Pas toujours facile, quand on est un flic de choc, de se voir mis au placard, écarté sur une voie de garage dans un bled perdu, sans histoire et sans intérêt. Ceci d’autant plus que cela fait suite à des blessures dues à une opération anti-drogue qui a mal tourné !
Les faits ? Paris – quartier Saint-Denis, un soir de février 2019, la capitaine Noémie Chastain et son équipe des STUPS s’apprêtent à investir un repaire de trafiquants de drogue. Mais l’intervention n’est pas sans risque et tout flic de choc qu’elle soit, elle se prend une balle en pleine figure !
Pour elle, la descente en enfer aurait pu commencer … Mais d’ailleurs n’est-ce pas le cas en partie ?
Sauvée par les médecins qui lui reconstituent un visage, elle restera néanmoins défigurée à vie. Il lui faut désormais se reconstruire elle-même, mentalement, psychologiquement. Un retour rapide sur le terrain serait, d’après elle, le meilleur moyen.
Son psy n’en est pas convaincu. Il n’est pas le seul.
Pour l’aider, sa hiérarchie, réticente malgré tout à cette idée, l’envoie dans un commissariat de province avec une mission bien précise : évaluer le personnel sur place pour envisager la fermeture de ce poste de police.
C’est ainsi qu’elle débarque à Decazeville, charmante bourgade en Aveyron, dont le commissariat est également en charge de 5 villages aux alentours. Elle s’installe dans une maison sur les hauteurs d’un lac artificiel créé 25 ans auparavant par la construction d’un barrage. Lors de celle-ci, comme souvent le cas, l’ancien village d’Avalon a été immergé … avec ses secrets et cadavres ! Cadre idyllique en apparence.
© Matz – Brahy – Kompf – Michel Lafon
Et voilà justement qu’un cadavre refait surface ! Qui est-il ? Comment est-il arrivé là ? D’où vient-il ? L’ancien village libérerait-il ses fantômes ?
Enfant disparu 25 ans plus tôt, l’enquête de l’époque avait été clôturée sur un enlèvement non résolu ou une fugue.
Là encore, sa hiérarchie, peu enclin à lancer de grandes recherches poussées et sérieuses, la pousse à bâcler l’enquête pour prouver l’inutilité du maintien de ce commissariat. Carotte à la clé : revenir dans une unité de terrain et d’intervention !
Pourtant la réapparition de ce cadavre fait également ressortir les secrets enterrés, ou plutôt noyés dans ce cas-ci, de la localité. Entre légendes rurales, rancœurs, vengeances, jalousies, histoires pas très « clean » qu’il ne faudrait absolument pas déterrer, faire ressurgir vont alors dynamiter son enquête. Elle la veut professionnelle, scientifique et approfondie ! L’art de se faire des amis pour une Parisienne qui débarque en province … ou de se faire apprécier, un peu plus éventuellement, par un collègue ?
A Paris, plus personne ne veut d’elle !
A Decazeville, plus personne ne veut de son enquête !
© Matz – Brahy – Kompf – Michel Lafon
Tiré du roman d’Olivier Norek, cette histoire est prenante, complète et riche en rebondissements, sentiments et intrigues. Un cocktail bien dosé de tous les ingrédients nécessaires à un excellent polar « à la française ». L’adaptation BD se veut énergique et vivante sans écraser pour autant l’aspect sentimental et humain de cette inspectrice à la recherche d’une renaissance.
Défigurée, fracassée, incomprise et rejetée, l’héroïne n’en est que plus humaine et attachante. Déchirée, rebelle et complexe à la fois, cette enquête va cependant clairement lui permettre de remettre le pied à l’étrier, l’obligeant à se dépasser, à dépasser son état pour retrouver toute sa pugnacité d’avant.
© Matz – Brahy – Kompf – Michel Lafon
Un cold-case passionnant, brutal qui ne livre pas tous ses secrets ni son dénouement avant les dernières pages. Car il se lit d’une traite, malgré sa longueur de 136 pages … sans impression de longueur justement. Un travail d’adaptation réalisé avec brio par un Matz parfaitement secondé par le trait énergique et réaliste de Luc Brahy.
Ce dernier glisse d’ailleurs ici et là quelques petits clins d’œil notamment au romancier Olivier Norek et à la librairie « Presse Bulle ». Toujours sympa de les retrouver au gré des pages.
© Matz – Brahy – Kompf – Michel Lafon
Antoine Kompf, par sa mise en couleur, donne là où c’est nécessaire cette touche dramatique qui rend la narration encore plus bouleversante.
Adepte de plongée sous-marine, la séquence de plongée dans le village immergé est saisissante de réalisme … et de beauté.
En conclusion, une superbe adaptation BD d’un thriller exceptionnel. A lire absolument … avant peut-être de se rabattre sur le roman … à moins que ce ne soit le contraire si vous l’avez déjà lu !
