Quand Patrick Mérand était petit, il n’avait pas le droit d’amener d’illustrés à l’école. « Les BD, c’est pour les cancres ! » Il y a pourtant tant à apprendre dans les albums de Tintin. Non seulement on visite le monde de long en large avec lui, mais on découvre d’innombrables informations sur les différentes civilisations qu’il rencontre, les technologies employées et les références historiques ou contemporaines à la création de chacune des histoires.
Hergé était un documentaliste exceptionnel. Et ce, sans internet, sans informatique, et même sans télévision pour une bonne partie de sa carrière. Avec ce bel ouvrage, l’adulte Patrick Mérand parle à l’enfant Patrick Mérand et lui explique tout ce qu’il y a à découvrir, d’apparent ou de sous-jacent, dans les aventures de Tintin. Son livre n’est pas une exégèse savante de la série, mais une sorte de passe-partout qui ouvre des portes dans chacune des histoires pour apprendre une foultitude de choses.
© Mérand – 1000 sabords
Après une introduction sur les premières influences artistiques d’Hergé, Patrick Mérand décortique les albums les uns à la suite des autres, chacun sur une bonne dizaine de pages, voire plus. Les noms des momies dans Les cigares du Pharaon sont des clins d’œil dissimulés. Les pattes du dragon du Lotus bleu ne comportent que quatre doigts. Ce n’est donc pas l’emblème de l’empereur dont le dragon a cinq doigts sur les pattes. Le fameux fauteuil club de Tintin est un mobilier art déco créé en 1925. Dans Coke en stock, le tableau d’Alfred Sisley : Le canal sur le Loing dans le hall du château de Moulinsart doit être une copie car l’original est au musée d’Orsay, à moins que ce ne soit l’inverse...
© Mérand – 1000 sabords
Mérand relève même quelques erreurs. Par exemple, dans Tintin au Congo, Milou croit voir un boa alors qu’il n’y en a pas en Afrique. Dans Tintin en Amérique, Tintin est désarmé, on lui ôte son arme et sa ceinture. Il retrouve comme par magie sa ceinture, mais sans arme quelques cases plus tard.
Stanislas, le dessinateur de la biographie dessinée d’Hergé, signe une couverture où il montre le maître ouvrant un rideau vers les secrets de son travail. Serge Lauret s’est chargé de la conception graphique de l’album pour en faire une encyclopédie richement illustrée et fort agréable à feuilleter et à lire.
Patrick Mérand est diplômé de Sciences Po Paris. Tintinophile avéré, il n’en est pas à son coup d’essai avec ces « coulisses d’Hergé ». C’est son onzième livre consacré à l’œuvre de l’auteur belge. La série « ...dans l’œuvre d’Hergé » compte huit volumes : Les costumes, la mode et les uniformes, Les moyens de transport et de communication, Les langues étrangères, Les arts et les sciences, La géographie et l’histoire, La faune et la flore, Architecture, habitations et monuments, ainsi que Les armes, les guerres et la violence. Ajoutez à cela La tintinophilie en 300 questions et le passionnant Le lotus bleu décrypté. Il n’y a aucun dessin signé Hergé dans les livres de Patrick Mérand car ils ne sont pas labellisés Moulinsart. Curieusement, ça ne manque absolument pas tellement les vignettes de Tintin sont ancrées dans les esprits des lecteurs intéressés par ce genre de livres. C’est un indice indéniable qui montre que l’œuvre d’Hergé est d’une force unique.
© Mérand – 1000 sabords
Les coulisses d’Hergé est un livre qui peut se lire comme un roman ou se picorer au hasard des pages. On peut le dévorer de A à Z ou le consulter au fil des relectures aléatoires des albums de Tintin. Le livre est déjà paru il y a quelques années. Voici l'édition revue et augmentée de deux index : un index thématique renvoyant aux pages de l'ouvrage et un second concernant les 23 albums achevés
Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
One shot : Les coulisses d’Hergé
Genre : Analyse d’oeuvre
Auteur : Patrick Mérand
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744066
Nombre de pages : 280
Prix : 29,90 €
"-Je t'ai déjà dit que j'ai longtemps habité à San Francisco ?
-Ouais, je crois.
-Eh bien, mon fils Joey… Ça dae d'une autre vie… Il est toujours là-bas. Et il a un souci. Sa femme a disparu depuis près de deux semaines. Et les flics semblent s'en foutre."
