Vendredi 31 mars 2023, Foire du Livre de Bruxelles, une rencontre placée sous le signe du génie et de l'art avec Moon Li, talentueuse dessinatrice de "Les Petits Voyageurs de l'art, tome 1 - La Joconde de Léonard de Vinci" aux éditions Kennes.
Charme, bonne humeur et plaisir de découvrir un album jeunesse ludique et pédagogique sur un scénario de Carbone.
© Moon Li – Carbone - Kennes
Interview: Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Foire du Livre 2023, Anthony Pastor rencontre l’équipe de Bd Best pour une capsule de « Derrière la palette… » ayant pour sujet « La Femme à l’étoile ».
Roman graphique de 258 pages à la fois western et passion amoureuse entre un homme et une femme en fuite, qui ne se connaissaient pas au début du récit. Superbe histoire d’amour sur fond de lutte contre la société qui a juré leur perte.
La Femme à l'Étoile (bd-best.com)
© Anthony Pastor - Casterman
Interview : Thierry Ligot
Images : Axelles Coenen
"-Mes amis, dans quelques jours, nous serons prêts à faire une démonstration de la puissance du rayon 'U' devant le Grand Conseil, en nous servant du bloc d'uradium que nous avons ramené des Îles Noires.
-Non ! Vous ne pouvez pas faire ça, Professeur. Cette pierre de Vie et de Mort est sacrée. Le prince Nazca, qui vous l'a donnée, vous a averti : elle est protégée par le dieu du feu Puncha Taloc.
-Superstition que cela, mon brave Adji. Pour prouver les capacités exceptionnelles du rayon'U', j'ai besoin du noyau d'uradium qui se trouve au cœur de ce bloc de pechblende. C'est pour atteindre cet objectif que nous sommes allés au péril de nos vies dans les Îles Noires et que nous devrons y retourner si l'expérience réussit afin de trouver enfin ce fameux gisement dont mon pauvre ami Hollis n'a malheureusement pas eu la possibilité de nous préciser l'emplacement exact."
En Norlandie, l'expédition du professeur Marduk est revenue avec de l'uradium. Le scientifique va à présent pouvoir l'exploiter afin de démontrer la puissance du rayon 'U'. Pendant ce temps, en Austradie, le cruel empereur Babylos III demande au général Robioff de s'emparer des Îles Noires et de leur gisement d'uradium. Adji, fidèle serviteur du professeur Marduk, craint que l'utilisation du noyau d'uradium ne provoque la colère du dieu du feu Puncha Taloc. Au milieu de tout cela, Lord Calder et Sylvia se font des politesses et l'infâme Dagon est tout sauf mort. Qui gagnera la course à la puissance grâce au fameux rayon ?
© Cailleaux, Schréder, Van Hamme, Tatti - Dargaud
Quatre-vingts ans après l'histoire signée Edgar P.Jacobs, Jean Van Hamme surfe sur le succès de Blake et Mortimer pour proposer une suite au Rayon 'U', l'un des premiers one shot de ce que l'on pourrait appeler la bande dessinée moderne. La rédaction de l'hebdomadaire Bravo avait demandé à Jacobs une histoire à la Flash Gordon, série interdite par la censure allemande. "La flèche ardente" démarre au moment où se termine sa première partie. Jacobs n'ayant jamais expliqué dans l'histoire ce qu'était ce rayon, Van Hamme tente d'apporter des réponses à tout ce que l'auteur so british avait laissé en suspens. Plus qu'une suite, le scénariste apporte une conclusion bienvenue. Il se fond dans les codes, allant jusqu'à écrire une histoire en 43 planches comme la première, avec de nombreux récitatifs, même s'il y en a bien moins.
