Information générale concernant le monde de la BD
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Chemin de sang.   Wild West 4 – La boue et le sang 

 

"-"Depuis, il n'y a pas une nuit où je ne rêve pas du massacre des miens. Je sens une rage me brûler les vis… vis…"

-Viscères ! C'est un synonyme de boyaux, Jane. J'suis épaté. Tu as fait de spectaculaires progrès en lecture.

-J'ai de la pitié pour l'enfant de cette histoire. Mais il faudra abattre l'homme qu'il est devenu."

 

 

 

 


                Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter sont sur les traces du serial killer qui scalpe, découpe et plante une flèche dans l’œil droit de ses victimes. D'après ce qu'ils viennent de découvrir, il aurait assisté à l'assassinat par des indiens de ses parents lors d'une attaque de la diligence dans laquelle ils voyageaient. Ça n'excuse pas l'adulte qu'il est devenu et qu'il faudra certainement abattre. Pendant ce temps, à Mud City, l'homme d'affaires Aristote Graham accueille une compagnie en armes qu'il a fait venir pour sécuriser le camp du chemin de fer face aux intrusions dans le campement et massacres sans vergogne d'innocents travailleurs. Quand le chantier va devoir traverser un cimetière d'indien qu'il va falloir dynamiter, ça ne va pas calmer les esprits.

© Gloris, Lamontagne - Dupuis

                "Faire combattre des noirs contre des rouges pour les intérêts d'une minorité de blancs", telle est l'idée de Graham. Les natifs des lieux sont en train d'être dépouillés par des colons avec une main d'œuvre qui, au final, sera elle-même maltraitée à cause d'une couleur de peau. L'Amérique naissante se veut égalitaire, encore faut-il avoir la bonne couleur de peau. Le scénariste Thierry Gloris démontre factuellement que dès le départ le visage pâle ne s'y est pas pris du bon pied, ne cherchant jamais à s'intégrer, ni à intégrer, mais tout simplement à envahir. Il ne fallait alors pas s'étonner de prendre de plein fouet des actes barbares. C'est dans des situations comme celles-ci que des tueurs comme celui que traque notre trio peuvent agir, profitant de la confusion générale, brouillant les pistes sur le camp dans lequel le rechercher.

© Gloris, Lamontagne - Dupuis

                Jacques Lamontagne dessine ce nouvel épisode sans filtre. Comme dans l'épisode précédent, la violence est un personnage à part entière et les scènes atroces sont sans concession. On n'est pas dans un western de la dernière séance. John Wayne ne va pas arriver avec des tuniques bleues pour sauver tout le monde. Tout est dit dans le titre La boue et le sang. Les auteurs ne nous mentent pas sur la marchandise pour décrire quelque chose qui semble plus proche de la réalité que les exploits d'un cow-boy solitaire.

© Gloris, Lamontagne - Dupuis

                Le trait de Lamontagne est de plus en plus fin et détaillé. Certaines cases s'étalent comme en cinémascope sur des doubles pages, images parfois gâchées par une impression, ou plutôt une reliure, qui ne tient pas compte de leur présence et les grignote en leur milieu.

                L'Ouest est sauvage et pas seulement dans sa nature. Tout ne serait-il pas seulement qu'une guerre de territoires ? Wild West offre une immersion sans pitié dans un monde qui accouche avec douleur.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Wild West

Tome : 4 – La boue et le sang

Genre : Western

Scénario : Thierry Gloris

Dessins & Couleurs : Jacques Lamontagne

Éditeur : Dupuis

Nombre de pages : 48

Prix : 15,50 €

ISBN : 979103

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Face au bourreau.   Simone 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !

 

"-Ah… Esther et Polly !

-Tu connais ? Pourtant c'est pour les enfants !

-Madame en a sûrement, tu sais.

-Bien sûr, mais ce n'est pas la raison… Je lisais leurs aventures dans "Âmes Vaillantes" quand j'avais ton âge. J'étais fan de la jeune Esther et de son adorable petite marmotte. Et ça m'a beaucoup aidée à penser à autre chose dans des moments… difficiles.

-Qu'est-ce qui t'est arrivé, dis ?

-Ah, ça… C'est une longue histoire…"

 

 

 

 

 


                Février 1972, Simone Lagrange prend le train pour Paris. Elle se rend à Cognacq-Jay au siège de l'ORTF, l'office de radiodiffusion-télévision française, pour participer à une émission de télévision en direct. La soirée est présentée par Jacques Alexandre. Après un reportage réalisé par une équipe d'Antenne 2 à La Paz en Bolivie dans lequel le journaliste Ladislas de Hoyos s'entretient avec un certain Klaus Altmann, les quatre résistants invités en plateau, dont fait partie Simone, sont invités à se prononcer. Ce Klaus Altmann ne serait-il pas Klaus Barbie le criminel nazi, chef de la Gestapo de Lyon ? Simone a été torturée par Barbie en 1944 avant d'être déportée à Auschwitz. Elle ne peut pas oublier son regard. Même s'il le nie, pour Simone, Altmann et Barbie ne font qu'un. Le bourreau va se trahir. Alors qu'il prétendait ne comprendre que l'allemand, Ladislas de Hoyos le piège avec une question en français à laquelle il répond.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

