"-Les otages civils sont détenus dans les cellules de l'ancien pénitencier ! Ils sortent dans la cour principale deux fois par jour, sous la surveillance des warriors armés…
-Combien y a-t-il de prisonniers ?
-D'après le service de police de San Francisco, près d'une centaine… dont une douzaine de femmes et d'enfants !
-Et parmi les activistes, combien de combattants armés ?
-Difficile à dire ! Près d'une trentaine… Mais la nuit, leurs zodiacs parviennent à briser le blocus et ramènent vivres et renforts !"
1970. Un groupe d'activistes amérindiens des Red Power Warriors mené par trois évadés d'une prison californienne s'est emparé d'Alcatraz. L'ancienne prison est aujourd'hui abandonnée mais l'îlot est occupé par des militants pacifistes. Alors que ces derniers veulent regagner le continent, les rebelles armés retiennent en otage ce groupe de fils à papa, de hippies et de drogués pour leur servir de rempart. Que veulent-ils ? Tout simplement le respect des traités revendiquant les droits civiques des amérindiens. Parmi les évadés, se trouve Marcus, le frère du sous-lieutenant Jones. Pour mener l'affront, le gouvernement envoie la brigade militaire des SPADS du général Carrington, qui a fait appel à Jones pour le seconder. Madame le Maire de San Francisco, quant à elle, est contre l'emploi de la manière forte, afin de préserver les otages. La situation réussira-t-elle à être réglée ?
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Deuxième volume du triptyque XIII trilogy consacré à celle qui n'a pas encore atteint le grade de Major, Jones, Rouge Alcatraz prend pour thème un événement véridique de l'Histoire des Etats-Unis, à savoir l'occupation de l'île d'Alcatraz dans la baie de San Francisco en Californie, sauf que dans la réalité, ce fut beaucoup plus pacifique que dans la série, XIII oblige. L'invasion dura de novembre 1969 à juin 1971. Soixante-dix-huit amérindiens, menés par un certain Richard Oakes, directeur du département des études indiennes au collège d'Etat de Chicago, et Grace Thorpe, fille du célèbre footballeur et athlète olympique Jim Thorpe. En quelques jours, ce n'est pas moins de six cents amérindiens de cinquante tribus différentes qui composèrent le groupe de squatteurs. Les individus revendiquaient leurs droits et voulaient faire de l'île un centre d'études indiennes pour l'écologie. Le gouvernement les aura à l'usure en commençant par leur couper l'eau, l'électricité et le téléphone.
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Il fallait tout le savoir-faire d'un Yann pour tordre et distordre ces événements et y ajouter, avec d'autres, les personnages de Van Hamme et Vance que sont Jones et le général Ben Carrington. A la manière du scénariste originel, il mène l'intrigue tambour battant sans aucun temps mort et avec un épouvantable cliffhangher final (surtout ne feuilletez pas l'album avant de le lire). Là où l'on reconnaît la patte de Yann par rapport à celle de Van Hamme c'est dans des petits clins d'œil comme ici avec une pseudo-Janis Joplin rebaptisée Joanis Joplaez.
Olivier Taduc est dans un graphisme parfaitement Vance-compatible tout en gardant son style que l'on connaît si bien avec Chinaman. Ce n'est pas la première fois que le dessinateur visite l'univers puisqu'il avait pris en charge Jonathan Fly dans un XIII Mystery scénarisé par Luc Brunschwig.
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Après la série mère et la série Mystery, ce nouveau concept Trilogy relance la franchise pour un bon moment. Avec des auteurs de qualité, à quoi se priver de faire durer le plaisir ? Efficace.
Laurent Lafourcade
Série : XIII Trilogy Jones
Tome : 2 – Rouge Alcatraz
Genre : Thriller
Scénario : Yann
Dessins : Olivier Taduc
D'après : William Vance & Jean Van Hamme
Couleurs : Bruno Tatti
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505124771
Nombre de pages : 48
Prix : 13 €
"-Un groupe, c’est comme une famille. Alors autant jouer en famille.
-Et au fait, comment il s’appelle ton groupe ?
-Heu… Ça déchire trop ce nom ! Papa, ça évoque quoi pour toi, "Mano Negra" ?
-C’est le nom d’une bande d’anarchistes andalous de la fin du XIXème siècle et nationalistes yougos."
Ils ont été le meilleur groupe du monde pendant quatre ans. Ils ont reboosté le rock français. Ils ont chanté en espagnol, en français, en anglais, en arabe et ont commencé à sillonner le monde. Il a ensoleillé les plus grands stades et les petites rades, bondissant sur scène. Il a chanté en espagnol, en français, en anglais, en arabe et a continué à sillonner le monde. Ce groupe, c’est La Mano Negra, ce chanteur, c’est Manu Chao. En véritable fan inconditionnel, Gaston retrace le parcours passionnant d’un saltimbanque et de sa troupe, des années 80 à nos jours.