© Cailleaux, Schréder, Van Hamme, Tatti - Dargaud
Le récit reste prenant, avec de grosses ficelles cependant et des dialogues parfois cucul la praline qui gâchent un peu la fête, en particulier lorsque Sylvia vient au chevet du Prince Nazca, scène qui frise la parodie. Van Hamme trouve "Le rayon 'U' " kitchissime. Il pense que Jacobs l'a écrit sans suivre de scénario et a adopté le même état d'esprit. Là où Jean Van Hamme se trompe, c'est quand il déclare que les univers du Rayon et de Blake et Mortimer sont radicalement différents. Si le Rayon n'est pas la matrice de Blake et Mortimer, ça en est le squelette. Marduk, c'est Mortimer, Calder, c'est Blake, Adji, c'est Nasir et Dagon, c'est Olrik. C'est évident. C'est dans le Rayon que Jacobs met en place toute la stratégie Blake et Mortimer.
Christian Cailleaux et Etienne Schréder sont restés fidèles à l'esprit du maître. Ils en ont préservé les signes graphiques. Le premier a réalisé un croquis de chaque case, le second a posé la ligne d'horizon et les points de fuite. Le premier a crayonné les personnages, le second les décors. Cette méthode leur a permis de travailler avec une double vision. Bruno Tatti s'est chargé des couleurs, ainsi que de la recolorisation du Rayon 'U' dans le plus grand respect des teintes originales, et où les zones d'ombres et de lumière sont bien plus présentes que dans Blake et Mortimer. Il n'y a ainsi aucune rupture de ton entre les deux parties de l'histoire.
© Cailleaux, Schréder, Van Hamme, Tatti - Dargaud
En parallèle à l'édition classique, Dargaud édite une édition bibliophile du Rayon 'U' présentant une quarantaine de pages de matériel graphique inédit d'Edgar P. Jacobs. Par ailleurs, une exposition Odyssée Aux origines de Blake et Mortimer se tient jusqu'au 1er octobre au Centre Belge de la Bande Dessinée à Bruxelles, et un documentaire By jove – Blake et Mortimer ont 75 ans est disponible sur la chaîne Explore de Mediawan.
Il est indispensable de (re)lire Le rayon 'U' pour profiter pleinement de cette flèche ardente, qui, même si elle a un côté désuet assumé, se laisse découvrir avec émotion.
Bd Best y était pour vous ... Vernissage exposition "L'Odyssée du Rayon "U" (bd-best.com)
Bd Best y était pour vous ... Vernissage exposition " La Flèche Ardente" (bd-best.com)
Laurent Lafourcade
Série : Le rayon 'U'
Tome : 2 – La flèche ardente
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Jean Van Hamme
Dessins : Christian Cailleaux & Etienne Schréder
Couleurs : Bruno Tatti
D'après : Edgar P. Jacobs
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 48
Prix : 16,50 €
"-Bravo Nina ! On va mettre de la technique là-dessus et tu iras très vite ! Il faut que j'aille voir tes parents pour qu'on établisse un programme d'entraînement ! C'est très important. Tu es à la fac, c'est ça ?
-Mes parents sont d'accord pour que je courre.
-Oui, ça c'est une chose, mais tu vas devoir venir plusieurs fois par semaine et avec tes études, faut que tu sois organisée.
-Compte sur moi, coach."*
1995, Nina est étudiante à l'université Panthéon-Assas. Ses résultats ne sont guère brillants mais le professeur ne semble pas être totalement objectif dans ses notations. Pour se changer les idées, Nina se noie dans le sport. C'est une athlète et la course est son dérivatif. A la maison, tout va bien. Papa est noir et musulman. Maman est juive. Trois générations vivent à la maison, le patriarche étant Papi Yoram. La spécialité de Nina, c'est le 100 mètres. 12,4 secondes, c'est vraiment pas mal. Elle a du potentiel. Son entraîneur lui propose de s'entraîner pour les championnats de France. Un jour, la séance d'entraînement ne va pas se terminer comme d'habitude. Sortant des vestiaires, Nina subit une agression sexuelle. Elle fera comme si de rien n'était. Elle n'en parlera pas…jusqu'à ce que le médecin du club ne décèle le problème.
