« - Il n’y a plus de sel ! On a tout schtroumpfé !
- Quoi ? Ce n’est pas possible ! Schtroumpf Bêta, c’est toi qui es allé en schtroumpfer à la réserve la semaine dernière ?
- Eh bien, je t’en ai apporté, non ?
- Tu ne m’as pas dit que la provision était épuisée !
- Mais tu ne me l’as pas demandé ! »
Panique chez les Schtroumpfs ! Enfin, panique, c’est un bien grand mot. Il n’y a plus de sel. Ce n’est pas si grave pour le Grand Schtroumpf. Dès demain, avec quelques Schtroumpfs, il schtroumpfera jusqu’à la mine pour aller en recueillir. Arrivés sur place, les petits lutins bleus se rendent compte qu’ils ne sont pas les seuls à exploiter la carrière. Après tout, elle ne leur appartient pas, tout le monde a le droit d’en schtroumpfer. Lorsqu’ils voient débarquer un groupe d’enfants, ils se cachent pour les observer. Mais comment se fait-il que ces jeunes gens soient employés à ces tâches pénibles ? Ils sont exploités. Les Schtroumpfs vont tout faire pour les sortir de là.
© Diaz Vizoso, Jost & Culliford - Le Lombard
Déjà le quarantième album des Schtroumpfs sans compter les séries parallèles. Encore une fois, ils sont confrontés à un phénomène de société contemporain transposé dans leur monde. Ici, les enfants ne fabriquent pas des baskets ou des téléphones portables mais travaillent dans une mine de sel, sous les ordres d’un couple de bourgeois cupides. Le mari est un sosie de Dussiflard, le chauffeur de taxi dans Benoît Brisefer. L’épouse est une matrone écrasant sa moitié. Le duo de la maréchaussée locale est incarné par des Laurel et Hardy plus vrais que nature. Miguel Diaz Vizoso s’amuse de ces clins d’œil en faisant légèrement tendre l’univers mis en place par Peyo vers celui des récents dessins animés.
© Diaz Vizoso, Jost & Culliford - Le Lombard
Les scénaristes Alain Jost et Thierry Culliford partent du délire entre Peyo et Franquin autour d’une certaine salière pour l’incipit de cette aventure. Rappelons que lors d’un repas entre les deux hommes, en 1958, Peyo demanda à Franquin de lui passer quelque chose, sans en trouver le nom : « Passe-moi… le schtroumpf ! » Il avait forgé ce terme sur le modèle d’un truc, un machin, un bidule… Franquin lui répondit : « Tiens, voilà le schtroumpf, et quand tu auras fini de le schtroumpfer, tu me le reschtroumpferas ! ». Le Schtroumpf costaud et le Schtroumpf à lunettes remplacent ici les deux artistes. Jost et Culliford embarquent ensuite les Schtroumpfs dans une aventure dans laquelle ils jouent au départ un rôle crucial mais s’effacent un peu trop au profit des humains dans la seconde partie du récit. On sent que Johan et Pirlouit démangent les auteurs à l’horizon. Mais allez y à fond ! Faites les revenir, bon sang !
© Diaz Vizoso, Jost & Culliford - Le Lombard
Les Schtroumpfs est une série encore et toujours au sommet de sa popularité. Il ne manque qu’une chose pour s’immerger plus profondément dans leur univers : revenir au découpage en cinq bandes, quitte à réduire les aventures à une trentaine de planches, pour se mettre à leur hauteur, comme c’était le cas dans les tous premiers albums.
Laurent Lafourcade
Série : Les Schtroumpfs
Tome : 40- Les Schtroumpfs et les enfants perdus
Genre : Aventure
Scénario : Alain Jost & Thierry Culliford
Dessins : Miguel Diaz Vizoso
Couleurs : Studio Nine Culliford
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
ISBN : 9782808203449
« - Aujourd’hui, je fais le merveilleux métier de raconteur-dessinateur. Des petits dessins, j’en ai croqués des milliers et ô miracle, des petits Lucky Luke aussi car la bonne fée de la BD a bien voulu se pencher sur ma table à dessin. Morris me fit un jour l’honneur de me confier son Rantanplan puis quelques années plus tard, son épouse m’offrit cette même confiance en me laissant les rennes du « poor lonesome cow-boy ». »
Ça fait déjà une vingtaine d’années qu’Achdé tient dans ses mains le destin du cow-boy le plus célèbre et le plus solitaire du Neuvième Art. L’auteur s’est fait la main sur Rantanplan sans savoir que quelques années plus tard, il succéderait à Morris sur la série mère. Dans « Un western de papier », Oblique Art Production propose non pas une biographie, non pas non plus une méthode de dessin, mais un magnifique carnet de croquis et de dessins d’Achdé, exclusivement sur l’univers de Lucky Luke, dans une édition particulièrement soignée.
