« - Je te cherchais… Sers-nous à boire !
- C’est de l’alcool, père !
- Sers-nous ! Nous avons quelque chose à fêter ! regarde ça !
- Mon dieu ! Cette couleur !
- Celle après laquelle je cours depuis des années ! Je viens de trouer cette pierre dans une cornue en chauffe depuis sept semaines. (…) A boire, tavernier !
- Père… Vous savez que l’alcool ne vous réussit pas.
- Aujourd’hui, tout me réussit !... »
Une procession, une recluse emmurée vivante nourrie par une ouverture entre deux pierres… Non, ce n’est pas un carnaval de fous. Dans un Moyen-Âge cruel où la religion régente la vie des riches et des pauvres, des croyants et des athées, des nobliaux et des mendiants, Jonas, huguenot orphelin cherchant les restes de son père, rencontre Oriane. Il a promis à sa mère de lui ramener l’anneau qu’il portait.
© Charlot, Fourquemin, Hamo - Bamboo Grand Angle
Le père d’Oriane est apothicaire. Après des années de recherche, vient-il de découvrir la pierre philosophale ? Nicolas Flamel a-t-il trouvé son successeur ? En ces temps meurtris de guerres de religions, à une époque où les chasses aux sorcières rassemblent les foules sur les places publiques, faire des expériences aux frontières de la réalité n’est pas chose aisée et peut s’avérer dangereux pour sa survie.
Après la formidable, épatante, passionnante série Le train des orphelins, le duo Charlot/Fourquemin remet immédiatement le couvert pour nous embarquer dans un univers totalement différent. Pari risqué, mais défi relevé.
© Charlot, Fourquemin, Hamo - Bamboo Grand Angle
Ce diptyque moyenâgeux au lendemain de la nuit de la Saint-Barthélémy a des parfums de mystère et de fantastique. Les personnages de Philippe Charlot sont emplis de secrets. Le scénario distille des indices sans tout dire. Intelligemment, le scénariste laisse planer des interrogations sans vraiment les poser : D’où vient la bague que portait le père de Jonas ? Pourquoi le lansquenet, mercenaire allemand, s’octroie-t-il un rôle d’ange gardien auprès du jeune homme ?
Xavier Fourquemin est un dessinateur rapide dans un style semi-réaliste populaire. Après le XXème siècle du train des orphelins, il retrouve une époque plus proche d’Alban, série monastique de ses débuts, qu’il réalisait sur des scenarii de Dieter.
Rues crasseuses, regards possédés, en un clin d’œil, Fourquemin immerge le lecteur dans un monde cynique et impitoyable. Les fans du dessinateur retrouveront ses gimmicks graphiques. Il est vrai que, d’une série sur l’autre, on retrouve des personnages très ressemblants. Mais, au final, cela a un côté familial et rassurant. Après tout, Alain Delon ou Gérard Depardieu jouent bien des rôles différents d’un film sur l’autre, mais on y retrouve leurs mêmes gueules d’acteurs.
Ouvrez la porte du cimetière des innocents, dansez avec les squelettes et flirtez aux frontières de la magie.
Laurent Lafourcade
Série : Le cimetière des innocents
Tome : 1 – Oriane et l’ordre des morts
Genre : Aventure historique
Scénario : Charlot
Dessins : Fourquemin
Couleurs : Hamo
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 56
Prix : 14,90 €
ISBN : 9782818943823
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