Thierry Ligot
Titre : Surface
Genre : Policier, polar, aventure
Adapté du roman éponyme de Olivier Norek
Éditeur : Michel Lafon
Scénario : Matz
Dessin : Luc Brahy
Couleurs : Antoine Kompf
Nombre de pages : 136
Prix : 24,95 €
ISBN : 9782729943954
"-Soeurette…
-Nous ne nous verrons pas pendant un an.
-Maman.
-Mon garçon. Au revoir, Atan… Tout ira bien. Tu as mon talent et les jambes droites de ton père."
A Kea, une île des Cyclades, le jeune Atan est un as de la sculpture. Il façonne des animaux d'argile avec une adresse et une technique innées. Nous sommes 4000 ans avant Jèsus-Christ, son père décide de demander son avis à la vieille Sara, une oracle qui lit dans les astres. Elle voit trois traits rouges qu'elle trace sur le visage du jeune homme. Le premier, c'est la vie. Le deuxième, c'est Atan lui-même, une des nombreuses formes que prend la vie. Le troisième trait, c'est celui qu'Atan crées par ce qu'il fait et la façon dont il le fait. Ses parents décident donc de l'envoyer en apprentissage sur l'île de Naxos. Là-bas, il apprendra à tailler le marbre blanc chez Dario, un maître-sculpteur.
© Vanistendael – Futuropolis/Louvre éditions
Jamais jusqu'à présent une bande dessinée ne s'était intéressée à l'art cycladique, composé essentiellement d'idoles féminines nues taillées dans le marbre. C'est dans les îles de la mer Egée que c'est art s'est développé. Ces statuettes restent mystérieuses. On ne sait pas trop à quelles croyances ou rituels elles étaient liées. Une grande partie d'entre elles étaient brisées sur place lors de cérémonies. L'absence d'écritures de l'époque empêche de connaître précisément leurs fonctions. De même, les conditions socioculturelles de l'époque ne permettent pas de savoir si elles étaient confectionnées en ateliers ou pas. Dans les œuvres emblématiques de l'art cycladique, on trouve la "Tête de Kéros" que l'on peut admirer au Musée du Louvre.
© Vanistendael – Futuropolis/Louvre éditions
Judith Vanistendael s'est entourée de spécialistes pour écrire ce récit initiatique. Entre le Musée du Louvre à Paris et le Musée d'art cycladique à Athènes, l'autrice s'est imprégnée d'une époque, d'un art et de la douce chaleur méditerranéenne pour livrer un récit d'ambiance. Ce n'est pas une histoire, c'est un parcours. Ce n'est pas une aventure, c'est une ligne de vie. Dans son graphisme que l'on pourrait qualifier d'enfantin, Julie Vanistendael utilise judicieusement le média bande dessinée. Elle joue avec les doubles pages desquelles se dégagent l'odeur de poussière des ponçages des sculptures, les rayons de soleil des différents moments de la journée et l'eau de mer dans laquelle se baignent les dieux.
© Vanistendael – Futuropolis/Louvre éditions
Avec Atan des Cyclades, la collection Louvre Futuropolis s'enrichit d'un ouvrage indispensable sur une période et des œuvres pas forcément connues ni faciles d'accès. Judith Vanistendael donne envie de pousser les portes du Musée. N'est-ce pas signe que l'objectif est atteint ?
Laurent Lafourcade
One shot : Atan des Cyclades Itinéraire d'un jeune sculpteur
Genre : Art
Scénario, Dessin & Couleurs : Judith Vanistendael
Éditeur : Futuropolis / Louvre éditions
Collection : Louvre
ISBN : 9782754832854
Nombre de pages : 128
Prix : 18 €
"-C'est ici !... ici, Valentine, que ma vie a basculé, que sont morts tes grands-parents et ton oncle Nicolas ! Le 23 août 1989…
-On y va, papa ?
-Je sais que ce n'est pas le moment le plus drôle des vacances. Et je vous prends la tête avec un accident qui remonte à presque trente ans… Mais je vous rappelle que j'y ai perdu mes parents et mon frère !
-Clo, faut comprendre !... Valentine ne les a pas connus, et moi non plus. Quand elle est née, ils avaient disparu depuis plus de quinze ans… Ils… Ils ne font pas partie de sa vie !"
2016, en Corse, Clotilde revient sur les lieux de l'accident de voiture dans lequel ont péri ses parents et son frère en 1989. Sa famille Valentine n'est pas franchement émue, son mari non plus. Ils ne les ont pas connus. Pourtant, les vacances de cet été vont se transformer en enquête policière. La famille a des secrets dont la remontée à la surface va faire des dégâts. Vingt-sept après le drame, les langues vont se délier mais ce ne sera pas sans conséquence. Il y aura de nouvelles victimes. Ce lourd tribut permettra-t-il de connaître toute la vérité ?