© Massot, Kahn – Nathan
« Je cours puisqu’il le faut… Pour faire battre mon cœur… Sentir mon pouls sur mes tempes… Mon souffle… Mes pieds qui apprivoisent le sol…. J’irai jusqu’au bout…. Dans mon histoire ! » Le sport pour se dépasser, le sport pour se faire une place, le sport comme une résilience. Avec le personnage de Nina, Rachel Kahn se raconte dans une histoire bouleversante. La jeune fille multiculturelle rêve non pas de reconnaissance, mais d'égalité. Mais en cette fin des années 90, la société est encore loin d'avoir assimilé des notions de tolérance, de partage et d'œcuménisme. Déjà qu'aujourd'hui celles-ci ne sont pas intégrées, imaginez ce que c'était il y a plus de vingt-cinq ans.
© Massot, Kahn – Nathan
Les grandes et les petites choses de Rachel…enfin, de Nina… tournent autour de ce chronomètre, ce chronomètre qui mesure ses performances au 100 mètres, qui mesure ce temps qui s'est arrêté le jour de son agression, qui mesure l'Histoire du monde qui avance et la société qui évolue, ou plutôt qui n'évolue pas comme il faudrait pour que, quelques soient leurs races, leurs religions, leurs couleurs de peau, les hommes soient libres et égaux les uns avec les autres, et non pas les uns contre les autres. Rachel Kahn adapte son roman éponyme en bande dessinée. Le graphisme à la Dupuy-Berbérian d'Aude Massot invite un large public à découvrir ce récit qui peut aider à avancer, qui peut aider à réagir.
Juste un conseil, ne lisez pas la quatrième de couverture pour éviter d'en savoir trop sur le dénouement de l'histoire. C'est un regrettable couac éditorial.
© Massot, Kahn – Nathan
Forrest Gump ne savait pas pourquoi il courait. Nina-Rachel le sait. "Les grandes et les petites choses" est l'histoire d'une jeune fille qui voit sa vie bouleversée alors qu'elle est une jeune adulte en pleine construction. Elle choisira le dépassement de soi pour tenter de s'en sortir. Sera-ce suffisant ?
Laurent Lafourcade
One shot : Les grandes et les petites choses
Genre : Biopic
Scénario : Rachel Kahn
Dessin & couleurs : Aude Massot
Éditeur : Nathan
"-Bonjour Monsieur !!
-Catali !! Mon fusil !
-Je ne viens pas pour acheter mais pour vendre…
-Cumé ?!...
-Une fantastique chambre en Ephad avec toutes les options…
-Catali ! N'oublie pas les cartouches !!"
Assis sur son banc sur la place du village, un vieillard voit débarquer un individu de la ville qui veut lui vendre une chambre dans une maison de retraite. L'intrus va être renvoyé manu militari dans ses foyers. Plus que les maisons, plus que la fontaine, plus que l'église elle-même, Petru Santu fait partie de l'âme du village. Personne n'y touche !
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix
Quelque part en Corse, entre mer et montagne, vit le petit monde de Zigunaccia. Il y a Sgio Maire, qui rêve d'aller planquer son argent au Panama, Jean-Marie, qui s'indigne tous les jours en lisant Corse-Matin au bar du village, Lisandru, aussi jeune que geek, Fifine, qui tient le café-restaurant et dont la cuisine n'est pas toujours de première fraîcheur. Ce ne sont que quelques-uns des habitants du typique village corse où vit Petru Santu, dont l'âne Muschettu est le témoin privilégié des commentaires.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix
A partir d'un certain âge, on peut dire ce que l'on pense parce qu'on se fiche complètement des quand-dira-t-on. C'est le cas de Petru Santu, le babbo, le grand-père corse que l'on rêverait d'avoir. Il l'a bien compris. Il a toujours la petite phrase qui claque, la remarque qui tacle, la punchline qui coupe le souffle. Il est le témoin du monde qui avance et symbolise le grand écart entre le monde de sa jeunesse qui n'existe plus et les nouvelles technologies qu'il ne maîtrise pas complètement. Ce n'est pas sa clim' qui dira le contraire. Il apprendra également que l'alimentation USB ne nourrit pas les porcs.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix
Petru Santu est un fin analyste politique. C'est un philosophe du temps qui passe et qu'on aurait parfois aimé qu'il s'arrête. Pour le meilleur et pour le rire, Petru Santu aime sa Corse et on aime la Corse de Petru Santu. Sempre corsica.