© Gaston - Idées plus
L’histoire commence en 1961 avec la naissance à Paris du petit José Manuel Arturo Chao, un 21 juin, jour qui deviendra plus tard celui de la fête de la musique. Son père, Ramon, dirige ses enfants vers la musique. Manu choisit la guitare, son frère Antoine la batterie, puis la trompette. Porté par le succès des Bérurier Noir, le rock alternatif émerge, avec l’hilarante danse du Pogo. En 1982, Manu créé son premier groupe familial avec son frère et son cousin. En 1984, il fonde les Hot Pants dont il est le leader. En 1987, c’est sous le nom de groupe La Mano Negra que sort le 45 tours à l’étoile rouge sur fond jaune avec l’empreinte de main noire. Suivra le premier album, mythique : Patchanka, qui leur permettra de passer du label indépendant Boucherie Productions à la Major Virgin. Manu Chao garde le contrôle du business : du marketing au prix des places, en passant par les affiches et le choix des titres. Le groupe joue dans une bonne partie du globe, les albums et les tournées s’enchaînent.
© Gaston - Idées plus
Après la séparation du groupe en 1994, Manu Chao a un coup de blues. Il continue de voyager, continue la musique, mais songe à arrêter sa carrière pour passer à « autre chose ». Mais avant cela, il décide d’enregistrer un dernier album solo. Il le veut techno mais un bug informatique supprime les rythmes du genre des enregistrements. Tant pis. L’album sort comme ça, en 1998, comme une maquette. Il s’appelle Clandestino et va s’écouler à plus de trois millions d’exemplaires. Les albums et les collaborations se suivent, jusqu’en 2008 avec la sortie d’un dernier album live. Depuis, Manu Chao continue à tourner mais a une autre conception de distribution de la musique. C’est un philanthrope. Il se fait plaisir, et fait plaisir à ceux qui suivent sa carrière.
© Gaston - Idées plus
Après Bobby Lapointe et Renaud, Gaston s’intéresse à Manu Chao et La Mano Negra. Dans un petit album passionnant, il témoigne d’un amour profond pour la musique de ce troubadour des temps modernes, sans pour autant jamais tomber dans une hagiographie. Le livre est accompagné d’une bande son que l’on peut découvrir grâce aux nombreux QR codes qui parsèment les pages. Magyd Cherfi, le pote de toujours, signe la préface. Et là où l’on voit que la musique de Manu Chao a quelque chose de magique, c’est qu’il intéressera tout autant les aficionados que les profanes.
Laurent Lafourcade
One shot : De la Mano à Manu Chao
Genre : Biographie
Scénario, Dessins & Couleurs : Gaston
Éditeur : Idées plus
ISBN : 9782374700878
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
"-Est-ce que par hasard il y aurait un bus en partance dans les prochaines minutes ? Quelle que soit la destination.
-Le plus pratique est d’acheter le billet directement au chauffeur. Le car est juste devant la porte.
-Merci de votre aide. "
Allan Karlsson est né le 3 juillet 1905. En Suède, pendant que tout le personnel de la maison de retraite s’affaire aux préparatifs de la fête pour son centième anniversaire, le vieillard prend la poudre d’escampette par la fenêtre de sa chambre. Heureusement qu’il est au premier étage parce qu’à son âge on ne peut pas se permettre des cascades trop périlleuses. Après un crochet par le cimetière, Allan se rend dans une gare d’autobus pour partir. Peu importe où. Alors qu’un jeune homme lui demande de garder sa valise pendant qu’il est aux toilettes, le vieux part avec, en bus, direction Strängnäs. Sorti des WC, le type est furieux. Sa valise semblait cacher quelque chose d’important. Réfugié chez le gardien d’une toute petite gare, ferroviaire cette fois-ci, Allan est rattrapé par le propriétaire de la valise… qu’ils tuent. Les voilà donc avec un corps et une valise sur les bras, suscitant bien des convoitises. Va falloir gérer tout ça, et même plus, un éléphant.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
L’histoire du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un road movie. La fuite en avant alterne avec les souvenirs d’Allan. Orphelin de père à douze ans à la suite de la Révolution russe de Février 1917, il doit se mettre au travail. Il va bosser chez un chimiste. A quinze ans, il perd sa mère. Devenu expert en explosifs, Allan va débarquer aux Etats-Unis, avant d’être récupéré par les russes qui souhaitent bénéficier de ses connaissances sur l’atome pour les aider à fabriquer la bombe. C’est au Kremlin qu’il va croiser la route d’Herbert Einstein, frère stupide du génie. Staline va en attraper des sueurs froides.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
Après l’excellent La demi-double femme, paru chez Mosquito, Grégoire Bonne s’offre une récréation avec l’adaptation du best-seller de l’auteur suédois Jonas Jonasson. A la manière du Pingouin, d’Andreï Kourkov, le roman est de ces histoires loufoques ridiculisant le monde et l’époque dans laquelle ils se déroulent. Si Le pingouin prend place en ex-URSS, la vie de Jonas prend un tournant décisif en pleine guerre froide. L’auteur se moque de tous les dirigeants de l’époque. Au fil de l’histoire, le passé d’Allan prend de plus en plus de place, tant et si bien qu’il faut prendre garde à ne pas perdre le fil de la traque entre les fugitifs, les malfrats et les forces de l’ordre. Le scénariste Taillefer date les séquences, notamment celles du passé, bordées de gris. C’est à la fin qu’il faut être attentif, quand, comme dans un post-générique, on boucle la boucle en apprenant comment Allan a débarqué à l’Ehpad.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
Drôle et tendre, cruel et loufoque, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire réussit son passage en bande dessinée, grâce notamment à ses personnages attachants et joyeusement barrés.
