Peinture ou sculpture, toutes deux ont leurs petits secrets qu’il ne vaut mieux pas remuer; même en BD !
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Peinture ou sculpture, toutes deux ont leurs petits secrets qu’il ne vaut mieux pas remuer; même en BD !

C’est certain, le Neuvième Art, loin d’être nombriliste et de défendre sa propre chapelle, a des choses à dire sur les autres arts, qu’ils soient musical, cinématographique ou aient trait à la peinture ou à la sculpture. C’est précisément le cas ici avec deux nouveautés (Lady of Shalott de Ceppi et Monument Amour de Didier Quella-Guyot, Arnaud Floc’h et Sébastien Bouet) qui n’ont résolument rien en commun si ce n’est cette volonté de faire mystère et que nous avons voulu regrouper.
Lady of Shalott : le diable est plus que jamais dans les détails

 

 

 

 

 

 

 

© Ceppi chez Le Lombard

 

Résumé de l’éditeur : Et si les flics de C.H. Confidentiel et Stéphane Clément s’entraidaient pour résoudre une sale affaire à Genève ! La « Brigade des Affaires Réservées » (B.E.R.) est confrontée depuis quelques semaines à une série de crimes particulièrement sadiques, mis en scènes de façon à reproduire des oeuvres picturales célèbres de Bacon, Picasso, Schiele, Goya… Un manuscrit découvert chez une connaissance de Stéphane Clément, elle aussi assassinée, démontre que les victimes sont toutes liées à des faits commis en 1971 aux Arts Décoratifs de Genève. Une course contre la montre s’engage. Qui veut solder des comptes vieux de 40 ans ?


Des crossover, on a plus souvent l’habitude d’en voir du côté américain que dans les gênes de la bande dessinée franco-belge, ou alors pour quelques hommages faisant se croiser quelques personnages cultes le temps de quelques pages ou le temps d’un clin d’oeil (surtout dans Astérix et Obélix, avec le Marsupilamix, les Dupondt ou encore Achille Talon; puis l’apparition des Tuniques bleues dans Blueberry). Mais pour des apparitions au long cours, la galerie des candidats se réduit fortement même si on pensera inévitablement à l’univers partagé par Spirou, Fantasio et Gaston Lagaffe ou à différents albums de Pierre Seron, sans doute le plus coutumier du fait.

 

 

 

 

© Ceppi chez Le Lombard

 

Puis voilà que Ceppi, dans son nouvel album, convie de manière improbable son voyageur fétiche, Stéphane Clément vieillissant (et Cynthia, sa femme) et la brigade de CH Confidentiel (la dernière trilogie en date d’un Ceppi en toute petite forme et brouillon, qui s’est reconcentré par après sur Stéphane Clément) dont ses deux figures de proue : Etan Loeffler et Zoé Zemp. Un combo de luxe pour mettre toutes les chances de son côté de trouver le serial killer revanchard qui hante et épouvante la ville de Genève d’ordinaire si tranquille.

 

 

 

 

© Ceppi chez Le Lombard

 

Lady of Shalott, c’est un poème romantique d’Alfred Tennison. C’est désormais, donc, ce nouveau polar de d’un Daniel Ceppi, en forme pour marcher sur les plate-bandes gore du David Fincher de Seven. Car oui l’art peut être un crime comme les autres et mieux vaut que les âmes sensibles s’abstiennent car quand le criminel décide de passer à l’acte, il ne fait pas dans la dentelle. Plus boucher que Michel-Ange, à force de membres amputés, mais, contre toute attente, raccord avec des peintures de maîtres. Et l’expo de tableaux vivants qui se tient dans la cité de Calvin n’est peut-être pas une coïncidence. À charge de nos héros (qui ont trop peu de temps que pour faire connaissance) de faire la lumière sur ce mystère ensanglanté et de retrouver la trace d’un drame survenu vingt ans auparavant lors d’un travail « pratique » à l’école d’art.

 

 

 

 

© Ceppi chez Le Lombard

 

En proposant à ses héros de se rencontrer, Ceppi semble retrouver un souffle et l’envie d’un récit qui laisse des traces. Et ce Lady of Shalott, s’il ne révolutionne pas le genre, a au moins le mérite de faire preuve d’imagination et d’inventivité pour se faire croiser meurtres et art de Bacon ou Goya. Et les frissons et visages tirés qui vont avec. Dommage pourtant que Ceppi excelle sur certaines cases quand quelques autres manquent parfois de finition et semblent grossières (un regard comme il n’est plus permis après autant d’année de BD, en dernière planche, notamment).

 

 

 

 

© Ceppi chez Le Lombard

 

Mais si Ceppi arrive toujours à animer ses personnages et à les faire ressortir de ses décors (ultra-réalistes mais peut-être un peu trop figés), la rencontre entre ses héros lui permet aussi d’éclater l’enquête, chacun suivant sa piste. De quoi injecter un nouveau rythme dans les récits dont il est coutumier. Persistera-t-il dans cette voie ou Lady of Shalott restera-t-il à l’état de one-shot ?

 

Alexis Seny

 

Titre : Lady of Shalott

Crossover : Stéphane Clément / C.H. Confidentiel

Scénario, dessins et couleurs : Ceppi

Genre : Thriller, Polar

Éditeur : Le Lombard

Nbre de pages : 64

Prix : 14,99€



Publié le 21/08/2017.


Source : Bd-best

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