Laurent Lafourcade
Série : Petru Santu
Tomes : 1 à 8
Genre : Humour
Scénario : Desideriu
Dessin : Frédéric Federzoni
Couleurs : Frédéric Federzoni, Ghjuva
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
Nombre de pages : 48
Prix : 13 €
"-Pacôme… Pratiquer un avortement est au-delà de nos compétences.
-Il le faudra bien, pourtant.
-Nous ne pouvons pas faire courir un tel risque à Blair.
-Le simple fait d’en parler à qui que ce soit d’autre nous vaudrait la prison. Vous êtes notre seul espoir ! "
Après avoir décodé les messages secrets envoyés par l’ennemi en pleine seconde guerre mondiale, Champignac et Blair filent le parfait amour. Parfait ? Non, pas tout à fait. Malgré les protections prises, Blair est tombée enceinte. Souhaitant privilégier son métier de scientifique, sachant qu’il est déjà très complexe pour une femme de se faire une place dans un monde exclusivement masculin, la chercheuse ne l’accepte pas. La situation bouleversera la vie de Champignac à jamais. Quelques années plus tard, c’est un Pacôme vieillissant que nous retrouvons dans sa demeure. Le Comte travaille sur un moyen de contraception révolutionnaire en faisant des tests sur des lapins.
© Etien, Beka - Dupuis
Après avoir plongé Champignac dans les affres de la guerre 39-45, les BeKa le propulsent quelques années plus tard faisant le lien avec celui de Franquin. Pacôme Hégesippe porte le poids des ans et des épreuves. Il fait la rencontre de Margaret Sanger, infirmière new-yorkaise ayant réellement existé. Créatrice du planing familial, Margaret Sanger est une précurseur d’un féminisme naissant, se battant pour le droit à la contraception. Les scénaristes ont mis dans la bouche de leur personnage les répliques réelles de la vraie Margaret, celle qui travaillera avec Gregory Pincus sur la pilule contraceptive grâce à la générosité de Katharine Mc Cornick, une veuve millionnaire. Ce troisième tome n’en oublie pas l’aventure : dynamisme et courses-poursuites sont au rendez-vous.
© Etien, Beka - Dupuis
Au dessin, David Etien réussit le complexe vieillissement physique et moral du Comte. Il nous entraîne aussi bien dans des scènes à arracher des larmes que dans des moments d’humour, avec des lapins, ou encore dans des scènes d’action digne des grands blockbusters, le tout dans de magnifiques paysages enneigés. N’oublions pas une scène psychédélique hallucinogène dans laquelle on a vraiment l’impression en tant que lecteur d’avoir absorbé des substances illicites.
© Etien, Beka - Dupuis
Après avoir lu cette trilogie Champignac, la relecture des albums de Franquin et de ses successeurs est à entreprendre afin de voir le Comte avec moins de drôlerie et avec plus de tendresse. On connaît à présent ses failles et l’on découvre que ses élucubrations sont en réalité une catharsis. Etien et les BeKa ont mis du clown blanc dans cet Auguste bonhomme. C’est émouvant.
Laurent Lafourcade
Série : Champignac - Enigma
Tome : 3 - Quelques atomes de carbone
Genre : Aventure
Scénario : Beka
Dessins & Couleurs : David Etien
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
"-Coucou Maman, je suis rentré !
-Ah, Paul ! Tu sais que j'ai reçu un courrier de ton école ?
-Ah ? Euh… Mon bulletin ?
-Non, une invitation pour une grande fête c'est chouette ! Ils l'ont imprimé en lettres gothiques sur un vieux parchemin pour faire plus ancien !
-Tu… Tu veux dire que les parents sont invités ?"