                Alternant entre 1944 et 1972, Jean-David Morvan et Davis Evrard poursuivent la biographie de Simone Lagrange. L'album s'ouvre sur une scène d'une intensité incroyable. Simone se serre dans les bras de ses parents. Elle s'imagine au Maroc à Mogador, actuelle Essaouira, en bord de mer. L'océan se déchaîne. Les vagues prennent les apparences de ceux qui les ont dénoncés. Tel un tsunami, Klaus Barbie déferle sur eux. En réalité, la famille est retenue au siège de la Gestapo à Lyon. Le cauchemar ne fait que commencer. Simone et sa mère sont séparés de leur père et époux. A la prison de Montluc, la gamine vit un calvaire pendant quinze jours avant de partir pour Drancy, dernière étape avant le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

                La seconde guerre mondiale et ses conséquences sont des thèmes de prédilection du scénariste Jean-David Morvan. Il s'est intéressé à Irena Sendlerowa (déjà avec David Evrard), à Ginette Kolinka, à Madeleine Riffaud,… Avec Simone Lagrange, on suit le parcours d'une miraculée et on l'accompagne dans son combat dans la traque des nazis. On va la voir aux côtés de Serge Klarsfeld face à Barbie, défendu par un cynique Jacques Vergès.

Le graphisme si particulier pour un tel sujet de David Evrard fait la force du témoignage. Dans son trait franco-belge, l'auteur intègre des planches d'Esther et Poly qui font écho à ce que vit Simone, ainsi que des cases dessinées comme si elles étaient dessinées par des enfants, à la manière d'un José Parrondo dans la série "Allez raconte". La séquence des chambres à gaz ainsi racontée ne pouvait avoir plus de puissance. A arracher des larmes.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

"Simone" fait partie de ces séries nécessaires œuvres de mémoire. En ces débuts d'années 70, la chasse aux nazis atteint l'un de ses climax. Walter Rizoto et Jean-Loup de la Batellerie, journalistes à Paris-Flash, sont là pour rendre compte de l'événement.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Simone

Tome : 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !

Genre : Drame historique

Scénario : Jean-David Morvan

Dessins : David Evrard

Couleurs : BenBK

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344049518 

Nombre de pages : 72 

Prix : 15,50 €

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Les mots sont des trésors.    Emily Dickinson

 

"Mon père, de sa voix tonitruante, déclame la bible avec la passion d'un grand acteur. Lavinia pleurniche, Austin ne tient pas en place et moi, je reste béate devant la grandeur des mots. Ils me submergent, embrasent mon imagination."

 

 

 

 

 


                Parmi les collines, Amherst, dans le Massachusetts, est la ville natale de la jeune Emily Dickinson. Elle y habite avec son frère Austin, sa sœur Lavinia, et leurs parents. Le père lit la Bible. La mère est distante. Emily est comme une intruse dans cette famille austère. Son père lui reproche sa joie de vivre. Elle se tourne alors vers Dieu pour chercher un sens, une reconnaissance. C'est lors d'une escapade en forêt, quelques années plus tard, qu'Emily découvre l'attirance qu'elle a pour ce lieu. Des couleurs qui prennent vie, des arbres qui atteignent les cieux et des feuilles qui luttent contre le vent, des parfums enivrants et des sons mélodieux, la nature séduit la jeune fille. Qu'importent les remontrances de ses parents, Emily va y chercher sa liberté. Ceci n'est que le début de la vie de la poétesse Emily Dickinson qui nous est racontée jusqu’à sa disparition dans cette biographie.

 © Gabriele - Des ronds dans l’O

                Après celle de Virginia Woolf, la dessinatrice italienne Liuba Gabriele s'attarde sur la vie méconnue de la poétesse américaine Emily Dickinson. Recluse dans son cercle familial puritain en Nouvelle-Angleterre, elle écrivit 1775 poèmes, dont seulement une douzaine seront publiés de son vivant. A la fin de sa vie, elle fut frappée par une série de deuils : son père, sa mère, son neveu, puis son futur époux. Ce n'est que plus tard que sa petite sœur Lavinia retrouvera ses productions. Un recueil posthume sera publié en 1890 quatre ans après sa mort, mais il faudra attendre les années 50 pour une édition complète et respectueuse de l'œuvre.

 © Gabriele - Des ronds dans l’O

                Dans un trait crayons de couleurs, Liuba Gabriele poétise ses cases et ses planches dans des couleurs pastel. Les intérieurs sont enluminés. Les arbres ont des feuillages inédits, avec des tons bicolores les rendant vivants. Le ciel montre des chemins de liberté pour une fille enfermée dans une culture cloisonnée. Elle le regarde. Il la regarde. L'autrice personnalise la mort dans des scènes poignantes, avec des regards vides ou hagards et une danse funeste, comme si Emily vivait sa fin en poésie. Liuba Gabriele a elle-même publié un recueil de poésies. C'est peut-être pour cela qu'elle a si bien pu et su se mettre dans la peau de celle à qui elle rend un si bel hommage.

