« - En quoi puis-je vous aider, Monsieur… Monsieur… ?
- Carrard. Je suis le directeur du Richelieu, un cercle de jeu privé dont la réputation est irréprochable et la clientèle triée sur le volet…
- Un casino, quoi.
- Je vous en prie, Monsieur Carrard, poursuivez.
- Oui, euh… Comme je vous le disais, la réputation de mon établissement est sans tache. Or, depuis peu, l’un de nos nouveaux habitués, un certain Jérôme Sébrier, fait preuve d’une chance qui n’a rien de naturel, si vous voyez ce dont je parle. »
Paris 1909. Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du cercle Cyan, sur rendez-vous uniquement, reçoit en ce jour chaud de juillet le directeur du Richelieu, un cercle de jeu privé dont la réputation est irréprochable et la clientèle triée sur le volet. Ce dernier lui demande de confondre un joueur suspecté de tricherie. Ça ne devrait pas être « sorcier » pour lui de le faire. Mais une autre affaire l’attend. Dans un cabaret de Montmartre, Isabelle, une voleuse aux identité multiples, fée espionne, apporte à son commanditaire le fruit de son larcin soviétique : une broche et des lettres, qui, dans les mains de la police du tsar, auraient pu causer beaucoup de tort à la France. Mais avant tout, la broche doit être authentifiée chez un antiquaire brocanteur : Isidore Alandrin. Tiens, Griffont doit s’y rendre aussi. Le mage et la belle vont s’y croiser et se retrouver mêlés à une affaire d’état.
© Pevel, Willem, Wenish - Bamboo
Après Les artilleuses, histoire originale située dans l’univers du Paris des merveilles, Pierre Pevel et Etienne Willem nous invitent dans l’histoire originelle, une trilogie de romans de fantasy. Le premier, Les enchantements d’Ambremer, inaugure évidemment cette adaptation. Mais qu’est donc ce Paris des merveilles ? Tout simplement un monde steampunk dans le Paris de la belle époque. La capitale, dans laquelle volent chats ailées, où un troll peut tenir un bar et les gargouilles prendre vie, cache un monde magique souterrain, Ambremer, capitale du royaume des fées, dans laquelle on peut se rendre d’un simple voyage en métropolitain.
L’univers du roman est merveilleusement (le mot était tout trouvé) retranscrit par Etienne Willem. C’est lui-même qui a mené l’adaptation. Tout n’était pas pourtant pas gagné d’avance. Contrairement aux artilleuses où l’on était dans une création permettant de « gérer » les actions en fonction de la lisibilité graphique, il y avait ici des passages obligés par forcément simples à traduire. On pense par exemple à la scène où Griffont se métamorphose en entrant chez l’Antiquaire. De plus, présenter et mettre en action autant de personnages en si peu de planches n’était pas non plus évident. C’est chose faite avec brio dans cet album qui ne raconte que la première partie du premier roman. Ajoutons à cela une superbe couverture à la Mucha et des couleurs envoûtantes de Tanja Wenish pour garder l’ambiance et le ton des artilleuses.
© Pevel, Willem, Wenish - Bamboo
Des romans, des nouvelles, des bandes dessinées. Pierre Pevel ne s’est pas arrêté là. Un jeu vidéo en ligne existe aussi. C’est un jeu de cartes enchanté auquel on peut jouer gratuitement sur : https://tourmaline.itch.io/le-paris-des-merveilles?utm_source=facebook&utm_medium=launchpost&utm_campaign=LaunchPDM&fbclid=IwAR0Aa63sgFO9dgPRHJ2z_0s1X2b_zxO8yzV5-GwyHGqhWoltoG0OVurxG2E.
Les brigades du tigre sont sur l’enquête. Magouilles et magie sont prêts à s’affronter. C’est le Paris des merveilles.
