juste pour le plaisir, car elles nous ont peut-être un peu plus marqués, impressionnés, ...
Pas un classement, pas exhaustif, seulement quelques instants qui font de ces heures de lecture, d'écriture de chroniques, de montages de capsules et de diapos, ... des tranches de vie illuminées et loin d'être pénibles ou des obligations.
Un hobby, une passion, une curiosité infinie pour ce 9e Art qui ne cesse de se renouveler, de s'épanouir, de nous faire rêver ... ou parfois de nous faire réfléchir ! Car la BD est aussi un passeur des messages.
"Par lui, avec lui et en lui", ce média peut faire évoluer les pensées, les aprioris, les visions de la société. Un crédo pas toujours correctement compris par tous les acteurs, responsables ou dirigeants de cet art.
Il est et doit rester un espace de liberté d'expression et de création. On peut ne pas être d'accord avec certaines œuvres, mais on ne peut les brûler et les censurer sans porter atteinte à cette liberté ! L'intelligence passe par le dialogue, la compréhension et non le pilon ou le bûcher ! Rappelez-vous il y a 10 ans !
Pour ce premier "souvenir", j'aimerais revenir sur l'interview que m'a accordé un "Grand Monsieur" de la BD. Un spécialiste qui a réussi à faire de sa passion pour la lecture son métier ! Journaliste, chroniqueur, scénariste BD à ses heures, écrivain également quand il en trouve le temps, commissaire d'exposition, ... ses journées sont bien de 24 h mais il les remplit comme si elles étaient de 72 h !
Thierry Bellefroid, lors du BD Comic Strip Festival, en septembre dernier, nous avait accordé un petit quart d'heure. Une capsule à son image où son amour pour son hobby-métier pourrait en faire le Roméo de Clio ou de Calliope !
La revoici !
Thierry Ligot
"Il était une fois un doux matin au milieu des glaces ...
Un igloo habité par un gentil Inuit qui faisait un gros dodo ..."
Ça commence comme un conte de fée ... mais cela s'arrête là ! En effet, immédiatement Tonka met les choses au point !
"Ah non ! Jamais de la vie ! "Il était une fois", et puis quoi encore, des licornes ? pas chez moi !!! Ni princesse, ni chevalier.
A toutes celles et ceux qui en voulaient, c'est le moment de fermer ce livre !"
Voilà, le ton est donné ! Chez Tonka, c'est chacun chez soi ... "ce qui veut surtout dire : PAS chez moi !"
Chez lui, nous voulons dire !
Vous l'avez tout de suite compris, Tonka est un "gentil" Inuit qui n'apprécie la vie que seul dans son igloo et surtout loin, très loin des autres. Enfin plutôt les autres qui doivent être loin, très loin de chez lui.
Sa vie se poursuivrait paisiblement si par malheur, un jour Norbert, un grand ours blanc, lunettes sur le museau et écharpe vert et vert autour du cou ne venait s'installer tour près du "Igloo de Tonka" ... trop près d'ailleurs, à deux pattes dirons-nous !

© Hervan - Inukshuk 2024
Et non content de venir ainsi envahir son espace vitale, le voilà à squatter son trou de pêche, venir lui demander ceci ou cela, ... l'interrompre par ses "bla bla bla bla" ... bref lui rendre la vie impossible !
Car Norbert est gentil, bienveillant et surtout ne voit absolument pas qu'il énerve au plus haut point le pauvre Tonka !
L'heure des malheurs sonne ainsi pour ce misanthrope de Inuit, râleur, grognon et désormais toujours de mauvais poil !

© Hervan - Inukshuk 2024
Un album sur les premières (més)aventures de ce pauvre Tonka hilarant et déconcertant. Nous avons tous, dans nos connaissances, une "bonne âme" toujours prête à râler sur ceci ou cela, à vivre des péripéties incroyables et difficiles à croire. Voilà ce qui attend ce malheureux Tonka avec l'arrivée ... et l'installation de Norbert sur son bout de banquise.
" - C'est admirable de pouvoir ainsi compter sur les autres. Entre voisins, c'est une véritable une véritable chance !
- C'est ça, c'est ça ! Bla bla bla bla bla ... Voisin ? Voisin ? Voisin !
VOISIN !! RAAAAH ÇA NOOOON !"
Cédric Hervan nous livre ici une petite pépite de rigolade et d'humour ... pas forcément blanc ! Le type qui vient s'incruster dans votre espace alors que vous ne rêvez que d'une chose, qu'on vous f... la paix ! Voilà ce sacré Norbert avec toute son innocence et sa bienveillance !