© Achdé - Oblique Art Production
Dans une courte et explicite préface, Achdé expose les sources de son amour pour le dessin et redonne ses lettres de noblesse à l’expression « faire du gros nez ». Il raconte comment l’hebdomadaire Spirou a changé sa vie le jour où il y a découvert Lucky Luke. Il explique comment le gribouillage a fait sa vie et comment le destin lui a permis de signer jusqu’à ce jour dix albums de Lucky Luke et cinq de Kid Lucky. Avec ce « western de papier », Achdé nous offre comme il le dit un rapide aperçu des milliers de petits dessins qu’il a pu gratter pour animer l’univers créé par Morris.
© Achdé - Oblique Art Production
Crayonnés, crobars, esquisses, dessins aboutis en noir et blanc ou en couleurs, on retrouve ici des images dites classiques, sortant naturellement du monde de Lucky, mais aussi de drôles de petits délires comme un Lucky Luke se transformant en Captain America ou d’autres l’imaginant fonctionnaire ou médecin. Quelques dessins sont engagés. Ma Dalton et Calamity Jane s’indignent que la journée de la femme ne dure que vingt-quatre heures. Lucky Luke et Jolly Jumper se recueillent sur une tombe au lendemain du massacre de Charlie Hebdo. Le gouvernement prend un tacle pour avoir fermé les librairies pendant le confinement. Heureusement, les Dalton ont tout le loisir de lire derrière les barreaux.
© Achdé - Oblique Art Production
Au-delà du plaisir d’admirer tous ces dessins, l’épais carnet à dos toilé met en avant le talent d’un dessinateur qui chausse les bottes d’un des géants fondateurs de la BD, mais qui garde ses sous-vêtements, l’œil aguerri décelant l’ADN d’Achdé derrière les chromosomes de Morris. En parallèle à ce « western de papier », les chanceux pouvant se rendre à Courbevoie ne manqueront pas d’aller visiter la formidable exposition Lucky Luke par Achdé qui se tient à l’espace Carpeaux jusqu’au 22 décembre.
Laurent Lafourcade
One shot : Un western de papier
Genre : Illustrations
Auteur : Achdé
Éditeur : Oblique Art Production
Nombre de pages : 160
Prix : 25 €
ISBN : 9782492904011
« - Ce soir, sur la grande place, à 20 h, ne manquez surtout pas…
- Plus fort lapin ! Je dois t’entendre à l’autre bout de la ville.
- La pièce du fameux théâtre d’Enzo et Yv. Ce soir, spectacle exceptionnel. Version expérimentale inédite du célèbre Hamlet... »
Enzo voyage de ville en ville avec sa mère. A tous les deux, ils forment une micro-troupe de théâtre. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que leur spectacle, une version expérimentale de Hamlet, n’attire pas les foules. Yv a la passion de la scène, son fils, pas vraiment. Il rêve tout simplement d’avoir des copains, mais quand on mène une vie de baladin, ce n’est pas facile. Après une représentation catastrophique virant à la rigolade, un spectateur, professeur de son état, propose à Yv de créer une pièce avec ses élèves. Aidée par Enzo, la comédienne relève le gant. C’est parti pour l’aventure. Des premières idées à la représentation, il va y avoir du boulot.
