Pourquoi faudrait-il écrire le mot fin ? L’amour n’a pas d’âge
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Pourquoi faudrait-il écrire le mot fin ?  L’amour n’a pas d’âge

 

« - Les premiers jours sont toujours les plus compliqués. On en veut à tout le monde. A la famille de nous avoir amené ici, aux personnels de toujours devoir leur demander dès qu’on veut faire la moindre chose, aux autres, ceux qui sont « dehors » et vivent leur vie sans se soucier de nous… Mais surtout, on s’en veut à soi-même de ne plus être capable de se débrouiller seul, comme avant. L’important, ici, c’est d’avoir des activités. Un peu de lecture ?

- Non merci.

- C’est dommage, on y apprend des choses passionnantes.

- permettez ?

- Allez-y cher ami, madame n’en veut pas. »

 

 

 

 

  Colette Buisserond vient d’arriver à l’EPHAD, établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. On ne peut pas dire que son moral soit au beau fixe. Jean Tessier, lui, y est depuis quelques temps déjà. Il l’accueille avec lucidité et bienveillance. Entre les deux, le courant va faire plus que passer. Mais est-ce que tout le monde est capable de le comprendre ?

 

  Les ateliers d’activités, les animations, les visites de la famille et les résidants avec chacun leur petit caractère, on vit la vie en immersion dans la maison de retraite, comme si on y était.

 

 

 

 

© Lambert - Des ronds dans l’O

 

 

  Après Au coin d’une ride, sur la maladie d’Alzheimer et l’homosexualité, puis De rose et de noir, traitant des violences conjugales, Thibaut Lambert signe sont troisième album chez Des ronds dans l’O. D’un sujet grave et triste, il tire un album drôle et émouvant. Alors qu’il aurait pu facilement tomber dans le pathos, il entraîne le lecteur dans une comédie romantique réaliste.

 

  On dit toujours qu’en littérature, en chanson ou au cinéma, il est beaucoup plus facile de faire pleurer que de faire rire. Essayez donc dans un EPHAD. Lambert y parvient avec un naturel qui ne peut être feint. Et pour cause. L’album a été co-écrit lors d’ateliers BD avec les pensionnaires d’une maison de retraite. Colette et Jean existent mais n’existent pas. Ils sont un mélange des pensionnaires de la résidence. Scène par scène, ils ont dirigé et validé le scénario. Il en résulte une vraie « intrigue » avec situation de départ, problématique et résolution, comme dans une « vraie » histoire. Peut-être est-ce parce qu’elle est tout simplement « vraie » ?

 

 

 

 

© Lambert - Des ronds dans l’O

 

 

  Graphiquement, Thibaut Lambert est dans un semi-réalisme délicat. A la manière de Troub’s dans Mon voisin Raymond, son trait effleure les personnages pour mieux les respecter, respecter leurs passés et leurs rides. Les regards simples en points noirs retranscrivent étonnamment toutes les émotions. Enveloppé par une aquarelle privilégiant le printemps à l’automne, L’amour n’a pas d’âge est un album résolument optimiste.

 

  Si tous les directeurs d’EPHAD souhaitent aider leurs pensionnaires dans leur quotidien, mieux les accueillir, leur redonner le sourire et l’espoir alors qu’ils pensent prendre le dernier chemin de leurs vies, qu’ils mettent L’amour n’a pas d’âge sur une table basse, dans le hall d’entrée, sur une table basse.

 

 

 

 

© Lambert - Des ronds dans l’O

 

 

  Avec Les collectionneurs de sciences, Et pourtant elles dansent, Sur l’autre rive, et à présent L’amour n’a pas d’âge, quatre ouvrages aussi différents que sensibles, 2019 ne serait-elle pas l’année Des ronds dans l’O ?

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : L’amour n’a pas d’âge

 

Genre : Comédie réaliste

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Lambert

 

Éditeur : Des ronds dans l’O

 

Nombre de pages : 92

 

Prix : 18 €

 

ISBN : 9782374480687

 



Publié le 09/04/2019.


Source : Bd-best

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