"-Oscaaaaaar ?! Où est encore passé ce petit courant d'air ?
-Tu m'as appelé, maman ?
-Dis donc, toi ! Tu as disparu sans prévenir !
-C'est parce que j'étais avec ma copine Mitsuko !"
Oscar, le fils de la nouvelle boulangère du village de Klervi, a une bien drôle de fréquentation. Qui est cette amie Mitsuko avec qui il était ? Sa mère s'inquiétait. Il est tard. C'est l'heure du goûter et il a encore ses devoirs à faire. Mitsuko n'est pas très bavarde. La boulangère l'a aperçue en train de fouiller les poubelles d'en-face alors qu'elle vidait la sienne. Les habitants savent vaguement que c'est une petite orpheline. Sa mère n'était pas d'ici et son père serait Séraphin, le garde-forestier. Les gens la prennent pour une marginale. Toujours est-il qu'elle a des oreilles de renard et qu'une queue du même acabit sort de sa jupe fuchsia. Seul Oscar la considère. Il la fait rire et l'invite même à goûter dans sa cabane. Cependant, il ignore qu'elle a un secret.
© Clément, Leng - Delcourt
Neuvième conte des cœurs perdus signé Loïc Clément. Comme pour les précédents, le scénariste écrit une histoire tout en sensibilité, une ode à la tolérance et au vivre ensemble. Avec Mitsuko, il reprend le mythe de l'enfant de la forêt, faisant de la jeune femme une Huckleberry Finn au féminin. Elle fait des incursions en ville où la population ne veut pas trop d'elle. Elle habite une cabane dans les bois avec son père, veuf, un marginal qui n'arrive pas à communiquer avec elle. D'ailleurs, ses oreilles et sa queue de renard, est-ce un déguisement ou de réelles parties de son corps ?
C'est Anne Montel qui a fait découvrir à Loïc Clément le travail de Qin Leng, illustratrice et autrice d'albums pour enfants. Elle a beaucoup travaillé pour la télévision. Elle a illustré des livres, des magazines, réalisé des couvertures, pour des éditeurs du monde entier. Elle vit à Toronto. Séduite par le concept des Contes des cœurs perdus, elle a accepté de dessiner cette fable avec une grande délicatesse. C'est sa toute première bande dessinée, mais elle a déjà un nouveau projet de one shot en route avec Loïc Clément.
© Clément, Leng - Delcourt
Mitsuko est une histoire sur l'acceptation de la différence. Ce n'est pas parce que quelqu'un n'est pas comme nous qu'il faut s'en moquer, le chasser ou en avoir peur. Comme le montre la sublime couverture, Mitsuko est un récit de cassures, de brisures, qu'il faudra certainement recoller, au figuré comme au propre. Mitsuko est aussi une histoire sur le deuil, sur la communication pas toujours facile entre ceux qui restent. Entre tous les personnages, seul Oscar pourrait faire le lien, le fil de la vie, par son empathie, par son innocence, par sa simple présence. Souvent, c'est de l'enfance ou des enfants que viennent les solutions. Ha, aussi, il est question d'art dans cette histoire, d'art qu'on laisse en héritage, mais on ne peut en dire plus sans être trop indiscret. Juste que l'art, ça peut sauver des vies.
© Clément, Leng - Delcourt
Neuf albums et pas une fausse note. Les contes des cœurs perdus est une série d'anthologie remarquable par ses récits dont aucun ne ressemble à un autre mais où tous sont réunis par une grande humanité.
Laurent Lafourcade
Série : Les contes des cœurs perdus
Tome : 9 - Mitsuko
Genre : Fable poétique
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Qin Leng
Éditeur : Delcourt
Collection : Jeunesse
ISBN : 9782413077404
Nombre de pages : 40
Prix : 11,50 €
"-Oui. Je chante ce soir au Kursaal de Klow… Vous plairait-il de m'entendre maintenant ?...
-Très volontiers…
-Ah ! Je ris de me voir si be-e-elle en ce miroir !... Est-ce toi Mar-gue-ri-te ?
-Heureusement, les vitres sont solides !..."
Lorsque Tintin monte dans la voiture de la Castafiore au beau milieu du Sceptre d'Ottokar, ni lui, ni Hergé, ni les lecteurs ne se doutaient qu'il venait de rencontrer celle qui deviendra l'un des personnages les plus mythiques du Neuvième Art. Après la biographie non autorisée signée Albert Algoud, Pierre Bénard, déjà auteur d'ouvrages sur Moulinsart et sur Tournesol, s'attaque à la cantatrice. Contrairement et complémentairement à la disgression humoristique d'Algoud, Bénard analyse objectivement la carrière et le caractère du rossignol milanais, "celle qui rit de se voir si belle" en son miroir.
© Bénard – 1000 sabords
"Casse-pieds émouvante, fléau secourable, grande artiste admirée, courtisée… et évitée", Pierre Bénard définit ainsi celle qui finalement apparaît seulement dans neuf albums, dont certains où elle fait des apparitions furtives. C'est dire si la Castafiore a une puissance hors du commun. C'est donc dans la forêt Syldave, au tout début de l'année 1939, que Tintin est amené par la Cadillac de la cantatrice de la Scala de Milan. Il n'y restera pas bien longtemps. Etourdi par son chant, il prétexte avoir oublié quelque chose dans une auberge pour se faire déposer.
