Quel fan de BD et de western spaghetti ne connaît pas le plus célèbre chasseur de prime de l’ouest ? Avec son manteau de tueur et son inséparable Mauser, il arpente nos rayons de bibliothèque depuis plus de 42 ans ! Un âge respectable pour un homme vivant de la gâchette !
Il était donc temps pour nous de connaître enfin son histoire. Qui est-il à l’origine ? Quel est son passé ? Comment et pourquoi ce jeune vagabond que nous découvrons aujourd’hui au Texas, en 1886, va-t-il devenir ce si redoutable tireur au grand cœur ?
Témoin involontaire, mais gênant, d’un triple meurtre en pleine sierra, le jeune John Lane ne doit son salut qu’à l’abandon de son cheval en espérant que le tueur le suivra dans la rivière.
Pari gagnant ! Ramenant ensuite les 3 cadavres et les chevaux en ville, il est remercié par Old « Bull » Warren, leur patron et gros propriétaire et éleveur de la région. Ce dernier semble rencontrer quelques soucis comme du vol de bétail et des problèmes de trésorerie.
© Swolfs – Surzhenko – De Gennaro – Soleil
Néanmoins, reconnaissant, il engage John Lane à l’essai. Le jeune homme devant prouver ses compétences, démontre certaines aptitudes avec un colt. Et il risque d’en avoir bien besoin car un conflit entre les 3 gros éleveurs du coin se profile à grands pas.
Mais qui est derrière tout cela ? Pourquoi ?
« Bull » Warren lui-même ? Le « capitaine » Bellens, vieil officier confédéré refusant la défaite du Sud ou le clan des Wesburry, des métis Cherokees devenus éleveurs de moutons ? A moins que d’autres protagonistes, agissant encore dans l’ombre, ne cherchent à provoquer une guerre ouverte entre les 3 premiers avant de se découvrir pour récupérer … Mais récupérer quoi ? Ce territoire cacherait-il quelque chose ?
© Swolfs – Surzhenko – De Gennaro – Soleil
Yves Swolfs reste bel et bien un des maîtres du scénario d’aventure à rebondissements et du western, quand ce n’est pas du Moyen-Âge !
Si Durango était digne de séries réalistes telle « Comanche », il entre maintenant avec ce préquel dans la lignée des grands héros où la série phare ne suffit plus. Et pour n’en citer qu’un, dans le genre western justement, impossible de ne pas faire référence à « La jeunesse de Blueberry » !
A la différence notable qu’ici, il s’agira qu’un triptyque ! Pas besoin de plus visiblement pour comprendre ce qui fera de ce jeune vagabond gentil, doué pour le tir mais n’ayant encore jamais tué personne et pas disposé à le faire, un chasseur de tête implacable !
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L’intrigue de départ aurait pu paraître un peu trop « classique », pour celles et ceux qui, loin de se laisser conduire par le bout du nez dans une BD, tentent d’en deviner le scénario après les premières planches. N’allait-on pas tomber dans une sorte de remake adapté du film « The Left Handed Gun » ? Mais très vite, le scénario se complexifie et Yves se fait un plaisir d’embrouiller, comme à chaque fois, le lecteur.
D’ailleurs, concernant son héros, peu d’informations nous sont fournies dans ce premier tome. Je dirai même qu’il semble de pas faire de réels liens entre lui et ce que nous savons déjà du passé de Durango, découvert dans la série-mère.
Et si John (mac) Lane, oups pardon lapsus innocent (?), ne flingue pas encore à tour de bras, les cadavres se comptent, eux, bien par dizaines (25 si pas d’erreur) ! Cependant, est-ce réellement son nom et contrairement à son futur Durango, ses réflexions semblent plus profondes et ses scrupules plus nombreuses ! Quel sera le déclic qui le poussera à réfléchir moins et à tirer plus ?
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Mais un bon scénario ne suffisait pas. Encore fallait-il trouver le bon dessinateur !
Un crayon capable d’entrer dans l’univers western hyper réaliste d’Yves, avec notamment le respect pour son trait, ses visages (mais au fait celui du jeune Durango, voire de Samuel Belvins me font penser à quelqu’un ! Je dois me faire des idées !), ses décors et espaces grandioses, ses chevaux, … Et quitte à trouver la perle rare, Yves Swolfs va s’associer à Roman Surzhenko. Ayant déjà prouvé son immense talent avec les 18 tomes de « La jeunesse de Thorgall », tiens un autre spin-off, il se plonge ici dans ce nouvel univers avec succès et éclat.
© Swolfs – Surzhenko – De Gennaro – Soleil
Il serait injuste de notre part, dans cette chronique, de ne pas éclairer également le troisième partenaire indispensable dans toute BD, le travail de mise en lumière ! Jackie De Gennaro, que nous avions rencontrée, avec Yves justement, en novembre 2021 à l’occasion de la sortie de Lonesome 3 (https://www.bd-best.com/-derri-re-le-masque-yves-swolf-lonesome-t-3-les-liens-du-sang-news-12019.html), maîtrise désormais clairement ses palettes, reproduisant idéalement les ambiances, décors et autres imaginés par son scénariste de cœur !