Laurent Lafourcade
One shot : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Genre : Road movie Polar
Scénario : Taillefer
D'après : Jonas Jonasson
Dessins & Couleurs : Grégoire Bonne
Éditeur : Philéas
ISBN : 97823855020118
Nombre de pages : 120
Prix : 19,90 €
"-J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai convoqué.
-Mon seigneur a avancé dans l'enquête qu'il mène sur la mort mystérieuse de nos abeilles ?
-Pas… pas exactement, non. Bien souvent, tu causes des troubles dans la cité et bien souvent, nous te pardonnons… Atsuhiko, es-tu mon ami ?
-Je vous demande pardon ?
-Es-tu un ami de l'empire et de son digne représentant, ton daimyo ?
-Bien entendu, seigneur…
-Alors pourquoi le quartier des apiculteurs ne s'acquitte pas de la taxe ?"
Sur la berge enneigée d'un lac japonais, un couple déplore de ne pas pouvoir avoir d'enfants. Les dieux veulent-ils que s'éteigne la lignée des Inari ? Kiyo demande à son mari Murami de la répudier afin qu'il ait des enfants avec une autre pour que la dynastie Inari se poursuive. Il le refuse. Il ne ferait jamais cela à son aimée. C'est alors qu'une meute de loups se fait entendre non loin. Les bêtes gravitent autour d'un panier en osier suspendu à une branche. Après les avoir fait fuir, les époux y découvrent un bébé. Il s'appelle Caleb. Les dieux leur auraient-ils envoyé un héritier ?
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Quelques années plus tard, le bambin a bien grandi. On le retrouve dans une bien mauvaise passe, otage d'une bande de malfrats. Avec l'aide de son serviteur Doglass, il va réussir à s'en sortir, non sans quelques frayeurs. On va rapidement apprendre qu'ils sont chasseurs de primes et parcourent le pays, traquant les bandits qui pourraient leur permettre d'encaisser de l'argent auprès du daimyo local. C'est à une affaire de grande aventure à laquelle ils vont se trouver confrontés. A Chidori, les apiculteurs déplorent la mort mystérieuse de leurs abeilles sur lesquelles repose l'économie de la ville. Voilà donc nos héros en mission pour résoudre cette énigme. Caleb va avoir bien besoin des larmes du Yôkai transmises au fils ainé de chaque génération.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Après Le temps des mitaines, revoici Loïc Clément aux commandes d'une bande dessinée animalière. A la frontière entre Chlorophylle et Kogaratsu, les aventures de Caleb et Doglass démarrent sur les chapeaux de roue. Imaginez donc les personnages de Macherot dans l'univers japonais médiéval de ceux de Michetz et Bosse, et voici Les larmes du Yôkaï. Ce ne sont pas les seuls auteurs qu'invoque Loïc Clément, parce qu'il y a aussi du Goscinny dans son écriture, pour son duo de héros hors du commun tout d'abord, puis surtout dans les dialogues, fins, ciselés, drôles. Caleb et Doglass portent le même équilibre qu'Astérix et Obélix, ou plus encore Iznogoud et Dilat Laraht. Caleb a quand même un petit côté fourbe. Doglass est bien plus malin qu'il ne veut le laisser paraître.
Margo Renard dessine l'histoire dans la même ambiance que l'aurait fait Anne Montel, complice de Loïc Clément sur Le temps des mitaines. C'est Stéphane Benoit qui s'est chargé du storyboard, dynamique, allant à l'essentiel. Les couleurs de Grelin ont un effet aquarelle qui passe très bien sur les décors mais qu'on aurait préféré plus en aplats sur les personnages. Cela n'entache en rien l'ambiance globale de l'intrigue.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Les abeilles se cachent pour mourir est la première aventure d'un duo de héros qui a un énorme potentiel pour une longue série d'intrigues équilibrant à merveille humour et action. L'histoire se termine dans ce volume mais le fil rouge de la famille de Caleb est là pour la relier aux prochaines. A suivre… avec grand plaisir, comme à la grande époque de l'âge d'or du franco-belge.
Laurent Lafourcade
Série : Les larmes du Yokai
Tome : 1 – Les abeilles se cachent pour mourir
Genre : Aventure
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Margo Renard
Couleurs : Grelin
Storyboard : Stéphane Benoît
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053218
Nombre de pages : 88
Plus de 60 ans de lutte, de combat ... de défaites parfois, souvent, longtemps ... mais finalement d'importantes victoires pour la préservation des ressources de notre planète, de nos océans !