Novembre 1989, Reckless vit au motel Surf Inn depuis un an. Il se rend parfois au cinéma, planifier avec Anna les projections à venir. Il se lie d'amitié avec Francis et Phil, un couple homo ayant des ennuis avec de la racaille qui en voulait à leur van. Un jour, Francis apprend à Reckless que Rachel, la femme de son fils Joey, à San Francisco, a disparu. La police ne semble pas s'intéresser au cas. Il faut dire que depuis le tremblement de terre les choses sont un peu compliquées là-bas. La moitié de la ville est en chantier et ils sortent encore des corps des décombres. Joey et Rachel étant des anciens toxicos, repentis certes mais anciens quand même, pour la police, la femme a sans doute repiqué. Francis a peur pour son fils. Il craint qu'il ne retombe. Reckless va se trouver dans une enquête qui ne va pas laisser ses sentiments indifférents.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt
Ce cinquième tome de Reckless est à lire en parallèle avec le précédent Ce fantôme en toi. On y découvre ce que faisait le privé pendant qu'Anna démêlait l'énigme du Manoir Lamour pour l'actrice et ancienne star de séries B Lorna Valentine. Ethan Reckless va se trouver impliqué dans une traque vengeresse. Le scénariste Ed Brubaker aborde le sujet des abus sexuels. Par le biais du polar noir, il dénonce un phénomène de société longtemps tue, longtemps tabou, encore à l'époque du récit, en pleine fin des années 80. Si son complice de toujours Sean Phillips est désormais une valeur sûre du polar noir, son travail est mis en valeur par la colorisation hors du commun de son fils Jacob. L'exécution dans la voiture dans la deuxième planche est étonnante. Pas besoin d'onomatopée. Les couleurs parlent d'elles-mêmes.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt
Après cinq épisodes de Reckless et avant de retrouver le privé cinéphile et son acolyte, le trio Brubaker-Phillips-Phillips est déjà de retour dans un one shot aussi noir et aussi puissant que la série d'enquêtes. Dans Night fever, Jonathan Webb, un agent littéraire en voyage en France, découvre le monde interlope de la nuit. Le Docteur Jekyll se transforme malgré lui en Mister Hyde. L'homme découvre un univers caché, sans loi, mais également piégeux. Il est des points de non limite qu'il vaut mieux ne pas franchir. Pour Jonathan Webb, qui va rapidement se trouver grisé par la violence, la nuit va révéler en lui une noirceur d'âme qu'il ne soupçonnait même pas.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt
Hors super-héros, le Comics n'a pas en France la place qu'il mérite. Alors que le manga s'y est fait une place de choix, c'est peut-être Ed Brubaker et Sean Phillips qui sont en train d'offrir au Comics le ticket d'entrée pour un vrai succès en Europe.
Laurent Lafourcade
Série : Reckless
Tome : 5 – Descente aux enfers
One shot : Night fever
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413076476 / 9782413080848
Nombre de pages : 144 / 112
Prix : 16,95 €
"-A l'instant où je vous parle, le bélier d'or a fini de réparer l'armure. Sa majesté Chronos veut pouvoir en analyser les chaînes de ses propres yeux. Il faut donc que la dixième heure aille la lui chercher !
-Moi ? Pourquoi ?
-Parce que nous ne devons plus sous-estimer les chevaliers d'Athéna. Les moires savaient manipuler le destin, mais leur puissance restait limitée parmi les heures, c'est pourquoi elles ont été vaincues. Maintenant, c'est de ton incomparable force brute que nous avons besoin, surtout face à un chevalier d'or."
Temple de Lygé, sur la colline de Chronos. Ophialtès du Thatanka, dixième heure que l'on appelle "le crépuscule", reçoit la mission de récupérer l'armure d'Andromède afin que Chronos puisse vaincre tous les olympiens, grâce à sa chaîne. La force d'Ophialtès ne suffira pas. La ruse de Spondé du Kalfu, septième heure, devait l'accompagner, mais, par décision d'Arctos, c'est finalement Eastre de la Walkyrie, la deuxième heure du jour, qui sera du voyage. Ils n'ont que jusqu'à la tombée du jour pour agir. Pendant ce temps, à Jamir, grâce au sang des chevaliers d'or, Mû a pu redonner vie aux armures. Les chevaliers, soignés à l'hôpital de la fondation, en auront la surprise à leur réveil. Mais il y a des microfissures dans les maillons de la chaîne d'Andromède. Mû ne s'en inquiète pas. Lorsque Shun l'aura sur lui, elle retrouvera sa puissance.
