"-Ne change pas de conversation. Je te rappelle que t’as tué Ciboulette et Origan. Qu’est-ce qui t’es passé par la tête ?
-Je m’ennuie.
-Tu t’ennuies ? Tu crois que les gens assassinent des êtres vivants quand ils s’ennuient ?
-Il lui faut une activité extrascolaire.
-Ah bravo ! Belle leçon ! Fais une grosse bêtise, tu auras une récompense !"
Louna rêve de devenir une superhéroïne. Mais depuis la chambre de son petit appartement de banlieue, entre ses parents et son frère, ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident. En voulant libérer des oiseaux de leur cage, elle les tue malencontreusement en secouant ostensiblement la cage. Louna s’ennuie. Son père sort de ses gonds. Il lui faut une activité extrascolaire. Elle va faire de la boxe. Un beau jour, en sortant amochée de l’entraînement, elle remarque une petite annonce : « Groupe de superhéros cherche boxeur ». C’est l’occasion rêvée pour évoluer dans la société, non ?
Ziad est son petit frère. Bedonnant, maladroit, mal dans sa peau, il rêve lui aussi de superpouvoirs… sauf qu’ils ne vont pas toujours marcher comme il faut.
© Lai, Bocquet, Alquier - Dupuis
Le trop rare scénariste de Frnck, Olivier Bocquet, est aux commandes de cette nouvelle série dont les deux premiers tomes, proposant deux histoires qui se passent en parallèle, celles d’une sœur et d’un frère, sortent simultanément. Louna et Ziad sont issus d’une famille maghrébine. Leur mère est concierge de l’immeuble dans lequel ils habitent. Leur père est vendeur de kebabs. Alors que d’autres jeunes filles de l’âge de Louna se rêvent en hôtesses de l’air ou en youtubeuses, elle veut devenir superhéroïne. Si elle a le droit de rêver à ça, c’est que dans cet univers en tous points semblable au nôtre, une météorite est tombée sur terre en 1938. Elle s’est disloquée et des fragments ont atterris un peu partout. Chaque être qui touche un de ces morceaux se voit conféré un pouvoir surnaturel tout aussi divers que faire repousser des membres amputés, devenir lumineux, liquide ou géant, ou bien encore être télépathe. Ce ne sont que quelques exemples. Louna mettra-t-elle la main sur un morceau de météorite ? Ziad réussira-t-il à s’épanouir ?
© Lai, Bocquet, Alquier - Dupuis
Avec Le métier le plus dangereux du monde, Bocquet déconstruit des clichés. Louna se veut l’égal d’un homme. En quoi n’en aurait-elle pas le droit ? Son père va devoir apprendre à ôter ses a priori. Il va avoir du boulot, surtout quand son fils Ziad va se trouver une passion pour la couture. Au dessin, Fabio Lai, ancien collaborateur de Delaf sur Les nombrils, reste dans un semi-réalisme souple franco-belge, avec quelques petits accents de manga quand même portés par certaines attitudes des personnages.
© Lai, Bocquet, Alquier - Dupuis
Superhéros sera-t-il pour Louna et Ziad le métier le plus dangereux du monde ? C’est sûr que c’est autrement plus périlleux que de vendre des kebabs.
Laurent Lafourcade
Série : Le métier le plus dangereux du monde
Tomes : 1 face - Louna / 1 pile—Ziad
Genre : Aventure
Scénario : Olivier Bocquet
Dessins : Fabio Lai
Couleurs : Fabien Alquier
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034750252 / 9791034749881
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €
Début janvier, nous vous parlions de cette année 2023 spéciale « Michel Vaillant ». Des parutions plus que régulières, des événements exceptionnels, … Le tout autour d’un anniversaire mythique : les 100 ans du Mans !
Comment passer à côté d’un tel centenaire d’ailleurs ? Ce ne sont pas les sorties librairies qui manqueront … Certaines ayant déjà eu lieu. Mais nous y reviendrons dans d’autres chroniques.
Entamons notre dossier « Spécial Centenaire du Mans » par ce tant attendu 17e dossier Michel Vaillant : « Les 100 ans du Mans » !
Comme à chacun de ces recueils, l’équipe rédactionnel des éditions Graton n’a pas lésiné sur les moyens, les sources de documentation, les interviews, les reportages et les plongées dans l’univers fabuleux de la famille Vaillant !