© Bénard – 1000 sabords
L'auteur de l'essai compare ensuite cette rencontre avec celle faite par Tintin avec les autres personnages principaux de l'univers hergéen. On n'assiste pas à l'instant même du premier regard, ce qui laisse une impression un peu fabuleuse. La Castafiore "naît" dans la forêt, comme un personnage de conte.
Bianca ne peut se passer de chanter. C'est une boîte à musique. Bénard fait remarquer que l'air des bijoux du Faust de Gounod revient comme un écho d'album en album. Si la Castafiore ne peut pas être qualifiée d'affriolante, elle n'en reste pas moins femme, au moins en apparence ajoute l'exégète sans vraiment prendre position par rapport à la théorie d'Albert Algoud selon laquelle ce serait un homme. Lorsque Tintin la retrouve quelques pages plus loin, on assiste à l'une des scènes mythiques de la série où Tintin brise une verrière avant de tenter de prévenir le roi Muskar qu'un attentat se prépare.
La Castafiore reviendra donc épisodiquement dans les aventures de Tintin (et surtout dans les dernières) comme le fameux sparadrap du Capitaine Haddock qu'il n'arrive pas à se détacher des mains. Lequel Capitaine ne manquera pas d'imagination pour établir tout un tas de surnoms à la chanteuse, qui elle-même ne parvient jamais à dire correctement le patronyme du marin. Cataclysme, catastrophe ou autre cataplasme enfleuriront le patronyme de Bianca.
© Bénard – 1000 sabords
Dans une minutie impressionnante, Pierre Bénard se demande si elle est une fée ou une sorcière. Entre apparitions salutaires et mauvaises relations, Bianca gère sa carrière. Comment ne pas s'attarder sur cet album hors du temps qu'est Les bijoux de la Castafiore ? Le personnage explose en rayonnant dans le château. Elle y est mélodieuse et culottée. Igor, Irma, le ara, la pie, sont autant d'acteurs déterminants dans ce huis-clos qui fit figure d'album particulier dans la collection des aventures de Tintin. Bénard s'attarde ensuite entre autres sur les rapports entre la Castafiore et le Capitaine Haddock dans un chapitre judicieusement intitulé La signora Haddock. En conclusion, l'essayiste revient sur la personnalité multiple de cette Florence Foster Jenkins dessinée et termine avec une note d'émotion.
"Il faut absolument que je chante !" dit la Castafiore lors de sa dernière apparition officielle dans Tintin et les Picaros. Chantez, mais n'oubliez pas de lire. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
One shot : Bianca Castafiore Celle qui rit de se voir si belle
Genre : Ouvrage d'étude
Auteur : Pierre Bénard
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744158
Nombre de pages : 142
Prix : 15 €
"-Encore un p'tit dernier, collègue… Euh, comment tu t'appelles, déjà ?
-Fonce-Bouchure, pour vous servir !
-Approche, Fonche-Boussure, maintenant qu'on est cochons comme copains, j'vais te l'dire, mon secret… En Normandie, le 6 juin, va y avoir un grand ravalement, euh non, un grand chambardement, non, zut, euh…"
Mai 1944, à Bricourt-sur-patte en pleine occupation allemande, Fonce-Bouchure arrive à vélo au petit bar de Babette. Une voiture percluse de balles façon gruyère est stationnée devant l'établissement. Elle appartient à Diane, une aristocrate pomponnée, et sa petite troupe, dont Loïc, un ami de longue date, costard-cravate, diplomate au Quai d'Orsay. Après quelques verres de Pousse d'Epine, un nectar local, ce dernier dévoile qu'un événement va se produire le 6 juin en Normandie : les Alliés s'apprêtent à débarquer. "Mais chut, c'est un secret…" Un débarquement, depuis le temps qu'on l'attendait. Faut prévenir Maurice ! La fine équipe décide de filer un coup de main aux alliés. Direction la Normandie ! Il ne faudrait pas que ce traître de quincailler qui a tout entendu au comptoir prévienne l'ennemi.
© Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD
La double bande, celle de Diane et la fine équipe, vont se diviser en deux. Une partie va partir avec la camionnette Citroën de Maurice pour faire sauter les ponts et ainsi empêcher les nazis d'avancer. Les autres vont rafistoler l'avion qu'ils ont piqué aux boches il y a trois ans. Il y a du boulot. Il est bancal et orné d'une Swastika. Opération bricolage et peinture en perspective, ce qui vaudra au moyen de transport une très originale couleur rose, ceci dit sans spoiler puisqu'on le voit en couverture.
