Nouvelles relatives à la bande-dessinée ou au graphisme
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"Il était une fois un doux matin au milieu des glaces ...

Un igloo habité par un gentil Inuit qui faisait un gros dodo ..."

 

Ça commence comme un conte de fée ... mais cela s'arrête là ! En effet, immédiatement Tonka met les choses au point !

 

"Ah non ! Jamais de la vie ! "Il était une fois", et puis quoi encore, des licornes ? pas chez moi !!! Ni princesse, ni chevalier.

A toutes celles et ceux qui en voulaient, c'est le moment de fermer ce livre !"

 

Voilà, le ton est donné ! Chez Tonka, c'est chacun chez soi ... "ce qui veut surtout dire : PAS chez moi !"

Chez lui, nous voulons dire !

 

 

 

 

Vous l'avez tout de suite compris, Tonka est un "gentil" Inuit qui n'apprécie la vie que seul dans son igloo et surtout loin, très loin des autres. Enfin plutôt les autres qui doivent être loin, très loin de chez lui.

Sa vie se poursuivrait paisiblement si par malheur, un jour Norbert, un grand ours blanc, lunettes sur le museau et écharpe vert et vert autour du cou ne venait s'installer tour près du "Igloo de Tonka" ... trop près d'ailleurs, à deux pattes dirons-nous !

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Et non content de venir ainsi envahir son espace vitale, le voilà à squatter son trou de pêche, venir lui demander ceci ou cela, ... l'interrompre par ses "bla bla bla bla" ... bref lui rendre la vie impossible !

 

Car Norbert est gentil, bienveillant et surtout ne voit absolument pas qu'il énerve au plus haut point le pauvre Tonka !

L'heure des malheurs sonne ainsi pour ce misanthrope de Inuit, râleur, grognon et désormais toujours de mauvais poil !

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Un album sur les premières (més)aventures de ce pauvre Tonka hilarant et déconcertant. Nous avons tous, dans nos connaissances, une "bonne âme" toujours prête à râler sur ceci ou cela, à vivre des péripéties incroyables et difficiles à croire. Voilà ce qui attend ce malheureux Tonka avec l'arrivée ... et l'installation de Norbert sur son bout de banquise.

 

" - C'est admirable de pouvoir ainsi compter sur les autres. Entre voisins, c'est une véritable une véritable chance !

- C'est ça, c'est ça ! Bla bla bla bla bla ... Voisin ? Voisin ? Voisin !

VOISIN !! RAAAAH ÇA NOOOON !"

 

Cédric Hervan nous livre ici une petite pépite de rigolade et d'humour ... pas forcément blanc ! Le type qui vient s'incruster dans votre espace alors que vous ne rêvez que d'une chose, qu'on vous f... la paix ! Voilà ce sacré Norbert avec toute son innocence et sa bienveillance !

 

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Un dessin rond, belgo-belge bien personnel mais où le crayon glisse sans forcer le style sur le papier.

Un graphisme qui colle parfaitement au personnage principal à l'aspect sympathique, presque comique avec son gros nez, ses crises de rage et de mauvaise humeur permanentes !

Sans oublier, Norbert, un ours blanc un rien naïf, à moins que cela ne soit sa philosophie de vie, genre "hakuna matata" ou "Il en faut peu pour être heureux" de Baloo, afin de rester dans les ursidés !

 

Un format à l'italien, plus grand néanmoins que le classique, autorise Cédric à développer ses gags sur 2 faces. Pratique et lisible ... surtout pour les plus jeunes lecteurs.

Car cette histoire est accessible dès 5 ans ! Pas forcément besoin de savoir lire pour bien rentrer dedans et rigoler franchement ! Le dessin est suffisamment expressif pour rendre la narration parfaitement compréhensible dans sa continuité.

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Difficile également pour Cédric Hervan de ne pas inclure une donnée plus "pédagogique" à son album. Un petit bonus non négligeable justement pour le plus jeune public vient le clôturer : un petit dossier de 10 pages de "jeux" et énigmes ainsi que 2 pages de croquis !

 

Pour info complémentaire, la BD a été plébiscitée grâce à un crowdfunding sur Ulule. Donc pour les heureux participants, de nombreux petits suppléments étaient accessibles en fonction des packs proposés.

 

En fonction du succès de ce premier tome, un second serait envisageable ... pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques !

 

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Suite à notre passage à l'émission d'Olivier sur Radio Émotion (C'est presque samedi, lien vers le podcast), le vendredi 8 novembre, Cédric Hervan nous a accordé une petite interview bien sympathique : "Derrière la palette, Cédric Hervan"

 

 

 

 

 

 

Ceci se faisait dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le Belge ?" à laquelle nous collaborons depuis 2 ans.

Bref, le cadeau idéal de Saint-Nicolas pour nos petits chérubins ou à glisser en bonne place sous le sapin de Noël !

Et d'avance, joyeuses fêtes de fin d'année déjà à toutes et à tous.

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Tonka

Tome : 1 - Chacun chez soi

Scénario - dessin - couleurs : Cédric Hervan

Éditeur : Inukshuk

Genre : humour, pédagogique

Public : dès 5 ans

Parution : 23 novembre 2024

Pages : 64

Format : 19 x 28 cm x 1,5 cm, à l'italienne

ISBN : 978 2 490276 29 5

Prix : 12 €



Publié le 05/12/2024.


Source : Bd-best


Dans

Tout amateur d'art, collectionneur, expert ou même simple néophyte averti vous le dira : derrière chaque œuvre d'art peut se cacher une multitude d'influences, d'indices, de détails, de clins d'œil, d'hommages parfois, ... adressés par l'artiste à son passé, à ce qu'il est, à quelqu'un, ...

 

Conscient ou non, l'auteur met dans sa création une part importante de lui.

La bande dessinée, comme 9e Art, n'échappe pas à cette évidence !

Ainsi, il est toujours possible de lire et de relire un album sous différents regards et points de vue, et d'y "découvrir" de nouvelles choses. Cela est d'autant plus vrai lorsque le scénariste en est également le dessinateur.

 

Les œuvres d'Hergé entrent pleinement dans cette vérité.

Il a déjà été dit beaucoup de chose sur lui, ses héros, leurs aventures, ... Pourtant à y regarder de plus près, il est encore et toujours possible d'en apprendre plus sur l'acte de création de chaque aventure de Tintin.