Quatre journalistes spécialisés dans le domaine automobile ( Laurent Beauvallet, Christophe Bourgeois, Jean-Philippe Doret et Guillaume Nédelec) se sont donc consacrés à rassembler en 15 chapitres l’histoire de ce circuit né des rêves de Georges Durand en 1905. L’année suivante, mordu d’automobile, convaincu par ses possibilités de développement, il réussit à organiser le 1er Grand Prix de l’ACF (Automobile Club de France) sur un circuit, dans la Sarthe. Nous sommes le 26 juin 1906 !
Le départ est donné …
Et après quelques péripéties, une 1ère Guerre Mondiale sanglante, une paix qui appelle aux années folles, un développement croissant de l’automobile, les constructeurs recherchent des pistes d’essai pour tester de nouvelles technologies, dont les feux et la fiabilité de leurs voitures.
C’est ainsi qu’en octobre 1922, le tout nouveau ACO (Automobile Club de l’Ouest), ex-ACF, annonce que les 26 & 27 mai 1923 se déroulera une course d’un caractère nouveau : les 24 h du Mans sont nés !
© Christian Denayer – Ellaim - Graton éditeur
Que la légende commence …
Le 10 août 1923, à Nantes, une autre naissance … celle d’un homme dont la vie va être synonyme de 9e Art et de courses automobiles : Jean Graton !
L’ADN de ces deux bambins va clairement se fondre en un seul : celui de Michel Vaillant !
Les deux légendes ne peuvent ainsi que se croiser et se recroiser tout au long de leurs aventures propres. D’ailleurs, savez-vous combien de fois Michel Vaillant a participé aux 24H ? Et combien de fois les a-t-il gagnés ? Dans quels albums ?
Ceci dit, il y a un petit piège … dont la réponse sera connue le 2 juin prochain avec la sortie du 12e tome de la saison 2, « La Cible ».
© Bourgne – Benéteau – Denayer – Ellaim – Lapière – Graton éditeur
Mais revenons-en à ce dossier. 15 chapitres richement illustrés par des photos d’archives, des dessins de Jean Graton, Christian Denayer ou Ellaim parcourent les grands moments de ce centenaire.
L’histoire du circuit évidemment, ses transformations, sa magie, les interviews de Philippe Graton et de Jacky Ickx, vainqueur à 6 reprises de l’épreuve, ce qui lui faudra le surnom de « Monsieur Le Mans » ! La course et son règlement qui a bien changé en 100 ans !
© Bourgne – Benéteau – Denayer – Ellaim – Lapière – Graton éditeur
Plusieurs chapitres sont dédiés aux liens indéfectibles entre les Vaillant et le circuit de la Sarthe. Une véritable histoire d’amour ? A n’en pas douter … quand elle se décline sous autant de formes … BD naturellement, film, documentaires et même réalité par la participation de véritables Vaillantes à l’édition 2017 !
© Bourgne – Benéteau – Denayer – Ellaim – Lapière – Graton éditeur
Mais que seraient Le Mans … et les aventures du légendaire pilote s’il n’y avait que des bolides et des moteurs ? Non, la série « Michel Vaillant, c’est avant tout la saga d’une famille avec certains personnages centraux comme … Françoise Latour, épouse Vaillant ! Présente en chipie dès le 5e album (Le 13 est au départ), elle va petit à petit prendre plus d’ampleur au point de finir au poste de PDG de la firme ! Il aurait été regrettable que nous n’en trouvions trace dans ces 128 pages.
Bref, un dossier unique, remarquable, indispensable à tous les fans de courses automobiles et de Michel Vaillant.
Thierry Ligot
Titre : Les 100 ans du Mans
Collection : Dossier Michel Vaillant
Tome : 17
Éditeur : Graton éditeur
Scénario : Denis Lapière
Articles : Laurent Beauvallet, Christophe Bourgeois, Jean-Philippe Doret et Guillaume Nédelec
Planche BD : Marc Bourgne – Benjamin Benéteau
Dessins voitures : Christian Denayer – Ellaim
Nombre de planches : 128
Prix : 26,00 €
ISBN : 9782390601685
Car la guerre n’est pas simplement une question d’hommes … les femmes également sont capables d’actes héroïques et remarquables avec des destins extraordinaires !
« Armons-nous, nous en avons le droit par la nature et même par la loi. Montrons aux hommes que nous ne leur sommes inférieures ni en vertus ni en courage. Il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité. »
Ainsi parlait Théroigne de MÉRICOURT (1762-1817) lors de son discours prononcé à la Société fraternelle des Minimes, le 25 mars 1792.