Laurent Lafourcade
Série : Le Paris des merveilles
Tome : 1 – Les enchantements d’Ambremer 1/2
Genre : Aventure semi-fantastique
Scénario & Dessins : Etienne Willem
Histoire originale et dialogues : Pierre Pevel
Couleurs : Tanja Wenish
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Nombre de pages : 48
Prix : 14,90 €
ISBN : 9782382330081
« -Il faut que nous retournions habiter dans la jungle : notre séjour ici a duré trop longtemps… Il paraît que certains commencent à lorgner le trône de ton père en notre absence…
-On est bien d’accord : tu restes ici avec Rhino pour continuer tes études…
-Pas de souci !
-Chéri, il faut qu’on se dépêche d’aller à l’aéroport, l’avion ne va pas tarder à décoller ! L’avion attendra qu’on arrive ! Je suis un roi tout de même ! »
Jean-Mowgli est un collégien pas tout à fait comme les autres. Ses parents sont des singes. Il vit avec un rhinocéros. Bon, ça, ce n’est rien. Il porte pour seul habit un slip kangourou. S’il est ainsi, c’est qu’il vient de la jungle. Fils de touristes dévorés par un tigre, il a été recueilli bébé et élevé par un couple de singes. Son père ne porte rien moins que le titre de roi de la jungle. Afin de parfaire son éducation et de lui assurer le titre de roi à son tour, il est nécessaire qu’il approfondisse ses connaissances du monde. C’est la raison pour laquelle il a rejoint la civilisation. Aujourd’hui, ses parents doivent rentrer pour s’occuper du royaume. Lui va rester, avec Rhino et Mamie, pour continuer sa scolarité au collège.
Le slip est-il une tenue adaptée pour venir en classe ? Si pour les enseignants du collège Charles Darwin ce n’est pas forcément évident, pour Jean-Mowgli, qui n’a jamais porté autre chose, voire rien, ce sera la seule et unique tenue correcte exigée. Enfin, sauf pour la piscine, comme par hasard. On assiste donc à la vie de cet élève improbable, non seulement au collège avec ses amis, mais aussi au fil des jours avec Rhino qui a du mal à supporter l’hiver et la civilisation. Et puis, il y a Djézonn, le gros dur du collège, qui aime bien taper sur Jean-Mou comme il dit, mais qui a parfois le revers de la médaille.
Giovanni Jouzeau revisite pour son premier album le principe du chien dans un jeu de quilles. Un peu du Livre de la jungle, un soupçon de Calvin et Hobbes, voilà les influences de l’auteur. Jouzeau est le fils naturel de Tehem et de Dab’s. On retrouve le décor de Zap Collège de Tehem. De toutes façons, rien ne ressemble plus à un collège qu’un autre collège. Et le héros malgré lui de ces gags finit souvent comme Tony avec quelques bosses et pansements, dans la série Tony et Alberto de Dab’s. Jouzeau a ingéré toutes ces icônes pour créer son propre monde bien à lui.
Des lianes poussent dans le béton. On dit souvent que le collège, c’est la jungle. Avec Jean-Mowgli, c’est au propre comme au figuré.
Laurent Lafourcade
Série : Jean-Mowgli
Tome : 1 – Le collège, c’est la jungle !
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Giovani Jouzeau
Éditeur : Bamboo
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
Fin décembre et début janvier, on a confié la rédaction des sommaires de Spirou à Gaston. Voilà pourquoi ils arrivent en retard. Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais !
Spirou 4420 - 28 décembre 2022
Bonne année !
Un festival de personnages est en couverture. De Dad à Yoko Tsuno, de Cédric à Imbattable, Djief signe un superbe dessin réunissant toutes les générations des héros encore en activité dans le journal.
Evénement le plus attendu de l’année, le traditionnel calendrier est en supplément.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Janry – Dupuis
Histoires à suivre :
Amis de Spirou (Les) : Un ami de Spirou est franc et droit…
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Hypragirl
Olive : Retour sur Terre
Trésor : La vague rouge
Récit complet :
La tartiflette du crime (Jadraque & Boriau)
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Agent 212 (L’)
Brad Rock
Capitaine Anchois
Coach (Le)
Crash Tex
Edito (L’)
Elliot au collège
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon)
Game over
Grotesque (La pause-cartoon)
Houba gags
Kid Paddle
Marges de nombreux auteurs
Minions (Les)
Nelson
Pernille
Petit Spirou (Le)
Spoirou & Fantasperge (Marges de Sti)
Strip dont vous êtes la star (Le)
Tash & Trash (La pause-cartoon)
Tout savoir sans forcer (La pause-cartoon)
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Janry
En direct du futur : Comme chien et chat
Jeux : 2023 bizoux sous le gui (Joan)
Spirou & moi : Devaux
Supplément :
Calendrier 2023
En kiosques et librairies le 28 Décembre 2022.