Paul est élève à l'école Chihuahua où une grande fête se prépare, celle qui n'a lieu que tous les 150 ans. Il apprend avec effroi en rentrant chez lui que les parents sont aussi invités. Mais l'école est dangereuse. Elle est pleine de monstres et de démons. Sa mère ne le croit pas. Ne serait-ce pas parce qu'il a honte de la présenter à ses nouveaux amis ? Elle va quand même y aller. Gilbert et Groui amènent aussi les leurs. Si celle de Groui est "fantômatique", celle de Gilbert est… disons… gourmande. La fête promet d'être majestueuse, mais aussi très sanguinolente. Ça, c'est que dit le directeur. Aurons-nous droit à un carnage festif ?
© Jousselin, Nob, Obion, Trondheim – BD Kids
Le quatuor Trondheim-Nob-Jousselin-Obion poursuit la truculente année scolaire de leur martyr Paul, dans un cadavre exquis parfaitement maîtrisé. On dit que l'on s'habitue à tout. Ce n'est pas toujours vrai. Le garçonnet sait que ses amis sont bizarres, mais ils sont toujours surprenants. Et alors quand vient le moment de la métamorfête, le comble est atteint. Quant aux oubliettes du château, attention à ne pas tomber dedans. Elles pourraient prendre leur nom au mot.
© Jousselin, Nob, Obion, Trondheim – BD Kids
Si ce troisième tome est un chouïa moins efficace que les précédents (c'est qu'avec des auteurs comme ça, on est exigeants), quelques bonnes surprises émaillent le volume. L'une d'elle est la mère de Gilbert. Personnage vraiment méchant qui promet aux enfants de briser leur âme dans un cauchemar sans nom. Une autre est ces légumes parlants phosphorescents, ou plus exactement luminescents, qui vont servir d'éclairage et qui n'ont pas leur langue dans la poche, alors que parfois, il vaudrait mieux.
© Jousselin, Nob, Obion, Trondheim – BD Kids
Pour bien travailler à l'école, il faut être heureux d'y aller. Ça, c'est un principe qui marche dans nos établissements à nous. On n'est pas certain que les élèves de l'école Chihuahua soient tous heureux d'y être inscrits. On est en tout cas ravis pour nous qu'ils fréquentent ce lieu.
Laurent Lafourcade
Série : Chihuahua
Titre : 3 - Une fête vraiment parfaite
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Jousselin, Nob, Obion & Trondheim
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036353116
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
"-Nana Sahib, nous partirons tous les trois cette nuit.
-Je l'avais compris, Aro Satoe.
-Tu te chargeras de réunir tout ce qu'il nous faudra pour subsister dans l'île.
-Dans l'île ? Dans cette forêt ? Dans ces montagnes ? C'est de la folie, Aro Satoe!
-Ah ! Dites-le lui, Nana Sahib !"
Juillet 1934, réfugié dans une île au large de Singapour, Théodore Poussin découvre que l'équipage de l'Amok est aux mains des anglais. Ses hommes ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de gagner Sumatra, dans les Indes néerlandaises. A présent, les anglais risquent de débarquer pour mettre la main sur lui. Avec Aro Satoe et Nana Sahib, ils doivent fuir. Leur seule échappatoire possible est de gagner les terres intérieures de l'île. Entre une nature hostile, des tribus guerrières et des soldats britanniques à leurs trousses, il ne suffira pas de vivre, mais de survivre.
© Le Gall, Le Gall - Dupuis
Qu'il semble loin le petitcomptable de Dunkerque tiré à quatre épingles et bien propre sur lui. Aujourd'hui, Théodore Poussin n’a plus de scrupules. Il garde sa dignité mais n’hésite pas à mettre tout en œuvre pour arriver à ses fins, préférant parfois que ce soit les autres qui se salissent les mains à sa place. Toute son évolution ne se fait pas à n'importe quel prix. Alors qu'il est amoureux d'Aro Saoe qui serait enceinte de lui, l'ombre de Chouchou en plein idylle avec un célèbre acteur plane sur lui. Poussin est encombré par les fantômes de son passé, grâce à qui on en apprend beaucoup sur son enfance, sur ses parents surtout. Dans ces fantômes, on retrouve Crabb bien sûr, mais évidemment, encore et toujours Novembre, sur lequel Le Gall laisse planer de nombreux doutes. Novembre est l'un des personnages les plus fascinants de la bande dessinée franco-belge toutes séries confondues.