Elle ne savait pas encore à quel point elle était prophétesse … dans un constat vieux depuis les origines de l’Humanité !
Quel est le lien entre Octavie Delacour, Marie Marvingt, Milunka Savic, Marie Depage, Marie Curie, Nancy Wake, Yoshiko Kawashima et les Sorcières de la nuit ?
Pas d’idées ? Alors ce spin-off du « Petit Théâtre des Opérations » est pour vous.
© Hervieux – Augustin – Trocklé- Fluide Glacial
Elaboré et pensé sur le même principe que sa version « masculine », « Toujours prêtes ! » nous présente ces 8 destinées hors du commun.
Entre sauver des vies, les soigner ou au contraire les massacrer, elles ont marqué les conflits dans elles étaient engagées. Civiles ou militaires, elles ont chacune, à leur manière, participé activement à des actes héroïques durant un conflit.
Combattantes, infirmières, savantes, aventurières, ou Jeanne d’Arc chinoise, voici leur portrait version historico-parodico-cynique !
© Hervieux – Augustin – Trocklé- Fluide Glacial
Si l’une ou l’autre ont déjà une certaine renommée, ont été honorées pendant ou juste après leurs guerres, la plupart sont désormais méconnues, voire totalement inconnues du grand public. Et pour cause, avec le temps, leurs actes courageux, leur rôle y compris leur reconnaissance sont majoritairement « oubliés », voire carrément enterrés. La place de la femme n’est-elle pas exclusivement à la maison … ? Bla-bla-bla … la vieille rengaine macho …
Heureusement les mentalités évoluent. Julien Hervieux, à force de chercher ses héros oubliés pour son « petit Théâtre des Opérations », a dû en croiser des héroïnes guerrières également absentes des ors et honneurs. Il les sort ainsi de l’ombre, elle dont le seul défaut était « d’être des femmes » !
Et pour être honnête, ce n’est pas triste ! A la lecture de leurs exploits, elles n’ont rien à envier à ceux de leurs homologues masculins ! Leur abnégation n’a d’égale que leur témérité et leur courage.
© Hervieux – Augustin – Trocklé- Fluide Glacial
Pas de surprise du côté des mini scénarios. Julien Hervieux nous narre en quelques pages, sur le ton qui est le sien et avec un humour parfois grinçant, chacune de ces huit vies trépignantes. Nous sommes simultanément émerveillés, étonnés, amusés à leur lecture. Sans omettre la traditionnelle page explicative indispensable à « authentifier » l’héroïne.
© Hervieux – Augustin – Trocklé- Fluide Glacial
Par contre, du côté dessin, Monsieur Le Chien cède, avec brio, ses crayons à Virginie Augustin. Dessinatrice et coloriste de talent, nous la retrouvons dans des genres allant de l’héroic-fantasy (Conan le Cimmérien) à Disney, en passant par les films d’animation comme Corto Maltese, … Son trait s’adapte ainsi aisément aux ambiances et genres désirés. C’est notamment le cas pour la princesse Aisin Gioro Xianyu, rebaptiése par les Japonais qui l’élèveront Yoshiko Kawashima ! La seule « méchante » de l’album d’ailleurs !
Ici, son style est « jeune » et attirant.
Le côté « clin d’œil » et « hommage divers » de la série n’est pas oublié par autant. Ils sont nombreux, variés, humoristiques et disséminés dans chaque récit, chaque planche. Cherchez-les comme vous chercheriez Arthur !
© Hervieux – Augustin – Trocklé- Fluide Glacial
Un véritable régal visuel s’ajoutant au plaisir intellectuel de découvrir chacune de ces femmes.
Et à coup sûr, il y en aurait suffisamment pour un, deux, voire plus de volumes … Donc vivement le prochain tome.
Thierry Ligot
Titre : Toujours prêtes !
Série : Le petit Théâtre des Opérations
Tome : 1
Éditeur : Fluide Glacial
Scénario : Hervieux Julien
Dessin : Virginie Augustin
Couleurs : Olivier Trocklé
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
ISBN : 9791038204706
En cette journée de congé, l’envie me prend d’entamer ma soirée sur un ton léger et hilarant. Pas de doute, j’ai la BD qu’il faut …
Il n’est plus utile de présenter cette série « Le petit théâtre des opérations » ou comment présenter des actes héroïques, des anecdotes, des faits divers des deux guerres mondiales de façon humoristique tout en restant historiquement véridique !