3,90 €
Spirou 4421 -
4 janvier 2023
Le cercle des poètes farfelus
Chacune de leurs aventures est une garantie de fous rires assurés. Les cavaliers de l’apocadispe sont les vedettes de la semaine dans une histoire ode à la poésie. Le second événement de la semaine est la fin de la quadrilogie Olive, qui gagne à maintenant être lue dans son intégralité d’un seul coup.
Les abonnés pourront chacun écrire à une personne chère à leur cœur sur une superbe carte de vœux Nelson.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Bertschy – Dupuis
Histoires à suivre :
Amis de Spirou (Les) : Un ami de Spirou est franc et droit…
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Hypragirl
Olive : Retour sur Terre
Trésor : La vague rouge
Récit complet :
Les cavaliers de l’apocadispe ne sont pas super inspirés.
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Coach (Le)
Dad
Des gens et inversement (La pause-cartoon)
Edito (L’)
Elliot au collège
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon)
Game over
Grotesque (La pause-cartoon)
Houba gags
Kid Paddle
Minions (Les)
Otaku
Pernille
Petit Spirou (Le)
Spoirou & Fantasperge (Marges de Sti)
Strip dont vous êtes la star (Le)
Tash & Trash (La pause-cartoon)
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Kris
En direct du futur : A-Lan en orbite (Labourot & BeKa)
Interview : Libon
Jeux : La belle journée du cavalier Jé (Casters)
Leçon de BD (La) : Dutreix
Supplément abonnés :
Carte de vœux Nelson
En kiosques et librairies le 4 janvier 2023.
2,70 €
Spirou 4422 -
11 janvier 2023
Elliot plus flippé que jamais ! Le monstre du camping de Jolifleur
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas au collège que nous retrouvons Elliot, mais en vacances au camping. Rassurez-vous, l’angoisse est quand même au rendez-vous. En interview bonus, Théo Grosjean nous offre le guide de survie ultime.
Pendant ce temps, les abonnés colleront des autocollants Créatures.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Djief, Betbeder – Dupuis
Histoires à suivre :
Amis de Spirou (Les) : Un ami de Spirou est franc et droit…
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Hypragirl
Trésor : La vague rouge
Récits complets :
Elliot au collège : Les vacances d’Elliot
Mélie et le Monster Maker Club
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Capitaine Anchois
Coach (Le)
Crash Tex
Dad
Des gens et inversement (La pause-cartoon)
Edito (L’)
Estampille
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon)
Game over
Grotesque (La pause-cartoon)
Kid Paddle
Nelson
Petit Spirou (Le)
Spoirou & Fantasperge (Marges de Sti)
Strip dont vous êtes la star (Le)
Tash & Trash (La pause-cartoon)
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Dequier
En direct du futur : Clap 400ème pour Dad (Nob)
Interview : Grosjean
Jeux : Angoisse au camping Jolicoeur (Tyst)
Spirou et moi : Guyon
Supplément abonnés :
Autocollants Créatures
En kiosques et librairies le 11 janvier 2023.
2,70 €
Laurent Lafourcade
Qu’est-ce qui détermine au final notre identité ? Qu’est-ce qui constitue ceux que nous sommes ? Face à une Histoire qui se répète, les enfants réagiront-ils comme leurs parents ?
Campagne de France, juin 1940, Billy-Sur-Aines. Lors d’une rixe entre soldats allemands et français, Louis Kerbraz reconnaît le médaillon qu’il avait confectionné pour Lieselotte Ruf, une jeune femme travaillant pour la Croix-Rouge, : rencontrée lors du premier conflit mondial. Face à lui, un homme bien décidé à se venger de sa condition d’orphelin de guerre. Quel va être la réaction de ce fils allemand devant son père français qu’il rencontre pour la première fois lors de cet affrontement ?