© Hervan - Inukshuk 2024
Un dessin rond, belgo-belge bien personnel mais où le crayon glisse sans forcer le style sur le papier.
Un graphisme qui colle parfaitement au personnage principal à l'aspect sympathique, presque comique avec son gros nez, ses crises de rage et de mauvaise humeur permanentes !
Sans oublier, Norbert, un ours blanc un rien naïf, à moins que cela ne soit sa philosophie de vie, genre "hakuna matata" ou "Il en faut peu pour être heureux" de Baloo, afin de rester dans les ursidés !
Un format à l'italien, plus grand néanmoins que le classique, autorise Cédric à développer ses gags sur 2 faces. Pratique et lisible ... surtout pour les plus jeunes lecteurs.
Car cette histoire est accessible dès 5 ans ! Pas forcément besoin de savoir lire pour bien rentrer dedans et rigoler franchement ! Le dessin est suffisamment expressif pour rendre la narration parfaitement compréhensible dans sa continuité.

© Hervan - Inukshuk 2024
Difficile également pour Cédric Hervan de ne pas inclure une donnée plus "pédagogique" à son album. Un petit bonus non négligeable justement pour le plus jeune public vient le clôturer : un petit dossier de 10 pages de "jeux" et énigmes ainsi que 2 pages de croquis !
Pour info complémentaire, la BD a été plébiscitée grâce à un crowdfunding sur Ulule. Donc pour les heureux participants, de nombreux petits suppléments étaient accessibles en fonction des packs proposés.
En fonction du succès de ce premier tome, un second serait envisageable ... pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques !

© Hervan - Inukshuk 2024
Suite à notre passage à l'émission d'Olivier sur Radio Émotion (C'est presque samedi, lien vers le podcast), le vendredi 8 novembre, Cédric Hervan nous a accordé une petite interview bien sympathique : "Derrière la palette, Cédric Hervan"
Ceci se faisait dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le Belge ?" à laquelle nous collaborons depuis 2 ans.
Bref, le cadeau idéal de Saint-Nicolas pour nos petits chérubins ou à glisser en bonne place sous le sapin de Noël !
Et d'avance, joyeuses fêtes de fin d'année déjà à toutes et à tous.
Thierry Ligot
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Série : Tonka
Tome : 1 - Chacun chez soi
Scénario - dessin - couleurs : Cédric Hervan
Éditeur : Inukshuk
Genre : humour, pédagogique
Public : dès 5 ans
Parution : 23 novembre 2024
Pages : 64
Format : 19 x 28 cm x 1,5 cm, à l'italienne
ISBN : 978 2 490276 29 5
Prix : 12 €
Sorti il y a à peine un petit mois, largement plébiscité par la chronique et surtout par le public, le tome 1 d'une nouvelle série est toujours un petit événement !
Si nous ajoutons qu'il s'agit d'une première collaboration entre scénariste et dessinateur, que le premier, bien que grand spécialiste du 9e Art, est plutôt "novice" dans l'exercice d'écriture, cela ne pouvait que titiller notre curiosité et nous donner l'envie de déjà en savoir plus sur cette aventure et sur sa suite.
Mais revenons-en à la série. Il s'agira d'un diptyque centré sur l'année 1936, année cruciale dans l'Histoire de l'Europe et la montée du nazisme en Allemagne.
Le premier tome allait de janvier ... plutôt mars, à juin. Nous pouvons donc conclure que le second ira de juillet à décembre.
Largement basé sur des faits historiques, la ligne du temps reprise dans le dossier pédagogique ne fait pas de mystères sur les événements qui serviront de canevas à l'intrigue du tome 2.

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024
Maryse et Abby vont donc partir à Berlin pour les Jeux Olympiques afin de tenter de retrouver, voire libérer Michel, retenu en "otage" par le SD (service de renseignement et de sécurité de la SS, fondé en 1931 et qui lentement prend de la puissance dans la machine politique nazie).
Ces Jeux Olympiques d'été se dérouleront du 1er au 16 août 1936. Pourtant depuis 1933, date de l'instauration du régime nazi à Berlin, plusieurs pays et organisations ont demandé son boycott. Ces derniers pousseront leur démarche jusqu'à vouloir en organiser des parallèles, les Olympiades populaires à Barcelone. Programmés du 19 au 26 juillet 1936, les événements feront qu'ils n'auront jamais lieu : la Guerre d'Espagne éclate la veille de son inauguration !
Bref, les 2 espionnes se retrouveront certainement mêlées à certains grands moments de ces XIe Olympiades et à leur récupération politique pour raison de propagande par Hitler et ses services de communication.
Mais pas qu'eux ...

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024
Un autre grand attrait du tome 1 est évidemment le plaisir de redécouvrir certaines voitures et avions mythiques des années '30. Je pense notamment au De Havilland DC 88 Comet ou encore à l'emblématique Traction avant de Citroën. Et que dire de l'élégante et racée Viva Grand Sport, version roadster ACX 1 !
Difficile de croire que le tome 2 ne fera pas une belle petite place à d'autres engins roulants ou volants. Avec Maryse, aviatrice confirmée, comme héroïne, à votre avis, quels pourraient être les avions militaires anglais ou allemands qu'elle croiserait ? J'ai bien quelques idées parmi les plus célèbres chasseurs de l'époque. Spitfire contre Messerschmitt ... lequel aurait sa préférence ?
Bien qu'un petit tour en Zeppelin serait bien dans son genre ...
Côté intrigue "scientifique", il est évident que la question du radar et du magnétron est loin d'être clôturée. Dans le tome 1, les Allemands le cherchaient car ils étaient également sur le point d'en faire une arme offensive. Il serait impensable que Chacma n'y revienne pas !