© Le Gall, Le Gall - Dupuis
A chaque fois que Frank Le Gall retrouve Théodore Poussin, on sent entre eux deux la même fusion qu'entre Hergé et Tintin ou Flaubert et Madame Bovary. Théodore Poussin, c'est la rencontre entre Jack London et Lewis Milestone, l’auteur de Fils du soleil et le réalisateur des Révoltés du Bounty et de L’inconnu de Las Vegas, ou bien entre Herman Melville et Bruce Boxleitner, l’auteur de Moby Dick ou de Taïpi et le héros de la série Frank, chasseur de fauves. C'est aussi un hommage à des écrivains aussi différents que Rudyard Kipling ou Albert Londres. A l’heure où il faut aller tout de suite à l’essentiel, Théodore Poussin est une série qui prend encore son temps. Le Gall y développe ses talents de dialoguiste. Les couleurs en à-plats de Robin Le Gall contribuent à faire de Théodore Poussin un grand classique de la ligne claire, dans la plus pure tradition de Hergé et Chaland, même si dans cet épisode, le trait du dessinateur se charbonise légèrement
© Le Gall, Le Gall - Dupuis
Ce quatorzième album de Théodore Poussin aura été attendu pendant près de cinq ans. C'est peut être le prix d'une telle qualité, mais on aimerait tellement le lire plus souvent.
Laurent Lafourcade
Série : Théodore Poussin
Tome : 14 – Aro Satoe
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Frank Le Gall
Couleurs : Robin Le Gall
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 80
Prix : 16,95 €
"-Qu'est-ce que… Que se passe-t-il ?
-On vient chercher les juifs.
-Les juifs…? Ah ça non monsieur ! Nous ne sommes pas juifs ! Nous sommes orthodoxes ! Vous faites erreur ! Regardez, mon père a un certificat, il peut vous le montrer !
-Vous avez été dénoncés comme juifs!"
En rentrant chez elle ce jour de 1944, Ginette Cherkasky ne savait pas qu'elle allait faire un voyage qui allait bouleverser sa vie. Alors qu'ils avaient fui Paris pour se rendre en zone libre à Avignon sous un faux nom, les Cherkasky sont rattrapés par leurs origines. Ils sont juifs. Ils ont été dénoncés. En ce début d'après-midi, par chance, si on peut appeler ça comme ça, toute la famille n'est pas à l'appartement. Seuls s'y trouvent son père, son petit-frère, son neveu et elle, Ginette, 19 ans, qui arrive sur les lieux en pleine rafle. Ses sœurs et sa mère ne sont pas présentes et échappent à l'arrestation. Parqués pire que du bétail dans un train pour l'Allemagne, les voici partis, direction le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Pour bon nombre de voyageurs, il n'y aura pas de retour.
© D'Hondt - Des ronds dans l'O
Le nom Kolinka vous dit peut-être quelque chose. Richard Kolinka était l'un des quatre membres du groupe de rock Téléphone. Ce que l'on sait moins, ou que l'on savait moins, c'est que sa mère Ginette est une rescapée de l'enfer. Elle l'a longtemps enfoui en elle, par résilience certainement, jusqu'au jour où elle a été convaincue qu'il fallait qu'elle témoigne. Commença alors un périple dans les collèges et les lycées afin de raconter, raconter l'horreur, exposer l'enfer, pour ne pas oublier, pour faire que l'Histoire ne se répète pas. Son histoire à elle, elle l'a subie. Elle a reçu les coups terribles des tortionnaires sur son corps. Elle a senti les odeurs pestilentielles des cadavres. Ginette Cherkasky, matricule 78599, a été déporté de mars 1944 à juin 1945 et en est revenue décharnée, détruite physiquement et moralement, mais vivante. Quand on pense que son cauchemar a débuté cinq mois seulement avant la libération de Paris, et qu'il a continué pendant encore dix mois après, c'est à peine croyable.