 

 

"Hergéologue" émérite, Philippe Goddin est très certainement l'un des plus grands experts d'Hergé et de son œuvre. Sa passion pour ce dernier et son envie incessante de la partager avec le plus grand nombre s'écoulent au travers ses nombreuses publications et études "hergéénnes".

 

Cependant, il manquait probablement à celles-ci une approche particulière !

Reprendre chaque album du petit reporter et en décortiquer à la fois les étapes de création, les contraintes de l'époque, la méthode de travail d'Hergé, ses croquis et esquisses, les évolutions et adaptations de présentation ou sociétales du dessin, des dialogues, voire du scénario, la suppression parfois de certaines planches pour contrainte de longueur, ...

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

Relevons ici simplement 2-3 exemples concernant "Tintin au Congo".

En 1939, lorsque l'album sort en portugais, Tintin ne se rend plus au Congo, mais en Angola ! Et lorsqu'il est publié en Suisse, en 1945 dans "L'Echo illustré" de Genève, quelle surprise d'apprendre que ce pays possède une colonie en Afrique et que Tintin est Suisse ! (la fameuse scène où notre héros donne cours à des petits Africains !

 

"Mes chers amis, je vais vous parler aujourd'hui de votre patrie : la Suisse !"

 

Tout cela n'offusquera jamais Hergé !

 

En 1946, il devra également revoir la composition de ses planches lors du passage du noir et blanc à la couleur, avec une pagination passant de 110 pages à 62 ! Un sacré travail de recomposition sera alors nécessaire afin de refonder chaque histoire dans les formats que nous connaissons aujourd'hui !

 

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

C'est à cette occasion qu'Hergé fixera un code couleur très strict. Chaque élément aura sa teinte invariable, ce qui évitera les éventuelles trahisons techniques de la photogravure ou de l'impression. Les couleurs seront aplats, sans aucun effet gratuit ... ni dégradés, ni ombres.

La lisibilité y gagnera ... créant par là même la "ligne claire" hergéenne !

 

Au fur et à mesure des adaptations, Hergé enrichira également les codes et détails graphiques faisant appel à notre capacité d'interprétation des émotions, sentiments ou mouvements. Comme repris ci-dessous, lorsque Milou, attaqué précédemment par un perroquet sur le paquebot, voit sa queue grossir. Une petite intervention chirurgicale s'impose ... Milou promet d'être "héroïque", mais voyant un matelot passer avec une caisse pleine d'outils et une scie en main ... le courage s'envole vite !

 

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

Bref, réaliser un fantastique travail d'archéologie bédéesque sur chaque tome afin de se glisser dans les coulisses de sa création et nous offrir le résultat de ces études dans un ouvrage richement illustré.

C'est tout cela que cette nouvelle collection propose ... Sans oublier quelques surprises et révélations inédites ! De l'aveu même de Philippe Goddin, en s'appliquant dans la rédaction de chaque ouvrage, il a encore découvert des détails qui, jusqu'à présent, lui avaient "échappé".

Regroupés dans la rubrique "Revue de détails", chaque planche, chaque case y est passée à la loupe, au microscope faisant ainsi ressurgir parfois, ici et là, de surprenants éléments ! Ajoutés à des archives inédites, le résultat passionnera à coup sûr tout lecteur curieux, qu'il soit tintinophile ou pas !

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

Par conséquent, entre décryptages de l'époque, analyses commentées des planches, exhumation d'archives exceptionnelles, dont certaines n'ont jamais été publiées, un formidable travail en profondeur pour (re)lire autrement les 23 albums de Tintin ...

Une lecture "augmentée" sur papier qui ne laissera personne indifférent à l'immense talent du Maître incontesté de la ligne claire franco-belge qu'était et reste encore à l'heure actuelle Hergé !

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

Collaboration entre les Éditions Moulinsart et Prisma, cette collection se déclinera en 23 opus d'une centaine de pages à chaque fois !

 

Les deux premiers numéros sont déjà sortis ... Le cadeau "collector" de fin d'année parfait pour les Tintinophiles en herbe ou confirmés !

Le tome 3, "Tintin en Amérique" paraîtra le 15 janvier 2025 ... Éventuellement pour les cadeaux des distraits ou des retardataires ?

 

© Tintinimaginatio - Prisma 2024

 

Les parutions s'étaleront de façon bimensuelle jusqu'en 2028 avec le 23e et dernier tome qui s'intéressera en profondeur à "Tintin et les Picaros", ainsi qu'à "L'Alph-Art" !

 

 

Thierry Ligot

 

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Collection :

Titre : Tintin Hergé - Les coulisses d'une œuvre

Auteur : Philippe Goddin

Éditeurs : Moulinsart & Prisma

Prix : 19,95 €

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Tintin au pays des Soviets :

Tome : 1

Parution : 16/10/2024

Format : 26,1 x 26,1 x 1,7 cm

Pages : 112

ISBN : 978 2 8104 4010 8

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Tintin au Congo :

Avec la participation : Dominique Maricq

Tome : 2

Parution : 4/12/2024

Format : 26,1 x 26,1 x 1,5 cm

Pages : 104

ISBN : 978 2 8104 4026 9



Publié le 04/12/2024.


Source : Bd-best


Automne 1877, Tokyo, Otama a 16 ans.

Un étranger, portant le kimono (chose assez rare à l'époque) ne cesse de passer devant la propriété de son père pour en admirer le jardin.

Il s'agit de Vincenzo Ragusa, sculpteur italien, enseignant à l'université de Kobu, académie impériale des arts appliqués.

A cette époque, les Samouraïs venaient de perdre leur influence auprès de l'Empereur. Leur ère était révolue. Le nouveau gouvernement cherchait à ouvrir l'Empire du Soleil Levant au monde afin de le moderniser. Il invitait ainsi Français pour l'organisation de l'armée, Allemands pour le domaine médicale et évidemment Italiens pour les questions d'art !

 

 

 

 

Admirant le trait d'Otama, il lui propose néanmoins d'apprendre à dessiner de façon plus réaliste, plus à l'européenne.

C'est ainsi que chaque jour, il lui apporte une fleur pour la reproduire sur feuille. Viendront ensuite une multitude d'objets les plus divers que Vincenzo doit inventorier.