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Bref un premier tome plus que prenant et captivant pour les 2 suivants. Convaincus que nous sommes que le prochain, attendu déjà pour le printemps, nous apportera quelques pistes, voire réponses … en plus d’une montagne de macchabées !
Thierry Ligot
Titre : Le premier homme que tu tueras
Série : Durango, la jeunesse
Tome : 1/3
Éditeur : Soleil Productions
Scénario : Yves Swolfs
Dessin : Roman Surzhenko
Couleurs : Jackie De Gennaro
Nombre de pages : 48
Prix : 12,00 €
ISBN : 9782302093706
Plus de doute à ce sujet, le féminin de « Jacques Martin » se prononce bien « Valérie Mangin » ! Quarante et unième tome de la série « classique », nous voici replonger dans le plus pur univers martinien d’Alix !
Invité en Thessalonique (Macédoine) par son vieil ami Hémon, Alix défend les couleurs de ce dernier lors d’une course de char. Il y est notamment opposé à la championne locale, Délia qui se surnomme la « Reine des Amazones ». Propriétaire d’un domaine où les hommes sont exclus, ou esclaves, son rêve est de libérer la Macédoine et d’y créer son royaume !
© Mangin – Millien – Martin - Casterman
Après une lutte plus que disputée, Alix remporte la course et se fait par la même occasion une farouche ennemie. Mais la douce atmosphère de la capitale de cette province romaine est troublée par la disparition de jeunes femmes, voire le meurtre d’une aubergiste. La tension est donc à son comble. Cornelius Carbo, le propréteur romain, ne semble pas s’en inquiéter réellement ! Ceci augmente encore le mécontentement de la population.
Délia propose alors, avec ses Amazones, d’aider aux recherches et à la surveillance de la ville. Carbo s’en moque ouvertement et s’irrite même de cette ingérence mettant son autorité et ses capacités en doute.
© Mangin – Millien – Martin - Casterman
Il est vrai que l’animosité entre Carbo et Délia est plus que perceptible.
Alix lui-même voit sa proposition d’aide refusée.
Mais voilà que lors du banquet du vainqueur, Enak et Astéria, la fille d’Hémon, viennent à disparaître. S’en est trop pour Alix qui décide d’intervenir. De plus, tous les indices semblent se diriger vers le domaine de Délia !
© Mangin – Millien – Martin - Casterman
Un scénario purement classique, linéaire ? Pas si certain que cela ! Si la trame narrative est dès le départ agréable et facile à suivre, Valérie y apporte sa petite touche personnelle surprenante.
Et d’abord, quel plaisir de découvrir enfin un Enak ado, capable de se laisser entraîner par d’autres de son âge dans quelques « grosses » bêtises ! Je ne me rappelle pas de tomes précédents où il se comportait réellement comme un adolescent « normal » et donc parfois inconscient. Influencé par trois jeunes Romains, ils se retrouvent tous en bien mauvaise posture !
Tout le talent de Valérie ne s’arrête évidemment pas là et je m’en voudrais d’aller plus loin en vous privant ainsi des rebondissements et surprises éventuels indispensables à cet excellent scénario.
© Mangin – Millien – Martin - Casterman
Après sa prouesse du tome précédent (L’Œil du Minotaure), lié à son Alix Senator 13 (L’Antre du Minotaure), Valérie nous prouve une fois de plus, toute la magie de son imagination et sa capacité à donner à son Alix les traits de son créateur au travers sa propre vision de ce héros créé en 1948, ne l’oublions pas ! Et toujours à la page !
© Mangin – Millien – Martin - Casterman
Du côté dessin, pas de doute non plus ! Chrys est en parfaite symbiose avec le trait du Maître. Une ligne claire assumée et sans rature, ni transgression. Un dessin net et précis mit en valeur par la superbe palette de couleurs de Jean-Jacques Chagnaud. Ses ombres, teintes, nuances dans les reflets, ses ambiances et atmosphères donnent vie au dessin au fur et à mesure des pages.
Bref de l’excellent travail qui font de cet album un à ne pas louper !
Frais, innovant tout en étant dans la droite ligne de ce que Jacques Martin lui-même imaginait pour ses personnages, nous voici avec un 41e album sortant clairement du lot !
Thierry Ligot
Titre : La Reine des Amazones
Série : Alix
Tome : 41
Éditeur : Casterman
Genre : Histoire - Aventure
Scénario : Valérie Mangin
Dessin : Chrys Millien
Couleurs : Jean-Jacques Chagnaud
Nombre de pages : 48 pages
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782203244542
A l’occasion de la sortie du 1er tome de ce nouveau diptyque, nous en avons profité pour poser quelques questions à Katia. C’est donc avant son départ pour Angoulême qu’elle s’est aimablement pliée à ce petit exercice. En voici la teneur … »
1) En 3 mots, qui est Katia ? (autre que dessinatrice – scénariste et éditrice)
En 3 mots c’est trop court : Femme Hyperactive Autrice…
2) D’où te vient ta passion pour la BD et surtout l’envie d’en faire ton métier ?
