Wonder Woman : Terre-Un et Année Un, deux façons (très différentes) de quitter Themyscira
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Wonder Woman : Terre-Un et Année Un, deux façons (très différentes) de quitter Themyscira

C’était inévitable ! Accompagnant la sortie du film consacré aux aventures de Wonder Woman, de nouvelles parutions ont été consacrées à la belle Amazone. Oui mais si on n’avait rien suivi jusque-là ? Pas d’inquiétude, DC et Urban Comics ont bien fait les choses en reprenant à la base avec Terre-Un mais aussi Année Un. Bien, un… heu… hein ?

« Wonder woman, wonder woman ». Ma culture de Wonder Woman se résumait à peu près à ce qu’en a retenu la culture populaire : cette scène de transformation de Linda Carter dans la série consacrée à Diana Prince et ses exploits.


Il n’est donc jamais trop tard pour se rattraper. Et quoiqu’on en dise, un passage au grand écran est toujours l’occasion de faire son marché dans la littérature consacrée à un héros ou une héroïne. Coup sur coup, Urban Comics vient donc de publier les traductions de Terre-Un de Grand Morrison et Yanick Paquette ainsi que le rebirth Année Un de Greg Rucka et Nicola Scott. Deux versions des origines de cette super-femme (et féministe) qui a traversé les âges.


 

 

 

© Rucka/Scott/Fajardo Jr. chez DC Comics

 

Alors, forcément, le décor planté dans les premières planches est le même pour ces deux albums (en commençant le deuxième – je les ai lus l’un à la suite de l’autre – j’ai été un peu sceptique, ça n’a pas duré longtemps). À savoir l’île Themyscira, quelque part dans l’océan, bien à l’abri des hommes hostiles et qui a tout d’un paradis terrestres pour les Amazones placées sous la conduite d’Hyppolyte, la mère de Diana, et sous la protection des Patrons (les déesses grecques Hestia, Aphrodite, Demeter, Athéna et Artémis). Un microcosme salvateur et dont la Femme est l’avenir pour les siècles des siècles. Enfin… Jusqu’au jour où un avion militaire va se cracher on ne sait comment sur cette île et y introduire le premier homme depuis bien longtemps (depuis Hercule, en fait, qui lui n’était pas venu en ami) : Steve Trevor (qui est afro-américain dans Terre-Un). De quoi mettre dans l’embarras les Amazones, face à un dilemme qu’elles ne pensaient pas avoir à affronter : faut-il se débarrasser/laisser mourir le pilote de l’Air Force ou bien le soigner et le raccompagner chez lui en « sacrifiant » l’une des guerrières ?


 

 

 

© Morrison/Paquette/Fairbairn chez DC Comics

 

Et c’est là que les visions divergent. Car ce n’est pas pour rien que les Amazones sont raccord avec les héros des mythes grecs. Et comme eux, la mythologie de ces demi-déesses est mouvante, changeante, au fil des âges et des auteurs.


 

 

 

© Rucka/Scott/Fajardo Jr. chez DC Comics

 

Ainsi dans Terre-Un, après un remarquable prologue relatant le combat des Amazones face à Hercule, Grant Morrison et Yanick Paquette font prendre à Diana son courage et son destin bien en main, envers et contre ses soeurs. Sans leur bénédiction, elle quittera, sous les flèches, Themyscira, pour atterrir dans les lumières fascinante d’une ville américaine. Bien moins fascinant sera la suite puisqu’une fois la Gorgone lâchée, Diana sera obligée de rentrer sur son île pour y être jugée par les siennes. Place donc à une pièce de prétoire dépaysée par les flash-backs très inspirés du duo d’auteurs.


