Un album poignant où l’innocence de l’enfance est plus forte que la guerre. Seule
Flux RSSFlux RSS

         Toute l'actualité

Un album poignant où l’innocence de l’enfance est plus forte que la guerre.  Seule

« - On va rester ici longtemps, padrina ?

-          Je ne sais pas. Les hommes nous diront. Nous, nous devons rester cachées.

-          Je peux jouer avec ma poupée ?

-          Bien sûr…

-          Je vais lui chanter une chanson. »

 

Blottis dans une bergerie de montagne alors que leur village se fait bombarder, Lola, sa grand-mère, ainsi que les autres femmes et enfants du hameau, attendent le signal des hommes pour regagner leurs domiciles ou les ruines qui en restera. « Quand est-ce que finira la guerre ? », demande la fillette. « Si elle finit vite, c’est qu’on l’aura perdue. », lui répond, fataliste, l’aïeule. Confiée depuis trois ans à ses grands-parents, la gamine de six ans n’a qu’une idée en tête : rejoindre ses parents et sa petite sœur.

 

 

 

 

 

© Lapière, Efa - Futuropolis

 

 

 

            Denis Lapière adapte avec délicatesse les souvenirs de Lola, grand-mère de la femme de Ricard Efa. Aujourd’hui âgée de 83 ans, ses souvenirs d’enfance au beau milieu de la guerre civile espagnole sont racontés au fil des mois. Sa photo au regard de la première planche donne une dimension supplémentaire à un récit qu’on aborde ainsi avec une vision particulière. Depuis ses débuts (avec notamment Alice et Léopold, série injustement méconnue dont on vous parlera un jour dans la rubrique Case à part), Denis Lapière sait s’immerger dans le corps et le cœur des enfants pour aborder les récits de leur hauteur.

 

 

 

 

© Lapière, Efa - Futuropolis

 

 

 

 

            Après le poignant Soldat, avec Jouvray dans la magnifique collection Signé du Lombard, et Monet, nomade de la lumière, dans la belle et malheureusement déjà feu-collection Les grands peintres chez Glénat, Efa peint des cases de BD comme autant de tableaux de maître dans Seule. Sensibilisé de près par le sujet qu’il raconte ici, il a mis au service de la quête de Lola tous les savoir-faire qu’il a acquis lors de la réalisation de ses albums précédents.

            Du bleu de la nuit à l’orange du feu, du jaune de la chaude campagne au gris des cendres de la destruction, Efa intègre la couleur à la narration comme un personnage supplémentaire, un fantôme en filigrane entre personnages et décors. Du bien beau travail. Ainsi, de la noirceur nocturne au blanc (de l’espoir ?) éclairant Lola, en passant par l’orange et le rouge de la dévastation, la couverture montre la palette employée par l’auteur. Un cochon est positionné en victime, les entrailles à l’air, métaphore des horreurs que les adultes essayent tant bien que mal de dissimuler aux enfants de la guerre.

 

            Cet album est à ranger dans sa bibliothèque à côté de Jamais je n’aurai 20 ans, de Jaime Martin, paru chez Aire Libre en 2016.

 

            Emouvante et cruelle, réelle et bouleversante, l’histoire de Lola démontre que tout au bout d’un chemin, même au-delà d’une impasse, il y a une lueur.

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : Seule

Genre : Histoire

Scénario : Lapière

Dessins & Couleurs : Efa

Éditeur : Futuropolis

Nombre de pages : 72

Prix : 16 €

ISBN : 9782754820998



Publié le 16/01/2018.


Source : Bd-best

        Toute l'actualité

©BD-Best v3.5 / 2024