Après les volumes 1 & 2, en voici donc un nouveau, toujours basé sur le même principe. Des récits improbables mais véridiques présentés de façon humoristique afin d’en souligner parfois l’absurdité ou le courage insouciant de héros connus ou méconnus … mais toujours exceptionnels ! Comme le Baron Jean de Selys Longchamps dont tout qui passe par l’avenue Louise à Bruxelles voit le buste doré. Lui qui, le 20 janvier 1943, avec son avion alla mitrailler le siège de la Gestapo, un exploit qui humilia l’occupant nazi.
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
Ou encore ce destroyer, le USS William D. Porter dont les exploits durant la 2e GM furent assez « surprenants » et inquiétants … pour les Américains ! Parmi eux, on relate le fait d’avoir failli torpiller par erreur l’USS Iowa … sur lequel était le Président Roosevelt !
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
Et savez-vous qui était Iris XVI, ce cheval patriote ? Ou Léo Major, soldat québécois honoré chaque 14 avril dans la petite ville de Zwolle ? Ou enfin quel avion bombarda le premier Berlin ?
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
La narration continue sur la trame des deux premiers volumes : brève en allant à l’essentiel par de petits scénarios de 1 à 6-7 pages. Les plus longs sont développés dans une page explicative et documentée.
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
Bref, Julien Hernieux s’en donne à cœur joie pour mettre à chaque fois en avant les éléments les plus incroyables ou cocasses. Ceci ne l’empêchant nullement d’y ajouter sa petite touche ironique quand elle n’est pas purement et simplement cynique. Certains en prennent largement pour leur grade ! Et des comme ça, il y en a treize au total aussi divers, absurdes, burlesques mais héroïques les uns que les autres.
On rigole à chaque page, tout en n’oubliant pas pour autant l’aspect humain de ces héros parfois oubliés de l’Histoire.
Evidemment d’autres soldats ou animaux en firent parfois autant … « mais cela est une autre histoire », comme l’écrit Julien Hernieux lui-même !
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
Du côté dessin, Monsieur Le Chien poursuit son œuvre culturelle inégalable par son trait et sa mise en image délirante de chaque récit. Quand son expressionnisme visuel transforme chaque drame, exploit en une quasi farce bédéesque ! Les clins d’œil humoristiques truffent chaque chapitre rendant la lecture amusante … en plus qu’instructive !
© Hervieux – Monsieur Le Chien – Fluide glacial
Bref, c’est désopilant pour tous les âges ! Apprendre doit rester un plaisir comme une curiosité et grâce à eux, certains oubliés de l’Histoire le sont désormais moins !
Thierry Ligot
Titre : Le petit théâtre des opérations
Tome : 3
Genre : historique
Éditeur : Fluide glacial
Scénario : Julien Hervieux
Dessin : Monsieur Le Chien
Nombre de pages : 55
Prix : 15,00 €
ISBN : 9791038204577
"-Salut William, c'est Antonin. Je ne te dérange pas ?
-Jamais, cher ami éditeur !
-On veut lancer une nouvelle série grand public et en faire un carton à 100 %. L'idée, c'est de faire un truc passe-partout, consensuel, bien lisse, le truc qui n'effraie pas la ménagère, tu vois…
-Mmh mmh…
-Pour capter le lectorat, on cherche au niveau du langage quelque chose de facile à capter, à la porter du plus grand nombre… Bref, une écriture plutôt médiocre, sans prétention, qui rassure le lecteur… Un truc pas terrible, quoi…
-Oui, et donc ?
-Ben, j'ai pensé à toi."
William, 31 ans, est scénariste de bande dessinée. Chemise blanche et gilet noir, cravate rouge et pantalon à pinces, pipe au bec et lunettes sur le nez, l'homme affiche un look BCBG et semble plus âgé que ses artères. Faut dire qu'il est old school, le William, pas du genre à faire de l'heroïc-fantasy. Bien sûr, le sujet l'a intéressé, mais jusqu'à ses trente ans uniquement. Maintenant, il a mûri. Que serait un scénariste sans dessinateur ? Rien évidemment, les deux professions sont complémentaires. La rencontre et l'alchimie sont primordiales. Un auteur puise également son inspiration dans sa propre vie. Bien évidemment, il devra savoir disgresser. Par ailleurs, un scénariste n'a pas peur de travailler sur douze séries en même temps… même s'il avoue parfois bâcler son travail. Aussi, il devra apprendre à gérer l'enfer de la surproduction, enfin, celle des autres.