De là va naître une passion dépassant de loin l'art de dessiner ...

 

"Mais que vas-tu penser là ? Tu es bien trop jolie pour te comparer à une machine !"

... à dessiner !

 

Chaperonnée par sa grande sœur, elle accepte ensuite de poser comme modèle pour son mentor.

La suite est "logique" même si difficilement à entendre pour ses parents ... fiançailles, suivies d'une cérémonie nuptiale japonaise. Otama a 19 ans.

 

Pourtant son espoir d'une vie commune au Japon va être contrarié par un changement de mentalité au sein du gouvernement japonais. Une vague de nationalisme prône la défense de l'art traditionnel national. Vincenzo risque de perdre son emploi et décide de rentrer en Italie, à Palerme ... avec son épouse ! Elle a 21 ans !

 

© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)

 

50 ans plus tard, Otama se rappelle sa première rencontre avec ce gaijin aimant le dessin et la botanique.

 

"Il me manque tellement que je peine à respirer"

 

Nous sommes en février 1936.

De retour à Tokyo depuis 4 ans, son chemin croise le jeune Atsushi, 7 ans. Un gamin désœuvré, d'une famille pauvre, mais possédant un réel intérêt et don pour le dessin. Otama se lie d'amitié pour lui et le prend sous son aile. Pour lui, elle va revivre son odyssée en Italie, tout en tentant de le protéger des événements de son époque.

 

Une odyssée de 50 ans où elle va s'intégrer dans un pays qu'elle ne connaît pas, au point d'en oublier son Japon natal ... et de s'en faire oublier pareillement. Devenue artiste reconnue, elle suivra et poussera son mari dans toutes les entreprises culturelles qu'il entreprendra.

Vivant intensément la "Belle Époque" palermitain de la fin du XIXe siècle, ils traverseront ces années plus intimement fusionnel jour après jour.

 

"Je ne ressentais jamais la solitude ... malgré la distance qui me séparait du Japon."

 

"- Regardez ! C'est le professeur Ragusa et son épouse japonaise.

- C'est une peintre exceptionnelle.

- Ils sont toujours ensemble. Quel beau couple !"

 

Malheureusement, le 13 mars 1927, à l'âge de 86 ans, ce dernier meurt. Elle a 65 ans et se sent abandonnée par son pays d'origine. Elle est alors convaincue qu'elle finira sa vie dans son pays d'adoption.

 

 

© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)

 

Pourtant la vie peut réserver de belles surprises. A 70 ans, suite à un heureux concours de circonstances, son vœu de retour se réalise enfin.

 

"J'avais traversé les mers au bras de l'homme de ma vie. Et voilà que je faisais le chemin inverse en compagnie de ma petite-nièce.

J'ai toujours vécu dans le sillage de l'amour ..."

 

Mais ce sera pour réaliser que le Japon de son enfance a bien changé. De nouveaux troubles se préparent et une révolte militaire éclate. En 4 jours, elle sera néanmoins mâtée pour ne plus exister que sous le nom des "incidents du 26 février 1936".

 

 

© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)

 

Et quoi de mieux pour réaliser ce one-shot qu'une auteure japonaise, Keiko Ichiguchi et un dessinateur italien, lui-même de Palerme, Andrea Accardi !

 

Un récit de vie poignant, raconté avec passion et amour, inspiré de l'extraordinaire parcours d'Otama Kiyohaha (1861 - 1939) entre son Japon natal et son Italie d'adoption.

Un scénario sensible et poétique sur le choc de 2 cultures que tout oppose mais que l'amour de 2 êtres, de 2 artistes réunira durant un demi-siècle. Ils traverseront moultes épreuves, connaîtront des chamboulements historiques et politiques majeures dans un Japon qui se cherche et se recherche.

 

Un seinen complexe et réaliste à la fois qui aborde de façon humaine et sentimentale la vie hors norme de cette femme, première peintre japonaise de style occidentale et Japonaise ayant été le modèle d'un artiste occidental. Loin d'être uniquement un "conte de fée" à la sauce italo-japonaise, Keiko Ichiguchi ne tait pas pour autant les aspects moins romantiques de cette passion : le regard parfois moqueur des Italiens à Palerme, leur humour grivois, les sentiments plutôt hostiles de sa belle-mère, l'opposition sociale entre les Japonais pauvres et les plus riches ou aisés, les tensions sociales qui secoueront le Japon et l'entraineront en partie dans un second conflit mondial, ...

 

© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)

 

Évidemment, le dessin, dans un style manga raffiné et pur, traduit toute la tendresse qui émane des protagonistes et de leur existence. Le trait léger, fin, doux au regard d'Accardi sublime cette narration en la rendant encore plus fascinante.

 

Il serait enfin difficile de passer son silence la superbe jaquette reprenant en couleur pastel le dessin de la couverture.

 

Un très joli ouvrage sélectionné notamment dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le belge" 2024, chez l'éditeur Kana : site

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Titre : La vie d'Otama

Scénario : Keiko Ichiguchi

Dessin : Keiko Ichiguchi / Andrea Accardi

Editeur : Kana

Collection : Made In

Type : Seinen

Genre : historique, drame, récit de vie

Public : ado, adulte

Parution : 7 juin 2024

Page : 136

Format : 17 x 24 cm

ISBN : 978 2 5051 1719 3

Prix : 15,5 €



Publié le 04/11/2024.


Source : Bd-best


Yokai, Samouraï et Aïe aïe aïe.    Les larmes du Yokai 1 – Les abeilles se cachent pour mourir

 

"-J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai convoqué.

-Mon seigneur a avancé dans l'enquête qu'il mène sur la mort mystérieuse de nos abeilles ?

-Pas… pas exactement, non. Bien souvent, tu causes des troubles dans la cité et bien souvent, nous te pardonnons… Atsuhiko, es-tu mon ami ?

-Je vous demande pardon ?

-Es-tu un ami de l'empire et de son digne représentant, ton daimyo ?

-Bien entendu, seigneur…

-Alors pourquoi le quartier des apiculteurs ne s'acquitte pas de la taxe ?"