Fred Coicault et Jean-Christian Fraiscinet poursuivent les aventures des personnages issus du spectacle éponyme de plein air joué chaque année, en juin, à la ferme théâtre de Bellevue, à Villentrois-Faverolles en Berry dans l'Indre, fresque humoristique sur la résistance. Le scénario écrit à quatre mains est mené tambour battant et l'histoire se lit à la vitesse des événements. La lecture s'accélère sans qu'on ne puisse rien y faire. C'est étonnant. On est en pleine immersion. La scène de l'avion de la fine équipe le Day-D est un grand moment d'action et d'humour comme on en fait peu. On se surprend à rire tout fort. Les dialogues sont finement écrits. Audiard n'aurait pas renié certains d'entre eux. L'émotion est également au rendez-vous lorsque la camionnette des dynamiteurs traverse le village dévasté d'Evrecy. Au dessin, Coicault est de ces dessinateurs au style franco-belge de la meilleure époque. Ça pulse.
© Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD
La série est aussi un hommage à de grands films du cinéma français. Quand les "plastiqueurs" s'occupent de dynamiter les ponts, on ne peut s'empêcher de se remémorer à la réplique culte de La septième compagnie : "Le fil rouge sur le bouton rouge, le fil vert sur le bouton vert." Ici, elle n'y est pas, mais les protagonistes ne sont pas tout le temps plus adroits. Quand il est question de bouquet de marguerites, on aperçoit case suivante Fernandel et la justement nommée Marguerite de "La vache et le prisonnier". Il y a aussi Bourvil, tout droit sorti du Mur de l'Atlantique. Clin d'œil également à Charles Trenet, à Roch Voisine (incroyable !), ainsi qu'à Benny Hill dans une dynamique et dynamitée scène de poursuite comme on en voyait en fin de chaque épisode sur la musique Yakety Sax de Boots Randolph et James Rich.
© Coicault, Fraiscinet, David - CasaBD
A présent que la France se libère, on espère que La fine équipe n'a pas fini d'en découdre avec les troupes allemandes. Qui sait ? Peut-être qu'on les retrouvera quelques mois plus tard à la capitale ou bien en Allemagne au Nid d'Aigle ? En attendant, fêtons avec eux les quatre-vingt ans du débarquement.
Laurent Lafourcade
Série : La fine équipe
Tome : 2 – Débarquement à Juno Beach !
Scénario : Fred Coicault & Jean-Christian Fraiscinet
Dessins : Fred Coicault
Couleurs : Sophie David
Éditeur : CasaBD
ISBN : 9782380584837
Nombre de pages : 48
Prix : 15,95 €
"-Le gamin ! Que quelqu'un éloigne le gamin !
-Faut pas qu'il voie sa mère comme ça !
-Allons, Carlitos. J'ai fait de buñuelos. Viens, j'te dis !
-Je m'en occupe, Cecilia !
-Ah, Don Alejandro, Dieu vous bénisse ! Vous arrivez à point nommé !"
1948. Carlos Moreno Vargas est un jeune homme qui vient de quitter l'Espagne pour la France, espérant y trouver du travail. Dans le compartiment, une dame, Jocelyne, lui propose de travailler pour elle dans son épicerie à Perpignan. Quand ses camarades lui demandent d'où lui vient cette cicatrice qui traverse la paume de sa main gauche, Carlos repense à ce jour où, à Barcelone, il découvrait à huit ans le cadavre de sa mère, assassinée, dans les décombres de sa maison. Il était encore enfant. Son père, lui-même épicier, ne pouvant être très disponible pour lui, la riche famille catalane de Don Alejandro lui offre un second foyer. C'est là où il va lui-même se lacérer la main, tout comme le bas-ventre de sa mère était lacéré d'une croix. Elle n'est que la première victime d'un tueur en série. Il grandit dans une Espagne franquiste avant de quitter son pays natal pour la France où il ne restera pas longtemps. Son père le rappelle. S'il savait…
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents - Dupuis
Comme souvent, c'est dans des périodes politiques troubles que les tueurs en série profitent des désordres publics pour œuvrer. Ils deviennent alors le symbole d'une société sous emprise, en l'occurrence le fascisme franquiste espagnol. Il faudra plus à Carlitos pour l'empêcher de tracer son destin. Il va se marier avec Paula, la fille de Don Alejandro, après s'être enrichi grâce à un trafic de marchandises entre la France et l'Espagne. Il deviendra un riche industriel catalan, n'hésitant pas à s'intégrer du côté obscur de la ville en devenant l'un des principaux artisans de la pègre barcelonnaise. En suivant le destin de Carlitos, on assiste à l'éclosion et au crépuscule d'une époque meurtrie de l'Histoire de l'Espagne, au milieu des politicards, des flics, des putes et des gangsters.
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents - Dupuis
Denis Lapière et Gani Jakupi écrivent une fresque familiale dense. Prévu à l'origine pour une série de six albums, le projet a été reformaté pour un long one-shot publié la prestigieuse collection Aire Libre. Ça se ressent tellement les personnages sont nombreux, avec chacun une personnalité bien définie. Si on regrette la longueur qu'aurait pu prendre la saga collégiale, l'histoire a certainement gagné en efficacité. A la manière des romans d'Armistead Maupin faisant de San Francisco l'héroïne de ses récits, dans un tout autre style, c'est ici Barcelone qui est le personnage principal.
