« - Je peux recevoir la nouvelle pensionnaire seul, vous savez !
- Soyez pas désagréable… Elle a de gros seins ?
- Comment voulez-vous que je sache…
- Vous n’aimez pas les gros seins ?
- Si, mais… Raaah ! Taisez-vous ! Il faut que la première chose qu’elle aperçoive l’emplisse de joie !
- Elle va pas être déçue !
- Le plus important, c’est de lui faire la meilleure impression possible de notre établissement ! »
Quand Anatole attend l’arrivée d’une nouvelle pensionnaire à l’Ehpad, il ne se doute pas qu’elle va être tout aussi sale gosse que lui. En vieille dame indigne, Léontine va mettre un coup de balai dans la résidence « Le dernier voyage ». Le directeur, les aides-soignants et les autres pensionnaires, s’ils pensaient connaître ce qu’il pouvait y avoir de plus désagréable et politiquement incorrect avec Anatole, ne vont pas être déçus de la nouvelle recrue. Comme on dit, les deux font la paire !
© Flamand, Lapuss’ - Kennes
Si Anatole a besoin d’un anti-moustique, il invite un collègue dans sa chambre. Il servira d’appât. Le pauvre bougre hagard et en fauteuil roulant n’est pas dérangeant.
Si Léontine aime la poésie, elle n’est pas contre, elle est surtout tactile. Attention, la machine de ses prétendants pourrait s’emballer.
Quand Anatole participe à l’activité peinture du mercredi après-midi, il y a de fortes chances pour que l’animatrice se trouve sur la toile… au moins de manière abstraite.
Quand Léontine offre des fragments de lune à deux toutereaux plus très jeunes, le plâtrier de la résidence a intérêt à faire du bon boulot pour qu’ils aient un bon petit goût de revenez-y.
© Flamand, Lapuss’ - Kennes
Anatole et Léontine s’entendent comme chiens et chats. Et pour cause : ils marchent sur les mêmes plates-bandes. Et gare à qui tenterait de s’interposer entre eux, ça pourrait vite tourner au vinaigre. Acariâtre, roublards, obsédés sexuels et tout simplement méchants, ces deux vieux feraient passer Tatie Danielle pour une sainte nitouche. Lapuss’ et Flamand démarrent une nouvelle série politiquement incorrecte, transformant une maison de retraite en cours de récréation où tous les coups sont permis.
© Flamand, Lapuss’ - Kennes
On connaissait les Seignors de Sti, Richez et Juan chez Bamboo dans leur pension privative de luxe. Il va falloir supporter les insupportables Anatole et Léontine qui tentent de suspendre le vol du temps mais pas celui du rire, aussi irrévérencieux soit-il.
Laurent Lafourcade
Série : Anatole et Léontine
Tome : 1 – Suspends ton vol
Genre : Humour d’Ehpad
Scénario : Stéphane Lapuss’
Dessins & Couleurs : Stéphane Flamand
Éditeur : Kennes
Nombre de pages : 64
Prix : 12 €
ISBN : 9782380751727
« - Bienvenue à toutes dans mon humble demeure. Sachez que je suis extrêmement sensible à l’honneur que vous me faites en acceptant, que dis-je, en vous portant volontaires pour ce concours qui verra la plus méritante d’entre vous devenir mon épouse.
- Vous oubliez pas un truc, là ?
- Plaît-il ?
- Le kiss.
- Le smack. Oui, la transformation.