 © Gabriele - Des ronds dans l’O

                Emily Dickinson est plus que jamais sur le devant de la scène. L'écrivain Dominique Fortier a reçu le prix Renaudot Essai pour son livre Les villes de papier, une vie d'Emily Dickinson. Lou Doillon a lu ses poèmes sur scène. Liuba Gabriele invite à se plonger dans son œuvre. La poétesse américaine est mise à l'honneur dans ce biopic dans lequel on flotte comme sur des vers qu'on lit en rebondissant de ligne en ligne.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Emily Dickinson

Genre : Biopic

Scénario, Dessins & Couleurs : Liuba Gabriele

Éditeur : Des ronds dans l’O

ISBN : 9782374181462

Nombre de pages : 144

Prix : 22 €

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Les chats et les souris.    Quand la nuit tombe 1 – Lisou

 

"-La Gestapo a cerné le centre du village. Ces ordures ont fouillé toutes les maisons ! Il paraît qu'ils retrouvaient les Juifs cachés en demandant aux commerçants les adresses de leur clientèle ! Ils ont embarqué une vingtaine de familles.

-Une vingtaine de familles ?

-Les hommes ont traversé la ville en marchant les bras levés, et les femmes tenaient leur enfant d'une main et leur baluchon de l'autre…

-Mais Henri, où les ont-ils emmenés ?

-Je ne suis sûr de rien. Très probablement au siège de la Gestapo, ou déjà à Drancy… ?

-Que deviennent tous ces pauvres gens ?"

 

 

 

 

 


Janvier 2022, Marion prend un café avec sa tante Lisou, 89 ans. Carnet de notes sur les genoux, Marion l'interroge sur sa vie pendant la Seconde Guerre Mondiale. En juin 1940, la famille juive quitte sa Lorraine pour le sud de la France à cause de l'invasion allemande. Après un passage dans l'Indre, puis à Grenoble, voici Lisou, sa sœur Mylaine et leurs parents réfugiés à Sarcenas, un petit village à douze kilomètres de la préfecture de l'Isère. La chasse aux juifs a commencé, il faut se cacher. Lisou a dix ans et la guerre n'en finit plus de finir. Ils trouvent asile dans un chalet prêté par des amis. Les mois et les saisons se succèdent. Les nazis se déchaînent dans la région. Les rafles font rage. Un jour neigeux de février 1944, alors que les parents sont partis raccompagner des amis jusqu'à l'autocar de Sappey, les deux jeunes filles voient débarquer une automobile noire. Ils recherchent la famille. Mylaine ment sur leur identité et leur indique une maison voisine. Les boches tournent les talons. La grande envoie sa petite sœur prévenir les parents pour qu'ils ne rentrent pas.

© Achard, Galmés - Delcourt

Mylaine sera arrêtée par les nazis, Lisou et ses parents erreront de cachettes en cachettes pour leur échapper. Mylaine et Lisou sont aujourd'hui en vie. Ce sont les tantes de la scénariste Marion Achard. Elle les a longuement interrogées en 2021. A 88 et 98 ans, elles ont apporté leurs témoignages sur cette période barbare d'un siècle faussement civilisé. Elles ont montré à leur nièce les fausses cartes d'identité, les différents courriers conservés, échangés entre eux, ou ceux de dénonciation et de la Gestapo. Marion Achard en a tiré le scénario de ce diptyque inspiré de leurs vies, de leurs destins brisés. La fillette et l'adolescente seront séparées par la tragédie. Cet épisode suit les pas de Lisou. Le second nous emmènera sur les traces de Mylaine et nous fera vivre sa déportation. On sait déjà qu'elles se retrouveront. Ça va légèrement aider à supporter le drame.

© Achard, Galmés - Delcourt

La volonté de Marion, dès le départ, est de s'adresser aux adolescents, parce que l'avenir du monde est dans leurs mains. Il faut se souvenir pour ne pas reproduire les erreurs du passé. C'est tellement bateau, cette phrase, mais c'est tellement vrai, tellement important. Dans un trait tout public arrondi, à la manière d'un Benoît Ers, Toni Galmes dessine l'ensemble avec l'innocence de Lisou toujours en ligne de mire. Ce n'est pas une héroïne, ce n'est pas une observatrice, C'est l'actrice d'une période trouble. Tout au long du récit, on est "elle", au jour le jour.

© Achard, Galmés - Delcourt

A ranger aux côtés des Enfants de la Résistance, Quand la nuit tombe (quel titre efficace !) démontre encore une fois d'une part aux témoins de l'époque que raconter leur histoire est la clef pour que la nuit ne retombe plus, et d'autre part aux lecteurs d'aujourd'hui qu'il est des temps sombres qui ne doivent pas revenir.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Quand la nuit tombe

Tome : 1 – Lisou

Genre : Histoire

Scénario : Marion Achard

Dessins & Couleurs : Toni Galmés

Éditeur : Delcourt

Collection : Histoire et histoires

ISBN : 9782413077657

Nombre de pages : 128

Prix : 19,99 €


 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Personne ne devrait mourir en cette saison.   Quand vient l'été

 

"-V-vous pouvez me redonner l'adresse ?

-Mama, qu'est-ce qu'il y a ? Mama, où est Licia ?"