© Berr, Brrémaud, Bussi - Philéas
Michel Bussi est l'un des plus grands auteurs de polars français. Il est aussi l'un des plus lus. Ses romans sont souvent adaptés ou en cours d'adaptation à la télévision et/ou en bande dessinée. L'auteur a une écriture qui se prête à tous ces médias. Ce n'est pas évident pour une littérature de pouvoir se fondre ainsi sous diverses formes. C'est peut-être une particularité du polar par rapport aux autres genres, mais c'est surtout une qualité de Bussi. Voilà pourquoi Le temps est assassin est le sixième de ses romans transposé en BD après Mourir sur Seine, Nymphéas noirs, Gravé dans le sable, Un avion sans elle, On la trouvait plutôt jolie, et prochainement Ne lâche pas ma main. Le temps est assassin est le deuxième publié chez Philéas, éditeur spécialisé dans l'adaptation de romans. C'est Frédéric Brrémaud qui se charge pour la première fois d'un transfert de Bussi en BD.
© Berr, Brrémaud, Bussi - Philéas
Au dessin, Nathalie Berr revient à la bande dessinée après sept ans, depuis Les naufragés du métropolitain. Son graphisme réaliste est classique, propre et bien fait. Elle gère ici le passage des époques entre 1989 et 2016 en mettant les scènes du passé comme si elles étaient posées sur des pages arrachées d'un cahier à spirale. Berr dessine la Corse comme si on y était. L'accident d'ouverture est époustouflant. C'est comme si on le vivait au ralenti depuis l'habitacle. Efficace et glaçant. Ceci dit, la dessinatrice reste dans l'émotion et ne joue jamais dans le sensationnalisme. Tout est au service de l'histoire, de l'histoire et de l'histoire. C'est tout ce que l'on demande. Un seul regret : même s'il faut le savoir pour le remarquer, pourquoi n'a-t-elle pas réalisé elle-même la couverture ?
© Berr, Brrémaud, Bussi - Philéas
Un thriller finement pensé, écrit et qui malgré les deux époques de narration reste fluide et compréhensible, voilà ce que propose le trio Bussi-Brrémaud-Berr. Le temps est assassin et la corse est envoûtante.
Laurent Lafourcade
One shot : Le temps est assassin
Genre : Polar
Scénario : Frédéric Brrémaud
Dessins: Nathalie Berr
Couleurs : Raphaël Ollé Cervera, Sylvain Marzo & Alexandre Vardanian
D'après : Michel Bussi
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467418
Nombre de pages : 112
Prix : 19,90 €
"-Clemenceau ! Veni qui !Qui est-ce ?
-Si je le savais ! Un chiffonnier a repêché le joli colis à l'aube, avenue de l'Opéra, croyant faire une bonne affaire.
-J'imagine qu'elle n'est pas morte noyée ?
-Vous avez raté une vocation, mon ami. C'est un véritable polichinelle qu'on a là."
Paris, 1910. La Seine est sortie de son lit. La morgue du quai de l'Archevêché prend un bain de pieds. A la faculté de médecine de Paris, les salles frigorifiques ne fonctionnent plus. L'odeur pestilentielle des cadavres rend l'air irrespirable. Ange Leca, journaliste d'origine corse, vient d'y débarquer avec son chien Clémenceau. Un corps démembré vient d'être repéché par un chiffonnier, avenue de l'opéra. C'est un buste de femme. Il lui reste un bras mais elle a été amputée de l'autre, de ses deux jambes, de sa tête et, plus curieux, de ses seins. Il n'est pas possible de l'identifier. De retour à la rédaction de son journal Le Quotidien, Leca est convoqué par son directeur qui le vire pour alcoolisme. Il faut dire qu'il est accroc à la "fée verte", l'absinthe, autrement appelé l'alcool des bourgeois et des artistes. Ça ne va pas l'empêcher de mener son enquête sur ce cadavre mystérieux. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'elle va toucher sa vie privée.
© Graffin, Ropert, Lepointe - Bamboo
L'année dernière, Philippe Pelaez et Alexis Chabert enluminaient le Paris fin XIXème dans un polar d’époque et d’ambiance. C'était dans Automne en baie de Somme, chez le même éditeur et dans la même collection Grand Angle. Un an plus tard dans notre vie, une vingtaine dans la vie de l'époque, le trio Graffin-Ropert-Lepointe nous immerge au figuré comme au propre dans l'époque. On est à présent post-Mucha, ce célèbre affichiste qui a imposé un graphisme et un ton qui sont ancrés et encrés dans l'imaginaire collectif. Ange Leca est un journaliste-enquêteur. Il est tout sauf lisse. Il a un chien mais il est presque un anti-Tintin. Il est alcoolique, opiomane abstinent, volage. Il est l'amant d'une femme marié. Il a des origines. Il est corse et forcément quand on est corse on a des racines et de la personnalité.