© Alquié, Dollen - Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)
Shun, le chevalier d'Andromède, est au cœur de ce deuxième épisode de Time Odyssey, histoire originale de Saint Seiya et des chevaliers du Zodiaque, concocté par Jérôme Alquié et Arnaud Dollen. Seiya, Hyôga, Shiryu et Shun vont rapidement sortir de leur convalescence pour affronter les heures envoyées par Chronos pour s'emparer de la fameuse armure. Par les météores de Pégase, le combat va être sans merci. Ophialtès invoque la poussière du temps. La spirale nébulaire de Shun sera-t-elle suffisante pour le protéger, lui et ses camarades ? La bataille se fera en plusieurs étapes. Jusqu'à la fin, rien n'est joué, ni dans un camp, ni dans l'autre.
© Alquié, Dollen - Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)
Le scénario atteint un niveau de lyrisme transcendé par un graphisme de haute volé. Les fameux "arrêts sur images", si caractéristiques des "anime", sont même présents. Vous allez dire : "Mais c'est normal, on est dans une BD !". Et bien, ce n'était pas si évident que ça. Alquié fige parfois ses héros, ou leurs ennemis, dans des positions suspendues comme on en voit en animation, mais jamais représentées de la même façon en bande dessinée. Autant que les traits de vitesse et les codes graphiques du manga, les couleurs sont partie prenante de l'histoire avec des dégradés, des nuits d'orage et des contre-jours éblouissants. En fin d'album, des fiches présentent les principaux personnages et leurs armures, très intéressant portfolio.
© Alquié, Dollen - Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)
Qui aurait cru que deux français allaient réussir à s'emparer d'une telle façon d'un univers manga si codifié et faisant tant partie d'un imaginaire collectif qui a enchanté toute une génération ? Alquié et Dollen ont réussi cet exploit. Et c'est loin d'être terminé, puisqu'il reste encore trois épisodes pour cette odyssée du temps.
Laurent Lafourcade
Série : Saint Seiya Les chevaliers du zodiaque Time Odyssey
Tome : 2 – Shun et la chaîne du souvenir
Genre : Mythologie
Scénario : Jérôme Alquié & Arnaud Dollen
Dessins & Couleurs : Jérôme Alquié
D’après : Masami Kurumada
Éditeur : Kana
Collection : Classics
ISBN : 9782505088356
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
"-Comment tu t'appelles ? Alors, réponds !! Quel est ton nom ?
-… Quoi ?
-Ça ne serait pas "Allen" par hasard ?"
Dans un petit cirque parcourant la campagne, le jeune Allen, dit "Bras-rouge" sert de garçon à tout faire. Traité comme un moins que rien, il trouve du réconfort auprès de Mana, un grand clown Pierrot et de son chien, qui s'appelle aussi Allen. Un certain Cross Marian débarque. Il a parcouru le monde pendant des dizaines d'années, à la recherche de Néah, petit frère de Mana. Ce dernier a oublié qu'il est le Comte Millénaire. C'est l'occasion rêvée de le détruire avec une innocence. Personne d'autre que Néah ne doit s'en charger.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions Glénat
Suite du flashback consacré à l'enfance d'Allen Walker, "Bras-rouge" et Mana forme un diptyque avec "Bras-rouge" et Pierrot le clown, le volume précédent. Cette parenthèse permet de construire un passé et un fond à des personnages bien connus. Par contre, cela signifie que ça fait déjà près de cinq ans que l'intrigue principale est en suspens. Katsura Hoshino aurait peut-être dû boucler l'arc principal avant de se lancer dans des one shot ou des diptyques dans le même univers, avec des volumes hors collection pourquoi pas consacrés à tel ou tel personnage ou bien venant s’intercaler entre des nuits passées, car c'est comme ça que l'on appelle les chapitres de D-Gray Man.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions Glénat
A cause des soucis de santé de la mangaka, il ne faut plus espérer de D-Gray Man le rythme de parution habituel des mangas. De ce fait, le concept même de la série s’en trouve transformé. On n’attend plus de l’histoire des avancées à grands pas dans l’intrigue, à savoir le combat d’un groupe d’exorcistes contre le clan Noé, groupe démoniaque à la tête duquel se trouve le Comte millénaire, un des plus envoûtants « méchants » jamais créés dans un Manga. On attend de lyriques envolées graphiques d’Hoshino. Elles y sont toujours ici. L’autrice a choisi de respecter son lectorat et le fait avec grand talent.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions Glénat
L’histoire a débuté en 2004 au Japon et en 2006 en France. La meilleure idée que sa créatrice aurait serait de mettre ce point final, mais de poursuivre dans l’univers d’Allan Walker. En attendant, cet épisode émouvant, tendre, mais aussi terrifiant, est d'une grande force. Mythique.