© Godard, Ba - Des ronds dans l’O
Co-édité par BD Boum en partenariat avec la ville de Blois, Le théâtre d’Enzo est une leçon d’œcuménisme, de partage, de tolérance et de solidarité. En constituant une troupe et en construisant un spectacle, Enzo et Yv vont être les maîtres d’œuvre d’un projet qui va démontrer à tous les acteurs, au sens large du terme, qu’ensemble on est plus forts. Faire du théâtre, ce n’est pas qu’apprendre un texte et le déclamer sur scène. Il faut savoir ce que l’on veut raconter, il faut un costumier, un décorateur, un accessoiriste, un chef d’équipe. Et si tout ça peut faire revivre un quartier, que demander de plus ? L’amitié ou l’amour peut-être.
© Godard, Ba - Des ronds dans l’O
Au même titre que la liberté, l’égalité et la fraternité, la laïcité est une valeur citoyenne. Elle invite au respect en tant que citoyen du monde, sans idée de croyance, sans pression. Comme le dit Christelle Leclerc, adjointe au maire de Blois dans la postface, la laïcité est la chance d’être libre de vivre tous ensemble. Le théâtre d’Enzo démontre sa force et son importance. Ecrit par Claire Godard et dessiné par Khassatu Ba, l’une des piliers du journal Biscoto, l’album devrait être mis entre les mains de tous les professeurs d’EMC (éducation morale et civique).
© Godard, Ba - Des ronds dans l’O
Le théâtre d’Enzo est une histoire qui donne envie de travailler en équipe et de se surpasser pour le plaisir et pour le bien de la communauté.
Laurent Lafourcade
One shot : Le théâtre d’Enzo
Genre : Chronique de vie
Scénario : Claire Godard
Dessins & Couleurs : Khassatu Ba
Éditeur : Des ronds dans l’O
Nombre de pages : 52
Prix : 14,90 €
ISBN : 9782374181288
Olive Sprint final sur le lac Baïkal
Dernier round pour Olive. La quatrième partie de ses aventures clôt une histoire émouvante et sensible comme on en lit peu. Véro Cazot et Lucy Mazel ont mis toutes leurs forces dans ce récit qui emmène au-delà des rêves.
Pendant ce temps, les abonnés vont coller une boule à neige, un husky et un canard en plastique sur leurs cahiers ou leur frigo. Tout ça parce que ce sont les très jolis autocollants Olive.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Mazel, Cazot – Dupuis
Histoires à suivre :
Marsupilami : L’animal de Humboldt
Olive : Retour sur Terre
Spirou chez les fous
Trésor : La vague rouge
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Capitaine Anchois
Coach (Le)
Crash Tex
Dad
Des gens et inversement (La pause-cartoon)
Edito (L’)
Elliot au collège
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon)
Game over
Grotesque (La pause-cartoon)
Kid Paddle
Léon & Lena
Minions (Les)
Nelson
Otaku
Pernille
Spoirou & Fantasperge (Marges de Sti)
Strip dont vous êtes la star (Le)
Tash & Trash (La pause-cartoon)
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bravo
En direct du futur : Le siècle de Juliette (Verron)
Interview : Cazot & Mazel
Jeux : Perdues dans le grand froid (Berkati)
Spirou & moi : Augustin Lebon
Supplément abonnés :
Autocollants : Olive
En kiosques et librairies le 16 Novembre 2022.
2,70 €
Laurent Lafourcade
Elles viennent de France, d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne ou des États-Unis… Berlines, limousines, décapotables, coupés, conduites intérieures, leurs lignes racontent une époque, un esprit, un art de vivre.
Les voitures dessinées par Hergé nous en apprennent toutes un peu plus sur son travail et sur l’histoire passionnante de l’automobile.
Disponibles à profusion pour ses héros de papier — on en dénombre au total plus de soixante-dix—, elles sont indissociables de l’action et participent pleinement au ressort comique ou dramatique du récit.
© Hergé/Tintinimaginatio 2022
Chaque double page présente le modèle dans son contexte narratif, accompagné d’un document rare des archives d’Hergé, ainsi que du modèle réduit 1/24 de la collection Les voitures de Tintin coéditée par Moulinsart et Hachette Collections.
© Hergé/Tintinimaginatio 2022
Prévu en diptyque, le premier tome s’attarde sur les voitures européennes. C’est le complément indispensable pour les collectionneurs des voitures miniatures mais aussi pour l’ensemble des amoureux de l’œuvre d’Hergé.