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024
Bref, un second tome attendu avec impatience, tant les possibilités de développement de la série sont riches et variées.
Prévu pour le printemps, le scénario est ficelé et Brice Goepfert aurait déjà dépassé la page 40 (sur 54 !).
Un second diptyque, centré cette fois sur l'année 1937, serait envisagé (en fonction du succès évidemment de ce premier, mais comment en douter ?).
A l'heure où le hasard des événements nous rappelle cette année 1936, montée de l'extrême-droite et année olympique, les deux en France et non plus en Allemagne, l'occasion est trop belle de se laisser embarquer dans cette nouvelle série "Deuxième Bureau", un docu-fiction haletant !
Encore une petite dizaine de mois à attendre ! Cela risque d'être long à s'imaginer ce second tome !
Thierry Ligot
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Série : Deuxième Bureau
Tome : 1/2 - Le magnétron
Scénario : Chacma
Dessin : Brice Goepfert
Couleurs : Fabien Blanchot
Éditeur : Kennes - Les 3 As
Genre : espionnage - guerre
Parution : 5 juin 2024
Format : 24 x 32 cm
Pages : 64
ISBN : 978-2-3807-5863-4
Prix : 16,95 €
"M'adapter ... Je n'aurais pas demandé mieux, moi ! Était-ce ma faute si le monde marchait à l'envers de ma logique ?"
Alan Turing ou quand le mérite s'efface, une fois l'ennemi vaincu, devant le puritanisme extrême d'une société aux œillères bien rigides !
En voici l'un des exemples le plus humainement abjecte de la Seconde guerre Mondiale. Alors que nous venons de fêter le 80e anniversaire du D-Day, Maxence Collin, François Rivière et Aleksi Cavaillez reviennent sur l'émouvante trajectoire vers le néant de l'homme qui à lui seul perça le secret d'Enigma ! La fabuleuse machine à cryptage nazie ! Son code était incassable et rendait impossible le déchiffrage des messages allemands !
© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024
70 ans après sa mort, ... son suicide, Alan Turing est et reste à la fois l'un des plus brillants cerveaux qui mena à la victoire des Alliés en 1945, et l'une des victimes d'une Angleterre ultraconservatrice appliquant strictement une loi (l'amendement Labouchere datant de 1885) condamnant l'homosexualité et ses mœurs "dissolues" !
Il y a peu, le remarquable film "Oppenheimer" nous faisait revivre le parcours complexe du "père de la bombe atomique" face à ses propres contradictions ... D'un côté avoir créer l'arme absolue, de l'autre, être "devenu la mort, le destructeur des mondes" ! D'un côté le scientifique pur, de l'autre l'homme "humain", sensible, amoureux de la poésie !

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024
Le roman graphique de Collin, Rivière et Cavaillez retrace celui du père de la cryptoanalyse : Alan Turing ! Plus que le perceur d'Enigma, Alan Turing est considéré comme le précurseur de l'analyse par algorithme grâce à sa "machine de Turing". Lui qui perça les codes les plus inviolables ne réussit pas à vaincre celui de la morale de son époque !
Tout homme peut avoir une face sombre, cachée, voire "honteuse" ... ou plutôt jugée telle à certaines époques, en fonction de certaines valeurs morales du moment. Mais ici, prenant comme point de départ son procès pour mœurs en 1950, les auteurs mettent en avant le côté humain de ce génie, les dilemmes qui vont le déchirer à travers un récit émouvant, plein de flash-back, de poésie et de rêverie.

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024
Au fur et à mesure de la lecture, le lecteur se sent clairement emporté dans les voluptés de cette passion scientifique côté face et sensuelle, amoureuse mais cachée côté pile.
François Rivière et Maxence Collin réussissent ainsi à nous faire suivre le parcours si héroïque mais désespérément culpabilisé de celui qui révolutionna l'approche de l'informatique. Après avoir craquer Enigma, jeter les bases de l'ordinateur moderne et de l'intelligence artificielle en plein développement aujourd'hui ... pour ne pas dire en pleine conquête de notre société, ce génie tourmenté finira par se suicider avec une pomme au cyanure à la veille de son 42e anniversaire !