© Graffin, Ropert, Lepointe - Bamboo
Dans un dessin à la Christian Lax, Victor Lepointe représente ce Paris sous les eaux de 1910. La Seine est sortie de son lit. L'eau a envahi les bouches de métro. Les quais sont inondés et les boutiques ont les pieds mouillés. Des passerelles sont installées. Les pompiers se déplacent en barque. Lepointe représente ce moment inhabituel dans un réalisme sorti de l'époque. Ange Leca ressemble physiquement, et moralement presque, à un personnage comme Georges Duroy, le Bel-Ami de Maupassant. Au niveau des couleurs, hormis les trois dernières planches qui tranchent avec le reste mais dont on ne peut rien dire, le dessinateur reste dans une ambiance grisâtre correspondant à la fois au mauvais temps et à l'enquête malsaine pour laquelle Lepointe va graphiquement très loin.
© Graffin, Ropert, Lepointe - Bamboo
Ange Leca est un très bon polar. Le titre n'est pas vraiment vendeur. C'est dommage. Cet album sera-t-il le premier d'une série ? Il faut l'espérer. Le personnage a un potentiel certain qui ne demande qu'à être développé.
Laurent Lafourcade
One shot : Ange Leca
Genre : Polar
Scénario : Tom Graffin & Jérôme Ropert
Dessin & Couleurs : Victor Lepointe
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818996294
Nombre de pages : 72
Prix : 15,90 €
"-Voilà la ferme… Depuis trois ans, j'en ai fait une sorte de refuge. Mes petits, Papa est de retour !!
-Ils ont l'air de beaucoup vous aimer…
-Plus que les habitants de Cattle Gulch, hélas… Mais je ne désespère pas…"
Arrivé à Cattle Gulch, la ville d'éleveurs réputée pour ses restaurants, Lucky Luke évite de peu le lynchage à un militant pour la cause animale. Cet homme s'appelle Ovide Byrde. Il est le président et l'unique membre de la société protectrice des animaux de ce comté. Le cow-boy solitaire le ramène jusqu'à sa ferme isolée et découvre la ménagerie dont s'occupe l'infortuné ami des bêtes. Le Brigitte Bardot avant l'heure abrite aussi bien des animaux classiques (veaux, vaches, cochons, couvées,…) que des bestioles plus originales comme un ours, un perroquet, un coyote ou une tortue. Il y a même un chien. Mais ?! C'est Rantanplan ! Byrde l'a repêché dans un puits il y a trois semaines. Alors que Lucky Luke repart pour escorter deux cents têtes de bétail à Dodge City, le fermier créé une fondation en ville grâce à un gisement d'or que Rantanplan vient de dénicher fortuitement sur sa propriété. Cela va susciter des convoitises pas bienveillantes du tout à Cattle Gulch.
© Achdé, Jul, Mel Acryl’Ink - Lucky Comics
Pour le dixième Lucky Luke d'Achdé, reprenant la recette Goscinny, Jul s'est inspiré d'une personnalité ayant existé, en l'occurrence ici, Henry Bergh, fondateur de la première SPA américaine, né en 1813 et décédé en 1888. Grâce au mécénat d'un milliardaire d'origine française regrettant d'avoir fait fortune avec le commerce des peaux et des fourrures d'animaux, Bergh consacra sa vie à la cause après avoir vu le comportement brutal et inadmissible des cochers de New-York. Jul intègre un méchant efficace avec Tacos Cornseed, aux allures du Sancho de Jerry Spring. Il réussit un final émouvant avec le genre de scènes qu'on n'a quasiment jamais lu dans Lucky Luke. La seule erreur comique est peut-être le titre qui laisse imaginer que l'on va être dans de l'humour gaguesque avec Rantanplan et un "déluge de gags". Il y a de l'humour bien sûr, mais il y a une réelle problématique et une véritable aventure.
© Achdé, Jul, Mel Acryl’Ink - Lucky Comics
Achdé est fidèle à lui-même et à Morris. Il dessine les animaux à merveille, avec des expressions qui transmettent leurs sentiments. Côté caricature, on découvre Strawberry Susan, une outlaw qui ressemble furieusement à Brigitte Macron, mais la comparaison s'arrête au physique.
Même si l'on ne pourra jamais atteindre des albums du niveau du XXème de cavalerie, Western Circus ou L'héritage de Rantanplan, il est salutaire pour le monde de la bande dessinée que des séries comme celle-ci se poursuivent pour amener par le biais de nouveautés un nouveau public vers des albums du patrimoine. Cela démontre à qui en douterait encore que la bande dessinée est un art et qu'elle a ses chefs de file, dont Morris et Goscinny faisaient partie. C'est donc aussi pour cela que, alors que Lucky Luke n'a pas besoin de Boulevard BD pour se vendre, il est pertinent et nécessaire de chroniquer les best-sellers tout autant que les autres albums.
© Achdé, Jul, Mel Acryl’Ink - Lucky Comics
Embarquez donc sur l'arche de Rantanplan. Elle vous mènera dans le Far-West le plus mythique du Neuvième Art.