La peur ? Non, elle reconnaît qu'elle ne l'a jamais connue ... Mais la TERREUR, oui !
"Quand déferle une mer souvent creuse qui arrive de 1.000 km sur vous qui naviguez dans une pirogue de bois, sortie d'un arbre ... Eh bien vous êtes très léger, très vulnérable ... Vous luttez avec la confiance que vous avez en votre destin !"
Celle qui prononce ces mots lors d'une conférence à Saint-Malo en 1994, est Anita Conti, la redoutable "Dame de la mer" !
Première véritable écologiste de France, elle l'est en défendant la relation entre les humains et l'environnement, leur environnement car "oikos" signifie bien "maison" en grec ! Défendre sa "maison".
Née le 17 mai 1899, son destin est la "mer" ... Et tout l'y conduira !
Son prénom "Anita", en l'honneur de la grand-mère de Jésus qui aurait voyagé jusqu'en Bretagne pour devenir la sainte patronne des mères.
Son baptême que son père fait en la lâchant, au sens propre, dans la mer afin de lui apprendre à nager avant de marcher ! Ce sur quoi un marin lui répondra :
"Nous autres, ici, on ne sait pas nager. Quand la mer vous prend, à quoi bon vouloir lutter ?"
Et si cela ne suffisait pas ... à 10 ans, elle pêche en pleine mer, dans une barquette, avec son petit frère et un ami. Un requin les fait chavirer ... Recueillie par des marins, qui se moquent d'eux, convaincus qu'ils ne sont pas près de remonter dans une barque, Anita rétorque :
"Si ! Dès que nous aurons écopé.
Je ne suis pas un garçon manqué, je suis une jeune fille réussie !"
Elle est définitivement atteinte du virus de la mer ... d'autant plus qu'elle trouve triste tous ces poissons morts ramenés par les pêcheurs !
© Catel - Bocquet - Casterman 2024
Pourtant, entrant dans la vie active, c'est comme relieuse d'art de talent que le Tout-Paris bibliophile se l'arrachera d'abord ! Elle sera même perçue comme novatrice en la matière.
Tempérament faisant, son travail d'atelier qui ne lui suffit cependant plus. Elle recherche plus d'action, plus d'un engagement qu'elle ne définit pas encore exactement ! Elle entre donc, en 1931, chez "Eve", hebdomadaire féminin, et entraîne ses lectrices dans les mystères des siphonophores (animaux marins en forme de plantes) ici ou aux origines de certains mots comme "mirobolants" !
L'année suivante, elle embarque sur l'aviso "La Ville-d'Ys" comme reporter-photographe. Elle approche pour la première fois les pêcheurs morutiers.
© Catel - Bocquet - Casterman 2024
A partir de ce moment, elle ne cessera d'enchaîner les campagnes de pêche, d'exploration et de recherche sur les fonds marins et la vie sous-marine.
C'est ainsi qu'elle dénonce, dès les années '30, les méfaits et conséquences de la surpêche !
Une prise de conscience qu'elle ne cessera de partager autour d'elle.
"Tous les bateaux ramassent le poisson à l'aveuglette. Tous rejettent des tonnes de "faux" poissons : les inutiles, les sales gueules, les indésirables, les traînards, les hors-la-loi. Ailleurs, des pays sont privés de nourriture ... quel gâchis !"
Dénoncé sera une fois, proposer des solutions et les expérimenter sera la suite de combat.
Femme libre des carcans sociaux de son époque, lanceuse d'alerte avant l'heure, pionnière océanique bien avant le commandant Cousteau, documentaliste, conférencière hors pair, réalisatrice de films, ... elle devra lutter pour se faire entendre, pour se faire reconnaître !
Malgré une Légion d'Honneur tardive, les honneurs de festivals, ... elle finira sa vie dans un quasi-dénuement général.
Et aujourd'hui encore, son nom est souvent ignoré du grand public !
© Catel - Bocquet - Casterman 2024
C'est tout cela qui justifie amplement son "entrée" dans la collection des "Clandestines de l'Histoire" de Catel et José-Louis Bocquet.
L'envie de remettre en lumière le parcours de celle qui consacra sa vie aux océans est amplement mérité. Sa passion, son énergie, son jusqu'au-boutisme fera d'elle la première océanographe française.
Une biographie claire, vivante, rythmée, loin d'un académisme morne, José-Louis Bocquet utilise les recettes qui ont fait le succès des tomes précédents (Joséphine Baker, Olympe de Gourges, Kiki de Montparnasse et Alice Guy). Se centrant sur les dates et événements clés de l'existence de son héroïne, il relate sa vie par de petits chapitres de maximum une quinzaine de pages. Un ton léger, des dialogues efficaces, tout est fait pour faciliter la lecture.
Second atout de cette série, le dessin de Catel. Toujours aussi rond et jovial, il accentue le côté "positif" et agréable de la narration. Il nous donne ainsi "envie" de lire cette brique de plus de 300 pages.