De Disney… On m’a amenée voir Fantasia au cinéma alors que j’étais toute petite, et j’ai tout de suite voulu travailler dans le dessin animé. Comme il faut storyboarder pour faire un dessin animé, j’ai très vite appris à faire des histoires séquentielles.
3) Quelle est la 1ère BD que tu as lue ?
Oulà, je crois que ça devait être Pif. En format carré.
4) Quels sont tes modèles en 9e Art ?
J’adore Calvin et Hobbes, pour ce trait simple et cette complexité des personnages. Sinon, mon scénariste préféré de tous les temps (le jour où il me demande de bosser avec lui, je pars en syncope), c’est Wilfrid Lupano.
5) Quel est ta BD ultime ? (celle qui t’a le plus marquée ?)
Saving Human Being, de Zhang Xia Yu. Pourtant je ne suis pas lectrice de manga.
Sinon, la BD dont j’aurais aimé être l’autrice, c’est Skydoll : ça implique des valeurs qui sont très proches des miennes.
6) Trente et un albums dont plusieurs dans des séries, parfois simple scénariste, parfois scénariste-dessinatrice, parfois dans des collectifs. Dans toutes ces formules, laquelle préfères-tu ? Pourquoi ?
J’aime bien scénariser, parce que c’est très agréable de voir quelqu’un d’autre dessiner à ma place ahah !
J’ai toujours une appréhension à dessiner, parce que j’estime ne pas avoir un bon niveau. Mais une fois que je suis sur un dessin, je ne vois plus le temps passer, je suis dans ma bulle, et ça aussi j’aime ça. J’aimerais d’ailleurs essayer de rebosser avec un scénariste.
7) Avec « Inguinis Origines », tu lances un troisième diptyque sur ton univers romain. Est-ce ta période historique préférée ?
Non, c’est celle de mon dessinateur, Nicolas Guenet. Il voulait faire une série érotique, je lui ai demandé quelle période historique il préférait, pour qu’il s’éclate vraiment à dessiner cette série. Et ça se sent, qu’il s’éclate !
8) Péplum dramatique par excellence où plaisir charnel, voire érotisme hard se mêlent à intrigue politique. Comment classerais-tu toi-même ton scénario ?
Porno policier.
9) Ta nouvelle héroïne, Chrysanthe, court derrière sa liberté et est clairement une femme de caractère. Pourtant, elle ne semble pas savoir dans quel sac de nœuds elle vient de se fourrer. Comment l’as-tu imaginée ainsi ?
Je veux des personnages féminins maîtres de leurs décisions. Or, dans la Rome Antique, les femmes étaient des citoyens de seconde zone. Sauf dans de rares cas. J’ai donc pris l’exemple de quelques préceptrices qui arrivaient à être plus ou moins libres.
10) Nous retrouvons ici une Artémis enfant, elle était déjà présente, adulte, dans Inguinis. Est-elle la clé de voûte de cette série ?
C’est mon perso préféré. C’est son histoire que j’aime. Ce n’est pas la clé de voûte, mais plutôt le pivot de la série. On tourne autour d’elle, beaucoup. J’arriverais même à faire un autre dyptique sur la migration de sa famille, avant sa naissance, de leur Grèce natale à la cité romaine. Mais ça, c’est juste dans ma tête.
11) Un scénario léger (dans le sens orgie) mais prenant, qui se dévoile au fur et à mesure des pages en offrant de nouveaux indices pour une intrigue plus touffue et complexe. A quoi pouvons-nous nous attendre dans la suite ?
Je suis en train de fignoler le second tome, qui terminera l’histoire. Il est toujours plus difficile que le premier, car je dois dénouer l’enquête juste à bonnes doses pour que le lecteur ait tout sous les yeux pour deviner, mais ne pas deviner avant la dernière page.
12) Pour les séries Inguinis, toujours le même dessinateur, Nicolas Guenet qui excelle dans ces corps sculpturaux et ces ambiances de débauche torride. Comment se déroule votre collaboration ? Interviens-tu beaucoup dans son travail ?
J’interviens peu, Nicolas a beaucoup d’années dans le métier, il est très autonome. On s’est même mis d’accord pour que les scènes torrides soient de son cru, et non du mien.
13) Il est clair que tu te plais dans le genre « érotique », voire (légèrement) pornographique. N’aurais-tu pas « envie » de changer de genre parfois ? Si oui, pour quel type de récit ?
Si, j’ai des histoires plein les poches, avec souvent un discours écolo, ou SF. J’aime bien l’humour aussi. Mais on dirait qu’on ne m’attend qu’en érotique…
14) Petite question plus « personnelle », il y a 18 mois (mai 2021), nous avions échangé car tu recherchais un co-scénariste. Pour quel projet était-ce ?
Honnêtement ? Je sais même plus… J’ai souvent des idées de scénar qui poppent, et pas le temps pour les développer. Donc je cherche souvent un co-scénariste.
15) Quels sont tes projets futurs, autre que la suite et fin de ce diptyque ?