Laurent Lafourcade
Série : Lucky Luke
Tome : 10 – L'arche de Rantanplan
Genre : Western humoristique
Scénario : Jul
Dessins : Achdé
D’après : Morris
Couleurs : Mel Acryl’Ink
Éditeur : Dargaud
Collection : Lucky Comics
ISBN : 9782884714921
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
"On en finirait presque par croire que la part d’humanité du créateur de Tintin ne s’est exprimé qu’à travers sa galerie de personnages. Il reste pourtant à saisir dans le vif un être de chair et de sang, alors même que le mystère du lien qui le rattache à ses créations reste entier. Il nous semble que l’universalité manifeste des aventures de Tintin n’a jamais cessé de se nourrir des événements d’une vie intérieure plus contrastée qu’on ne l’avait cru, ce qui rendait notre entreprise d’autant plus passionnante."(Benoît Mouchart & François Rivière)
Les tintinophiles ont tellement lu et relu Tintin qu’ils connaissent sa vie sur le bout des doigts. Il habitait Rue du Labrador avant d’emménager à Moulinsart. Il fait de la gym tous les matins. Il est reporter au Petit Vingtième, même si on ne le voit jamais ni rédiger un article, ni à la rédaction de son journal. Mais en savent-ils autant sur Hergé, le créateur du personnage le plus célèbre de toute la bande dessinée ? Dans leur biographie Hergé intime, dont l’édition revue et augmentée vient de paraître, Benoît Mouchart et François Rivière nous invitent, comme le titre l’indique, dans l’intimité de Hergé.
© Bouquins
François Rivière l’a plusieurs fois rencontré. Benoît Mouchart s’occupe de son patrimoine chez Casterman. Les deux auteurs ont donc des visions complémentaires sur une œuvre hors du commun. Alors, plus que Hergé, c’est Georges Remi qu’ils vont nous raconter. Ils cherchent à comprendre dans quelles conditions Tintin est né de l’imagination d’un jeune homme de vingt-deux ans. Ils analysent la façon dont Hergé a traversé la guerre, période polémique pour les divers analystes. Enfin, ils étudient ou tentent d’étudier le mystère qui fait de l’œuvre de Hergé traverse les générations avec magie.
© Bouquins
L’histoire commence en 1910. Hergé, ou plutôt Georges, qui n’a pas encore trois ans, est au cinéma avec sa maman. Est-ce l’élément déclencheur dans la tête du petit garçon qui fait qu’il deviendra un raconteur d’aventures. Toujours est-il que l’enfant a été baigné très tôt dans une culture de l’image. Ce n’est pas sur l’écran qu’il s’exprimera plus tard, mais sur papier quand en 1929 il créera Tintin. Adolescent, il sera boyscout. Il aura une petite amie qui s’appelait Milou, dont les parents mettront fin à leur relation. Il entrera au journal le XXème siècle grâce à l’Abbé Wallez qui plus tard le mariera à Germaine Kieckens. Parallèlement à la vie de Hergé, celle de Tintin s’écrit au fil de ses pérégrinations. Le couple Remi n’aura pas d’enfant. On assiste de l’intérieur à la crise existentielle traversée par Hergé après la guerre, allant jusqu’à déclarer : « Tintin, ce n’est plus moi. Et je dois faire un effort terrible, non seulement pour inventer, mais pour retrouver mon ancien moi, pour me remettre dans l’état d’esprit qui était le mien, et qui n’est plus le mien. ». Puis c’est l’histoire des Studios Hergé, Fanny, les projets, le rapport à l’Art,…
© Bouquins
Hergé intime est un véritable livre d’introspection. Dans un respect de l’auteur et de l’œuvre, Benoît Mouchart et François Rivière signent un ouvrage dont la lecture permet de croire qu’on a partagé sa vie. Après tout, ce n’est qu’un juste retour des choses, lui qui a tant partagé la nôtre grâce à ses albums inoubliables. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
One shot : Hergé intime
Genre : Ouvrage d’étude
Auteurs : Benoît Mouchart & François Rivière
Éditeur : Bouquins
ISBN : 9782382924259
Nombre de pages : 270
Prix : 20 €
"-Silence ! Voyons si on se tait ! Faut qu’on mette au clair les choses et c’est pas comme ça qu’on va y arriver !
-Mettre au clair ? Y’a rien à mettre au clair ! Faut buter le MadMax pour avoir tué Luis !
-Madmax ?
-Dis pas de conneries, Rébecca ! Dis-moi si t’as déjà vu un MadMax comme ça ? Non… Ça, c’est un dormeur."
Alors qu'il avait signé pour un voyage vers Io, un individu se réveille sans un immeuble au milieu de nulle part. accueilli par un groupe d'autochtones sur cette Terre hostile qu'il n'a en fait pas quittée, l'homme débarque en plein Cluedo. Un meurtre a été commis. Qui a planté un couteau dans le dos de Luis ? Celui que l'on appelle le dormeur, parce qu'il sort de son caisson de cryogénisation, va devoir enquêter pour résoudre un crime pour lequel il fait lui-même figure de suspect.