 

 

 

 

 

 


                Eté 2011, lorsque Joaquim quitta sa petite amie Licia après une dispute, il ne se doutait pas qu'il ne la reverrait jamais. Partie sur un scooter avec une copine, elles seront percutées par un chauffard. Licia laisse ses parents et sa petite sœur Rachel sur leur lieu de vacances, l'endroit des journées ensoleillées, des doucereuses soirées d'été et des premières amours. Dix ans plus tard, la famille organise une réception souvenir en la mémoire de leur fille. Licia aurait eu vingt-six ans. Il est encore difficile d'accepter son absence, mais les siens lui doivent de continuer leurs vies, d'avancer… comme on peut. Rachel y retrouve ses tantes, son cousin Thomas, ainsi que Joaquim. Ils ne s'étaient jamais revus. Ils sont venus sans leurs conjoints. Chacun a fait sa vie. Joaquim est "consultant supply chain", un truc en logistique. Il navigue entre Paris et Rennes. Rachel est consultante en bourgeons, autrement dit fleuriste. Cette commémoration, c'est une volonté des parents de Rachel. Elle, elle aurait préféré penser à sa sœur chez elle, à sa façon, sans tout un tas de pique-assiettes. L'événement aura néanmoins permis aux jeunes adultes de se revoir. Et ça risque bien de bouleverser leurs vies.

 © Nfasou, Bibussi - Marabulles

                Evidemment, la fleuriste et le consultant ne vont pas en rester là. Leurs quotidiens vont changer de direction. Petit à petit, les fils du passé vont lier leurs destins. Leurs couples respectifs risquent d'en être chamboulés. L'avenir va s'écrire sans précipitation. Les choses qui doivent se faire se feront comme il se doit. Ni l'un ni l'autre ne cherchera à aller plus vite que la musique. On devine que l'amitié devra laisser sa place à de nouveaux sentiments. Y aura-t-il une quelconque concrétisation ? C'est le propos émergent de cette belle histoire d'amours, avec un "s", amour d'adolescence qui ne s'oublie jamais, amour sororal même si l'une des sœurs n'est plus physiquement présente, amour entre adultes, Rachel et Yann, Joaquim et Amélie, … et les conséquences collatérales. Mais si ce propos est émergent, c'est un autre sujet qui donne toute sa force au récit.

 © Nfasou, Bibussi - Marabulles

                Les autrices Laura Nsafou et Reine Dibussi mettent en scène l'une des histoires les plus poignantes du moment. Bien plus qu'une histoire d'amour, elles abordent le douloureux sujet du deuil et de la place de ceux qui restent. Les parents de Licia ne se sont jamais remis de la tragédie. D'ailleurs, comment pourrait-on s'en relever ? Il n'y a rien de plus douloureux que la perte d'un enfant, de son enfant. Pourtant, c'est Rachel qui va avoir l'héritage le plus lourd à porter, celui du fait que tout le monde veuille qu'elle vive la vie qu'aurait dû vivre sa grande sœur. Sans l'oublier, elle va devoir s'émanciper, apprendre à agir pour elle-même, en tant que Rachel. Joaquim, lui, va-t-il se remettre du jour de la dispute où il a vu Licia pour la dernière fois, quand ils se sont quittés fâchés ?

 © Nfasou, Bibussi - Marabulles

                Reine Dibussi met en scène le théâtre de la vie avec une délicatesse, une pudeur et une sensibilité émouvantes. Les couleurs vont toujours par deux, selon les chapitres, pastellisées pour mettre en valeur les personnages. Il est juste dommage que le lettrage informatisé donne de la distance. Heureusement, on est si vite emporté par le récit qu'on l'oublie, parce que l'on s'est insinué entre Rachel et Joaquim.

                "Personne ne devrait mourir en été…" Et pourtant… Magnifique regard sur le sens de la vie, histoire de reconstruction, "Quand vient l'été" aurait pu s'appeler "Ceux qui restent". L'album restera en tous cas dans toutes les bibliothèques de ceux qui l'ouvriront.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Quand vient l'été

Genre : Emotion

Scénario : Laura Nsafou

Dessins & Couleurs : Reine Dibussi

Éditeur : Marabulles

ISBN : 9782501163293

Nombre de pages : 224

Prix : 25,90 €


 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Hola, tavernière !    Le Royaume 8 – La Reine du balai

 

"-On m'a cambriolé ! Hé là ! Au voleur ! Arrêtez-le ! Le voleur est là ! Juste en bas ! Allez, les gars !

-Arrêtez-vous !!... Quoi ?!

-Dépêchez-vous de descendre à cette corde et de le rattraper !!!

-Mais Sire, c'est trop haut.

-Bon ! Je vais y aller moi-même ! Je n'ai plus vingt ans mais j'ai encore du cran, moi !"

 

 

 

 

 


De retour au château après une soirée à la taverne d'Anne, le Roi regagne ses appartements. Stupeur ! Il a été cambriolé ! Le voleur est en train de s'échapper avec le fruit de son larcin. Il réussit à fuir. Quelques jours plus tard, un client paye Anne avec un bijou. Diantre ! C'est la bague du Roi. La tavernière fait mine de rien et s'empresse de demander conseil au Père Albert pour savoir comment confondre le brigand. Ceci est la première histoire de ce recueil du Royaume composé de récits courts et de gags.

© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado - Dupuis

Dans "Le mal du siècle", le Roi s'avère être plutôt entreprenant avec Louise, une masseuse venue lui soulager son mal de dos. Il fait des allusions. Louise est dans la mouise. Elle doit se tirer de cette situation avant que ça ne dégénère. Heureusement, elle a des copines sur qui compter. Sauront-elles lui donner les bons conseils ? Ce récit datant de 2014 parle déjà d'abus de pouvoir et de consentement. On est dans une série humoristique, alors ça reste léger, mais il n'empêche que les choses sont posées. On revient à la comédie pure avec "L'écu d'or", histoire d'une pièce qui va de mains en mains, sans pouvoir être saisie et qui finit dans un endroit inattendu. François le forgeron est la vedette du dernier grand chapitre dans "A vos ordres, Capitaine !". Il y est devenu Capitaine de la garde royale dans laquelle est embauchée Sophie Bellesec. Une femme dans la garde royale ! Ça va secouer le cocotier.

© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado - Dupuis

Près de dix ans séparent les différentes histoires de cet album, et pourtant, elles restent d'une incroyable unité. Deux co-scénaristes viennent épauler Benoît Féroumont. Si Maïa Mazaurette n'intervient que sur un seul gag, Clara Cuadrado s'installe en tant que co-autrice. Elle donne à Anne un côté encore plus fort et indépendant. Le personnage est féministe avant l'heure. Sachant ce qu'elle veut, et ce qu'elle ne veut pas, elle impressionne dans une époque et un monde machos. Même s'ils sont plus discrets, les oiseaux bavards sont toujours là avec leurs commentaires et leurs réflexions toujours bonnes à dire, même si ça ne fait pas toujours plaisir à tout le monde.

© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado - Dupuis

Le Royaume est devenu une série incontournable. C'est drôle, c'est frais, c'est moderne. Féroumont et Cuadrado sont déjà au travail sur le prochain tome qui sera une grande histoire. Espérons que le dessinateur ne soit pas trop accaparé par son autre vie dans le domaine du dessin animé. Tiens ? Cette série ferait justement un merveilleux dessin animé, aussi bien en série qu'en long métrage.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Le Royaume

Tome : 8 – La Reine du balai

Genre : Humour médiéval

Scénario : Benoît Feroumont, Maïa Mazaurette & Clara Cuadrado

Dessins : Benoît Feroumont

Couleurs : Christelle Coopman & Sarah Marchand

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9782808500777

Nombre de pages : 56

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Chien et chat.    Deux soeurs

 

"-Hum ! Bonjour Mesdames. J'ai deux lettres recommandées. Une pour Madame Lise Dutilleul. Et l'autre pour Madame Camille Dutilleul. Comme ça, pas de jalouses ! Hum… Une petite signature, s'il vous plaît ?... Fait plutôt beau aujourd'hui… Non ? Bonne journée, Mesdames !"

 

 

 

 

 

 

 

                Lise et Camille sont sœurs. Elles habitent la même maison. Enfin, elles habitent la même maison coupée en deux. Elles sont fâchées et n'ont pas du tout le même mode de vie. Lise est dans la finance. Elle est fan de football et pratique la méditation. Elle entretient un jardin vert et du lierre pousse sur sa façade. Côté droit mais le cœur à gauche, Camille, l'aînée, est enseignante. Sa cour est bétonnée, soi-disant à cause de la pollution d'une station-service avoisinante. Férue de musique, elle vient d'acquérir une gigantesque corne tibétaine. Ça fait vibrer les murs de Lise. La voilà énervée au point de démarrer sa tondeuse, alors qu'elle l'a déjà passé la veille. On ne peut pas dire que Lise et Camille soient sur la même longueur d'onde. Pourtant, un jour, il va falloir qu'elles prennent une décision en commun. Leur propriétaire souhaite vendre la maison. Pourront-elles la racheter ou faudra-t-il partir ?

© Duhamel, Sivan - Bamboo

 
                Décidément, Bruno Duhamel aime bien les histoires de maison. Après celle de la vieille dame de Jamais, voici celle de deux sœurs. Les lieux ne sont pas les mêmes. On quitte les falaises de bord de mer pour une maison de ville, enclavée entre d'autres maisons du même style, mais entourées d'immeubles, à la manière de celle de Monsieur Fredericksen dans le dessin animé long métrage Là-haut. Pour l'occasion, Duhamel retrouve Isabelle Sivan, sa scénariste du Voyage d'Abel. Mais peut-on dire que Lise et Camille sont réellement des sœurs fâchées ? Elles n'ont simplement aucun atome crochu. Elles ont pourtant été élevées ensemble, par les mêmes parents. Qu'est-ce qui les a alors amenées sur des chemins différents ? Sans donner de véritable explication à la brouille, s'inspirant d'une histoire vraie, Anne Sivan interroge sur la sororité et sur le sens de la famille.

© Duhamel, Sivan - Bamboo

 
                La scénariste construit son récit sur un système de symétrie, soit sur une même planche, soit sur deux planches en vis-à-vis. Duhamel met les pions en place, comme au théâtre côté cour et côté jardin. Il a utilisé une perspective faciale et éliminer les cadrages dynamiques comme les plongées ou contre-plongées. Cette contrainte l'a invité à aller chercher le dynamisme ailleurs, avec un trait légèrement vibrant, un peu à la Sempé. Il a travaillé au lavis pour les modelés, en niveaux de gris, avant de poser les lumières pour avoir une texture de peinture qui sera transformée en numérique.
 