Le tome 3 du Peuple des Brumes va bientôt sortir, ainsi que le tome 3 du Petit Derrière de l’Histoire. J’aimerais aussi reprendre une participation dans la presse BD, donc c’est en négociation pour l’instant. Et niveau contrats à venir, j’ai un tryptique sur l’Egypte Antique qui est accepté par l’éditeur Tabou mais qui n’a pas encore débuté, car on teste les dessinateurs. De toute façon, vu le nombre de projets que j’ai à développer, je ne suis pas prête d’être au chômage…
Titre : Sanguis mulieris
Série : Inguinis Origines
Éditeur : Tabou
Scénario : Katia Even
Dessin : Nicolas Guenet
Nombre de pages : 48
Prix : 17,00 €
ISBN : 2359541862
Thierry Ligot
« - Oh, Cécile, très chère, venez nous éclairer… Vous qui connaissez bien Mme de Maintenon, pensez-vous qu’elle cherche à protéger ses coreligionnaires ?
- C’est une protestante convertie par obligation, après tout…
- Les dragonnades ne doivent pas laisser sans avis sur le sort des protestants… Vous en parle-t-elle à Noisy-le-Roi ?
- Il paraît que Mme de Maintenon userait de son influence sur notre bon roi pour lui faire changer d’avis…
- Qu’en pensez-vous, chère Cécile ? Mme de Maintenon est-elle le diable en personne ? »
Le nom de Mme de Maintenon est celui que l’on cite avec le moins d’affection au palais. Elle aurait exigé des tenues aux couleurs moins chatoyantes et plus dévotes. Mme de Maintenon, la duchesse, l’épouse secrète du roi Louis XIV prône l’austérité. Serait-ce pour que ses rivales ne se mettent pas en valeur comme elles le souhaiteraient ? Cécile est étonnée. Mme de Maintenon est pourtant la gentillesse incarnée, avec tout ce qu’elle a fait pour les jeunes filles comme Coraline ou Annette, avec l’école qu’elle a créée. Par ailleurs, il se dit qu’elle souffre d’un cancer de la matrice, le col de l’utérus pour avoir des précisions scientifiques. Ragots ou vérité ? Toujours est-il que Cécile, en bonne guérisseuse, lui propose ses services pour la soigner par les plantes.
© Carbone, Cee Cee Mia, Pierpaoli, Angelilli, Di Giammarino – Jungle
Manifestement, on en veut à Mme de Maintenon. La Palatine, épouse du frère du Roi, voit en elle une sorcière. La haine entre chrétiens et protestants est attisée. Les dragonnades sont des conversions de force voulant amener le pays à une religion unique. Les complots s’ourdissent de toutes parts. A Cécile d’Altafuente de dénouer celui visant Mme de Maintenon. Mais elle va devoir le payer cher.
© Carbone, Cee Cee Mia, Pierpaoli, Angelilli, Di Giammarino – Jungle
Suite des Complots à Versailles initiés par Annie Jay. Comme pour le tome précédent, ce n’est pas à une adaptation que nous avons droit mais à un scénario original. Les quatre mains de Carbone et Cee Cee Mia sont encore une fois aux commandes de ces intrigues de cours, fort bien menées. Même si l’on a l’apparence d’une bluette, le contexte historique précis invite à s’intéresser à l’époque, sans se prendre la tête, mais en replaçant les personnages historiques les uns par rapport aux autres. Les autrices écrivent de véritables moments de vraie vie, quand elle ne fait pas de cadeau et où, pour les acteurs, tout n’est pas forcément toujours rose. On assiste également à une séquence d’accouchement, assez inattendue pour le public ciblé, mais réalisée tout en délicatesse. Au dessin, Roberta Pierpaoli et Mara Angelilli succèdent à Giulia Adragna sans que l’on s’en rende compte. Mimétique.
Le suspens monte. La grande Histoire est en marche. L’édit de Fontainebleau sonnera-t-il le glas ou célèbrera-t-il la puissance de Mme de Maintenon ? Toujours est-il que cette aventure sonnera le signal d’un nouveau départ pour plusieurs personnages de la série.
Laurent Lafourcade
Série : Complots à Versailles
Tome : 6 – Mme de Maintenon
Genre : Aventure historique
Dessins : Roberta Pierpaoli & Mara Angelilli
Scénario : Carbone & Cee Cee Mia
D’après : Annie Jay
Couleurs : Lucia Di Giammarino
Éditeur : Jungle
Collection : Miss Jungle
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
ISBN : 9782822237918
« - Bobards et bourrage de crânes… A quelques kilomètres d’ici, c’est un enfer indescriptible… Juliette, je crois que mon patriotisme faiblit. En tout cas, je perds mes certitudes.
- Si la censure t’entendait… Il faut bien terminer cette guerre et le mieux est de la gagner ! »
12 août 1915. Marie Marillac lit dans le journal que les allemands tirent fort mal et fort bas et que les troupes françaises ne font même plus attention à leurs mitrailleuses. C’est ce qu’on appelle la méthode Coué. La situation est bien plus complexe sur le front. On peut même dire que c’est l’enfer. Infirmière et pilote d’aéroplane, Marie va se voir décerner la toute nouvelle croix de guerre. Son courage et son engagement ne plaisent pas à tout le monde. « Comment ? Une femme pilote ? Elle se prend pour qui ? C’est inconcevable. » La jeune femme compte bien prouver à ses détracteurs qu’elle mérite cette reconnaissance.