- Non, parce que nous voulons bien faire preuve d’amabilité voire de compréhension, mais enfin tout de même…
- Mais bien sûr !! Où avais-je la tête ? … qui verrala plus méritante d’entre vous m’offrir le baiser qui me rendra mon apparence d’homme, puis m’épouser et me faire la joie d’une descendance nombreuse et vigoureuse, qui règnera à ma suite sur ce riant pays. »
Il estoit une foy un royaume. Dans ce royaume, un château. Dans ce château, un trône. Et sur ce trône, un ogre totalement déprimé. Sa mine ferait passer un enterrement d’enfant mort-né pour une sarabande de carnaval. Le chat Robilar, qui l’a déjà aidé à trouver un château et à expulser le Roy, va maintenant lui donner un coup de patte pour vaincre cette dépression. Ce qui lui manque, c’est une princesse.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Après un premier tome destructurant Le chat botté, c’est à toute une panoplie de princesses que s’attaque David Chauvel, endossant son costume de Perrault-XXIème siècle. Ainsi, Aurore, plus connue sous le nom de La belle au bois dormant, laisse sa place à Zellandine, la belle au bois sans soif. Peau d’Âne n’est pas remplacée par Catherine Deneuve. Le cake d’amour sera préparé, ou pas, sous la houlette de Catherinette Peau d’Bique. La princesse au petit pois l’avait sous son matelas, Nadège est aussi au petit pois, mais chiche, et elle l’a plutôt dans la tête. Blanche-Neige voit sa place squattée par Sophia Margaretha alias Blanche-Mièvre. Enfin, il y a Ray Ponce, sorte de Raiponce affublée de Ray Ban. Chacune d’entre elles est accompagnée d’un animal disneyen à souhait : un perroquet, un chat, un singe, un lapin et un cochon d’inde se répartissent les rôles.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Chauvel entraîne ses princesses dans un crépage de chignons organisé en compétition : une recette, de la déco, une course à pieds. Tous les coups sont permis et le final est imprévisible.
Au dessin, Sylvain Guinebaud dynamise un scénario déjà punchy. Si les animaux sont sa spécialité, les princesses ont chacune leurs caractéristiques. A la fois belles et ridicules, elles montrent un panel d’expressions théâtrales étendu. Si Chauvel fait du Perrault, Guinebaud fait du Molière dans une modernité parodique respectueuse.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Au niveau du découpage, Guinebaud fait preuve de plus de maîtrise et d’uniformité que dans le premier tome. S’il était déjà une franche réussite, ce deuxième épisode est un sans faute. La perfection Maörana est déjà atteinte. Le dessinateur se met la barre haute pour la suite.
Chaque tome des aventures de Robilar est une histoire complète. Ses tribulations s'annoncent comme l'un des succès des années 2020. A plusieurs degrés, elles peuvent se mettre dans les mains des enfants dès huit ans aussi bien que dans celles de leurs parents, et de leurs grands-parents qui y trouveront un petit goût du Goscinny déjanté d’Iznogoud.
Laurent Lafourcade
Série : Robilar ou le Maistre Chat
Tome : 2 – Un ogre à Marier
Genre : Aventure humoristique moyenâgeuse
Scénario : David Chauvel
Dessins : Sylvain Guinebaud
Couleurs : Lou
Éditeur : Delcourt
Collection : Conquistador
Nombre de pages : 64
Prix : 15,50 €
ISBN : 9782413020035
« - Je ne comprends pas ta fascination pour Gene Kelly…
- Han ! Comment oses-tu ? Gene Kelly est immense !
- Mais c’est que de l’accrobatie… Purement technique… Pas de substance…
- Non mais quel hypocrite ! C’est sûr que la technique n’a aucune importance, ben voyons ! Et bien sûr qu’il y a une substance, l’Americana, c’est la volonté de saisir l’âme d’une nation… »
1957. L’Allemagne est encore empreinte de ses blessures de guerre, et cela se ressent dans l’ambiance générale. Uli a 19 ans. Et à 19 ans, quand on a la danse dans la peau, on ne rêve pas en gris. Faisant fi des qu’en-dira-t-on, Uli danse comme il respire. Faisant fi des qu’en-dira-t-on, Uli s’éprend d’Anthony, un danseur afro-américain qu’il rencontre à Berlin. Ne serait-ce pas là un signe pour traverser l’Atlantique et conquérir Broadway ?
© Mazars – Le Lombard
D’auditions en répétitions, Uli entraîne le lecteur dans le tourbillon de sa passion. D’amitiés en chagrins d’amour, Uli dévoile son intimité sans filtre dans une époque où la vie privée ne s’étalait pas comme aujourd’hui et où les mœurs n’étaient pas aussi libérées, et où, surtout, l’opinion n’était pas prête à accepter ce qu’elle considérait comme des dérives. Uli n’est rien moins qu’un courageux passionné de la danse et de l’amour.