© D'Hondt - Des ronds dans l'O
Ginette est aujourd'hui l'une des dernières survivantes de la Shoah. Lorsqu'Aurore D'Hondt l'entend témoigner devant sa promotion de l'ISEN, une école d'ingénierie du numérique, elle a le même âge que Ginette lors de son arrestation. En parallèle à ses études, l'autrice décide de raconter en images, avec son accord, la vie de la rescapée. Dans un graphisme à la Marjane Satrapi, Aurore D'Hondt a tenu à rester la plus fidèle possible à la vie de Ginette. Les personnages sont dans un trait rond, presqu'enfantin, comme ceux de David Evrard sur Irena et Simone. On ressent toute la naïveté de Ginette qui se transforme en dureté au fur et à mesure qu'elle se construit une carapace indispensable à sa survie. L'album est traité dans un noir et blanc plus noir que blanc dans les chapitres allant de la déportation jusqu'au retour des camps. La dessinatrice arrache des larmes, des larmes de faux espoir quand le wagon s'ouvre et que les martyrs sentent le vent frais, des larmes d'une émotion incroyable lorsque Ginette serre sa mère dans ses bras à son retour à Paris.
© D'Hondt - Des ronds dans l'O
On aurait aimé ne jamais avoir eu à lire des livres comme celui-ci. Ça aurait voulu dire que rien de cela n'était arrivé. Mais, pour paraphraser Ginette Kolinka, "Voilà où mène la haine !". Aurore D'Hondt apporte sa pierre à l'édifice du devoir de mémoire avec un album bouleversant, tant sur le fond que dans la forme.
Laurent Lafourcade
One shot : Ginette Kolinka Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau
Genre : Biopic
Scénario & Dessin : Aurore D'Hondt
Éditeur : Des ronds dans l'O
ISBN : 9782374181325
Nombre de pages : 240
Prix : 25 €
Soda L'habit ne fait pas le pasteur
Voici l'un des come-backs les plus attendus de la décennie, celui du flic qui fait croire à sa maman qu'il est pasteur : Soda ! Après l'avoir laissé aux mains de Dan, dont on attend depuis dix ans la suite de la dernière histoire scénarisée par Tom et située post-11 septembre, Bruno Gazzotti reprend les rênes de la série qui l'a fait connaître et à l'époque de ses débuts, le milieu des années 80. Olivier Bocquet est au scénario pour un thriller avec un tueur en série. Le Soda énergisant est de retour ! Deux récits complets pour compléter le cœur du numéro de la semaine : la désormais classique Clairière s'amuse, et Istereg inc., un délicieux récit complet de Pâques. A vos œufs !
Pendant ce temps, les abonnés vont lire un Spipbook, autrement dit un Stripbook de Spip, encore une idée décapante signée Lewis Trondheim.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Trondheim – Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : L’inspiration |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Ziad |
Lai / Bocquet / Alquier |
Soda : Le pasteur sanglant |
Gazzotti / Bocquet / Usagi |
Récits complets :
Clairière s'amuse ! (La) : Super Renard |
Priou / Cerq / Gom |
Istereg Inc. |
Princesse Barbare / Alfwen |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Capitaine Anchois |
Floris |
Coach (Le) |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Dad |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Elliot au collège |
Grosjean / Riccobono |
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Katz |
Dairin / Del |
Kid Paddle |
Midam / Dairin / Angèle |
Léon & Lena |
Cerq / Clémence /Mistablatte |
Otaku |
Maria-Paz / Nena |
Passe-moi l'ciel |
Janry / Cerise |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
De la Provôté |
En direct du futur : Danger diabolique ! |
Bertschy |
Interview |
Gazzotti /Bocquet |
Jeux : Night games |
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Leçon de BD (La) |
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Supplément abonnés :
Stripbook : Spip et les deux autres |
Trondheim |
En kiosques et librairies le 12 avril 2023
2,70 €
Laurent Lafourcade
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