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Rien ne prévoyait que Louis Kerbaz, (l’immortel) jeune soldat breton, rencontre lors d’une incursion en no man’s land Liselotte Ruf, (l’Ange des tranchées ) une jeune infirmière allemande réfugiée dans une église en ruine. Les deux jeunes gens ont en commun une passion pour l’art, lui dessinant dans un carnet différentes sculptures religieuses (pietà) observées lors de la Première Guerre mondiale tandis qu’elle les photographies. De cette passion va naître entre nos protagonistes une relation amoureuse considérée comme interdite au vu de la complexité de leurs nationalités impliquées dans ce premier conflit mondial.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Lors d’une sortie en dehors des lignes françaises, notre breton assiste à une scène équivoque entre son aimée et un médecin allemand. Blessé gravement lors d’une offensive, il terminera la guerre alité dans un hôpital. De son côté, en novembre 1918, Liselotte retourne vivre chez ses parents, portant dans son ventre le fruit de leur amour. À la naissance du petit, le médecin accoucheur va déclarer à cette dernière que l’enfant est mort-né, l’abandonnant entre les mains de religieuses d’un couvent situé près de Stuttgard.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Les scénaristes ( Nathalie Ponsard – Gutknecht & Miceal Beausang – O’Griafa) nous proposent de suivre la destinée de cinq personnes, de nationalités et de générations différentes, qui vont inscrire leurs destins croisés dans des mondes en guerre. Les illustrations confiées à Aurélien Morinière sont vraiment criantes et saisissantes de vérités, ce dernier n’hésitant absolument pas à utiliser des grandes cases voir même des pages entières afin de nous présenter la vie des poilus et les horreurs de la guerre des tranchées. De plus, le choix des couleurs colle est parfaitement judicieux, reflétant les diverses situations dramatiques présentées. Au travers de cette saga familiale, le lecteur traverse divers lieu et époque de la Première Guerre mondiale. À signaler la présence d’un dossier pédagogique relativement bien documenté et structuré en fin d’album.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Une série prévue en quatre tomes à paraître dans le courant de cette année dont je ne peux que vous conseiller l’acquisition. Également mon premier coup de cœur de cette année 2023.
Alain Haubruge
Titre : Ceux que nous sommes
Série : Visage
Tome : 1
Genre : Histoire
Éditeur : Glénat
Scénario : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa
Dessin & couleurs : Aurélien Morinière
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782344022924
« - Alors, c’est vrai ? On doit quitter Prague ?
- Oui, ma chérie. Nous devons partir. »
Etre juif à Prague pendant la Seconde guerre mondiale est loin d’être la condition la plus confortable. Un après-midi, la famille de Dita Adlerova reçoit une lettre les sommant de quitter leur domicile. Ils ont droit d’emporter cinquante kilos de bagages. Pour Dita, quatorze ans, pas question d’abandonner ses livres. Il va pourtant bien le falloir. La jeune fille et ses parents, comme des milliers d’autres juifs, doivent se rendre à la gare. Ils vont être déportés à Auschwitz. Arrivés sur place, ils ne seront pas gazés, mais lavés, puis tatoués. Ils ne seront ni rasés, ni changés. Incroyable ! Ils restent même en famille dans un baraquement moins insalubre que les autres. Que cache ce mystère ? Toujours est-il que Dita, passionnée de livres, sera chargée de s’occuper de la bibliothèque.
Salvia Rubio adapte en bande dessinée le roman d’Antonio Iturbe. L’histoire a pour mérite de dévoiler un angle peu connu des sordides et inadmissibles camps de concentration. Si l’on sait que les prisonniers vivaient dans des taudis et étaient en charge de travaux pénibles et dégradants, on sait moins qu’il existait des lieux plus privilégiés, si tant est que « privilégié » soit le bon terme. En effet, un bâtiment était réservé aux visites des responsables de la Croix Rouge qui ainsi ne voyaient pas toute la misère. Ils étaient bluffés par les nazis qui leur faisaient croire que les droits de l’homme étaient respectés à Auschwitz. Dans son malheur, Dita aura eu le privilège de croiser le chemin de Fredy Hirsch, juif allemand qui supervise la section qu’elle intègre. Sous le prétexte de les occuper afin qu’ils ne perturbent pas le bon fonctionnement du camp, l’homme réussit à faire dédier une baraque aux enfants. C’est là qu’il confiera à Dita la gestion de la bibliothèque.