© Mazars – Le Lombard
Tanz ! est le projet de fin d’études à la Haute école des arts du Rhin de son autrice Maurane Mazars. Dès 2018, le projet remporte le prix Raymond Leblanc de la jeune création. Love dream, peace dream, dance dream, american dream, l’autrice réunit tous ces rêves en un seul, celui d’Uli. Le psychologue Jacques Salomé disait : « Au lieu de rêver ta vie, vis ton rêve ! ». C’est exactement ce que Mazars fait faire à son personnage dans un graphisme et des couleurs tout droit sortis du tableau La joie de vivre d’Henri Matisse.
© Mazars – Le Lombard
Récompensé par le Fauve révélation à Angoulême cette année, Tanz ! démontre que la danse, non seulement ça se vit, mais aussi ça se lit.
Laurent Lafourcade
One shot : Tanz !
Genre : Danse & émotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Maurane Mazars
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 248
Prix : 19,99 €
ISBN : 9782803676873
« - Bienvenue aux mille chamallows, Monsieur… Quel type de chamallows vous ferait plaisir ?
- Alors, je vais vous prendre des licornes sauvages, quelques cœurs de Cupidon, une dizaine de chatons mignons et une poignée de tendres baisers.
- Voilà ! Votre fille va se régaler !
- Ma fille ? Non, c’est pour mon fils, il part camper avec ses copains. »
Quand le papa de Kid Paddle va acheter des chamallows tout mignons, ce n’est pas pour sa fille, mais pour que son fils se régale avec ses copains dans une soirée camping. Mais les gamins ne vont pas s’extasier devant la mignonerie des licornes, le rose girly des baisers et des cœurs et les chatons si kawaïs. Leur but : les faire fondre pour les faire dégouliner façon films d’horreur.
© Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis
Trois ans après Men in Blork, le gamin le plus geek de l’histoire de la BD est de retour avec ses potes, son père, sa sœur, son maître d’école, le guichetier du cinéma, Mirador, Billy, et parfois même un petit barbare, une princesse naïve et des Blorks, des tas de Blorks cruels et assoifés de sang et de gnons. Et eux, ce ne sont pas des mi-gnons, mais des gnons complets. Direction Game Over si on ne peut pas les éviter.
Midam s’était déjà entouré de tout un pool de scénaristes pour Game Over. Il fait pareil à présent pour Kid Paddle. On remarquera notamment l’arrivée de Sti, un des meilleurs gagmen du moment et l’on notera que Patelin s’inscrit comme un auteur incontournable de l’univers avec un gag à faire sur soi de rire au propre comme au figuré, ou plutôt comme au sale.
© Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis
La principale nouveauté de la série est l’arrivée au dessin de Ian Dairin pour accompagner Midam. Le dessinateur de Katz intègre l’univers avec un encrage respectueux et dans lequel on décèle pourtant sa « patte ». Pour un auteur félin, ce n’est pas mal. Toujours est-il que Midam n’a pas choisi Dairin par hasard, comme si la fusion de leurs traits allait de soi.
Cerise sur le gâteau, Dany vient faire un petit cou-cou !
© Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis
Adepte des salles de jeux, Kid n’est pas prêt de finir d’envahir les salles de lecture. A vos manettes !
Laurent Lafourcade
Série : Kid Paddle
Tome : 16 – Kid N’Roses
Genre : Humour geek
Scénario : Midam, Patelin, Sti & Gof
Dessins : Midam & Dairin
Couleurs : Angèle
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9791034747771
« - … Fils ?
- … Papa…
- C… C’est bien toi ? Viens là que je te regarde de plus près…
- Papa !!
- J’en reviens pas… Qu’est-ce que tu as grandi. Mais oui c’est bien toi. Alors raconte… Comment tu as fait pour venir jusqu’ici ?
- C’est une longue histoire.