 

 

 

 

 


Sur la berge enneigée d'un lac japonais, un couple déplore de ne pas pouvoir avoir d'enfants. Les dieux veulent-ils que s'éteigne la lignée des Inari ? Kiyo demande à son mari Murami de la répudier afin qu'il ait des enfants avec une autre pour que la dynastie Inari se poursuive. Il le refuse. Il ne ferait jamais cela à son aimée. C'est alors qu'une meute de loups se fait entendre non loin. Les bêtes gravitent autour d'un panier en osier suspendu à une branche. Après les avoir fait fuir, les époux y découvrent un bébé. Il s'appelle Caleb. Les dieux leur auraient-ils envoyé un héritier ?

© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat

Quelques années plus tard, le bambin a bien grandi. On le retrouve dans une bien mauvaise passe, otage d'une bande de malfrats. Avec l'aide de son serviteur Doglass, il va réussir à s'en sortir, non sans quelques frayeurs. On va rapidement apprendre qu'ils sont chasseurs de primes et parcourent le pays, traquant les bandits qui pourraient leur permettre d'encaisser de l'argent auprès du daimyo local. C'est à une affaire de grande aventure à laquelle ils vont se trouver confrontés. A Chidori, les apiculteurs déplorent la mort mystérieuse de leurs abeilles sur lesquelles repose l'économie de la ville. Voilà donc nos héros en mission pour résoudre cette énigme. Caleb va avoir bien besoin des larmes du Yôkai transmises au fils ainé de chaque génération.

© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat

Après Le temps des mitaines, revoici Loïc Clément aux commandes d'une bande dessinée animalière. A la frontière entre Chlorophylle et Kogaratsu, les aventures de Caleb et Doglass démarrent sur les chapeaux de roue. Imaginez donc les personnages de Macherot dans l'univers japonais médiéval de ceux de Michetz et Bosse, et voici Les larmes du Yôkaï. Ce ne sont pas les seuls auteurs qu'invoque Loïc Clément, parce qu'il y a aussi du Goscinny dans son écriture, pour son duo de héros hors du commun tout d'abord, puis surtout dans les dialogues, fins, ciselés, drôles. Caleb et Doglass portent le même équilibre qu'Astérix et Obélix, ou plus encore Iznogoud et Dilat Laraht. Caleb a quand même un petit côté fourbe. Doglass est bien plus malin qu'il ne veut le laisser paraître.

Margo Renard dessine l'histoire dans la même ambiance que l'aurait fait Anne Montel, complice de Loïc Clément sur Le temps des mitaines. C'est Stéphane Benoit qui s'est chargé du storyboard, dynamique, allant à l'essentiel. Les couleurs de Grelin ont un effet aquarelle qui passe très bien sur les décors mais qu'on aurait préféré plus en aplats sur les personnages. Cela n'entache en rien l'ambiance globale de l'intrigue.

© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat

Les abeilles se cachent pour mourir est la première aventure d'un duo de héros qui a un énorme potentiel pour une longue série d'intrigues équilibrant à merveille humour et action. L'histoire se termine dans ce volume mais le fil rouge de la famille de Caleb est là pour la relier aux prochaines. A suivre… avec grand plaisir, comme à la grande époque de l'âge d'or du franco-belge.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Les larmes du Yokai

Tome : 1 – Les abeilles se cachent pour mourir

Genre : Aventure

Scénario : Loïc Clément

Dessins : Margo Renard

Couleurs : Grelin

Storyboard : Stéphane Benoît

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344053218

Nombre de pages : 88

 



Publié le 27/09/2024.


Source : Boulevard BD


La guerre à bicyclette.   Maurice Tillieux 1940

 

"-Maurice ! Ne traîne plus ! Les allemands arrivent ! Tu dois aller loin le plus vite possible ! Vu ton âge, ils peuvent te réquisitionner… ou pire !...

-T'en fais pas m'man ! J'ai déjà traversé une bonne partie de la France à vélo. Et si je peux, j'embarquerai directement vers l'Espagne ou le Portugal.

-Ne perds pas l'adresse à Lisbonne que je t'ai donnée. Ta tante et son mari t'y attendent. Je leur ai écrit een janvier, craignant l'éclatement d'une vraie guerre !

-Ça ira, m'man… J'essayerai de te donner de mes nouvelles…"

 

 

 

 

 


New York 1972, au Congrès international de la BD, dessinateurs européens et américains se rencontrent autour d'un bon verre. L'un d'eux a des origines bretonnes. Plus exactement, le berceau de sa famille se trouve à Guéméné. Le nom de cette ville du Morbihan va raviver des souvenirs à Maurice Tillieux, le dessinateur de Gil Jourdan. Il y a passé plusieurs mois, en 1940. En Mai de cette année-là, à tout juste dix-neuf ans, il quittait Bruxelles et sa mère, sur son vélo, pour éviter de se faire réquisitionner par les allemands qui envahissent le pays. Direction la France, dans l'espoir d'embarquer vers l'Espagne ou le Portugal. Après la traversée du Braban Wallon, Tillieux franchit la frontière française. Il trouve refuge dans des fermes, évite les bombardiers allemands, ce que n'ont pas réussi à faire toutes les personnes qui ont emprunté les mêmes routes que lui. Pas toujours facile de se faire accepter par les français. Ayant capitulé, les belges sont considérés comme des traîtres. Le cycliste traverse la Loire sans trop de difficultés et se dirige vers La Rochelle. Arrivé sur place, c'est la désillusion. Les allemands mitraillent tout ce qui s'éloigne des côtes. Impossible de rejoindre la péninsule ibérique. Maurice n'a pas d'autre choix que de remonter vers la Bretagne.

© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan

Adorateur de l'œuvre du papa de Gil Jourdan, Bruno Bazile, déjà auteur de M'sieur Maurice et la Dauphine jaune consacré à son idole, est ici accompagné d'Etienne Borgers pour raconter l'escapade de Maurice Tillieux. En vingt-huit planches sublimes au lavis, on est embarqué dans une époque chargée d'Histoire sur laquelle se basera l'avenir d'un des plus grands auteurs de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. Il est temps que Maurice Tillieux soit enfin réhabilité. Au même titre que Jijé, il fait partie de ces auteurs pas forcément connus des profanes en BD. Il a pourtant autant d'importance qu'un Roba, qu'un Jacobs, qu'un Peyo. C'est l'occasion de saluer l'incroyable travail que font depuis des années les éditions de l'Elan pour sa bibliographie.

© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan

Ce Maurice Tillieux 1940 n'est pas qu'un récit de BD. C'est un bel album composé d'un riche dossier introductif dans lequel les auteurs Daniel Depessemier, Etienne Borgers et Gérard Guégan relatent l'escapade de Tillieux, le contexte historique, les lieux de l'action et la genèse de ce livre. Après l'histoire au lavis, une version noir et blanc montre un autre point de vue du trait émouvant de Bruno Bazile, avant de finir sur un carnet de croquis et d'essais.

© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan

Pas uniquement réservé aux tillieuphiles, cet album raconte par le prisme du destin d'un jeune homme un pan de l'histoire du monde qui aurait pu changer celle du Neuvième Art s'il ne s'était pas bien terminé. Inévitable. Attention, tirage limité.

 

Laurent Lafourcade


One shot : Maurice Tillieux 1940

Genre : Biopic

Scénario : Etienne Borgers

Dessins & Lavis : Bruno Bazile

Dossier : Daniel Depessemier, Etienne Borgers & Gérard Guégan

Éditeur : Editions de l'Elan

ISBN : 9782931072066

Nombre de pages : 96

Prix : 39 €


 



Publié le 05/09/2024.


Source : Boulevard BD


- Ces côtes sont dangereuses. La plupart des Bretons nous sont désormais hostiles !

- Certes, mais ils n'oseront pas attaquer une nef royale lourdement armée !

- Voile à bâbord !

- Qui sont ces gens ? Des marchands ?

- Ils hissent un pavillon.

- Préparez-vous au combat !

- Vous pensez à quoi ? Des Anglais ?

- Des Anglais ? Si seulement ! ... Non, ceux-là sont bien pires. Ils ne feront pas de quartier.

 

 

 

Entre faits historiques et fiction pure, "La Tigresse Bretonne" nous conte la sanglante vengeance de Jeanne de Belleville contre Philippe VI, premier roi de France de la dynastie des Valois, en 1343.

 

 

 

 

© Seiter - Blier - Bamboo 2024

 

Comment ce dernier aurait-il pu imaginer qu'en décapitant le mari de Jeanne, Olivier IV de Clisson, riche et puissant seigneur de guerre de Bretagne, il allait provoquer chez sa veuve une telle haine qu'elle allait se lancer dans la piraterie ?

Bateaux, châteaux, villes, ... tout qui était lié ou allié à la France, politiquement et économiquement, en Bretagne et dans ses environs sera désormais la cible de la dame de Clisson !

Fille, sœur et épouse de chevalier, son sang est celui de la noblesse et son courage, son sens de l'honneur ne sauraient en pâtir !

 

"Le blason des Clisson a été souillé par la trahison et le déshonneur. Je vais lui rendre son éclat en le lavant dans le sang des Français !"

 

Femme de caractère, de tempérament, implacable, la trahison qu'elle a subie, celle du roi de France en piégeant, condamnant puis exécutant son mari, la poussera à devenir cette première femme pirate.

 

Philippe VI aura beau tout faire pour s'en débarrasser, il ne fera qu'amplifier son envie de vengeance. Et celle-ci sera d'une cruauté incroyable !

 

 

© Seiter - Blier - Bamboo 2024

 

Parcours passionné et violent de celle qui sera également surnommée la "Lionne de Bretagne" ou encore la "Lionne Sanglante", Jeanne était originaire du Poitou. Née vers 1300, probablement en Vendée, au château de Belleville, elle hérite de possessions familiales en Bretagne, dans le Poitou ainsi que l'île d'Yeu (qui lui servira un temps de repère) et l'île de Noirmoutier. Elle représente l'un des partis les plus intéressants et riches de l'ouest de la France à son époque.

 

En secondes noces, elle épouse Olivier IV de Clisson. Ce dernier est du côté de Jean de Montfort dans son combat pour le titre de Duc de Bretagne, contre Charles de Blois, soutenu par le roi de France. Lors du 4e siège de Vannes (1342), Olivier est fait prisonnier par les Anglais. Libéré contre le Comte de Stanford et une très faible rançon, cet élément le rend suspect aux yeux de Philippe VI. Invité pour un tournoi à Paris, et malgré les règles élémentaires de la chevalerie le protégeant, il est arrêté sans réelles explications et décapité pour félonie. Son corps sera suspendu par les épaules au gibet de Montfaucon et sa tête envoyée à Nantes pour être exposée sur la porte Sauvetout. Insulte suprême pour sa veuve et sa maison !

 

La suite dans la "Tigresse Bretonne" ...

 

 

© Seiter - Blier - Bamboo 2024

 

Loin d'Alix et de Guy Lefranc, Roger Seiter nous plonge ici dans un récit épique palpitant. Bien que basé sur des faits réels, le peu de documents réellement fiables d'époque, et de l'aveu même de Roger Seiter, il s'agit ici d'une œuvre fictionnelle. Cependant, narrée ainsi, elle ne peut que nous donner l'envie d'en savoir plus sur cette Jeanne, méconnue de l'Histoire de France ... peut-être car, contrairement à 2 autres Jeanne célèbres (Jeanne d'Arc et Jeanne Hachette), Jeanne de Belleville s'opposait au Roi et était dans le "mauvais camp" (tout dépend évidemment du point de vue dans lequel on se place !).

Pourtant à la lecture, nous découvrons une femme éprise de liberté et de justice, pensant à sa famille, à son honneur ... et sans pitié dans sa vengeance, jusqu'au jour où sa fibre maternelle lui fera réévaluer ses priorités.

 

Néanmoins, pour être "complet", cette figure emblématique de la Bretagne connaît depuis peu un certain regain d'intérêts notamment grâce à une émission de "Secrets d'Histoire" (2022), et une bonne dizaine d'ouvrages qui lui sont consacrés.

 

 

© Seiter - Blier - Bamboo 2024

 

Côté graphisme, c'est Frédéric Blier qui prête son crayon à cette épopée "chevaleresque" sur mer.

Son trait alerte et hyperréaliste, déjà apprécié dans "La Parole du muet" ou encore "Général Leclerc et "Philippe Kieffer" dans la collection "Les Compagnons de la Libération", donne toute sa vigueur à ce récit.