Loreto Areca vient du dessin animé. Elle signe ici sa première bande dessinée. Ses grandes cases montrent la solitude dans laquelle se trouvent les prisonniers. Elle invite à l’empathie pour ces milliers de victimes qu’elle représente, soit anonymement, soit avec Dita et ses parents. Elle invite au dégoût avec un Josef Mengele, le célèbre médecin de la mort, aussi droit qu’un « i » dans son costume militaire tiré à quatre épingles. Elle invite au mystère avec Fredy Hirsch dont on découvrira avec Dita le secret qu’il cache.
Edita Adlerova, dite Dita, vit aujourd’hui à Netanya en Israël. Antonio Iturbe l’a rencontrée pour écrire son roman de six cents pages adapté ici par Salvia Rubio et Loreto Areca. Ils ont dû procéder à quelques raccourcis que la lecture de l’œuvre originale pourra combler. En attendant, cette bande dessinée est, comme tout ouvrage sur le thème, une œuvre de mémoire indispensable et c’est aussi une ode à la lecture.
Laurent Lafourcade
One shot : La bibliothécaire d’Auschwitz
Genre : Drame historique
Scénario : Salvia Rubio
Dessins & Couleurs : Loreto Aroca
D’après : Antonio G. Iturbe
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 142
Prix : 22 €
« - Un mort et un blessé grave dans le coma !... Un retour sur le terrain en fanfare, Agent Rafale ! Il n’y avait vraiment pas moyen de faire autrement ?
- Niet, colonel ! Je certifie que c’était eux ou nous et je n’aurais pas fait mieux au volant…
- On a pu les identifier, d’ailleurs ?
- Deux anciens dockers du port de Boston, virés il y a quelques mois pour trafic de drogue…
- La question est donc de savoir qui les a payés pour enlever le corps de ce garçon retrouvé dans la cargaison de poisson… »
Qui est-ce jeune homme, le corps à moitié recouvert d’écailles, retrouvé mort dans un container de poissons sur les docks de Boston ? Et pourquoi a-t-on tenté d’enlever son cadavre à la morgue ? Le WSIO (World Security International Office) est sur l’enquête. Si Whip et Gaucho ont réussi à intercepter les ravisseurs, de manière un peu brutale, Brazil et Nomade sont chargés d’identifier le corps et de retracer son parcours. Le container appartient à la compagnie Cooper Fishing Corp. Décollage imminent pour le Nunavut dans le Grand Nord canadien.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Reprendre une série n’est pas gage de succès, ni de réussite. Si on parle beaucoup de l’excellent revival de Ric Hochet dans les mains de Van Liemt et Zidrou, celui de Bruno Brazil est tout aussi honorable. Ric Hochet a eu une très longue période de vie originelle et a évolué avec son temps. Les auteurs ont choisi de l’ancrer dans les années 60. Bruno Brazil a eu une vie beaucoup plus courte. Si l’on excepte le dernier tome inachevé paru en 1995, les albums de Vance et Greg sont parus entre 1969 et 1977. Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Aymond ont eu l’idée de génie de reprendre la série là où elle s’était arrêtée, à l’époque où elle s’était arrêtée, et avec les personnages dans l’état dans lequel les auteurs les avaient laissés. Pas de téléphone portable, d’internet ou de technologie moderne. Nous sommes en 1977.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Au dessin, Philippe Aymond est dans un classicisme qui ne peut pas décevoir. Net, propre, maîtrisé. Au scénario, Bollée se place en digne successeur de Greg. Ça a l’air facile comme ça de faire de la bande dessinée populaire d’espionnage et d’aventure. Ce n’est pas si simple que cela. S’il y avait une recette, ça se saurait. Bollée dose l’action et les poursuites comme le faisait l’ancien rédacteur en chef du journal Tintin, tant et si bien que l’on a l’impression de lire une bonne « histoire du journal Tintin », comme c’était marqué dans les albums à l’époque. Les nostalgiques y trouveront leur compte, mais les nouveaux lecteurs tout autant. Cette « terreur boréale » traite de manipulations génétiques, sujet toujours d’actualité. Le final apporte de l’humanité à Brazil en intégrant un fil rouge en guise de cliffhanger.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Pourquoi créer de nouveaux héros quand les « anciens » en ont encore autant sous le capot ? Bruno Brazil démontre encore que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Laurent Lafourcade
Série : Les nouvelles aventures de Bruno Brazil
Tome : 3 – Terreur boréale à Eskimo Point
Genre : Thriller
Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
Dessins : Philippe Aymond
Couleurs : Didier Ray
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €
« - Votre mie n’est-elle point gracieuse ? Agréable à la vue et au toucher ?