© Santullo, Aon - iLatina
Alors que dans Les Ruffian, Rodolfo jouait sur le terrain de Fluide Glacial, avec Le dormeur, il est dans la cour de Métal Hurlant. Le scénariste a la malice d’écrire un polar d’un genre nouveau, un cluedo post-apocalyptique qui rebrasse les codes du « Whodunit ». L’enquêteur évidemment ne sait pas qui a commis le crime et il fait lui-même un coupable idéal. "Le dormeur" est découpé en chapitres. On suit l'histoire comme un véritable feuilleton. Il est d'ailleurs jouïssif de le lire à petites doses, comme jadis dans les magazines périodiques. C'est un effort à faire car grande est la tentation de dévorer l'histoire d'un trait. Il est vrai qu'à l'heure des plateformes où les séries sont disponibles d'un coup, la tendance est au binge-watching, mais faites le test de distiller cette histoire. Vous ne le regretterez pas et dégagerez un bénéfice de lecture remarquable.
© Santullo, Aon - iLatina
Graphiquement, Carlos Aon est de la famille de Chabouté et, pour les plus anciens, d'Antonio Cossu. Le noir domine. Les personnages ont des visages, des tronches plutôt, comme l'on trouve beaucoup dans les seconds rôles au cinéma. L'album est au format comics. Même si Aon n'en adopte pas les codes, il se sert du découpage dans l'action pour proposer des cadrages originaux.
© Santullo, Aon - iLatina
Le dormeur est presque une pièce de théâtre. L'histoire en huis-clos ferait un formidable et tragique vaudeville.
Laurent Lafourcade
One shot : Le dormeur
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Rodolfo Santullo
Dessin & couleurs : Carlos Aon
Éditeur : iLatina
Collection : Via libre
ISBN : 9782491042264
Nombre de pages : 120
Prix : 15 €
"-J'espère qu'ils vont comprendre. Ecoutez tous, Ogromans ! je porte un message du Kréateur tout-puissant ! L'unique vénéré par toutes les tribus des Ogromans. Je viens chercher clui qui se trouve ici mais n'appartient pas à votre tribu. Le Kréateur appelle Gromad, celui qui a marché avec les prophètes !
-Kréateur appeler Gromad des Ogromans ?
-Oups, oui.
-Prophète Grozlin être signe du Kréateur !"
Haut comme trois pommes et tout vert, le Grozlin Kratak débarque dans le village barbare Ogroman. Ayant soi-disant été envoyé par un certain Kréateur, il demande à rencontrer Gromad, une force de la nature. La grande guerre approche et Gromad a été choisi pour une tâche qui fera de lui le sauveur de son peuple. S'il refuse, son peuple souffrira grandement. Gromad est méfiant. Il a déjà rencontré de faux prophètes, mais Kratak se défend d'en être un. Et pourtant… Gromad se laisse cependant convaincre. Les voilà partis. Le Kréateur montre la voie mais les ennemis dressent des obstacles. Il va falloir dégainer les poings et les armes tranchantes. Première étape : recruter un Mengrel dans un village de sombres crétins, et pas n'importe lequel : Raz-Ma-Zana, l'héritière du trône. Le seul problème, c'est que son père veut la marier.
© Vukic - Kalopsia
Après SOW Seeds of war tiré du jeu éponyme, on retrouve au dessin Bojan Vukic pour un nouveau lancement de série en quelques mois. Mais celle-ci est son bébé. Il créé ici son propre univers, très personnel, et amène ses personnages dans une mini-Communauté de l'anneau. Vukic a lu Tolkien, l'a ingéré, digéré et s'en est détaché. Il créé des peuples différents des elfes et autres orcs ou gobelins que l'on voit partout. Il y a de la magie et des dons. L'auteur peuple le monde de bêtes et animaux de toutes sortes aux crocs acérés. Ce qui est moins agréable c'est le phrasé barbare de Gromad et des Ogromans.
© Vukic - Kalopsia
Vukic le scénariste donne des défis graphiques à Vukic le dessinateur. Il faut dire que celui-ci a participé entre autres à Elfes, Orcs & Gobelins, ainsi que Mages, séries inscrites dans l'univers des Terres d'Arran. Il y a pire comme carte de visite. L'auteur a donc une expérience conséquente dans l'heroïc-fantasy et offre donc un dessin aussi soigné que détaillé. On peut compter les innombrables écailles sur le lézard géant, tout autant que les dents des espèces de vélociraptors, en plus cruels, qui attaquent.
© Vukic - Kalopsia
Décidément, l'heroïc-fantasy est un genre qui ne s'épuise jamais. Il y a toujours quelque chose de nouveau dans les contrées oubliées, à Swarga comme ailleurs.
Laurent Lafourcade
Série : Les élus de Swarga
Tome : 1 – Le prophète Grozlin
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario & Dessins : Bojan Vukic
Couleurs : Big Doors studios & Sladjana Kocevska
Éditeur : Kalopsia
ISBN : 9782931205020
Nombre de pages : 72
Prix : 17,95 €
Comme d’autres grands classiques de la littérature française, « Les trois Mousquetaires » ont déjà connu maintes et maintes adaptations tant cinématographiques que bédéesques. Sur tous les tons, dans tous les genres, ce récit d’Alexandre Dumas en a inspiré des réalisateurs et scénaristes de tous bords.