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024
Roman en noir et blanc, dans une mise en page complètement éclatée et libérée de toute contrainte de cadrage, le dessin d'Aleksi Cavaillez est à l'image du personnage ... à la fois réaliste, sérieux et poétique, doux. Énormément de légèreté et de force dans le trait et les compositions de planches ! Un résultat qui les rend à la fois fort claires et visuellement agréables.
Un indispensable sur un rayon traitant des grands esprits du XXe siècle et de la Seconde Guerre Mondiale.
Thierry Ligot
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Titre : Alan Turing
Scénario : François Rivière - Maxence Collin
Dessin & couleurs : Aleksi Cavaillez
Editeur : Casterman
Parution : 15/5/2024
Page : 264
Format : 18 x 26 cm
ISBN : 978-2-203-08859-7
Prix : 28 €
Une gifle, une monumentale baffe narrative et graphique, voilà ce que vous propose l'adaptation BD de la nouvelle d'Emmanuel Delporte par Llyod Chéry (scénario), Amaury Bündgen (dessin) et Elvire De Cock (couleurs).
L'histoire semble un machiavélique mélange de "Transperceneige" et "Elysium" en version "Tour de Babel" social inversée !
"Un jour tout s'est éteint. L'ère du Grand Nuage Noir a commencé. Les villes furent détruites. La planète devint notre ennemie. L'humanité disparut et des bêtes immenses apparurent, dévorant ceux qui n'avaient pas été emportés.
Des hommes et des femmes se réunirent et les premiers ingénieurs désignèrent une zone sur le sol carbonisé.
Ils décrétèrent que c'était le point de départ de la tour numéro un.
Vertigéo est le phare des survivants. Et les ouvriers bâtissent, année après année, des étages dans le ciel pour nous sauver."
Ugo est contre-maître sur le chantier d'une des 13 gigantesques tours, la 9, devant toujours grandir, grandir afin de dépasser les nuages et permettre à ses occupants d'enfin retrouver le soleil !
Le monde a en effet connu une apocalypse nucléaire, ravageant villes et campagnes. Impossible désormais de vivre au niveau du sol et une couche sans fin de nuages toxique entoure désormais la planète ! Dès lors, il s'agira de construire plus haut qu'eux ! Pour cela, chaque individu a une tâche bien précise dans ce chantier qui semble ne pas avoir de fin.
Mais pour Ugo, tout bascule lorsqu'il croise furtivement une ingénieure en fuite lui hurlant que tout est faux !
Une société hyper hiérarchisée, obéissant aveuglément à ses dirigeants, ne supportant aucun retard ou manquements sous peine de mort ... être jeté du haut de la tour !
Et si ce stress constant de ne pas "décevoir" ne suffisait pas, des dangers supplémentaires menacent jour après jour les ouvriers : des tempêtes magnétiques accompagnées de vents effroyables ou encore ces monstres volants, dignes descendants des ptérodactyles préhistoriques qui attaquent les ouvriers trop malchanceux, ...

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024
Dans ce monde déshumanisé où l’espérance de vie ne dépasse pas la quarantaine, réussir à tenir le rythme et le planning de construction imposé par le Grand Chambellan est un miracle à chaque fois.
Il s'agira de terminer les 5 prochains niveaux de la Tour en un temps record si Ugo et son équipe ne veulent pas connaître de punition "mortelle" pour les éléments les plus faibles ou ralentissant l'ouvrage. Par contre, si le planning est respecté, la fête sera à la hauteur ... avec notamment festin et plaisirs charnels, servant essentiellement à la reproduction afin de fournir des générations futures d'ouvriers !
Pourtant, tout ne semble pas si "clair" et Ugo se retrouve mêler à une sorte de complot visant à percer quelques mystères sur les fondements mêmes de cette société tyrannique et sur les véritables buts de ces constructions.

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024
Une réflexion sur la lutte des classes dans un récit d'anticipation extrême. Quel est le prix (inconscient) à payer par les classes laborieuses, la grande majorité de l'espèce humaine pour permettre à quelques (centaines, milliers ?) privilégiés de vivre dans l'abondance, le confort, l'insouciance matérielle ?
Ugo réussira-t-il à transgresser les règles qui depuis sa naissance lui dictent sa conduite, sa soumission "volontaire" à un ordre ne laissant aucune place à l'auto-détermination et au libre-arbitre de l'homme ? Il devra pour cela vaincre le crédo qui guide son existence et oser remettre en question les croyances nées des siècles auparavant du cataclysme initial.
"Seul compte le rendement"
Ce récit divisé intelligemment en chapitres nous plonge dans une parabole futuriste noire de l'aberration de la vie : vivre pour travailler ou travailler pour vivre ? Une version apocalyptique du "métro-boulot-dodo" n'offrant aucun espoir de réelles améliorations aux masses populaires !
Une quête de vérité, une recherche du Paradis caché, une métaphore dystopique de toute beauté sur notre futur où l'homme sera définitivement et entièrement soumis par le travail à un espoir inatteignable dans une société totalitaire masquée.
Centré clairement sur cette course à la hauteur, sur l'étude de cette organisation sociétale dictatoriale, on fait fi des questions "bassement" matérialistes comme : d'où viennent les matériaux, la nourriture, ...
La chute quant à elle, est aussi vertigineuse que surprenante ... Même si les fans de récit du genre peuvent s'y attendre ou du moins l'envisager !
Pour sa première adaptation, son premier scénario BD, Llyod Chéry transpose ainsi à merveille cette nouvelle d'Emmanuel Delporte en réussissant à la transposer en un story board fidèle à l'ambiance angoissante du texte d'origine. Une réelle réussite pour ce spécialiste de la S-F !