© James - Delcourt
William, scénariste, est la nouvelle victime de James, l'un des humoristes les plus fins du moment. Sous couvert d'un reportage télévisé, James invite William à raconter sa vie, son œuvre avec pragmatisme et objectivité. L'album alterne divers types de planches. Il y a celles, les plus nombreuses, consacrées au reportage lui-même, les strips "off the record" et les figures sur le quotidien de l'artiste. Puis James diversifie ses graphismes pour aborder d'autres angles. On trouve du western réaliste avec The Lone Writer qui parodie façon Far West le travail du scénariste. Façon cartoon, on découvre les trucs et astuce de la profession, avec notamment une démonstration argumentée du cycle de la création. Enfin, hommage à Schultz et aux Peanuts, les strips de Lil'Will, graine de scénariste, reviennent sur l'enfance d'un auteur en devenir.
© James - Delcourt
James se moque gentiment de ses congénères et de lui-même. On ne parle le mieux que de ce que l'on fait soi-même. On peut alors se demander qu'est-ce qui relève du réel ou de l'imaginaire. Pas si évident que ça de faire le tri. Faire de l'héroïne une sublime fille sexy, c'est évidemment toujours dans l'intérêt du scénario. Les autobiographies ne dérivent jamais ô grand jamais vers les autofictions. On ne met jamais une croix gammée en couverture d'un album pour en augmenter les ventes. Non, non !
© James - Delcourt
Pendant des années, les scénaristes de BD étaient déconsidérés, voire même ignorés, effacés. Les temps ont heureusement changé. Y'a qu'à voir, aujourd'hui, James leur consacre même un livre. On verra bien s'ils ont de l'humour sur eux-mêmes !
Laurent Lafourcade
One shot : William, 31 ans, scénariste
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : James
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 9782413047087
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
Un rendez-vous (presque) parfait pour Cédric
Cédric qui fait la couverture de Spirou, c'est comme une madeleine de Proust que l'on déguste. Désormais seul aux commandes, Laudec poursuit avec humour et tendresse la série, l'une des dernières séries historiques du journal. Cédric est toujours dans l'air du temps et avance avec son temps. Cette fois-ci, c'est une histoire de drone qui va provoquer un quiproquo bien comme il faut.
Pendant ce temps, les abonnés vont faire une partie du jeu de société à construire So clover !
Spirou, ami, partout, toujours.
© Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : L’inspiration |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Schtroumpfs (Les) : Qui est ce Schtroumpf ? |
Tebo |
Soda : Le pasteur sanglant |
Gazzotti / Bocquet / Usagi |
Sœurs Grémillet (Les) : Le chamois et la comète |
Barbucci / Di Gregorio |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Dad |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Elliot au collège |
Grosjean / Riccobono |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Psychotine |
Zimra / Pujol |
Mélusine à la rescousse |
Drouin |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Léon & Lena |
Cerq / Clémence / Mistablatte |
Nelson |
Bertschy |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Les BD de ma vie |
Mazel |
En direct du futur : L'expo continue ! |
|
Interview |
Laudec |
Jeux : C'est la récré ! |
Priou |
Spirou et moi |
Gaignard |
Supplément abonnés :
Jeu So Clover ! |
|
En kiosques et librairies le 17 mai 2023
3,20 €
Laurent Lafourcade
"-Abel, tu as reçu un colis. Je l'ai mis à côté du portemanteau.
-?!
-Hé ! Ton dîner !
-Plus faim !... Totem ? C'est quoi, ce truc ? Wah, j'y crois pas ! "Vous avez été sélectionné par le professeur Teuma pour tester son jeu Totem" ?"