- J’ai tout mon temps. »
Pierre, le petit cochon, a la lourde tâche de pallier à l’absence de son père qui était veilleur de brumes et qui, de son moulin, empêchait celles-ci d’envahir la ville. Après un long voyage plein de péripéties, il retrouve enfin son papa. Est-il l’heure d’un passage de témoin ? Il faut faire vite. La brume noire s’approche du village. Il faut à tout prix l’éloigner, pour ainsi faire fuir la mort. Entouré de ses amis la jolie renarde Roxane, le grand Roland, l’hippopotame, le dur de la classe et Vince, le lézard foufou, Pierre va devoir prendre son destin en mains.
© 2019 by Tonko House Inc.
Tsutsumi calque son dessin sur celui du dessin animé qui a inspiré la série. Son trait peinture est somptueux. Les personnages animaliers sont adorables. La figuration de la brume est terrorisante.
Comme pour une série de mangas, c’est un véritable pool d’auteurs qui est aux commandes de cette petite merveille. Le scénariste Robert Kondo et le dessinateur Daisuke « Dice » Tsutsumi sont accompagnés d’un agent-producteur, un directeur artistique, trois créateurs, cinq créateurs-graphistes, un graphiste et trois producteurs. Est-ce que cela annonce un développement plus étendu qu’une simple BD ? L’avenir nous le dira.
© 2019 by Tonko House Inc.
Le scénario de Kondo est tendre et émouvant. Il ne se contente pas d’écrire une histoire d’animaux. Depuis Calvo et autres Macherot, la bande dessinée animalière a montré sa puissance et sa force. Sous des apparences futiles, elle traite de sujets graves, voire épineux. Le veilleur des brumes ne déroge pas à la règle. Le sujet fondamental en est le deuil. Comment découvre-ton le monde réel une fois que l’on a perdu ses parents, béquilles qui nous protégeaient ? Avant, avions-nous une vision objective et vraie de ce qui nous entoure ? Le chemin de Pierre est celui que l’on fait tous. Accompagné par ce petit cochon, le lecteur comprend entre les lignes l’inéluctabilité de la route de vie de tout un chacun et la nécessité d’y avancer. L’histoire n’est rien moins qu’une quête sur le sens de la vie.
© 2019 by Tonko House Inc.
Le veilleur des brumes est une véritable petite pépite. Tiré du court métrage nommé aux Oscars en 2015 The Dam Keeper (littéralement Le gardien de barrage), on y retrouve toute l’intelligence, tout le savoir-faire et toute la sensibilité qui ont fait le succès des studios Pixar dont sont issus les deux auteurs. Voici les trailers de ce petit film de 18 minutes :
https://www.youtube.com/watch?v=mTd3J1GFC5M
https://www.youtube.com/watch?v=EzcrhgMBNq4
La série dessinée reprend les personnages de Pierre et Rox mais construit un récit fort dont le court-métrage n’en serait qu’un prologue, développant un univers riche et sensible.
Une préquelle au Veilleur des brumes intitulée Le cochon, le renard et le moulin, destinée à un public plus jeune est également sortie il y a quelque mois. Voici la bande annonce :
Le veilleur des brumes est un bâton, un témoin solide permettant au jeune lecteur d’être accompagné dans sa vie qui change, dans la perte de l’enfance, et à l’adulte de revenir sur cette mutation. Ceux qui apprécieront le plus ce veilleur des brumes sont justement les adultes chanceux qui n’ont pas guéri de leur enfance.
Laurent Lafourcade
Titre : Le veilleur des brumes
Tome : 3 – Retour à la lumière
Genre : Aventure fantastique animalière
Scénario : Robert Kondo
Dessins & Couleurs : Dice Tsutsumi
Éditeur : Milan
Collection : Grafiteen
Nombre de pages : 208
Prix : 16,50 €
ISBN : 9782745995018
« - Marliens, Marliennes, merci d’être venus si nombreux à cette réunion exceptionnelle. Les conteurs et moi-même avons débattu de l’incident d’hier après-midi…
- Incident ?! Une déclaration de guerre, oui !