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024
Bref une nouvelle haletante, rythmée, sans véritables temps morts superbement mis en planches par un Amaury Bündgen qui nous avait déjà scotché avec son trait réaliste dans "Le Rite" ! Un "noir et blanc" des plus contrastés et vertigineux dans ses cases de perspectives et d'actions.

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024
Sans aucun doute, un de nos best-sellers 2024 !
Thierry Ligot
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Titre : Vertigéo
Scénario : Emmanuel Delporte, Llyod Chéry
Dessin : Amaury Bündgen
Couleurs : Elvire De Cock
Éditeur : Casterman
Genre : Science-fiction, anticipation
Parution : 15/5/2024
Pages : 136
Format : 24,1 x 32,1
ISBN : 9782203257313
Prix : 22 €
Il est des chroniques plus agréables que d'autres. Des chroniques qui donnent "faim". Faim de savoir, de découvertes, de plaisirs, de détente, de rire, ...
Et d'autres qui donnent soif ! Une soif de savoir aussi, mais parfois simplement soif de saveurs, de senteurs, de goûts !
Et celle-ci en fait largement partie !
Evidemment, il s'agit d'être sensible à son sujet ! Mais mea culpa, ici, je ne puis être totalement objectif !
Celles et ceux qui me connaissent un peu vous diront sans risque mon amour pour une certaine bière trappiste ... l'Orval pour ne pas la citer !
Mais pas que ... Amateur à mes heures d'un autre breuvage divin, le whisky !
Ecossais, irlandais entre autres ... mais aussi japonais !
Dès lors, comment ne pas se plonger avec délectation dans "Whisky San" ?
Fabien Rodhain, Didier Alcante nous narrent avec brio et passion l'incroyable "épopée" du créateur du 1er whisky japonais : Masataka Taketsuru.
Car épopée, ce fut bien le cas. Issu d'une célèbre famille de brasseurs de saké depuis 1733, comment imaginer pour son père que son unique héritier rêve de créer le premier whisky japonais ?
A 6 ans, son grand-père lui raconte l'arrivée du whisky au Japon. C'était en mars 1854. Une flottille américaine sous les ordres du Commodore Matthew Perry arrive au Japon pour forcer le Shogun à ouvrir ses frontières au commerce international.
Dans leurs bagages, des cadeaux ... et parmi eux, un tonnelet de "whiskey" inconnu au pays du Soleil levant.
- C'était bon ?
- Bon ? Oh non, ce n'était pas simplement bon. C'était ... inattendu, délicieux, puissant, incroyable ! C'était comme si le soleil était descendu dans ma gorge !

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024
Ainsi naît dans la tête du petit Masataka ce rêve insensé !
"Coup de chance", deux ans plus tard, lors d'une petite bagarre avec des condisciples à l'école, il prend la défense d'un gaïjin écossais, nouvellement arrivé dans son école, Craig McConnell et ... un mauvais coup lui casse le nez !
Un nez cassé et surtout la naissance d'une amitié qui lui offre sa première gorgée de whisky !
De son nez fracturé naît également sa faculté exceptionnelle à reconnaître, décortiquer, analyser les différentes senteurs l'entourant ! Cette bénédiction des dieux le mènera de fil en aiguille à rencontrer son mentor, futur partenaire, avant d'être concurrent, Shinjiro Torii, puis à partir en Ecosse parfaire ses connaissances sur la distillation de ce breuvage de "sauvages". Là, il y rencontrera Rita Cowan, sa future épouse !
Et son parcours se poursuivit au hasard de rencontres, avec cette volonté inébranlable de réussir.
Mais le défi est de taille. Réussira-t-il et jusqu'à quel point ce rêve deviendra-t-il réalité ?

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024
Ode à l'abnégation d'un homme qui consacrera sa vie entière à réaliser un rêve de gamin. Celui, après avoir entendu le récit de son grand-père, de créer ce premier whisky japonais !
Entre échecs, obstacles, incompréhension de son entourage familial, moqueries, concurrence, allant jusqu'à braver tradition séculaire et autorité paternelle, Masataka s'y plongera corps et âme !
Car oui, oser produire un whisky japonais au pays du saké est pire qu'un sacrilège et mériterait à ces auteurs de se faire seppuku immédiatement !
Un scénario à 4 mains, rythmé et passionné. Alors que le second tome de leur série des "Damnés de l'or brun" sort également en librairie, le duo Rodhain / Alcante s'offre une récréation bien rafraîchissante avec ce "Whisky San".
Et dire que Fabien Rodhain s'y lança suite à une dégustation de whiskies à Orp-Jauche, commune du Brabant Wallon (en Belgique). Il y apprend avec stupeur qu'il existe aussi des whiskies japonais ! Le représentant, devant son étonnement, lui raconte alors l'histoire de ces 2 Japonais à l'origine de cette incroyable aventure : Masataka Taketsuru et Shinjiro Torii !
Partenaires au départ, concurrents à la fin et fondateurs des 2 premières distilleries du Soleil levant : Nikka et Suntori !
2 marques unanimement reconnues, maintes fois primées, aujourd'hui dans le monde du malt !
Au plus il l'écoute, au plus les images défilent dans son esprit ...
Reste à concrétiser l'ensemble en un tout cohérent ...