Laurent Lafourcade
Série : D-Gray Man
Tome : 28 – "Bras-rouge" et Mana
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Katsura Hoshino
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344058886
Nombre de pages : 190
Prix : 6,99 €
"-Boudu, Sirogrenadine aussi ?!
-Eh ouais ! Ça commence à chiffrer ! Tout le monde a les genoux qui tremblent !
-Salut, les amis ! Qu'est-ce qui se passe ?
-Ce sont les chiens de Lutèce, Idéfix ! Ils disparaissent un par un comme des saucisses pendant le petit déjeuner !"
Les chiens de Lutèce disparaissent un par un comme des saucisses pendant le petit déjeuner ! Idéfix et les irréductibles sont sur les crocs. Il va falloir enquêter. Peut-être trouveront-ils quelque chose. A quelques lieues de là, dans la forêt qui mène à la capitale, Panoramix se fait dérober sa besace. Il y avait à l'intérieur l'argent nécessaire pour qu'il s'achète une serpe ainsi que les ingrédients pour ses potions. Il s'en confie à son collègue Amnésix avec qui il doit rejoindre Lutèce. Hélas, la ville est interdite aux chars de plus de quatre bœufs, aux livraisons après le lever du soleil et… aux druides ! Il va falloir ruser pour y entrer.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo
Pour la première fois, la route d'Idéfix va croiser celle d'un personnage qu'il côtoiera fréquemment dans le futur : un druide, un certain Panoramix. Mais ça, il ne le saura qu'après Le tour de Gaule dans lequel Obélix le recueillera. Bref, les druides et les chiens vont se croiser dans des geôles romaines. Leurs avanies vont se mêler et c'est ensemble qu'ils vont devoir se sortir de bien mauvais pas. Un autre personnage mythique mais éphémère de la série mère Astérix est au générique. Ce n'est pas Abraracourcix et Bonnemine, qui ont l'habitude de faire de la figuration chez les irréductibles, mais Prolix, un certain devin qui aura plus tard un album en son honneur... ou malheur plutôt.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo
Ce cinquième album est l'occasion pour la série de se lancer dans le grand récit. Alors que les quatre premiers volumes étaient chacun constitués de trois histoires courtes, celui-ci est une grande aventure en soixante planches. Au scénario, Matthieu Choquet mêle action et humour. Il n'hésite pas à user non plus du second degré comme le faisait si bien l'illustre Goscinny. Bien sûr, on ne joue pas dans la même catégorie, mais les chansons détournées à la sauce gauloise sont truculentes. "Y'a d'la joie, la cervoise par-dessus les toits…" La lecture spécifique à Astérix où l'on découvre des subtilités selon les générations est aussi là, comme "Fini la bamboche !" ou un clin d'œil à un autre héros bien connu de l'univers Goscinny, un cow-boy si vous voyez de qui il peut s'agir. Le dessinateur Philippe Fenech fait encore une fois un travail remarquable. Il s'uderzoïse encore plus, avec notamment des caricatures. On vous laisse deviner qui à la sortie des arènes.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo
Idéfix et les irréductibles poursuit son évolution en posant une patte de plus dans l'univers d'Astérix, mais garde sa spécificité. C'est frais, c'est malin, c'est bien, et ce n'est pas réservé aux enfants, loin de là.
Laurent Lafourcade
Série : Idéfix et les irréductibles
Tome : 5 – Idéfix et le druide
Genre : Aventure humoristique
Scénario : Matthieu Choquet
Dessins : Philippe Fenech
D’après : René Goscinny & Albert Uderzo
Éditeur : Albert René
ISBN : 9782864977513
Nombre de pages : 72
Prix : 8,99 €
"-Mon dieu. On t'entend dans toute la maison. Tu me fais mourir de honte. Chantal vient de me demander ce que tu faisais dans la vie… Je lui dis quoi moi ? "Mon fils jour aux meuporg toute la journée" ? Et c'est quoi toutes ces bouteilles ?
-Maman… Mon casque est cassé… Tu peux me prêter 20 euros ? Je te les rendrai…
-C'est la dernière fois."