Bien qu'habitué aux récits plutôt contemporains, Frédéric Blier réussit à s'immerger parfaitement dans l'imagerie du Moyen-Âge, ses chevaux, ses combats, ses armures, ses caraques et autres cogues, ...

Heureusement que pour l'y aider, les documents et encyclopédies relatifs à l'époque ne manquent pas !

Bref, son souci du détail, son cadrage dynamique, des visages expressifs, des angles de vue soulignant le sens de l'action, ... donnent la touche d'authenticité indispensable pour rendre "hommage" à la "Tigresse Bretonne".

 

Les couleurs de Florence Fantini apportent la touche finale à ce récit, le rendant encore plus vivant.

Spécialisée dans les récits moyenâgeux (Le Bossu de Montfaucon, Le Sang des Valois, ...), son nuancier, ses dégradés, ses effets marins, vagues et houle, ... sont de toute beauté.

 

Seul petit "regret", même si ce récit est fictionnel, un court dossier documentaire sur l'époque et l'héroïne, sa destinée aurait apporté probablement un plus appréciable et intéressant.

 

 

Un album à apprécier d'ici peu ... car ...

 

"Pour ce qu'il me plaist !"

 

... moi, je le conseille vivement !

 

 

 

Thierry Ligot

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Titre : La Tigresse Bretonne

Scénario : Roger Seiter

Dessin : Frédéric Blier

Couleurs : Florence Fantini

Editeur : Bamboo

Collection : Grand Angle

Genre : histoire, Moyen-Âge

Parution : 21 août 2024

Page : 64

Format : 24,2 x 32 cm

ISBN : 978 2 8189 9065 0

Prix : 16,90 €



Publié le 11/08/2024.


Source : Bd-best


Les brisures de la vie.  Les contes des cœurs perdus 9 - Mitsuko

 

"-Oscaaaaaar ?! Où est encore passé ce petit courant d'air ?

-Tu m'as appelé, maman ?

-Dis donc, toi ! Tu as disparu sans prévenir !

-C'est parce que j'étais avec ma copine Mitsuko !"

 

 

 

 

 


                Oscar, le fils de la nouvelle boulangère du village de Klervi, a une bien drôle de fréquentation. Qui est cette amie Mitsuko avec qui il était ? Sa mère s'inquiétait. Il est tard. C'est l'heure du goûter et il a encore ses devoirs à faire. Mitsuko n'est pas très bavarde. La boulangère l'a aperçue en train de fouiller les poubelles d'en-face alors qu'elle vidait la sienne. Les habitants savent vaguement que c'est une petite orpheline. Sa mère n'était pas d'ici et son père serait Séraphin, le garde-forestier. Les gens la prennent pour une marginale. Toujours est-il qu'elle a des oreilles de renard et qu'une queue du même acabit sort de sa jupe fuchsia. Seul Oscar la considère. Il la fait rire et l'invite même à goûter dans sa cabane. Cependant, il ignore qu'elle a un secret.

 

© Clément, Leng - Delcourt

 

                Neuvième conte des cœurs perdus signé Loïc Clément. Comme pour les précédents, le scénariste écrit une histoire tout en sensibilité, une ode à la tolérance et au vivre ensemble. Avec Mitsuko, il reprend le mythe de l'enfant de la forêt, faisant de la jeune femme une Huckleberry Finn au féminin. Elle fait des incursions en ville où la population ne veut pas trop d'elle. Elle habite une cabane dans les bois avec son père, veuf, un marginal qui n'arrive pas à communiquer avec elle. D'ailleurs, ses oreilles et sa queue de renard, est-ce un déguisement ou de réelles parties de son corps ?

                C'est Anne Montel qui a fait découvrir à Loïc Clément le travail de Qin Leng, illustratrice et autrice d'albums pour enfants. Elle a beaucoup travaillé pour la télévision. Elle a illustré des livres, des magazines, réalisé des couvertures, pour des éditeurs du monde entier. Elle vit à Toronto. Séduite par le concept des Contes des cœurs perdus, elle a accepté de dessiner cette fable avec une grande délicatesse. C'est sa toute première bande dessinée, mais elle a déjà un nouveau projet de one shot en route avec Loïc Clément.

 

© Clément, Leng - Delcourt

 

                Mitsuko est une histoire sur l'acceptation de la différence. Ce n'est pas parce que quelqu'un n'est pas comme nous qu'il faut s'en moquer, le chasser ou en avoir peur. Comme le montre la sublime couverture, Mitsuko est un récit de cassures, de brisures, qu'il faudra certainement recoller, au figuré comme au propre. Mitsuko est aussi une histoire sur le deuil, sur la communication pas toujours facile entre ceux qui restent. Entre tous les personnages, seul Oscar pourrait faire le lien, le fil de la vie, par son empathie, par son innocence, par sa simple présence. Souvent, c'est de l'enfance ou des enfants que viennent les solutions. Ha, aussi, il est question d'art dans cette histoire, d'art qu'on laisse en héritage, mais on ne peut en dire plus sans être trop indiscret. Juste que l'art, ça peut sauver des vies.

 

© Clément, Leng - Delcourt

 

                Neuf albums et pas une fausse note. Les contes des cœurs perdus est une série d'anthologie remarquable par ses récits dont aucun ne ressemble à un autre mais où tous sont réunis par une grande humanité. 

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Les contes des cœurs perdus

Tome : 9 - Mitsuko

Genre : Fable poétique

Scénario : Loïc Clément

Dessins & Couleurs : Qin Leng

Éditeur : Delcourt

Collection : Jeunesse

ISBN : 9782413077404

Nombre de pages : 40

Prix : 11,50 €

 



Publié le 10/06/2024.


Source : Boulevard BD


Le jour le plus long.   La fine équipe 2 – Débarquement à Juno Beach !

 

"-Encore un p'tit dernier, collègue… Euh, comment tu t'appelles, déjà ?

-Fonce-Bouchure, pour vous servir !