Un trait n&b nuancé laisse une belle place aux dialogues, sans les écraser, ni les minimaliser. Un juste équilibre "texte" - "dessin" exclusivement au service du récit !
Tout comme les dossiers "Chronologique" et "Notices biographiques" ! Ce dernier présente les principales personnalités ayant simplement croisés ou au contraire joués un quelconque rôle dans la vie d'Anita Conti. Là, la lecture est toutefois plus "compacte". Indispensable pour bien comprendre "qui est qui" mais qui sera peut-être un rien trop "encyclopédique" pour certains !
© Catel - Bocquet - Casterman 2024
Nul doute du plaisir que les auteurs auront pris dans leurs recherches puis dans l'écriture du scénario et dans sa mise en dessin ! Un plaisir qu'ils réussissent parfaitement à nous partager au fur et à mesure des pages.
Maintenant que nous en savons plus sur Anita Conti, la "Dame de la mer", la seule question est : qui sera la prochaine "Clandestine de l'Histoire" ?
Thierry Ligot
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Série : Les Clandestines de l'Histoire
Tome : 5 - Anita Conti
Scénario : José-Louis Bocquet
Dessin : Catel Muller
Conseiller historique : Laurent Girault-Conti
Éditeur : Casterman
Genre : biographie, historique, roman graphique
Parution : 18/9/2024
Pages : 368
Format : 17 x 24 cm
ISBN : 978 2 203 24163 3
Prix : 24,95 €
Margaux,
Mon very good angel, ma moitié, mon double, mon tout,
l'amour de toutes mes vies passées et de celles à venir.
J'ai eu la chance incroyable de faire cette BD comme
je vis ma vie : avec toi, grâce à toi et pour toi !
Merci d'avoir mis ton talent au service de cet album.
Il t'est dédié ...
Petit format pour grand univers ... celui de l'amour immense, infini de Pacco pour sa compagne, sa muse, sa mie, sa moitié, sa lumière, ...
Un petit carnet des 100.000 manières (enfin presque) de dire, d'exprimer, de vivre, de ressentir, de montrer, de partager ses sentiments les plus purs pour son autre !
Ou comment transformer son quotidien en une romance de tous les jours.
© Pacco - Casterman 2024
Après notamment son "blog de Maé" qui cassa la baraque, ses "Guide de survie avec un chat", "Daddy Cool" ou sa trilogie "Une semaine sur deux", sa série BD "Very bad Twinz" (avec Margaux Motin), ... le voilà qui nous concocte cette petite perle, ce guide, ce "mode d'emploi" des petits signes amoureux dans un couple !
S'inspirant de son vécu, papa solo avant de devenir famille recomposée, Pacco nous parle tout en douceur de sa relation avec sa nouvelle compagne.
En une page et maximum 4 dessins, de multiples petites situations intimes et privées plus mi-mi, plus tendres, plus craquantes les unes que les autres.
Une longue suite de moments simples, de petits gestes qui ensoleillent le quotidien de l'autre, et de soi.
© Pacco - Casterman 2024
Peu de dialogues, tout passe par le dessin. Un trait rond, léger, transpirant de bonheur !
Un véritable catalogue d'instants de tendresse et de complicité qu'aucun des plus célèbres couples d'amoureux ne renieraient.
De Tristan et Iseult à Roméo et Juliette, d'Ulysse et Pénélope à Paul et Virginie ou à Solal et Ariane ... sauf qu'ici aucune tragédie finale, mort violente ou que sais-je.
Une infinité de "bons à câlins" ... à utiliser sans modération !
Que du bonheur ... et cela fait un bien fou à sa lecture !
© Pacco - Casterman 2024
Alors, après vous en être délecté, n'hésitez pas à le partager et surtout, à le faire savourer au soleil de votre cœur !
Thierry Ligot
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Titre : Toi & Moi
Auteur : Pacco
Éditeur : Casterman
Genre : humour, tendresse
Parution : 2/10/2024
Pages : 128
Format : 15,6 x 21,9 x 1,7 cm
ISBN : 978 2 203 28979 6
Prix : 14,95 €
Les océans, berceaux et sources de la vie, font que notre Terre se surnomme si joliment la "planète bleue" !
72 % de sa surface ne sont-ils pas recouverts par les océans ?
Milieu à la fois rassurant et inquiétant, invitant à l'aventure et au mystère, devant lequel l'homme se retrouve obligatoirement confronté à lui-même, la mer ne permet pas de tricher !
Dépassant largement l'individu, elle représente par ailleurs bien souvent des enjeux mondiaux tels qu'économiques, politiques, sociaux ... De petits pays ont dominé le monde grâce à leur maîtrise des océans. Aujourd'hui, 90 % du commerce mondial s'effectuent via les voies maritimes. Des cargos, des porte-conteneurs, des pétroliers toujours plus grands, plus imposants sillonnent le globe dans tous les sens.
Ainsi, il était inimaginable qu'Hergé n'y fasse pas régulièrement allusion dans les aventures de Tintin. Il suffit tout simplement de penser à l'acolyte, au partenaire, au faire-valoir (?) préféré de son reporter, j'ai cité le capitaine Haddock !
