« - C’est un garçon !
- Nous l’appellerons Vlad Dracula, fils de Vlad Dracul !
- « Dracula » ! Tu sais que je n’aime pas ce nom ! ça ne sonne pas bien ! Pourquoi pas « Gargamel » tant qu’on y est ?
- Femme ! Sigismond de Luxembourg, le roi de Hongrie, m’a ordonné de l’ordre du dragon, « Dracul ». On ne rit pas de ces choses-là. »
On est loin du vampire des Carpates. L’histoire racontée ici est la vraie. Celle de celui qui a inspiré la légende : le sanguinaire Vlad II de Wallachia, qui naquit en Transylvanie vers 1431. « Dracul », comme son père l’appelle, signifie aussi « diable » en valaque, un nom prédestiné pour celui qui s’avèrera être un des plus grands fous de l’Histoire du monde. Devenu prince de Valachie, le voïévode (commandant de la région) installa une tyrannie impitoyable dans laquelle le sang coulait comme un tsunami dévastant une contrée. Les forêts de pals poussèrent comme des champignons. Il ne faisait en particulier pas bon d’être ambassadeur d’une région alentours.
Bernard Swysen, par le truchement de l’humour, fait passer l’impossible. La cruauté insoutenable de Vlad Tepes, l’empaleur, aurait été inacceptable dans une bande dessinée réaliste. Ici, les empalés commentent, les écrevisses font de gras et les têtes roulent à qui mieux-mieux. Le scénariste multiplie les clins d’œil : Iznogoud, Cendrillon,…
Swysen s’est documenté. Les anecdotes multiples et précises apportent une caution véridique. On est dans de l’Oncle Paul avec du second degré. Mais l’ensemble reste un poil trop bavard.
Julien Solé dessine un tyran ridicule, plus bête que méchant, un Joe Dalton de Roumanie. Mais, comme pour le scénario, il fallait un angle d’attaque décalé pour rendre les scènes visibles. Solé empale à tours de bras, sans répéter deux fois le même supplice.
L’album est complété d’une préface de Matei Cazacu, historien spécialiste de la Roumanie, et d’un dossier didactique avec cartes, croquis, biographie de Bram Stocker, l’homme qui écrivit la légende, et listing des plus importantes versions cinématographiques dédiées au vampire. On note au passage que la vie du vrai Vlad reste à adapter.
Avec cette collection, dans laquelle on peut aussi lire Caligula dessiné par Fredman, les auteurs prouvent qu’on peut rire de tout, avec n’importe qui, au moins du moment que ça s’est passé il y a très très longtemps.
Laurent Lafourcade.
Série : Les méchants de l’histoire.
Tome : 1 - Dracula.
Genre : Biographie humoristique.
Scénario : Swysen.
Dessins : Julien Solé.
Couleurs : Bekaert.
Éditeur : Dupuis.
Nombre de pages : 64.
Prix : 12,50 €.
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