- Il a raison ! Qu’on nous amène le coupable !
- C’était un accident, mais qui a des conséquences fâcheuses : nous allons devoir quitter la cour Marly avant la dératisation !
- Et pour aller où ?! Chez les fous guerriers de la cour carré ? Ha ! »
Branle bas de combat chez les souris du Louvre. Esope s’est montré aux humains. Une dératisation est prévue. Il faut donc quitter les sous-sols de la cour Marly. Mais les autres clans semblent réticents à les accueillir. Les prochains jours s’annoncent éprouvants. Envahi par les remords, Esope veut expier sa faute mais les siens ne sont pas encore prêt à lui pardonner. Comment pourra-t-il faire sa rédemption ?
De son côté, Milo, le petit garçon, est devenu gardien du cercle dont une des missions est de protéger les œuvres. Il rêve de pouvoir le raconter à sa copine Victoire.
© Chamblain, Goalec, Drac - Delcourt
Dans un style proche de celui de Cyril Pedrosa à ses débuts, Sandrine Goalec invite au voyage dans les couloirs du Louvre. Les personnages humains, dans un style gros nez, sont aussi réussis que les souris humanisées. Dans cet épisode, l’exode des souris fait passer les humains au second plan. Les couleurs de Drac accentuent l’immersion au niveau des souris dans les sombres sous-sols de la cour Marly.
© Chamblain, Goalec, Drac - Delcourt
Joris Chamblain, créateur des formidables carnets de Cerise et scénariste de deux aventures de Yakari, est une valeur sûre du scénario intelligent pour enfants. Il vient de lancer Alyson Ford chez Vents d’Ouest.
Depuis quelques années, le Louvre profite de la bande dessinée pour entrer dans les foyers. Les albums co-édités par Futuropolis sont tous plus réussis les uns que les autres. En collaboration avec les éditions Delcourt, Les souris du Louvre s’adressent à des lecteurs plus jeunes. La cible est atteinte.
© Chamblain, Goalec, Drac - Delcourt
Les poétiques chats de Matsumoto chez Futuropolis avaient déjà envahi le Musée dans Les chats du Louvre. Les malicieuses souris prennent encore plus possession des lieux.
Laurent Lafourcade
Série : Les souris du Louvre
Tome : 3 - Le serment oublié
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Joris Chamblain
Dessins : Sandrine Goalec
Couleurs : Drac
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 32
Prix : 9,95 €
ISBN : 9782413024651
« - Ah au fait, coup dur : je vais rencontrer sa mère. Faudrait que je ne dise pas de connerie. Et que je sois présentable.
- Le mieux, c’est que tu fasses la femme mystérieuse, distante tu vois. Ça fait romancière ou actrice drama française… Et hop, César de la meilleure belle-fille…
- Non pour la distance et le mystère. A mon avis, le mieux, c’est que j’y aille pas. Tant pis pour le César… »
June, jeune adulte, est autrice de BD, fan des Beatles et independante girl. Si elle n’a pas envie de rencontrer sa belle-mère, personne ne peut l’y obliger. Pour les repas entre amis, surtout quand on reçoit un couple de potes qui viennent d’avoir un bébé, faut pas compter sur elle pour faire semblant de passer une bonne soirée. June vient juste de s’installer chez son amoureux fan d’ACDC. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il soit Liverpool compatible.
© Evemarie – Expé éditions
June est magique. Elle désarçonne par ses réflexions cashs et rebelles. Le politiquement correct, elle ne connaît pas. Rater une soirée pour regarder des vidéos de chats qui tombent, elle ne va pas s’en cacher. Prolonger ses vacances histoire de gagner quelques jours pour pouvoir de nouveau fermer correctement son sous-tif, elle ne va pas s’gêner.
June est mystérieuse. Les Beatles logent-ils vraiment chez elle ? Est-ce une illusion résultant d’une quelconque fumette ? Sont-ils envahissants physiquement ou seulement cérébralement ?