© Plateau, Davoz, Bayo - Idées plus
Pascal Davoz raconte la guerre de 14 par le prisme de cette infirmière qui rêve de devenir une pilote reconnue par ses pairs. Le scénariste ne lui fait aucun cadeau, la mettant dans des situations inextricables dans lesquelles elle devra user de stratégie ou de ses charmes pour en sortir. Et ce ne sont pas forcément les personnes dont elle est le plus proche qui seront ses principaux alliés. Davoz alterne scènes d’actions et scènes plus intimistes. Si celle de l’agression de Marie par des soldats français peut se justifier, le dialogue suivant avec le mitrailleur allemand est plus improbable. Ça fait penser aux passages pseudo-érotiques qui étaient un incontournable dans les albums de la collection Vécu chez Glénat dans les années 80. Ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick. On peut passer plus vite à autre chose, surtout qu’ici il y a tant à raconter. M’enfin, ne nous arrêtons pas à ce détail dans cette histoire où l’on suit le destin de cette fille qui n’a pas froid aux yeux, pour qui l’on vibre, pour qui l’on a peur, et dont on a envie de savoir ce qui va lui arriver.
Au dessin, Yves Plateau accorde de plus en plus de souplesse à ses personnages, mais il faut dire que ce qui paradoxalement a le plus de vie dans ses planches ce sont les avions. Les scènes aériennes sont impressionnantes. Il en est l’un des spécialistes. C’est la marque de fabrique, la particularité et l’originalité de la maison d’édition Idées Plus qui publie en parallèle bandes dessinées et merveilleux petits albums illustrés sur les véhicules, avions, bateaux d’époques. Aux couleurs, Max Bayo lorgne vers un sépia sans y être, parfait pour une ambiance réaliste datée dans le moment de l’histoire.
© Plateau, Davoz, Bayo - Idées plus
Être une femme dans un monde exclusivement masculin était loin d’être une sinécure il y a un siècle de cela. Si tout n’est pas gagné de nos jours, imaginez la situation plus de cent ans plus tôt. Misogynes, vexés, les militaires, entre autres, n’étaient pas prêts à accepter dans leur milieu des femmes ayant des compétences plus élevées que les leurs. Le courage et la bravoure de Marie leur donnent un sérieux coup de pied dans le derrière.
Laurent Lafourcade
Série : La fille de l’air
Titre : 2 – « No woman’s land »
Genre : Guerre
Scénario : Pascal Davoz
Dessins : Yves Plateau
Couleurs : Max Bayo
Éditeur : Idées plus
Nombre de pages : 48
Prix : 14 €
ISBN : 9782374700342
« - Mais pourquoi c’est si important pour toi ? Admettons que la conscience soit extérieure au cerveau, qu’est-ce que ça va changer dans ta vie ?
- Ben, tout ! Déjà, ça me permettrait de comprendre un peu mieux mes expériences de voyance et de télépathie quand j’étais ado… »
Une compagne, deux enfants, Fabrice, dessinateur, mène une belle petite vie de famille. Entre les mots rigolos de ses enfants tout petits et son penchant pour le paranormal, il avance dans sa vie de trentenaire entre les souvenirs de sa grand-mère et les instants présents, volés pour les garder pour l’éternité. Lou et Ulysse, les enfants, ont des réflexions déconcertantes. « Bonjour, moi c’est Ulysse, j’ai cinq ans et demi ! Et ça, c’est mon père, il est plus vieux, il a quarante-six ans ! Il est presque mort ! » ou encore « Le samedi, tous les petits enfants, ils se lèvent pour ne pas aller à l’école… ».
Si les enfants de Fabrice sont au cœur de ce livre, il y a quelqu’un qui prend autant d’importance : sa mamie. La nuit avant sa mort, à 2 heures du matin, alors qu’il dessinait, l’auteur entend dans sa tête : « Mamie est morte ! ». Il s’angoisse, son cœur s’emballe. Il est persuadé que c’est vrai. Ça le sera, mais exactement pile poil douze heures plus tard. Dès lors, Fabrice s’intéresse de près au paranormal et tente de comprendre ce qu’il a vécu. Il écoute des témoignages sur les expériences de mort imminente. Il tente de faire des sorties hors du corps. Il revient toujours à des souvenirs mystérieux ou étranges avec sa grand-mère, dont il ressent la présence, comme à ce concert philarmonique qu’elle aurait tant aimé.