© Hergé/Tintinimaginatio 2022
Le second tome s’intéressera plus particulièrement aux voitures d’origines américaines ou encore celles dont l’inspiration n’est pas définie de manière précise. La parution de ce dernier est prévu dans le courant de l’année 2023.
A placer sous l’arbre de Noël.
© Hergé/Tintinimaginatio 2022
Alain Haubruge
Titre : Tintin et les autos européennes
Série : Les voitures de légende - Hergé
Tome : 1
Éditeur : Éditions Moulinsart
Dessin : Hergé
Nombre de pages : 96
Prix : 19,99 €
ISBN : 9782017168768
« - Et elle va marcher ta machine, papa ?
- Plus que marcher, mon petit ! Elle va rouler ! C’est une idée qui vient d’Amérique, ils appellent ça le camping-caravaning.
- Mais celle-là, c’est toi qui l’a inventée ?
- Oui, mon gars ! Les meilleures carrossiers et les meilleurs ébénistes ont fait les finitions… Mais les plans, c’est Bibi ! Et je vais commercialiser ce modèle, ça va être une révolution ! Neuville, c’est un sacré nom pour une marque, tu ne trouves pas, Marie ? Ça sent tout de suite la maison sérieuse…
- Mais tu t’es demandé à qui tu pourrais bien les vendre, tes remorques ? On n’est pas en Amérique, ici ! Cite-moi un seul de tes amis qui pourrait en acheter…
- Jean !
- Jean ! Il est encore plus cinglé que toi ! »
Paul, la trentaine, vient de se faire virer de l’entreprise familiale par sa femme. C’est l’occasion pour lui de revenir sur sa vie. Entre un père fantasque et une mère très terre-à-terre qui disparaîtra dans un étonnant accident de la route, le petit Paul a toujours eu du mal à trouver sa place. Ce phénomène le poursuivra toute sa vie. Que s’est-il passé entre son enfance et maintenant pour que celle qui était devenue son épouse se retrouve à diriger l’entreprise de tondeuses autoportées créée par son père et le mette à la porte ?
© Durieux, Tronchet - Futuropolis
Plus que l’histoire de Paul, « La vie me fait peur » est avant tout l’histoire de Raoul, son père, meurtri par le deuil d’un enfant, Romain, le frère de Paul, mort à deux jours. La perte d’un enfant quel que soit son âge étant la plus grande douleur qu’un parent puisse vivre, il n’est pas étonnant que Raoul en ait des séquelles. C’est certainement pour cela qu’il n’habite plus le même monde que ses contemporains. Fantasque, immature, il vit pour son entreprise, ses loisirs et son ami Jean, doux dingue. Paul aura toujours du mal à intégrer cette dimension parallèle dans laquelle erre son père et dont la mort de sa femme l’enfonce encore plus dans cet espace entre la vraie vie et le désir d’une autre réalité.
© Durieux, Tronchet - Futuropolis
Didier Tronchet aime raconter des parcours de vie. C’est peut-être parce que lui-même a beaucoup bourlingué, de Madagascar à l’Amérique du Sud. De L’homme qui ne disait jamais non au Chanteur perdu, ou plus humoristiquement de Jean-Claude Tergal à Raymond Calbuth, l’auteur retrace des parcours singuliers de personnages en marge d’une société qui ne va pas à la même vitesse qu’eux. C’est certainement pour cela qu’il a souhaité s’emparer du roman éponyme de Jean-Paul Dubois paru au Seuil en 1994, pour en offrir une nouvelle structure. Au dessin, Christian Durieux retrouve l’ambiance des Gens honnêtes qu’il a signé chez Aire Libre sur un scénario de Jean-Pierre Gibrat.
© Durieux, Tronchet - Futuropolis
Les aléas de la vie peuvent transformer un être du jour au lendemain. Avec La vie me fait peur, les auteurs démontrent qu’il y a toujours une raison d’avancer et qu’un jour on devient le magicien de quelqu’un. Moment fort de cette fin d’année BD, si « La vie me fait peur » peut aider à avoir moins peur d’elle, le contrat est rempli. Incontestablement, il l’est.
Laurent Lafourcade
One shot : La vie me fait peur
Genre : Emotion
Scénario : Didier Tronchet
D’après : Jean-Paul Dubois
Dessins & Couleurs : Christian Durieux
Éditeur : Futuropolis
Nombre de pages : 80
Prix : 16 €
ISBN : 9782754829014
« - Vous êtes nulles de m’avoir tasée ! Ça fait super mal !!