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents - Dupuis
Trois dessinateurs se partagent les illustrations dans une unité parfaite. C'est le manque de disponibilité de Ruben Pellejero (à cause de sa reprise de Corto) qui a conduit au reformatage du projet. Il a cependant pu y participer aux côtés de Martin Pardo et de Eduard Torrents.
Histoire de filiation, histoire d'héritage lourd à porter, histoire de secrets lourds à cacher, Barcelona, âme noire est une histoire dans l'Histoire. Sergio Leone aurait pu en faire un Il était une fois en Espagne.
Laurent Lafourcade
One shot : Barcelona, âme noire
Genre : Polar
Scénario : Denis Lapière et Gani Jakupi
Dessins & Couleurs : Martin Pardo, Ruben Pellejero & Eduard Torrents
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9782800162218
Nombre de pages : 148
Prix : 27,95 €
"-Police ! Bouge pas, petit merdeux !
-Hé, mec… C'est pas ma faute… Ils me…
-Ferme ta gueule. Qui a commencé, je m'en tape… Le problème, c'est toi.
-Héé !"
Pelican Road, été 1984. Une rixe oppose trois jeunes gens. Karina reproche à Sid de l'avoir larguée. Tommy s'en mêle. Sid gifle Karina. Tommy s'interpose. Sid lui explose la face. "On se sent impuissant quand la violence se déchaîne. Sauvé par le gong. Palmer, le flic du coin, se pointe et met les choses en ordre en ordonnant à Sid de se casser sous peine de l'envoyer en taule pour trafic de crack ou de coke. Missis Wilson, la commère du quartier, a tout vu, tout comme Toni, la femme délaissée du Docteur Ted Melville, psychiatre de son état. Mais elle n'est pas si délaissée que ça parce qu'elle se réchauffe dans les bras de Palmer. Ajoutons à tout ce petit monde Lila Nguyen, une gamine déguisée en super-héroïne qui fourre son nez partout, Ranko, un vétéran sans abri, et Jack Foster, un détective privé qui pose des questions auxquelles tout le monde n'a pas forcément envie de répondre.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt
Changement d'ambiance avec Damn them all. Place au thriller ésotérique. Oncle Alfie est mort. Sa nièce Ellie Hawthorne est détective de l'occulte. Elle est aussi révérende et s'est chargée des obsèques de son tonton. Ne quittant jamais son marteau, elle croît à toutes les superstitions. La bande de mafieux de Frankie Wax tient les rênes de la ville. Mais quand les soixante-douze démons de l'Ars Goetia se déchaînent, il va bien falloir que quelqu'un se charge de les renvoyer dans leurs foyers. Ellie Hawthorne va tenter de remplir la mission, aidée, ou pas, par la bande de Frankie Wax afin de renvoyer les esprits de la dimension des mortels, avec au milieu de tout ça une inspectrice qui, comme le lecteur, essaye de comprendre ce qui se passe.
© Spurrier, Adlard, Dodgson – Delcourt
Les Desperate Housewives de Wisteria Lane n'ont rien à envier au microcosme de Pelican Road. Le scénariste Ed Brubaker offre un nouvel exercice de style incroyable. Commençons par le titre, énigmatique, "Là où gisait le corps". On s'attend à un whodunit tout ce qu'il y a de plus classique. Et bien non. Le corps va mettre 102 pages à apparaître. Toute la première partie est comme un puzzle que l'on commence en assemblant tous les contours. Un plan des lieux est placé en introduction, ainsi que les portraits des neuf principaux protagonistes du récit. On se plaît à essayer de deviner lequel d'entre eux sera le fameux corps, à moins que ce ne soit quelqu'un d'autre qui n'y est pas représenté ? Les personnages s'adressent aux lecteurs comme si ces derniers les interrogeaient. Après avoir découvert le final, désarmant, dans la postface, Brubaker expose sa démarche scénaristique. Ce type est un génie. Au dessin et aux couleurs, le père et le fils Phillips imposent leur style. Si le graphisme est irréprochable, il reste classique mais est transcendé par une colorisation qui prend une importante part artistique à l'album, avec ses aplats et ses ombres qui déstructurent parfois les images.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt
Avec Damn them all, à la manière de Robert Kirkman, le scénariste Simon Spurrier profite du sujet pour dénoncer des problématiques sociétales, et en particulier une Amérique gangrénée par une violence inouïe et la consommation de drogues dont tout le monde est responsable mais dont les coupables ne sont pas forcément qui l'on croit. Spurrier insuffle un côté ésotérique majeur au récit, intercalant des extraits d'archives d'Alfred Hawthorne, immergeant dans la mythologie démoniaque. Les zombies de The walking dead laissent place aux démons de l'Ars Goetia. Charlie Adlard relève le défi en les animant avec autant de tension que les zombies. Ce qui est étonnant, c'est de voir ses dessins en couleurs. Il faut dire qu'elles sont quasiment nécessaires pour mettre en vie ces forces de l'au-delà. Avec des effets colorimétriques stroboscopiques, Sofie Dodgson les met littéralement en relief.