L’auteur de ce livre est loin d’être un inconnu. Le lecteur perspicace reconnaîtra le graphisme de celui qui, on l’apprendra dans l’album, a dessiné Spirou et illustré Astérix. Ne faisant rien comme tout le monde, il prend ici un pseudonyme pour raconter sa vraie vie, même si chez lui il est difficile de démêlé le vrai du faux. Paranormalement est un album dans lequel il n’est pas facile de rentrer parce qu’on ne sait pas sur quel pied danser. Vie de famille ou Questionnement paranormal ? Un coup l’un, un coup l’autre, parfois les deux. L’ensemble un peu décousu se comprend quand on le considère dans sa globalité et, là, on prend conscience que l’on est dans un concept de questionnement de vie. Ça aurait peut-être aussi bien marché, si ce n’est mieux, avec une famille de lémuriens.
« Moi, je t’aimerai toujours ! Parce que t’es génial comme père… Et t’es un garçon fort et intelligent… », « Oooh, répond le père, moi, j’aimerais bien être aussi fort et intelligent que toi… », « Ce sera difficile, rétorque l’enfant, mais je vais t’apprendre… ». Ce dialogue incroyable reflète toute l’essence de ce livre dans lequel Fabrice Défontaines se positionne entre la génération d’avant, celle de sa grand-mère, et celle qui le pousse vers une inévitable vie d’adulte, celle de ses enfants. Touchant.
Laurent Lafourcade
One shot : Paranormalement
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Fabrice Défontaines
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
Nombre de pages : 152
Prix : 15,95 €
« Il est petit, il est poilu. C’est Petit Poilu ! Le v’là parti de bon matin. Le v’là parti et tout va bien. Mais ?... Que se passe-t-il ? ça se bouscule et tout bascule ! »
Comme tous les matins, Petit Poilu quitte sa maison, cartable au dos. On ne sait pas s’il va à l’école, mais en tous cas, on sait qu’il n’y arrivera jamais. Aujourd’hui, il se met à neiger. Non pas quelques flocons, mais beaucoup, beaucoup, énormément. Petit Poilu met ses lunettes de ski et continue à avancer, jusqu’à être recouvert de neige. Il creuse, il creuse, jusqu’à découvrir un arbre sous la neige dans lequel vivent deux écureuils, Bégu et Grignard, qui l’invitent à prendre un jus de fruit. Petit Poilu sort un gâteau de son sac pour le partager. Mais voilà un mot que ne connaît pas bien Bégu. L’écureuil roux est assez…disons…possessif. A la limite, s’il connaît le partage, il ne connaît pas l’égalité. Grignard, l’écureuil blond, le sait, le vit et en souffre. Petit Poilu va-t-il réussir à sensibiliser Bégu à l’égalité ? Il faudra un petit coup de pouce du destin pour l’y aider.
© Bailly, Fraipont - Dupuis
Comme toujours, un thème de discussion ressort de la lecture de l’histoire de Petit Poilu. Tout pour moi, rien pour tous ! est une ode au partage. Avoir, recevoir, c’est bien. Mais, donner, n’est-ce pas encore plus agréable ? Bégu rafle tout. S’il va aux champignons avec ses amis, il va tout ramasser ou presque et leur laisser le minimum. S’ils vont chercher des pignes de pin, il va faire pareil. Si ce sont des baies à manger, même chanson. Tout pour lui, rien pour tous les autres. En voilà un qui n’a pas bien lu Les trois mousquetaires. Il va falloir qu’il ait un problème pour qu’il s’en rende compte. Et c’est Petit Poilu, avec toute sa candeur, qui va lui démontrer qu’il y a un meilleur chemin dans la vie que d’avoir tout pour soi.
© Bailly, Fraipont - Dupuis
Petit Poilu est la série unique survivante d’une collection de BD sans textes pour les tous petits lancée jadis chez Dupuis. La réponse est simple. Bailly et Fraipont n’ont jamais pris les enfants pour des idiots et leur ont parlé dès le départ de faits qui les intéressent, qui les touchent. Cécile Fraipont a mis en place une structure répétitive que les petits adorent retrouver d’album en album. Pierre Bailly a un graphisme rond et rassurant, au trait épais, facilement reproduisible et adaptable en dessin animé. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé. Même s’il n’y a pas de recette, tous les feux étaient au vert pour en faire le succès que l’on sait.
Comme on l’a déjà dit, si vous passez à côté d’une série comme celle-ci, c’est que vous êtes malheureusement devenus adultes. Et ça, c’est grave parce que ça ne se soigne pas.
Laurent Lafourcade
Série : Petit Poilu
Tome : 27 – Tout pour moi, rien pour tous !
Collection : Première BD
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Céline Fraipont
Dessins & Couleurs : Pierre Bailly
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 32
Prix : 9,90 €
ISBN : 9791034762637
« - On va pas se mentir, c’est tendu. A la moindre connerie, c’est la déstabilisation.
- Qu’est-ce que vous voulez faire ? Le ministère secret ne peut tout de même pas orienter les votes.