Apparu dans "Le Crabe aux Pinces d'or" (1941), loin d'être à son avantage, le piteux capitaine mais futur ami indéfectible sera la facette "bon vivant" de Tintin.
Ses qualités sont aussi vitales à la série que ses défauts. Un langage "verdoyant et fleuri", un humour parfois déjanté, une fidélité à toutes épreuve, il apprendra rapidement à mieux "gérer" son penchant pour certains breuvages dorés !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
A côté de cela, il apportera sa science et son savoir maritime, sa maîtrise des océans à de nombreuses occasions. Rappelez-vous "Le Secret de La Licorne", "Le Trésor de Rackham Le Rouge" (mes 2 préférés !), "Coke en stock" ou encore "L'étoile mystérieuse" !
Nous avions déjà pu nous immerger dans l'univers maritime d'Hergé, et donc de son capitaine au long cours, avec le numéro 10 de "Tintin, c'est l'aventure" (nov 2021 - jan 2022).
Ainsi thème déjà abordé mais qui mérite largement un Hors-série spécial !
C'est chose faite avec ce numéro-ci ...
Centré en partie sur le capitaine Archibald Haddock et ses différents visages, il nous invite par ailleurs à une meilleure compréhension de l'importance de la préservation de nos océans ... et de leurs grands fonds !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
En plus des traditionnels articles et rubriques consacrés au monde hergéen et à ses archives, petits trésors parfois méconnus, nous trouvons un fort intéressant entretien avec Jean-Luc Van den Heede, vainqueur de la "Golden Globe Race" en 2018, recordman du tour du monde en solitaire d'est en ouest et du nombre de passage du terrifiant Cap Horn !
De son côté, Cyrille P. Coutansais, directeur du Département Recherches du Centre d'Études Stratégiques de la Marine, nous dresse un état des lieux de la situation géopolitique des mers ainsi que des nouveaux rapports de force entre États. Les océans et leur maîtrise sont plus que jamais au centre des enjeux militaires. Le réarmement naval de certaines grandes puissances en est la preuve évidente.
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Autre question également abordée dans ce numéro : au XXIe siècle est-elle toujours propice à l'aventure ? La réponse ? Page 82 ...
"Haddock, un homme à la mer !", un hors-série qui évoque à la fois le personnage ayant le plus de panache dans l'univers d'Hergé, et son univers maritime.
Alors, larguez les amarres et bon vent, mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Autrement dit, bonne lecture !
Thierry Ligot
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Série : Tintin c’est l’aventure
Titre : Haddock, un homme à la mer !
Tome : HS 5
Éditeur : Éditions Moulinsart – Géo – Prisma Media
Parution : 19/7/2024
Nombre de pages : 96
Format : 21 x 29 cm
ISBN : 978-2-8104-4029-0
Prix : 16,99 €
Jérôme K.Jérôme Bloche, enquête à perpétuité !
Le privé au solex de Dodier est de retour. Il va d'ailleurs rouler en mobylette pour une fois. C'est un simple doudou perdu qui va l'emmener dans sa nouvelle enquête. Le second événement de l'hebdomadaire est un récit complet de Spirou et Fantasio signé par le trio Elric, Lemoine et Baril qui explique comment le groom et le journaliste ont emménagé ensemble.
Pendant ce temps, les abonnés vont construire un très original poptastic en accordéon représentant une scène de Spirou à Korallion
Spirou, ami, partout, toujours.
© Mathieu, Schwartz - Dupuis
Histoires à suivre :
Cavaliers de l'apocadispe (Les) sauvent la nature |
Libon |
Jérôme K. Jérôme Bloche : Perpétuité |
Dodier / Cerise |
Marsupilami (Le) : El Diablo |
Nesme / Trondheim |
Tuniques Bleues (Les) : De l'or pour les bleus |
Lambil / Neidhardt / Leonardo |
Récit complet :
Spirou et Fantasio : La brosse à dents |
Elric / Lemoine / Baril |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Brad Rock |
Jilème / David |
Dad Flashbacks |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Kid Paddle |
Midam / Dairin / Patelin / Angèle |
Léon & Lena |
Clémence / Cerq / Alizon |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
3 infos 2 vraies 1 fausse |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Tom |
En direct du futur : Lucky Luke in town |
Achdé |
Interview |
Dodier |
Jeux : Les prodigieuses enquêtes de ce cher Lockholmes et du Doc'Teurwatson |
Emeriau & Casters |
Spirou et moi |
Plateau |
Supplément abonnés :
Poptastic : Spirou à Korallion |
Mathieu / Schwartz |
En kiosques et librairies le 25 Septembre 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
Les vacances sont désormais loin derrière nous, avec ses grands événements, sa météo parfois pluvieuse ou au contraire plus qu'estivale.
Bref le temps vire petit à petit à un été indien hésitant, voire un automne naissant.
Le moment idéal pour se plonger dans quelques lectures évasives par excellence. Or qui mieux que Tintin, l'éternel jeune reporter pour encore et toujours nous faire rêver, nous replonger dans l'incroyable univers d'Hergé !