© Spurrier, Adlard, Dodgson – Delcourt
Charlie Adlard a redonné ses lettres de noblesses au Comics américain avec The Walking Dead. Il se remet en question et enfonce le clou, ou plutôt le marteau, avec Damn them all. Les auteurs de Reckless nous avaient déjà épatés avec Night Fever. Avec Là où gisait le corps, le trio Brubaker-Phillips-Phillips s'installe définitivement dans la liste des auteurs majeurs de la bande dessinée internationale. On pourrait inventer pour eux le premier grand prix d'Angoulême décerné à un groupe d'artistes indissociables.
Laurent Lafourcade
One shot : Là où gisait le corps
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413083054
Nombre de pages : 144
Prix : 17,95 €
Série : Damn them all
Tome : 1
Genre : Thriller ésotérique
Scénario : Simon Spurrier
Dessins : Charlie Adlard
Couleurs : Sofie Dodgson
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413082668
Nombre de pages : 188
Prix : 16,95 €
"-Je dois reconnaître que les missions spéciales me manquent, mon colonel !
-Ah, ah, ah ! Sacré John ! Eh bien, figure-toi que je suis venu t'en donner une, de mission !
-C'est vrai ?"
Reclus en pleine jungle, John Rimbaud s'occupe pendant sa retraite. Alors il pose des pièges partout, il tape sur plein de méchants, il sauve des gentils, il rattrape les bêtises de son éléphant Victor. Comme les missions spéciales lui manquent, lorsque le Colonel Troup arrive en hélicoptère pour lui en proposer une bien particulière qui pourrait être la plus éprouvante de sa carrière, il n'a même pas peur. Rimbaud se voit confier l'éducation de Jeanne, la propre fille du colonel. Elle a l'air ravie ! Elle voyait le héros militaire plus beau et mieux habillé. Elle préfère l'éléphant. Et puis, difficile de capter du réseau. Qu'à cela ne tienne ! Le paternel repart, laissant sa rejetonne dans les mains de l'aventurier. Entre les deux, ça va être "Je t'aime, moi non plus…"
© Dab's, Gom - Bamboo
Dans la catégorie "BD dans la jungle catégorie humour", on n'avait jamais rien lu d'aussi chouette depuis Boulouloum et Guiliguili, rebaptisée plus tard Les jungles perdues, par Mazel et Cauvin. Le mini-Tarzan et son gorille laissent ici place à un ersatz de Rambo, cent kilos de muscles, le cerveau formaté pour survivre mais faut pas lui en demander plus, et son exact opposé, son alter ego antinomique, une gamine dont la vie se résume à son smartphone. Troisième pilier de ce duo, l'éléphant Victor joue le rôle de la coccinelle de Gotlib ou du chat de Léonard. La bestiole est à mourir de rire, se brossant les défenses avec du dentifrice ou cassant une liane à cause de son poids. Quelques vilains méchants pas beaux mettent un peu de piment en ajoutant, s'il en fallait, du danger dans ce milieu hostile.
© Dab's, Gom - Bamboo
Après Tony et Alberto, puis Nino et Rebecca, Dab's créé un nouveau duo complètement barré. Comme d'habitude dans ses images hyper dynamiques, les coups, les chutes et les bosses pleuvent de tous côtés. Dab's, c'est le Tex Avery ou le Chuck Jones du franco-belge. Même si l'on se contentait de regarder les images sans lire, on est morts de rire. Contrairement aux autres séries, l'auteur se lance pour la première fois dans la grande aventure. Il aime les films de Stallone et de Bruce Willis, sinon il n'aurait jamais pu imaginer les aventures de John Rimbaud. Pour autant, le personnage n'est pas un Rambo qui ferait de la poésie. Chez lui, ce sont les uppercuts qui riment entre eux.
© Dab's, Gom - Bamboo
Avec Crash Tex, série de gags publiée dans Spirou et dont on espère un album, et John Rimbaud, Dab's tient là deux séries qui pourraient bien devenir des best-sellers. Même si on a mal pour ses héros, on a un plaisir sadique à les voir prendre des coups et en donner.
Laurent Lafourcade
Série : John Rimbaud
Tome : 1 – Une saison en enfer
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Dab's
Couleurs : Gom
Éditeur : Bamboo
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
"-Quel temps de chien ! Quand je pense qu'à l'heure qu'il est, cette peste de Seccotine se dore la pilule à La Havane !
-Cesse de râler, veux-tu ! Réjouis-toi plutôt qu'on nous ait confié ce reportage : avec la présence de Castro, ce sommet de l'ONU promet d'être historique !"