- Elles ne t’ont pas tasée… C’est l’extra-terrestre qui l’a fait ! Je te jure ! C’est vrai !
- Quand on est arrivés, t’étais évanouie…
- On a vécu un moment historique ! »
Entourée de son frère, sa sœur et d’une amie, Chloé se réveille dans le lit d’une chambre d’hôtel à Phoenix aux Etats-Unis. Elle ne se souvient pas de tout mais elle a fait une rencontre du troisième type. Heureusement que son frère était avec elle pour en témoigner. Celui-ci, Gilles, passionné d’ufologie, a tout vu. Un monstrueux alien a tasé Chloé avec une dose de Fluctua Densité. Avec cette modification moléculaire, elle va devoir combattre de méchants envahisseurs qui s’apprêtent à débarquer sur Terre. La structure atomique de la jeune femme a été modifiée. Elle est une sur-humaine qui peut contrôler sa densité, devenant évanescente pour passer à travers les murs ou s’envoler dans l’espace, ou bien choisissant d’être extrêmement lourde pour briser des éléments ou s’enfoncer dans le sol. Ces pouvoirs réussiront-ils à repousser les aliens ? Mais arrivera-t-elle seulement à les maîtriser ?
© Trondheim, Stan, Vince, Walter, Pinchuk - Delcourt
Lewis Trondheim est un auteur à deux facettes. D’un côté, il y a l’auteur de Lapinot, philosophe du quotidien, qui fait réfléchir sur le sens de la vie dans une ambiance faussement classique franco-belge. De l’autre, il y a le scénariste multicéphale qui a chaque fois étonne, à chaque fois surprend, à chaque fois emmène sur des chemins sur lesquels on ne l’attendait pas. Il a taté du récit moyenâgeux avec Castelmaure, le western avec Texas Cowboys, ou entre autres le drame avec Je vais rester. Ici, il aborde la science-fiction et le fantastique, mêlant action, humour et aventure, sans jamais tomber dans le ridicule, y instillant même, comme il le fait toujours, une pincée de réflexion philosophique.
© Trondheim, Stan, Vince, Walter, Pinchuk - Delcourt
Trondheim multiplie les collaborations en choisissant toujours les partenaires les mieux adaptés aux histoires qu’il propose. Stan et Vince, les auteurs de Vortex, étaient les mieux placés pour mettre en image ce thriller intersidéral dont les envolées de Chloé dans le ciel sont tout autant sidérales que sidérantes. Le format Comics leur offre la possibilité de planches classiques tout autant que de grands dessins s’étalant sur deux pages. Le pavé ne se referme pas. On binge-read cette intégrale comme on binge-watch une série.
© Trondheim, Stan, Vince, Walter, Pinchuk - Delcourt
Chloé Densité est la réédition en intégrale de la trilogie Density parue entre 2017 et 2021 dans la collection Comics Fabric, également chez Delcourt. L’éditeur n’aura pas tardé à reformater la série pour proposer cette intégrale qui donne au récit une autre dimension, massive, comme sa « densité ».
Laurent Lafourcade
One shot : Chloé Densité
Genre : Fantastique
Scénario : Lewis Trondheim
Dessins : Stan & Vince
Couleurs : Walter & Julia Pinchuk
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
Nombre de pages : 328
Prix : 29,95 €
ISBN : 9782413044307
« - Holà… T’approches pas, c’est chez nous, ici !...
- Je… J’y peux rien, mon chien n’en fait qu’à sa tête ! Paulette, noon !
- Haaa !
- Attrapez-le ! Quelle est l’identité de l’intrus ?
- Paul Dubreuil. Sa mère a cousu une étiquette avec son nom ! »
En promenant Paulette, sa chienne touffue, sur les berges de la Grôsne, Paul ne se doutait pas qu’il allait être embarqué sur les eaux. Poursuivant une grenouille bondissante, la grosse boule de poils se jette à l’eau avec son petit maître sur le dos. Après quelques brasses canines, le duo rencontre un quatuor d’enfants s’installant sur une cabane-paquebot. Paillon, Scotch, Boulon et Lili lapin invitent Paul et Paulette à les accompagner sur la rivière. Les pieds chatouillant la vase et admirant la faune et la flore locale, la petite bande suit le cours d’eau jusqu’à ce qu’ils rencontrent ces sales copieurs de la bande de Marnay.