- Je ne le sais, en six mois de noces, l’envie ne m’a même pas effleuré !
- Est-elle malodorante, bruyante ou estropiée ?
- Rien de cela. C’est une beauté nubile et estimée… Non. Le problème vient de moi… L’ancien officier chef d’armée ne peut plus sabrer ! Je vous mandate céans pour m’aider à trouver une solution. »
Le Comte François de Dardille vient de convoquer en sa demeure Monsieur le Marquis. S’il a besoin de son ami, c’est qu’il est dans une bien mauvaise passe. La Comtesse Amélie de Figule reproche à son époux de ne pas la satisfaire. Afin de le prouver, et pour se voir attribuer en compensation la moitié des terres de son mari, elle convoque le « congrès ». S’il veut éviter de se voir spolier d’une partie de sa fortune, le Comte va devoir assurer au lit et en public. Il craint de ne pouvoir y parvenir et espère que le Marquis lui donnera les clefs de la réussite.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
C’est un genre de récit peu commun auquel nous invitent Aurélien Ducoudray et Nicolas Dumontheuil : la farce sexuelle. Tout commence comme une tragédie. On ne sait pas encore comment ça finira, mais le cœur est une comédie. Ducoudray s’empare d’une réalité. Entre le XVIème et le XVIIème siècle, en France, une épouse pouvait faire annuler son mariage pour cause d’impuissance de son mari. Convoqué devant le Congrès, le mari devait prouver en public ses capacités sexuelles. C’est ce qui arrive ici au Comte de Dardille, plus préoccupé par sa fabrique de soldats de plomb que par les attributs d’Amélie. Le Marquis, habitué des parties fines, tente de l’intéresser aux vertus féminines.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
Ce qui aurait pu être une histoire platement érotique sous les crayons d’un dessinateur réaliste se transforme en facétie croquignolesque sous le graphisme de Nicolas Dumontheuil. Ce dernier met en scène ses personnages comme dans un théâtre. Il transforme le lecteur en spectateur que les acteurs happent pour les intéresser aux scènes qu’ils jouent. Qu’ils soient dans une forge, dans un bordel ou à bord d’un carrosse, les personnages sont des comédiens dans les mains d’un metteur en scène truculent.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
Avec des dialogues ciselés, jamais vulgaire et toujours drôle, L’impudence des chiens invite Molière chez Rabelais. Une excellente surprise.
Laurent Lafourcade
One shot : L’impudence des chiens
Genre : Comédie historique
Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessins & Couleurs : Nicolas Dumontheuil
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 80
Prix : 19,99 €
« - C’est plus possible !!!
- La troisième en un an !!
- Et le maire ? Qu’est-ce qu’il fait le maire ?
- Voilà ce qui arrive quand on vote pour n’importe qui. Moi, j’ai pas voté pour lui !
- Et c’est qui, cette fois ?
- Le père Delpech l’a reconnue. C’est une petite de Luzech.