Spirou et Fantasio débarquent à New-York afin de couvrir un historique sommet de l'ONU, avec la présence du cubain Fidel Castro. Pendant ce temps, Seccotine est sur place à La Havane pour comprendre comment se passe la révolution au quotidien. Pour les uns, comme pour les autres, rien ne va se passer comme prévu. A peine arrivés à l'aéroport, Spirou et Fantasio retrouvent l'agent Longplaying, qu'ils ont rencontré deux ans auparavant dans l'affaire du prisonnier du Bouddha. Ils lui apportent le générateur atomique Gamma amélioré par le Comte de Champignac. L'appareil émet un rayon qui peut déplacer des objets et accélérer la croissance des végétaux. Pris pour un agent américain de la CIA, Spirou est enlevé par les cubains. De son côté, quelques jours plus tard, Seccotine rencontre Che Guevara qui l'invite à une fête organisée par Castro pour l'anniversaire de son fils Fidelito. Elle va y retrouver par hasard Fantasio, déguisé en clown, ainsi que Spip et le Marsupilami, qui recherchent la trace de Spirou.
© Elric, Baril, Lemoine - Dupuis
Un album de Spirou avec le groom absent pendant exactement la moitié de l'histoire, il fallait oser. Les auteurs donnent la vedette à Fantasio et Seccotine, qui jouent un duo d'enquêteurs-aventuriers bien complémentaires. En guests, Spip et surtout le Marsupilami jouent leurs rôles d'acolytes en toute discrétion mais efficacité quand il le faut. Gare à qui se prendra la queue du Marsu en pleine poire quand il s'agit de défendre ses maîtres. Les personnages vivent la marche du monde. Ils vont être les acteurs malgré eux du débarquement raté à Cuba, à la baie des Cochons, par la CIA en 1961, pour faire tomber Fidel Castro. Les lecteurs du journal Spirou auront été chanceux. Pour honorer ce revival Spirou époque années 60, les lecteurs de l'hebdomadaire ont bénéficié d'une couverture sublime, à la couleur du magazine à l'époque, avec une demi-planche introductive à l'histoire qui n'apparaît pas dans l'album
© Elric, Baril, Lemoine - Dupuis
Après avoir repris Iznogoud avec talent, Elric entre dans la maintenant longue liste des dessinateurs de Spirou avec tout autant de professionnalisme. Dans un style franco-belge de la meilleure tradition, il s'empare de l'univers de Franquin période début des années 60. Certaines attitudes du Marsu semblent tout droit sorties des Pirates du silence ou du Voyageur du Mésozoïque. Outre à Franquin, l'œil aiguisé remarquera des clefs d'œil appuyés à Hergé, avec un Fidelito qui n'a rien à envier à Abdallah, à Uderzo, avec un coq qui réveille un campement et qui a l'air de venir d'un village gaulois, ou encore à Morris, avec un chef rebelle qui, à part le nez, à tout dans l'attitude et les costumes de Lucky Luke. Au scénario, le trio Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril offre une vraie grande aventure. C'est là qu'on voit que les 62 planches, c'était quand même beaucoup plus dense et efficace que les 44. (Raisons économiques, quand vous nous tenez !) A part quelques raccourcis un peu abrupts comme l'enlèvement de Spirou où on a l'impression qu'il manque des planches, ils s'en sortent fort bien. Pas de temps mort. On fonce. Ils prennent le risque d'introduire des personnages historiques ayant existés (Le Che, Castro, JFK) ancrant l'histoire dans son temps. Ça fonctionne. Yann et Schwartz, ainsi que Bravo, l'ont bien fait.
© Elric, Baril, Lemoine - Dupuis
Dans un album qui n'a jamais vu le jour, Tome et Janry avaient prévu d'envoyer Spirou à Cuba. Quelques années plus tard, mais quelques années avant, sous une couverture à mi-chemin entre celle du Prisonnier du Bouddha et celle de Z comme Zorglub, cette histoire se situant justement entre les deux, Elric, Lemoine et Baril ajoutent cette pièce manquante au puzzle dans une toute autre intrigue inaugurant une nouvelle série Spin-off de Spirou : Les aventures de Spirou et Fantasio classique. La collection intègrera la réédition de Spirou chez les Soviets par Tarrin et Neidhardt (scénariste du prochain Tuniques bleues, soit dit en passant). Sont déjà prévus un nouvel album de Tarrin sur scénario de Trondheim, ainsi qu'un autre album du trio de La baie des cochons avec Zorglub. Un beau programme en perspective.
Laurent Lafourcade
Série : Les aventures de Spirou et Fantasio Classique
Tome : La baie des cochons
Genre : Aventure
Scénario : Elric, Clément Lemoine & Michaël Baril
Dessins & Couleurs : Elric
Éditeur : Dupuis
ISBN : 97828008501941
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €
"-Attenzione ! Voilà la patronne !
-Capitaine !
-Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ?
-Moi ?... Mais… Heu…
-Personne n'a touché au corps ?
-Personne ! Le légiste est en route !"
