Ça peut être cafardeux d’avoir à trouver du boulot après une période plus ou moins longue de disette. Et les tâches qu’on doit accepter, presque couteau sous la gorge, peuvent se révéler bien ingrates. Il y avait Vincent Lindon dans la loi du marché, il y a désormais Frédéric Delachaise dans la loi du… musée. Et quel musée ! Le centre Pompidou ! Celui-là même qui a fêté ses quarante ans d’existence, en 2017, mais auquel notre héros malgré lui est bien étranger. Mais tout le monde peut changer, encore plus quand Aurélie Herrou et Sagar président à votre destinée et soufflent un vent inattendu dans les couloirs et les courants d’a…rt.
© Herrou/Sagar/Cardona/Moreno chez Glénat/Centre Pompidou
Résumé de l’éditeur : À 35 ans révolus, Frédéric Delachaise se trouve dans l’obligation de travailler pour la première fois de sa vie. Quand il entre comme gardien de musée au Centre Pompidou, il découvre un univers dont il ignore tout et auquel il ne comprend rien. Il regarde tout d’abord les œuvres qu’il doit surveiller avec mépris. Mais, jour après jour, insidieusement, un étrange phénomène va se produire… Et Fred va bientôt devenir captivé par l’art contemporain. Littéralement. Victime du syndrome de Stendhal, Fred est ainsi capable de se projeter mentalement à l’intérieur des œuvres qu’il regarde. Une plongée au cœur de la création qui aura pour effet de lui ouvrir les yeux sur l’art, et sur sa propre existence.
Croquis au Centre Pompidou © Sagar
Être de planton dans un musée, sur une chaise inconfortable, face à des gens qui n’ont d’attention pour vous (ou presque) quand ils cherchent les toilettes, c’est pas forcément un métier prenant. Oui, mais il y a des oeuvres remarquables, de celles qui forgent la culture à travers les temps et les décennies.
© Herrou/Sagar/Cardona/Moreno chez Glénat/Centre Pompidou
Oui, c’est vrai, mais encore faut-il les aimer ou du moins les apprécier. Chargé de les surveiller, Frédéric a du mal à les accepter et les regarder la journée durant ce n’est vraiment pas son (s)trip. Le coeur a ses raisons et ses passions que la raison ignore. Ou ignorait… car à force de fréquenter ces tableaux a priori moches selon lui, Frédéric Delachaise en est tombé à la renverse et amoureux.
© Herrou/Sagar/Cardona/Moreno chez Glénat/Centre Pompidou
De la raison à la déraison, il n’y a qu’un pas, et Frédéric l’a franchi, sans le savoir, sans s’en rendre compte. Lui qui avait les pieds si lourds à l’idée d’une nouvelle journée de taf’ se retrouve l’être et le coeur léger. Une légèreté pas si insoutenable : le syndrome de Stockholm n’a pas que du mauvais. Les perceptions changent et le duo Herrou-Sagar parvient à rendre ce vertige tangible, ce qui n’était pas forcément gagné en jouant la carte de la bande dessinée (le cinéma, d’où vient Aurélie Herrou qui signe son premier album, aurait peut-être été un choix plus évident). Le pari est largement gagné et en résultent une poésie et une frénésie graphiques étranges et saisissantes (par Sagar, un Espagnol dont c’est le premier album et qui frappe déjà un grand coup, fort en expressions et en moments de voltige) nous font voir le Centre Pompidou sous un angle frais et distingué, jamais vu.
Alexis Seny
Titre : Le syndrome de Stendhal
Récit complet
Scénario : Aurélie Herrou
Dessin : Sagar
Couleurs : Sagar, Alba Cardona et Carlos Moreno
Genre : Humour, Initiatique
Éditeur : Glénat/Centre Pompidou
Collection : 1000 feuilles
Nbre de pages : 120
Prix : 22€
©BD-Best v3.5 / 2024 |