La mère de Quentin vient de monter à l'étage après avoir entendu un barouf d'enfer. Elle retrouve son fils dans sa chambre, par terre, les fesses à l'air. Les yeux défoncés par des heures, des jours et des nuits d'ordinateur, le jeune homme, d'une vingtaine d'années, se plaint que son casque est cassé. Elle lui donne les 20 euros qu'il demande, mais ça sera la dernière fois… Entre jeux de guerre en ligne et vidéos pornos, Quentin est un "no life". Sa vie est exclusivement numérique. Comme Quentin a mal aux dents, il carbure au Tramadol, un antalgique qui lui calme la douleur et dont les substances opiacées agissent sur le cerveau. S'il a si mal aux dents, c'est certainement à cause de ses canines de vampire. Aujourd'hui, il va affronter le monde extérieur car il lui faut remplacer son PC. Il n'a pas froid. Il n'a pas peur. Le Tramadol lui donne des ailes. Jusqu'à présent, il a parcouru plus de distance dans les mondes virtuels que dans la vraie vie. La sortie risque d'être une aventure.
© Matao - 6 pieds sous terre
Après avoir tenté de voler un modèle d'expo et gerbé dans le magasin, Quentin échappe aux flics grâce à Issa, un employé qui refuse de nettoyer. Le responsable les jette tous les deux de la boutique. Issa comprend rapidement que le geek qu'il vient de rencontrer est un peu particulier, tout comme lui. Il l'amène dans un château, au beau milieu de la ville, demeure dont Quentin ignorait totalement l'existence. N'y vivent que des vampires et une goule qui semble gérer la maison. Le lieu a été fondé par son maître, l'éminent Michel qui n'est pas sans rapport avec Quentin, et qui a construit une étrange machine fonctionnant au sang de vampire.
© Matao - 6 pieds sous terre
Pour son premier album, Matao écrit une aventure psychédélique que n'aurait pas renié un Alejandro Jodorowski, un délire vampirique renvoyant en seconde ligne les récits classiques du genre. Matao met en scène un "no life", ces individus externes au monde réel, préférant la virtualité électronique des ordinateurs et du web. Quentin en est arrivé à tel point de dépendance qu'il a basculé dans un monde dont on se demande sans cesse dans quelle réalité ou irréalité il se trouve. Ce qui lui arrive est-il concret ou est-on avec lui sous la dépendance de substances ? On se pose sans cesse la question avant que le final sans équivoque nous amène à la vérité. C'est scénaristiquement très finement joué. Il faut dire que côté récit mais dans un tout autre genre Matao a de qui tenir puisqu'il est le fils de l'écrivain Yann Queffeléc, goncourisé pour Les noces barbares en 1985.
© Matao - 6 pieds sous terre
Dans un graphisme voisin de l'underground, tout en niveaux de gris, Matao navigue entre une réalité à fuir et un fantastique assumé. C'est une histoire de vampires sans rouge, mais on a l'impression d'en être imprégné. Matao a inventé le gris-rouge. Ajoutons que Matao a de qui tenir puisqu'il est le fils du peintre Yann Queffélec, excellant dans les gris et dont des oeuvres participent au final, accentuant le fond du récit.
Histoire sur la réalité virtuelle, histoire de vampires, histoire sur les rapports familiaux, Dark Quentin éclaire le récit de genre par le biais d'un angle inédit. Qui plus est, c'est drôle, c'est inquiétant, c'est émouvant. Matao arrive dans le paysage BD et, même si les vampires n'ont pas de reflet, ne risque pas de passer inaperçu.
Laurent Lafourcade
One shot : Dark Quentin
Genre : Aventure fantastique
Scénario & Dessins : Matao
Éditeur : 6 pieds sous terre
Collection : Monotrème
ISBN : 9782352121817
Nombre de pages : 160
Prix : 22 €
"-Amaï ! Tu n’as pas touché à ton déjeuner ? Tu n’as rien mangé depuis jeudi soir, Franz. Même ta caille nudiste a meilleure allure que toi ! Au fait ! Le lieutenant de gendarmerie a eu la gentillesse de passer pour me tranquilliser : le zoo d’Anvers a accepté de prendre en charge ton drôle d’animal. Ils viendront le chercher à la fourrière lundi à la première heure. Ton ami sera mieux là-bas en compagnie d’autres animaux, tu ne trouves pas ?"
Echappée des cales d’un bateau en provenance du Brésil au Port d’Anvers en Belgique, une bête au pelage jaune tacheté de noir a été recueillie par le jeune Amaï. Souffre-douleur de ses petits camarades de classe, il est le fils d’un allemand quelques années après la guerre. Pas forcément facile. L’enfant vit dans son monde. Au grand désespoir de sa mère, il récupère tous types d’animaux et transforme sa maison en véritable arche de Noé. La rencontre avec la bête va bouleverser sa vie, jusqu’à ce jour où la fourrière va la capturer. Pour Amaï, le monde s’arrête. Il se laisse dépérir pendant que l’animal s’apprête à devenir la future attraction numéro un du zoo d’Anvers. Le destin ne va pas tarder à les lier à nouveau..