Lui qui au travers ces différents albums à aborder tellement de thèmes différents dont le sport ou encore les transports, notamment dans de courses folles.
Tintin c'est l'aventure, 20 - Le sport, esprit olympique
Même si on y fait rarement allusion, au vu de ses aventures, le jeune journaliste possède une condition physique plus que remarquable.
Comme de nombreux héros me direz-vous ... Oui enfin, le capitaine Haddock, peut-être moins ! Rappelez-vous la fameuse scène dans "Tintin au Tibet", le début de la marche avec ... pour rejoindre la montagne. Fier et avenant au début, pour rapidement se retrouver loin derrière !
Mais bon, ...
Entre escalades, acrobaties de toutes sortes et dans toutes les conditions, nage, équitation, ... sans compter ses qualités de pilote ... automobile, moto, avion, ...
Bref Tintin est clairement un sportif accompli, même s'il n'en a pas l'air !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Quoi de plus logique dès lors à ce que le sport et l'esprit olympique soient le thème du 20e trimestriel de "Tintin, c'est l'aventure" (juin -août 2024).
Tout un numéro consacré à cet aspect inconsciemment connu de tous de Tintin. Hergé réalisa d'ailleurs de nombreuses illustrations sportives de son héros. Pour tel ou tel événement, pour illustrer des articles, voire pour des publicités, ... Tintin est maintes fois apparu pratiquant course à pied, vélo, ski, ...
Un sommaire, comme à chaque fois, riche et varié, tournant autour de certains exploits et sportifs de l'extrême que Tintin lui-même n'aurait pas reniés ! A moins évidemment qu'il ne les ait déjà réalisés ...
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Marion Poitevin, pionnière de l'alpinisme féminin ! Un parcours exceptionnel tourné exclusivement vers les hautes cimes ... au sens propre et figuré ! Première femme à intégrer le Groupe militaire de haute montagne (2008), avant d'en démissionner pour propos sexistes (2012). La même année, elle devient instructrice à l'École militaire de haute montagne. La suite de son CV est tout aussi impressionnant : cheffe d'équipe de secours aux CRS Alpes, création d'un groupe "cordée" 100 % féminin", ... En 2022, elle publie "Briser le plafond de glace".
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Des hautes cimes, plongeon dans les profondeurs de la terre avec un reportage de Patricia Oudit sous la Dent de Crolles, en Isére ! Initiation à la spéléologie ... comme Tintin ! Mais lui, c'était sur la Lune !
Mais connaissez-vous Florence Foster Jenkins, soprano américaine dont la voix aurait fait pâlir de rage la fameuse Castafiore !!!! A moins qu'elle n'ait inspiré Hergé ?
Et comme toujours, d'autres archives d'Hergé tirées tout droit d'une caverne d'Ali Baba ! Articles, dessins, croquis, trésors parfois oubliés, ... Bref toujours une excellente occasion d'en savoir encore et toujours plus sur le processus de création du père du 9e Art et de la ligne claire.
Série : Tintin c’est l’aventure
Titre : Le sport - esprit olympique
Tome : 20 (Juin – Août 2024)
Éditeur : Éditions Moulinsart – Géo – Prisma Media
Nombre de pages : 144
ISBN : 978-2-8104-3958-4
Prix : 19,99 €
Tintin c'est l'aventure, 21 - Les transports, à toute vitesse !
S'il y a bien une chose qui caractérise les aventures du reporter du "Petit XXe", ce sont ses courses ... A vouloir poursuivre les "méchants" ou à tenter de leur échapper, la course et la vitesse sont des éléments indispensables de ses aventures.
En train (dès sa 1ère aventure chez les Soviets), vélo, moto, voiture, avion, bateau ou autres, Tintin a utilisé tous les moyens de transport existants ... jusqu'aux plus improbables, le sous-marin ... et la fusée lunaire !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Le 21e numéro de "Tintin, c'est l'aventure" explore ainsi ces multiples moyens de transport.
Pourtant, toute vitesse suppose également des instants de pause. Pause dans la narration, pause intérieure invitant à la réflexion, à la poésie pour que le récit reste à dimension humaine et sensible.
Hergé avait compris qu'un excellent scénario devait tenir compte de ces 2 piliers : l'action, l'énergie d'un côté, de l'autre la réflexion et la sérénité.
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Mais si Hergé était si fervent de ces moyens de locomotion, il accordait une place importante à leur technologie et ses évolutions.
Une rencontre avec Jamy était inévitable ! L'incroyable animateur de "C'est pas sorcier" et "Le monde de Jamy" se décrit lui-même comme :
"J'ai la houppette de Tintin, la barbe de Haddock et les lunettes de Tournesol."
Un épicurien du savoir qui le cultive autant qu'il le partage !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Parmi les autres articles sur lesquels mon attention fut particulièrement attirée, le "Carnet de voyage" consacré à Jirö Tanighshi, le "Hergé japonais" sublimant la Sérénissime dans son "Travel Book Venise" édition Louis Vuitton.