© Duhamel, Sivan - Bamboo

                L'histoire de Lise et Camille invite à reconsidérer ses relations familiales, même si elles sont déjà bonnes. Il y a toujours moyen de construire ou de rajouter des ponts. Ici, il y en a un qui s'appelle Néfertiti, la chatte de Camille qui navigue d'un côté à l'autre et qui trône victorieuse sur la couverture au beau milieu des deux portails, bien au-dessus de toutes les préoccupations des sœurs.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Deux soeurs

Genre : Chronique de la vie

Scénario : Isabelle Sivan 

Dessins & Couleurs : Bruno Duhamel

Éditeur : Bamboo

Collection : Grand Angle

ISBN : 9782818999684

Nombre de pages : 72

Prix : 16,90 €

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


Paris cadavres.   Wahkan

 

"-Vous vous foutez de moi ?! Comment peut-on laisser filer un meurtrier sur quelques étages d'une tour ?! Et vous ! Vous faisiez quoi, cette nuit, pour ne rien voir et ne rien entendre ?!

-Baaah…

-C'est le troisième meurtre… Le troisième ! Bon sang !!!

-Fallait pas construire cette monstruosité…"

 

 

 

 

 


                Quelle idée de construire une tour de ferraille en plein cœur de la capitale ?  Il ne faut pas aller chercher plus loin les causes des meurtres perpétrés à la Tour Eiffel : c'est la malédiction de la Grande Dame de Paris ! Enfin, ce n'est pas l'avis de tout le monde. Nous sommes en 1889. Les projecteurs sont dirigés vers la capitale de la France à l'occasion de l'exposition universelle. L'inspectrice Eléonore Kowalski est chargée de retrouver l'assassin. Le Maire a prévenu la police. Au prochain incident, ils devront interdire la Tour et annuler l'Exposition. Ce serait dramatique pour l'image de la France. Epaulée par son nouveau collègue Jules Castignac, Kowalski va tout mettre en œuvre pour empêcher le coupable de récidiver et faire main basse sur lui.

© Sentenac, Cossu, L'Hermenier, Hamilton - Dupuis

                Des rues de la capitale jusqu'au bordel Au jardin d'Eden, de la Cathédrale Notre-Dame jusqu'aux sous-sols carnavalesques, l'enquête va mener le duo fraîchement nommé dans tous les recoins de Paris. On croisera Buffalo Bill et on passera devant la Boucherie Sanzot. Dans une histoire de faux-semblants et un jeu de dupes, Kowalski et Castignac vont parfois avancer main dans la main, d'autres fois, au contraire, il y aura des changements de directions. Entre fausses pistes et chausse-trappes, l'enquête va s'avérer plus complexe qu'en apparence, et plus personnelle pour certains.

© Sentenac, Cossu, L'Hermenier, Hamilton - Dupuis

                Dans un univers aux frontières du Steampunk, sans vraiment y tomber complètement, Maxe L'Hermenier offre un terrain de jeu d'époque à Brice Cossu et Alexis Sentenac. Le dessinateur de Frnck retrouve Alexis Sentenac, son complice du Triomphe de Zorglub. L'alchimie est parfaite entre ces deux dessinateurs qui semblent ne pas avoir besoin de se parler pour se comprendre. Plongées et contre-plongées dynamisent un récit sans temps mort. Quelques codes mangas dans les visages et attitudes mettent un soupçon d'humour dans une histoire dramatique de serial killer. La résolution de la problématique, inattendue, n'est pas conventionnelle. Ne vous attendez pas à un happy end classique. Le récit est conçu comme un one shot, mais laisse une porte ouverte sur une éventuelle suite, vers de nouveaux horizons.

© Sentenac, Cossu, L'Hermenier, Hamilton - Dupuis

                Le Wahkan est un phénix noir surgit du ciel chevauché par un homme. Il fera renaître de leurs cendres les fidèles qui lui auront consacré leur vie. Ça, c'est la légende. Qu'en sera-t-il de la réalité ? Les vivants et les morts ne sont pas toujours qui l'ont croît. Derrière et devant les masques, il faudra se méfier des identités.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Wahkan

Genre : Polar

Scénario : Maxe L'Hermenier

Dessins : Alexis Sentenac & Brice Cossu

Couleurs : Piky Hamilton

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034768899

Nombre de pages : 72

Prix : 15,50 €

 

 



Publié le 20/04/2024.


Source : Boulevard BD


Le premier Cédric sans Raoul.   Cédric 36 – Transport à risques

 

"-Demain c'est la Saint-Valentin. Je n'ai toujours pas réussi à faire savoir à Chen que j'en suis bleu et que plus tard je veux me marier avec elle.

-Ce n'est pourtant pas si compliqué. Il te suffit de poster un message sur Tiktagram. Elle ne pourra pas passer à côté.

-Tu rigoles ? Chen ne va pratiquement jamais sur les réseaux sociaux. Je serai aussi vieux que mon pépé quand elle lira mon message."