- Ah ? Elle est pas de chez nous ? Bon, ben, c’est déjà ça ! »
1960, sur les berges du Lot. Le corps d’une jeune femme est retrouvé dans une écluse. Ce n’est pas le premier. Ce ne sera pas le dernier. Le village est en émois. Tous les soupçons se portent sur Octave, un simple d’esprit qui vit avec son père. Le gaillard doit faire face aux lazzis et quolibets, à la cruauté humaine, notamment celle d’Alban qui pointe du doigt le coupable idéal. Heureusement, il y a Fanette, la belle Fanette, qui va prendre le contrepied dans cette affaire.
Si Victor Hugo avait placé l’action de Notre-Dame-de-Paris dans le futur d’un monde qu’il ne connaissait pas à l’époque, l’histoire se serait passée à Douelle, dans le Lot, à quelques kilomètres de Cahors. Quasimodo s’appellerait Octave. Esmeralda serait incarnée par une certaine Fanette, et on ne peut pas dire qui revêtirait le costume de Frollo sans trop en dire sur l’intrigue. Ce qui est sûr, c’est qu’Alban n’aurait pas joué Phoebus. Avec L’écluse, c’est un peu comme si Philippe Pelaez avait transposé l’œuvre mythique dans une autre époque et à un autre lieu. Le scénariste y instille cependant quelques accents pagnolesques avec les habitants de ce village qui réagissent en instinct grégaire un peu comme dans Jean de Florette.
Après La ballade de Dusty avec Ducoudray, Gilles Aris est de retour dans un thriller campagnard. Comme dans les meilleurs films des années 60, ses personnages ont des gueules. Leur psychologie transparaît dans leurs visages. Les regards et les silences en disent parfois plus long sur leurs sentiments. Les couleurs de mi-saison donnent une impression de chaleur estompée. Dès la première planche, le drame est en marche et rien ne peut l’arrêter.
L’écluse est de ces polars villageois ancrés dans leur époque. Il sent bon la France profonde. Le final non conventionnel montre qu’il ne faut jamais se fier aux apparences.
Laurent Lafourcade
One shot : L’écluse
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Gilles Aris
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €
Derniers jours d’insouciance pour Champignac
Bletchley, été 1941. On retrouve Pacôme Champignac et Blair Mackenzie en Angleterre. Ils ont aidé Alan Turing à décrypter la fameuse machine Enigma. Enceinte de celui que l’on connaîtra sous le nom du Comte de Champignac, Blair va devoir prendre une décision pour la suite de sa carrière. Côté récit complet, le pépé de Cédric revient sur sa jeunesse dans un tendre récit émouvant dans lequel Laudec prouve, si cela était nécessaire, qu’il est tout à fait légitime pour tenir seul la barque après la disparition du très regretté Raoul Cauvin.
Pendant ce temps, les abonnés, et pas qu’eux, vont découper les pages qui leur permettront de confectionner un poilant (comme tout ce que fait Neidhardt) mini-récit des trop rares Spouri et Fantaziz
Spirou, ami, partout, toujours.
© Neidhardt – Dupuis
Histoires à suivre :
Amis de Spirou (Les) : Un ami de Spirou est franc et droit… Champignac : Quelques atomes de Carbone Métier le plus dangereux du monde (Le) : Hypragirl |
Evrard/Morvan/BenBK Etien/BeKa Lai/Bocquet/Alquier |
Récit complet :
Cédric |
Laudec/Leonardo |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Brad Rock Capitaine Anchois Coach (Le) Crash Tex Des gens et inversement (La pause-cartoon) Edito (L’) Elliot au collège Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) Game over Grotesque (La pause-cartoon) Kid Paddle Minions (Les) Nelson Pernille Petit Spirou (Le) Spoirou & Fantasperge (Marges) Strip dont vous êtes la star (Le) Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Jilème/David Floris Bercovici/Bernstein/Le Gall Dab’s/Gom Berth Erre/Fabcaro Grosjean Lécroart Midam/Adam/Benz/Angèle Soulcié Midam/Dairin/Patelin/Angèle Collin/Lapuss’ Bertschy Trichet/Dav/Esteban Janry/Cerise Sti Libon/Salma Dino |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Les BD de ma vie En direct du futur : Angoulême 50e ! Interview Jeux : Champignac conte fleurette Leçon de BD (La) |
Sti
BeKa & Etien Garouste Dab’s |
Supplément :
Mini-récit : Spouri chez les Soviets |
Neidhardt |
En kiosques et librairies le 18 janvier 2023
2,70 €
Laurent Lafourcade
S’il est bien un auteur du 9e Art franco-belge méritant tous les honneurs et les hommages d’un genre littéraire, ici le western, c’est bien Hermann ! Aucun scénariste-dessinateur n’a autant donné, rénové et innové, dans le western que lui ! Et toujours dans le respect des grands principes légendaires du genre, le western avec un grand « W » !