En trois points du monde, trois adolescents adeptes de jeux vidéos reçoivent une boîte avec le kit nécessaire pour tester Totem, un nouveau jeu en réalité virtuelle. Abel est en France, Yorick aux Canada et Elif en Turquie. Ils ont entre neuf et seize ans et sont des gameurs experts. Leurs avatars vont se retrouver dans le jeu, incarnés en animaux : un castor, un porc-épic et une sorte de blaireau. Pendant ce temps, dans le monde réel, un virus informatique aurait muté pour se rendre transmissible à l'homme. Il toucherait principalement les adolescents et les jeunes adultes, les plongeant dans une période de mutisme entrecoupée de troubles obsessionnels, puis des accès de colère et de violence extrême avant d'évoluer en état végétatif. Très rapidement, les trois ados testeurs vont se rendre compte que les deux mondes, le réel et le virtuel, sont étroitement et étrangement liés.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d'ados
Pour sa nouvelle série, Kid Toussaint s'attaque au monde de la réalité virtuelle. Loin du très futuriste et efficace A-Lan de Thomas Labourot et les BeKa chez Dupuis, on reste sur Terre dans Totem. Là où la malice Toussaint fait effet, c'est quand le scénariste brouille les pistes entre réalité et virtualité. Oh ! Une jolie histoire toute mignonne avec des ados et des animaux kawaïs ! Pas vraiment. Chacun des membres du trio a manifestement été choisi pour ses compétences en informatique, en adresse, en logique, en sport. Ils vont devoir dompter et analyser le jeu pour le comprendre. On ne sait qui tire les ficelles mais ce premier volume est dense. Kid Toussaint ne perd pas de temps. Les personnages sont rapidement présentés et on est plongé comme eux, avec eux, au cœur du mystère.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d'ados
James Christ est un dessinateur tous publics mêlant classicisme franco-belge à quelques codes mangas. Il a le potentiel d'un Kenny Ruiz. Christ associe graphiquement les jeunes héros avec leurs animaux-avatars, en leur donnant des expressions faciales humanisées. On le souligne dès la couverture. Les couleurs d'Elsa Chanal sont relativement ternes, comme enveloppantes, comme si on avait nous aussi le regard dans le casque de réalité virtuelle. Seules les scènes en forêt sont plus lumineuses avant que le mystère ne gagne aussi ce monde parallèle.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d'ados
A l'instar de Green Class, Les omniscients, A-Lan dont on a parlé, ou encore Magic Seven du même Kid Toussaint, Totem est d'une efficacité redoutable qui montre que la série feuilleton a encore de beaux jours devant elle. Addictif dès le tome 1, que demander de plus ?
Laurent Lafourcade
Série : Totem
Tome : 1 – Premier niveau
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Kid Toussaint
Dessins : James Christ
Couleurs : Elsa Chanal
Éditeur : Milan
Collection : Bande d'ados
ISBN : 9782408036812
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
Il n’est plus utile de présenter la collection « Les Reines de sang ». Désormais devenus des classiques, Delcourt aurait bien tort de ne pas poursuivre sa plongée dans l’annuaire de ces femmes de pouvoirs qui ont su, à leur époque, s’imposer et marquer l’Histoire de leur pays, peuple et mentalité.
Cette fois-ci, c’est en Inde que nous sommes propulsés. Vers le milieu du XIXe siècle, dans le petit état de Jhansi, Lakshmi se voit contrainte de quitter son palais avec son fils. Mais qui est-elle et pourquoi ce départ nocturne, sans honneur ni gloire ?
Pour cela, retour en arrière d’une dizaine d’années, en 1840 plus exactement. Nous rencontrons l’impétueuse Manikarnika à Bithoor, au palais du Peshwâ Baji Rao II.
Fille du brahmane Moropante, l’un des conseillers du roi, elle est impulsive, exubérante, adore manier les armes, chevaucher dans la jungle avec ses amis, Nana, le fils du Peshwâ Baji Rao et Ganesh. N’ayant pas sa langue dans sa poche, son franc-parler est parfois gênant pour ses proches … surtout quand il s’adresse aux occupants anglais pour dénoncer leurs abus et exactions !
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
Il faut avouer que ces derniers n’ont que peu, pour ne pas dire, aucun respect pour les Indiens, leur culture, leurs rites, leurs traditions, … Parmi les plus acharnés, le Lieutenant-Colonel Ruders et le Lieutenant Stevenson. Pour eux « annexer toutes les provinces est un devoir moral » !
Pourtant, tous ne sont pas comme eux ! Le nouveau résident de Jhansi, le Major Ellis, arrivé depuis peu en Inde et tout droit venu de Calcutta, semble plus ouvert et tolérant. Pour lui, c’est en comprenant les indigènes que l’occupant réussira à se faire comprendre lui-même … et donc à se faire accepter.
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
Néanmoins ses 2 premières rencontres avec Manikarnika sont plutôt « explosives ».
Son mariage avec le Raja de Jhansi lui donnera-t-il le pouvoir nécessaire de se faire entendre ?
