Il était une fois, dans un village isolé où seul le facteur jouait les agents de liaison, un enfant pas comme les autres. Élevé sans sa mère, morte en couche, dans ce bled où planait l’ombre tout comme ces corbeaux de mauvais augure, on ne pouvait que faire peu de cas de ce gamin mal luné et qui très tôt pris l’horreur et la méchanceté éclaboussante comme religions. Bien au-delà des attentes, ce petit garçon-là n’allait pas faire dans le détail ni dans la dentelle, quitte même à la faire baigner… de sang.
Résumé l’éditeur : Dans une petite et sinistre communauté villageoise isolée, un gamin se prépare à commettre le pire: décimer tous ceux qui l’entourent. Il enchaîne alors les victimes sans soulever le moindre soupçon. Mais le passage d’un véhicule dans cet endroit perdu pourrait changer les choses… Du coup de couteau au coup de foudre : l’histoire d’un enfant qui tue les gens.
© Gaet’s/Luciani/Munoz chez Petit à petit
Une épicerie, une église, une famille d’origine africaine, une pute et forcément des enfants. Bref, des vies et un village tout ce qu’il y a de plus normal, quoi ! Mais ajoutez-y un soupçon de damnation, un inceste par-ci, une infidélité par-là, et vous obtiendrez un hameau dans lequel les habitants se réunissent dans le vice, ne choisissant pas entre la peste te le choléra. D’ailleurs, il y a ce gamin pas comme les autres et qui cache bien son jeu, qui à lui seul fait écho à tous les démons exacerbés.
© Gaet’s/Luciani/Munoz chez Petit à petit
Comment s’appelait-il déjà ce gamin ? L’Histoire est peuplée de criminels sans vergogne et aux regards allumés par la haine ou la folie, mais pour que l’Histoire retienne cette lie de la société, il faut un nom à se remémorer à chaque anniversaire barbare. Pourtant, notre fieffé gamin n’a pas de nom. Heureusement, Gaet’s et Luciano Munoz ont assisté à tout ce qui s’est passé dans ce village lui aussi sans nom.
© Gaet’s/Luciani/Munoz chez Petit à petit
Et ce n’est pas rigolo. Ce n’est pas pour les enfants, non plus. On est un peu sur la face B complètement obscure de Ces gens-là de Brel, sans espoir, sans beauté… Enfin si, l’esthétique de Luciano Munoz est parfaite pour transmettre ce récit noir de noir, sans sursaut de lumière, désespéré comme on n’ose jamais beaucoup en créer. Dans cette histoire de serial killer de prime jeunesse, on est avalé tout rond pour n’être recraché qu’à la dernière case tel un Pinocchio digéré par sa baleine et encore chamboulé par ce qu’il vient de lire. C’est à dire un album aussi exécrable que fascinant, flattant les bas instincts pour n’en ressortir que le mal personnifié dans l’insouciance crasse d’un petit bonhomme.
© Gaet’s/Luciani/Munoz chez Petit à petit
La vérité c’est qu’Un léger bruit dans le moteur nous a pris par surprise, à revers, comme le sourire angélique du gamin qui ne cachait que celui du démon. Véritable histoire pour… ne pas dormir, cet album, même s’il a pour héros des enfants bien sympathiques (sauf un, vous l’aurez compris), ne connaît pas la pédale de freinage et met plein gaz sur le trash et le politiquement incorrect. Sans oublier le sang prêt à éclabousser le sépia qui suspend l’atmosphère de la majorité des planches.
© Gaet’s/Luciani/Munoz chez Petit à petit
En adaptant le roman de Jean-Luc Luciani, Gaet’s et Munoz imposent leur art des contrastes entre « le tout est beau et merveilleux » et l’horreur la plus pur et dur. Ça aurait très bien pu faire un film au cinéma. Mais comme le Septième Art a son Damien, le Neuvième s’est réservé le privilège de ce Gamin. Une bonne pioche dans un univers glauque qui fait tache et mouche. Une belle réédition des Éditions Petit à petit.
Alexis Seny
Titre : Un léger bruit dans le moteur
Récit Complet
D’après le roman de Jean-Luc Luciani
Scénario : Gaet’s
Dessin et couleurs : Jonathan Munoz (Facebook)
Genre : Épouvante-horreur
Éditeur : Petit à petit
Nbre de pages : 124
Prix : 16,02 €
©BD-Best v3.5 / 2024 |