© Frank Pé, Zidrou, De Cock - Dupuis
Zidrou situe le récit en 1955, juste avant que Spirou et Fantasio n’aient ramené l’animal de Palombie. L’introduction du tome 1 était proche de films comme Godzilla, Alien ou Les dents de la mer dans lesquels les monstres se devinent plus qu’ils ne se voient. De part son traitement plus adulte, de part la tension inhérente, « La bête » a tout d’un blockbuster. Le tome 2 est à une véritable course-poursuite pour la survie que nous invitent les auteurs Fran Pé et Zidrou dans ce second opus du diptyque qu’ils consacrent au Marsupilami, à la Bête comme elle est nommée. Spirou et Fantasio ne l’ont pas encore découverte. Tout ça n’aura lieu que plus tard. D’ailleurs, comment se fait-il qu’ils dénicheront l’animal en Palombie alors que ce dernier était déjà venu en Belgique ? Peut-être que cette histoire nous le dira. Zidrou multiplie les clins d’œil à l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge. Si l’on avait aisément reconnu Jijé et Franquin à l’école, ce dernier en instituteur au grand cœur, on aperçoit ici Will et Morris en figurants, dans un tramway, lors de la revisite d’une scène mythique s’étant réellement déroulée. C’est dans un tramway que Franquin eut l’idée du Marsupilami, en imaginant le contrôleur avec une grande queue qui lui permettrait de composter de nombreux tickets à la fois. Ici, c’est le contrôleur lui-même qui l’imagine en voyant la bête.
© Frank Pé, Zidrou, De Cock - Dupuis
Frank Pé est l’un des plus formidables dessinateurs animaliers du moment. On le savait depuis Zoo, la trilogie qu’il a signé avec Philippe Bonifay. On s’en doutait déjà bien avant, grâce à Broussaille, mais aussi grâce à un one shot aujourd’hui oublié qui mériterait une remise en avant dans une belle réédition : Comme un animal en cage, l’unique aventure de Vincent Murat, scénarisée par Terence. « La bête » d’aujourd’hui est un étonnant écho à cette œuvre de jeunesse. Dans ce pavé, Frank montre toute sa puissance et se rapproche du trait d’un Bernard Yslaire sur Sambre, tout en finesse, en détails et en émotion. Il se fait bien évidemment plaisir dans le Museum, mais il prend aussi des risques sur les routes bruxelloises. Les quelques planches finales sont de grandes cases incroyables et l’image conclusive ne pourra laisser insensible aucun lecteur avisé de Spirou.
© Frank Pé, Zidrou, De Cock - Dupuis
Le potentiel d’un personnage comme le Marsupilami semble infini. Entre les mains d’artistes comme Frank Pé et Zidrou, son temple est bien gardé.
Laurent Lafourcade
Série : Le Marsupilami - La bête
Tome : 2
Genre : Aventure
Scénario : Zidrou
Dessins : Frank Pé
Couleurs: Elvire De Cock
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034738229
Nombre de pages : 208
Prix : 35 €
"-Un navire arrive du Sud !
-Nous l'avons vu Dame Bélésa ! Votre oncle a ordonné que tout le monde rentre au fort !
-Qu'en dis-tu, Galbro ?
-Une caraque créée comme un navire pirate des Baracha ! La coque doublée de cuivre. Et ce pavillon…
-C'est celui de Strom.
-Que diable vient-il faire ici ?
-Si tout le monde est là, barricadez-moi cette fichue porte !"
Sur une île perdue, un groupe d'homme a construit une forteresse après le naufrage de leur navire. C'est une petite communauté dirigée par le comte Valenso qui y vit depuis plusieurs mois, attendant l'instant où un bateau salvateur viendra les tirer de cet enfer paradisiaque. S'il est question de paradis, c'est parce qu'ils vivent dans un paysage idyllique. S'il est question d'enfer, c'est parce que les terres intérieures sont infestés d'indigènes belliqueux. Le navire qui accoste aujourd'hui sera-t-il leur planche de salut ? Peut-être… ou pas… Les pirates du Capitaine Strom attaquent le bastion, mais ils battront en retraite grâce à l'assaut des hommes u boucanier Zarono le noir. Tous, les uns comme les autres, sont à la recherche du trésor perdu de Tranicos le sanguinaire. Pour cela, il va falloir affronter la jungle. Pour cela, il faut un guide. Voilà du travail pour Conan le cimmérien qui connaît bien le territoire des Pictes.