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
Arnaud Delalande et Simona Mogavino plantent magnifiquement, dans ce premier volet, le décor, les personnages et le contexte historique de cette nouvelle saga. Il faut dire que ce trio, avec Carlos Gomez au dessin, est un habitué de la collection. Après les 6 tomes « Aliénor, la Légende noire » et les 3 de « Catherine de Médicis, la reine maudite », il maîtrise toutes les arcanes et astuces narratives des « Reines de sang ».
Dès lors, quoi de plus logique et naturel pour eux de s’intéresser à une reine éprise de liberté, intelligente, avisée, révoltée tout autant contre certaines traditions de son Inde natale que contre des lois imposées par le colonisateur anglais, telle le lapse* !
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
Une documentation fouillée est à la base de ce récit mêlant adroitement événements historiques, sens critique, une certaine objectivité par rapport au point de vue choisi, séquences fictionnelles et romancées. Abordant le choc des cultures et des mentalités, Delalande et Mogavino nous dresse un tableau sans concession de la colonisation anglaise dans la péninsule indienne prise dans sa spécificité complexe. Une structure sociale de castes, des rites religieux et funéraires, tel le sati, un système matrimonial, la place de la femme, … mais également les tensions et rivalités entre les princes indiens les empêchant de s’unifier durablement face à la menace britannique.
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
De son côté, Carlos Gomez a le don de mettre en scène cette narration fluide et nerveuse. Ses cadrages larges à certaines cases, resserrés à d’autres, un découpage des planches superposant cases sur panoramas offrent un visuel vivant et dynamique. Nous suivons les protagonistes comme une mouche … blanche ou noire, voletant autour d’eux sans jamais les gêner.
Son dessin réaliste, son souci du détail, des couleurs faisant ressortir la luxuriance des palais, demeures et cérémonies indiennes, le mystère de ses jungles font merveilles au fur et à mesure des pages … à l’image des couleurs et senteurs légendaires de l’Inde.
© Delalande – Mogavino – Gomez – Delcourt
Voici donc le premier des trois volets de l’épopée de la Rani Lakshmi Bai, roturière devenue souveraine avant d’être écartée de son Royaume … dans des conditions non encore précisées … mais pressenties !
Car … « Oh non, père ! Non, crois-moi, ce n’est pas la fin … ce n’est que le début ! »
* le lapse : loi autorisant les Anglais et la Compagnie des Indes de prendre possession d’un état et de tous les biens d’un Maharadjah si celui-ci décédait sans descendance mâle.
Thiery Ligot
Titre : La séditieuse
Série : Rani Lakshmi Bai
Collection : Les Reines de sang
Tome : 1
Éditeur : Delcourt
Scénario : Arnaud Delalande & Simona Mogavino
Dessin : Carlos Gomez
Nombre de pages : 62
Prix : 15,95 €
ISBN : 9782413044482
Alors que Martine avait prévu de partir en vacances avec sa meilleure amie, Clara, cette dernière se casse la jambe avant leur départ.
Afin de garder le contact avec son amie, Martine décide d’écrire chaque jour une carte postale illustrant une vue des endroits visités journalièrement lors de ses vacances.
© Marlier – Delahaye - Casterman
C’est de cette manière que les enfants vont découvrir les plus beaux coins bretons : le Mont St Michel (une partie de la baie se trouve en Bretagne) mais également les villes de Rennes, Cancale, Saint-Malo, la côte de Granit rose, la forêt de Brocéliande, Belle-Île-en-Mer...
© Marlier – Delahaye - Casterman
Comme l’éditeur l’avait déjà proposé précédemment, le concept utilisé pour « Martine au château de Versailles » et « Martine au Louvre » est ici répliqué pour promotionner auprès des enfants et de leurs parents une des belles régions de France : la Bretagne.
© Marlier – Delahaye - Casterman
On garde les dessins créés précédemment par Marcel Marlier en y ajoutant en arrière-plan les différents paysages visités pour chacune des cartes postale sans oublier la participation de Gilbert Delahaye, le complice historique du dessinateur, pour les textes.
© Marlier – Delahaye - Casterman
En résumé, un livre agréable à feuilleter destiné aussi bien aux petits mais également aux parents.
NB : bonus en fin de livre : deux recettes proposées pour apprendre à faire des crêpes et du caramel au beurre salé.