- C’est ce que je dis, c’est tendu. D’autant que pour truquer les votes avec huit mois d’avance, il faudrait un vrai magouilleur ! »
Septembre 2021. A quelques mois de la présidentielle française, François Hollande craint ce qu’il pourrait se passer. Il en fait part à Mathieu Sapin qui a jadis suivi sa campagne électorale. C’est alors que surgit Nicolas Sarkozy, agacé par son bracelet électronique à la cheville. Les deux anciens présidents font partie du ministère secret, chargé de protéger la France des menaces qui pèsent sur elle et qui doivent rester cachées aux yeux de la population. Le logiciel Bygmalion va permettre à Sarkozy de se projeter dans l’inconscient collectif des français. L’ex-chef de l’état va se rendre compte que le racisme, l’intolérance et la haine sont dans les esprits. Ça pourrait ouvrir la porte à Zemmour. De son côté, alors que l’on croyait qu’Alexandre Benalla roulait pour Macron, on apprend qu’il bosse en fait pour le ministère secret. Alors quand il va apprendre qu’il est soupçonné de liens avec des oligarques russes, il va devoir prouver le contraire, d’autant plus que Le Pen, Zemmour et Mélenchon, entre autres, ont une puce russe dans le derrière.
© Sfar, Sapin, Walter - Dupuis
Troisième épisode du Ministère secret, la fantaisie politique signée Sfar et Sapin. Ils nous plongent au cœur de la dernière campagne présidentielle. Ils sont tous là, les candidats bien sûr, mais aussi les journalistes. Karim Rissouli organise un début sur la puissance, ou pas, de la gauche. Elise Lucet fait la justice sur Twitter tout en tentant de se présenter. Elle est interviewée par Léa Salamé au micro de France Inter. Côté seconds couteaux, Clémence Guetté joue un grand rôle. La coordinatrice du programme de Jean-Luc Méléchon, a un petit faible pour Mathieu Sapin. C’est n’importe quoi, mais après tout, la vraie vie politique sous-jacente, ne serait-ce pas encore plus n’importe quoi. Et si ce « Signé Furax » politique qu’est « Le ministère secret » ne serait pas en fait bien en deçà de la réalité ? En tous cas, qu’est-ce que c’est drôle.
© Sfar, Sapin, Walter - Dupuis
L’album est doté d’un bonus non négligeable : un jeu de rôle dans lequel le lecteur incarne un personnage. Il suffit de deux dés et d’un meneur de jeu et c’est parti. Serez-vous un complotiste de base, un professeur déprimé, une jeune excitée, un retraité en colère, une nationaliste un brin mystique ou un gros bras exalté ? Une feuille d’aventure recensera votre charisme, votre force, votre incrédulité, vos capitaux santé et mental. On y lit aussi la liste des objets de votre sac à dos et autres détails particuliers. Et c’est parti pour aller à la recherche du Piyouyou dans lequel vous ferez la connaissance d’un savant fou qui a créé une invention incroyable pour le compte du gouvernement qui va la lui spolier.
Qui va gagner la présidentielle ? Nul ne le sait mais les heures sont comptées. Tout va-t-il bien se passer ? Le ministère secret veille sur nous.
Laurent Lafourcade
Série : Le Ministère secret
Tome : 3 – Le sphincter de Moscou
Genre : Fantaisie politique
Scénario : Joan Sfar
Dessins : Mathieu Sapin
Couleurs: Walter
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 84
Prix : 16,95 €
ISBN : 9791034765546
« - En quoi puis-je vous aider, Monsieur… Monsieur… ?
- Carrard. Je suis le directeur du Richelieu, un cercle de jeu privé dont la réputation est irréprochable et la clientèle triée sur le volet…
- Un casino, quoi.
- Je vous en prie, Monsieur Carrard, poursuivez.
- Oui, euh… Comme je vous le disais, la réputation de mon établissement est sans tache. Or, depuis peu, l’un de nos nouveaux habitués, un certain Jérôme Sébrier, fait preuve d’une chance qui n’a rien de naturel, si vous voyez ce dont je parle. »
Paris 1909. Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du cercle Cyan, sur rendez-vous uniquement, reçoit en ce jour chaud de juillet le directeur du Richelieu, un cercle de jeu privé dont la réputation est irréprochable et la clientèle triée sur le volet. Ce dernier lui demande de confondre un joueur suspecté de tricherie. Ça ne devrait pas être « sorcier » pour lui de le faire. Mais une autre affaire l’attend. Dans un cabaret de Montmartre, Isabelle, une voleuse aux identité multiples, fée espionne, apporte à son commanditaire le fruit de son larcin soviétique : une broche et des lettres, qui, dans les mains de la police du tsar, auraient pu causer beaucoup de tort à la France. Mais avant tout, la broche doit être authentifiée chez un antiquaire brocanteur : Isidore Alandrin. Tiens, Griffont doit s’y rendre aussi. Le mage et la belle vont s’y croiser et se retrouver mêlés à une affaire d’état.
© Pevel, Willem, Wenish - Bamboo
Après Les artilleuses, histoire originale située dans l’univers du Paris des merveilles, Pierre Pevel et Etienne Willem nous invitent dans l’histoire originelle, une trilogie de romans de fantasy. Le premier, Les enchantements d’Ambremer, inaugure évidemment cette adaptation. Mais qu’est donc ce Paris des merveilles ? Tout simplement un monde steampunk dans le Paris de la belle époque. La capitale, dans laquelle volent chats ailées, où un troll peut tenir un bar et les gargouilles prendre vie, cache un monde magique souterrain, Ambremer, capitale du royaume des fées, dans laquelle on peut se rendre d’un simple voyage en métropolitain.