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024
Projet qui mit plus de 10 ans à mûrir, tel un "pure malt", il gagna en maturité et ... en amour ... "élément indispensable" pour distiller un vrai whisky que McCall, grand-père de Craig, demanda à Masataka d'identifier lors de leur première rencontre.
En 2020, apprenant que Didier Alcante, grand connaisseur du Japon notamment après l'écriture de "La Bombe", a une idée similaire, il lui propose de s'associer pour le scénario. Et pour être certain de sa réponse, lui communique ses premières notes ! Malgré une surcharge de travail, un moral à zéro dû au début du confinement, ce dernier est emballé par l'idée. Nous connaissons le résultat ...
Encore restait-il à trouver un "crayon" pour tout traduire en images ! Ce sera à Alicia Grande de relever ce défi. Après sa série "Retour de flammes", elle hésite à poursuivre son métier de dessinatrice BD. Manquant de projets, elle est sur le point d'abandonner quand elle reçoit la proposition de Fabien. Elle lui envoie quelques planches d'essai et la magie opère ! Son style BD - manga fait mouche : une ligne claire, des traits fins avec un soupçon d'art manga ! Le parfait mariage pour un album racontant le mariage entre deux traditions aussi différentes que l'écossaise et la japonaise, le whisky et le saké !
Mais que serait l'association scénaristes-dessinatrice sans le travail de mise en lumière, en ambiance de Tanja Wenisch ? Une palette proche de l'aquarelle pour un dessin mi BD - mi manga !

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024
Récit historique, librement adapté de faits réels, mais surtout une ode à la vie, à l'amour, à la passion ... d'un homme pour son rêve, pour sa femme Rita ! Sa foi inflexible, sa conviction intime d'être capable de réaliser l'irréalisable au pays du saké, c'est tout cela que nous offre ce one-shot romanesque.
Par ailleurs, cette parution fut l'occasion pour BD Best d'une nouvelle capsule de "Derrière la palette ...". Ce jeudi 29 février, nous rencontrions Fabien Rodhain à l'hôtel Warwich.
L'occasion de découvrir ce scénariste, amoureux de la terre et de ses combats, de son parcours, notamment avec Didier Alcante, son co-scénariste qui signe également avec lui "Les Damnées de l'or brun", une histoire de chocolat ...
Whisky et chocolat ... de quoi damner bien des amateurs de saveurs exquises !
Pour le plaisir de le revoir, lors de notre entrevue, Fabien nous rappela ces 2 publicités pour le whisky Suntory Crest réalisées par Sean Connery ... :
Kampaï !
Thierry Ligot
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Titre : Whisky San
Scénario : Fabien Rodhain & Didier Alcante
Dessin : Alicia Grande
Couleurs : Tanja Wenisch
Editeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Public : tout public et surtout amateurs de whisky
Format : 12,3 x 30,0 cm
Page : 136
ISBN : 978-2-8189-8867-1
Prix : 24,9 €
Quartier un rien miteux, dans une ville enneigée marquée par les traces de bombardements récents.
Il fait froid, brumeux en ce petit matin. La vitrine du bar Timo illumine tristement la rue.
L'atmosphère y est enfumée et lourde. Plus grand monde ... quelques clients, 4 - 5 femmes de mœurs légères et Frank. Ado de 17 ans, mais déjà adulte dans sa tête et son vécu, il est l'enfant unique chéri de Lotte. Celle-ci tient la maison close du quartier, visitée par les forces d'occupation et autres notables de cette ville moyenne qui pourrait se situer n'importe où en Europe. Cela lui donne les moyens de continuer à vivre "plus que correctement" et de ne pas connaître les pénuries frappant l'habitant.
Fringuant, légèrement dandy, Frank n'a plus grand chose à apprendre des femmes ... "profitant" à son gré des "pensionnaires" de sa "maquerelle" de mère. Blasé ou perdu, ne sachant qui il est et ce qu'il veut, Frank traîne avec lui une sorte de spleen malsain, une drôle d'étoile rosée, marquée "SWING" cousue sur le revers de son manteau !
D'ailleurs, son nom de famille expliquerait-il cela ? Frank Friedmaier !
Ah oui, j'oublie, également présent chez Timo, Fred Kromer ! Petit caïd mafieux du quartier. Tous les trafics et mauvais coups passent par lui. Ses mains sont déjà rouges du sang de certaines de ses victimes.