© Masbou - Glénat
Pour ce quatorzième épisode de Conan, c'est Jean-Luc Masbou qui s'y colle. On n'attendait pas là le metteur en scène de De cape et de crocs qui, après un splendide Münchhausen (Le baron), revient au combat à la lame. Mais ici, il va y avoir du sang. L'histoire commence avec une scène d'action digne d'un pré-générique jamesbondien. Conan court dans la jungle poursuivit par une horde de pictes énervés. Il va se réfugier au sommet d'un roc où il va faire une découverte. L'histoire de Howard, et par ricochet le scénario de Masbou, joue sur, non pas la dualité, mais la trialité entre les trois chasseurs de trésor. On est dans un récit très théâtral. C'est certainement ce côté comédie qui a attiré le dessinateur. Le maraudeur noir est une pièce de boulevard.
© Masbou - Glénat
Masbou est un dessinateur minutieux et méticuleux. On le savait déjà. Sur cette île des Pictes, on traverse une jungle luxuriante aux orées exotiques et l'on marche sur des plages où les vaguelettes vont et viennent avant que les armes ne se déchainent. Les images de navires dans la tempête sont impressionnantes d'éclaboussures.Un cahier complémentaire clôture d’album. On y trouve un texte explicatif sur la genèse de l’histoire d’Howard, ainsi que six grandes illustrations hommages de dessinateurs maîtrisant le sujet : Buchet, Dethan, Mazan, Ayroles, Druillet et Minh-Than. Excusez du peu.
© Masbou - Glénat
Les éditions Glénat ont encore en réserve sept des vingt-et-une histoires imaginées par l’écrivain Robert E. Howard dans les années 30. Servie par des auteurs prestigieux qui mettent tout leur talent au service de ce héros mythique, la collection est une réelle réussite.
Laurent Lafourcade
Série : Conan le cimmérien
Tome : 14 – Le maraudeur noir
Genre : Aventure
Adaptation, Dessins & Couleurs : Jean-Luc Masbou
D’après : Robert E. Howard
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344049440
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
"-Mais… Il n'y a que des images ?
-Mais… Il n'y a pas de texte ?"
Un chat et un loup s'étonnent en préambule qu'il n'y a que des dessins et pas de textes dans l'album qu'ils viennent d'ouvrir. Ils vont vite s'y faire, tout simplement parce que c'est le principe de la collection de bandes dessinées adressée aux 3/5 ans publiée par les éditions Nathan. Trois petits albums complètent cette série de "Mini bulles".
Sur la banquise du Grand Nord, un louveteau est séparé de sa fille par la glace qui se fend. Esseulé sur un bout de glace flottant, le petit loup rencontre une baleine, qui le pousse gentiment vers une terre ferme. Voici l'intrépide pénétrant en ville. Un fumet l'attire vers des poubelles mais il n'est pas le seul que ça intéresse. Un loup le chasse de son repas improvisé. Le louveteau va devoir rivaliser d'ingéniosité pour se sustenter et échapper aux divers dangers. Finira-t-il par retrouver les siens ?
© Fernandez, Strickler - Nathan
Sur une planète lointaine, Pop se réveille, se prépare et monte dans sa soucoupe volante pour explorer l'univers. Ce tête-en-l'air a oublié de remplir son réservoir d'essence. Le voici en carafe sur un autre astre où vit Pix, un robot qui construit une statue. Ce dernier récupère un boulon du vaisseau échoué, mais Pop en a besoin pour repartir. Ces deux-là vont-ils réussir à s'entendre ?
© Ameling - Nathan
Un autre personnage sort aussi de son lit. C'est Coccinelle. Dans la nuit, la neige est tombée. Quelle excitation ! Coccinelle sort, puis rentre aussitôt se couvrir d'une écharpe. C'est parti pour des jeux dans la poudreuse. Glissades, bonhomme de neige et rigolade sont au programme. Quand le bonhomme de neige prend vie, c'est encore plus amusant. Mais gare au redoux. Il pourrait changer la donne…
© Cren - Nathan
Trois histoires d'amitiés sont au centre de ce trio d'albums. Dans Boule de neige, Fabien Fernandez et Benjamin Strickler signent une adorable aventure animalière dans laquelle ils parviennent à représenter graphiquement des odeurs et jouent avec la luminosité sur la neige. Dans Pop & Pix, Charlotte Ameling décompose les sentiments, faisant passer ses personnages d'émotions à d'autres. Dans Un copain pour Coccinelle, David Cren montre aux enfants qu'il faut toujours garder espoir, que l'amitié ne peut pas… fondre.