L’univers du roman est merveilleusement (le mot était tout trouvé) retranscrit par Etienne Willem. C’est lui-même qui a mené l’adaptation. Tout n’était pas pourtant pas gagné d’avance. Contrairement aux artilleuses où l’on était dans une création permettant de « gérer » les actions en fonction de la lisibilité graphique, il y avait ici des passages obligés par forcément simples à traduire. On pense par exemple à la scène où Griffont se métamorphose en entrant chez l’Antiquaire. De plus, présenter et mettre en action autant de personnages en si peu de planches n’était pas non plus évident. C’est chose faite avec brio dans cet album qui ne raconte que la première partie du premier roman. Ajoutons à cela une superbe couverture à la Mucha et des couleurs envoûtantes de Tanja Wenish pour garder l’ambiance et le ton des artilleuses.
© Pevel, Willem, Wenish - Bamboo
Des romans, des nouvelles, des bandes dessinées. Pierre Pevel ne s’est pas arrêté là. Un jeu vidéo en ligne existe aussi. C’est un jeu de cartes enchanté auquel on peut jouer gratuitement sur : https://tourmaline.itch.io/le-paris-des-merveilles?utm_source=facebook&utm_medium=launchpost&utm_campaign=LaunchPDM&fbclid=IwAR0Aa63sgFO9dgPRHJ2z_0s1X2b_zxO8yzV5-GwyHGqhWoltoG0OVurxG2E.
Les brigades du tigre sont sur l’enquête. Magouilles et magie sont prêts à s’affronter. C’est le Paris des merveilles.
Laurent Lafourcade
Série : Le Paris des merveilles
Tome : 1 – Les enchantements d’Ambremer 1/2
Genre : Aventure semi-fantastique
Scénario & Dessins : Etienne Willem
Histoire originale et dialogues : Pierre Pevel
Couleurs : Tanja Wenish
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Nombre de pages : 48
Prix : 14,90 €
ISBN : 9782382330081
« -Il faut que nous retournions habiter dans la jungle : notre séjour ici a duré trop longtemps… Il paraît que certains commencent à lorgner le trône de ton père en notre absence…
-On est bien d’accord : tu restes ici avec Rhino pour continuer tes études…
-Pas de souci !
-Chéri, il faut qu’on se dépêche d’aller à l’aéroport, l’avion ne va pas tarder à décoller ! L’avion attendra qu’on arrive ! Je suis un roi tout de même ! »
Jean-Mowgli est un collégien pas tout à fait comme les autres. Ses parents sont des singes. Il vit avec un rhinocéros. Bon, ça, ce n’est rien. Il porte pour seul habit un slip kangourou. S’il est ainsi, c’est qu’il vient de la jungle. Fils de touristes dévorés par un tigre, il a été recueilli bébé et élevé par un couple de singes. Son père ne porte rien moins que le titre de roi de la jungle. Afin de parfaire son éducation et de lui assurer le titre de roi à son tour, il est nécessaire qu’il approfondisse ses connaissances du monde. C’est la raison pour laquelle il a rejoint la civilisation. Aujourd’hui, ses parents doivent rentrer pour s’occuper du royaume. Lui va rester, avec Rhino et Mamie, pour continuer sa scolarité au collège.
Le slip est-il une tenue adaptée pour venir en classe ? Si pour les enseignants du collège Charles Darwin ce n’est pas forcément évident, pour Jean-Mowgli, qui n’a jamais porté autre chose, voire rien, ce sera la seule et unique tenue correcte exigée. Enfin, sauf pour la piscine, comme par hasard. On assiste donc à la vie de cet élève improbable, non seulement au collège avec ses amis, mais aussi au fil des jours avec Rhino qui a du mal à supporter l’hiver et la civilisation. Et puis, il y a Djézonn, le gros dur du collège, qui aime bien taper sur Jean-Mou comme il dit, mais qui a parfois le revers de la médaille.
Giovanni Jouzeau revisite pour son premier album le principe du chien dans un jeu de quilles. Un peu du Livre de la jungle, un soupçon de Calvin et Hobbes, voilà les influences de l’auteur. Jouzeau est le fils naturel de Tehem et de Dab’s. On retrouve le décor de Zap Collège de Tehem. De toutes façons, rien ne ressemble plus à un collège qu’un autre collège. Et le héros malgré lui de ces gags finit souvent comme Tony avec quelques bosses et pansements, dans la série Tony et Alberto de Dab’s. Jouzeau a ingéré toutes ces icônes pour créer son propre monde bien à lui.
Des lianes poussent dans le béton. On dit souvent que le collège, c’est la jungle. Avec Jean-Mowgli, c’est au propre comme au figuré.
Laurent Lafourcade
Série : Jean-Mowgli
Tome : 1 – Le collège, c’est la jungle !
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Giovani Jouzeau
Éditeur : Bamboo
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
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