Alain Haubruge
Titre : Martine en Bretagne
Collection : Martine, les éditions spéciales
Thème : Voyage – vacances
Édition : Casterman
Scenario : Gilbert Delahaye
Dessin : Marcel Marlier
Nombre de pages : 32
Prix : 7,50 €
ISBN : 9782203089846
Après « Stigma », voilà que Quentin Rigaud nous revient cette fois avec sa 1ère série, « Mortesève ». Toujours dans un univers singulier et original où la Nature joue le rôle principal.
Une caravane traversant une forêt dense afin de rejoindre la foire commerciale de Panarr. En chemin, Avine sent la graine qu’elle s’apprête à croquer dans sa bouche germer. Ce serait la preuve que la famille approche du Hang.
Animal gigantesque doté de pouvoirs extraordinaires, dont celui de fertiliser tout ce qui se trouve dans un rayon de 10 km autour de lui, il se déplace excessivement lentement, et ne revient que tous les 10 ans, un cycle ! Il est également toujours accompagné de gardiens. Leur mission est notamment de le colorer en vert afin de le rendre visible.
En effet, comme les 8 autres « instruments » peuplant cette planète, il est invisible à son état d’origine !
Parmi eux, Orgue ! Il est tout le contraire de Hang car sur son passage, toute vie s’éteint !
© Rigaud – Casterman
Deux cycles plus tard, Avine et sa famille se sont finalement installés à Panarr pour y ouvrir une boutique de verrerie. Ses parents se sont séparés. Elle travaille avec son père au magasin. Kahl, son frère, lui est parti depuis 10 ans afin de devenir Gardien de Hang. La formation est longue et tous ne sont pas pris.
Mais demain, c’est la fête. Hang doit être de retour. Et Kahl sera avec lui … certainement ! Elle reçoit alors une commande de dernière minute. Un cadeau pour son frère justement. Couler une petite fiole qui contiendra une étrange sève jaune trouvée dans la forêt ! Qu’est-elle ? D’où vient-elle ? Questions sans réponse …
© Rigaud – Casterman
Malheureusement, le lendemain, ni de Hang, ni de Kahl ! Pourquoi ? Simple retard ? Des raisons de s’inquiéter ? Probablement et la situation s’aggrave encore lorsqu’en se réveillant, Avine pense avoir des hallucinations. Et subitement, elle se retrouve seule … entourée de cadavres. Sa famille, ses voisins, ses amis, … meurent instantanément autour d’elle sans motif apparent si ce n’est le survol probable de Orgue !
Pourtant, elle ne meurt pas. Nouvelle énigme inexpliquée.
Aucune explication ne se présente à elle … Elle est dès lors obligée de partir à la recherche de Hang et de Kahl. Une quête qui devrait la mener à bien des questions sur son monde … et des réponses dans les tomes suivants.
© Rigaud – Casterman
Un nouvel univers aussi éloigné du nôtre que l’était celui de « Stigma » … bien que diamétralement à l’opposé de celui-ci ! Des « instruments » comme régulateurs de ce monde rural où l’écoute de la Nature est encore la clé de la vie.
Ce nouveau récit à la fois initiatique et écologique continue à refléter les mêmes thèmes, préoccupations de l’auteur.
© Rigaud – Casterman
Quentin Rigaud nous entraîne ainsi dans une réflexion humaniste sur la vie, la mort et l’après-mort. Après « Stigma », le voici nous reproposant un univers différent, autre, régit par des lois propres. A mi-chemin d’un récit fantastique ou merveilleux, il y fait naître créatures extraordinaires, végétation luxuriante, êtres vrais en quête de vie, de vérité et de réponses.
Un premier tome allant crescendo, posant calmement son décor, son environnement pour s’achever avec quelques rebondissements annonciateurs de multiples possibilités de développement.
© Rigaud – Casterman
Côté graphisme, Quentin poursuit dans le style de « Stygma » auquel on finit par s’habituer aisément au fur et à mesure des pages, dont certaines pleines, voire doubles nous rassurent sur la maîtrise de son stylet. Détails, paysages, personnages, expressions, … sont parfaitement mis en valeur par une mise en couleur vivifiante et lumineuse, renforçant l’ambiance de la narration.
© Rigaud – Casterman
Bref, un premier tome engageant, s’achevant sur une dernière page muette mais pleine d’interrogations.
Thierry Ligot
Titre : Hang & Orgue
Série : Mortesève
Tome : 1
Éditeur : Casterman
Scénario : Quentin Rigaud
Dessin : Quentin Rigaud
Nombre de pages : 160
Prix : 22,00 €
ISBN : 9782203248045
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