Avec ces trois petits albums, la collection Mini-bulles atteint les dix albums. Le mode de narration universel permet aux plus petits de comprendre une histoire tous seuls ou presque. Que les parents n'oublient cependant pas que la lecture est pour les plus jeunes un moment de partage, qu'il y ait du texte ou pas.
Laurent Lafourcade
Tome : Boule de neige
Scénario : Fabien Fernandez
Dessins & Couleurs : Benjamin Strickler
Tome : Pop & Pix
Scénario, Dessins & Couleurs : Charlotte Ameling
Tome : Un copain pour coccinelle
Scénario, Dessins & Couleurs : David Cren
Genre : Aventure pour les tout-petits
Éditeur : Nathan
Collection : Mini-bulles
ISBN : 978209249-5353 / -8217 / -8170
Nombre de pages : 24
Prix : 8,50 €
"-Nous nous arrêtons là pour la nuit. Ne te laisse pas affecter par le traitement que les gens nous réservent. Nous sommes souvent demandés, mais rarement bienvenus ! Et certains endroits sont plus hostiles que d'autres. C'est ici… J'amène tous mes apprentis dans cette vieille maison. Ça me permet de savoir ce qu'ils ont dans le ventre ! Allez ! Tu sais ce que tu as à faire ?
-Non, maître Grégory.
-Tu vas passer la nuit ici. Seul. Et à minuit, tu descendras à la cave pour y affronter la créature qui s'y tapit !"
Thomas Ward est l'élève de Maître Grégory. Ce dernier est un épouvanteur. Il va apprendre à son disciple à lutter contre fantômes, sorcières et autres créatures maléfiques. Aujourd'hui, Maître Grégory le teste. Si Thomas réussit sa mission nocturne, il pourra envisager de le garder pour lui apprendre son métier. Il y a trois choses essentielles que le jeune homme ne doit pas oublier : surtout n'ouvrir la porte à personne, ne pas être en retard, et quoi qu'il arrive ne pas laisser la chandelle s'éteindre. Rendez-vous à minuit à la cave. Cette nuit sera celle des révélations. Thomas est le septième fils d'un septième fils. Il a été confié à Maître Grégory par sa mère, lui promettant le meilleur apprenti qu'il ait jamais eu et le dernier.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d'ados
L'apprentissage ne va pas être de tout repos, ni pour l'élève, ni pour le mentor. Alors que le professeur s'absente pour quelques jours, l'adolescent est tenté par Alice, la nièce de Lizzie l'Osseuse. Celle-ci convainc Thomas de nourrir la vieille mère Malkin, sorcière enterrée vivante par Grégory, enfermée au fond d'un puits. Trahissant son Maître, troublé par la beauté et le sourire d'Alice, l'apprenti va commettre l'irréparable. Il va falloir du courage et de la cohésion pour lutter contre le réveil de la sorcière Malkin.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d'ados
Après avoir adapté en BD la série Les dragons de Nalsara, Pierre Oertel s'attaque au best-seller L'apprenti-épouvanteur, en en faisant une vraie bande dessinée, se concentrant sur l'histoire, évitant de s'attacher de trop près au style littéraire, usant le moins possible de cartouches. Dix-neuf tomes, deux hors-séries et un film Le septième fils sorti en 2013, la saga de l'auteur britannique Joseph Delaney a démarré en 2004. L'auteur nous a quitté en 2022 mais son œuvre continue de résonner dans l'univers de la littérature jeunesse fantastique. Phagocyté par Harry Potter, le genre comporte pourtant de nombreuses œuvres de qualité dont L'apprenti épouvanteur fait partie. Son adaptation en bande dessinée lui offre à juste titre un nouvel éclairage. Au dessin, Benjamin Bachelier adopte un trait peinture expressionniste. On pense en particulier à Ernst Ludwig Kirchner, peintre allemand dont on retrouve ici des influences dans les paysages.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d'ados
Alors que Potter avait plusieurs professeurs, Thomas Ward n'en a qu'un. Alors que le sorcier de Rowling étudiait dans un château, celui de Delaney fait son apprentissage dans la maison de son maître. Alors qu'Harry Potter n'a encore jamais été adapté en bande dessinée, L'apprenti-épouvanteur démarre sa carrière dans le neuvième art, ensorcelant les lecteurs dans une aventure fantastique.
Laurent Lafourcade
Série : L'apprenti Epouvanteur
Tome : 1
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Pierre Oertel
Dessins & Couleurs : Benjamin Bachelier
D'après : Joseph Delaney
Éditeur : Bayard
Collection : Bande d'ados
ISBN : 9781036340628
Nombre de pages : 88
Prix : 15,90 €
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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