Côte italienne, le corps d'une jolie blonde est découvert sur une plage. Les carabinieris sont déjà sur place. Sophia Stromboli, leur Capitaine, arrive. C'est toujours les jours où elle n'est pas en service que l'on découvre un cadavre. Sur celui-ci, elle trouve une photo d'elle en uniforme. C'est alors qu'elle aperçoit un observateur caché derrière un pin. Elle le pourchasse, chute lourdement. Il la laisse inanimée avant de se volatiliser. Quelques jours plus tard, alors que Sophia est toujours dans le coma, son amie la journaliste Sandra Ricci prend les choses en main pour retrouver Midas, un tueur en série qui s'était fait oublier et qui semble bien de retour. Entre flics et mafieux, il va falloir beaucoup de perspicacité pour déjouer les faux-semblants.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir
Après Natacha et Rubine, François Walthéry lance-t-il encore une nouvelle série ? Ce n'est pas lui mais son ami André Taymans qui est à l'initiative de ce qui est pour l'instant un one shot : Sophia Stromboli. Lancée à l'origine dans le périodique L'Aventure, l'histoire est dessinée à quatre mains. Taymans crayonne, Walthéry encre en y ajoutant sa patte. La symbiose est impeccable. Taymans écrit un récit qui se rapproche de l'univers de Rubine mais avec une touche de la personnalité des personnages de Caroline Baldwin, comme s'il se plaçait à mi-chemin entre les deux univers. Le journal L'Aventure ayant cessé de paraître, André Taymans demande un coup de main à sa fille Johanna, déjà co-scénariste d'un épisode de Caroline Baldwin, d'imaginer la conclusion de Sophia Stromboli. Elle invente alors un plan validé par les co-dessinateurs.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir
L'univers de Sophia Stromboli est moderne et dans l'air du temps. Sandra Ricci n'est pas une simple journaliste, c'est la compagne de la flic. Ici, personne n'est ni tout noir, ni tout blanc. Ricci côtoie un monde mafieux qui à la fois la protège et à la fois lui permet d'avancer dans son enquête. Sous les traits de Lino Ventura, le justement dénommé Lino a ce rôle d'ange gardien, ou plutôt de diable gardien, car le père de Sophia était des leurs. La traque de Midas va se clore dans cet album, mais on va bien que des indices sont laissés, ne demandant à l'univers qu'à être développé dans une série. Le livre se termine par un making of. Le format à l'italienne donne une dimension originale et peu commune à cette histoire dont le personnage titre est quand même absent pendant la majeure partie du temps.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir
Ciao poulette !, l’énoncé sonne comme un au revoir. On a plutôt envie de dire Hello à Sophia Stromboli, qu'on attend on l'espère dans d'autres enquêtes où elle serait vraiment sur le devant de la scène.
Laurent Lafourcade
One shot : Sophia Stromboli – Ciao poulette !
Genre : Thriller
Scénario : Johanna & André Taymans
Dessins : François Walthéry & André Taymans
Éditeur : Editions du Tiroir
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
"-Voyons quel goût ça a ?
-Non ! Ne me mange pas !
-Allons bon…
-C'est vrai qu'il est un peu petit… Tu pourrais le remettre à l'eau.
-J'avoue… Pour un champion de pêche, j'aurais pu faire mieux… Allez, file, petite larve !
-Non ! Pas la rivière ! C'est hyper dangereux !!"
Glouton vient d'attraper un saumon. Il s'apprête à le croquer lorsque celui-ci le supplie de ne pas le faire. Mèdor constate qu'il est effectivement un peu petit. Pour autant, le poisson, qui vient de la mer, ne veut pas être mis dans la rivière, c'est trop dangereux, et ne veut pas non plus rester hors de l'eau parce qu'il étouffe. Qu'est-ce qu'il est pénible ! Alors que Glouton décide de finalement le gober, le saumon l'attendrit en lui racontant qu'il a perdu sa bien-aimée Lulu33 dans la foule. KévinduYukon101, c'est ainsi qu'il s'appelle, a-t-il sauvé sa peau ? Avec des prénoms d'un tel ridicule, c'est pas gagné. Quand deux loups se moquent de Glouton pour une si petite prise semblable à une sardine, celui-ci est piqué au vif. Puisque c'est comme ça, il fait le pari d'amener Kévin au commencement de la rivière pour s'accoupler. C'est parti pour la remontada !
© B-Gnet - BD Kids
Après la fiesta à l'école, les élèves de Chihuahua partent en classe de neige. Les élèves sont tous des monstres, même s'ils n'en ont pas tous l'apparence, sauf Paul. Mais les autres pensent toujours qu'il est un loup-garou derrière son aspect de petit garçon. Gilbert, lui, c'est clair. Une grosse boule orange qui marche sur les mains, c'est moins commun dans le paysage. Les voilà donc partis en bus avec leurs camarades. Une fois sur place, il va falloir faire attention, surtout quand ils vont croiser une piste de ski du monde humain. Et quand la petite cyclope va se faire enlever, ses copains vont tout mettre en œuvre pour la retrouver.
© Nob – BD Kids
Mettons l'humour de côté pour un tout autre voyage. Tous les mercredis, Louison va chez sa mamie et son chat Gaspard. Elle y retrouve Noham, qui est un peu comme son petit frère et dont la mamie est une copine de celle de Louison. Leurs balades sont des petits voyages fantastiques, avec des rencontres magiques. Croiser un écureuil dans un chêne géant, échapper à un crapaud au fond d'un lac ou traverser la jungle au bout du jardin, c'est possible. Louison et Noham le font.