Je pourrais encore vous parler de l'entretien accordé par Lewis Trondheim à Frédéric Granier ou le "Face à face" surprenant entre "Marcel Dassault et Laszlo Carreidas : les hommes au pardessus".
Et toujours des dessins inédits, ... à découvrir !
© Prisma Media – Tintinimaginatio 2024
Question bonus, quel sera le thème du prochain numéro ? Un indice ? Milou, effrayé, courant dans une nuit de tempête, éclairé par des éclairs, sur un chemin boueux !
Excellentes lectures ...
Thierry Ligot
Série : Tintin c’est l’aventure
Titre : Les transports - à toute vitesse !
Tome : 21 (Sept – Nov 2024)
Éditeur : Éditions Moulinsart – Géo – Prisma Media
Nombre de pages : 144
ISBN : 978-2-81043-987-4
Prix : 19,99 €
"-Bonjour, Viktor.
-Tu es bien matinal, Jörgen… Toujours tes insomnies ?
-Toujours… Mon boulot me fait de plus en plus chier, Viktor. Vingt ans au propaganabüro à lécher les pompes des chinois, j’en peux plus. (…) Et toi, ton tueur ? Tu avances ?
-Non. On n’a plus rien depuis la septième victime… Et ça date d’un mois, déjà..."
Berlin 1975. Viktor Eberhart est flic. Le policier enquête sur une série de meurtres, sans succès. Il pourrait se faire aider par les informateurs de son collègue Jörgen, mais si les chinois l’apprennent, ils risquent de lui retirer l’enquête. Les victimes ont pour points communs leur âge et leur sexe. Elles ne sont connectées ni par leur milieu social, ni par leur profession, ni par leurs fréquentations. Après chaque meurtre, l’assassin découpe ses proies et dispose ses organes autour du corps. Alors que ça fait un mois que le tueur n’avait pas fait parler de lui, une huitième victime vient d’être découverte au Treptower Park. L’inspecteur Eberhart se rend sur place sous une pluie battante, accompagné de son assistant, Mathias. Le commissaire Zhang Jing leur fait comprendre que les policiers allemands n’ont pas à intervenir. Dans une Allemagne envahie par la Chine, Eberhart n’a pas l’intention de baisser les bras et compte bien mener son enquête à bout.
© Clarke - Soleil
Nouvelle Chine est une dystopie. Les années 70 voient une capitale allemande sous occupation chinoise. Après l’invasion du Tibet en 1950, Mao a soutenu les forces vietnamiennes. La guerre d’Indochine gagnée, les occidentaux ont dû plier bagage et abandonner les comptoirs commerciaux en Asie. Pour empêcher une nouvelle alliance de se mettre en place, le grand leader Mao Zedong balance le Chuanranun virus. Les USA ferment leurs frontières et ne se mêlent pas du conflit. L’Europe et le Moyen-Orient sont décimés par le virus. En échange du vaccin, le Bingdu, l’Occident doit se convertir aux valeurs universelles du communisme. Cette fraternité obligée se traduit donc par des distributions hebdomadaires de doses et par la lecture obligatoire du fameux petit livre rouge dont des versions réactualisées sont régulièrement imposées. Au milieu de tout ça, Viktor, qui vit avec sa fille, tente de faire son travail entre chinois non soumis au grand timonier et allemands découvrant les dessous d’un embrigadement international.
© Clarke - Soleil
Clarke met l’Allemagne dans un rôle totalement inédit. Au lendemain de la seconde guerre mondiale (trente ans, ce n’est rien à l’échelle de l’humanité), les teutons se trouvent dans la position du pays envahi. Mais c’est la Chine, et non pas les Alliés, qui prend leur contrôle. Le polar n’aurait pas eu la même intensité si l’action avait eu lieu en France. L’enquête autour du tueur en série n’est qu’un prétexte pour traiter des relations humaines en cette période troublée. Les plus grands tueurs en série ont profité de situations politiques ou belliqueuses pour agir en marge d’un contexte attirant l’attention. Ici, ce n’est pas le coupable qui intéresse, mais la façon dont Eberhart va pouvoir mener son enquête, entre politique et résistance, avec les moyens dont il dispose.
© Clarke - Soleil
Après la trilogie Urbex, Clarke a choisi un traitement noir et blanc mettant en avant un trait sec, avec une certaine rigidité en parfaite adéquation avec le propos. Il ne ferme pas la porte à une éventuelle suite. On a encore beaucoup à apprendre sur son inspecteur. La dystopie est posée et a un potentiel certain à être développée.
Toute ressemblance avec une épidémie de Covid-19 serait purement fortuite… ou pas. Nouvelle Chine est un polar glaçant mené de main de maître par un Clarke au meilleur de sa forme.
Laurent Lafourcade
One shot : Nouvelle Chine
Genre : Polar distopyque
Scénario & Dessins : Clarke
Éditeur : Soleil
Collection : Quadrants
ISBN : 9782302102781
Nombre de pages : 104
Prix : 17,95 €
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