Dans le 9e Art, nous en trouvons des versions des plus traditionnelles, respectueuses de l’œuvre originale, au plus fantaisistes, mode pastiche, humoristiques, enfantines, animalières, voire érotiques et pornographiques. S’adressant à tous les âges, le graphisme est ainsi aussi varié que les genres repris.
Du côté histoire, la trame est connue par tous ! L'œuvre historique d'Alexandre Dumas est, dans un premier temps, publiée en feuilleton dans le journal « Le Siècle » en 1844. Nous sommes sous le règne de Louis XIII, un jeune provincial gascon, Charles D'Artagnan, monte à Paris pour devenir Mousquetaire du Roi. Mais sur le chemin, son grand cœur le pousse à voler au secours d’une noble dame … premier incident et à peine arrivé dans la capitale, il se met à dos trois gentilshommes mousquetaires – Athos, Porthos et Aramis. Arrivent alors Jussac et les gardes du Cardinal car les duels sont interdits. Après les avoir défaits, les 4 nouveaux amis fêtent leur victoire dans une taverne, scellant de la sorte leur amitié naissante. Au petit matin, Athos se réveille à côté d’une femme poignardée. Accusé de meurtre, il se voit condamner à la pendaison.
© Dumas – Néjib – Tchao - Casterman
La suite, chacun la connaît ou la devine. D’Artagnan, Porthos et Aramis vont tout faire pour innocenter leur ami.
« Un pour tous, et tous pour un » n’est-il pas leur devise ?
C’est ainsi qu’ils sont entraînés dans un complot et les manigances du Cardinal de Richelieu pour perdre la reine, Anne d’Autriche. Face à eux, les redoutables agents du Cardinal, le comte de Rochefort et Milady de Winter, ne leur feront aucun cadeau !
© Dumas – Néjib – Tchao - Casterman
Inspiré de la nouvelle adaptation cinématographique du roman, sorti ce 5 avril, ce manga de cape et d’épée respecte à la lettre les caractéristiques des genres ici présents.
Autant par le travail de découpage du roman et du film en séquences de manga, que par le rythme donné à l’action, Nejib réussit à conserver toute l’énergie du texte de Dumas, sauce manga. Certains pourraient regretter justement cette trop grande « fidélité » et le « peu » de libertés accordées à Nejib par rapport à l’œuvre originale, mais là n’était pas le but de cet album !
© Dumas – Néjib – Tchao - Casterman
Nous y suivons un D’Artagnan qui va, de jeune puceau, devenir un héros amoureux, parfois maladroit mais fidèle en amitié et à ses convictions.
Impétueux, impulsif et téméraire, les codes du manga étaient parfaits pour transposer ses aventures en bande dessinée. La pagination s’adapte idéalement à la violence des duels, combats, poursuites et autres scènes mouvementées, mais également à l’importance donnée aux sentiments et expressions faciales des personnages. Ces derniers d’ailleurs sont librement imaginés, sans obligatoirement ressembler aux acteurs du film … ce qui permet de coller nettement mieux avec les codes graphiques du manga japonais. Bien que ceci reste du manga à tendance « européenne », donc un manfra ou un Global Manga, par certains éléments, tels des décors, les chevaux, …
Cédric Tchao maintient néanmoins la tension et le rythme du scénario en offrant aux fans du genre une version graphique intéressante et entraînante. Son trait nerveux et énergique dynamise efficacement le récit.
© Dumas – Néjib – Tchao - Casterman
Pour l’anecdote, il s’agit ici d’un partenariat entre les producteurs du film et Casterman. Ce dernier, profitant de la sortie du film pour éditer aussi bien ce manga qu’une BD d’humour et de gags sur le même sujet. Ce partenariat médiatique n’est pas une première mais permet à chacun de profiter de la sortie du film, parallèlement à celles des BD. Et … ou inversement ! Chacun y est par conséquent gagnant !
Alors, nous pourrons aussi nous interroger sur le choix du manfra pour reprendre l’adaptation BD du film. Pourquoi pas un style « franco-belge » classique en ligne claire réaliste ? Le plus simple est de laisser Gaétan Akyuz, responsable éditorial chez Casterman du projet BD des « Trois Mousquetaires » nous l’expliquer.
“Ce que l’on aurait pu proposer, qui aurait été le plus simple et le plus évident pour la BD officielle du film, c’est de faire un album franco-belge avec un dessin réaliste qui suit de manière littérale le scénario, mais cette option manquait de notre point de vue d'ambition artistique".
“Une adaptation oui, mais dans le genre de bande dessinée contemporain le plus repéré, le plus apprécié par le lectorat jeunesse, celui de Dumas : un manga. Et plus précisément le shonen, qui est un manga qui s'adresse traditionnellement aux garçons. C’est un récit picaresque en forme de feuilleton, une quête initiatique avec jeune homme qui, à la fin de l'histoire, doit en savoir plus qu'il n'en savait au départ. Or qui est D’Artagnan? Un jeune homme de 18 ans, fauché, qui vient de Gascogne à la capitale, et qui rêve d'accomplissement... On voit bien que l'on est très proche du shonen !”.