© Bordier, Rubini – BD Kids
Avec le septième tome de Glouton, B-Gnet invente le River Movie. Glouton et KévinduYukon101 vont rencontrer toutes sortes d'animaux : des ours, des castors, des aigles,… Le danger est dans le lit… de la rivière. B-Gnet est l'un des meilleurs scénaristes comiques du moment. Glouton est poilu. La série est poilante.
Le quatuor Jousselin-Nob-Obion-Trondheim ne ménage pas les élèves et les encadrants de l'école Chihuahua. Les auteurs se les renvoient les uns aux autres de planches en planches pour un délire enneigé. Les gagnantes du concours de dessins organisé précédemment voient leurs monstres intégrés dans l'album.
Si Glouton et Chihuahua jouent la carte de l'humour, La forêt de Louison joue celle de la poésie. Elsa Bordier a lu Maurice Carême et Erich Kästner. On pourrait presque y croiser une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête le 35 mai. Avec ses personnages à mi-chemin entre Bernadette Desprès et Anne Hofer, Stéphanie Rubini met en image ce Louison au pays des merveilles.
Dans le Grand Nord canadien, à la neige ou en forêt, BD Kids amène les jeunes lecteurs dans des univers divers et variés, drôles et tendres. C'est bien qu'il y ait des éditeurs qui fassent encore rêver.
Laurent Lafourcade
Série : Glouton
Tome : 7 – Rencontre au saumon
Genre : Nature sauvage
Scénario, Dessins & Couleurs : B-Gnet
Éditeur : BD Kids
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
ISBN : 9791036366079
Série : Chihuahua
Tome : 4 - Une classe de neige bien givrée
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Jousselin, Nob, Obion & Trondheim
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036353116
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
Série : La forêt de Louison
Tome : 1 – Le mercredi, c'est magique !
Genre : Humour
Scénario : Elsa Bordier
Dessins & Couleurs : Stéphanie Rubini
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036366062
Nombre de pages : 72
Prix : 10,50 €
"-Pepper !!
-Là-bas ! Il est parti par là-bas !"
Smartphone en main et casque sur les oreilles, Poppy, une jeune fille, adolescente, sort promener son chien Pepper. Attiré par un renard qui s'était aventuré dans le monde civilisé, le chien le prend en chasse et sa maîtresse ne peut contenir sa laisse. La voilà partie à la course dans la forêt derrière son chien lui-même aux trousses du goupil. Alors qu'elle l'appelle, elle est conseillée par Rob, un jeune homme qui lui dit l'avoir aperçu dans une direction. Le garçon semble bien connaître la zone et réussit à amadouer et rattraper le chien. Ce n'est que la première rencontre bucolique entre Poppy et Rob. Il y en aura d'autres. A chaque promenade. En attendant, Poppy rentre chez elle. Elle retrouve sa mère endormie sur le canapé. Elle lui retire un mug de thé des mains pour ne pas qu'il tombe et lui remonte une couverture jusqu'aux épaules.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Le lendemain, c'est volontairement que Poppy entre dans la forêt. Pepper est ravi de retrouver Rob. Ce dernier vient de repérer l'empreinte d'un cerf. Pepper flaire sa trace. Les ados le suivent. Les voici en plein cœur d'une nature dominée par le monde animal. Un écureuil grimpe rapidement dans un arbre. Un troglodyte mignon, petit oiseau des bois, alerte ses compatriotes du danger humain qui avance. Ils ne retrouveront pas le cerf. Pepper est épuisé. De retour chez elle, Poppy propose à sa mère de les accompagner la prochaine fois dans cet endroit magique. Peut-être une autre fois… Pour l'instant, elle est trop perturbée par le décès de sa propre mère, la grand-mère de Poppy.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Kengo Kurimoto est un auteur canadien. Il invite à une contemplation bucolique. Son livre à l'italienne est une ode à la nature sous la forme d'un retour aux sources. On passe de la ville bétonnée à la forêt profonde en quelques pas, comme Alice suivant le lapin blanc et se trouvant en quelques mètres au pays des merveilles. Dans un monochrome gris-brun, Kurimoto dessine une poésie qui est en train de se vivre par ses personnages, en particulier par Poppy, alter ego du lecteur. Les plantes, les arbres, les animaux et la météo démontrent comment il est nécessaire, vital et salvateur de retourner à la nature. On les entend, les murmures des sous-bois. Il y a quelque chose de magique et de merveilleux. Le deuil est aussi l'une des thématiques de cet album qui invite à se recentrer et à revenir à l'essentiel.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Les murmures de la nature retentissent dans la vie de Poppy comme dans celle des lecteurs. C'est beau, c'est calme, c'est rassurant. Un médicament.
Laurent Lafourcade
One shot : Murmures des sous-bois
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Kengo Kurimoto
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810207732
Nombre de pages : 216
Prix : 18 €
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