 

 

 

 

 


Cédric arrivera-t-il un jour à déclarer son amour à Chen ? Non seulement, elle n'est pas adepte des réseaux sociaux et il faut trouver d'autres stratégies pour l'aborder (merci, Christian !), mais elle ne fait pas partie de la même classe sociale. Ça fait de la concurrence accrue avec Nicolas d'Aulnay des Charentes du Ventou. Côté nouvelles technologies, Pépé, par contre, il est plus à la page. Pas froussard pour deux sous, pourquoi n'essaierait-il pas la trottinette électrique ? Il n'y en avait pas de son temps. Le voici embarqué avec Cédric, Chen et Nicolas, à quatre sur le destrier et à la vitesse d'un cheval au galop. Il y a un frein dessus ? A la maison, il y a du changement côté courrier. Le mythique bulletin de notes n'arrive plus par la poste mais est à consulter sur le site de l'école. Encore faut-il avoir les codes. Ça laisse un temps de répit.

© Laudec, Leonardo - Dupuis

Une qui n'en a pas, de répit, c'est maman. A peine rentrée du boulot – elle est vendeuse dans une boulangerie -, elle est assaillie de "Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?". Allez, hop ! Plus personne dans la cuisine jusqu'à l'heure du repas ! Quelques minutes plus tard, on ne peut pas dire que le repas annoncé ravisse les foules : soupe de pain rassis aux croûtons de lard, épluchures de pommes de terre, radis, fanes de carottes et autres légumes, lasagnes blettes épinards à la béchamel de maïs et pesto à l'ail des ours. Avant l'annonce du dessert, ces félons de garçons, Pépé, Papa et Cédric, sont tous les trois partis au food truck Frites Kox.

© Laudec, Leonardo - Dupuis

Qu'il est émouvant, ce nouvel album de Cédric, émouvant dans tous les sens du terme. D'abord, parce que ça fait déjà deux ans que l'album précédent est paru, puis parce que c'est le premier album réalisé par Laudec tout seul, depuis la disparition de l'immense scénariste Raoul Cauvin. Le dessinateur, devenu auteur complet, s'en sort de main de maître. Il signe de courtes histoires pétries de tendresse et d'humour. Tout doucement, Laudec fait évoluer les personnages, sans les faire grandir bien sûr, mais en bougeant légèrement quelques lignes, comme cela avait été amorcé avec Raoul. Chen n'est plus vietnamienne mais chinoise, volonté du scénariste originel qui ne voulait que l'on puisse penser qu'elle était issue d'une famille de réfugiés de guerre. Papa n'est plus "vendeur de carpettes" mais travaille dans un bureau de la même fabrique. Quant à Pépé, double de Cauvin, il a bien fallu que Laudec imagine au plus près les façons dont il aurait réagi dans telle ou telle situation.

© Laudec, Leonardo - Dupuis

On parle tout le temps de Titeuf et du Petit Spirou, mais il y a aussi Cédric, qui, sans vulgarité aucune, raconte la vie quotidienne à hauteur des 8 ans. Cédric, c’est un bon moment de complicité avec une série familiale dans laquelle il y a un peu de chacun d’entre nous et d’entre les nôtres.  

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Cédric

Tome : 36 – Transport à risques

Genre : Humour familial

Scénario & Dessins : Tony Laudec

Couleurs : Leonardo

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034762958

Nombre de pages : 48

Prix : 12,50 €

 

 



Publié le 20/04/2024.


Source : Boulevard BD


Les Griffes du Gévaudan - 1/2 - Un mythe, plus qu'une légende

Entre Jack l'Éventreur, le Yéti ou encore Nessie, voici un mystère mêlant thriller et créature mystérieuse. Plus qu'une simple légende ... un mythe toujours irrésolu !

 

30 juin 1764, la jeune Jeanne Boulet, 14 ans, bergère, est retrouvée morte par son père, atrocement mutilée. Un loup errant ?

Mais rapidement et malgré de nombreuses battues, le nombre de victimes de la Bête augmente ! Enfants, femmes, hommes, personne ne semble être à l'abri de celle que l'on surnommera bientôt la Malbête !

 

 

 

 

Et pourtant, ce ne sont pas les efforts qui manqueront pour la traquer et l'éradiquer. Paysans et habitants dans un premier temps. S'ensuivront les tentatives infructueuses de "grands". Comme ce 7 février 1765 où le capitaine Duhamel, à la tête de son régiment et des habitants, soit plus de 30.000 hommes, organisa la plus grande chasse jamais vue en France ... Pour rentrer finalement bredouille !

 

Ou encore du plus célèbre louvetier de France, Jean-Charles d'Enneval, qui accompagné de son fils, de piqueurs et de six chiens se vanta de pouvoir débusquer ce loup. Et qui finit par ravaler son orgueil face à son échec cuisant.

 

Cela va jusqu'à porter préjudice au Roi de France qui se retrouve moqué dans toute l'Europe pour être incapable de résoudre ce mystère du loup ... de la Malbête !

Mais sa réputation ne peut être entachée ! C'est le Roi, il est de droit divin !

Une prime de plus de 10.000 livres attire chasseurs, traqueurs et autres aventuriers ... Pourtant, la Malbête reste introuvable ... et continue à faire des victimes par dizaines !

La rumeur s'amplifie avec la diffusion de représentations terrifiantes de la bête !

 

 

© Runberg - Poupard - Glénat 2024

 

Agacé par la situation, Louis XV décide alors d'envoyer son Porte-Arquebuse personnel, François Antoine résoudre le problème !