-Approche, Fonche-Boussure, maintenant qu'on est cochons comme copains, j'vais te l'dire, mon secret… En Normandie, le 6 juin, va y avoir un grand ravalement, euh non, un grand chambardement, non, zut, euh…"

 

 

 

 

 


                Mai 1944, à Bricourt-sur-patte en pleine occupation allemande, Fonce-Bouchure arrive à vélo au petit bar de Babette. Une voiture percluse de balles façon gruyère est stationnée devant l'établissement. Elle appartient à Diane, une aristocrate pomponnée, et sa petite troupe, dont Loïc, un ami de longue date, costard-cravate, diplomate au Quai d'Orsay. Après quelques verres de Pousse d'Epine, un nectar local, ce dernier dévoile qu'un événement va se produire le 6 juin en Normandie : les Alliés s'apprêtent à débarquer. "Mais chut, c'est un secret…" Un débarquement, depuis le temps qu'on l'attendait. Faut prévenir Maurice ! La fine équipe décide de filer un coup de main aux alliés. Direction la Normandie ! Il ne faudrait pas que ce traître de quincailler qui a tout entendu au comptoir prévienne l'ennemi.

© Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD

 

                La double bande, celle de Diane et la fine équipe, vont se diviser en deux. Une partie va partir avec la camionnette Citroën de Maurice pour faire sauter les ponts et ainsi empêcher les nazis d'avancer. Les autres vont rafistoler l'avion qu'ils ont piqué aux boches il y a trois ans. Il y a du boulot. Il est bancal et orné d'une Swastika. Opération bricolage et peinture en perspective, ce qui vaudra au moyen de transport une très originale couleur rose, ceci dit sans spoiler puisqu'on le voit en couverture.

                Fred Coicault et Jean-Christian Fraiscinet poursuivent les aventures des personnages issus du spectacle éponyme de plein air joué chaque année, en juin, à la ferme théâtre de Bellevue, à Villentrois-Faverolles en Berry dans l'Indre, fresque humoristique sur la résistance. Le scénario écrit à quatre mains est mené tambour battant et l'histoire se lit à la vitesse des événements. La lecture s'accélère sans qu'on ne puisse rien y faire. C'est étonnant. On est en pleine immersion. La scène de l'avion de la fine équipe le Day-D est un grand moment d'action et d'humour comme on en fait peu. On se surprend à rire tout fort. Les dialogues sont finement écrits. Audiard n'aurait pas renié certains d'entre eux. L'émotion est également au rendez-vous lorsque la camionnette des dynamiteurs traverse le village dévasté d'Evrecy.  Au dessin, Coicault est de ces dessinateurs au style franco-belge de la meilleure époque. Ça pulse.

 

 © Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD

 

La série est aussi un hommage à de grands films du cinéma français. Quand les "plastiqueurs" s'occupent de dynamiter les ponts, on ne peut s'empêcher de se remémorer à la réplique culte de La septième compagnie : "Le fil rouge sur le bouton rouge, le fil vert sur le bouton vert." Ici, elle n'y est pas, mais les protagonistes ne sont pas tout le temps plus adroits. Quand il est question de bouquet de marguerites, on aperçoit case suivante Fernandel et la justement nommée Marguerite de "La vache et le prisonnier". Il y a aussi Bourvil, tout droit sorti du Mur de l'Atlantique. Clin d'œil également à Charles Trenet, à Roch Voisine (incroyable !), ainsi qu'à Benny Hill dans une dynamique et dynamitée scène de poursuite comme on en voyait en fin de chaque épisode sur la musique Yakety Sax de Boots Randolph et James Rich.

 

© Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD

 

                A présent que la France se libère, on espère que La fine équipe n'a pas fini d'en découdre avec les troupes allemandes. Qui sait ? Peut-être qu'on les retrouvera quelques mois plus tard à la capitale ou bien en Allemagne au Nid d'Aigle ? En attendant, fêtons avec eux les quatre-vingt ans du débarquement.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : La fine équipe

Tome : 2 – Débarquement à Juno Beach !

Scénario : Fred Coicault & Jean-Christian Fraiscinet

Dessins : Fred Coicault

Couleurs : Sophie David

Éditeur : CasaBD

ISBN : 9782380584837

Nombre de pages : 48

Prix : 15,95 € 

 



Publié le 10/06/2024.


Source : Boulevard BD


Bizu, Spirou et compagnie.  Fournier Ma vie de rêves  Fournier Ma vie de rêves

 

"-Bonjour, Monsieur Rosy. J'ai complètement revu mon histoire.

-Ah ! C'est bien, on va voir ça. Ben, c'est bon, vous avez bien bossé. Je vous propose d'aller voir Yvan Delporte , le rédac-chef.

-Oui, bien sûr.

-Yvan, voici Jean-Claude Fournier dont tu as vu les planches."

 

 

 

 


                Lorsque Jean-Claude Fournier arriva ce jour-là à la rédaction du journal Spirou pour essayer d'enfin placer ses planches de bandes dessinées, il était loin de se douter qu'après Maurice Rosy et Yvan Delporte, il allait rencontrer le grand patron, Monsieur Charles Dupuis, en personne. Il est embauché. Son rêve est en train de se réaliser. Mais avant ça, le chemin fut long. Il le sera aussi ensuite. Tout est raconté par l'auteur en personne dans ce biopic en courts récits tranches de vie, intercalées par des explications illustrées. Dans sa préface, Emmanuel Lepage explique que Fournier, accueilli par Franquin dans les années 60, a rendu la pareille en transmettant tout son savoir à de nombreux auteurs, dont lui, aujourd'hui reconnus de la profession. Jean-Claude Fournier prend ensuite la main pour raconter sa vie et sa carrière, depuis son premier jour.

© Fournier - Daniel Maghen

                Fils d'un père garagiste, il déteste le sport qu'il juge violent. A la faveur d'un concours de bande dessinée sur le thème de la sécurité routière proposé aux élèves des Côtes-du-Nord, le jeune Jean-Claude se révèle et gagne…un ballon de foot pour toute la classe. Un cauchemar. Chez son tonton Albert, il passe des heures à observer un bateau dans une bouteille. Il ne sait pas encore qu'en découlera des années plus tard une aventure de Bizu. Ado, sa mère se met en colère contre lui parce qu'il passe des heures à lire des illustrés au lieu de suivre les cours.