© Evemarie – Expé éditions
Si June est toquée de Lennon, Mc Cartney et consorts, c’est peut-être tout simplement parce qu’elle est l’avatar d’Evemarie qui est elle-même groupie de base. Alors qui est la cinquième Beatle, June ou Evemarie, Evemarie ou June ? Après Hey June (et pas Jude) paru l’année dernière chez Delcourt dans la poilante collection Pataquès, la dessinatrice revient en tant qu’autrice complète. Affairé par ses multiples projets, son scénariste Fabcaro ne fait plus office que de Guest Star. L’autrice s’en sort très bien toute seule. Parmi les autres invités, le Coluche de Fabrice Erre vient souffler le gag ultime, Alfred Hitchcock himself lui suggère une corde et Kiki, le chien de Willy Woob, apparaît pour une tendre léchouille happy end.
© Evemarie – Expé éditions
A lire en écoutant en boucle les quatre garçons dans le vent, Magical Mystery June, c’est de la Pop BD, fraîche, drôle, avec des situations express comme dans Tik Tok mais avec du fond : un humour grand écart entre les années 60 et 2020 en passant par le geek 80. June, douce junkie, play it again !
Laurent Lafourcade
One shot : Magical Mystery June
Genre : Humour friend
Scénario, Dessins & Couleurs : Evemarie
Éditeur : Expé éditions
Nombre de pages : 104
Prix : 9,95 €
ISBN : 97822955702772
« - Bonjour, Mlle Duroy, Maître Garelle. Votre compagnon, le Dr Duval, m’a demandé de vous défendre dans cette terrible affaire. La première chose que je dois savoir, c’est si vous reconnaissez les faits pour lesquels vous êtes accusée ?
- Oui, je les reconnais.
- Les avez-vous prémédités ?
- Bien sûr que non !
- Que s’est-il passé ?
- Je ne sais pas.
- Comment ça vous ne savez pas ?
- Non, je ne sais pas. Les choses sont enfouies en moi depuis tant d’années… »
Paris, décembre 2006, Fanny est en garde à vue. La jeune femme a commis l’irréparable, le soir du 24. Mariée à Thibault, un médecin ce soir là de garde, Fanny semblait avoir tout pour être heureuse. Pourtant, entre un père absent et une mère toxique, les blessures de jeunesse sont profondes. Sa sœur Tania, elle l’aimait sa sœur Tania. Et cet amour était réciproque. Malgré les différences d’affection de leur mère, cette dernière ayant une préférence revendiquée pour Tania, les deux sœurs ont toujours été fusionnelles. Alors, que s’est-il passé ce soir là ? Quel événement a déclenché le drame ?
© Grenson, Roge – Le Lombard
La fée assassine commence comme un thriller : un commissariat, un interrogatoire, une femme éclaboussée de sang. On ne sait pas vraiment ce qu’il s’est passé. Très vite, on se rend compte qu’on ne va pas être plongé dans une enquête policière banale, mais dans un drame psychologique profond. A la manière d’un thérapeute, la scénariste Sylvie Roge creuse les failles pour nous inviter dans les cicatrices morales de Fanny, meurtrissures d’enfance, qui ne se sont jamais refermées et qui, pour cause, ne peuvent pas être guéries parce que le mal est encore là. On ne choisit pas sa famille, et encore moins sa mère. S’il y a des gens toxiques, il y a des gens vénéneux. La mère de Fanny est une amanite à la personnalité complexe, bourreau elle-même meurtrie.
© Grenson, Roge – Le Lombard
Souvent, dans les histoires de gemmelité, l’une ou l’autre d’entre elles prend l’ascendant. Ici, les liens sont étroits. Il n’y a rien de malsain entre les deux jumelles. A une filiation compliquée, les auteurs opposent une relation bienfaisante et fusionnelle entre Fanny et Tania. Roge et Grenson ne signent pas une « simple » œuvre de fiction. Ils ont mis aussi beaucoup d’eux au travers des personnages de l’oncle et de la tante des jumelles.