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024
Mais ce soir-là, Frank sent qu'il va connaître une sorte de dépucelage ! L'idée lui est venue d'un coup, sans préméditation ... juste une pulsion ... criminelle dont la victime sera un sergent des forces d'occupation, un vicieux qui offre des bonbons aux petites filles. Surnommé "L'Eunuque", Frank décide de l'attendre dans une ruelle sombre et de l'égorger avec le nouveau couteau de Kromer !
Il y a bien Holst, le conducteur de tram, qui l'a croisé mais parlera-t-il ? Nous sommes en guerre et un ennemi reste un ennemi.
Holst, le père de la jolie Sissy. Perle de pureté naïve, Frank n'a aucune difficulté à la séduire et à la manipuler. A moins que ...

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024
Une lente descente de la petite délinquance à un banditisme plus brutal, sans âme, l'entraîne vers un enfer qui est loin d'être pavé de bonnes intentions. Une déchéance insondable dans ce monde en totale perdition.
Pourtant dans ce décor de plus en plus sombre, ne serait-ce pas en touchant le fond du fond que l'on pourrait rebondir, trouver une lumière, une rédemption ?
Et cette neige omniprésente, si blanche, si immaculée tout au long du roman se teintera-t-elle petit à petit de noir, de rouge ... de misère, de sang ?

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024
Lorsque Simenon écrit ce roman, nous sommes en 1948, soit 3 ans seulement après la fin de la guerre. Ces blessures sont loin d'être effacées, guéries ! La noirceur de l'époque doit ressortir ... Et Simenon va nous en offrir un véritable chef-d'œuvre du genre. Tout y est ! Une qualité d'écriture assurée, un thème centré sur toute la noirceur de son personnage principal.
Intrigue, drame humain, violence pure, gratuite, trahison, perte de repères, un monde en perdition noyauté par un occupant (nazi ?), des collabos (Frank reçoit une "carte verte"), police d'Etat qui n'a pas de nom (Gestapo), une croix comme symbole (à la place d'un swastika), torture et exécutions de terroristes, ...
Bref tous les ingrédients également pour un excellent scénario BD ...
Chose que Jean-Luc Fromental se charge de réaliser intelligemment.

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024
Pour l'adaptation graphique ... un nom ! Bernard Yslaire ! Son style s'accommode parfaitement à l'atmosphère des romans noirs de Georges Simenon, et à celui-ci tout particulièrement. Utilisant essentiellement un cadrage serré, Yslaire fixe l'attention du lecteur sur les expressions des protagonistes. Leur état d'âme transparaît à chaque case.
Jouant avec ses crayonnés, ses nuances de gris-noir parfois légèrement rosées, son découpage impose une lecture rythmée et prenante.
Et pour renforcer son trait unique, teintes sombres, rougeâtres ici, jaunâtres là, bleuâtres ou grisâtres en fonction des ambiances, un splendide travail de mise en lumière.
Ne laissant aucun moment de repos dans sa narration graphique, Yslaire plonge le récit dans cette atmosphère si particulière aux romans noirs, et tout particulièrement à ceux de Simenon !
Une adaptation plus que réussie d'un roman noir ... ou simplement d'un roman signé "Simenon". Fidèle au roman initial et traduisant la force de cette écriture, Fromental et Yslaire nous offre clairement un "indispensable" et déjà un "best 2024" !
Pour s'en rendre compte encore plus, quelle meilleure occasion que de pouvoir admirer de plus près les croquis préparatoires et planches de Bernard Yslaire ?
Une remarquable exposition nous l'offre à la galerie Champaka et ce jusqu'au 23 mars !
Thierry Ligot
Adresse de la galerie Champaka : Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles
Site : https://www.galeriechampaka.com/
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Titre : La Neige était sale
Auteur : Georges Simenon
Adaptation scénario : Jean-Luc Fromental
Dessin et couleurs : Bernard Yslaire
Editeur : Dargaud
Collection : Simenon
Genre : roman noir - drame - guerre
Public : ado - adulte
Parution : 26/01/2024
Page : 104
Format : 22 x 28,8 cm
ISBN : 9782505115809
Prix : 23,5 €
"- Ce bois est immense ! Il est vraiment entièrement à nous ?
- Oui, bien que je ne sache pas exactement jusqu'où va le domaine.
- Huub, il faut que tu voies ça !
- Il y en a ici aussi ... Ah, on dirait un graffiti tout droit sorti de "Blair Witch Project" ! La tempête est aussi passée par ici !
- C'est vraiment dommage ! Celui-là devait bien avoir quelques centaines d'années ...
- Oui, mais il devait sans doute être pourri ou malade ou quelque chose comme ça ...
- Cette eau ... elle est si noire ... Cette eau ... Elle a quelque chose de ... "
Le plus grand malheur pour tout parent est de perdre un enfant ! C'est ce qui est arrivé à Huub et à Sara Kuylder ! Ruben, leur fils de 6 ans, meurt renversé par une voiture alors qu'il accompagnait sa maman au vernissage d'une exposition la consacrant !
6 ans passent ! Sara est incapable de s'en remettre. Elle a arrêté de peindre. Se sentant responsable, elle s'est enfermée dans un monde géré par son traitement psycho-médical !
Pourtant un jour, Huub décide qu'il est temps pour elle de se reprendre en main, de se remettre à vivre ... et à créer !
Il décide d'emménager dans une propriété abandonnée, héritée de son grand-oncle. Elle est située au milieu d'une immense parcelle de forêt primaire.
Au fond de celle-ci, le couple découvre un gigantesque arbre, plus que centenaire, déraciné par une tempête. Couché tout de long, comme un géant terrassé par des forces naturelles maléfiques, une mare noire inquiétante remplit désormais un trou béant à ses pieds !
Une étrange attirance s'en dégage !
Autour d'elle, de vieux hêtres se dressent encore ... Sur leur tronc, de mystérieux symboles y sont gravés !