 

 

 

© Morrison/Paquette/Fairbairn chez DC Comics

 

Dans Année Un, Greg Rucka et Nicola Scott retournent le prisme pour sacrifier celle qui ne s’appelle pas encore Wonder Woman, devenue championne et « présent au monde » de son peuple pour raccompagner Steve Trevor dans son pays et sans nul espoir de revenir à Themyscira. Pourtant, Diana devra protéger son île de loin, ainsi que l’Amérique et le monde des hommes dans lequel elle arrive face à un terrorisme bactériologique et épidémique d’un nouveau genre baptisé Sear. Plus contemporain (mais aussi plus lisse, plus commun dans le dessin), Année Un a aussi le mérite d’éclater le focus pour aller voir du côté des vies et des antécédents d’autres personnages appelés à compter. Steve Trevor, bien sûr, mais surtout Barbara Ann Minerva qui se révélera être bien plus qu’une traductrice, mais une Indiana Jones au féminin entièrement dévouée et obnubilée par la cause des Amazones (un chapitre signé Bilquis Evely dont on se demande pourquoi elle n’a pas pu dessiner tout l’album). Avec en plus un grand méchant guerrier et terrifiant.


 

 

 

© Rucka/Evely/Fajardo Jr. chez DC Comics

 

Je ne m’aventurerai pas dans une analyse pointue et rétrospective de ces albums puisque je suis novice dans le monde de Wonder Woman, héroïne créée en 1941 par William Moulton Marston. Toujours est-il qu’il est appréciable de lire ces deux tomes, d’abord pour les deux directions antagonistes suivies par les deux duos d’auteurs. Mais également, au niveau du graphisme, avec un coup de coeur pour Yanick Paquette qui semble tellement tout connaître de son héroïne et joue intelligemment de ses atouts et outils pour délimiter les cases (du lasso au bustier) et emmener son découpage vers le maximum de plaisir. Simplement mais avec une aisance et un charme redoutable. De ceux qui font sortir la BD de ses cases.


 

 

 

© Morrison/Paquette/Fairbairn chez DC Comics

 

À l’image de Patty Jenkins, la réalisatrice du film WW, c’est donc une femme, Nicola Scott, qui assure le dessin d’Année Un avec de très belles planches tant que notre Amazone préférée reste sur son île. Dommage car la suite est moins intrépide et l’autrice, pourtant habituée à Wonder Woman, nous laisse sur notre faim alternant une superbe scène de fusillade « caméra à la main » et très détaillée à d’autres scènes d’action beaucoup trop statiques que pour émouvoir. Ça manque de vie, en fait. Et c’est d’autant plus désolant que le pitch de Greg Rucka reliant mythologies ancestrales et combat bien contemporain (malgré un côté grand-guignolesque à l’apparition du méchant et quelques dialogues mal fagotés) marche à tous les coups, précis et tellement proche de nos préoccupations internationales.


 

 

 

© Rucka/Scott/Fajardo Jr. chez DC Comics

 

Au jeu des préférences, c’est donc Terre-Un qui récolte mes louanges (mais Année Un ne démérite pas pour autant, loin s’en faut). De ma chaise, je suis tombé le cul par terre face à l’ingéniosité graphique de Yanick Paquette, la diversité et la fougue de ses ambiances et de ses personnages plus ou moins sérieux (l’inénarrable Beth Candy, là pour prouver l' »innocence » de Diana mais aussi que le féminisme des Amazones « sans un kilo de trop » a ses limites). En dépit d’un méchant tonitruant à se mettre sous la dent. Ce qui devrait venir bien assez tôt.

 

Alexis Seny

 

Série : Wonder Woman Terre-Un

Tome : 1

Scénario : Grant Morrison

Dessin : Yanick Paquette

Couleurs : Nathan Fairbairn

Traduction : Isabelle Bauthian

Genre : Aventure, Fantastique, Mythologie

Éditeur VF : Urban Comics

Éditeur VO : DC Comics

Collection : DC Deluxe

Nbre de pages : 144

Prix : 15€

 

Publié le 17/08/2017.


Source : Bd-best

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