Dans un découpage aéré, Olivier Grenson donne une place primordiale aux visages. Les regards, tristes, haineux, joyeux aussi parfois car il y en a dans toutes vies, aussi malheureuses puissent-elles être, suffisent pour tout comprendre. On pourrait presque suivre toute l’histoire sans rien lire. Impressionnant.
© Grenson, Roge – Le Lombard
Au milieu de nuances à mi-chemin entre le gris et le sépia, Grenson pose des touches de rouge : du sang bien sûr, un manteau, des ballons, du vin…et des boules de Noël. Le dessinateur de Niklos Koda pense chacune de ses planches. Ce sapin qui clignote page 10, pourquoi cette planche ? Dans un écho en fin d’album, elle prend une autre dimension.
Entre Garde à vue de Claude Miller et Les liens du sang de Claude Chabrol, La fée assassine est un thriller psychologique dont les personnages puissants joués par des acteurs de choix ferait un excellent film.
Laurent Lafourcade
One shot : La fée assassine
Genre : Thriller psychologique
Scénario : Sylvie Roge
Dessins & Couleurs : Olivier Grenson
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 192
Prix : 22,50 €
ISBN : 9782803676200
30 novembre 1939, l’Union Soviétique lance une vaste offensive contre la Finlande. Vingt-trois divisions réparties en quatre armées, totalisant 450000 hommes envahissent le pays. Engagée dans le combat aux côtés des rouges, Aleksandra Samusenko observe à la jumelle les chars russes se faire détruire par l’armée finnoise. Victime d’une mauvaise tactique décidée par les autorités russes, ralentis par la neige et munis de chenilles trop étroites, ces derniers sont des proies beaucoup trop faciles pour l’ennemi.
Appelée au quartier général, sa hiérarchie écoute ses explications sur les revers subis par l’Armée Rouge et prend la décision de l’envoyer à Leningrad afin d’aider et de conseiller les ingénieurs dans la construction d’un nouveau char. Lorsqu’elle intègre l’équipe, le T-34 n’est qu’un prototype qui va accueillir toute une série d’améliorations. Doté de ces dernières modifications, ayant parcouru 800 kilomètres sans aucun problème, les deux prototypes de ce char vont s’inviter face à Staline lors du défilé du Premier mai sur la place rouge à Moscou.
© Pécau – Mavric – Andronik – Vernay - Delcourt
Jean-Pierre Pécau (scénariste) nous fait découvrir cette « machine de guerre » à travers le récit de la vie d’Aleksandra Samusenko, une jeune femme soviétique qui a combattu sur différents fronts. Elle va mener une carrière de guerrière, se faisant une place dans un milieu plus particulièrement masculin. Elle a été reconnue héroïne de l’union soviétique pour avoir détruit trois chars Tigre allemands lors de la bataille de Koursk. Sur sa route, elle va croiser Joseph Beyrle, un militaire US fait prisonnier par les Allemands lors du débarquement de Normandie, qui va combattre les nazis sous l’uniforme soviétique (ce fut le seul militaire US à combattre sous les deux couleurs).
© Pécau – Mavric – Andronik – Vernay - Delcourt
Senad Mavric et Filip Andronik (dessinateurs et coloristes) nous entrainent au cœur des scènes de bataille, les explosions et nombreux tirs étant bien réalistes.
© Pécau – Mavric – Andronik – Vernay - Delcourt
Correctement utilisé, le T-34 fut une mauvaise surprise pour le Reich, donnant du fil à retordre aux Allemands. Ce sera le char qui quelques mois plus tard rentrera dans Berlin en ruine. Aleksandra Samusenko ne verra malheureusement pas le drapeau rouge flotter sur le Reichstag. Elle sera tuée par des tirs de fusées allemandes.
© Pécau – Mavric – Andronik – Vernay - Delcourt
Le dossier didactique disponible en fin d’ouvrage décrit les forces et faiblesses mais aussi les évolutions de ce char T-34 en nous gratifiant d’une biographie d’Aleksandra Samusenko.
