Une histoire du chemin des âmes. Monsieur Coucou
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Une histoire du chemin des âmes. Monsieur Coucou

 « - Et ce petit sac, c’est tout ce que tu as pris ?
-          Je ne reste que trois jours, tu sais…
-          Quand même… Si tu as faim, je t’ai fait un bon houmous chez maman. (…)
-          Et Ali ? Il est là ?
-          Bien sûr ! Il vient passer le week-end chez maman pour profiter de toi. (…) T’es pas un étranger ici, tu vas pas à l’hôtel, tu vas chez ta famille. »
 
Pour régler une question d’héritage de son père, Abel est de retour au pays. Sa femme française l’a poussé à aller au-devant de cette réalité, celle de la famille, celle des origines, celle des racines.
 
Monsieur Coucou est une immersion dans la vie d’un homme à la résilience si forte qu’il s’est construit une nouvelle famille, celle de sa femme, en France. Mais cet homme, Allan, sans cesse, se ment. Il se costume en personnage d’une Commedia Del Arte dont il est un pantin, une marionnette parmi d’autres. Mais lorsque l’on gratte, lorsqu’on enlève le masque, on découvre qui se cache dans ce bestiaire.

 

 

 

© Safieddine -  Park - Le Lombard

 


Se sentant investit d’une mission consistant à adoucir la fin de vie de sa belle-mère, Allan s’est installé dans le foyer de cette famille française tel un coucou intrus dans le nid d’un autre oiseau. Cette dame, âgée et malade, se nomme Thésée. Là encore, la symbolique est forte. Dans le labyrinthe de la vie, Allan trouvera-t-il le bon chemin ? Mais est-il seulement capable d’y arriver ? Le veut-il ? Ne se perd-il pas sciemment, loin de sa famille de naissance ?
Allan refuse de répondre aux coups de téléphone de sa sœur et de son frère…jusqu’à ce que Thésée lui montre un chemin, l’aide à sortir du labyrinthe. Ce sera le déclic pour Allan, le prétexte du voyage.  A partir de cet instant, Allan redevient Abel, marche sur les pas de son passé, de sa jeunesse, réintègre sa famille. On apprendra comment son père a disparu ; lui, (re)découvrira une mère dure et rancunière.

 

 

 

 

 

© Safieddine -  Park - Le Lombard

 

Joseph Safieddine présente une histoire forte et œcuménique. A travers le destin d’un homme qui doit assumer ses choix, le scénariste nous invite à réfléchir sur le sens de la vie, sur la famille et sur la façon de prendre un chemin.
Par des choix scénaristiques forts et parfois culottés,  Safieddine nous immerge dans la vie d’Allan-Abel. Petit à petit, tout doucement, délicatement, les fils de sa vie se dénouent. Dans des scènes de délire de Thésée, les personnages sont animalisés. C’est d’ailleurs la première image du livre. Mais dans quoi va-ton être embarqués ? Une comédie ? Un drame ? Tout à la fois. Monsieur Coucou est une comédie dramatique, non dans le sens comique de la comédie, mais dans son sens théâtral démontrant que la vie est une pièce de théâtre, avec les entrées et les sorties des personnages, les états d’âmes des « acteurs » et les fameux coups de théâtre qui vont contraindre à prendre des décisions.
Le scénariste implique le lecteur dans la peau de son personnage principal. On entre au plus profond de son âme, on se pose les mêmes questions que lui, si bien que l’on pense pouvoir l’aider à avancer. C’est étrange, mais Monsieur Coucou se lit presque comme ces livres « dont vous êtes le héros ». A chaque événement, à chaque rencontre, que va faire Abel ? Qu’est-ce que l’on aurait fait ? Dans son pays natal, regardant sa maison, Abel la voit en feu dans son esprit, symbole marquant : Faut-il brûler son passé ? Faut-il le regarder se détruire sous nos yeux ?
Jusqu’à la dernière scène en langue étrangère, ce livre est l’histoire du chemin des âmes.

 

 

 

 

 
Kyungeun Park, dessinateur d’origine coréenne, s’empare du récit et donne vie à la famille d’Abel, avec un style qui s’affirme. Plus abouti et personnel que son album précédent adapté d’un succès littéraire, le rigolo extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, Park alterne les scènes mélodramatiques et tendres avec une grande sensibilité. Les différentes parties du récit sont « chapitrées » par de grandes cases contemplatives. Un avion traçant dans le ciel, des étoiles qui s’allument dans la nuit, une soirée de narguilé sont autant d’ambiances accentuées par les couleurs qui font voyager de Loïc Guyon et Céline Badaroux.
 
Avec Monsieur Coucou, Le Lombard marque un grand coup pour débuter l’année. Il aurait largement mérité le label de la collection Signé.
Monsieur Coucou est le genre de livre où l’on n’est plus tout à fait le même une fois qu’on l’a terminé.
 

Laurent Lafourcade

 

 
One shot : Monsieur Coucou

Genre : Chronique de la vie

Scénario : Safieddine

Dessins : Park

Couleurs : Guyon & Badaroux

Éditeur : Le Lombard

Nombre de pages : 104

Prix : 17,95 €

ISBN : 9782803636761



Publié le 05/02/2018.


Source : Bd-best

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