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024
Par ailleurs, près de la bâtisse, une vieille remise sera transformée en atelier afin de permettre à Sara de se remettre à la peinture.
Cette mise au vert, le fait de quitter Amsterdam, devrait l'aider dans son processus de deuil ... Elle en est convaincue devant sa thérapeute, lui promettant de continuer à prendre néanmoins ses antipsychotiques !
Bref, si ce déménagement semble pouvoir être bénéfique à Sara, cette mare noire l'attire subrepticement !
Alors qu'ils commencent à s'installer, une vieille voisine, un peu folle, vient jeter un froid en avertissant Sara d'un danger la menaçant !
-Toi ... tu es en danger. Je suis venue t'avertir ! Ta douleur est comme un phare ! Tu ne t'en rends pas compte ! Le portail est fragile, ici ! ...
Le trouble augmente avec la découverte dans le grenier de vieux carnets remplis d'un charabia incompréhensible et de symboles ésotériques semblables à ceux gravés sur les arbres près de la mare noire ... Cette fameuse et étrange mare noire ...
Et voilà que subitement, Sara commence à "revoir" son fils décédé. Perd-elle la tête ou une malédiction liée à l'endroit la frappe-t-elle ??? A moins que ... ???
Un récit partant d'un drame familial terrible, fragilisant Sara à un tel point que sa douleur, son deuil inachevé pourrait servir de portail à ... Qui sait ? Mais ce sera effroyable et sans retour !
Et cette mare noire obsessionnelle, qui attire Sara vers une perte totale du sens de la réalité, qui semble lui prédire ses futurs sombres desseins ... comme elle aurait pu le lire dans le marc de café, au fond d'une tasse ébréchée ... Ebréchée comme elle par la vie et le décès de son fils !

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024
Erik Kriek nous offre ici un thriller psycho-effrayant allant en crescendo jusqu'à un dénouement sanglant !
Si certaines clés et éléments classiques du genre sont utilisés pour amener le suspense, la psychose s'installe doucement au fur et à mesure des pages. Les gravures sur les arbres entourant une mare étrange d'une eau noire inquiétante, des carnets remplis de formules et signes diaboliques, le récit maudit de la vie du grand-oncle qui semble avoir perdu la tête, la vieille voisine et ses avertissements, la réputation maléfique du domaine dans le voisinage, ... et j'en passe !
Tous les ingrédients nécessaires à un bon roman d'horreur !

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024
Pourtant, si rien de bien nouveau n'apparaît dans ce catalogue d'accessoires, on ne peut pas dire que l'intérêt du récit est inexistant.
La référence de Huub au film "Blair With Project" au moment de découvrir les arbres gravés évite intelligemment l'impression d'un plagiat maladroit. Au contraire, elle nous indique la direction à prendre pour se plonger dans l'intrigue.
Mais cette dernière ne dérape pas brutalement dans le côté horrifique du genre. Bien au contraire, il faut attendre la fin pour en découvrir toute l'ampleur ! Un véritable coup de maître narratif que de réussir à garder ce final, à y amener le lecteur sans lui la "vendre" trop tôt ! Rêves ? Cauchemars ? Visions rédemptrices ? Un chemin étroit au bord d'un précipice ... guérison d'un côté, folie de l'autre ...
© Erik Kriek - Editions Anspach 2024
Intrigue également qui est largement soutenue, renforcée par le style graphique d'Erik Kriek ! Un dessin à la fois sobre et sombre, lourd dans ses traits, offrant aux expressions faciales, aux décors, à l'atmosphère la touche de psychose supplémentaire à assumer. Le tout est éclairé de façon angoissante par une palette de couleur restreinte, comme Erik à l'habitude de faire.
Comme il le précise lui-même dans l'interview qu'il nous a accordée ce mercredi 28 février, on ne peut s'empêcher de remarquer l'influence de Charles Burns dans son graphisme si oppressant.

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024
Un captivant roman graphique noir de l'auteur de "L'Exilé", également aux éditions Anspach !
Capsule "Derrière la palette ... Erik Kriek"
© Th. Ligot - BD Best 2024
Thierry Ligot
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Titre : La Mare
Scénario / dessin / couleur : Erik Kriek
Editeur : éditions Anspach
Genre : roman-graphique
Thèmes : horreur, psychose
Parution : 23/2/2024
Page : 136
Format : 20,7 x 28,3 cm
ISBN : 978-2-931105-21-4
Prix : 29 €
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©BD-Best v3.5 / 2025 |