(extrait d’une interview accordée à Franceinfo)
Une idée intelligente et réfléchie pour amener les accrocs du genre et un public plus jeune à se plonger dans un monument de la littérature française !
© Dumas – Néjib – Tchao - Casterman
Quoiqu’il en soit, cela nous a donné l’envie d’aller voir le film au cinéma !
Et l’histoire n’est pas finie puisque la suite et fin est déjà annoncée, aussi bien pour le 7e que pour le 9e art.
« Les Trois Mousquetaires, Milady » sortie sur grand écran prévue pour le 13 décembre 2023 ! Et probablement avant en manga !
Bref, « Les Trois Mousquetaires » sont bien de retour et cela va faire du bruit à tous les niveaux !
(NDLR : pour être complet, un second partenariat a été mis sur pied pour l’occasion. Celui-ci associe la production du film et les éditions Flammarion Jeunesse. Ces derniers ont donc publié également 2 ouvrages fort différents de genre : une novellisation du scénario du film et un abrégé du roman de Dumas).
Thierry Ligot
Titre : D’Artagnan
Série : Les Trois Mousquetaires
Tome : 1
Éditeur : Casterman
Genre : Manga
Adapté d’Alexandre Dumas
Scénario : Néjib
Dessin : Cédric Tchao
Nombre de pages : 202
Prix : 7,95 €
ISBN : 9782203258105
82 après J-C, amphithéâtre de Vespasien et Titus, Rome, un jeune gladiateur de 20 ans s’apprête à entrer dans l’arène. C’est son premier combat comme thrace ! Il ne semble pas au meilleur de sa forme et pourtant, il n’a pas le choix !
« Usque ad finem … et ultra »
Mais qui est-il et comment est-il arrivé là ?
Pour cela, il faut remonter en 74, à Pompéi. Il s’appelle Cleio, esclave gaulois et au service d’un aristocrate romain, Primus Pollia, de la famille Pollia. Il a « fui » volontairement le cloaque de Rome, 7 ans auparavant, avec sa fille Adriana ! Elle a son âge. Ils sont élevés ensemble comme frère et sœur. Même si de classes différentes, cela crée des liens qui se renforcent jour après jour …
© Trifogli – Celestini - Tabou
« Tiens, bizarre ! Mais j’ai déjà lu cette chronique ! » allez-vous vous dire, vous qui nous suivez régulièrement !
Et vous avez raison. Nous avons chroniqué cette histoire il y a quelques temps … ou plutôt, nous l’avons fait pour sa version « soft ». Car, comme c’est désormais souvent le cas chez Graph Zeppelin, une version plus « hot » de leurs parutions est publiée chez « Tabou » !
Thrace T.1/3 O Iuvenes lupi (bd-best.com)
Et à nouveau, pas de raison de se plaindre … Nous pourrions même dire que les séquences plus « hot » ajoutées permettent de mieux comprendre certains événements ou rebondissements. C’est notamment le cas, dès le début, lors de la visite de Quintus chez son frère, Primus Pollia. Que s’est-il réellement passé dans la chambre entre Quintus et Cleio pour que ce dernier paniqué, cherche protection auprès de son maître, poursuivi par un Quintus furieux et ivre de vengeance ?
Est-ce réellement une simple coupure due à un rasage maladroit exigé par Quintus ? Réponse est enfin fournie …
© Trifogli – Celestini - Tabou
Et cet exemple n’en n’est qu’un parmi de nombreux autres qui tout au long du récit rendent cette histoire plus osée, mais également plus « vivante » dans une civilisation romaine où les « bonnes mœurs » étaient historiquement plus « légères ».
Les planches ajoutées à la version « soft » le sont de façon intelligente et judicieuse. Joli travail d’insertion bien pensé et dosé.
Donc pour en revenir à l’album, histoire intéressante nous plongeant dans cette Rome antique à la fois grandiose et décadente, entre intrigues – trahisons – vengeances - passions et amours contrariés ! Un dessin réaliste faisant la part belle à l’anatomie et aux corps d’athlètes. Une colorisation adéquate à l’atmosphère et aux ambiances parfois fort intimistes. Bref un ensemble bien dosé, juste légèrement érotico-historico-chaud mais sans exagération ni matraquage pornographique.
© Trifogli – Celestini - Tabou
Pour conclure, un nouveau duo « soft-hot » réussi sur un scénario identique ou comment quasi doubler son public cible sur une même série … intelligent
Thierry Ligot
Titre : Lupi, fratres, Amantes
Série : Thrace
Tome : 1/3
Éditeur : Tabou
Genre : Historique – charme
Scénario : Francesco Trifogli
Dessin : Francesco Trifogli
Couleurs : Andrea Celestini
Nombre de pages : 64
Prix : 19,00 €
ISBN : 9782359541816
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