© Fournier - Daniel Maghen

                Noël 1965, Fournier renonce à un stage de directeur de colonies de vacances pour répondre à une invitation de Franquin. Cette décision va définitivement changer sa vie. Il entre dans l'atelier du maître aux côtés duquel il apprendra les rudiments du métier. Le dessinateur de Spirou et Fantasio lui présentera Maurice Rosy et la rédaction du journal Spirou dirigée par un certain Yvan Delporte. Il y croise Raoul Cauvin qui fait des photocopies et n'a pas encore commencé sa carrière de scénariste renommé. La poésie de Spirou envahit les pages de l'hebdomadaire avant que son papa ne se voit confier la destinée du héros fer de lance de la maison d'édition : Spirou en personne. Fournier dégaine les anecdotes qui raviront les amoureux de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. L'Ankou marquera certainement le sommet de sa carrière, avant que quelques années plus tard on ne lui retire, ou plutôt qu'on l'invite à se retirer des aventures de Spirou.

© Fournier - Daniel Maghen

                La mésaventure permettra à Bizu de revenir sur le devant de la scène, mais d'abord chez un autre éditeur, puis quelques années plus tard chez Dupuis. Ce ne sera pas un succès commercial. Il rencontre alors Zidrou avec qui il crée Les Crannibales, une série de gags sur une famille de cannibales, série qui ne sera pas elle non plus suffisamment rentable. Fournier se dirige alors vers une bande dessinée plus adulte, d'abord avec Les chevaux du vent avec Christian Lax, puis avec Plus près de toi, accompagné de Kris. L'album se termine par un cahier de corbards, archives et compagnie, dont les premières ébauches de La maison dans la mousse, l'aventure de Spirou et Fantasio qu'il laissera en plan à la cinquième planche, écoeuré par l'aveuglement d'un éditeur incompréhensif.

© Fournier - Daniel Maghen

                Fournier est l'un des auteurs majeurs des années 70 et des suivantes. Il se raconte ici dans des moments de vie, privés ou professionnels. C'est intime et émouvant, et surtout, ça démontre sa contribution majeure à ce qu'est la bande dessinée aujourd'hui. Indispensable.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Fournier Ma vie de rêves

Genre : Biopic

Scénario & Dessins: Jean-Claude Fournier

Couleurs : Jean-Claude Fournier & Anne-Marie d'Authenay

Éditeur : Daniel Maghen

ISBN : 9782356741547

Nombre de pages : 152

Prix : 26 €




Publié le 28/05/2024.


Source : Boulevard BD


Face au bourreau.   Simone 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !

 

"-Ah… Esther et Polly !

-Tu connais ? Pourtant c'est pour les enfants !

-Madame en a sûrement, tu sais.

-Bien sûr, mais ce n'est pas la raison… Je lisais leurs aventures dans "Âmes Vaillantes" quand j'avais ton âge. J'étais fan de la jeune Esther et de son adorable petite marmotte. Et ça m'a beaucoup aidée à penser à autre chose dans des moments… difficiles.

-Qu'est-ce qui t'est arrivé, dis ?

-Ah, ça… C'est une longue histoire…"

 

 

 

 

 


                Février 1972, Simone Lagrange prend le train pour Paris. Elle se rend à Cognacq-Jay au siège de l'ORTF, l'office de radiodiffusion-télévision française, pour participer à une émission de télévision en direct. La soirée est présentée par Jacques Alexandre. Après un reportage réalisé par une équipe d'Antenne 2 à La Paz en Bolivie dans lequel le journaliste Ladislas de Hoyos s'entretient avec un certain Klaus Altmann, les quatre résistants invités en plateau, dont fait partie Simone, sont invités à se prononcer. Ce Klaus Altmann ne serait-il pas Klaus Barbie le criminel nazi, chef de la Gestapo de Lyon ? Simone a été torturée par Barbie en 1944 avant d'être déportée à Auschwitz. Elle ne peut pas oublier son regard. Même s'il le nie, pour Simone, Altmann et Barbie ne font qu'un. Le bourreau va se trahir. Alors qu'il prétendait ne comprendre que l'allemand, Ladislas de Hoyos le piège avec une question en français à laquelle il répond.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

                Alternant entre 1944 et 1972, Jean-David Morvan et Davis Evrard poursuivent la biographie de Simone Lagrange. L'album s'ouvre sur une scène d'une intensité incroyable. Simone se serre dans les bras de ses parents. Elle s'imagine au Maroc à Mogador, actuelle Essaouira, en bord de mer. L'océan se déchaîne. Les vagues prennent les apparences de ceux qui les ont dénoncés. Tel un tsunami, Klaus Barbie déferle sur eux. En réalité, la famille est retenue au siège de la Gestapo à Lyon. Le cauchemar ne fait que commencer. Simone et sa mère sont séparés de leur père et époux. A la prison de Montluc, la gamine vit un calvaire pendant quinze jours avant de partir pour Drancy, dernière étape avant le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

                La seconde guerre mondiale et ses conséquences sont des thèmes de prédilection du scénariste Jean-David Morvan. Il s'est intéressé à Irena Sendlerowa (déjà avec David Evrard), à Ginette Kolinka, à Madeleine Riffaud,… Avec Simone Lagrange, on suit le parcours d'une miraculée et on l'accompagne dans son combat dans la traque des nazis. On va la voir aux côtés de Serge Klarsfeld face à Barbie, défendu par un cynique Jacques Vergès.

Le graphisme si particulier pour un tel sujet de David Evrard fait la force du témoignage. Dans son trait franco-belge, l'auteur intègre des planches d'Esther et Poly qui font écho à ce que vit Simone, ainsi que des cases dessinées comme si elles étaient dessinées par des enfants, à la manière d'un José Parrondo dans la série "Allez raconte". La séquence des chambres à gaz ainsi racontée ne pouvait avoir plus de puissance. A arracher des larmes.

© Evrard, Morvan, BenBK - Glénat

"Simone" fait partie de ces séries nécessaires œuvres de mémoire. En ces débuts d'années 70, la chasse aux nazis atteint l'un de ses climax. Walter Rizoto et Jean-Loup de la Batellerie, journalistes à Paris-Flash, sont là pour rendre compte de l'événement.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Simone

Tome : 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !

Genre : Drame historique

Scénario : Jean-David Morvan

Dessins : David Evrard

Couleurs : BenBK

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344049518 

Nombre de pages : 72 

Prix : 15,50 €

 



Publié le 24/04/2024.


Source : Boulevard BD


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