De « Commanche » à « Duke », nul doute qu’en plus d’en avoir fait le tour, Hermann a, à chacune de ses séries, été capable de se renouveler.
Que ce soit par ses scénarios ou son dessin, seul ou avec son fils désormais, chacun de ses albums est une épopée inédite.
Situation de départ, rebondissements et final, aucun risque de s’ennuyer ou même d’avoir cette désagréable impression de « déjà vu – déjà lu ».
Il fallait donc que ce dernier tome de « Duke » soit dans la même veine que l’ensemble de la série. Et autant le dire de but en blanc, nous n’avons pas été déçu !
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Duke et Timothy Swift reviennent en Californie, à Sonora, avec les 100.000 dollars, « avancés » par Soakes & Sears, pour « payer » King et libérer Peg.
Décidé de prendre une nuit pour se reposer et se rafraîchir avant la confrontation finale avec son « père par procuration », Duke se fait arrêter par le shérif. Recherché dans tout l’ouest, sa tête est placardée partout.
Rejoint au cachot par Ed, le mastodonte toujours vivant, ce dernier lui propose un marché à la condition que Finch reconnaisse qu’ils sont semblables …
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Car Ed est « en paix. Ses mains ont rendu justice. Quand l’homme a accompli ce pour quoi il est né, un sentiment de plénitude s’empare de lui. … Lorsque le corps s’accorde avec l’esprit, cela s’appelle la plénitude ! ».
Plongé dans ses pensées, le silence de Duke a le don de provoquer le géant. Une altercation musclée s’en suit et surtout l’intervention sanguinaire de Manolito lui permettent finalement de s’évader.
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Tout est désormais en place pour l’ultime rencontre. Il est l’heure de clôturer les comptes, tous les comptes ! A Ogden, comme dans le ranch de King, et ceux d’après par la même occasion ! Un dénouement à huis clos au Four Horseshoes sera-t-il suffisant ? Ou se fera-t-il par étapes ?
Poudres et sang, vengeance et violence vont dès lors se mélanger dans un feu d’artifices de haine et de rancœur.
Duke trouvera-t-il la réponse à sa quête ? Obtiendra-t-il sa rédemption ? Pourra-t-il enfin rencontrer la sérénité et la paix ?
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Yves H aime jouer avec les sentiments et émotions des lecteurs. Comme il l’a fait tout au long de cette saga, par sa narration parfois rythmée parfois non, il nous tient en haleine et nous mène en crescendo jusqu’au point ultime : le paiement de la dette de son héros. Si le tome précédent se caractérisait justement par un rythme assez lent, ce dernier accélère clairement pour un sprint final grandiose. Le tout se lit ou plutôt nous entraîne dans des atmosphères où le talent d’Hermann excelle sans conteste.
Et comme à chaque fois, ses couleurs et teintes soulignent l’intensité, la tension de l’intrigue. Pénombre, scènes de pluie, de brume ou ciel dégagé, ses paysages sont à nouveau sublimes. Des tableaux où tout texte est souvent inutile.
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Bref, une série qui se finit en apothéose, comme nous pouvions l’espérer d’Hermann et de son fils. A lire et relire … enfin … dans sa totalité. Le western en BD est loin d’être mort …
Thierry Ligot
Titre : Ce monde n’est pas le mien
Série : Duke
Tome : 7
Genre : Western
Éditeur : Le Lombard
Scénario : Yves H
Dessin & couleurs : Herman
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €
ISBN : 9782808210119
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