© Cruchaudet - Delcourt
Affluent de la Saône et sous-affluent du Rhône, la Grôsne est une rivière française qui prend sa source dans le Beaujolais avant de courir dans le Charolais, le Mâconnais, puis le Chalonnais, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté. La Grôsne est aujourd’hui l’héroïne de l’album de Chloé Cruchaudet paru en 2015 en très grand format et réédité aujourd’hui dans un format plus classique. Cruchaudet écrit une ode à la nature. L’esprit des enfants de Louis Pergaud plane sur cette aventure. Passée la rencontre pas franchement accueillante entre Louis et Boulon et sa bande, on prend part à une croisière avant de participer à une nouvelle guerre des boutons, fluviale celle-ci, plus courte et bien moins belliqueuse que celle des Longeverne et des Velrans.
© Cruchaudet - Delcourt
Tout en crayons de couleurs, Chloé Cruchaudet offre une pause bucolique. Qu’est-ce que ça fait du bien de prendre notre temps avec ces enfants. On entend l’eau qui coule et les grenouilles qui croassent. On se repose sous la douce chaleur du soleil de mi-saison et on profite d’un moment déconnecté. On prend la poudre d’escampette avec les enfants pour retrouver de la sérénité. La feel-good BD, ça existe. En voilà un exemple. On aurait juste aimé que l’aventure soit un peu plus longue.
© Cruchaudet - Delcourt
Espérons que cette réédition classique de La poudre d’escampette transforme le one shot en série. Elle est nécessaire et salvatrice dans l’époque où l’on vit.
Laurent Lafourcade
One shot : La poudre d’escampette
Genre : Aventure écologique
Scénario, dessins & Couleurs : Chloé Cruchaudet
Éditeur : Delcourt
Collection : Les enfants gâtés
Nombre de pages : 24
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782413024583
« - C’est nul !
- Voyons ma chérie, arrête de râler. Profite !
- Mais je devrais être au foot là ! Et à la place vous m’obligez à vous accompagner pour cette stupide balade en forêt.
- C’est ce reportage à la télé hier, ça m’a tout de suite inspirée. n’est-ce pas charmant tout ce… vert ?!
- Naze. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la petite Léonie n’est pas franchement ravie d’accompagner ses parents pour une balade en forêt. C’est beaucoup plus amusant de jouer au foot. Son papa lui propose de suivre le chemin balisé de son côté pour aller jouer les aventurières. Ils se retrouveront au parking. Agaçant les corbeaux, l’un d’eux, aux pouvoirs magiques, la métamorphose en scarabée. Voici Léonie réduite à l’état d’insecte à devoir cohabiter avec eux. Mordicus, Goliath, Berlia, Rhino et leurs amis vont l’accueillir à bras ouverts. Léonie va même apprendre à voler. Mais attention, à une taille de quelques millimètres, le danger est à la porte.
© Shanta, Bordier - Nathan
Histoire sur la tolérance, l’entraide, la coopération et ode à la nature, Léonie et les scarabées n’est pas qu’un album de bande dessinée pour les petits, plus que ça, c’est une leçon de vie. Lorsque la scénariste Elsa Bordier métamorphose Léonie en scarabée c’est pour qu’elle tire des leçons de certains enseignements. Et lorsque, sans spoiler, elle redeviendra une petite fille, la métamorphose ne sera pas seulement physique. La gamine s’en trouve grandie non seulement physiquement, mais aussi moralement. Elle aura appris tant et tant de la nature.
© Shanta, Bordier - Nathan
Elodie Shanta apporte toute la puissance, faussement simple, de son trait à cette histoire dont le fond est bien plus profond que la forme, même si celle-ci est adorable. Les couleurs pop et acidulées séduiront les jeunes lecteurs au premier regard. Leurs parents ne pourront s’empêcher d’avoir une petite pensée pour Maya l’abeille, même si graphiquement on n’est pas du tout dans le même registre. Bref, Léonie a tout pour devenir l’héroïne d’une série pedagogico-éducative.