© Pécau – Mavric – Andronik – Vernay - Delcourt
Haubruge Alain
Série : Machines de guerre
Tome : T.4
Titre : L’étoile de Koursk
Genre : Histoire
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessins : Senad Mavric & Filip Andronik
Couleurs : Jean Vernay
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 72
Prix : 16,95 €
ISBN : 9782413025092
« - Sinistres ! Ici la voix du très saint et nécessaire ministère de la morosité ! Monsieur Joyeux, notre roi au rire mille fois redouté, vous souhaite une abjecte journée bien, bien, bien plombante et bien, bien, bien pourrie! Souvenez-vous ! Les rires et les sourires ne sont autorisés que pour lui et sa cour de sous-rieurs ! La déprime, elle, est vôtre et à volonté, tristes sinistres ! Savourez-la nuit et jour car elle est la garantie de votre pathétique survie. Monsieur Joyeux le sait ! C’est pourquoi il vous prodigue ses méfaits pour votre mal-être permanent, et ce dans votre propre intérêt ! Je vous l’accorde, cela ne prête pas à rire, alors soyez sombre et faites la trogne, maudits sinistres ! Et vive Monsieur Joyeux ! Vive le Roi ! »
Monsieur Hubert 31-36 aime son travail car il a le loisir de repenser à ses rêves joyeux. Il est fonctionnaire au bureau des mauvaises nouvelles. Pendant qu’il officie à la torture des âmes en mettant des avis de décès et des actes de divorces dans des enveloppes, il rêve de princesse. A la naissance, il a eu le sourire entaillé vers le bas car c’était un affront pour le roi dans ce monde où seuls les nobles ont le droit de sourire. Finalement, grâce à cela, nul ne peut voir son optimisme. Un beau jour, ou plutôt un mauvais jour comme les autres, Monsieur Hubert croise la route de la princesse Carmine, l’hilare et rebelle fille du roi. Il faut faire taire cette folle, sinon la police du sourire va s’occuper d’eux.
© Louis, Hirlemann, Daviet - Bamboo
Si George Orwell, Aldous Huxley, Jacques Prévert et Paul Grimault avaient travaillé ensemble, ils auraient accouché d’une histoire du style de L’homme sans sourire. On se trouve dans un régime totalitaire soumettant le peuple, comme dans 1984. Chacun doit faire le travail pour lequel il est destiné, comme dans Le meilleur des mondes. Un roi règne en despote mégalomane comme dans Le roi et l’oiseau. Habillant les zeppelins gouvernementaux, un curieux logo proche d’un sourire rappelle la swastika. Le scénariste Stéphane Louis ne se contente pas de rendre hommage à des œuvres incontestables, il propose un conte noir et fou, un récit à tiroir avec une seconde lecture. Comme dans Matrix, le principal thème abordé n’est pas forcément celui que l’on voit ni celui auquel on pense.
© Louis, Hirlemann, Daviet - Bamboo
Dans un graphisme à la Triplettes de Belville, Stéphane Hilermann s’inscrit dans la digne lignée d’un Nicolas de Crécy. Les angles de ses traits sont pointus comme des rires sardoniques. L’ambiance sinistre est accentuée par les couleurs sombres de Véra Daviet dans la ville basse et la blancheur hypocrite de la tour du Roi où la joie est obligatoire.
© Louis, Hirlemann, Daviet - Bamboo
Dans cette dystopie, tout rire et tout sourire ont été bannis. Le narrateur poète dont l’identité reste secrète jusqu’à la dernière page raconte une histoire d’amour improbable entre deux êtres issus de classes sociales opposées. Ils ne devaient pas, ils ne pouvaient pas se rencontrer, et pourtant… Stéphane Louis crée une fable moderne au concept inédit, mais ça, on ne peut s’en rendre compte qu’à la toute dernière page et alors relire l’album sous un autre prisme.
Laurent Lafourcade
One shot : L’homme sans sourire
Genre : Dystopie
Scénario : Stéphane Louis
Dessins : Stéphane Hirlemann
Couleurs : Véra Daviet
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
ISBN : 9782818975305
![]() |
©BD-Best v3.5 / 2021 | ![]() |
![]() |