Accompagné de son fils cadet, Robert-François, de 2 louvetiers, de 14 gardes-chasses et de 5 chiens, il arrive le 20 juin 1765 à Saint-Flour. On dénombre à ce moment 59 personnes atrocement tuées et une trentaine de blessées grièvement !

Acclamé par la foule, voyant en lui leur "sauveur", reçu en grande pompe par le Comte de Moncan. Parmi les autres notables venus l'accueillir, citons Etienne Lafont, Syndic du diocèse de Mende, le marquis Pierre-Charles de Morangiès et son fils, le Comte Jean-François-Charles de Morangiès ainsi que le louvetier d'Enneval, furieux de son échec et blessé dans son orgueil !

 

Très vite, lors de ses premières chasses, l'envoyé du Roi ressent la jalousie, la résistance, voire une certaine opposition de quelques-uns.

Ceci n'empêchant en rien les massacres de se poursuivre, au point de se poser d'inquiétantes questions quant à la nature exacte de la Malbête ! En effet, voilà subitement qu'elle commence à trancher certains membres de ses victimes. Têtes, bras ou autres qu'elle semble emporter avec elle ...

 

 

 

 

© Runberg - Poupard - Glénat 2024

 

J'ai découvert ce mystère étant jeune grâce à une lecture qui m'avait fort marqué à l'époque. Il s'agissait de "La Bête du Gévaudan" d'Abel Chevalley, chez "J'ai lu", collection "L'Aventure mystérieuse". Attiré par la couverture, je m'étais alors plongé avec avidité dans ce mystère ... sans réponse. Cette couverture rouge foncé avec le dessin sombre et inquiétant de la Bête, le titre ressortant en blanc ! Bref une couverture qui frappait l'imagination.

 

Comme pour la couverture de cet album ! Une Bête, mi-loup mi-iguane, aux contours flous, baignée par une brume matinale, proche d'un calvaire à moitié pourri, surplombant la vallée où se noie un village. Une composition remarquable synthétisant tous les ingrédients et l'atmosphère de ce premier tome.

Créature terrifiante, indéfinissable pour les habitants qui rapidement imaginent loup-garou, envoyé du Diable ou fléau commandité par Dieu pour tel ou tel péché, les interprétations sont nombreuses et aucune ne trouve de réponse "logique", rassurante ... D'ailleurs quel animal décapiterait, démembrerait voire déshabillerait carrément ses proies ?

La Malbête ne serait-elle pas un "peu" humaine ?

 

Que de pistes ... à éviter de creuser pour éviter la panique, la contagion et rapidement étouffer cette affaire ... pour le plus grand "bien" du Roi !

 

 

© Runberg - Poupard - Glénat 2024

 

Jean-Charles Poupard apporte au récit son style réaliste soucieux du détail tant dans les décors, paysages, costumes, ... Fidèle à son dessin comme dans les séries "Jack l'Éventreur" (tiens un autre mystère sanguinaire irrésolu !), "Orcs et Gobelins" ou encore "les Maîtres Inquisiteurs", il apporte un soin tout particulier aux visages, à leurs expressions. Émotions et sentiments s'impriment à chaque case, rendant la narration plus prenante, vivante ... mais plus sombre et dramatique également ! Un savant dosage graphique en parfaite symbiose avec ce scénario haletant.

 

Tout ce talent au service du scénario imaginé par Sylvain Runberg, très en verve en se basant sur des faits historiques réels. Une légende déjà maintes fois racontée mais qui sous sa plume, réussit encore scotcher ! Une insertion fiction - réalité dans laquelle on se laisse emporter dès les premières planches.

Le choix de la focalisation interne nous permet de rentrer à l'intérieur même de l'intrigue par le regard d'un témoin de premier ordre !

 

 

 

 

© Runberg - Poupard - Glénat 2024

 

Entre superstitions, croyances, espoirs et désespoirs d'une population qui ne sait plus que croire ou espérer. Entre chasseurs, traqueurs et nobles de la région, la "nécessité" de satisfaire le désir du Roi de voir ce mystère résolu et la vérité, la solution ne se trouverait-elle pas plutôt cachée dans les entrailles d'un château ?

C'est tout cela qui transpire au fur et à mesure des pages de ce premier tome ...

Bref, une narration rythmée, soutenant un suspense ne faisant d'augmenter par le regard du narrateur, témoin privilégié de cette chasse.

 

 

 

 

 

Un premier tome spectaculaire, haut en couleurs et surtout en hypothèses en devenir ... plus que prometteur pour la suite et fin.

 

A noter, ce dossier de quelques pages, richement illustré de dessins et croquis d'époque, qui clôture l'album ... Semant encore plus le doute, il jette sur cette fiction angoissante un regard plus "réfléchi", tout en jouant sur le trouble d'un mystère jamais résolu ... car n'oublions pas ! ceci n'est pas une légende !

 

Du grand art !!!!!

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Les Griffes du Gévaudan

Tome : 1/2

Scénario : Sylvain Runberg

Dessin et couleurs : Jean-Charles Poupard

Editeur : Glénat

Public : ado - adultes

Genre : histoire - thriller - suspense

Parution : 10 janvier 2024

Page : 64

Format : 24 x 32 x 1,2 cm

ISBN : 978-2-344-03231-2

Prix : 15,5 €



Publié le 18/04/2024.


Source : Bd-best


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