© Shanta, Bordier - Nathan
A noter, Léonie et les scarabées fait partie des albums de la sélection La BD en classe - Bulles de nature, dont le dossier enseignants et le carnet élèves sont téléchargeables gratuitement sur le site du SNE : https://www.sne.fr/promotion-de-la-lecture/la-bd-en-classe/
Laurent Lafourcade
One shot : Léonie et les scarabées
Genre : Aventure écologique
Scénario : Elsa Bordier
Dessins & Couleurs : Elodie Shanta
Éditeur : Nathan
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782092494745
« - Ecoutez ! J’ai une terrible nouvelle. Josef et sa famille ne sont pas morts à cause de l’incendie. Ils ont été assassinés, et le feu a détruit les plantes. Tout est parti en fumée. On ne sait pas qui a commis les meurtres, alors soyez vigilants.
- Soyez vigilants, tu en as de bonnes. On fait comment ? On s’enferme chez nous ?
- Séverine a raison. Il nous faut des armes. Daniel, tu dois distribuer les fusils.
- Désolé, c’est impossible, vous connaissez les règles. Les armes sont réservées aux guetteurs et aux chasseurs. La source n’est pas une milice privée. La priorité, c’est de trouver les coupables. Il faut que quelqu’un parmi nous enquête. »
France, printemps 2045, dix-sept ans après le début de l’effondrement. La communauté de la source est en émois. Une famille entière a été assassinée, le meurtre ayant été camouflé en vain dans un incendie. La communauté est menacée et doit réagir si elle ne veut pas mourir. Dans ce monde post-apocalyptique, les hommes se sont relevés et tentent de ne pas répéter les erreurs funestes du passé. Le massacre d’une famille d’herboristes les contraint à une vigilance accrue. Rachel, ancienne flic, est en charge de l’enquête pour trouver le ou les coupables. En lui confiant cette mission, Daniel, le chef du clan, ne savait pas qu’il allait diviser ses ouailles. Entre ceux qui cherchent à comprendre et ceux qui prônent la loi du Talion, pensant que la violence ne peut-être résolue que par la violence, il va falloir composer pour confondre les assassins.
© Runberg, Truc, Branchereau, Damour, Lofé - Philéas
Et de deux ! En quelques mois, Sylvain Runberg co-créé deux séries post-apocalyptiques. Alors que dans Patriarchy, paru chez Caurette, hommes et femmes sont divisés en deux castes opposant dictature masculine et valkyries, dans La source, c’est un combat écologique auquel se livrent les habitants de la communauté face à de mystérieux ennemis. Ces deux séries auraient-elles existées sans crise Covid et confinements ? Runberg met en scène des groupes de personnes en cercles restreints et en cohabitation. Il analyse leurs rapports et les difficultés à dépendre les uns des autres, ainsi que leur unité mise à mal par un événement particulier. Pour La source, il s’est allié avec Olivier Truc, journaliste, écrivain, scénariste et réalisateur, ainsi qu’avec Gaël Branchereau, journaliste à l’AFP. Leurs visions du monde transparaissent dans ce scénario.
© Runberg, Truc, Branchereau, Damour, Lofé - Philéas
Au dessin, après La Cagoule, Damour prend le vert dans ce récit somme toute campagnard. Devenu une valeur sûre de la bande dessinée réaliste souple, le dessinateur signe le premier tome d’un diptyque qui ne demande qu’à être le premier récit d’une série d’enquêtes de Rachel.
© Runberg, Truc, Branchereau, Damour, Lofé - Philéas
Après s’être spécialisé dans les adaptations d’œuvres littéraires, les éditions Philéas continuent à développer leur catalogue avec cette Source, source de problèmes pour ses habitants et source de suspens pour ses lecteurs.
Laurent Lafourcade
Série : La source
Tome : 1 - La gardienne du Talion
Genre : Polar post-apocalyptique
Scénario : Sylvain Runberg, Olivier Truc & Gaël Branchereau
Dessins : Damour
Couleurs : Greg Lofé
Éditeur : Philéas
Nombre de pages : 88
Prix : 18,90 €
ISBN : 9782491467340
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